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    Par M. Abdelali ELMOUDNI

    Mon expos prendra appui sur la fameuse formule de Balzac puise dans lAvant Propos la Comdie humainede 1842 : le hasard est le plus grand romancier du monde : pour tre

    fcond ; il n y a qu ltudier. La Socit franaise allait tre lhistorien, je ne devais tre que le

    secrtaire . Le terme secrtaire voqu dans la citation mrite de notre part une attentionparticulire. De prime abord, lon constate que ce mot traduit une certaine modestie de la part deBalzac: lauteur semble minimiser limportance de son rle vis--vis de la ralit. Sa fonction serduirait ainsi celle dun simple copiste ou scribe. Mais y voir de plus prs, ce terme, mesemble-t-il, revt une importance capitale au regard de lentreprise raliste balzacienne, notammentson uvre matresse : le Pre Goriot.

    tre secrtaire ne sapparente pas dans lesprit de Balzac une posture passive et rceptiveface un rel dbordant qui sintroduirait ple-mle dans lespace du roman. Pour le crateur de laComdie humaine, tre secrtaire cest avant tout matriser lart de la composition et delagencement ; cest se servir finement des techniques et procds offerts par le roman pour arriver,

    je cite Balzac encore, pour arriver crire lhistoire oublie par tant d'historiens, celle desmurs 1.De ce fait je me propose aujourdhui dexaminer comment Balzac a mis en uvre certains procdset techniques narratifs pour crire lHistoire des murs. Autrement dit quels sont les chois narratifsadopts par lauteur pour donner voir les murs de la socit franaise du dbut du XIX e sicle.

    Le premier procd que nous allons soumettre lanalyse est la description. Il est ais deconstater aprs une premire lecture, aussi artificielle soit-elle, la similitude frappante entre lacomposition du Pre Goriotet la structure dune action dramatique : nest-ce pas Balzac qui clt lepremier chapitre par la phrase suivante : Ici se termine lexposition de cette obscure ; mais

    effroyable tragdie parisienne

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    ? Cest dire que le premier chapitre sert dune part prsenterles protagonistes du drame et de lautre part planter le dcor o vont se mouvoir ces protagonistes.Certes, la description de la pension Vauquer foisonne de dtails sur les personnages, surlarchitecture et sur les meubles. On dirait une description faite par un commissaire priseur quiinventorie les lieux et les objets avec la minutie de celui qui veille ne rien oublier. Mais ce nestpas pour autant une raison pour conclure que le passage est destin exclusivement procurer aulecteur un effet de rel. La description assure ici une double fonction : linformation et lexplication.Elle informe lorsquelle voque ldifice, le mobilier et les personnages en eux mme ; mais elleexplique lorsque, en les dcrivant, elle suggre une interaction entre la psychologie des personnageset leur cadre de vie. Le dcor a t model par le personnage et ce mme dcor agit sur ce mmepersonnage. Evoquant madame Vauquer Balzac dit : Enfin, toute sa personne explique la pensioncomme la pension implique sa personne3.

    La description chez Balzac prend souvent lallure ironique pour critiquer par exemple la coquetterievaniteuse voire crasseuse de la bourgeoise. Insister sur la description de ses mains poteles, de sapersonne dodue et de son embonpoint cest faire une allusion la cupidit de cette femme quisengraisse sur le compte de ses pensionnaires. Pour Balzac les murs et lhistoire sont inscritesdans larchitecture des demeures des personnages, dans le dcor de leur vie. A lhistorien de la

    socit il pourrait suffire de dcrire les faades ou ltat des ustensile pour restituer toutes les

    vicissitudes de lexistence dun individu ou dune classe sociale4. Cest dans ce sens quilconvient de comprendre le commentaire du narrateur dcrivant la premire visite du chteau de la

    Le Pre Goriotde Balzac,

    uvre au programme de Franais de 2 mebac.

    Lyce El Fatwaki, Mekns

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    comtesse de Beauseant effectue par Rastignac : il navait donc pas encore pntr dans lesappartements de madame Beausant ; il allait donc voir pour la premire fois les merveilles de

    cette lgance personnelle qui trahit lme et les murs dune femme de distinction5.Soulignant au passage le lien tablit par le narrateur, grce notamment au verbe trahir, entre lesappartements dune part et lme et les murs du personnage dune autre part.

    Donc ce stade de lanalyse lon est en droit daffirmer sans hsitation que dans le Pre

    Goriot faire lhistoire de la socit et des murs des gens passe dabord par la description dudcor. Ainsi le dcor ne faonne pas mois lhomme quil nest faonn par lui6.Mais voquer lhomme dans un roman cest parler plutt de personnage ; ce qui nous mne aexaminer dans une deuxime partie le traitement balzacien du personnage.

    Sil est vrai que Balzac a cherch : faire concurrence lEtat Civil autrement dit il acherch reprsenter la ralit rfrentielle des personnages de manire les rendre vraisemblableset suffisamment crdibles. Il nen demeure pas mois vrai que pour lui reprsenter des personnagesressemblant des personnes cest avant tout proposer des types de personnages dont lescaractristiques offriront une meilleure analyse de lhistoire et de la socit de son poque.Lauteur consigne dans sa Lettre sur la littrature ce souci majeur : les hros doivent tre desgnralits. Dans le Pre Goriot les exemples qui montrent comment le personnage se constitue

    en type ne manquent pas. Lon peut citer dabord Goriot, lexemple type du pre qui incarne lechrist de la paternit7, lamour pouss jusqu la draison. La citation propos de la vicomtessede Beausant voque tout lheure est trs rvlatrice aussi dans ce cadre: il navait donc pasencore pntr dans les appartements de madame Beausant ; il allait donc voir pour la premire

    fois les merveilles de cette lgance personnelle qui trahit lme et les murs dune femme de

    distinction5.Si la phrase nomme madame de Beausant au dbut par son nom propre c--d la dsigne entantquidentit individuelle, la fin de la phrase cette identit individuelle sefface au profit dunedsignation anonyme ou plutt collective celle dune femme de distinction . En voquant son casisol lauteur entend parler de toute une catgorie sociale celle des femmes de distinction. Dailleurslarticle indfini une a une valeur gnralisante diront les grammairiens: il sert dsigner par unnom lensemble de la classe.

    Par ce mme principe Eugne de Rastignac sert reprsenter le type du provincial ambitieux exaltpar le luxe de Paris. Vautrin le type du rvolt ou du tentateur, etc. Dailleurs cest pour cette raisonque ces personnages- dont les portraits physiques, psychologiques, sociaux, et idologiques sontprcisment tracs- accdent lantonomase et deviennent de vritables rfrences ou plutt devritable types.Ainsi lon peut affirmer que, par le biais de personnages levs la hauteur de types reprsentatifsde toute une catgorie sociale, lauteur fixe dans (et par) son roman lHistoire des aspirations et desforces agissantes dans la socit.

    Mais si le Pre Goriotest un roman qui offre un ventail aussi riche que vari de personnages typessusceptibles de brosser le tableau des murs de lpoque ; la structure de lintrigue nest pas du

    reste ; elle pouse parfaitement ce desseinIl nest pas besoin dtre spcialiste de Balzac pour dire queLe Pre Goriotest dot dune

    structure rsolument thtrale comprenant- une exposition: Balzac dira la fin du premier chapitre : ici se termine lexposions de cette.tragdie parisienne8.-une crise brutale: o les passions se dbrident au cours de scnes dramatiques (chapitre 2).-un faux dnouement: (chapitre 3) qui correspond larrestation spectaculaire de Vautrin-un vritable dnouement: avec la mort de Goriot (chapitre 4).

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    Mais ce qui, mon sens, est le plus important signaler cest la complexit de larchitecturede ce roman. Cest un roman qui ressemble un difice quatre piliers, o le personnage deRastignac assure la fonction de clef de vote. En effet dans le Pre Goriotle lecteur na pas affaire une seule intrigue mais plutt une quadruple intrigue :

    -la premire intriguea pour pivot le pre Goriot, son sacrifice pour ses filles qui se retourne contrelui ; elle finit par sa mort.-la deuxime intrigueest celle de Vautrin ; le forat qui sera trahi par le couple Poiret Michoneau ;elle finit par son arrestation-la troisime intrigue celle des dames parisienne : madame Beausant et les deux filles deGoriot ; intrigue tisse autour de liaisons amoureuses et abandons dont la dchance est lednominateur commun.-la quatrime intrigue celle de Victorine Taillefer abandonne par son pre; elle se clt parlassassinat de son frre et le recouvrement de sa fortune.

    Ces quatre intrigues se rejoignent travers le personnage de Rastignac. On le trouve impliqu dansles quatre drames ; il entretient des relations troites voire intime avec les protagonistes des quatreintrigues. De ce fait il constitue pour le lecteur un vritable fil conducteur lui permettant desintroduire dans des sphres contrastes. Au dbut du roman, le narrateur attire lattention surlimportance de Rastignac lors de la prsentation des locataires de la pension Vauquer : .sansses observations curieuses et ladresse avec laquelle il sut se produire dans les salons de Paris ; ce

    rcit net pas t color des tons vrais9. Rastignac serait une espce dil mis au service dulecteur lui permettant de sintroduire avec toute la facilit imaginable mme dans les espaces lesplus fortifis. Grce lui il devient ais au narrataire de rassembler les diffrentes pices du puzzlepour former le tableau de lhistoire des murs de la socit franaise de l'poque. Sagissant durgne de largent ou encore de la dissolution de linstitution familiale, Rastignac dont les relationssont htroclites assiste en tmoin ou en actant la vnalit de madame Vauquer, particulirementau moment de la mort de Goriot. Il est aussi au fait des intrigues financires et (ou) familiales desfilles de Goriot, de Vautrin ou encore de la vicomtesse. Il est la fois prsent dans la sordidepension Vauquer et dans les beaux chteaux de la haute socit parisienne.

    A travers Rastignac, personnage central qui assure au roman son unit malgr lclatement de son

    intrigue, Balzac parvient donner voir au lecteur quatre tableaux diffrents dune socitdgrade par lappt du gain et le pouvoir de largent qui pervertissent les relations humaines ;relations marques par la mort des sentiments sous le rgne de la fausset et lhypocrisie des uns, lavnalit et la dcrpitude des autres.

    Ainsi lexamen de luvre de Balzac nous a permis de constater que lauteur a exploitpleinement les ressources du roman savoir la description, les personnages et lintrigue entre autrespour brosser un tableau complet de la ralit des murs de lpoque ou plutt pour crer un effet derel confrant ainsi au ralisme la mission de dvoiler les dessous de lHistoire.Tels sont quelques enjeux de ce roman; latelier que jaurais le plaisir danimer cet aprs midi seraconsacre lexploration de quelques possibilits dexploitation didactique de ces enjeux.

    1-Honor de BALZAC,Avant Proposde 1842 La Comdie humaine.2-Honor de BALZAC,Le Pre Goriot, Edisoft, 2007, p.99.

    3-Ibid, p. 15.

    4-Guy RIEGERT,Le Pre Goriot, Hatier,1987, p.59.

    5- Honor de BALZAC,Le Pre Goriot, Edisoft, 2007, p.74.

    6- Guy RIEGERT,Le Pre Goriot, Hatier,1987, p.59

    7- Honor de BALZAC,Le Pre Goriot, Edisoft, 2007, p.266.

    8-Ibid, p. 99.

    9-Ibid, p. 17.

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    Des enjeux de l'oeuvre l'exploitation didactique:

    Proposition de squence

    Il s'agit de construire en s'appuyant sur la problmatique souleve lors del'expos- une squence didactique (technique et thmatique) permettant la ralisationdes objectifs suivants:-La matrise de la description des lieux et des personnages dans un roman raliste.-La matrise de l'crit argumentatif.-La matrise des tonalits lyrique , pathtique et le tragique.

    Sous squence 1 (la description de l'espace)

    Sance 1 : production de loral -production de lcrit-Exposs sur le Ralisme et surLa Comdie humaine(travaux prparer par les lves)-Elaboration de synthse partir des deux recherches

    Sance 2 : production de lcrit-Rdaction de la biographie de lauteur partir dindications biographiques slectionnes par leprofesseur

    Sance 3 : rception de lcrit(Lecture mthodique)voir ledveloppement de cette sance la fin de cette proposition

    Support :

    L'extrait n:1 : la pension Vauquer : Cette premire pice exhale ..elle vatomber en pourriture.

    Objectifs :Dgager la double fonction de la description :- informative (leffet de rel)-explicative (linteraction personnage-espace)

    Sance 4 : langueSupport:Lextrait n:1 ou bien lextrait n:2 La chambre de Goriot : Eugne, qui se trouvait

    pour la premire fois chez le pre Goriot.. Le bonhomme se tourna

    de son ct en restant couvert jusqu'au menton.

    Objectifs :- ltude des champs lexicaux ou bien- ltude de lexpansion du nom ou bien- le lexique dvalorisant ou bien- les localisateurs ou bien- la progression thmatique

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    Sance 5 : rception et production de loralDu texte limage : du roman au tlfilm o Charles Aznavour joue le rle de Goriot

    Objectif-Comparer l'criture romanesque au traitement cinmatographique d'une mme scne-Saisir la possibilit pour limage de condenser ce que lcriture romanesque dveloppe

    Supports- Ladaptation pour la tlvision du roman par Jean-Claude Carrire pour France 2. (disponible lInstitut Franais de Mekns). Ne visionner que la squence relative au dner- Les extraits de la description de la pension Vauquer et du dner des pensionnaires (extraits adapter)

    Sance 6 : production de lcritObjectif :-Produire ou rcrire une description de manire rendre vident le rapport entre lespace et le(s)personnage(s) dcrit(s)

    Sous-squence n : 2(l'art du portrait)

    Sance 7 : rception de lcritSupport :-Lextrait n:3 le portait de Vautrin

    Objectifs :-Saisir lart du portrait- Saisir la notion du portrait type chez Balzac

    Sance 8 : langueSupport:

    Lextrait n4 le portrait de Victorine : ou bien Lextrait 3 : Le portrait de Vautrin

    Objectifs :-Matriser le lexique de la physionomie et la silhouette-Saisir l'apport des figures de style pour le portrait(la comparaisonet la mtaphore au service de ladescription)

    Sance 9 : production de loralSupport: Souci du corps et sculpture desoi , Martine Fournier, Sciences humaine, novembre2004

    Objectif :-Dbattre autour du culte du corps dans les socits modernes (la mode / le sport / la chirurgieesthtique / les rgimes / la beaut..)

    Sance 10 : production de lcritObjectifs :-Faire un portrait peu flatteur dune personne, en employant le lexique tudi, et les figures de styleappropries. Ou bien-Faire le portait dun jeune de manire le rendre portrait type de la jeunesse daujourdhui.

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    Sous-squence n : 3 (l'argumentation)

    Sance 11 : rception de lcrit

    Support :

    -Lextrait n:6

    Objectifs :-Saisir la stratgie argumentative de Vautrin- Saisir la porte de l'ironie au service de l'argumentation

    Sance 12 : langue

    Support:Lextrait n:6 : Le discours de Vautrin

    Objectifs :-Matriser la mtaphore file (Vautrin file plusieurs mtaphores (animale, culinaire et guerrire pourdcrire l'enfer parisien)-Saisir l'apport de la mtaphore file dans un texte argumentatif

    Sance 13 : production de loral

    Support:Extrait n: 6

    Objectif :-Dbattre: la fin justifie-t-elle les moyens? -tricher l'examen pour russir

    -donner de l'argent pour dcrocher un poste-mentir aux parents pour viter les altercations avec eux

    Sance 14 : production de lcrit

    Objectifs :-produire un texte argumentatif pour dissuader un ami de partir clandestinement travailler en

    Espagne; en utilisant la mtaphore file de la jungle.

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    Sous-squence n : 4 (les tonalits lyrique pathtique et

    tragique)

    Sance 15 : rception de lcrit

    Support :-Lextrait n:6 L'agonie de Goriot: "Allons, lui dis Eugne, recouchez-vous, mon bon pre Goriot,

    je vais leur crireje veux aller Odessa pour elles, Odessa, y faire des ptes"

    Objectifs :-Saisir les diffrentes tonalits prsentes dans le texte (tonalits lyrique, pathtique et tragique)-Saisir la notion du dilemme

    Sance 16 : langue

    Objectifs :

    -Matriser le vocabulaire des sentiments(le regret, la colre, la dception.)-Matriser les procds du lyrisme

    Sance 17 : production de loral

    Objectif :

    -Dbattre autour de:Les limites et le danger de l'excs de l'amour paternelL'ducation entre amour et raisonLes limites et le danger de l'excs de l'amour en gnral

    Sance 18 : production de lcrit

    Objectifs :-dcrire une scne pathtique d'une mre qui vient de dcouvrir son petit enfant victime d'unaccident de circulation

    -rapporter son discours directement de manire ressortir la dimension pathtique de la scne

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    Supports: (la longueur des textes est adapter enfonction du niveau des lves et de la filire)

    Extrait 1

    Cette salle, entirement boise, fut jadis peinte en une couleur indistincte aujourd'hui, quiforme un fond sur lequel la crasse a imprim ses couches de manire y dessiner des figuresbizarres. Elle est plaque de buffets gluants sur lesquels sont des carafes chancres, ternies, desronds de moir mtallique, des piles d'assiettes en porcelaine paisse, bords bleus, fabriques Tournai. Dans un angle est place une bote cases numrotes qui sert garder les serviettes, outaches ou vineuses, de chaque pensionnaire. Il s'y rencontre de ces meubles indestructiblesproscrits partout, mais placs l comme le sont les dbris de la civilisation aux Incurables. Vous yverriez un baromtre capucin qui sort quand il pleut, des gravures excrables qui tent l'apptit,toutes encadres en bois noir verni filets dors ; un cartel en caille incruste de cuivre ; unpole vert, des quinquets d'Argand o la poussire se combine avec l'huile, une longue table

    couverte en toile cire assez grasse pour qu'un factieux externe y crive son nom en se servant deson doigt comme de style , des chaises estropies, de petits paillassons piteux en sparterie qui sedroule toujours sans se perdre jamais, puis des chaufferettes misrables trous casss, charniresdfaites, dont le bois se carbonise. Pour expliquer combien ce mobilier est vieux, crevass, pourri,tremblant, rong, manchot, borgne, expirant, il faudrait en faire une description qui retarderait tropl'intrt de cette histoire, et que les gens presss ne pardonneraient pas. Le carreau rouge est pleinde valles produites par le frottement ou par les mises en couleur. Enfin l rgne la misre sansposie ; une misre conome, concentre, rpe. Si elle n'a pas de fange encore, elle a des taches ; sielle n'a ni trous ni haillons, elle va tomber en pourriture.

    Cette pice est dans tout son lustre au moment o, vers sept heures du matin, le chat de madameVauquer prcde sa matresse, saute sur les buffets.et fait entendre son rourou matinal. Bientt laveuve se montre, attife de son bonnet de tulle sous lequel pend un tour de faux cheveux mal mis,elle marche en tranassant ses pantoufles grimaces. Sa face vieillotte, grassouillette, du milieu delaquelle sort un nez bec de perroquet ; ses petites mains poteles, sa personne dodue comme un ratd'glise, son corsage trop plein et qui flotte, sont en harmonie avec cette salle o suinte le malheur,o s'est blottie la spculation, et dont madame Vauquer respire l'air chaudement ftide sans en trecoeure. Sa figure frache comme une premire gele d'automne, ses yeux rids, dont l'expressionpasse du sourire prescrit aux danseuses l'amer renfrognement de l'escompteur, enfin toute sapersonne explique la pension, comme la pension implique sa personne.

    Extrait 2

    Eugne, qui se trouvait pour la premire fois chez le pre Goriot, ne fut pas matre d'unmouvement de stupfaction en voyant le bouge o vivait le pre, aprs avoir admir la toilette de lafille. La fentre tait sans rideaux; le papier de tenture coll sur les murailles s'en dtachait enplusieurs endroits par l'effet de l'humidit, et se recroquevillait en laissant apercevoir le pltre jaunipar la fume. Le bonhomme gisait sur un mauvais lit, n'avait qu'une maigre couverture et uncouvre-pied ouat fait avec les bons morceaux des vieilles robes de madame Vauquer. Le carreautait humide et plein de poussire. En face de la croise se voyait une de ces vieilles commodes en

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    bois de rose ventre renfl, qui ont des mains en cuivre tordu en faon de sarments dcors defeuilles ou de fleurs; un vieux meuble tablette de bois sur lequel tait un pot eau dans sa cuvetteet tous les ustensiles ncessaires pour se faire la barbe. Dans un coin, les souliers; la tte du lit,une table de nuit sans porte ni marbre; au coin de la chemine, o il n'y avait pas trace de feu, setrouvait la table carre, en bois de noyer, dont la barre avait servi au pre Goriot dnaturer soncuelle en vermeil. Un mchant secrtaire sur lequel tait le chapeau du bonhomme, un fauteuilfonc de paille et deux chaises compltaient ce mobilier misrable. La flche du lit, attache au

    plancher par une loque, soutenait une mauvaise bande d'toffes carreaux rouges et blancs. Le pluspauvre commissionnaire tait certes moins mal meubl dans son grenier, que ne l'tait le preGoriot chez madame Vauquer. L'aspect de cette chambre donnait froid et serrait le coeur, elleressemblait au plus triste logement d'une prison. Heureusement Goriot ne vit pas l'expression qui sepeignit sur la physionomie d'Eugne quand celui-ci posa sa chandelle sur la table de nuit. Lebonhomme se tourna de son ct en restant couvert jusqu'au menton.

    Extrait 3

    Entre ces deux personnages et les autres, Vautrin, l'homme de quarante ans, favorispeints, servait de transition. Il tait un de ces gens dont le peuple dit : Voil un fameux gaillard ! Il

    avait les paules larges, le buste bien dvelopp, les muscles apparents, des mains paisses, carreset fortement marques aux phalanges par des bouquets de poils touffus et d'un roux ardent. Safigure, raye par des rides prmatures, offrait des signes de duret que dmentaient ses maniressouples et liantes. Sa voix de basse-taille, en harmonie avec sa grosse gaiet, ne dplaisait point. Iltait obligeant et rieur. Si quelque serrure allait mal, il l'avait bientt dmonte, rafistole, huile,lime, remonte, en disant : a me connat. Il connaissait tout d'ailleurs, les vaisseaux, la mer, laFrance, l'tranger, les affaires, les hommes, les vnements les lois, les htels et les prisons. Siquelqu'un se plaignait par trop, il lui offrait aussitt ses services. Il avait prt plusieurs fois del'argent madame Vauquer et quelques pensionnaires ; mais ses obligs seraient morts plutt quede ne pas le lui rendre, tant, malgr son air bonhomme, il imprimait de crainte par un certain regardprofond et plein de rsolution. la manire dont il lanait un jet de salive, il annonait un sang-froid imperturbable qui ne devait pas le faire reculer devant un crime pour sortir d'une position

    quivoque. Comme un juge svre, son il semblait aller au fond de toutes les questions, de toutesles consciences, de tous les sentiments. Ses murs consistaient sortir aprs le djeuner, revenirpour dner, dcamper pour toute la soire, et rentrer vers minuit, l'aide d'un passe-partout quelui avait confi madame Vauquer. Lui seul jouissait de cette faveur. Mais aussi tait-il au mieuxavec la veuve qu'il appelait maman en la saisissant par la taille, flatterie peu comprise ! La bonnefemme croyait la chose encore facile, tandis que Vautrin seul avait les bras assez longs pour pressercette pesante circonfrence. Un trait de son caractre tait de payer gnreusement quinze francs parmois pour le gloria qu'il prenait au dessert. Des gens moins superficiels que ne l'taient ces jeunesgens emports par les tourbillons de la vie parisienne, ou ces vieillards indiffrents ce qui ne lestouchait pas directement, ne se seraient pas arrts l'impression douteuse que leur causait Vautrin.Il savait ou devinait les affaires de ceux qui l'entouraient, tandis que nul ne pouvait pntrer ni sespenses ni ses occupations. Quoiqu'il eut jet son apparente bonhomie, sa constante complaisance etsa gaiet comme une barrire entre les autres et lui, souvent il laissait percer l'pouvantableprofondeur de son caractre. Souvent une boutade digne de Juvnal, et par laquelle il semblait secomplaire bafouer les lois, fouetter la haute socit, la convaincre d'inconsquence avec elle-mme, devait faire supposer qu'il gardait rancune l'tat social, et qu'il y avait au fond de sa vie unmystre soigneusement enfoui.

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    Extrait 4

    Sa figure frache comme une premire gele d'automne, ses yeux rids, dont l'expression

    passe du sourire prescrit aux danseuses l'amer renfrognement de l'escompteur, enfin toute sapersonne explique la pension, comme la pension implique sa personne. Le bagne ne va pas sansl'argousin, vous n'imagineriez pas l'un sans l'autre. L'embonpoint blafard de cette petite femme estle produit de cette vie, comme le typhus est la consquence des exhalaisons d'un hpital. Son juponde laine tricote, qui dpasse sa premire jupe faite avec une vieille robe, et dont la ouate s'chappepar les fentes de l'toffe lzarde, rsume le salon, la salle manger, le jardinet, annonce la cuisineet fait pressentir les pensionnaires. Quand elle est l, ce spectacle est complet. Age d'environcinquante ans, madame Vauquer ressemble toutes les femmes qui ont eu des malheurs. Elle a l'ilvitreux, l'air innocent d'une entremetteuse qui va se gendarmer pour se faire payer plus cher, maisd'ailleurs prte tout pour adoucir son sort, livrer Georges ou Pichegru, si Georges ou Pichegrutaient encore livrer. Nanmoins, elle est bonne femme au fond, disent les pensionnaires, qui lacroient sans fortune en l'entendant geindre et tousser comme eux. Qu'avait t monsieur Vauquer?

    Elle ne s'expliquait jamais sur le dfunt. Comment avait-il perdu sa fortune ? Dans les malheurs,rpondait-elle. Il s'tait mal conduit envers elle, ne lui avait laiss que les yeux pour pleurer, cettemaison pour vivre, et le droit de ne compatir aucune infortune, parce que, disait-elle, elle avaitsouffert tout ce qu'il est possible de souffrir. En entendant trottiner sa matresse, la grosse Sylvie. Lacuisinire, s'empressait de servir le djeuner des pensionnaires internes.

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    Texte n: 5

    L'individu hypermoderne: vers une mutation anthropologique?

    Souci du corps et sculpture de soi

    Le corps est devenu l'une des proccupations majeures de l'hypermodernit... Non sans

    quelques ambiguts, dans un monde tiraill entre recherche du bien-tre et qute de l'excellence.

    (.)Il n'est pas besoin d'tre grand devin pour dtecter l'importance et mme l'omniprsence ducorps dans les socits contemporaines : explosion du nombre des magasins de mode, des produitscosmtiques et salons esthtiques, des salles et clubs de sport, des nouveaux mdicaments et destechniques mdicales ou chirurgicales pour l'amliorer ou mme le transformer...

    Le corps deviendrait-il alors le reflet du moi profond et original de chacun ? Les choses nesont, hlas, pas si simples, car nos socits continuent de vhiculer des normes, nouvelles certes,changeantes aussi, mais toujours trs prgnantes...

    Mais d'abord, comment le corps, longtemps considr par nos aeux comme un carcanencombrant et la source de bien des douleurs, est-il devenu l'un des principaux lieux de fabrique desidentits ?

    Auteur de nombreux travaux sur le corps, l'anthropologue David Le Breton s'est pench surla mode des tatouages et des piercings. Anciennement signes de reconnaissance de groupes bienidentifis ( taulards , marins...), ces modifications corporelles sont aujourd'hui revendiquescomme l'expression de choix personnels. Pour les jeunes qu'il a interrogs, elles sont avant tout des manires ludiques de parer son corps et de devenir le joueur de son existence . Et, mme siles modifications corporelles attestent d'un phnomne de mode et de consommation ainsi que d'unevolont de ressembler aux autres, des millions de jeunes Occidentaux prouvent la marquecorporelle comme une reconqute de soi. On est l dans une fabrique d'identit , affirme D. Le

    Breton (1)qui note une similitude avec la pratique de la chirurgie esthtique chez les plus gs : En changeant son corps, on change sa vie...

    ()Comment entretenir et bien traiter son corps sans tomber dans les excs divers et varis,qui vont de l'obsession de la musculation aux recours les plus fantaisistes l'esthtique et lamdecine ? Comment, en dfinitive, allier qute d'excellence et recherche d'quilibre et de santdans une socit o les modles de la mode et de la publicit nous invitent aller toujours plus vite,toujours plus haut, tre toujours plus en forme, avoir toujours moins de rides... ?

    Aujourd'hui par exemple, les images de top-modles, de vedettes cinmatographiques ou dela tl-ralit affichant leurs corps de lianes nourrissent un idal de la minceur qui est devenu unvritable phnomne de sant publique, contribuant parfois dvelopper des pathologies telle

    l'anorexie mentale chez les adolescentes, ou les ravages de rgimes plus ou moins charlatanesques...

    Une lipophobie , selon l'expression de Claude Fischler (2), a d'ailleurs gagn la population,rejetant tout ce qui s'apparente la graisse animale et participant du succs des rgimes vgtarienset autres produits allgs. La qute d'excellence ()engendrerait-elle une mise sous contrle totalde nos corps ? C'est ce que suggre l'anthropologue Gilles Botsch (3), pour qui le corps moderne[est un] corps hdonique, sain et beau, qui doit donner de la joie et du plaisir et dont on doit tre

    fier .

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    Dans cette perspective, on comprend mieux l'angoisse du vieillissement dont sont saisis lesactuels baby-boomers ! Telles, par exemple, celles que des humoristes amricains appellent lesradiographies de la 5e Avenue , vieilles dames liftes et reliftes, aux silhouettes tiques revtuesde modles haute couture... Le jeunisme est devenu un fantasme gnralis. G. Botsch l'expliquepar le fait que l'idologie dominante de notre socit est de type "guerrire" o la jeunesse,l'action, l'efficacit et le travail sont des valeurs exaltes, l'oppos d'autres socits dites de

    "sagesse" o la place des personnes ges est la fois reconnue et valorise .

    C'est donc base d'un curieux mlange alliant recherche de bien-tre, d'esthtique et desant, mais aussi culte de l'excellence et de la performance, inscrits en filigrane dans la planificationdes existences que s'est construit le souci du corps, devenu l'une des caractristiques essentielles del'hypermodernit... Sans oublier que, tenus de s'inventer eux-mmes, les individus hypermodernesque nous sommes devenus doivent alors porter la responsabilit de leurs checs tout autant que deleurs satisfactions...

    Martine Fournier, Sciences humaines, novembre 2004

    NOTES1D. Le Breton, Signes d'identit. Tatouages, piercings et autres marques corporelles, Mtaili,

    2002 ; voir aussi Tatouages, piercings... un bricolage identitaire ? , Sciences Humaines,n132,novembre2002..2C. Fischler,L'Homnivore, rd. Odile Jacob, 2001.

    3-G. Botsch, Les femmes ne vieillissent jamais , dossier Corps de femmes sous influence ,Les Cahiers de l'Ocha, n 10, 2004.

    Texte n: 6

    A nous deux! Voici votre compte, jeune homme. Nous avons l-bas, papa, maman,grand'tante, deux surs (dix-sept et dix-huit ans), deux petits frres (quinze et dix ans), voil lecontrle de l'quipage. La tante lve vos surs. Le cur vient apprendre le latin aux deux frres. Lafamille mange plus de bouillie de marrons que de pain blanc, le papa mnage ses culottes, mamanse donne peine une robe d'hiver et une robe d't, nos surs font comme elles peuvent. Je saistout, j'ai t dans le Midi. Les choses sont comme cela chez vous, si l'on vous envoie douze centsfrancs par an, et que votre terrine ne rapporte que trois mille francs. Nous avons une cuisinire et undomestique, il faut garder le decorum, papa est baron. Quant nous, nous avons de l'ambition, nousavons les Bausant pour allis et nous allons pied, nous voulons la fortune et nous n'avons pas lesou, nous mangeons les ratatouilles de maman Vauquer et nous aimons les beaux dner du faubourgSaint-Germain, nous couchons sur un grabat et nous voulons un htel! Je ne blme pas vos vouloirs.

    Avoir de l'ambition, mon petit cur, ce n'est pas donn tout le monde...Je fais l'inventaire de vos dsirs afin de vous poser la question. Cette question, la voici.Nous avons une faim de loup, nos quenottes sont incisives, comment nous y prendrons-nous pourapprovisionner la marmite? Nous avons d'abord le Code manger, ce n'est pas amusant, et an'apprend rien, mais il le faut. Soit. Nous nous faisons avocat pour devenir prsident d'une courd'assises, envoyer les pauvres diables qui valent mieux que nous avec T.F. sur l'paule, afin deprouver aux riches qu'ils peuvent dormir tranquillement. Ce n'est pas drle, et puis c'est long. Sivous tiez ple et de la nature des mollusques, vous n'auriez rien craindre; mais nous avons lesang fivreux des lions et un apptit faire vingt sottises par jour...

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    Admettons que vous soyez sage, que vous buviez du lait et que vous fassiez des lgies; ilfaudra commencer, aprs bien des ennuis et des privations rendre un chien enrag, par devenir le

    substitut de quelque drle, dans un trou de ville o le gouvernement vous jettera mille francsd'appointements, comme on jette une soupe un dogue de boucher. Aboie aprs les voleurs, plaidepour le riche, fais guillotiner des gens de cur. Bien oblig!

    Si vous n'avez pas de protection, vous pourrirez dans votre tribunal de province. Vers trenteans, vous serez juge douze cents francs par an, si vous n'avez pas encore jet la robe aux orties.Quand vous aurez atteint la quarantaine, vous pouserez quelque fille de meunier, riche d'environsix mille livres de rentes. Merci.

    Ayez des protections, vous serez procureur du roi trente ans, avec mille cus

    d'appointements, et vous pouserez la fille du maire. Si vous faites quelques-unes de ces petitesbassesses politiques, comme de lire sur un bulletin Villle au lieu de Manuel (a rime, a met laconscience en repos), vous serez, quarante ans, procureur-gnral, et pourrez devenir dput.Remarquez, mon cher enfant, que nous aurons fait des accrocs notre petite conscience, que nousaurons eu vingt ans d'ennuis, de misres secrtes, et que nos surs auront coiff sainte Catherine...Autant commencer aujourd'hui votre rvolte contre les conventions humaines. Voil le carrefour dela vie, jeune homme, choisissez. Une rapide fortune est le problme que se proposent de rsoudre ence moment cinquante mille jeunes gens qui se trouvent tous dans votre position. Vous tes une unitde ce nombre-l. Jugez des efforts que vous avez faire et de l'acharnement du combat. Il faut vousmanger les uns les autres comme des araignes dans un pot, attendu qu'il n'y a pas cinquante millebonnes.places.

    Savez-vous comment on fait son chemin ici? par l'clat du gnie ou par l'adresse de lacorruption. Il faut entrer dans cette masse d'hommes comme un boulet de canon, ou s'y glissercomme une peste. L'honntet ne sert rien. La corruption est en force, le talent est rare. Ainsi lacorruption est l'arme de la mdiocrit qui abonde, et vous en sentirez partout la pointe.

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    Lecture mthodique du texte N: 1

    Les pr-requis: Lire le texte la maison Expliquer les termes difficiles Matriser la focalisation

    Introduction Situez le passage par rapport l'uvre

    Le dbut du roman

    Prcisez le type de ce texteDescriptif

    A quelle fonction de la description peut-on s'attendre?La description se doit de prsenter un caractre informatif destin procurer au lecteur un"

    effet de rel"

    Vrification de l'hypothse

    Entre n:1 la description de l'espace

    Relevez les indices et les localisateurs spatiauxCette salle, dans un angle, sur lesquels, y.

    Relevez les lments d'ensemble et les lments de dtail dcrits dans ce passageLes lments d'ensemble: buffets/ bote casse/ les meubles indestructibles

    Les lments de dtail (voir le tableau)

    Soulignez la caractrisation de chaque lment dcrit(Voir le tableau qui n'est qu' titre indicatif)

    Reprsentez le tout dans les tableaux suivants

    Elments d'ensemble caractrisations Buffets -gluants Bote cases -numrotes Les meubles -Indestructibles -proscrits

    Elments d'ensemble Elments de dtail Caractrisations

    Buffets Carafes -chancres-ternies

    Des piles d'assiettes -En porcelaine paisse

    Bote cases serviettes -ou taches ou vineuses Les meubles

    indestructibles

    Des gravures -excrables

    -qui tent l'apptit Des quinquets -o la poussire se

    combine avec l'huile

    Une table

    - couverte de toile assez

    grasse

    Des chaises -estropies...

    paillassons -piteux...

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    Regroupez les termes relevs en deux champs lexicaux ?-le champ lexical de la salet (la crasse):

    -le champ lexical de dgradation:

    Quel est le point commun entre tous les termes qui caractrisent ces objets?Ce sont des termes pjoratifs dprciatifs

    Relevez les figures de style mises au service de la description des objets. Prcisez leur

    valeur.-La comparaison la personnification et l'numration

    -L'inventaire participe d'une volont d'authenticit

    -La comparaison et la personnification voquent le degr lev de la vtust et la misre

    A quelle moment de la journe l'espace est il dcrit? Pourquoi?Le matin tt (7 heures) au moment o la salle est vide des pensionnaires pour focaliser

    l'attention d'abord sur l'espace

    Conclusion partielle:La fonction de la description de l'espace est la fois rfrentielle (il s'agit de reprsenter dans les

    dtails de donner voir) et apprciative (il s'agit de juger et d'apprcier)

    Entre n:2 Le narrateur A quelle type de narrateur a-t-on affaire dans ce passage?

    Narrateur omniscient

    Quels sont les indices de son omniscience?- Sa parfaite connaissance du lieu- Il connat l'tat du lieu mme au pass (Cette salle fut jadis peinte)

    Est-il impliqu dans sa narration? Relevez les indices de son intrusion, et expliquez-en laporte

    -Les adresses directes au narrataire (vous)

    La formulation de vrits gnrales

    Les jugements de valeur et le choix du vocabulaire (excrables, misrables)

    Le passage discursif (pour expliquer combien ce mobilier)

    -La description est formellement subjective

    Conclusion partielle:Le narrateur ne se contente pas de dcrire un lieu il cherche crer une atmosphre. Donc il est de

    plus en plus claire que la description vise moins donner l'impression d'un lieu rel qu' faire

    natre une atmosphre (de dgradation et de pourriture) qu'on cherche fixer dans l'esprit du

    lecteur

    Entre n:3 Le personnage / l'espace

    Qui est le personnage dcrit? Relevez tous les lments dcrits et touts les caractrisations(On procde de la mme manire que pour l'espace)

    Relevez les figures de style mises au service de la description du personnage. Prcisez leurvaleur.

    Quels sont les points communs que vous avez constatez entre la description du personnageet celle de l'espace?

    Mettez en vidence "l'harmonie" entre les deux

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    Conclusion finale: La fonction de ce passage descriptif est-elle strictement mimtique?

    La description vise moins donner l'impression d'un lieurel qu' voquer un atmosphre celle dedgradation et de pourriture qu'on cherche fixer dans l'esprit du lecteur. Donc on ne peut plus

    continuer parler de description raliste purement rfrentielle. Tous les lments de ladescription dans ce passage contribuent crer une harmonie entre l'espace et le personnage; c'est

    dire que le dcor n'est un reflet du personnage et inversement.

    Peut on ngliger la lecture de ce passage quand on tudieLe Pre Goriot?Loin d'avoir une simple fonction ornementale, Ce passage descriptif revt une importance narrative

    et explicative. Il est indispensable la bonne comprhension de l'uvre (Le Pre Goriot raconte

    l'histoire de la dgradation et de l'avilissement d'un pre, qui aprs s'tre sacrifi pour ses filles,

    est abandonn par elle dans cette piteuse pension). Donc pour mesurer l'ampleur de souffrance et

    la dchance du pre, l'ingratitude et l'abjection des filles il faut tre au courant de la misre de la

    pension o il a t relgu.