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Art, culture et création de Reims et d'ailleurs.
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eel signifie en anglais « éplucher ». Pour nous, ce terme correspond à l’explo-
ration et au partage des aspects les plus divers et insolites de la culture au sens
large et de la créativité en particulier. Ce nom rappelle par ailleurs l’avant-gar-
disme, comme un clin d’œil acidulé à Madame Peel, qui déjà durant les 60’s bous-
culait les frontières de la pensée collective… Tellement pop ! Nous vous parlons
ici d’avant-gardisme et de curiosité, au XXIe siècle désormais, mais il ne s’agit
pas de vous proposer des choses conceptuelles qui n’auraient en réalité pas grand-
chose à dire, sauf provoquer, parfois, la nausée, à défaut de compréhension. Bien
sûr, vous découvrirez dans notre magazine, des œuvres qui pourraient sembler à
certains provocantes ou entrainer dans un concept nébuleux, mais toujours avec
un regard distancié préférant les étoiles au trou noir, avec un quatrième degré,
un humour sérieux que ne renieraient pas The Avengers (pour en revenir encore
à Emma Peel). Surtout, PEEL est un magazine rémois, conçu et produit à Reims
qui va vous offrir gratuitement tous les deux mois, une découverte, une flânerie,
un partage de ce que nous aimons, c’est-à-dire une culture exigeante mais ouverte
à tous, qu’elle soit « savante » ou « populaire », qu’il s’agisse d’architecture, de de-
sign, de musique, de photo, d’art « contemporain » ou d’art « modeste », présent
dans de grandes institutions, des galeries ou au détour d’une rue, de jour comme
de nuit, sur le territoire rémois, à Paris (c’est si proche) ou ailleurs. Toujours chic,
parfois gouailleur, mais jamais vulgaire. Des gestes, des œuvres, des livres, des
disques, des lieux, des bistrots, des bulles, des gens, vous, nous, voilà PEEL !
COFONDATEURS
Benoit PelletierAlexis Jama Bieri
Julien Jacquot
DIRECTEUR DE PUBLICATION
Benoît Pelletier
RÉDACTEUR EN CHEF ARTS / MUSIQUE / ÉDITO
Alexis Jama-Bieri
RÉDACTEUR EN CHEF ARCHITECTURE / DESIGN / LIFESTYLE
Julien Jacquot
DIRECTEUR CRÉATIF
Benoît Pelletier
RÉALISATION GRAPHIQUE
www.pelletier-diabolus.com
Le magazine Peel est édité par Diabolus SARL. Tous droits réservés. Toute reproduction, même partielle est interdite, sans autorisation. Le magazine Peel décline toute responsabilité pour les documents remis. Les textes, illustrations et photographies publiés engagent la seule responsabilité de leurs auteurs et leur présence dans le magazine implique leur libre publication.
Le magazine Peel est dis-ponible gratuitement dans plus de 100 points de dépot à Reims.
Magazine à parution bimestrielle. Prochain numéro en mars 2015.
POUR DEVENIR ANNONCEUR, DIFFUSEUR OU PARTENAIRE, CONTACTEZ NOUS ICI :
03 26 36 29 [email protected]
14 PLACE DU CHAPITREBP 2146 51081 REIMS CEDEX
WWW.MAGAZINEPEEL.COM
05 / FEEL PEEL PLAYLIST / PEEL EAT / OBJET DU MOIS / PEELBOARD
09 / RONE
10 / RUDY RICCIOTTI
18 / SOUS LES PAVÉS… PAR YVONNE DEBEAUMARCHÉ
21 / GIRLS IN HAWAÏ
22 / DO YOU STILL LOVE ME ? PAR CYRILLE PLANSON
27 / ATOMIC MOOG
28 / MAISON JAUNE
30 / PAUL BALDESARE
36 / À PROPOS DE CHRISTOPH MARTHALER PAR OLIVIER CADIOT
38 / COLLEC DE COLLECS LES MACHINES À LAVER DE BERTRAND DIDIER
40 / FÉLIX SCHRAMM
48 / PAGES & IMAGES
50 / UN CONNU DU MOIS AUGUSTE, LA MASCOTTE DU STADE DE REIMS
CONTRIBUTEURS
ALEXISJAMA-BIERIdirigeant culturelReims
JULIENJACQUOTarchitecteParis & Reims
BENOÎT PELLETIERdirecteur créatifphotographeReims
OLIVIERCADIOTauteurParis
PRIEURDE LA MARNEtendresse & musiqueReims
YVONNEDEBEAUMARCHÉauteur-réalisatriceReims
CYRILLEPLANSONRedac-chef La ScèneLe PiccoloThéâtre(s) magNantes
The Married Monk
LOVE COMMANDER
René Char featuring FR David
WORDS(Prieur de la Marne Edit)
Silk Rhodes
PAINS
Tony Allen & Damon Albarn
GO BACK
Emma Tricca
ALL PRETTY FLOWERS
Eurythmics
I SAVED THE WORLD TODAY
À l’école élémentaire, j’étais
voisin d’un gaucher contrarié.
Les contingences de la vie
ont fait de moi un romantique
contrarié… Contrarié comme
je l’étais en entendant pour
la première fois cette chanson.
Seul au volant sur les hauteurs
d’une route de Balagne.
Seul au lever du jour de retour
de fête, ou simplement seul dans
un train… Je ne me souviens plus.
QUOIBULULU AREPARA
TYPEStreet Food Vénézuélien
OÙ20 rue de la Fontaine du But 75018 Paris.
PLATAREPA LOLITA
INGREDIENTSGalette de Maïs Blanc « P.A.N » à la Plancha garnie de Poulet, carottes, oignons vert, petit pois, ananas cuit au Rhum. Sauce Basilic.
BOISSONGUARAPO CALIENTEServie Chaud avec du sucre de cannes, citron vert pressé, mélange d’epices de piment, cannelle et badiane.
PRIX 10,50 €
: Une tuerie !
La déclaration, en matière
d’entreprise amoureuse, est
toujours plus facile à envisager
avec les mots d’un autre… J’ai
décidé, de manière totalement
arbitraire, qu’il serait désormais
de bon goût de s’approprier les
mots de deux artistes plutôt
qu’un seul pour une déclaration
d’une sincérité irréprochable
(ce troublant édit retraçant le
cheminement quasi exact de
ma pensée et reflétant assez
fidèlement mon intérêt pour
l’être désiré). En revanche,
cette technique ne garantit en
rien un succès immédiat. Mais
j’encourage tous les lecteurs de
Peel à s’en inspirer et à me faire
part de leurs observations…
La postérité retiendra de 2014
la débâcle du Brésil face
à l’Allemagne, ou le « Happy »
de Pharrell Williams…
Prieur de la Marne retiendra
ce merveilleux titre.
Damon Albarn et Tony Allen
ont réinventé une couleur et un
taux d’humidité. Une sensation
entre l’engouement et le malaise
amoureux. Cette sensation ne
peut être ressentie intensément
qu’au cours des 5 minutes
38 secondes de l’écoute intégrale
de cette chanson…
Qu’on soit amoureux ou non.
Qui n’a pas un jour rêvé de
pouvoir remonter le temps ?
Que ce soit pour tuer Hitler,
faire partie des Rolling Stones,
nous avons tous secrètement
fantasmé la même chose.
Croire un bref instant et en
toute modestie, que nous aurions
pu sauver le monde sans en tirer
une quelconque gloire…
Cette ritournelle, pourtant très
mal produite, est ma chanson
honteuse de l’hiver.
Chaque être humain devrait
avoir la chance d’entendre
cette chanson dans n’importe
quel ascenseur du monde, nez
à nez avec un(e) parfait(e)
inconnu(e). Il n’en demeure pas
moins que face à son supérieur
hiérarchique ou son vieux voisin
de palier, aigri et acariâtre,
ce slow éructif perd de son
pouvoir de séduction… Mais il
anoblira cette journée, du sceau
de la convoitise, même la plus
improbable…
Puisque le désespoir et la torpeur
ne sont plus de ce monde, voici
venu le temps de la plus belle
folk song de l’année écoulée.
Sans tambour ni trombone,
la belle Emma Tricca annonçait
un très bel automne… Une saison
durant laquelle il serait permis
tous les matins, d’envoyer comme
un papillon à une étoile quelques
mots d’amour, d’envoyer nos
images, d’envoyer notre décor et
nos plus belles victoires sur l’iro-
nie du sort. Mais par définition,
une saison ne dure qu’un temps.
© S
ylvè
re H
.
LE ROMANTIQUE CONTRARIÉUne playlist suggérée par
PRIEUR DE LA MARNE
Prieur de la Marne,un nom étrange mais évocateur en hommage à Pierre-Louis Prieur, député de la Marne à l’Assemblée Constituante de 1789. Acteur majeur de la Révolu-tion Française, il fut surnommé “ Crieur de la Marne ” grâce à son éloquence et à son charisme uniques, ses origines marnaises et ses études à Reims.Aujourd’hui, Prieur de la Marne s’approprie des trésors pop plus ou moins cachés pour en faire des édits et des reworks aussi char-mants qu’improbables.Ce fils de Pop a rejoint le label Alpage Records pour entamer une romance pleine de tendresse et de mélancolie, en messages personnels couchés sur vinyl translucide. Pour PEEL, Prieur de la Marne livre un message sous forme de playlist déambula-toire. Pop et romantique !
soundcloud.com/prieurdelamarne
LA MAQUETTE DES
HALLES DU BOULINGRIN EN LÉGODE STEEVE GRANDSIRE
D’autres spots architecturaux rémois en légo à venir en 2015 :
coquilles de la fac de Croix-Rouge, médiathèque Falala, centre
culturel St Exupéry et le stade de Reims... www.grand-sire.tumblr.com
QUOI « REIMS 2034 »
QUAND 18 FÉV.
OÙ Manège de Reims.
: À la suite du spectacle « Wagons libres », projec-tion de « Reims 2034 »,
d’Yvonne Debeaumarché et Sandra Iché, un essai filmique sur Reims,
inspiré du protocole d’entretien des archives du futur.
www.manegedereims.comwww.futurearchive.org
QUOI JOKE MTP
QUAND 19 FÉV.
OÙ La Cartonnerie, Reims.
: Concert de la jeune star montante du hip
hop français. Les rémois le connaissent pour son titre Louis xiv produit
par G.Vump.
www.cartonnerie.fr
QUOI MAISON & OBJET
QUAND 23-25 JAN.
OÙ Parc des Expositions, Paris Nord Villepinte.
: Le grand salon dédié à l’architecture intérieure et au design
fête cette année son 20ème Anniversaire,
où l’on retrouve quelques designers
diplômés de l’ESAD.
www.maison-objet.com
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QUOI LEONI’S DELI
QUAND 22 JAN.
OÙ 67 rue d’argout 75002 Paris.
: Le nouveau restaurant créé par des rémois,
organise les soirées « Bulles Dog » mêlant
Hotdog & Champagne.
www.leonisdeli.com
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QUOI LA BARAQUE
QUAND 6 -12 JAN.
OÙ L’Atelier de la Comédie de Reims,
dans le cadre de Reims Scènes d’Europe.
: Un petit atelier clan-destin se transforme peu
à peu en une entreprise terroriste… florissante et respectable.
Une comédie de l’absurde ! D’Ayet Fayez. m.e.s. Ludovic Lagarde
Rés. : 03 26 48 49 00
www.comediedereims.fr © F
otol
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QUOI LA FRISQUETTE
QUAND 31 JAN.
OÙ Le Mont Nüba, 36 Quai d’Austerlitz, Terrasse sur les toits
de la Cité de la mode et du design de Paris.
: Soirée hivernale où l’on danse en combi-naison et moonboots
comme au pied des pistes.
QUOI GAVIN MEIDHU
QUAND 6 FÉV.
OÙ Le Carreau, Halles du Boulingrin, Reims.
: L’association Velours organise une soirée pour la sortie du 1er Ep du
rappeur rémois Gavin Meidhu.
www.carreaudeshalles.com
8 ÉVÈNEMENTS À NE PAS RATER EN JANVIER - FÉVRIER
QUOI DOCUMENTAIRE
« À TAMBOURS BATTANTS »
QUAND 10 JAN. 15h20
OÙ France 3 Champagne-Ardenne
: « À tambours battants » ou comment
la machine à laver a contribué - un peu -
à l’émancipation des femmes. Un film de
Caroline Behague et Marie-Noëlle Dumay.
www.france3.fr
LA CARTONNERIE FÊTE SES 10 ANS
E N 2 0 1 5
MUSIQUES & CULTURES ACTUELLES I REIMS84 RUE DU DR. LEMOINE 51100 REIMS I T. 03 26 36 72 40
W W W . C A R T O N N E R I E . F R
S C A N N E Z C E S C O D E S
P O U R T É L É C H A R G E R
L’APPLICATION MOBILE
D E L A C A R T O N N E R I E
Quand as-tu commencé à faire
de la musique ?
J’ai commencé à faire de la musique très
tôt, et concrètement à bricoler des sons
vers l’âge de 14 ans. J’ai eu des platines,
puis j’ai fait du saxophone, puis un peu
de piano. Très vite, j’ai compris que
j’aimais la musique.
Quelles écoutes t’ont donné envie
de faire de la musique ?
Il y a des musiciens qui m’ont donné
envie de faire ça, mais c’est tellement
vaste. Je pense à des choses que ma
mère mélomane écoutait quand j’étais
enfant et qui m’ont complètement
éveillé musicalement comme Chopin.
Plus tard, ma sœur qui a 2 ans de plus
que moi m’a fait découvrir le punk. Donc,
comme je te le disais, c’est très vaste.
Quelles sont les musiques qui t’in-
fluencent ?
J’ai du mal à parler d’influences ou
du moins à les cibler. C’est évident
qu’en musique électronique il y a des
noms qui ont compté pour moi à
leur manière comme Aphex Twin ou
comme Laurent Garnier.
Comment décrirais-tu ta musique ?
Je fais de la musique expérimentale,
contrastée et évolutive.
Comment travailles-tu sur tes compo-
sitions ?
J’ai un studio rempli de machines, avec
des synthétiseurs vintage, des boites
à rythme et des instruments. Lorsque
je me réveille le matin, et avant même
de prendre un café ou une douche, je
vais dans mon studio et je commence à
faire de la musique sans penser à rien,
en essayant de faire en sorte que ce soit
le plus instinctif possible, sans réfléchir
à ce que je pourrais faire ou à ce qui
pourrait plaire aux gens. Le but est de
laisser s’exprimer les machines et faire
quelque chose qui me touche et qui me
donne des frissons. Si j’ai l’impression
de tenir quelque chose, j’insiste alors
pour aller au bout de mon idée.
Quelles machines utilises-tu ?
Mon studio, c’est un peu un mélange de
vieilleries, de vieux synthés analogiques
et de logiciels hyper récents (je suis
un peu à l’affut de ce qui sort dans ce
domaine). De plus, quand j’ai envie
qu’il y ait, par exemple, une orchestra-
tion avec des violoncelles, je fais venir
des amis qui jouent du violoncelle au
lieu de chercher un synthétiseur qui
aurait un son similaire.
Pour toi c’est quoi un live réussi ?
C’est un live qui passe très vite et
dans lequel je ne pense à rien, dans
lequel tout glisse tout seul et se fait
sans anicroche, et où il y a un échange
d’énergie entre le public et moi. Un live
réussi c’est quand on est sur la même
longueur d’ondes, que j’ai l’impression
d’être avec des potes et qu’on fait une
grosse fête tous ensemble. Un Live
réussi, c’est quand à la fin on a l’impres-
sion de se connaître tous et d’avoir vécu
un moment un peu intime, même si on
est très nombreux.
Quel est le club ou le lieu où tu as pré-
féré jouer ?
Pour le club, c’est le Panorama bar du
Berghain à Berlin. Concernant le lieu,
j’ai plein de bons souvenirs, comme
à Calvi on the Rocks sur la plage, à
Chamonix au Black week-end en dou-
doune en pleine montagne, ou devant
la cathédrale à Reims pour le festival
Elektricity. En fait, j’aime les lieux un
peu atypiques !
Erwan Castex
alias Rone (en fait
R One est un jeu de
mots avec son pré-
nom), est un musicien
et producteur de
musiques électro-
niques. Rone a grandi
dans le sud-ouest
parisien, a débuté son
projet musical à Paris,
puis a vécu 3 ans à
Berlin avant de revenir
en France pour retrou-
ver un environnement
plus calme. Rone s’est
déjà produit à Reims,
en septembre 2013
lors du XIe festival
Elektricity.
En décembre dernier,
il a créé son nouveau
Live à la Cartonnerie,
Live qu’il a joué à
Rennes quelques jours
après en tête d’affiche
des transmusicales.
Son 3ème album, intitulé
Créatures, sort le 9
février 2015. Rone sera
en Live à la Carton-
nerie le vendredi 20
février. Rencontre de
milieu d’après-midi,
sur les marches d’un
monument du XVIIe
siècle, écrin idoine
pour parler électro.
_©
Tim
oth
y S
accen
ti
ELECTRO
_Rudy Ricciotti © Rene Habermacher
RUDY RICCIOTTI
« JE NE VEUX PAS FAIRE DES BÂTIMENTS COMME ON FAIT DE LA MALBOUFFE DE FAST-FOOD »
1010
ARCH ITECTURE
Rudy Ricciotti figure
parmi les plus grands
architectes français
actuels. Défenseur d’une
architecture contempo-
raine, intervenant sur
le béton et les maté-
riaux à la manière d’un
plasticien, il conçoit
des architectures dans
lesquelles le rôle de
la main d’œuvre et de
l’artisanat est capital.
On lui doit notam-
ment la réalisation de
l’architecture du stade
Jean Bouin à Paris, du
MUCEM à Marseille et
du Département des
arts de l’Islam du musée
du Louvre. À Reims
Rudy Ricciotti réalise
l’architecture du siège
social de Redeim dont
la pose de la première
pierre est prévue en
2015. Rencontre en
lettres capitales pour
le magazine PEEL.
uelles sont vos influences ?
Toutes les architectures jusqu’en 1939.
Quelle est votre philosophie de l’architecture ?
L’abstraction ne trouve sa finalité que dans la figure.
Quelle serait pour vous la cité idéale ?
Une ville qui ressemble aux villes du 19e siècle et toutes les villes
imaginaires d’Italo Calvino.
Quels sont vos matériaux de prédilection ?
Le pain et le vin, sinon : Je travaille avec le béton, c’est une
affaire de croyance, au sens politique et esthétique. Lorsque
l’architecte fait son métier, l’intérêt du béton est sa liberté,
pas forcément dans la technologie mais dans l’« ouvragerie ».
Cela signifie que le béton appelle de gros besoins de main
d’œuvre, fabriquant de mémoire du travail non délocalisable.
Ce qui me fascine, c’est faire des bâtiments sur lesquels l’in-
tervention de la main-d’œuvre est capitale. Et non l’inverse.
On a atteint aujourd’hui un niveau incroyable d’accélération
du déclin de perte de savoir-faire par le biais hégémonique du
minimalisme pour lequel j’ai du mépris, non comme phéno-
mène de style mais comme moteur-accélérateur de la perte des
mémoires. Je pense que nous, les architectes, avons très large-
ment contribué à la destruction des métiers et à la destruction
de la mémoire du travail car, en collaborant à cette extase mini-
maliste, l’on participe aussi, à notre petit niveau de prédateur,
à la délocalisation des savoirs. Bientôt il n’y aura plus de me-
nuisiers. Aujourd’hui, un vrai menuisier qui sait faire de bons
châssis, des fixes, des ouvrants assemblés à noix et à gueule de
loup, de beaux détails, du bel ouvrage, relève de l’exception !
Je ne veux pas faire des bâtiments comme on fait de la malbouffe
de fast-food. Je veux faire des bâtiments complexes à réaliser,
activant un gain en termes de recherche et développement.
_Musée Jean Cocteau, Menton © Eric Dulière
1010ARCH ITECTURE
_Espace Aimé Césaire, Gennevilliers © Olivier Amsellem 12
ARCH ITECTURE
Dans vos créations, quel dialogue instaurez-vous avec l’environ-
nement (naturel, urbain, patrimonial, humain…) ?
Chaque ouvrage se nourrit du contexte. J’essaie tout simple-
ment de ne pas réduire la richesse présente naturellement sur
les lieux. Mais lisez donc mon dernier pamphlet « L’architecture
est un sport de combat »* vous trouverez les réponses à cette
question. C’est un livre politique qui n’est pas réservé aux archi-
tectes mais à celui qui aime encore son époque et s’attarde sur le
rire pour échapper au cynisme.
Vous avez conçu des lieux pour des publics et des usages diffé-
rents : des habitations, des bureaux, des lieux consacrés aux arts
(Département des Arts de l’islam au Louvre, MuCEM à Marseille,
musée Cocteau à Menton, Palais des festivals à Venise…) ou à la
musique et la danse (Nikolaisaal à Postdam, Centre Chorégra-
phique National d’Aix-en-Provence…). Quel impact pensez-vous
que peut avoir une forme architecturale sur la perception et les
usages de l’utilisateur ? Comment valorisez-vous le contenu par
le contenant, notamment en ce qui concerne les lieux consacrés
aux arts (visuels, musique…) ?
Chaque ouvrage, chaque fragment interroge l’architecte qui
doit évaluer les enjeux afin d’établir la plus juste réponse.
La mémoire des métiers et des savoirs est l’essentiel à trans-
mettre aux utilisateurs. Le contenant valorise le contenu en
exprimant des valeurs qui font appel à la sensibilité, la beauté et
l’effort du travail. J’écoute le site et le programme pour pouvoir
le faire parler et ainsi reconstruire un récit.
Quelle doit être, selon-vous, la place du geste et de l’esthétisme
en architecture ?
En pratiquant la rupture avec les discours de rupture. Si je
conçois comme Sartre que « l’art n’existe qu’en situation »,
il convient de reconnaître que la névrose situationniste a pro-
duit des nécroses. Considérer l’esthétique, le signe et le décor
comme l’attribut de la scène bourgeoise fut à l’origine de l’exil
de la beauté.
Quel regard portez-vous sur le développement architectural des
grandes villes aujourd’hui ?
Il faut participer à la nécessaire densité urbaine, dessiner
le visage de la verticalité, lutter pour quelques matériaux nobles,
croire au principe de beauté… La ville de demain doit se nour-
rir des valeurs de la vieille ville européenne.
_Pont de la République, Montpellier © Lisa Ricciotti
12ARCH ITECTURE
_MuCEM, Marseille © Lisa Ricciotti 14
ARCH ITECTURE
14ARCH ITECTURE
Quels sont les projets qui vous ont apporté le plus de satisfac-
tion?
Le MuCEM, par son immense succès populaire.
Quels sont les projets que vous rêveriez de réaliser ?
Je ne rêve pas, je construis ce que l’on me donne et le fais avec
passion…
Quelle est l’architecture que vous auriez voulu avoir dessiné ?
Le sanctuaire de Notre Dame du Laus dans les Alpes de Haute-
Provence ; c’était l’engagement humaniste le plus aboutit.
Archaïque dans ses matériaux et son écriture, savant dans son
raisonnement scientifique. Je le regretterai toujours.
Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?
J’ai achevé ces derniers temps l’espace culturel et social Aimé
Césaire à Gennevilliers, le nouveau département du Louvre
(l’aile muséale des Arts de l’Islam), le Stade Jean Bouin à Paris,
le MuCEM à Marseille, le Musée Jean Cocteau à Menton et suis
en train de réaliser le Musée d’art contemporain de Liège en
Belgique, la Grande Salle de Spectacle de Bordeaux, les loge-
ments étudiants du campus universitaire de Bordeaux-Pessac,
la Philharmonie de Gstaad, le Fonds Régional d’Art Contempo-
rain de Caen, un petit centre de congrès en Auvergne et divers
logements sociaux en France.
Sinon, je travaille aussi sur mon corps gastronomique, car je
suis très exigeant sur ce que je mange… Sur ce sujet je suis aux
antipodes des névroses conceptuelles et minimalistes de l’art
contemporain !
* L’Architecture est un sport de combat de Rudy Ricciotti. Éditons Textuel - 2013.
_Musée du Louvre, Paris © Antoine Mongodin
W W W . R U DY R I C C I O T T I . C O M
ARCH ITECTURE
18
Il fait froid. Le ciel est blanc, et bas. On se sent un peu à l’étroit dans la boule à neige rémoise. Il faudrait
pouvoir convier des visions d’or et d’azur, imaginer nos peaux dorées comme les fleurs de lys au som-
met de la Cathédrale, visualiser des flots d’un bleu royal sur le parvis. Convoquer l’été et la mer, là, tout
de suite, sans attendre, sans même avoir à partir. Allez, s’il te plait, encore un ressac et reviens-nous, tu
connais le chemin ; il y a quelques dizaines de millions d’années, tes eaux salées recouvraient la région.
Il doit bien rester quelque chose de ce passé océanique dans notre psyché collective. Quelque chose de toi.
Oui, ici, à Reims : sous les pavés, le souvenir de la plage, et dans une coupe de champagne, l’écho des vagues.
J’ai laissé filer les métaphores, cette langue trop aisément accostable, et bravant le vent glacial, bien réel, je
suis partie à ta recherche dans les rues désertes, dans des recoins oubliés de la ville. Au bord de la Vesle,
près du pont Huon, je suis tombée sur des vestiges insolites au milieu desquels avec un peu d’imagination
l’on peut encore entendre des cris d’enfants qui se jettent joyeusement à l’eau, des rires ensoleillés et les
splashs retentissants quand les corps plongent. Au bord de la Vesle, près du pont Huon, croyez-le ou pas,
il y a des cabines de plage. Fut un temps où elles étaient peintes en vert d’eau, couleur lagon, mais ce temps
a passé et le bois est désormais à vif. À vif, comme les souvenirs de Josette Labbe qui habite la maison
jouxtant les cabines. Josette, accueillante et volubile, dont la famille dirigeait autrefois ce lieu désormais à
l’abandon, méconnu, là où des milliers de rémois apprirent à nager : les Bains des Trois-Rivières, soit un
bassin aménagé en 1882 sur un bras de Vesle, une plage de gazon, un Eden champêtre créé à l’initiative de
la municipalité et de la Compagnie des Sauveteurs de Reims dans le but de pourvoir aux classes populaires
un endroit sécurisé où découvrir les délices de la nage.
L’Eden a fermé ses portes en 1965, « deux ans avant l’ouverture de la Piscine Olympique du Nautilud »
m’apprend Josette, et en arpentant avec elle la pelouse où s’étendaient jadis les baigneurs, l’on se prend à
rêver que les ruines de ces bains froids, ces cabines qui sont comme une apparition soient davantage mis
en valeur afin que le promeneur puisse s’abandonner à leur contemplation quand survient la nostalgie des
vacances et des jeux aquatiques en plein air. C’est important de susciter les visions d’un ailleurs, particuliè-
rement dans une ville qui ne dispose guère d’atouts naturels notables, guère de points de vue d’où scruter
l’horizon du voyage. Cela met du baume au cœur pour passer l’hiver… J’ai laissé la famille Labbe à ces sou-
venirs fluviatiles (oui, ce mot existe, du latin fluviatilis : « qui habite la rivière ») et j’ai poussé la navigation
jusqu’à la rue de Courcelles, jusqu’aux Tropiques, les vrais, palmiers, océan et sable fin.
C’est encore une femme qui m’accueille, une dame sans âge, émigrée espagnole, la voix chantante, très
douce, avec de jolis traits. Ici, dans son café, les habitués l’appellent Maria bien que ce ne soit pas son
vrai prénom. À ce propos, elle ne m’en dit pas plus, un brin circonspecte. L’endroit est simple, dépouillé,
SOUS LES PAVÉS…
UN TEXTE D’YVONNE DEBEAUMARCHÉ,POUR LE MAGAZINE PEEL .
BELLES LET TRES
18
un bistrot à l’ancienne, deux grandes tablées, un bar sixties, un porte-manteau vintage, et au mur, en guise
d’unique décoration, un poster géant, l’un de ces papiers-peints paysage un peu kitsch représentant une
plage des Tropiques. Maria l’a collé elle-même, et elle l’a déjà changé trois fois ; sous la grisaille locale, les
couleurs ont vite fait de se délaver, la Vierge prend soin de son coin de paradis. À l’ombre de ces cocotiers,
on joue à la belotte, et l’on rencontre des gens originaires de terres radieuses. Ce jour-là, j’y croise le sourire
de l’Algérie - un vieux monsieur nommé Sassi - ainsi que Gérard avec qui j’engage une conversation sur
sa Martinique natale que je connais bien. On évoque les plus belles plages de son île sous le poster mira-
culeux. Avec un peu d’imagination, encore, on s’y croirait presque. Pourtant, au bar du Stand, certaines
existences n’ont rien d’un songe d’une nuit d’été.
Au dessus du café, un refuge modeste : Maria loue parfois
des chambres à des êtres au parcours cabossé, une chambre
en guise de logement provisoire, en attendant que la roue
tourne. Et le soir, après le dîner, elle écoute leurs confi-
dences, elle fait comme avec le poster, elle prend soin
d’eux. Eux, les naufragés échoués sur son atoll chaleureux.
Au moment où je m’apprête à quitter cette drôle de plage,
Maria accepte de me révéler son vrai prénom. Elle s’appelle
Amparo, un nom espagnol qui signifie « refuge, abri, pro-
tection ». « Amparo, c’est la Vierge des malheureux » me dit-
elle. Elle, Maria-Amparo, Sainte protectrice des oubliés de
l’hiver rémois. Un soleil qui n’a rien d’imaginaire. Un rivage
d’humanité.
H T T P : // C A R G O C O L L E C T I V E . C O M / Y D B M
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BELLES LET TRES
Comment est né Girls in Hawaii ?
Lionel et Antoine se sont rencontrés au
cours de leur scolarité et ont très vite
compris qu’ils allaient avoir beaucoup
de choses en commun, notamment en
musique. Plus tard, ils se sont mis à en-
registrer des chansons chez eux et ont
envoyé une centaine d’exemplaires de
leur démo aux maisons de disques, sans
espoir particulier. Mais très vite ils ont
eu une proposition pour jouer dans
un festival et ont recruté les petits frères,
les amis pour constituer un groupe.
Le groupe est vraiment né en 2001.
[Girls in Hawaii est composé d’Antoine Wielemans (chant-guitare), Lionel Van-cauwenberghe (chant-guitare), Brice Van-cauwenberghe (guitare électrique-lapsteel), Daniel Offermann (basse), François Gustin (guitare électrique-claviers) et Boris Gronemberger (batterie)].
Et tout s’est vite emballé pour vous ?
Oui, tout s’est mis rapidement à bien
marcher, et on a dû très vite arrêter nos
études pour nous consacrer unique-
ment à la musique (Daniel étudiait
la communication, Lionel la photo,
Antoine le graphisme…).
[Très rapidement, Girls in Hawaï a mul-tiplié les scènes. Après la sortie de son 3ème album « Everest » le groupe a renoué avec le live pour une tournée européenne de plus de 120 dates]
Quelles sont vos influences ?
Nos influences sont plutôt variées et
viennent de la pop anglaise et améri-
caine, du jazz, de la folk, du hip hop,
de l’électro.
Comment qualifieriez-vous votre style ?
C’est une pop-rock soignée et mélo-
dique, qui peut aussi devenir puissante
et débordante d’énergie sur scène.
Quels sont vos rôles respectifs dans
la composition de vos morceaux ?
Pour notre dernier album studio
« Everest », le cas était un peu particu-
lier car le groupe ne s’était quasiment
pas réuni durant 2 ans. Antoine et
Lionel avaient réalisé, chacun de leur
côté, plusieurs démos qui n’avaient
pas été composées dans l’idée de faire
ce disque en particulier. Mais, en
rapprochant et mêlant une sélection
de leurs idées respectives, un album
est né. Quand on est rentrés en studio,
on n’avait jamais joué les morceaux
ensemble, mais chacun s’est vite appro-
prié sa partie.
Vos noms d’album studio (From Here
to There, Plan your Escape, Everest)
font plutôt référence au voyage, est-ce
voulu ?
Le voyage est un peu l’idée du groupe
au départ, d’où son nom, un nom qui
ne nous ressemble pas forcément, afin
d’imaginer des ailleurs avec la musique.
Certains de vos morceaux ont été repris
par le cinéma indé. Quel est votre rap-
port à cet art ?
C’est chouette d’avoir un morceau
choisi pour un film. Mais on ne nous
a jamais demandé de créer de toutes
pièces une bande originale pour un
film, et c’est quelque chose qu’on aime-
rait bien faire, ne serait-ce que parce
qu’il y a une filiation avec les centres
d’intérêts que nous avons (photo,
image…).
En Live, vous allez au-delà de vos pro-
ductions studio, vous vous éloignez de
la simple retranscription, sur scène, de
vos albums…
En live, nous jouons des sets assez
longs car on a beaucoup de matière.
On pioche évidemment dans le réper-
toire de nos 3 albums, mais nous allons
au-delà, en piochant dans des chutes de
studio qui n’ont pas encore été dévoilées
jusque-là. Et nous y apportons tous
notre propre sensibilité musicale.
J’ai découvert Girls
in Hawai lors d’un
concert au Splendid
à Lille en 2004.
Déjà, la musique
du groupe belge, pop
rock mélodique et
décomplexée, avait
durablement marqué
ma mémoire. Ce n’est
qu’en 2014 que j’ai pu
les revoir en live, à la
Cartonnerie à Reims,
ce Live confirmant ma
bonne impression
de départ. Pour clore
leur dernière tournée,
Girls in Hawaï vient de
sortir en fin d’année un
album live, intitulé Hel-
lo Strange. Rencontre
de fin d’après-midi.
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POP ROCK
L’IMPROBABLE RENCONTREDU FOOT ET DU THÉÂTRE
Pour Reims Scènes d’Europe,
l’artiste Sanja Mitrovic est partie
à la rencontre des supporters
du Stade de Reims.
Ensemble, ils créeront
un spectacle croisant
leurs passions pour les planches
et le ballon rond.
23
THÉÂTRE
ui a dit que le sport et la culture étaient deux
univers a priori étrangers l’un à l’autre et irrécon-
ciliables ? À Reims, celles et ceux qui savent apprécier les
beaux textes de théâtre sur le sport se souviennent en-
core d’avoir vu sur la scène de la Comédie, il y a une di-
zaine d’années, Monsieur Armand dit Garrincha de Serge
Valetti, hommage au personnage fantasque mais central
de l’historiographie du foot argentin. Et la centaine de
personnes présentes dans la salle de spectacle de « feu »
Le Kraft garde sans nul doute un souvenir ému de la
prestation du comédien Jacques Bonaffé, ahanant dans
son effort de comédien-cycliste, en coursier de fond de
classement, pour nous livrer le passionnant 54 x 13 de
Jean-Bernard Pouy. C’est cette même aventure, en plus
grand, que tente cette année le festival Reims Scènes
d’Europe. Do you still love me ? sera créé à cette occa-
sion par la jeune metteure en scène d’origine serbe, Sanja
Mitrovic. Pour ce projet, elle tente d’établir un parallèle
entre la passion d’un comédien pour la scène et l’amour
d’un supporter pour son club. Sont-elles si différentes ?
À Reims, elle s’est lancée dans un défi un peu fou : réunir
sur scène des comédiens professionnels et des supporters
de foot pour un échange inattendu sur la passion dévo-
rante qui les réunit.
- DU THÉÂTRE AUX ULTRAS… -
Le Stade de Reims avec son histoire et ses différents grou-
pements de supporters se prêtait parfaitement à cette
expérience de longue haleine. « Tout a commencé dès
juin », explique Quentin Carrissimo-Betola, chargé de
projet du festival et aux côtés de Sanja Mitrovic pour par-
tir à la rencontre des supporters rémois. « Et nous nous
sommes vite rendus compte qu’il n’était pas si simple de
les rencontrer », glisse-t-il dans un sourire. Quentin et
Sanja sont donc partis directement à la rencontre des
trois groupes de supporters : le Groupement officiel des
23THÉÂTRE
supporters du Stade de Reims, le KMR (Kop mythique
rémois) et Ultrem, qui fédère les ultras rémois. De son
côté, Sanja Mitrovic avait très envie de travailler à Reims,
de rencontrer les supporters d’un club historique qui a
connu ses grandes heures dans le années 1950 autour de
Raymond Kopa et René Jonquet. Les rencontres entre
l’artiste et les « footeux » se multiplient assez naturelle-
ment. Sanja Mitrovic interroge, note, écoute et consigne
tout ce que lui racontent les supporters. Les anecdotes
se succèdent, la passion affleure à chaque rendez-vous.
Comme celle de ce supporter intarissable, un homme
de 78 ans ayant assisté à son premier match à l’âge de…
5 ans.
- DES SUPPORTERS SUR SCÈNE -
Do you still love me ? croisera paroles de supporters et
témoignages de comédiens. « Au début, le projet partait
sur la participation de onze supporters réunis sur scène
pour un match de 90 minutes, rappelle Quentin Carrissi-
mo-Bertola. Les arbitres auraient été des comédiens pro-
fessionnels. Mais le projet a évolué vers un format plus
proche du miroir, avec quatre supporters et quatre co-
médiens professionnels. « Les anecdotes des supporters
sont parfois cocasses, parfois émouvantes. L’une des plus
marquantes pour moi est celle de ce supporter un peu
fétichiste et superstitieux. Pour chaque match du Stade,
il porte son slip porte-bonheur aux couleurs du club.
Il ne peut pas imaginer aller au stade sans son slip fétiche.
C’est son rituel ». Des histoires de ce type, Sanja et Quen-
tin en ont collecté des dizaines, à l’image de l’histoire de
cet homme qui s’est éclipsé lors du mariage de son fils
pour aller voir le match du Stade à la télévision. « Nous
avons aussi découvert que certaines mères ou femmes
de supporters ont un rapport parfois glamour au club et
au foot. Et puis, on croise aussi ces familles impliquées
dans le foot de génération en génération. L’une d’entre
elles réunit dans cette même ferveur la mère, le fils et la
grand-mère ».
- COMPLICITÉS NAISSANTES -
Actuellement, Reims Scènes d’Europe a réuni un groupe
de quinze supporters que Sanja souhaite revoir. Quatre
d’entre eux devraient se retrouver sur scène pour le spec-
tacle. « Sanja leur a bien expliqué qu’elle ne souhaitait
pas en faire des acteurs, mais qu’elle voulait juste qu’ils
soient eux-mêmes, avec leur histoire, leurs mots, sur le
plateau du théâtre », témoigne Quentin. Entre gens de
théâtre et fans de foot, la méconnaissance est mutuelle
et, de fait, tous se retrouvent sur un pied d’égalité et com-
plices. « Sanja est venue pour le match opposant Reims à
Bastia, se souvient Quentin. À l’issue du match, les sup-
porters sont allés à la boutique du club acheter le CD de
l’hymne officiel du Stade de Reims pour l’offrir à Sanja ».
La curiosité est mutuelle. Les supporters monteront sur
la scène de la Comédie, un lieu dont souvent ils n’ont ja-
mais poussé la porte. Et même si l’un d’entre eux se sou-
vient d’y être entré, à l’époque de la Maison de la Culture.
Il faut reconnaître qu’il avait une bonne raison pour cela :
cette année-là, on y délivrait les abonnements au Stade
de Reims. Les supporters des Rouge et Blanc monteront
donc sur les planches. Mais, attention, ils ont posé leurs
conditions : ce ne sera pas un soir de match ! Quentin,
lui, scrute avec un peu d’inquiétude les parutions, tou-
jours tardives, des calendriers de match de Ligue 1. Il ne
faudrait pas que le Stade joue un vendredi…
2424
THÉÂTRE
Pourquoi avoir choisi cette année
le thème de la guerre et des conflits,
anciens ou contemporains ?
Cette thématique s’est imposée à nous
comme une nécessité dans le cadre
de la commémoration nationale de la
Grande Guerre. Nous pouvions notam-
ment voir, à travers cette thématique,
ce que la guerre produit sur les artistes
et sur l’oeuvre. La Grande guerre est
notre point de départ et, si le festival
n’est pas uniquement composé de
projets autour de la guerre, ce sera
notre fil rouge. Nous pouvions aussi
nous intéresser à des formes de conflits
plus modernes, au terrorisme, sans
perdre de vue la recherche de la paix,
les espoirs et les idéaux véhiculés dans
les oeuvres.
Quels sont vos conseils, vos coups
de coeur sur cette nouvelle édition
de Reims Scènes d’Europe ?
Je dirais qu’il leur faut être curieux.
Ne manquez pas le début du festival,
vous pourrez ainsi vivre une expérience
et pourquoi pas la prolonger avec
d’autres spectacles. C’est possible car
le festival dure une quinzaine de jours.
Le projet autour de TERRORisms est
important dans le festival C’est là que
Ludovic Lagarde, le directeur de la
Comédie, va créer La Baraque, sur un
texte qu’il a commandé à Aiat Fayez.
Nous serons ici dans un registre plutôt
burlesque. Cette création aura son
pendant avec God watts at the station,
le projet de l’israélien Shay Pitowsky.
Je l’ai vu à Tel-Aviv, c’est un très beau
projet qui interroge les déterminismes
qui alimentent les conflits et ne carica-
ture pas les Palestiniens.
Et puis, j’aimerais aussi parler de Front,
qui donne la parole aux hommes des
tranchées en réunissant des textes de
l’Allemand Erich Maria Remarque (À
l’Ouest, rien de nouveau) et du Français
Henri Barbusse (Le Feu), tous deux sur
le front en 1914-18.
Vous avez lancé depuis plusieurs années
YPAL, un réseau international de jeunes
spectateurs. Que proposera-t-il cette
année ?
Avec Ypal, nous voulions construire
un dialogue productif avec de jeunes
spectateurs. Ils s’interrogent et nous
interrogent sur la relation à l’art et aux
artistes. Pendant le festival, ces jeunes
venus de toute l’Europe organisent des
ateliers pour les spectateurs, des ren-
contres avec les artistes. Cette année,
nous avons un partenariat avec RJR,
Radio Jeunes Reims, et L’Hebdo du
vendredi. Ils nous livreront des chro-
niques de spectacles. C’est nouveau,
ils seront plus présents sur tout le festi-
val et non sur un temps fort.
Propos recueillis par Cyrille Planson
DO YOU STILL LOVE ME ?
Conception, chorégraphie
et mise en scène Sanja Mitrovic
Jeudi 19 et vendredi 20 février
La Comédie - 21 h
Anne Goalard
Déléguée générale du festival Reims
Scènes d’Europe
2424THÉÂTRE
Atomic Moog est un duo rémois
et parisien de dj et producteurs
de musique électronique composé
de Charles Lecca et Cédric Beaude.
À l’automne 2014, ils se sont
produits lors du before du festival
Elektricity. Atomic Moog vient de
signer avec un label allemand et
sortira son 1er EP au printemps 2015.
Comment est né Atomic Moog ?
Cédric : Charles, qui est mon cousin
par alliance, mixait déjà de son côté et
a voulu faire de la production. Comme
j’en faisais déjà depuis une quinzaine
d’années, il est venu me demander
conseil. On avait de nombreux atomes
crochus en matière de son et je me suis
pris au projet de Charles jusqu’à en faire
partie intégrante. Je faisais auparavant
de l’électro soul avec de vrais instru-
mentistes, mais je n’avais jamais réussi
à faire ce genre de musique frontale
et club car je n’avais jamais trouvé
quelqu’un qui avait exactement les
mêmes aspirations que moi. Et je l’ai
trouvé chez un mec de vingt piges qui
m’a bousculé dans ce que je savais faire
et qui m’a conduit à me réinventer.
Charles : Par exemple, Cédric m’a
apporté la technique de la MAO et je
lui ai apporté mon savoir possible en
matière de transcription de tracks piste
par piste.
Quand est officiellement né votre duo ?
Charles : on a décidé, en février dernier,
de donner un nom à notre projet qui
avait alors quelques semaines. Cédric
a cherché l’inspiration dans sa vieille
bibliothèque de disques et s’est arrêté
sur un morceau de Coldcut intitulé
Atomic Moog 2000. On a décidé de
prendre ce nom (sans le 2000 trop
marqué XXe siècle) qui correspondait
parfaitement à notre projet.
Comment travaillez-vous ensemble pour
concevoir un morceau ?
Charles : j’habite à Reims et Cédric à
Paris. On ne peut évidemment pas se
permettre de se voir 5 fois par semaine
et on travaille à distance, sans règles
particulières. Soit Cédric débute
un morceau et me l’envoie pour que
je travaille dessus de mon côté, soit
c’est l’inverse. À la base il y a beau-
coup de brainstorming et d’écoute de
musique. On parle de nos ressentis sur
des morceaux. Par conséquent, chacun
sait ce qui plait à l’autre et va essayer
de l’impressionner. C’est comme une
sorte de compétition, mais dans
la même équipe.
Cédric : le but c’est de donner envie
à l’autre. On se renvoie un même
morceau plusieurs fois, et au bout
d’un moment, quand on pense être
arrivés au bout du projet, on se voit et
on le peaufine ensemble à Reims ou à
Paris. Nous pouvons aller vite quand
on a envie de créer un morceau grâce
à la conjonction entre mes connais-
sances techniques engrangées depuis
des années et la fraicheur, la rigueur
de control freak » de Charles qui sait
exactement comment une chose doit
sonner et ne lache rien.
Pouvez-vous parler de votre EP ?
Charles : nous avions près de 20 mor-
ceaux non finalisés et 5 morceaux prêts
à être édités sur un 1er EP. Mais Cédric
m’a fait écouter un nouveau morceau
qu’il venait de créer et j’ai tout de suite
su que c’était une tête d’EP, alors qu’on
avait déjà sélectionné nos morceaux.
Finalement nous avons retenu, en plus
de ce morceau, les 2 meilleurs des 5 ini-
tialement prévus auxquels nous avons
ajouté nos 2 dernières créations.
Sous cette forme, l’EP s’est constitué
spontanément en 15 jours, parce qu’on
avait bien défini au préalable la ligne
directrice que nous souhaitions.
Cédric : musicalement, on voulait
quelque chose de frontal avec un esprit
rock, loin de la disco filtrée qu’on peut
souvent entendre aujourd’hui. Notre
musique est à l’image de notre façon
de mixer qui est explosive et où ça part
dans tous les sens. Troopers me disait
récemment qu’on avait une façon de
mixer, avec des cuts, proche de ce qui
se fait dans le rap. Notre musique est
constituée d’une énergie techno avec
une structure et des impulsions plutôt
hip hop. On ne veut pas seulement
faire danser les gens, on veut les faire
transpirer !
Charles : d’ailleurs, en ce qui concerne
notre proximité avec l’univers
de la culture hip hop qui est pour nous
une source d’inspiration, nous avons
sorti le 16 décembre dernier un remix
techno du morceau
« Allo ? » du groupe
de hip hop de Reims
Black industrie.
Avec qui avez-vous travaillé pour réali-
ser sa couverture?
Charles : lors du dernier festival
Elektricity, j’ai rencontré Jean André
qui est graphiste pour Ed Banger et
qui a également réalisé le visuel de cet
Elektricity. En discutant lors d’une
pause cigarette, j’ouvre mon Iphone
dans lequel j’avais mis en fond d’écran
une production d’une artiste parisienne
du nom d’Inès Longevial. Jean, qui col-
labore avec Inès a alors pris une photo
de mon écran qu’il lui a envoyé. 1 mois
après je l’ai contactée par email pour
lui dire que j’étais fan de son travail et
pour lui demander si elle accepterait de
réaliser l’illustration de notre EP. Après
écoute de l’EP elle a accepté !
Quelle est la date de sortie de ce 1er EP ?
Charles : la sortie est prévue au prin-
temps 2015, avec une release party de
lancement à Paris.
ATOMIC MOOG
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ELECTRO
29Élodie et Julien Régnier vivent à Reims, se baladent
un peu partout en Europe pour ensuite partager
leurs trouvailles aux Marchés aux Puces de St Ouen.
Le nom de leur studio « Maison Jaune » est dû à leur
étonnante et singulière maisonnette Jaune, que l’on
aperçoit au loin en entrant dans le Marché Paul Bert.
On y découvre sur trois étages une
sélection subtile de mobiliers signés,
allant d’un bureau Pierre Paulin, aux
chaises Saarinen, tout en proposant
des pièces plus atypiques telles que
les tables de bistrot tout droit sorties
du Futuroscope. En 2013, ils réalisent le Bar Éphémère du
Centre Culturel de Saint Exupéry de Reims. Les visiteurs
pouvaient s’y installer le temps d’un café dans cet univers
qu’ils définiront de « simple et confort ». Dernièrement, ils
viennent d’investir l’intérieur du restaurant Les Halles 1929, en
y ajoutant quelques éléments de décoration, en suivant cette
volonté de produire un certain « Design convivial ».
aisonaune
DES IGN
2929Comment en êtes-vous arrivés à faire
ce métier ?
Nous avons toujours été passionnés
par les objets et l’architecture d’inté-
rieur. Nous nous sommes vite aperçus
que nous pouvions travailler ensemble.
Cette passion nous en avons fait notre
métier. Nos parcours sont différents,
mais nous avons créé Maisonjaune avec
ces différences et une belle connivence
créative. Maisonjaune est avant tout
l’histoire d’une rencontre.
Paris et Saint-Ouen étaient une évi-
dence, tout en restant à Reims pour
élever nos enfants.
Comment procédez-vous pour
la recherche de vos mobiliers ?
Nous parcourons les capitales euro-
péennes afn de trouver des idées.
Nous aimons faire des rencontres et
être surpris par une émotion. Notre
quête d’objets insolites ne connait pas
de limites. (si ce n’est financière…).
Comment travaillez-vous ensemble ?
Avez-vous des profils complémentaires ?
Comme évoqué auparavant c’est une
histoire d’amour (pour les objets bien
sur…). C’est une entreprise familiale où
nous pouvons nous exprimer ensemble
en respectant nos deux personnalités.
Quelle est la spécificité de la Maison-
jaune ?
Notre travail se concentre sur le design
du XXème siècle. Nous regardons les
objets pour ce qu’ils dégagent, pour
l’atmosphère qu’ils créent. Nos clients
sont très exigents. Nous leur présentons
des pièces sensibles. L’idée est de créer
une émotion forte entre un objet et une
personne, une rencontre.
Quel est votre avis sur les copies
de meubles ?
Nous revendiquons la création, alors
les copies sont pour nous une forme
de pollution.
Faut-il avoir bon goût dans votre
métier ?
L’excentricité peut-être une forme
de mauvais goût et avoir beaucoup
de succès. Donc nous ne pouvons pas
répondre à cette question, sans un peu
d’ironie.
Maisonjaune a la chance de travailler
avec quelques grandes maisons de luxe
qui représentent pour nous une cer-
taine définition du bon goût. D’ailleurs
nos clients interprètent parfois mieux
que nous nos propres choix.
Quels sont vos objets fétiches ?
Pas d’objet fétiche. Nous ne sommes
pas collectionneurs. Mais nous aimons
associer des objets, des couleurs et des
formes afn de créer une atmosphère
érudite et chaleureuse. C’est intéressant
de rendre visible un objet, de le faire
restaurer et de le proposer pour un
autre lieu, afin de le mettre en lumière.
Que faudrait-il pour que les Halles
du Boulingrin deviennent le marché Paul
Bert ?
Il serait diffcile d’imaginer cette activité
dans une ville comme Reims, car
le marché des puces de Saint-Ouen est
le plus grand rassemblement d’anti-
quaires au monde. Les Halles sont avant
tout notre marché, un lieu de rencontre.
Le quartier du Boulingrin est devenu
un endroit magique, très convivial entre
commerces de bouche et restaurateurs.
Quelle est la question la plus courante
posée par les professionnels ?
Les professionnels nous demandent
toujours comment fait-on pour trouver
nos objets, … mais il faut garder une
part de mystère.
Et par les badauds ?
« C’est où la Cocotte ? » Notre boutique
se trouve proche du nouveau restaurant
de Philippe Starck « La Cocotte ».
Tous les nouveaux venus au marché aux
puces nous posent cette question.
Quel est le plus diffcile dans votre
métier, l’art des affaires ou l’affaire
des arts ?
Nous créons des atmosphères qui
peuvent rencontrer des accueils
différents. Mais nous avons la chance
de pouvoir nous exprimer. Le monde
des affaires et le monde des arts sont
aujourd’hui très liés, ce qui crée de
nouvelles rencontres .
Quelle est la pièce que vous regrettez
le plus d’avoir vendu ?
Sortir un objet de son contexte pour
le placer dans une scénographie est
toujours un défi et un acte engagé, donc
pas de regret mais plutôt le souvenir
de belles rencontres.
_Maison Jaune © Alexandre Isard _Mobiliers © Julien Régnier
DES IGN
PAULBALDESARE
Paul Baldesare est un photographe
anglais qui travaille et vit à Londres.
La capitale britannique - sa rue, son
métro - est son terrain de jeu favori.
Il y capture dans son objectif des
instants de la vie londonienne et les
travers de sa population, rappelant
parfois le regard de Martin Paar
sur la société contemporaine.
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PHOTOGRAPH I E
Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous exprimer par la pho-
tographie ?
Je suis allé en école d’art au début des 70’s, et j’y ai découvert le
travail de deux photographes qui y enseignaient – l’un d’eux,
John Benton Harris, est d’ailleurs devenu un bon ami. Ses
photographies documentaires en n&b étaient d’une qualité de
définition que je n’avais encore jamais vue, et un de ses projets
qui m’avait particulièrement saisi concernait les « Anglais ». Il y
avait inclus de nombreuses images, prises dans la rue à Londres
lors d’événements, qui représentaient un intérêt particulier.
Quelles sont vos influences ?
Mes influences vont d’Henri Cartier-Bresson à Garry Wino-
grand. Le travail de Larry Fink m’a toujours intrigué. Mais en
général de nombreuses influences peuvent me provenir d’une
seule image ou d’un simple projet. J’aime en effet découvrir de
nouveaux travaux qui ne sont pas encore publics.
Lors de mes 20 ans, je suis tombé sur un livre de Tony Ray
Jones publié à titre posthume intitulé « A Day Off ». Je feuil-
lette encore régulièrement ce livre et je pense qu’une citation
de l’auteur dans l’introduction a certainement influencé mon
travail : « Mon but est de communiquer quelque chose de l’esprit
et de la mentalité des Anglais, leurs habitudes et leur mode de
vie, les ironies qui existent dans la façon dont ils font les choses,
en partie grâce à la tradition et en partie par la nature de leur
environnement et de leur mentalité ».
Quel a été votre premier appareil photo ?
Mon premier appareil photo « sérieux » fut un Leica CL équipé
d’un objectif de 40mm. Le travail que je produisais avec cet
appareil est toujours parmi mes préférés et j’effectue actuelle-
ment la numérisation des négatifs pris avec ce Leica au début
des 80’s. C’est une honte qu’il n’y ait pas aujourd’hui d’équivalent
numérique au CL !
Quel appareil utilisez-vous aujourd’hui ?
J’utilise un Nikon pour mon travail commercial et un Leica M9
pour mes projets personnels avec un objectif de 28mm, plus
un objectif de 35 et un de 21mm, même si j’utilise rarement ce
dernier.
Vous utilisez à la fois le noir & blanc et la couleur dans vos séries
de photos. Qu’est-ce qui détermine ce choix ?
Entre le n&b et la couleur, la couleur sera toujours mon pre-
mier choix. Quand j’ai débuté la photo dans les 80’s, le choix
du n&b a été dicté par sa polyvalence. Vous pouviez le traiter
et l’imprimer à faible coût, à la différence de la couleur qui était
alors tirée sur diapositive ou film transparent pour une meil-
leure qualité. C’était encore plus cher à imprimer qu’à partir
d’un négatif. Mon 2e grand projet « Down the Tube » devait être
photographié à l’origine sur film négatif couleur, mais ce pro-
cédé aurait été trop coûteux, j’ai donc opté pour le n&b.
Pour le type de photos que je prends, je me sens tellement plus à
l’aise avec la couleur. Heureusement, aujourd’hui avec les appa-
reils numériques, la couleur est devenue tellement plus facile
à photographier et à imprimer. Je suis un grand fan de cette
nouvelle technologie !
Retravaillez-vous vos photographies sur ordinateur ?
Je ne modifie pas mes photographies que ce soit avec Photos-
hop ou tout autre procédé informatique. J’utilise simplement
l’informatique pour son aspect pratique pour organiser les fi-
chiers photo, mais mon système de classement est plutôt ad hoc,
même si j’ai essayé d’améliorer les choses ces derniers temps.
J’ai toujours produit de petits tirages sur papier des images qui
m’intéressaient au premier abord en y écrivant la date et le lieu
du cliché et je continue à le faire aujourd’hui.
Vos photos sont un témoignage, presque scientifique de la civi-
lisation occidentale, spécialement anglaise. Vous voyez-vous
comme une sorte d’anthropologue visuel ?
Oui, beaucoup de mes projets m’ont fait me sentir comme
un anthropologue visuel. Depuis de nombreuses années, je
photographie dans Oxford Street dans le centre de Londres.
Une des raisons qui m’ont amené à le faire, c’est que très peu
de photographes ont semblé s’intéresser à cet aspect de la vie
londonienne. C’est alors devenu pour moi une sorte d’étude
anthropologique de l’espèce humaine, où lors de mes prises
de vues, je reste toujours discret afin de ne pas influencer une
situation.
Comment réagissent vos sujets ?
Je me suis souvent senti plus à la maison en voyageant à l’étran-
ger que dans mon propre pays et ma propre ville. En Italie, par
exemple, les gens semblent être attirés par l’appareil photo, alors
qu’à Londres ils résistent ou se détournent. Mais Londres n’est
pas comme le reste de l’Angleterre, et lorsque vous allez dans les
petites villes et les villages, vous trouverez un état d’esprit très
différent et un rapport particulier à la vie privée et à l’espace
personnel. Quand je photographiais pour mon projet « Carna-
32
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« J’AI TOUJOURS AIMÉ LA SATIRE, EN PARTICULIER LA CRITIQUE SUBTILE QUI ATTIRE L’ATTENTION SUR DES QUESTIONS SOCIALES PLUS SÉRIEUSES ».
PHOTOGRAPH I E
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val », j’ai souvent été surpris par le mélange de chaleur et de
suspicion dont les gens faisaient preuve. Je n’ai jamais su, en
allant d’un endroit à l’autre, quelle serait la façon dont les parti-
cipants réagiraient. Si vous êtes déguisés, c’est plutôt étrange de
s’opposer à ce qu’on vous photographie, en particulier si vous ne
pouvez pas être identifié…
Avez-vous des thématiques de prédilection ?
Un thème qui m’intéresse particulièrement, c’est l’attrait du
shopping. Pour ceux qui font du shopping, c’est un peu comme
se saouler, c’est agréable sur le moment, mais avec une gueule
de bois prévisible par la suite. Mais si le shopping est si agréable,
pourquoi ont-ils l’air si misérable ? Quand je marche dans une
rue commerçante animée, je suis toujours frappé par l’absence
de visages souriants, sauf pour les vitrines, les affiches aux ar-
rêts de bus et les panneaux publicitaires qui vendent un style
de vie que la plupart ne peuvent pas se permettre. Il est devenu
évident, après un court instant d’observation, que le shopping
est une affaire très sérieuse, qui s’exerce en communion, dans le
même état d’esprit que la pratique d’une religion.
L’humour (noir) tient-il une place importante dans vos photogra-
phies ?
J’ai toujours aimé la satire, en particulier la critique subtile
qui attire l’attention sur des questions sociales plus sérieuses.
Par exemple, j’ai pris dans le centre de Londres, au début des
années 2000, une photographie qui montre un étalagiste qui
semble être accroché sous un mannequin dans une vitrine.
Cette image est pour moi une métaphore de l’accro au shop-
ping. Je pourrais aussi prendre pour exemple les touristes qui se
photographient ou se font photographier devant le Parlement,
à la recherche de leur propre morceau de Londres, à la manière
des pèlerins médiévaux qui jadis souhaitaient emporter de pe-
tits morceaux de pierre d’un monument.
Pourtant, je ne vais pas particulièrement à la recherche de situa-
tions comiques, mais je suis toujours heureux quand une scène
de rue s’exprime spontanément devant mon objectif, parmi une
mosaïque complexe d’individus.
J’aime découvrir à ma façon « Le cœur battant de la ville ».
C’est pour ce chaos complexe de la rue et l’excitation ressentie
au moment où se révèlent de subtils instants que le photographe
de rue passe tellement de temps à chercher le bon shoot !
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PHOTOGRAPH I E
BELLES LET TRES
Pour rencontrer Christoph Marthaler, j’avais dû prendre une longue série de trains à crémaillère dans la
montagne. Nous avions rendez-vous à Sils-Maria, à l’hôtel Waldhaus. Tout un programme. Au bout de
ce voyage vertical, on tombait sur un bâtiment au milieu de nulle part, comme si l’on avait construit un
building au milieu de la forêt. C’était le centenaire de ce palace, construit en 1908 ; le petit fils du créateur
de ce lieu, Jürg Kienberger, est un des fidèles de la petite troupe de musiciens-chanteurs-comédiens — par-
ticulièrement doué pour jouer du Mozart ou du Webern sur un assortiment de verres en cristal. Par amitié
pour cet étonnant camarade, Martahler avait élaboré une sorte d’installation qui se déroulait pendant une
longue soirée. Vu les riches habitués de ce lieu, on aurait pu s’attendre à un spectacle élégant et convention-
nel. Là, c’est comme si une troupe de dadaïstes avait envahi l’hôtel.
Les spectateurs-clients dînaient dans la grande salle à manger, une chanteuse interprétait des mélodies
françaises ennuyeuses. On se demandait bien ce que l’on faisait là. Mais pendant ce temps, l’équipe avait
littéralement emballé l’hôtel comme pour un déménagement ou en prévision d’un bombardement : les
couloirs étaient recouverts de plastique; les fauteuils, les tables et les assiettes étaient emballés dans des
cartons. Stupéfaction. Les gens arpentaient les couloirs, comme saisis par une catastrophe. Il emmenait
ensuite les « spectateurs » dans les combles où l’on avait reconstitué de vieux bureaux RDA. On descendait
ensuite en file indienne dans les parkings ; il fallait se coller aux vitres d’un mini bus pour écouter un qua-
tuor fredonnant à la bougie. Au final, des acteurs, à plat ventre sur le court de tennis intérieur, chantaient
du Wagner.
En voyant travailler Marthaler par la suite, j’ai compris que cette « performance » me donnait quelques
clés pour comprendre sa méthode de travail si particulière. On s’installe dans un lieu : un tribunal, une
institution religieuse, un musée désaffecté ; et si l’on est dans un théâtre, on reconstruit sur scène un dé-
cor complet. Un habitat étrange : un hôpital-salon, une salle de conférence-sauna, un trois-pièces-usine.
On verra plus tard comment habiter là.
Pendant ce temps, on réunit sa troupe, on chante, on déchiffre des morceaux de musique en famille autour
du piano. Du Satie, du Monterverdi ou du Sacha Distel. On apprend à chanter ensemble et puis un jour
on installe ce petit monde sur scène et on les place dans des positions impossibles ; l’un enfermé derrière
une porte de garage, l’autre dans une cage de verre. C’est cette opération qui rend les acteurs de Marthaler
sur scène si unis et si terriblement seuls. Ce sont des boules d’énergie pures. Ils sont au bord de crier ;
et c’est là où le texte arrive, à la fin seulement. Quand il faut enfin parler. Et ça parle, Labiche sera là ou
Henri Michaux ou un discours politique ou une blague suisse allemande ou Goethe. Tout ce qui sera
nécessaire pour faire vivre cette fantasmagorie. Le projet se retourne comme un gant. Le corps prend texte.
C’est lumineux. C’est du théâtre à l’envers.
À PROPOS DE CHRISTOPH MARTHALER
UN TEXTE D’OLIVIER CADIOT,POUR LE MAGAZINE PEEL .
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BELLES LET TRES
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CULTURE POPU LAI RE
Un Labiche débridé !UNE ÎLE FLOTTANTE(DAS WEISSE VOM EI)d’après Eugène Labichemise en scène Christoph Marthaler
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www.lacomediedereims.frSpectacle bilingue français/allemand, surtitré en allemand/français
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SCHRAMM Félix Schramm est un artiste
allemand né en 1970 qui vit et
travaille à Düsseldorf. Il a suivi
un cursus d’études à l’École
des Beaux-Arts de Düsseldorf
de 1993 à 1997 et effectué
plusieurs résidences d’artistes
en Europe, le menant d’Italie
en Allemagne, et en orient au
Japon. Félix Schramm reçoit
en 2006 le prestigieux prix
Piepenbrock récompensant un
artiste contemporain allemand
pour ses sculptures.
Son travail est régulièrement
exposé dans de grandes
institutions, telles que le Palais
de Tokyo à Paris. Par son
travail, il compose l’illusion
d’une architecture qui serait
la conséquence d’un acci-
dent survenu à l’intérieur du
lieu d’exposition, laissant la
vision du spectateur imaginer
un potentiel effondrement
mettant en cause la sérénité
immaculée du « white cube ».
FÉLIX
ART CONTEMPORAIN
_ACCUMULATOR 5, Kunsthaus Baselland, Schweiz
Placoplatre, bois, mastic, Plexiglas, cire, terre, metal texturé,
laiton, polyurethane
274 x 802 x 415 und 150 x 130 x 150 cm (2-parties), 2014 © DR
_COLLIDER, San Francisco, Museum of Modern Art
Placoplatre, bois, couleur, papier peint
6,5 x 8 x 13 m, 2007 © DR
ART CONTEMPORAIN
_SAVAGE SALVAGE, De Vleeshal, Middelburg, Holland
Placoplatre, bois, métal, métal texturé, couleur
7 x 9 x 35 m, 2008 © DR 42
ART CONTEMPORAIN
uel fut pour vous le déclic qui vous a donné envie de créer
de l’art ?
J’ai eu très tôt une attirance pour l’art. Depuis mon jeune âge,
j’adorais modeler ou bien construire toutes sortes de choses.
Le besoin de savoir créer avec des formes tridimensionnelles
m’a poussé à faire des études d’art.
Pouvez-vous nous parler de votre parcours ? Vous avez étudié
aux Beaux-Arts de Düsseldorf. Étiez-vous déjà particulièrement
attiré par le médium « sculpture »?
J’ai commencé à étudier en Italie, à Florence. Après un séjour de
2 ans, je me suis décidé à poursuivre mes études de « sculpture »
à Düsseldorf. Par la suite, j’ai séjourné à Tokyo. En général, mes
séjours de longue durée à l’étranger ont été particulièrement
importants pour mon développement personnel.
Travaillez-vous avec une galerie en particulier ?
Je travaille conjointement avec la galerie « Max Mayer » à Düs-
seldorf et la galerie « Thomas Flor » à Berlin.
Comment en êtes-vous venu à réaliser vos sculptures ?
Je suis fasciné par l’observation des formes tridimension-
nelles. On peut percevoir qu’une forme, avec sa surface, avec
ses contours, avec ses arêtes, constitue une frontière avec son
environnement. Ainsi, pour appréhender visuellement une
sculpture, vous devez vous déplacer. De ce fait, vous modifiez
les perspectives de l’observation qui vous font entrer dans une
scène toujours différente autour de la même forme. C’est une
contemplation dynamique, et cette manière de voir l’œuvre est
très importante lorsque je réalise mes sculptures.
Quelles sont vos influences ?
Finnegans Wake de James Joyce (œuvre littéraire publiée à
Londres en 1939, ndlr).
Quel est votre processus de création d’une sculpture et comment
choisissez-vous les matériaux utilisés ?
Mon travail implique des processus très différents. Par exemple,
mes œuvres intitulées « Spatial Intersections », qui provoquent
une subsidence et décrivent en même temps une brèche dans
l’espace, doivent être réalisées avec une équipe plutôt consé-
quente. Avant la mise en place de l’œuvre, j’opère donc par pré-
planification. Au cours de cette phase, je travaille principale-
ment avec des modèles réduits, c’est-à-dire avec des esquisses
en trois dimensions que je crée avec des matériaux issus du dé-
42ART CONTEMPORAIN
_IMACON, De Vleeshal, Middelburg, Holland
Placoplatre, bois, couleur
2008 © DR
_OMISSION, Palais De Tokyo, Paris, France
Placoplatre, bois, couleur
5,56 x 12,9 x 25,9 m, 2009 © DR 44
ART CONTEMPORAIN
montage d’anciens travaux. J’opère ainsi car je conçois toujours
une œuvre basée sur des points de vue différents qui s’entre-
mêlent. Mes modèles réduits me permettent alors de visualiser
le projet avec mon assistant au fur et à mesure de son évolution.
Grâce au travail avec ces modèles facilement manipulables, je
peux imaginer quelles seront les différentes manières d’opérer
et les options d’installation, alors qu’il est évidemment extrê-
mement difficile de faire tourner une œuvre monumentale
qui pèse 4 tonnes... Et je peux laisser une certaine latitude au
hasard.
Dans votre processus, envisagez-vous votre sculpture comme
un objet autonome, ou comme un complément, permettant de
révéler l’espace où elle est installée, de dialoguer avec le lieu
d’exposition ?
Pour moi il n’existe pas de sculpture autonome, car elle est tou-
jours dépendante de l’espace. Chaque sculpture doit en effet
dialoguer avec son environnement par sa propre subsidence.
La salle d’exposition se déforme, se transforme par la simple
présence de la sculpture et cette dernière agit différemment,
selon l’espace, sur le spectateur.
Peut-on dire que vos créations constituent quelque part une
réflexion sur le white cube pensé comme une architecture dans
l’architecture, un lieu qui se révèle par ses faiblesses, celles que
l’on ne voit pas ou que l’on ignore par aveuglement ?
Le « white cube » constitue un espace scénique qui est bien en-
tendu nécessaire pour l’art. Par conséquent, l’art est en même
temps toujours une mise en scène. La perturbation de l’espace
est comme une fissure. Cette fissure rappelle au spectateur qu’il
s’agit bien d’une scène et c’est cela qui, je pense, importe.
Envisagez-vous vos créations comme un « écorché » de l’espace,
une mise en design de la déstructuration des structures de
constructions architecturales ?
Si je prends encore pour exemple ma série « Spatial Intersec-
tions » j’y utilise des structures architecturales de base dans le
but de les déstructurer, à partir de matériaux qui n’ont pas de
réelle valeur architecturale, comme le Placoplatre. Je dirais que
c’est une forme de dissolution des structures existantes. J’essaie
alors de leur faire atteindre d’autres niveaux, pour les faire arri-
ver rapidement à un état que je pourrais qualifier de géologique.
44ART CONTEMPORAIN
_COLLIDER, San Francisco, Museum of Modern Art, USA
Placoplatre, bois, couleur, papier peint
6,5 x 8 x 13 m, 2007 © DR
En fait, votre art va au-delà du simple regard du spectateur.
Il est une expérience sensitive qui se vit…
La perception du spectateur en face de l’œuvre, est pour moi
d’une importance fondamentale. Elle varie en fonction du posi-
tionnement de l’œuvre dans son environnement. Notre champ
de vision essaie plus de saisir la position des objets dans l’espace
que d’en déterminer les caractéristiques objectives. Chaque
infime déplacement de l’observateur conduit par conséquent à
une modification de sa perception. Non seulement il voit de
nouvelles choses, mais les choses qu’il a déjà vues se modifient
dans sa perception elle-même.
Par leur force, par leur mise en œuvre presque titanesque, vos
œuvres ne se rapprochent elles pas de la performance ?
Bien sûr, mais il s’agit plus d’une performance intime, à huis
clos.
Quelles sont vos expositions récentes?
J’ai réalisé deux expositions personnelles en fin d’année 2014
d’une part, au Frac Alsace, d’autre part, au musée Lothar Fis-
cher de Neumarkt, en Allemagne.
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ART CONTEMPORAIN
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© Benoit Pelletier
MANCHESTER MUSIC CITYJOHN ROBBéd. Rivages Rouges, 2009--> L’histoire de la scène mancunienne par ceux qui l’ont faite.
FALSE FLATAARON BETSKY WITH ADAM EEUWENSéd. Phaidon, 2004
--> Pourquoi et comment le design néerlandais contemporain est si bon.
L’ARCHITECTURE EST UN SPORT DE COMBATRUDY RICCIOTTIéd. Textuel, 2013--> Coup de gueule passionné de l’architecte critiquant avec amour et violence, les aberrations souvent constatées dans ce métier.
WA, THE ESSENCE OF JAPANESE DESIGNROSSELLA MENEGAZZOSTEFANIA PIOTTIéd. Phaidon, 2014
--> L’inspiration historique du design japonais sous toutes ses formes. Un très bel objet façonné selon les techniques traditionnelles japonaises.
49 CITIESWORKACéd. Storefront--> Analyse urbaine inédite des architectes new-yorkais WorkAC, comparant sur les mêmes critères, les 49 projets de villes utopiques les plus marquantes.
L’OEIL INVISIBLEW.M. HUNTéd. Actes Sud, 2011
--> Entre noir et démence, un aperçu de la collection ultra-sensible de W.M. Hunt.
POLAROIDSGUY BOURDINéd. Xavier Barral, 2009
--> Un recueil d’instantanés de Guy Bourdin. Mythique.
PAGES & IMAGES
PAGES & IMAGES
NOMSébastien CANARD
PROFESSIONFacteur
DEPUISC’est ma troisième saison.
COMMENTLe Stade de Reims cherchaitune mascotte, et je me suis tout
simplement présenté.
PLUS BELLE RENCONTREMon premier match pour la montée
en ligue 1, contre Lens.
PLUS BEAU SOUVENIRLe premier match en Ligue 1,
contre Marseille.
DES PROJETS POUR AUGUSTE ? Avoir une Femme et pourquoi pas un petit Lionceau.
AUTRE SPORT FAVORILa course à Pied.
À QUEL POSTE AUGUSTE POURRAIT-IL JOUER ?
Avant Centre.
AUGUSTE LA MASCOTTE DU STADE DE REIMS
UN CONNU
ARGAURJOAILLIER*DIAMANTAIRE
GR
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ME
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ISU
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WW
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36 RUE COLBERT * 51100 REIMS * 03 26 40 67 17 * WWW.ARGAUR.FR