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Peuples, parc et plantes Recommandations pour les zones à usages multiples et les alternatives de développement autour du parc national de Bwindi Impénétrable, Ouganda A.B. Cunningham 4 DOCUMENT DE TRAVAIL PEUPLES ET PLANTES - DECEMBRE 1996 et d’engendrer un débat sur des sujets-clés liés à l’utilisation durable et équitable des ressources végétales. Vous êtes invités à envoyer vos commentaires sur ce document ainsi que vos suggestions sur la série à l‘Initiative Peuples et Plantes, Division des Sciences Ecologiques UNESCO, 7 Place de Fontenoy, Cette série de documents de travail a pour but d’apporter des informations

Peuples, parc et plantes

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Peuples, parc et plantesRecommandations pour les zones à usages multipleset les alternatives de développement autour du parc national de Bwindi Impénétrable, Ouganda

A.B. Cunningham

4DOCUMENT DE TRAVAIL PEUPLES ET PLANTES - DECEMBRE 1996

et d’engendrer un débat sur

des sujets-clés liés à

l’utilisation durable et

équitable des ressources

végétales. Vous êtes invités

à envoyer vos commentaires

sur ce document ainsi que

vos suggestions

sur la série

à

l‘Initiative Peuples et Plantes,

Division des Sciences Ecologiques

UNESCO, 7 Place de Fontenoy,

Cette série de documents de travail

a pour but d’apporter des informations

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Cette publication est basée sur un rapport préparé en 1992 à l’intention de CARE-DTC. Le projet Développement par la Conservation (DTC) de CARE fut lancé en1988 sous les auspices de l’USAID, du WWF et de CARE. Ce projet a encouragéla conservation de l’environnement dans la région sud-ouest de l’Ouganda, en se

focalisant sur les deux parcs nationaux, le parc national de Bwindi Impénétrable et le parc national deGorille Mgahinga, et sur les communautés avoisinantes. DTC a apporté son concours à Uganda WildlifeAuthority en introduisant un programme innovateur sur l’utilisation multiple des produits forestiers non-ligneux par les communautés. Le programme Peuples et Plantes à l’initiative du WWF, de l’UNESCOet des Royal Botanic Gardens Kew a soutenu le projet CARE-DTC, par l’intermédiaire de parrainageset par la collecte d’informations et des recherches, par l’éducation en éthnobotanique et la publicationd’expériences et en assurant l’exécution de ce projet à usages multiples.

Adresse de l’auteur:

A.B. CunninghamP.O. Box 42Betty’s Bay 7141AFRIQUE DU SUD

Photos: Toutes photos par A.B. Cunningham, excepté photos 2 et 3 de la couverture et photos 4 et 5 parR. Höft.

Illustration de couverture: Contours du parc national de Bwindi Impénétrable recouvrant (1) Grenierconstruit en Loeseneriella apocynoides(omujega) près de Bwindi; (2) Femmes portant des chargesde Cyperus latifolius(ekigaga) utilisé pour le tissage de nattes; (3) Smilax anceps(enshuli) utilisépour la construction de greniers et brancards.

Publié en 1996 parl’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture7, place de Fontenoy, 75352 Paris Cedex 07 SP, FRANCEImprimé en France par EGOPRIM sur papier recyclé sans chlore

Edité par Martin Walters et Robert HöftTraduit par Jean Roch DartisMaquette: Ivette FabbriMise en page: Martina Höft

© UNESCO / A.B. Cunningham 1996

SC-97/WS/48

Citation recommandée: Cunningham, A.B. 1996. Peuples, parc et plantes. Recommandations pour leszones à usages multiples et les alternatives de développement autour du parc national de Bwindi Impénétrable,Ouganda. Document de travail Peuples et Plantes no 4. UNESCO, Paris.

Cette publication est également disponible en anglais.

Les appelations employées dans cette publication et les illustrations qui y figurent n’impliquent de lapart de l’UNESCO aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ouzones, ou de leurs autorités, ni quant au tracé de leurs frontières ou limites. Les opinions expriméesdans ce document sont celles des auteurs et pas nécessairement celles de l’UNESCO ou desorganisations employant ces derniers.

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DOCUMENT DE TRAVAIL PEUPLES ET PLANTES 4, DÉCEMBRE 1996Peuples, parc et plantes

A.B. CUNNINGHAM

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Peuples, parc et plantes RECOMMANDATIONS POUR LES ZONES À USAGES MULTIPLES ET LES

ALTERNATIVES DE DÉVELOPPEMENT AUTOUR DU PARC NATIONAL DE BWINDI IMPÉNÉTRABLE, OUGANDA

Résumé

Dans les vastes étendues forestièresdes bassins du Zaïre et de l'Amazone,les densités démographiques sontfaibles et les perturbations apportéespar les "peuples de la forêt" créent ladiversité plus qu'elles ne la réduisenten produisant une mosaïque de typesvégétaux à différents stades de leurrégénération.

Les forêts Afro-montagnardesprésentent la situation inverse. Lesforêts autrefois peuplées par lesBatwa dans l'une des régions del'Ouganda où la concentration depopulation est la plus dense - ou dumoins ce qu'il reste de ces forêts -sont exploitées pour leurs ressourcesvégétales par les agriculteurs qui lesont défrichées. Elles font égalementl'objet d'efforts de conservationnationaux et internationaux.

Les forêts de montagne del'ouest de l'Ouganda, et notamment laforêt de Bwindi Impénétrable, nesont plus aujourd'hui que des îlotsépars cernés par les terres cultivées.Dans ces conditions, la gestiondurable de leurs ressources diffèreconsidérablement de l'exploitation,saisonnière, simple et naturelle, desroselières ou des prairies fortementproductives, où les espèces sont peudiversifiées. De plus, les systèmesproductifs annuels ont un cycle derégénération court du fait de la pro-duction annuelle de biomasse épigée.Alors que les roseaux peuvent êtrerécoltés à brefs intervalles, l'exploita-tion durable du bois d'œuvre néces-site habituellement un cycle de rota-tion de 50 à 200 ans. Dans la forêt deBwindi Impénétrable, les effets dudéboisement passé par les scieurs de

long et les agriculteurs s'ajoutent auxdifférences dues à la topographie et àla nature des sols pour créer unerépartition fragmentée, tant sur leplan des espèces que sur celui desclasses dimensionnelles, des arbresou arbustes utilisés pour différentsusages - soufflets de forge, poteauxde construction, cuves à bière oututeurs pour la culture des haricots.

Ce déboisement influe aussi surla disponibilité de ces ressources, paraugmentation du nombre des jeunesplants (tuteurs pour les haricots,poteaux de construction) ou parapparition d'espèces colonisatrices(p. ex. Polyscias fulva- omungo) surles sites perturbés. Il s'est égalementtraduit par une diminution des stocksde grands feuillus, surexploités ouutilisés à leur tour comme bois d'œu-vre (Prunus africana- omumbaouNewtonia buchananii- omutoyo),malgré la "protection" dont ils béné-ficient.

Le présent rapport examine lesproblèmes liés aux plantes sauvageset au découpage en zones à usagesmultiples que soulèvent la mise envaleur et la gestion des ressources duparc national de Bwindi Impénétra-ble. A des fins de gestion des forêts,les spécialistes de la sylviculture dis-tinguent deux types de produits: lesproduits principaux (bois d'œuvre,bois de chauffage et autres produitsligneux) et les produits non-ligneux. Le rapport présente un cer-tain nombre de conclusions et derecommandations, tout d'abord ausujet de la deuxième catégorie, quiintéresse essentiellement les utilisa-teurs spécialisés des plantes

sauvages, du miel, des fibres (van-nerie) et du bambou, puis en ce quiconcerne les diverses utilisations desproduits principaux (pour les forges,pour la production d'objets arti-sanaux en bois sculpté, pour la fabri-cation de cuves à bière, de poteauxde construction, de tuteurs pour lesharicots, etc.).

Ces recommandations s'in-scrivent dans le cadre des effortsactuellement déployés par les agentsd'exécution du projet DevelopmentThrough Conservation (DTC) pourpromouvoir la coopération entre lescommunautés rurales implantées à lapériphérie du parc national deBwindi Impénétrable et les autoritésresponsables de sa gestion en jouantle rôle d'intermédiaires entre les deuxgroupes.

Forts de leur bonne connaissancedes ressources végétales, les groupesd'utilisateurs spécialisés appartenantà ces communautés peuvent grande-ment faciliter le dialogue entre lepersonnel du parc ou celui du projetet le reste de la population rurale. Deplus, ils sont unis par leur intérêtcommun pour l'apiculture, lesmédecines traditionnelles, la vanne-rie ou autres formes d'exploitation dela forêt. Leurs compétences danstous ces domaines sont reconnues parla population et par le système desConseils de résistance (RC).Beaucoup sont déjà membres d'asso-ciations créées à l'initiative de lacommunauté ou en coopération avecdifférents départements du gouverne-ment ougandais.

Les principales espèces utiliséespar ces groupes spécialisés sont

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DOCUMENT DE TRAVAIL PEUPLES ET PLANTES 4, DÉCEMBRE 1996Peuples, parc et plantesA.B. CUNNINGHAM

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Faurea saligna (omulengere) etSericostachys scandens(omuna)pour les ruches et le miel, Rytigyniakigeziensis(nyakibazi) pour le traite-ment des parasites intestinaux,Loeseneriella apocynoides(omu-jega) et Smilax anceps(enshuli) pourla vannerie, le bambou commematériau de construction et pour laconfection des réservoirs à grains etRapanea melanophloeos(omukone)pour la fabrication de cannes sculp-tées. Les plantes comestibles ne sonten général récoltées que dans lespériodes de famine, les plus recher-chées étant Myrianthus holstii(omufe) pour ses fruits et Dioscorea(ebikwa) pour ses tubercules.

Les plantes ligneuses exploitées serépartissent en trois classes dimension-nelles selon leur destination: diamètreà hauteur de poitrine (dbh) supérieur à50 cm pour les cuves à bière, dbh com-pris entre 5 et 15 cm pour les matériauxde construction et dbh compris entre1,5 et 5 cm pour les tuteurs. Ces troisclasses correspondent aux trois stratessuccessives de la forêt: canopée, sous-canopée et sous-étage. Les bois defeuillus à port droit sont choisis en rai-son de leur durabilité comme maté-riaux de construction (p. ex. les espècesdu genre Drypetes- omushabarara) etpour la fabrication des cuves à bière (p.ex. Newtonia buchananii- omutoyo),mais des espèces moins résistantes dugenre Ficus(ekyitoma) sont égalementutilisées car leur bois est plus facile àsculpter.

Les tuteurs pour la culture desharicots sont choisis en fonction de lataille et de l'abondance plutôt que del'espèce. Préférence est néanmoinsdonnée à Alchornea hirtella(ekizog-wa) qui produit facilement de finestiges en grandes quantités. Mais lesjeunes arbres de la canopée sontégalement coupés s'ils sont de lataille voulue. Or ces arbres ne sontpas seulement une ressource utilepour les populations locales: ce sonteux qui, un siècle plus tard, for-meront la canopée.

Quatre sortes de mesures sontpréconisées dans les recommanda-tions concernant l'exploitation desproduits forestiers par les groupesspécialisés dans les zones à usagesmultiples:

(1) libre accès pour certains groupesd'utilisateurs spécialisés (apicul-teurs, collecteurs de plantesmédicinales à des fins non com-merciales, par exemple);

(2) accès saisonnier aux plantes trèsrecherchées et présentes enquantités limitées accordé à unnombre restreint d'utilisateursspécialisés désignés par leurspairs;

(3) gestion saisonnière, par rotation,par des collecteurs spécialisés decertaines ressources, comme lebambou, Loeseneriella apo-cynoides(omujega) et peut-êtreaussi Rapanea melanophloeos(omukone), les utilisateurspotentiels participant aux évalu-ations des ressources et à l'éta-blissement de quotas;

(4) accès interdit en permanence auxressources dont l'exploitationmettrait la survie en danger, dufait de leur complexité, de lademande élevée ou de faiblesrythmes de croissance (cuves àbière, poteaux de construction,tuteurs pour les haricots, ainsipeut-être que bois de chauffage),et pour lesquelles il faudrait s'ef-forcer avant tout d'offrir desressources de substitution à l'ex-térieur du parc national.Des recommandations addition-

nelles portent sur les activités futuresen matière de recherche et de suivi, etpréconisent notamment d'associer àces activités les utilisateurs et lesspécialistes traditionnels. Ellessoulignent en particulier la précieusecontribution que les populationsBatwa pourraient apporter en tantque "parataxonomistes" auxrecherches sur l'écologie de la forêtet à l'inventaire de ses peuplements.

Lorsque l'exploitation desressources n'est pas viable à longterme, l'autoriser est une fausse solu-tion qui ne fait que retarder, le tempsd'un court répit, les inévitables con-flits au sujet de l'utilisation des sols,sans apporter de véritable remède.On considère que l'exploitation decertaines ressources ligneuses (cuvesà bière, tuteurs pour les haricots etpoteaux de construction) a déjàatteint le seuil critique sous l'effetconjugué des perturbations passées,

d'une forte demande et du manque depersonnel pour gérer des problèmescomplexes.

La sylviculture est déjà large-ment pratiquée dans la zone couvertepar le projet DTC. Une enquêtemenée récemment dans la région amontré que les espèces utilisées depréférence comme bois de construc-tion étaient Eucalyptus(88 % despersonnes interrogées) et Acaciamearnsii(49 %), et que des arbres deces espèces avaient été plantésrespectivement par 77 % (92) et 36 % (43) des personnes interrogées.Sur le terrain, on constate que beau-coup d'habitations dans la zone sontconstruites avec le bois de cesespèces cultivées (en particulierEucalyptus), l'utilisation de bois exo-tiques augmentant au fur et à mesureque l'on s'éloigne de la forêt. Il estrecommandé de créer des pépinièreset de fournir des semences auxplanteurs intéressés afin de promou-voir l'autosuffisance pour ces caté-gories de ressources.

On pourrait également encou-rager la culture des plantes médi-cinales les plus recherchées et desespèces utilisées pour l'artisanat dansle cadre d'une collaboration entreDTC, l'IFCP/ITCP, les initiatives en matière de soins de santé pri-maires et les groupes locaux del'ICRAF.

Les efforts de plantation doiventporter plus particulièrement sur lessites escarpés, les paroisses à fortedensité de population et au voisinagedes zones les plus menacées du parcnational de Bwindi Impénétrable (p. ex., le couloir de Kitahurira et lazone des marais de Ngoto). De précé-dents rapports ont mis en lumière lesdifficultés actuelles des Batwa,dépourvus pour la plupart de terres.Leur participation à des activitéstelles que la conservation de la forêt,l'apiculture, la recherche ou l'éco-tourisme en tant que guides spécia-lisés ou gardes forestiers pourrait êtrepour eux un nouveau moyen de vivrede ce qu'il reste de la forêt autrefoisoccupée par leurs ancêtres. Cessources de revenus permettraient àcertains d'entre eux au moins d'ac-quérir des terres et de perpétuer leursliens avec la forêt.

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DOCUMENT DE TRAVAIL PEUPLES ET PLANTES 4, DÉCEMBRE 1996Peuples, parc et plantes

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1 Résumé3 Table des matières4 Introduction

6 La forêt de Bwindi Impénétrable: importance des efforts de conservation et modifications de la végétation

6 Importance des efforts de conservation8 Changements du climat8 Changements démographiques et modifications de la végétation

11 Elaboration de principes directeurs concernant les zones à usages multiples

12 Quelles sont les espèces prioritaires?13 Les connaissances des utilisateurs locaux14 Types biologiques, parties des plantes utilisées et effets de l'exploitation15 Quelle viabilité dans la pratique?

16 Conclusions et recommandations17 Produits forestiers non-ligneux et groupes d'utilisateurs spécialisés

17 Plantes comestibles sauvages18 Apiculture et récolte du miel21 Plantes médicinales26 Vannerie30 Bambou

34 Produits forestiers principaux: le bois34 Forgerons et soufflets de forge35 Canots36 Bois sculpté - ustensiles ménagers38 Poteaux de construction40 Tuteurs pour les haricots41 Bois de feu

44 Utilisation durable des produits ligneux

52 Nouveaux produits naturels présentant des potentialités commerciales53 L'avenir

55 Références57 Communications personnelles58 Remerciements59 Liste des acronymes60 Annexe 1

Table des matières

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Introduction

Déclarée réserve forestière en 1932 (Howard,1991) et gérée par le Département des Forêtsjusqu'à son classement récent comme parc natio-nal (1991), la forêt de Bwindi Impénétrable est unsite dont l'importance exceptionnelle en matièrede préservation de la biodiversité est interna-tionalement reconnue (Butynski, 1984; Hamilton,1981; Kingdon, 1990). C'est le seul site d'Afriqueorientale - et l'un des rares sur l'ensemble du con-tinent - qui présente une couverture forestièrecontinue entre 1190 et 2607 m d’altitude(Howard, 1991). Considéré comme un refuge dupléistocène, le parc national de BwindiImpénétrable est le site d'Afrique orientale où ladiversité des oiseaux, des plantes, des papillons etdes primates est la plus grande, et il abrite lamoitié de la population totale des gorilles de mon-tagne (Gorilla gorilla beringei), dont l'espèce estmenacée (Butynski, 1984; Howard, 1991).

Les agriculteurs que nous avons interrogésautour de la forêt de Bwindi Impénétrable sontconscients de son importance en tant que pour-voyeuse de ressources, que "source de pluie" etque protection du bassin hydrographique(Forbes, 1991; Scott, 1992). Néanmoins, le parcnational (321 km²) est tout ce qui reste d'uneforêt qui couvrait autrefois la plus grande partiedu Kigezi (Figure 1). A long terme, l'avenir decette forêt d’un perimètre de 114 km de laquellevivent près de 100 000 personnes exige unvigoureux partenariat entre spécialistes de la con-servation et agents du développement. Le projetDevelopment Through Conservation (Ledéveloppement par la conservation - DTC) deCARE International basé à Ikumba et mis enœuvre depuis 1988 par des agents de vulgarisa-tion dans les paroisses des alentours (Figure 2)est un exemple d'une telle coopération.

Conçu selon une approche communautairedu développement rural et de la conservation, ceprojet distingue des zones réservées à différentsusages, y compris des zones totalement pro-tégées à des fins de préservation de la biodiver-

sité. Il vise à désamorcer les conflits entre lesresponsables du parc national et les habitants ausujet de l'utilisation des sols en réponse auxvives préoccupations exprimées par les popula-tions environnantes qui redoutaient que lechangement de statut de la forêt en 1991 ne lesprive de l'accès à ses ressources. La présenteétude avait pour objet de fournir des informa-tions détaillées sur les problèmes soulevés parl'exploitation de la flore sauvage et la gestiondes ressources dans le parc national de BwindiImpénétrable et la zone couverte par le projetDTC. Il s'agissait plus particulièrement:(1) d'examiner les rapports d'enquête et autres

sources concernant la situation ethno-botanique de la forêt de Bwindi Impénétra-ble, en vue d'identifier les lacunes dans l'in-formation précédemment recueillie et de for-mer du personnel ougandais pour la collectedes données manquantes;

(2) de conduire des enquêtes ethnobotaniques(et notamment des entretiens avec les prati-ciens locaux de la médecine traditionnelle);

(3) d'étudier plus particulièrement le cas de deuxou trois espèces identifiées lors de précé-dentes études comme devant être incluses entoute priorité dans un programme de gestionà usages multiples;

(4) de former du personnel ougandais aux tech-niques ethnobotaniques et aux méthodes degestion pendant les recherches sur le terrain;

(5) de déterminer les domaines sur lesquels lesrecherches ethnobotaniques conduites par lesfonctionnaires et/ou les étudiants de troisièmecycle ougandais devraient porter en priorité, etd'établir un plan de recherche;

(6) d'inspecter la zone couverte par le projet àl'intérieur et autour du périmètre du parcnational et d'organiser pour les fonction-naires et les étudiants de troisième cycleougandais un atelier de formation sur le ter-rain d'une durée de deux mois, notammentsur la gestion des zones à usages multiples.

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DOCUMENT DE TRAVAIL PEUPLES ET PLANTES 4, DÉCEMBRE 1996Peuples, parc et plantes

A.B. CUNNINGHAM

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Figure 2. Carte de la région couverte par le projet DTC autour du parc national de Bwindi Impénétrable, avec indication des paroisses,densités de population d'après les résultats du recensement de 1991 et nombre de foyers (d'après DTC, 1992). Les paroisses dont ladensité de population est la plus élevée sont situées dans le voisinage immédiat du parc national (Nyamabale - 298 habitants par km²;Mpungu - 279 habitants par km²; Remero - 247 habitants par km²; Kashasha - 230 habitants par km²; Rutugunda - 217 habitants par km²).

Figure 1. Localisation du parcnational de Bwindi Impénétrable(Ouganda) par rapport aux autresforêts de l'Ouganda, et ancienneslimites du couvert forestier (d'aprèsHoward, 1991).

1 point représente un habitant par km2

PARC NATIONAL DEBWINDI IMPENETRABLE

Nombre de ménages

Densité de population

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DOCUMENT DE TRAVAIL PEUPLES ET PLANTES 4, DÉCEMBRE 1996Peuples, parc et plantesA.B. CUNNINGHAM

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Photo 2. Fruit de Allanblackia kimbiliensis (Clusiaceae).

La forêt de Bwindi Impénétrable: importance des efforts de conservation et modifications de la végétation

Importance des efforts de conservationLes raisons pour lesquelles il est important deprotéger la forêt de Bwindi et les autres forêts del'ouest de l'Ouganda ont été exposées parButynski (1984) et Struhsaker (1987). Nous nereviendrons ici en détail que sur les aspects serapportant à la végétation.

Bien que la diversité des espèces y soit plusrestreinte que dans la forêt humide, la forêt deBwindi Impénétrable n'en est pas moins pré-cieuse, non seulement parce qu'elle est représen-tative de la flore endémique Afro-montagnarde(Photo 1), mais aussi parce qu'elle abrite unefaune dont c'est le seul habitat (Butynski, 1984;Howard, 1991) (Tableaux 1 et 2). Dans la forêtamazonienne du Pérou, par exemple, on a comp-té, sur une parcelle de 1 ha, 275 espècesreprésentant 50 familles différentes, dont le troncavait un diamètre à hauteur de poitrine (dbh)supérieur à 10 cm, contre seulement 40 à 50

espèces de même ca-libre dans la forêt deBwindi Impénétrableentre 2000 et 2200 md'altitude au-dessusdu niveau de la mer,

et seulement 20 à 2400 m (Howard, 1991). Laforêt de Bwindi contient des endémiques de laforêt de montagne africaine, ainsi que de nom-breuses espèces typiques de la forêt humide.Bien que Lovoa swynnertonii(Meliaceae) soit laseule espèce figurant sur la liste des espècesmenacées, on trouve à Bwindi un certain nombred'autres espèces qui ne se rencontrent dansaucune autre région de l'Ouganda, ou unique-ment à Kabale - Rukungiri. (On pensait queAllanblackia kimbiliensis(Photo 2), Brazzeialongipendicellata, Grewia mildbraedii,Strombosiopsis tetrandraet Maesobotrya flori-bunda(ainsi que Chrysophyllum pruniforme, sig-nalé depuis par Howard (1991) dans les forêts deBudongo et Itwara) ne poussaient que dans laGorge de l'Ishasha (Hamilton, 1991), mais il fautprobablement voir là un artefact imputable à deprécédentes campagnes de collecte. Allanblackiakimbiliensis a été par exemple signalé durantnotre enquête, non seulement dans la Gorged'Ishasha, mais aussi le long des vallées del'Ihihizo et de l'Ivi, où c'est une espèce relative-ment commune).

La forêt de Bwindi est un refuge du pléis-tocène qui abrite non seulement des plantes ty-piques des forêts de montagne africaines, maisaussi des espèces représentatives de la flore

Photo 1. Une espèce de Memecylon(Melastomataceae) non identifiée.

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DOCUMENT DE TRAVAIL PEUPLES ET PLANTES 4, DÉCEMBRE 1996Peuples, parc et plantes

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Tableau 1. Les sept centres d’endemisme en Afrique, avec leurs nombres respectifs de plantes àsemences, mammifères (ongulés et primates diurnes) et espèces d’oiseaux migrateurs, ainsique le pourcentage d’endémisme des espèces (d’après Huntley, 1988).

Unité bio- Superficie Plantes Mammifères Oiseauxgraphique (1000 km2)

Nbre d’espèces % endémisme Nbre d’espèces % endémisme Nbre d’espèces % endémisme

Guinéo-congolais 2815 8000 80 58 45 655 36

Zambèzien 3939 8500 54 55 4 650 15

Soudanien 3565 2750 33 46 2 319 8

Somalie et pays Masai 1990 2500 50 59 14 345 32

Le cap 90 8500 80 14 0 187 4

Karoo-Namibien 692 3500 50 13 0 112 9

Afromontagnard 647 3000 75 50 4 220 6

Genres d’arbres deBwindi endémique à

la forêt Afro-montagnarde

Afrocrania(Cornaceae),Hagenia (Rosaceae),Ficalhoa, Balthasaria(Theaceae) etXymalos(Monimiaceae).

Espèces d’arbres deBwindi typique pour laforêt Afro-montagnarde

Entandrophragma excelsum(Meliaceae); Myrianthusholstii (Cecropiaceae);Podocarpus latifolius(Podocarpaceae); Ocoteausambarensis (Lauraceae);Agauria salicifolia(Ericaeae); Aningeriaadolfi-fredericii,Chrysophyllum gorun-gosanum (Sapotaceae);Hallea (=Mitragyna) rubro-stipulata (Rubiaceae);Parinari excelsa(Chrysobalanaceae); Prunusafricana (Rosaceae);Syzygium guineense(Myrtaceae) et Strombosiascheffleri (Olacaceae).

Espèces d’arbres de Bwindine se trouvant pas ailleurs en

Ouganda (Butynski, 1984;Howard 1991)

Allanblackia kimbiliensis(Clusiaceae); Brazzeialongipendicellata(Scytopetalaceae); Grewia mildbraedii (Tiliaceae);Strombosiopsis tetrandra(Olacaceae); Maesobotrya floribunda (Euphorbiaceae);Xylopia staudtii (Annonaceae);Balthasaria (=Melchioraschliebenii (Theaceae); Guarea (=Leplaea) mayom-bensis (Meliaceae) et uneespèce de Memecylon(Melastomaceae) non identifiéequi survient dans les terracesalluviales de Nteko et Buhoma.

guiniéo-congolaise, comme l'arbre de la forêtsecondaire Musanga leo-errerae(Cecropiaceae),l'arbuste Agelaea pentagyna(Connaraceae), desherbacées telles que Ataenidia et Marantochloa(Marantaceae) et des plantes parasites telles queThonningia sanguinea(Balanophoraceae).

C'est aussi une importante aire de drainagequi fournit de l'eau aux communautés rurales

environnantes et alimente les lacs Edward etMutanda et, via le Nil, la Méditerranée. Elle seprête en outre à des formes d'exploitation nonconsommatrices (écotourisme, p. ex.) ou con-sommatrices pouvant avoir des retombéeséconomiques. Certaines ressources pourraientêtre consommées pour répondre aux besoins fon-damentaux des communautés avoisinantes

Tableau 2. Espèces d’arbres de la forêt de Bwindi ayant une importance particulière pour la conservation.

Espèces d’arbres se trouvant ailleursen Afrique mais en Ouganda seule-

ment dans le sud-ouest (Butynski, 1984; Howard 1991)

Cassipourea congensis(Rhizophoraceae); Chrysophyllum pruniforme (Sapotaceae); Drypetesbipindensis et Sapium leonardii-crispi(Euphorbiaceae); Oncoba routledgei etDasylepis racemosa (Flacourtiaceae);Tabernaemontana odoratissima(Apocynaceae); Cola bracteata(Sterculiaceae); Pauridiantha callicar-poides (Rubiaceae); Pittosporum spathicalyx (Pittosporaceae); Milletiapsilopetala (Fabaceae); Dichaetantheracorymbosa (Melastomataceae);Musanga leo-errerae et Myrianthus holstii (Cecropiaceae); Ocotea usambarensis (Lauraceae); Ficalhoalaurifolia (Theaceae).

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(ressources végétales, p. ex.), d'autres faire l'ob-jet d'une exploitation à plus grande échelle (p.ex., propriétés génétiques de variétés sauvages decultures ou de plantes fourragères, ou structureschimiques débouchant sur de nouveaux médica-ments).

Pour que les décisions soient prises enmeilleure connaissance de cause, les politiquesde mise en valeur des ressources végétales et deconservation de la forêt doivent tenir compte desincidences du climat et des perturbationsanthropiques sur les écosystèmes forestiers. Cesdeux facteurs ont eu un impact majeur sur la floreafricaine dans le passé, et continueront de fairesentir leurs effets à l'avenir, peut-être mêmedavantage du fait du réchauffement de la planèteet de la croissance démographique.

Changements du climatAu pléistocène, les variations brutales du climatliées aux différentes phases d'expansion et derecul des calottes glacières des pôles se sonttraduites par une alternance de longues périodesfraîches et sèches et d'épisodes humides pluschauds et plus courts. On considère les forêtséquatoriales comme des indicateurs du climatmondial, tantôt se propageant hors de leursrefuges du pléistocène, tantôt s'y repliant.L'analyse approfondie des pollens présents dansdes carottes prélevées sur les hautes terres deRukiga, près de la forêt de Bwindi, ont mis enévidence des variations de la flore et du climat aucours des 40 à 50 derniers millénaires, et notam-ment une expansion de la forêt aux alentours de10600 BP dans le bassin hydrographiqued'Ahakagyezi le long de la rivière Ishasha, ausud-est de Bwindi (Taylor, 1990).

Les forêts, qui ne subsistaient plus que dansquelques refuges durant la dernière glaciation(avant 12000 BP), ont gagné du terrain lorsque leclimat, en se réchauffant, est devenu plus humide(Hamilton, 1981). Hamilton (1981) a soulignél'intérêt de préserver les forêts qui ont conservéleur couvert lors de la précédente phase aride.Tel serait notamment le cas en Ouganda de laforêt de Bwindi Impénétrable. L'appauvris-sement progressif de la diversité des espècesforestières ougandaises que l'on constate en sedéplaçant de l'ouest vers l'est en serait, pense-t-on, la preuve, et l'on considère donc que lesefforts de préservation nationaux doivent porteren toute priorité sur les forêts de l'ouest, en parti-culier celles de Bwindi-Kayonza et de Bwamba(Hamilton, 1981; Howard, 1991).

Changements démographiqueset modifications de la végétationLa datation des vestiges archéologiques décou-verts à Matupi Cave, dans la forêt d'Ituri (partie

orientale du Zaïre) atteste une occupationhumaine vers 32000-40700 BP (Van Noten,1977). On ne dispose pas de données similairespour les hautes terres de Rukiga, mais il estvraisemblable que, comme les chasseurs-cueilleurs Mbuti de la région d'Ituri, les pygméesBatwa occupaient à l'origine les forêts et lasavane du sud-ouest de l'Ouganda et du nord duRwanda.

Se fondant sur leur étude du mode de subsis-tance des Mbuti de la forêt d'Ituri, Hart et Hart(1986) estiment peu probable que des chasseurs-cueilleurs aient pu vivre de manière autonome àl'intérieur de la forêt où, durant cinq mois dansl'année, on ne trouve pratiquement aucune plantesauvage comestible suffisamment nutritive, où lemiel est peu abondant et où le gibier, bien queprésent, est pauvre en graisses. L'observation surle terrain montre que la densité et la diversité desplantes sauvages comestibles (dont les principalesespèces sont Myrianthus holstii (fruits) etDisoscoreaspp. (ebikwa) - tubercules) sont encoreplus faibles que dans la forêt des basses-terres duZaïre étudiée par Hart et Hart (1986). Aucun desarbres à fruits comestibles de la zone guinéo-con-golaise (p. ex. Irvingia ou Ricinodendron heude-lotii ) qui constituent une source majeure d'alimen-tation pour les Mbuti ne pousse dans la forêt deBwindi. Il semble donc que les Batwa dépendaientaussi des ressources végétales et animales de lasavane et des terres humides.

Il est possible, toutefois, que les chasseurs-cueilleurs Batwa aient agi sur la végétation de laforêt et de la savane. Bien que les hautes-terresde Rukiga n'en portent aucune trace directe, il sepeut qu'ils aient fait usage du feu à cet effet. Lefeu aurait été utilisé saisonnièrement dans la forêtà l'époque de la collecte du miel, et peut-êtreaussi dans la savane pour rabattre le gibier.

Des feux pourraient également avoir étéallumés durant les périodes sèches pour créer desperturbations et stimuler la production de tuber-cules de Dioscorea. Ces lianes se rencontrent leplus souvent dans la forêt secondaire ou à lalisière des forêts (Hart et Hart, 1986; infra). C'estainsi que les chasseurs-cueilleurs d'Afrique aus-trale utilisent le feu pour accroître la productiondes bulbes d'iridacées comestibles dans le sous-sol (Deacon et al., 1983). Cette "agriculture dubâton à feu" aurait été pratiquée aussi par leschasseurs-cueilleurs des forêts de Nouvelle-Guinée pour certaines ressources alimentaires,notamment l'igname (plante de la famille deDioscorea) (Groube, 1989). On pense que lestubercules de Dioscoreaoccupaient autrefois uneplace importante dans l'alimentation des pyg-mées Mbuti (Tanno, 1981). Dans la forêt d'Ituri,la densité de population des Mbuti était approxi-mativement de 1 habitant par km². On ignorequelle était dans le passé la densité de chasseurs-cueilleurs sur les hautes-terres de Rukiga, mais

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elle n'était probablement pas plus élevée. Il estdonc permis de penser que l'impact d'une popu-lation aussi clairsemée sur la végétation est restélocalisé et peu perceptible comparé au défriche-ment pratiqué par les agriculteurs. Butynski(1984) estime que les pygmées Batwa nereprésentaient que 0,5% de la population totale.Cette estimation s'accorde avec une densité depopulation inférieure à 1 habitant par km².

Les analyses polliniques ont mis en évidence,non seulement des déplacements de la couvertureforestière consécutifs aux variations du climat aucours des 40 à 50 derniers millénaires, mais aussides traces de défrichement sur les hautes-terres deRukiga. Une nouvelle évaluation des carottes(Taylor, 1990) suggère que ce défrichement, quel'on pensait avoir débuté il y a environ 4800 ans(Hamilton et al., 1986), est postérieur à 2200 ansenviron, et coïnciderait donc avec l'arrivée d'a-griculteurs bantouphones maîtrisant la fonte dufer (Van Noten, 1979). Les principales plantescultivées étaient sans doute l'éleusine (Eleusinecoracana) et le sorgho (Sorghumsp.), ainsi peut-être que le pois de vache (Vigna) et le pois depigeon (Cajanus cajan) originaires de la Corne del'Afrique. L'agriculture est apparue au Rwanda ily a environ 2000 ans, avec pour résultats une plusgrande sédentarisation et une concentration deseffets de l'occupation humaine sur le milieu végé-tal - brûlis, défrichement et abattage du bois defeu (pour la fonte du fer, les usages ménagers etautres utilisations). Le commerce des produits dela forêt (gibier, p. ex.), échangés contre des légu-mineuses cultivées, a dû se trouver à son tourstimulé entre Batwa et Bakiga. Puis ont été pro-gressivement introduites des cultures de plus enplus variées en provenance de l'Amérique cen-trale et de l'Amérique du Sud (patate douce,tomate, manioc, ananas, piment, arachide,pomme de terre et tabac), de l'Asie du Sud-Est(banane, canne à sucre), du sud et du centre de laChine et du nord de l'Inde (thé), du Proche-Orient(pois), de l'Asie centrale (carotte) et du bassinméditerranéen (chou). La production agricole

occupe aujourd'hui 83% de la population del'Ouganda, fournit la quasi totalité des recettes àl'exportation et représente 60 % du PIB (Banquemondiale, 1986).

En 1921, l'Ouganda comptait 3 millionsd'habitants (Howard, 1991) et ce nombre devraitpasser à 23,8 millions d'ici à l'an 2000 selon lesprojections (Bulatao et al., 1990). Dans le mêmetemps, le territoire de la forêt autrefois exploitéepour ses ressources végétales s'est rapidementamenuisé du fait des défrichements et des brûlis.En conséquence, cette exploitation se concentreaujourd'hui sur la végétation restante, et visera àterme les espèces vivant au cœur des zones pro-tégées.Le paysage des hautes terres du Rukiga a subide profondes transformations depuis le début dusiècle par suite de l'accroissement naturel de lapopulation et des migrations en provenance duRwanda, où la densité de population est de 480habitants par km² de terre arable(Balasubramanian et Egli, 1986). Entre 1948 et1980, la population des districts de Kabale et deRukungiri a augmenté de 90%, passant de 396 000 à 752 000 habitants (Butynski, 1984).Aujourd'hui, les hautes terres du Rukinga sontl'une des régions les plus densément peupléesde l'Ouganda, la densité dans la zone couvertepar le projet DTC à la périphérie de la forêtvariant entre 102 et 320 habitants par km²(Figure 2) (DTC, recensement de 1991, docu-ment non publié). Cette forte concentration depaysans ruraux pratiquant une agriculture inten-sive a eu pour effet de détruire les plantesligneuses locales, de raccourcir de plus en plusles périodes de jachère et de réduire la diversitédes espèces. Du fait de sa situation dans une desparties les plus peuplées de l'Ouganda, avecprès de 100 000 habitants vivant à proximité deson périmètre long de 115 km, le parc nationalde Bwindi Impénétrable est devenu un îlot dansun océan d'agriculteurs, d'orpailleurs et descieurs de long (Figure 2, page 5 et Photos 3 - 6,page 10).

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Photo 3. Partie de la forêt de Bwindi demeurée intactehormis les perturbations dues aux chutes d'arbre(trouées dans la canopée) et aux incendies.

Photo 4. Perturbation majeure: défrichement total à desfins agricoles des terres ou poussaient les forêts en1950.

Photo 6. Perturbation de la forêt dans les vallées descours d'eau dues à l'activité illégale des orpailleurs.

Photo 5. Surexploitation sélective par les scieurs delong et formation de clairières.

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Elaboration de principes directeurs concernantles zones à usages multiples

Le découpage de la forêt en zones à usages mul-tiples, avec le concours de l'Impenetrable ForestConservation Project (IFPC) est l'un des voletsdu projet DTC. Un découpage préliminaire a étéréalisé par T. Butynski, puis par Scott (1992)(voir Wild et Mutebi, 1996, Document de travailNo. 5).

Ces plans de zonage ont été élaborés à lalumière des réglementations antérieures de l'ex-ploitation des ressources. Les dispositions rela-tives au Kigezi de la Loi de 1964 sur les forêts(Ugandan Forest Act) visaient à contrôler l'ex-ploitation des ressources végétales sur la based'un système d'autorisations conçu pour apporterdes recettes à l'Etat et pour faciliter la surveil-lance (Butynski, 1984). Voici les principales dis-positions qui nous intéressent ici:(1) tout Africain peut, en quantités raisonnables

et pour son usage domestique personnel,prélever dans les forêts du Kigezi n'importequel produit végétal, à l'exception des arbresprivés ou réservés, sans justifier d'unelicence ou acquitter des droits. Ces produitscomprennent le bois d'œuvre, les poteaux,les bambous et le bois de chauffage. Aucuneplante ne peut toutefois être coupée ouprélevée sans une autorisation, ni enlevée del'endroit où elle a été coupée ou prélevéeavant d'avoir été vérifiée et marquée par unfonctionnaire des forêts ou par un gardeforestier;

(2) les détenteurs d'une licence ne peuvent abat-tre des arbres ou collecter des produits de laforêt que si ces arbres ou ces produits ont étémarqués ou désignés de toute autre façoncomme destinés à cet usage par un gardeforestier;

(3) dans les sept jours qui suivent l'abattage d'unarbre ou la collecte d'un produit, les déten-teurs d'une licence doivent en aviser ungarde forestier de façon que celui-ci puissemesurer les ressources prélevées.D'autres dispositions avaient trait à l'ex-

ploitation du bois d'œuvre, aux activités desscieurs de long et au pâturage. Les contrôlesexercés sur le ramassage des produits forestiersnon-ligneux, ainsi que sur l'exploitation du boisd'œuvre et l'orpaillage étaient insuffisants(Butynski, 1984; Hamilton, 1984; Struhsaker,1987) pour des raisons économiques et politiquesdécrites par Howard (1991). En 1983, selon lesestimations, 140 à 280 personnes travaillaient àscier et transporter le bois d'œuvre, et 100 à 200

autres s'employaient à extraire de l'or des coursd'eau (Butynski, 1984). De ce fait, on estimait à10% le pourcentage de la réserve forestièredemeuré intact, tandis que 61% avait été lourde-ment exploité par les scieurs et 29% "écrémé" deses meilleurs feuillus par un abattage sélectif(Howard, 1991) (Photos 3 - 6). Depuis, lesrecommandations formulées par Butynski (1984)ont mis un terme à ces périls majeurs.

A présent que le parc national est à l'abri desdéfrichements à des fins agricoles, de l'abattagedes arbres par les scieurs de long et des activitésdes orpailleurs, les principales menaces sont lesdégâts accrus causés par les feux roulants et lesincendies prémédités et, à plus long terme, lerisque de déclassement à la suite d'une aggrava-tion du conflit entre les habitants et les autorités.Avant la création du parc national, Butynski(1984) estimait que 10 à 20 personnes péné-traient chaque jour dans la forêt pour s'occuperde leurs ruches ou récolter du miel sauvage, tan-dis que 25 à 50 autres allaient chaque jour yprélever du bois de chauffage, des bambous oudes matériaux de construction.

Les plantes sauvages de la forêt fournissentaux paysans de nombreux produits de premièrenécessité - matériaux de construction, com-bustible, liens, ustensiles ménagers, médica-ments et compléments alimentaires - et sont unesource de revenus pour les vanniers, les apicul-teurs, les sculpteurs sur bois ou les herboristes etles sages-femmes.

A l'heure actuelle, l'apiculture est pratiquéedans une partie du parc, mais les autres formesd'exploitation jadis autorisées par le Départementdes Forêts ne sont pas prises en compte par la lé-gislation sur les parcs nationaux. La mise envaleur raisonnée de certaines ressources à l'in-térieur des parcs nationaux ou dans des zonestampons situées à leur périphérie est cependantune stratégie couramment employée pourdésamorcer les conflits au sujet de l'utilisationdes sols (McNeely, 1988). L'accès auxressources végétales sauvages est un importantsujet de préoccupations locales et il est apparunécessaire de tenir compte de ces craintes et deces besoins locaux (DTC, 1991). Tant les respon-sables des parcs nationaux que CARE-International ont défini une politique visant à uneexploitation durable des ressources. La questionest de savoir comment décider quelles sont lesutilisations des ressources identifiées qui sontdurables et celles qui ne le sont pas.

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Quelles sont les espèces prioritaires?Comme indiqué plus haut, la présente étude apour objet de formuler des recommandationsconcernant les zones à usages multiples situéesautour du parc national de Bwindi Impénétrableet d'identifier les lacunes dans le travail déjàaccompli. Force est de constater d'emblée que lesdonnées disponibles, ne serait-ce que sur les peu-plements, la productivité et la biologie desespèces de la forêt équatoriale africaine présen-tant une grande importance économique sontlimitées. Elles sont encore plus rares en ce quiconcerne les centaines d'espèces fournissant lesproduits non-ligneux. Il est néanmoins possible d'identifier les espèces végétales menacées parune exploitation excessive et les types d'utilisa-tion (comme l'abattage des feuillus dont le boisd'œuvre sert à la fabrication des cuves à bière)pour lesquels la marge est étroite entre utilisationdurable et surexploitation. On dispose à cet effetd'un certain nombre d'informations:(1) les indicateurs de la demande établis sur la

base des données collectées à l'extérieur dela forêt (p. ex. densité des tuteurs à l'hectaredans les champs de haricots, nombre depoteaux par habitation, nombre de paniersvendus sur les marchés), les données rela-tives à certaines espèces "témoins" pri-vilégiées (quantité d'écorce de Rytigyniakigeziensis(nyakibazi) prélevée à des finsmédicinales ou proportion de tuteurs en boisd'Alchornea hirtella (ekizogwa), et leschiffres publiés dans le cadre d'étudesprospectives à long terme (p. ex. consomma-tion annuelle de bois de chauffage par habi-tant, matériaux de construction);

(2) les observations faites sur les marchéslocaux et les informations recueillies auprèsdes utilisateurs locaux, ou les tendancescommerciales dans d'autres régionsd'Afrique qui permettent de savoir si uneespèce fait ou fera l'objet d'une exploitationplus intense et fréquente en vue de sa com-mercialisation;

(3) le relevé des différents types biologiques,qui renseigne sur la biologie des peuple-ments (Cunningham, 1991);

(4) l'inventaire des parties de plantes utilisées(racines, écorce, feuillage, plante toutentière, bois, etc.) qui permet d'évaluer l'im-pact sur les différentes espèces;

(5) les informations fournies par les publicationsstatistiques et les utilisateurs locaux ourecueillies sur le terrain en ce qui concerneles ressources rares et particulièrementimportantes;

(6) les leçons tirées des difficultés dans la ges-tion des ressources rencontrées ailleurs etque l'on pourrait éviter.

Cette approche se révèle utile lorsqu'il estnécessaire de formuler des principes directeursen matière de gestion mais que l'on n'a ni letemps ni les moyens financiers ou humains requis pour entreprendre des études sur la biolo-gie des peuplements et la production de biomassedes espèces concernées. Il ne faut cependant yvoir qu'une "première approximation", qui pour-ra être affinée ultérieurement par des études àplus long terme.

Au cours d'une enquête qui a duré quatremois, Scott (1992) a interrogé les personnes ren-contrées au hasard sur le terrain à proximité de laforêt de Bwindi et a organisé des entretiens col-lectifs. Les données ainsi recueillies ont été com-plétées par des estimations visuelles de l'abon-dance des espèces principales effectuées sur uneéchelle de six points par des membres de la population locale. Scott (1992) a reconnu lanécessité d'une étude plus poussée sur la "sensi-bilité écologique" des principaux types deressources végétales. Afin de tirer le meilleurparti de ce précieux travail préliminaire, nousavons identifié plusieurs lacunes dans son étude.En voici les principales:(1) Seul un nombre restreint de plantes sont

identifiées par leur nom botanique et beau-coup ne sont pas représentées par un spéci-men dans l'herbier de référence. Cela estnécessaire lorsque l'on veut définir une poli-tique de conservation ou d'utilisation desressources, la taxinomie populaire locale (enlangue rukiga dans le cas qui nous occupe)étant insuffisante. En effet, certains nomslocaux sont employés comme termes"génériques". C'est ainsi que le mot "bitindi"est utilisé dans la nomenclature locale pourdésigner deux espèces différentes deMemecyclon, M. jasminoideset une espècenon répertoriée que l'on rencontre seulementdans la forêt de Bwindi; de même,"omushabarara" sert à nommer au moinstrois espèces de Drypetes, dont l'espèce rareD. bipindensis, et "omurara" au moins quatreespèces de Macaranga;

(2) Les plantes utilisées par les sages-femmestraditionnelles ou dans la pharmacopéevétérinaire traditionnelle sont passées soussilence, et il n'est pas dit grand chose desplantes sauvages comestibles (et notam-ment des champignons) ou des plantesimportantes pour les abeilles ou les apicul-teurs;

(3) Aucune donnée quantitative n'est fournieconcernant les ressources clés, dont l'ex-ploitation a d'importantes incidences sur lesuccès de toute politique de préservation dela structure de la forêt et de mise en valeurdurable de ses ressources. Il serait égalementnécessaire d'aller plus loin que de simplesestimations visuelles des peuplements.

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C'est pourquoi nous avons adopté unedémarche qui complète celle de Scott (1992). Aulieu d'interroger les habitants au gré des rencon-tres, nous avons collecté l'information selon uneapproche plus "ciblée" consistant à:(1) travailler avec les groupes d'utilisateurs spé-

cialisés (forgerons, sages-femmes tradition-nelles, apiculteurs, herboristes, propriétairesde bétail, etc.);

(2) sélectionner dans chaque zone des membresdes communautés locales batwa et bakigaparticulièrement expérimentés; le plus com-pétent d'entre eux (J. Bandusya) a travailléau sein de l'équipe tout au long des deuxmois qu'ont duré les recherches sur le terrain;

(3) réaliser autant de relevés quantitatifs que letemps le permettait. Chaque fois que possi-ble, de bons spécimens de référence ont étécollectés.L'identification des spécimens a été confiée

aux herbiers des Royal Botanic Gardens Kew etde l’Université Makerere. Des spécimens supplé-mentaires ont été envoyés aux Royal BotanicGardens (Edinburgh) et à l'East AfricanHerbarium (Nairobi).

A plusieurs reprises, les membres féminins del'équipe de recherche (M. Mehanda, M.Cunningham, R. Badaza et J. Tumusime) ont tra-vaillé sur le terrain avec des groupes de femmesspécialisées (vannières, sages-femmes tradition-nelles). Des informations ont été recueillies auprèsdes sages-femmes et des thérapeutes traditionnelsau sujet des plantes possédant des vertus symbo-liques ("magiques") ou physiologiques.

Bien que nous fassions la distinction dansnotre étude entre les espèces végétales utilisées àdes fins symboliques (ou psychosomatiques) etcelles qui contiennent des principes actifs, l'uneet l'autre catégories présentent un intérêt pour lessoins de santé, car:* les espèces ayant des vertus purement sym-

boliques occupent une place importante dansla pharmacopée traditionnelle en raison deleurs effets psychosomatiques et elles sont aumoins aussi efficaces que les placebos dans lasociété industrielle urbaine;

* on n'a pas encore convenablement étudié lesprincipes actifs d'une majorité de plantesmédicinales traditionnelles, et un certain nom-bre d'entre elles (comme Rapaneamelanophloeos(Myrsinaceae) en Afrique aus-trale) qui sont utilisées essentiellement à desfins symboliques en contiennent aussi.

Les efforts de conservation doivent porterpar conséquent sur toutes les espèces menacéesde surexploitation, et notre souci premier fut defaire le tri entre celles qui le sont et celles qui nele sont pas.

Dans le cadre des activités de formation à larecherche, il a été procédé à des évaluationsquantitatives des trois principales ressources

végétales (poteaux de construction en bois defeuillus, tuteurs pour les haricots, et cuves àbière), ainsi que du bambou, dont l'exploitationpourrait, à titre expérimental, être régulée sur dessites sélectionnés selon un système de rotation.Des évaluations quantitatives ont été effectuéesavec l'aide des utilisateurs sur des parcelles de 20x 20 m afin de mesurer (sur une échelle de cinqpoints) la densité des arbres et leur exploitabilitécomme poteaux de construction (tous les arbresd'un diamètre à hauteur de poitrine supérieur à 5cm) et comme tuteurs (diamètre inférieur à 1,5cm). On a également évalué la proportion d'ar-bres coupés.

Il a été procédé de même dans la zone desbambous (parcelles de 10 x 10 m). A Nteko, on aévalué sur une unique parcelle de 100 x 100 m,située dans une partie de la forêt épargnée par lesscieurs de long et vierge de toute collecte, laprésence de tous les arbres d'un diamètre à hau-teur de poitrine supérieur à 30 cm en tant quematériaux pour la fabrication des cuves à bière.La taille de cette parcelle est celle qui a été uti-lisée par Muir (1991) et recommandée par Alderet Synnott (1992). Afin de se faire une meilleureidée des dégâts causés par les herboristes quiprélèvent des écorces, A. Tsekeli, B. Otim, R.Baragira et J. Bandusya ont comparé ces dégâts àceux que font les éléphants. Les dégâts subis partous les arbres de deux parcelles de 100 x 100 msituées respectivement dans la zone des bambouset dans le marais de Mbwindi ont été mesurés surune échelle de sept points (Cunningham, 1990).

Les connaissances des utilisateurs locauxLes connaissances et le jugement des utilisa-teurs des ressources, tels que guérisseurs tradi-tionnels, artisans et collecteurs de plantesmédicinales destinées au commerce, apportentde précieuses lumières sur la rareté des espècesutiles et aident à formuler des propositions con-cernant la préservation et la gestion desressources. Cela est particulièrement apprécia-ble lorsque l'on a affaire à des centaines d'es-pèces différentes, comme dans le parc nationalde Bwindi Impénétrable ou dans le cas du com-merce des plantes médicinales (Cunningham,1990).

Ces connaissances sont d'autant plus pré-cieuses que leurs détenteurs les ont amassées encollectant, achetant et vendant ces plantes durantde nombreuses années. A mesure qu'elles se raré-fient, les ressources végétales deviennent objetde commerce, comme les tuteurs ou les poteauxde construction. Plus elles sont rares, plus la dis-tance à parcourir et le temps nécessaire pour lescollecter augmentent, et les prix grimpent enconséquence. C'est ce qui s'est produit dans denombreuses régions de l'Afrique pour le bois de

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feu et en Afrique australe pour certaines plantesmédicinales, dont beaucoup sont collectées dansles forêts de montagne ou du littoral(Cunningham, 1990).

Il est possible de vérifier la validité des con-naissances locales en les comparant aux donnéesfournies par les herbiers et dans la littérature surla distribution géographique des espèces, leurrareté et l'ampleur de leur exploitation, de façonà distinguer les cas où l'impression de raretéperçue par les commerçants locaux est un arte-fact dû à une distribution géographique limitéedes cas où la rareté est la conséquence d'une sur-exploitation (Cunningham, 1990).

En dépit de ces écueils, le recours aux con-naissances locales est une méthode pratique etpeu coûteuse pour identifier les espèces priori-taires. Dans certains cas, comme celui des petitesherbacées ou plantes ne poussant que sur unnombre limité de sites (p. ex. Marantochloa leu-cantha - omwiru), c'est le principal moyen deconnaître les échanges commerciaux et de guiderla mise en œuvre de programmes de conservationet de suivi spécialisés (Cunningham, 1990,1991).

Types biologiques, parties des plantes utilisées et effets de l'exploitationOn admet généralement l'existence d'une corréla-tion entre le stock de ressources ou la taille de lapopulation et le taux d'exploitation viable à longterme. Des stocks peu importants n'auront qu'unfaible rendement durable, en particulier s'il s'agitd'une plante à croissance lente qui n'atteint sapleine capacité de reproduction qu'au bout d'untemps assez long. A l'inverse, les espèces à fortespopulations, qui produisent une importante quan-tité de biomasse et atteignent rapidement lacapacité de reproduction, ont en principe des ren-dements durables élevés, en particulier quand descoupes d'"éclaircie" ont réduit la concurrence. Ilexiste également une relation manifeste entre lapartie d'une plante qui est exploitée et les effetsde cette exploitation sur la plante. Au moment dedéfinir une politique, il est extrêmement impor-tant de prendre en compte la réaction des plantesà l'exploitation et les incidences d'un déclin de laproductivité induit par une exploitation tropfréquente ou trop intense.

Aux fins de l'élaboration de principes relatifsà la gestion des ressources, il est utile de con-naître les différents types biologiques en mêmetemps que d'autres facteurs tels que la demandeet les parties des plantes qui sont utilisées. Detels spectres biologiques aident à combler leslacunes dans la connaissance de la démographiedu milieu végétal, en permettant une premièreévaluation des niveaux de vulnérabilité en cas

d'exploitation commerciale. Les typesbiologiques correspondent à une séquencenaturelle qui va des grands arbres jusqu'auxherbacées annuelles (Rutherford et Westfall,1986), en d'autres termes des espèces dont lasélection est fonction de la capacité de charge(K) de l'environnement à celles dont la sélectionest fonction de leur propre capacité de repro-duction (r).

Les grands arbres sont souvent les plus menacés, car leur écorce épaisse est recherchée(pour alimenter par exemple le commerce nation-al ou international des plantes médicinales), il leurfaut beaucoup de temps pour parvenir à maturité etêtre capable de se reproduire, ils présentent unfaible rapport production/biomasse et ne s'accom-modent que d'un type d'habitat bien particulier.

Une exploitation destructrice affecte la struc-ture de l'habitat et les trois "attributs vitaux"essentiels au renouvellement des espèces végé-tales (Noble et Slatyer, 1980), à savoir:(1) les moyens de dispersion ou de persistance

sur le site avant et après une perturbation;(2) la capacité d'une espèce de s'établir et de par-

venir à maturité dans une communauté endéveloppement;

(3) le temps nécessaire à l'espèce pour atteindreles étapes clés de son cycle d'existence.Le degré de perturbation de la population

d'une espèce et la vulnérabilité de cette dernièreen cas de surexploitation dépendent de lademande, de l'offre, des parties utilisées et dutype de croissance. La capacité de rejeter et lavulnérabilité des arbres en cas de prélèvement del'écorce sont des attributs importants qui varientselon la physiologie des différentes espèces. Bienque capables de résister au feu grâce à leurécorce épaisse, Faurea saligna (omulengere,Proteaceae) et Podocarpus latifolius(omufu,Podocarpaceae) sont les espèces les plus vul-nérables, car fragilisées par l'écorçage et sujetsaux infections fongiques et aux attaques desinsectes térébrants. A l'autre extrême, on trouvePrunus africana(omumba, Rosaceae) et Ficusnatalensis(ekyitoma, Moraceae), dont l'écorcerepousse lorsque la partie inférieure du tronc aété largement dénudée. Mais même les espècesqui résistent à un écorçage circulaire sont inca-pables de survivre quand la demande excède l'offre. Les collecteurs de plantes médicinales quien font le commerce continuent à dépouiller lesarbres les plus appréciés alors que l'écorce n'aque partiellement repoussé, parce que la rareté decelle-ci en accroît la valeur commerciale, et ilsfinissent par dénuder les grosses racines, tuantl'arbre.

Dans des cas extrêmes (aucun n'a encore étésignalé dans l'ouest de l'Ouganda), on assiste àlong terme à une érosion génétique, la pollinisa-tion croisée devenant impossible parce que l'é-corçage maintient perpétuellement la population

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dans une phase végétative (cas p. ex. deWarburgia ugandensis) ou parce que seuls lesindividus les plus petits ou les plus isolés restentintacts (cas p. ex. de Dalbergia melanoxylonutilisé pour les objets artisanaux). De l'Afriquedu Sud jusqu'à la Tanzanie, une grande partie deces espèces ont été victimes de ces deux con-séquences de la surexploitation, ce qui montrebien l'importance du débat sur les seuils de population viables (MVP) en matière de bioconservation.

Quelle viabilité dans la pratique?L'un des objectifs premiers des réserves et parcsnationaux est de préserver l'habitat et la diversitédes espèces. Les gestionnaires des parcs essaientde désamorcer les conflits au sujet de l'utilisationdes sols, mais ils ne peuvent, sans compromettrela réalisation de ces objectifs, tolérer une surex-ploitation des ressources naturelles que renfer-ment ces espaces. Il est donc essentiel d'élaborerdes principes directeurs régissant la collecte desplantes sauvages dans les parcs nationaux.

Depuis la publication de la Stratégie mon-diale de la conservation (UICN, 1980), le termede "conservation" est devenu presque synonymede l'expression "utilisation durable". Cetteapproche est efficace avec les espèces ou typesde végétation qui se caractérisent par une forteproduction de biomasse, une faible diversitébiologique et une bonne résistance à l'exploita-tion, ou dans les zones à faible densité humaine.La demande est facile à satisfaire quand elleporte sur des espèces à croissance rapide bénéfi-ciant d'une large distribution, d'une forte densitéde population et d'un taux de reproduction élevé.Il est alors possible de prélever les feuilles ou lesfruits pour des usages médicinaux ou commesuppléments alimentaires, les herbacées pour lacouverture des habitations, et les roseaux etautres plantes utilisées en vannerie. Les peuple-ments de Phragmites australisen milieu humideet de Cymbopogon validus, caractérisés par unelarge distribution, une faible diversité desespèces et une forte production de biomasse etqui résistent à l'exploitation de leurs tigesannuelles pour la construction de huttes sont desexemples de types de végétation faciles à gérer(Cunningham, 1985; Shackleton, 1990). Le con-trôle de la récolte des roseaux et des prairies estfacilité aussi par le fait que la coupe se fait à lafin de l'automne et en hiver, au moment où ellerisque le moins de perturber les nichéesd'oiseaux. Il en va de même, dans la savaneafricaine, des plantes médicinales communes, àcroissance rapide, ou des espèces envahissantes,comme Acacia karroo, Acacia nilotica,Dichrostachys cinerea(Fabaceae) et Euclea divi-norum (Ebenaceae) que l'on peut souvent

arracher pour contribuer à la réalisation desobjectifs de gestion des parcs de savane.

Objets de multiples formes d'exploitation,les forêts sont des systèmes considérablementplus complexes que les roselières. Après avoirtravaillé avec des bûcherons locaux dans lesforêts de montagne de l'Afrique australe, Muir(1991) a montré qu'il peut revenir plus de dix foismoins cher de cultiver d'autres sources possiblesde matériaux de construction en dehors de laforêt d'origine que de financer un coûteux pro-gramme de surveillance intensive en vue d'assu-rer l'utilisation durable des ressources visées.Dans la plupart des cas, les organismes chargésde la conservation dans les pays en développe-ment ne disposent pas des ressources financièresou humaines pour mener à bien de tels pro-grammes. Aussi, lorsqu'une espèce à croissantelente est très recherchée, c'est d"extraction"plutôt que de "gestion" qu'il conviendrait de par-ler, la frontière étroite entre utilisation durable etsurexploitation étant vite franchie.

Plus le rapport entre le nombre de collecteurset de formes d'exploitation d'une espèce et larareté de cette espèce est élevé et plus il est pro-bable que les responsables de sa gestion et lespopulations locales seront amenés à jongler avecles utilisations et la demande pour tenter de trou-ver un compromis qui ne satisfera personne.

Parmi les exemples d'une surexploitationdue à un accroissement de la demande, on peutciter l'abattage des palmiers Mauritia flexuosaetJessenia batauapour en cueillir les fruits dansl'Amazonie péruvienne (Vasquez et Gentry,1989; Peters, 1990), la destruction, par écorçagecirculaire ou arrachage, de plantes médicinalesou tinctoriales destinées au commerce local ouinternational en Afrique (Cunningham, 1987,1990), la collecte massive d'Aquilaria crassna(Thymelaceae) en vue de son exportation à HongKong sous forme d'encens (Payapyipapong et al.,1988), l'utilisation des arbres Parkia roxburghiipour des préparations médicinales (jamu) enIndonésie (Rifai et Kartwinata, 1991) oul'épuisement des sources de copal et de rotin dansl'île de Palawan, aux Philippines (Conelly, 1985).

Les forêts se distinguent par une grandediversité des espèces, une distribution limitée enAfrique orientale, une faible production de bio-masse et des formes d'exploitation multiples(préparations médicinales à partir des feuilles,des racines, des écorces et des fruits, teinturestraditionnelles à base d'écorces et de racines,poteaux et ligatures pour la construction dehuttes et collecte des fruits comestibles). En l'ab-sence quasi-totale de données publiées sur la pro-duction de racines ou d'écorce des plantesligneuses africaines (Rutherford, 1978), il estpratiquement impossible de fixer des seuils d'u-tilisation durable. Entreprendre de coûteusesrecherches pour réunir ces données ne présen-

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Conclusions et recommandations"... lorsque les fonds sont limités, il est souvent tentant d'imposer un programme par arrêté offi-ciel. Faute des consultations et négociations nécessaires avec les habitants, l'échec est quasimentcertain." (Martin, 1986; Zimbabwe CAMPFIRE Programme).

A des fins de gestion des forêts, les forestiersdivisent généralement les produits de la forêt endeux catégories: les produits principaux (boisd'œuvre, bois de feu et autres produits ligneux) etles produits secondaires ou produits non ligneux(herbacées, résines, fruits, etc.) (Osmaston,1968).

Nous commencerons par présenter les con-clusions et recommandations auxquelles nous aconduit la présente étude en ce qui concerne lesproduits secondaires (qui, en dépit de ce qualifi-catif, revêtent un intérêt majeur pour les popula-tions locales), puis nous traiterons du bambou, etenfin des produits ligneux (utilisés pour lesforges, pour la fabrication d'objets en bois sculp-té, pour les cuves à bière, comme poteaux deconstruction ou comme tuteurs pour les haricots).Ces conclusions et recommandations s'inscriventdans le cadre d'un processus permanent d'interac-tion entre les communautés rurales vivant à lapériphérie du parc national de BwindiImpénétrable et la direction du parc, le personneldu projet DTC jouant le rôle de médiateur entreles deux groupes (voir Wild et Mutebi, 1996,Document de travail No. 5).

Plusieurs raisons nous ont poussé à adoptercette présentation:(1) Les groupes d'utilisateurs spécialisés mem-

bres des communautés rurales de lapériphérie du parc national sont de précieuxintermédiaires entre le personnel du parc oucelui du projet et le reste de leur commu-nauté. Ils ont une bonne connaissance desressources végétales. Ils sont en outre unispar un intérêt commun pour l'apiculture, lesmédecines traditionnelles, la vannerie oud'autres formes d'utilisation, et leurs compé-tences sont reconnues au sein de leurs com-

munautés comme par le système desConseils de Résistance villageois. Beaucoupsont déjà membres d'organisations créées àl'initiative de la communauté (comme l'asso-ciation des brancardiers - ekyibinachengozi-chez les Bakiga), en collaboration avec dif-férents départements du gouvernement cen-tral (thérapeutes ou accoucheuses tradition-nels, par exemple) ou à l'issue d'une concer-tation entre la communauté et le personneldes parcs nationaux et du projet (cas, parexemple, des associations d'apiculteurs). Deplus, la population rurale vivant sur le pour-tour de la forêt de Bwindi est nombreuse(100 000 habitants environ) et ne cesse des'accroître, alors que le personnel du parc estrelativement restreint. Choisir de tels inter-locuteurs au sein des différentes paroisses per-met de traiter avec des groupes d'intérêt plusétroits et de centrer le dialogue sur des ques-tions plus précises.

(2) Bien que faisant partie des produits non-ligneux, le bambou est étudié séparémentparce qu'il présente un intérêt majeur pour denombreux habitants, et pas seulement pourquelques utilisateurs spécialisés, qu'il n'oc-cupe qu'une zone limitée à l'intérieur du parcnational, qu'il a un taux de croissancesupérieur à celui de la plupart des espècesarbustives et que les espèces ligneuses sontpeu diversifiées sur son territoire. Tous cesfacteurs influent sur la teneur des recom-mandations relatives à sa gestion.

(3) Bien que chaque catégorie d'utilisation desproduits ligneux (cuves à bière, tuteurs pourles haricots, etc.) fasse l'objet de conclusionsséparées, les recommandations relatives àces produits sont présentées toutes catégories

terait de toute façon guère d'intérêt pratique étantdonné le peu de personnel pouvant être affecté àla surveillance et à la gestion des ressources.Compte tenu des contraintes financières et dunombre d'espèces concernées, il est peu probableque soit mise en place dans les parcs nationaux etréserves forestières de l'Ouganda une gestionintensive des feuillus présentant de la valeur(principalement Ocotea bullata (Lauraceae),Seydack et al., 1982) telle qu'elle se pratiquedans les forêts du Cap austral.

C'est l'une des principales raisons pourlesquelles l'approche adoptée sur des sites depréservation de la forêt tropicale tel que le parcnational de Khao Yai (Thaïlande) a consisté àinterdire toute collecte des produits forestiers et à

mettre d'abord l'accent sur des formes d'utilisa-tion non destructrices de ces ressources. Dans lemême temps, une "Association pour la protectionde l'environnement" fait profiter les commu-nautés villageoises des retombées économiquespar le biais de coopératives de crédit et de pro-grammes éducatifs, sanitaires et commerciaux.Outre l'argent que leur rapportent les utilisationsnon consommatrices (écotourisme), les villa-geois bénéficient de formules de prêt, de pro-grammes générateurs de revenus et de servicesde soins de santé primaires. Ce système a obtenuun franc succès (Payapyipapong et al., 1988) touten permettant d'éviter les problèmes complexesauxquels se heurtent les programmes de gestionforestière à usages multiples.

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confondues. Il s'agit en effet de prendre encompte les utilisations concurrentes d'unemême espèce et les effets cumulatifs sur laforêt de ces différentes formes d'exploitationdes arbres ou de leur bois. Etant donné lefaible taux de croissance des feuillus et lalongue période nécessaire pour le renou-vellement des peuplements, ainsi que leseffets dévastateurs que l'activité des scieursde long a eue dans le passé sur la forêt deBwindi, l'exploitation du bois d'œuvre estincluse dans cette section.

Produits forestiers non-ligneux etgroupes d'utilisateurs spécialisés

PLANTES COMESTIBLES SAUVAGES

Les plantes comestibles sauvages sont carac-téristiques des sites forestiers perturbés et représen-tent une ressource exploitée saisonnièrementcomme supplément alimentaire ou comme sourceprincipale de revenus - vente de fruits tels queMyrianthus holstii (omufe) ou de champignonscomestibles. Les espèces exploitées sont peu nom-breuses et leur collecte est sans grandes con-séquences. Il est recommandé d'autoriser cette col-lecte dans les zones à usages multiples.

Les principales espèces sauvagescomestibles collectées sont Myrianthus holstii(omufe) (Photo 7), deux espèces de Dioscorea(ebikwaet ebikama) dont les tubercules peuventêtre ingérés sans détoxication et quatre sortes dechampignons comestibles (Lentinus prolifer -ebishanja) (Photo 8), ainsi que trois espècesidentifiées seulement sous leur nom local (en-sabili, obushokoreet un champignon, obituzi)(Tableau 3, page 18).

Les champignons de la famille Lentinus pro-lifer se rencontrent plus communément là où laforêt a été défrichée à des fins agricoles etpoussent le plus souvent sur le bois mort dePolyscias fulva(omungo). Tout comme l'ensabiliet l'obutusi, on les trouve et on les récoltehabituellement au moment de l'ensemencementdes champs de sorgho et de millet. Lentinus pro-lifer est particulièrement prisé et savoureux,"aussi délicieux que la viande".

Ces aliments sauvages constituent de pré-cieux suppléments en période de famine, et lavente (saisonnière) sur les marchés locaux desfruits de Myrianthus holstiiet des champignonscomestibles procure un revenu de subsistance. Al'exception des tubercules de Dioscorea, cesplantes ne sont récoltées que saisonnièrement etseulement par la fraction la plus pauvre de lapopulation, sauf peut-être en cas de famine.L'efugwe(Urticaceae), ortie de la sous-canopéecommune dans la zone des bambous, est cueillidans la forêt, mais les feuillages comestibles sontgénéralement prélevés sur les "mauvaisesherbes" (comme p. ex. Amaranthusspp. - dodo)qui poussent dans les champs. Physalis etSolanum nigrumse rencontrent aussi dans leschamps en jachère et sur les sites perturbés à l'ex-térieur de la forêt. L'exploitation des fruits deMyrianthus (omufe) encourage à préserver lesarbres femelle de cette espèce dioïque lorsque laforêt est défrichée pour cultiver la terre, de sorteque ces arbres se rencontrent plus fréquemmentque d'autres espèces dans les champs, où on lesconserve jusqu'à ce qu'ils soient fécondés avantde les abattre finalement comme bois dechauffage.

Le prélèvement des tubercules de Dioscoreatue habituellement la plante. Ces tubercules ontune longue durée de vie et un rythme de crois-sance lent, mais nous n'avons été témoin de leurcollecte que sur deux sites à l'orée de la forêt aucours de notre enquête - trois tubercules sur lepremier (à Buhoma) et deux sur le second (àIshasha) - et l'on considère que leur exploitationn'a qu'un impact localisé. En effet:

(1) la récolte est sélective, les tubercules depetite taille ou très gros (et donc ligneux etpeu comestibles) étant écartés;

(2) la récolte est très limitée (pratiquée seule-ment dans les périodes de famine ou par unefraction restreinte de la population, en parti-culier Batwa, dont les cultures vivrières sontinsuffisantes);

(3) la dissémination par le vent de graines deDioscorea provenant des zones adjacentesou de plants plus petits suffit à assurer larégénération.

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Encadré 1. Recommandations relatives à l'utilisation des plantescomestibles sauvages

∗ Les populations locales peuvent être autorisées à continuer de collecter les plantes comestiblessauvages à l'intérieur des zones à usages multiples situées à la périphérie du parc national de BwindiImpénétrable.

∗ Dans le cadre de la stratégie en matière de soins de santé primaires, nous recommandons d'encouragerl'habitude de préserver sur les terres cultivées les arbres de Myrianthus holstii (omufe), dont les fruitscomestibles sont une importante source de vitamine C, les régimes à base de plantes riches en amidonpouvant entraîner une carence de cette vitamine.

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Tableau 3. Ressources de plantes sauvages comestibles dans et autour du parc nationalde Bwindi Impénétrable.

Famille Espèce de plante Nom Rukiga Forme de vie Partie utilisée

Amaranthaceae Amaranthus sp. dodo herbe annuelle tuberculeCecropiaceae Myrianthus holstii omufe arbre fruitDioscoreaceae Dioscorea sp. 1 ebikwa pl. grimpante tuberculeDioscoreaceae Dioscorea sp. 2 ebihama pl. grimpante tuberculeDioscoreaceae Dioscorea bulbifera pl. grimpante tuberculeLentinaceae Lentinus prolifer ebishanja champignon tuberculeMoraceae Ficus sur ekyitoma arbre fruitRosaceae Rubus sp. emerembwe pl. grimpante fruitSolanaceae Solanum nigrum entakara herbe fruit, feuillesSolanaceae Physalis peruviana entutu herbe fruitUrticaceae Laportea sp. efugwe herbe feuillesZingiberaceae Aframomum sp. omatahe geophite fruit

indet. ensabili champignon champignonindet. obutusi champignon champignonindet. obushokore champignon champignon

Photo 7. Fruit comestible de Myrianthus holstii(omufe).

Photo 8. Champignon comestible Lentinus prolifer(ebishanja).

APICULTURE ET RÉCOLTE DU MIEL

L'apiculture est une forme d'utilisation duterritoire tributaire de la préservation de la forêtet qui peut y contribuer. Elle présente toutefoisun double risque: d'une part, la récolte du mielpeut être une cause d'incendies et d'autre part lesapiculteurs abattent des arbres de l'espèceFaurea salignapour fabriquer leurs ruches.

Les risques d'incendies roulants peuvent êtreprévenus par la création d'associations d'apicul-

teurs qui, loin de provoquer des feux de forêt,agiront au sein de la communauté comme unpuissant instrument de dissuasion, condamnantles incendies volontaires ou résultant d'une utili-sation négligente du feu.

Des matériaux et des modèles de ruches n'u-tilisant pas le bois de Faureacommencent à êtreadoptés dans la région couverte par le projet. Lacréation d'associations d'apiculteurs, la fabrica-tion de ruches améliorées et la commercialisa-

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tion du miel peuvent déboucher sur une interven-tion constructive et générer des revenus locaux.

La collecte de miel sauvage et l'apiculturesont des activités saisonnières importantes dansla forêt de Bwindi Impénétrable. Les abeillesmellifères africaines (Apis mellifera adansonii-enjokyi), dont les autochtones distinguent deuxvariétés - l'ekitatabrune et agressive et l'enyum-bu plus sombre - vivent dans des ruches. Ellesconstituent la principale source de miel.

Les collecteurs de miel (en particulier batwa)s'approvisionnent dans les ruches sauvages decette espèce et dans les nids aménagés dans le solou dans les arbres par des abeilles sans aiguillon(Trigonidae) appelées ebihura. On en reconnaîtsix variétés: l'obugashu, l'obwiza, l'obuganzaetl'obuhumbamga, qui nichent dans les branchesou troncs creux des arbres, l'obugazale, qui cons-truit son nid aussi bien sous terre que dans lesarbres, et l'obwahashi, qui niche uniquementdans le sol.

L'apiculture est également une importanteactivité saisonnière pour les agriculteurs Bakiga,dont les ruches traditionnelles sont en bois ou enbambou, ou confectionnées en tressant des lianesde la forêt (Tableau 4, Photo 9, page 20). Lesruches à cadres mobiles, couramment utilisées auKenya et en Tanzanie, ne le sont pas ici. Le mielest généralement récolté deux fois l'an.

Les Batwa en particulier, tout comme lesapiculteurs, ont une riche connaissance desabeilles, des plantes qu'elles butinent et descollines offrant les meilleurs sites pour l'installa-tion de ruches productives. Les plantes de la forêtsont pour les abeilles une source importante denectar et de pollen et fournissent en outre auxabeilles trigones la résine dont elles se serventpour construire leurs ruches. Les espèces d’ar-bres sujettes au pourrissement interne sont égale-ment pour elles de bons refuges où établir leurs

nids. On compte quelque 21 espèces recherchéespar les abeilles comme source de nectar, abrispour les ruches sauvages ou source de résinepour les trigones.

Apiculteurs et collecteurs de miel sauvagesavent également quelles plantes ont un pollentoxique, qui donne un miel provoquant des diar-rhées, comme la lobélie géante (Lobelia gib-beroa(entomvu) et la liane Urera hippselloden-dron (omushe), et ils évitent le miel de certainesabeilles trigones qui produit aussi cet effet.

La plupart de ces connaissances sont utiles nonseulement pour l'apiculture, mais aussi pour l'é-cologie forestière en général. Les abeilles trigonesdépourvues d'aiguillon jouent par exemple un rôleprécieux dans la pollinisation de certaines espèces.Or, les connaissances relatives à cet importantaspect de la biologie des espèces forestières n'ontdans bien des cas jamais été étudiées par des scien-tifiques de formation, mais se transmettent orale-ment entre chasseurs de miel Batwa.

Une observation faite par de nombreuxapiculteurs du secteur nord de la forêt de Bwindiet qui mériterait également d'être approfondie estqu'il existe un lien entre l'établissement de plan-tations de thé et une chute très nette de la pro-duction de miel. Ce phénomène est attribué parcertains apiculteurs aux insecticides pulvériséssur les théiers et devra faire l'objet de plus amplesinvestigations.

Les apiculteurs connaissent bien les zones dela forêt où poussent de nombreux arbres (Faureasaligna, p. ex.), arbustes (Brillantaisia, p. ex. ouMimulopsisdans les vallées) et plantes grimpantes(Sericostachys scandens, p. ex., dans les forêts demontagne perturbées, ou orumaga, une espèce nonidentifiée de la famille des Malphigiaceae, à plusbasse altitude) donnant une floraison abondante, etinstallent de préférence leurs ruches sur les collinesavoisinantes.

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Tableau 4. Matériaux de plantes utilisés pour la construction de ruches en bois ettissées.

Famille Espèce de plante Nom Rukiga Forme de vie UtilisationAlangiaceae Alangium chinense omukofe arbre ruches en boisFabaceae Albizia gummifera omushebeya arbre ruches en boisPoaceae Arundinaria alpina omugano bambou ruches tisséesMyrtaceae Eucalyptus spp.* ---- arbre ruches en boisProteaceae Faurea saligna omulengere arbre ruches en boisTheaceae Ficalhoa laurifolia omuvumaga arbre ruches en boisCelastraceae Loeseneriella apocynoides omujega pl. grimpante ruches tisséesAraliaceae Polyscias fulva omungo arbre ruches en boisMusaceae Musa sp. * enjagata banane fibre favorisée pour abriter

les ruches de la pluieCelastraceae Salacia sp. bwara pl. grimpante ruches tisséesTiliaceae Triumfetta macrophylla omunaba arbuste ficelle pour attacher

Note: Les espèces exotiques sont marquées (*).

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Quatre autres raisons incitent à placer lesruches dans la forêt plutôt que dans les champsou à proximité des habitations:(1) les ruches y sont loin de la fumée, souvent

présente dans les champs quand les agricul-teurs brûlent les broussailles;

(2) elles y sont à l'abri du vent, qui souffle dansles champs, et cela facilite leurs allées etvenues;

(3) elles y sont dissimulées au regard d'autrui etrisquent donc moins d'être pillées ou vic-times d'un sort jeté par un voisin jaloux desnombreuses ruches productives de leur pro-priétaire;

(4) éloigner les ruches des habitations évite auxmembres de la famille de se faire piquer.Butynski (1984) a repéré des ruches sur 4%

du territoire de la forêt de Bwindi (cinq cantonsde 1 km²). La plupart étaient installées, commeaujourd'hui encore, dans la zone des bambous,au-dessus de 2300 m. Un certain nombre de con-séquences de cette activité lui sont apparuespréoccupantes:(1) l'usage du feu pour récolter le miel pourrait

être à l'origine de la plupart des incendiesenregistrés dans la forêt de Bwindi;

(2) à trois reprises, Butynski (1984) a découvertde grands arbres que l'on avait abattus pourrecueillir le miel de ruches sauvages;

(3) de grands arbres avaient été abattus pourconfectionner des ruches et trois à cinqarbres de plus petite taille avaient été coupéspour dégager le terrain autour de chaqueruche.

Ces préoccupations sont fondées et appellentcertaines mesures. Le feu constitue aujourd'hui laprincipale menace pour le parc national. Lesincendies de forêts survenus durant la période detrès forte sécheresse, de novembre 1991 à mars1992, n'ont pas été provoqués par les apiculteurs.Il s'agissait de feux roulants se propageant à par-tir de foyers extérieurs à la forêt ou d'incendiesprémédités. Le feu est en effet un danger pour lesruches installées dans la forêt, et dans un cas aumoins (Wild, communication personnelle, 1992),des apiculteurs avaient tenté de prévenir l'un deces feux roulants. Il ressort des discussions quenous avons eues avec des apiculteurs lors d'uneréunion à Ruhija (avril 1992) que ces dernierssont tout à fait prêts à lutter contre ce type d'in-cendie et qu'ils exerceraient collectivement uneinfluence de nature à dissuader les incendiesprémédités ou les usages imprudents du feu.

Mwesigye (1991) a recensé 63 apiculteursexploitant au total 469 ruches dans le secteur suddu parc national. Les grands arbres (diamètre àhauteur de poitrine supérieur à 30 cm) sont abat-tus pour confectionner les ruches et, dans larégion de Rihija, la majorité (106, soit 93,5%) decelles que Mwesigye a mesurées (1991) étaienten bois de Faurea saligna, et la plupart desautres (5, soit 4,5%) en bois de Polyscias fulva. Ilserait ironique que les apiculteurs en devenantplus nombreux causent la disparition des espèces(Faurea saligna) qui sont précisément l'une desprincipales sources de nectar dans la forêt.

Même s'il semble que les ruches en bois deFaureapeuvent durer plus de 20 ans, leur duréede vie n'excède pas, nous a-t-on dit, 5 à 8 anslorsqu'elles sont mal protégées de la pluie; ladurée d'une ruche en bois d'Alangium chinenseest de 6 ans (couverte) ou 4 ans (non couverte) ;de 5 ans (couverte) en bois de Polyscias fulva; de4 ans (protégée de la pluie) ou 2 ans (exposée àla pluie) en bois d'Albizia gummifera. Bien con-fectionnées, les ruches tressées peuvent durer 5 à6 ans, mais seulement 1 à 2 ans si elles ne sontpas abritées de la pluie.

Bien que l'on ne dispose pas de données sur lestaux de croissance de Faurea saligna, il est proba-ble que les ressources se régénèrent plus vite que lerythme de détérioration des ruches, sauf dans le casdes ruches tressées confectionnées avec des bam-bous, des papyrus ou certaines lianes.

Durant notre enquête, nous avons relevé laprésence de ruches tressées dans les paroissesd'Ishasha (lianes) et de Katojo (bambou). Nousn'avons observé que deux arbres abattus pourcollecter du miel sauvage: un Carapa grandiflo-ra (omuruguya) de 70 cm de diamètre à hauteurde poitrine coupé pour récolter du miel d'abeillestrigones (ebihura), et un Markhamia platycalyx(omulembwe) d'un diamètre de 48 cm à hauteurde poitrine.

Photo 9. Ruche en lianes de la forêt et fibres debananes tressées (région d'Ishasha).

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PLANTES MÉDICINALESBien que favorisant la prolifération d'es-

pèces parasites utilisées à des fins curatives, ledéfrichage agricole est l'une des causes majeuresde la disparition des plantes médicinales pous-sant en forêt. La commercialisation des prépara-tions médicinales à base de plantes n'estheureusement pas très développée, et nousn'avons relevé aucune trace d'écorçage ou derécolte des racines à grande échelle dans le parcnational de Bwindi Impénétrable.

La collecte des plantes médicinales est forte-ment sélective et concerne plus d'une centaine d'es-pèces, qui sont essentiellement destinées à une uti-lisation locale. Les feuilles sont les principales par-ties des plantes recherchées pour soigner leshumains ou le bétail. Les "bâtons à mâcher" utiliséspour l'entretien des dents sont le plus souvent destiges de plantes poussant dans des zones perturbéesextérieures à la forêt. La plupart des espèces col-lectées sont des herbacées à croissance rapide cueil-lies hors de la forêt. Les effets de la cueillette deplantes médicinales sont limités, même pour lesespèces les plus recherchées, comme Rytigyniakigeziensis(nyakibazi) (Photo 10, page 22).

Il est recommandé d'autoriser les thérapeuteset sages-femmes traditionnels à collecter desplantes médicinales dans les zones à usages mul-tiples; il conviendrait en outre que DTC,l'ICRAF et les cliniques locales encouragent la

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Encadré 2. Recommandations relatives à l'apiculture et à la récolte de miel

∗ L'initiative des responsables du projet DTC, de l'IFCP et du parc national de Bwindi Impénétrable visant à stimuler la création d'associations locales d'apiculteurs doit être encouragée. Il convient notamment de donner suite à lasuggestion des adhérents d'imprimer des cartes d'adhérents pour chaque paroisse. Lorsqu'un apiculteur souhaite exploiterdes ruches dans une zone à usages multiples située sur le territoire d'une paroisse voisine de la sienne, il doit adhérerégalement à l'association de cette paroisse. Les cartes d'adhérents devraient être gratuites et non cessibles.

∗ DTC/CARE-International peut faciliter le développement de nouveaux marchés (y compris à l'exportation) pour le mielrécolté dans la forêt, comme cela est fait dans la région de la forêt d'Oku, au Cameroun. Il conviendrait également d'en-visager de relancer le commerce de la cire d'abeille, qui se pratiquait dans les années 60 dans la région couverte par leprojet.

∗ Les apiculteurs doivent être autorisés à défricher une zone de 2 à 2,5 m de rayon autour des ruches. Cela leur apparaîtnécessaire pour que les abeilles puissent circuler librement et pour réduire les risques de feux roulants. Aucun arbre degrande taille (d'un diamètre à hauteur de poitrine supérieur à 15 cm) ne doit être abattu à cette occasion.

∗ Il conviendrait d'interdire l'abattage des arbres en vue de piller les ruches sauvages. Dans les zones à usages multiples, ilpeut être permis de grimper aux arbres pour recueillir le miel sauvage.

∗ Les responsables du projet DTC devraient veiller particulièrement à associer les Batwa aux activités apicoles. Cette population a une excellente connaissance des abeilles. Peu de Batwa possèdent des terres, et ces activités seraient pourles apiculteurs capables une possibilité de gagner de l'argent en vendant le miel de la forêt.

∗ Les responsables du projet DTC devraient envisager de relancer le programme d'apiculture qui fonctionnait précédemmentdans la région couverte par le projet. Ce programme devrait comprendre des stages de formation sur la fabrication de ruches améliorées, comme les ruches à cadres mobiles qui , à notre connaissance, ne sont utilisées à l'heure actuelle quepar une seule personne dans cette région.

∗ Les apiculteurs devraient prendre eux-mêmes en charge la prévention des incendies et la protection des ruches contre leschimpanzés et autres animaux sauvages.

création de jardins de simples par l'intermédiairedu Ministère de la santé.

Les thérapeutes et sages-femmes tradition-nels jouent un rôle important dans les commu-nautés rurales de toute l'Afrique. Ils pourraientaussi contribuer utilement aux initiatives enmatière de soins de santé primaires.

On ne dispose d'aucune donnée sur la pro-portion de guérisseurs et d'accoucheuses dansl'ensemble de la population de l'Ouganda. Il nefait en tout cas aucun doute qu'ils sont plus nom-breux que les médecins diplômés, le Ministèrede la santé faisant état d'un médecin pour 20 000habitants (Kakuru, 1990).

Dans le district de Kilungu (Kenya), parexemple, on a recensé en moyenne un thérapeutetraditionnel pour 224 habitants en zone rurale (1 herboriste pour 665 hab., 1 sage-femme tradi-tionnelle pour 1640 hab. et 1 devin pour 665 hab.également), tandis que dans le district urbain deMathare, la proportion globale était de 1 pour883 habitants (Good, 1987). La fourniture desoins de santé adéquats est rendue plus difficilepar la dégradation de la situation économique deces dernières années et un taux de croissancedémographique de 3,4%. Même s'il existe desdispensaires dans la plupart des sous-districts,les hôpitaux des districts du Kabale-Rukungirisitués à Kabale, Kisoro, Kisizi et Kambugarestent peu accessibles à beaucoup.

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Bon nombre de thérapeutes et de sages-femmes traditionnels sont membres accréditésd'une association professionnelle, et les secondessont titulaires d'une carte liée à l'UNICEF. Lessages-femmes (ou accoucheuses) traditionnellesjouent un rôle important en Afrique orientale, oùelles aident les femmes à accoucher à domicile.C'est ainsi qu'en Tanzanie, 75 à 80% des nais-sances avaient lieu en présence d'uneaccoucheuse traditionnelle (Anderson etStaugard, 1986). De même dans la région deMachakos (Kenya), 26% seulement des femmesenceintes allaient accoucher à l'hôpital(Voorhoeve et al., 1982).

A quelques exceptions près dans la région duprojet (exploitation de Physalis peruviana,Ricinus communisacclimatés ou de Pennisetumpurpureumet de diverses espèces d'Eucalyptuscultivés, etc.), les plantes médicinales tradition-nelles sont toutes collectées à l'état sauvage.

Un bon exemple est l'utilisation de l'écorcede Rytigynia kigeziensis(Rubicaceae) pour letraitement des parasites intestinaux ("vers"). Lacharge parasitaire est extrêmement élevée dans larégion de Bwindi et du projet DTC. Une analysebiologique des selles de 35 personnes a montréque 89% d'entre elles (31) étaient infestées pardes nématodes du type vers ronds (Ascaris) et34% (11) par des nématodes filiformes(Trichuris), outre dix autres sortes de parasitesintestinaux (Ashford et al., 1990). De nombreuxautochtones rencontrés au cours de notre enquêtese sont dits convaincus que, privés d'un accèspermanent à l'écorce de Rytigynia kigeziensis(nyakibazi), "ils mourraient". L'utilisationdurable des plantes médicinales est donc unenécessité, et l'accent doit continuer à être mis enla matière sur les plantes clés ou sur celles quifont l'objet d'un commerce.

Utilisation durable des plantes médicinales

En dehors du parc national, les défrichages àdes fins agricoles ont considérablement réduit ledomaine de la forêt Afro-montagnarde qui con-stituait dans le passé une source de plantesmédicinales traditionnelles. En leur interdisantl'accès au parc national de Bwindi Impénétrable,on gêne l'activité des thérapeutes traditionnelsqui y cueillaient précédemment leurs herbes. Lesaccoucheuses, qui collectent la plupart desplantes médicinales qu'elles utilisent sur les sitesperturbés extérieurs à la forêt, sont moinstouchées par les restrictions. En outre, l'approvi-sionnement des thérapeutes traditionnels estaffecté par certaines utilisations concurrentescomme l'exploitation du bois d'œuvre (p. exEntandrophragma excelsum- omuyovi). Il y adonc accroissement de la demande pour desressources qui s'amenuisent. Même si lesthérapeutes traditionnels utilisent un grand nom-bre d'espèces végétales, l'impact de leur activitésur ces ressources se trouve réduit par trois fac-teurs:(1) le faible nombre de thérapeutes et sages-

femmes traditionnels par rapport à l'ensem-ble de la population et les faibles quantitésde plantes médicinales qu'ils prélèvent;

(2) le faible niveau d'urbanisation de l'Ouganda(6% de la population totale) par comparaisonavec d'autres pays d'Afrique et, partant, l'am-pleur très limitée du commerce des plantesmédicinales. Sur le marché d'Owino(Kampala), par exemple, une douzaine demarchands proposaient des plantes médici-nales traditionnelles en faibles quantités. Cesplantes sont au contraires vendues en grosdans des grandes villes comme Abidjan(Côte d'Ivoire) (107 grossistes) ou Durban(Afrique du Sud) (392 grossistes, plus d'unecentaine de boutiques de détail), et font l'ob-jet d'un commerce à longue distance, portantsur des espèces précises, qui menace la phar-macopée populaire dans les zones rurales(Cunningham, 1993). Il convient toutefois denoter qu'un commerce à petite échelle desplantes médicinales traditionnelles s'estdéveloppé, les personnes vivant à proximitéde la forêt de Bwindi recevant des comman-des d'écorces, racines et autres parties desplantes les plus recherchées (Tableau 5,Photo 11). En 1992, un seul herboristeachetait leurs plantes;

(3) le fait que (à en juger du moins par ce quenous avons observé durant notre enquête),les feuillages sont la partie des plantes laplus communément utilisée par lesthérapeutes traditionnels (Photo 12) et lespropriétaires de bétail. Bien qu'elle n'ait livréque de données incomplètes, une analysepréliminaire des types biologiques et des

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Photo 10. Rytigynia kigeziensis (nyabikazi), vermifuge efficace,considérée comme la plante médicinale la plus utile pour lespopulations de la région couverte par le projet.

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parties végétales exploités donne à penserque les feuillages, le plus souventd'herbacées poussant à l'extérieur de la forêt,représentent 62% des parties de plantes uti-lisées (96 espèces sur un total de 154)(Cunningham, 1992).Les trois principales formes d'utilisation des

plantes médicinales par les sages-femmes tradi-tionnelles étaient: à des fins symboliques oumagiques (comme charmes protégeant du mau-vais sort, garantissant un déplacement sansencombre ou assurant le succès en amour ou lorsd'un procès) [22% (34 espèces)]; pour assister lesfemmes en couches avant ou immédiatement

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Photo 11. Débuts du commerce dans larégion du projet: un herboriste vend de l'écorce d'Entandophragma excelsum (omu-yovi) sur la place du village principal.

Tableau 5. Médecines traditionelles collectées de façon commerciale pour la vente à Batogota.

Famille Espèce de plante Nom Rukiga Forme de vie Partie utiliséeAraliaceae Polyscias fulva omungo arbre écorceClusiaceae Symphonia globulifera omusisi arbre écorce (**)Euphorbiaceae Croton macrostachys omurangara arbre écorce (**)Lauraceae Ocotea usambarensis omwiha arbre écorce (**)Meliaceae Entandrophragma excelsum omuyovi arbre écorce (**)Myricaceae Myrica salicifolia omujeje arbre écorce (**)Myrsinaceae Maesa lanceolata omuhanga arbuste racines? (**)Phytolacaceae Phytolacca dodecandra omuhoko pl. grimpante feuillesRubiaceae Hallea rubrostipulata omuziku/ngomera arbre écorce(**)

Note: (**) espèces collectées dans des sacs de maïs (taille 50 kg). Un autre matériel vendu le fut des espèces suivantes, identifiée par leurnom local seulement: omurama (**), kashosho, omuhe, omurahusyo, omukoko, kaboha et omuhaka. Information receuillie par R. Badaza et J. Tumusiime (16 avril 1992).

Photo 12. M. Mafurira, herboriste, avec des feuilles qui sont l'undes principaux ingrédients des préparations médicinales tradi-tionnelles.

après la délivrance (pour éviter un accouchementprématuré, faciliter le travail ou l'expulsion duplacenta, soigner le gonflement des seins ouaméliorer la lactation) [18% (29 espèces)]; etpour éliminer les parasites internes [7% (11espèces)].

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A titre de comparaison, la même analysepréliminaire a révélé que les feuillages étaientaussi la partie des plantes la plus utilisée (37%,17 espèces sur un total de 46) par les thérapeutestraditionnels (Cunningham, 1992), mais prove-naient de types biologiques plus diversifiés(arbres, arbustes et lianes en plus des herbacées).Les trois principaux types d'utilisations étaient:pour soigner les douleurs d'estomac [15% (7espèces)], pour éliminer les parasites internes("vers") [13% (6 espèces)] et comme antidotes decertains poisons (souvent administrés par desrivaux jaloux) [11% (5 espèces)].

Les observations sur le terrain montrent quela collecte des plantes médicinales n'a pas degrosses conséquences. Seuls deux gros spéci-mens sur plus de 70 Rytigynia kigeziensisexa-minés portaient des traces d'écorçage, bien quecette espèce soit très appréciée pour ses vertuscuratives. Il s'agissait dans les deux cas de sujetsde grande taille proches d'un chemin de passage.Des cas d'écorçage de Hallea rubrostipulaontété observés à l'extérieur de la forêt, mais pas àl'intérieur de son périmètre. Par comparaison, lesdégâts causés par les éléphants aux écorces d'ar-bres tels que Macaranga kilimandscharica(omu-rara), Prunus africana(omumba) et Rytigyniakigeziensis (nyakibazi) sont beaucoup plusimportants.

Soins dentaires: bâtons à mâcher

Les dentistes sont rares dans de nombreusesrégions de l'Afrique, en particulier en milieu rural.C'est ainsi qu'on a recensé au Ghana un dentistepour 150 000 habitants (contre 1 pour 3000 hab.en Grande-Bretagne) (Adu-Tutu et al., 1979).

Bien que le régime alimentaire joue un rôleimportant dans l'incidence des caries, l'hygiènedentaire est également un facteur déterminant.Pâte dentifrice et brosses à dents sont largementutilisées par la fraction de la population ayant unniveau d'instruction formelle élevé, mais le den-tifrice coûte cher et n'est pas toujours disponibledans les zones rurales.

Dans la région couverte par le projet DTC,comme en de nombreuses parties ruralesd'Afrique, l'usage des brosses à dents tradition-nelles ou "bâtons à mâcher" taillés dans lesbranches minces ou les racines de plantes localesest encore très répandu.

Il est important que l'accès aux plantes four-nissant les bâtons à mâcher efficaces et recher-chés, qui ont souvent des propriétés antibacté-riennes, demeure autorisé. A la différence de cequi s'est produit en Afrique occidentale, où lesbâtons à mâcher font désormais l'objet d'un com-merce florissant, leur exploitation n'est destinéeici qu'à l'usage local et n'a que des effets négli-geables sur la végétation.

Sept espèces utilisées pour les soins den-taires ont été identifiées au cours de discussionsà Buhoma. Toutes étaient collectées à l'extérieurde la forêt, sur des sites perturbés proches desvillages et des habitations. Il s'agissait d'omuhuke(Lantana trifolium), omusinga, omukyindezi,omuchundura et omusambya (Dodonaeaviscosa), dont on utilise les tiges, et de deuxespèces (ekarweet omufumbwa), dont on utiliseles feuilles.

Pharmacopée vétérinaire traditionnelle

Même si le pastoralisme n'est pas la princi-pale forme d'utilisation des sols dans la région duprojet, le bétail y conserve une certaine impor-tance économique et sociale. Les médicaments àl'usage des animaux et les vétérinaires de forma-tion sont rares et coûteux et les plantes sauvagessont couramment utilisées pour soigner un cer-tain nombre de maladies du bétail ovin et caprin.La connaissance des plantes administrées tradi-tionnellement aux animaux est plus répandue quecelle des plantes médicinales utilisées poursoigner les humains. Plus de 20 types différentsde maladies affectant le bétail sont reconnus.Dans la plupart des cas, on a constaté que c'est lefeuillage de la plante qui est utilisé (64%, 16espèces sur 25). Beaucoup de ces espècespoussent en dehors de la forêt. Les plantesmédicinales destinées aux animaux ne font l'ob-jet d'aucun commerce et leur exploitation appa-raît actuellement dénuée d'effets importants etviable à long terme.

Des recherches plus approfondies sur lapharmacopée vétérinaire traditionnelle seraientnécessaires avant que l'on puisse parvenir à desconclusions solides concernant les principalesmaladies du bétail qu'elle sert à soigner. Il ressortde notre enquête préliminaire que les plantes lesplus couramment utilisées traitent les accès dediarrhée (khitwa), le gonflement des pattes, desoreilles ou du groin du bétail (ekibagarila), lesmastites et les gonflements de la vessie et du pischez les vaches.

Médicaments traditionnels et chiens de chasse

La chasse, moyen de se procurer de la viandeet de réduire le nombre de ravageurs des récoltestels que le cochon de brousse, était dans le passéune importante activité récréative dans la régiondu projet. Les chiens étaient alors utilisés pourépuiser le gibier ou pour le rabattre dans desfilets (Butynski, 1984). On fait encore appel auxchiens pour chasser dans de petites zones de tail-lis et de forêt à l'extérieur du parc national deBwindi Impénétrable, et nous avons pu assister àune chasse au cours de notre enquête.

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Les plantes médicinales traditionnelles,dotées de vertus symboliques et peut-être ausside propriétés physiologiques, sont largementutilisées en Afrique pour accroître l'agressivité,le flair et l'habileté des chiens de chasse. Dansla région étudiée, nous avons relevé l'usage de 5sortes de plantes: l'écorce de Tabernaemontana

odoratissima (kinyamagozi) et de Schefflerabarteri (omwamira), le fruit de Coccinia mild-braedii et d'une autre espèce de Coccinia(omu-tanga), et les feuilles de Thalictrum rhyn-chocarpum(omwitango). Ces plantes sont uti-lisées en faibles quantités, avec un impact jugénégligeable.

Encadré 3. Recommandations relatives à l'utilisation des plantes médicinales

L'objectif devrait être d'améliorer l'autosuffisance des thérapeutes traditionnels, de réduire la collecte des populations sauvagesd'espèces vulnérables recherchées pour leurs vertus médicinales dans les zones protégées, et de faire en sorte que cette col-lecte perde de son intensité à l'avenir. On pourrait à cet effet envisager les mesures suivantes:

∗ production massive de boutures et de semences des principales espèces concernées en vue de leur culture dans des jardinsprivés;

∗ diffusion d'informations sur les méthodes appropriées de culture des plantes médicinales utilisées à l'échelon local (p. exRytigynia kigeziensis - nyakibazi, Piper spp. - rokokota) ou de celles dont les vertus médicinales sont reconnues et qui sontexploitées à l'échelon régional et non plus local (p. ex. Warburgia ugandensis qui pousse à Kibale, mais non dans la forêt deBwindi);

∗ plantation de plantes médicinales recherchées (et en particulier d'arbres et d'arbustes), ce qui serait un moyen important d'as-surer le reboisement des coteaux où l'érosion du sol est très avancée et où l'agriculture n'est plus viable à long terme (gestionde zones tampons autour des aires protégées);

∗ soutien apporté par les responsables des parcs nationaux aux sociétés ou associations de thérapeutes traditionnels. Peu dechoses passent inaperçues sur les territoires communaux, et lorsque des ressources locales appréciées sont menacées de dis-parition, les associations de thérapeutes traditionnels ou les dirigeants de la communauté peuvent jouer un rôle important dansle contrôle de leur utilisation;

∗ création d'associations rurales de thérapeutes traditionnels (là où il n'en existe pas encore), par l'intermédiaire peut-être desservices de santé locaux et l'appui du Ministère de la santé et de l'UNICEF, afin qu'elles servent de centres de coordinationpour la mise en culture de plantes médicinales, avec l'aide du projet DTC et éventuellement de l'ICRAF;

∗ il conviendrait d'explorer la possibilité pratique de mettre à contribution les installations de l'Etat ou d'entreprises commerciales(p. ex. l'Uganda Tea Cooperative) pour cultiver les espèces médicinales rares et recherchées à partir de boutures, en utilisantles supports de racines disponibles dans le commerce, de façon à accélérer la constitution de stocks initiaux en vue de leur dis-tribution au prix coûtant aux herboristes et aux agriculteurs intéressés.

Par l'intermédiaire de la faculté de médecine de l'Université de Mbarara, il est recommandé d'étudier:

∗ l'efficacité des plantes médicinales les plus utilisées - par exemple, les effets de différentes concentrations de décoctions d'é-corce de Rytigynia kigeziensis sur les parasites intestinaux;

∗ les espèces toxiques dont on sait que des dosages excessifs ont causé des problèmes au niveau local, du fait par exemple dela présence de toxines du foie et des reins;

∗ l'utilité de reproduire par clonage des plantes médicinales réputées toxiques en vue d'en normaliser le dosage et d'aboutir à unproduit final de qualité. On pourra s'inspirer de la méthode déjà employée par Gentry et al. (1987) pour cloner Urginea mariti-ma (Liliaceae).

Le projet DTC offre à CARE-International, qui dit souhaiter créer des services de soins de santé primaires adaptés aux techniqueset aux coutumes locales (Anon, 1991), une occasion de jouer un rôle accru en la matière et dans le domaine des plantes médicinales (voir Wondergem et al., 1989; Desawadi, 1991). C'est une approche similaire que le frère A. Wassawa a adopté, àune échelle plus modeste, à Kyotera en mettant au point des recettes médicinales pour des "trousses de premiers secours".

Il convient de surveiller de manière continue:

∗ le développement des échanges commerciaux. Il pourra être nécessaire de créer sur un petit nombre de sites sélectionnés desparcelles témoins permanentes en vue de contrôler l'évolution de la demande pour certaines espèces commercialisées, quiserviront d'"indicateurs" - p. ex. les populations d'Hallea rubrostipulata;

∗ le succès des cultures, peut-être en créant un registre des pépiniéristes et des espèces cultivées.

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VANNERIE

La vannerie fait appel à des techniques tradi-tionnelles et à des matériaux locaux pour pro-duire toutes sortes d'ustensiles tressés pour lestockage et le traitement des cultures agricoles oupour des usages ménagers. Diverses plantes sontutilisées, depuis les espèces abondantes à crois-sance rapide qui poussent dans les marais(comme Cyperus papyrus- efundjo) jusqu'auxlianes rares et à croissance lente que l'on trouveen faibles quantités dans la forêt (Loeseneriellaapocynoides- omujega).

De nombreuses espèces recherchées pour lavannerie sont communes sur les sites perturbés etil est peu probable qu'elles soient surexploitées.Deux lianes très prisées pour la confection decertains paniers tressés, Smilax anceps(enshuli)et Loeseneriella apocynoides(omujega), fontl'objet de recommandations particulières.Particulièrement préoccupante est la survie àlong terme de la deuxième de ces espèces. Ledéfrichement de la forêt à des fins agricoles,suivi par le développement récent de l'industriedu thé, s'est traduit par une utilisation accrue deLoeseneriella apocynoidespour la fabrication dehottes, qui, venant s'ajouter à d'autres usagesconcurrents (pour les réservoirs à grains, lesbrancards et comme ligature en général), aboutità sa surexploitation.

Presque sans exception, tous les ménagesinstallés dans la région du projet DTC possèdentdes paniers pour récolter, faire sécher, vanner,moudre ou stocker les produits agricoles. Lestechniques et les matériaux utilisés en vannerieservent également pour tresser des réservoirs àgrains, des pièges pour capturer les poissons etdes brancards.

Même si d'autres fibres (sacs en plastique, p.ex.) sont employées occasionnellement, lesplantes locales sont la principale source de fibrespour la vannerie (Tableau 6). Malgré la trèsgrande utilisation de leur production, les vannierssont relativement peu nombreux, en particulierles hommes spécialisés dans certains ouvrages devannerie, tels que vans et brancards.

Les types de paniers les plus répandus sont lepanier circulaire plat que l'on dispose près de lameule pour recueillir la farine (orugali), le panierprofond en millet tressé en forme de bol (echibo),le panier également en forme de bol, mais pluslarge et moins profond, dans lequel on conserveles céréales (entemere), le large panier utilisépour transporter les récoltes sur la tête (etchi-tukuru) et les vans (entara). Les trois premierstypes sont confectionnés essentiellement par lesfemmes, à partir d'une base spiralée, avec uneherbacée (Eleusine indica- enchenzi) et unpapyrus (Cyperus papyrus) pour les brins spi-ralés, et les tiges de la fleur de Plantago palmatapour le décor plus sombre.

Les femmes confectionnent aussi des nattes(omucheche) utilisées pour s'asseoir ou dormir, etd'autres qui servent pour faire sécher le millet(etchigaru). Ces nattes sont faites avec lesfeuilles de Cyperus latifolius, liées avec de l'é-corce entrelacée de Triumfetta (omunaba), àlaquelle sont parfois mêlées des fibres debananiers plus sombres formant un motif déco-ratif. Les paniers de type etchitukurusont tresséspar les hommes et les femmes selon un motif endamier en utilisant Smilax anceps(enshuli), ou lebambou Arundinaria alpina: ce sont ceux quel'on trouve le plus souvent aux étals des marchés(Photo 13).

Les vans de type entarasont tressés essen-tiellement par les hommes selon un motif endamier, souvent avec Smilax anceps(enshuli)comme trame et Grewia sp. (omutahendeka)comme chaîne. Un article de vannerie proba-blement plus répandu aujourd'hui que dans lepassé est le "panier à thé" (orutete), confection-né de préférence avec Loeseneriella apo-cynoides(omujega), mais cette liane, devenuerare, est parfois remplacée par les tiges desfeuillages de Phoenix reclinata(enchindo). Lespaniers à thé sont eux aussi fabriqués princi-palement par les hommes. On emploie deslianes épaisses (2 à 4 cm), découpées en

Photo 13. Paniers (etchitukuru) transportés pour êtrevendus au marché de Batogota.

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Tableau 6. Principeaux materiaux à base de plantes utilisés pour la vannerie, brancard tressés et greniers dans la région du DTC.

Famille Espèce de plante Nom Rukiga Forme de vie Partie utilisée UtilisationAgavaceae Dracaena laxissima enchence pl. grimpante tige brancardsAraceae Raphia farinifera ekihunje palmier feuille vannerie Araceae Phoenix reclinata enkindu palmier feuille, tige vannerie, brancardsCelastraceae Loeseneriella apocynoides omujega pl. grimpante tige vannerie, brancards, greniersCelastraceae Hippocratea odongensis oruyangaro pl. grimpante tige greniersCelastraceae Salacia elegans orudyangara pl. grimpante tige greniersCyperaceae Cyperus latifolius ekigaga ? feuille vannerieCyperaceae Cyperus papyrus efundjo ? cuticule de feuille, tige vannerie, greniersMarantaceae Ataenidia conferta ebitatara geophyte feuille vannerieMarantaceae Marantochloa leucantha omwiru geophyte feuille vannerieMalphigiaceae Flabelleria paniculata ? pl. grimpante tige greniersPlantaginaceae Plantago palmata embatambata herbe tige de fleur vanneriePoaceae Arundinaria alpina omugano bambou tige vannerie, brancards, greniersPoaceae Eleusine indica enchenzi herbe feuille vanneriePoaceae Pennisetum purpureum ? herbe tige greniersPoaceae Setaria plicatilis ekikoka herbe feuille vannerieSmilacaceae Smilax anceps enshuli pl. grimpante tige vannerie, brancards, greniersTiliaceae Grewia sp. omutahendeka arbuste rampant tige vannerie, brancards, greniersUrticaceae Urera hypselodenderon omushe pl. grimpante tige greniers

Note: Les espèces utilisées pour les bâtons de soutien et les toits de chaume des greniers ne sont pas inclues.

lanières plus fines. Toutes les fibres utilisées envannerie peuvent être stockées dans desendroits secs, puis mises à tremper avant letressage.

Brancards (engozi)

Les brancards tressés (engozi) (Photo 14)jouent un rôle très important dans les commu-nautés rurales des hautes terres du Rukiga, oùelles servent au transport des personnes malades(ou décédées). A l'exception des tiges des feuil-lages de Phoenix reclinata(enchindu), elles sontentièrement confectionnées avec des plantes dela forêt (Tableau 6) et sont indispensables auxassociations de porteurs de brancards (ekyibi-nachengozi, de ekyibina: association et engozi:brancard) qui sont des sortes d'associations d'as-sistance médicale locales.

Ces associations sont bien organisées, avecun président et un secrétaire. Une contributionmensuelle est versée par les hommes (environ200 shillings par mois) et par les femmes (envi-ron 50 shillings par mois) en vue de financer lesfrais de subsistance lors des déplacements etl'achat de nouveaux brancards, dont la durée devie varie de 2 à 4 ans selon les matériaux utilisés,le plus solide étant Loeseneriella apocynoides(omujega).

Il existe habituellement une association par"cellule" et en général 7 ou 8 par paroisse. Lesbrancards sont confectionnés le plus souvent par

des hommes, qui parfois tressent aussi les vans,et l'on ne compte que très peu de ces spécialistesdans la région du projet. Il n'y en a par exempleaucun dans la région de Ruhija et les membresdes associations doivent aller s'approvisionnerdans la région de Rubanda. De même, le seultresseur de brancard de la région de Rushagafournit, nous a-t-on dit, les associations de por-teurs de brancards des paroisses de Rubuguli,Remero et Kaara.

Photo 14. Brancard tressé, avec Smilax anceps (enshuli)comme trame et Phoenix reclinata (enchindu) comme chaîne(dans le sens de la longueur), des perches en bambou(espèce exotique Bambusa). Région d'Ishasha, mai 1992.

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Réservoirs à grains

Les déperditions après les récoltes sont unphénomène mondial, 10 à 20% des céréalesrécoltées étant ainsi gaspillées dans les pays endéveloppement (FAO, 1981). Il ressort des dis-cussions avec les agriculteurs locaux que larégion étudiée ne fait pas exception à cette règle,que la cause en soit les insectes, les champignonsou, plus rarement, des babouins éventrant unréservoir peu solide pour dévorer les grainsd'éleusine.

Les remèdes apportés à ce problème s'a-joutent aux efforts entrepris par CARE-International pour tenter d'accroître la productionde cultures vivrières et d'améliorer la sécurité ali-mentaire. Les réservoirs sont le principal moyende stocker les récoltes dans la région du projet etl'on en trouve dans chaque foyer. Ils sont cons-truits le plus souvent par les hommes selon deuxmodèles: un petit réservoir, à mailles très serrées,pour les fèves et un plus grand pour les céréales(éleusine, sorgho) et les tubercules (patate douce,pomme de terre).

Les matériaux et la qualité de l'ouvrage sonttoutefois extrêmement variables (Tableau 6). Onutilise notamment des sous-produits des récoltes,comme les tiges de sorgho, des plantes cultivéescomme Pennisetum purpureum(herbe àéléphants) ou des plantes de la forêt telles quebambou et divers types de lianes (Photo 15).

Utilisation durable des végétaux utilisés en vannerie

A des fins de gestion des ressources, on peutdistinguer cinq catégories de matériaux:(1) les espèces communes sur les sites perturbés

- bord des routes ou champs abandonnés:Eleusine indica - enchenzi; Plantago palma-ta - embatambata;

(2) les espèces communes dans les marais locaux:Cyperus papyrus- efundjo; C. latifolius -ekigaga;

(3) les bambous, les lianes, et un arbuste grimpantqui pousse dans les zones de maquis et deforêts perturbées, les plus recherchés de cesmatériaux étant Smilax anceps(enshuli) et unarbuste grimpant du genre de Grewia (omuta-hendeka), suivis par le bambou de haute alti-tude Arundinaria alpina, puis, dans une moin-dre mesure, par Urera hypselodendron(omushe) et Flabellaria paniculata, qui sontutilisés comme "corde de brousse" ou pour lafabrication des réservoirs à grains;

(4) les espèces de la famille des Marantaceae nepoussant que dans les vallées et ravineshumides à plus faible altitude (1500-1750 m)dans la forêt - Marantochloa leucantha

(omwiru) et Ataenidia conferta(ebitatara);ou le palmier Raphia farinifera(Arecaceae),qui ne se rencontre lui aussi que dans les val-lées humides des alentours de Nteko etBuhoma à 1500 m;

(5) les lianes de la famille des Celastraceae, quipoussent dans la forêt secondaire à un stadetardif et dans la forêt adulte. Les plus uti-lisées sont Loeseneriella apocynoides(omu-jega) et Salacia sp. (bwara), les autres étantHippocratea odongensis(oruyangaro) etSalacia elegans(orudyangara).Ces catégories représentent des degrés crois-

sants dans la rareté des espèces et dans la spéci-ficité des habitats.

Les espèces des catégories 1 et 2 sont com-munes et très répandues, et ne semblent pas menacées par l'utilisation qui en est faite. Lesvanniers choisissent des endroits où poussentd'abondantes quantités d'Eleusine indicaou lessites ombragés, où les tiges des fleurs de

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Photo 15. Dans la région du projet sont uti-lisés comme matériaux pour les réservoirs àgrains des lianes de la forêt commeLoeseneriella apocynoides (omujega) etImperata cylindrica pour la couverture(paroisse de Bujengwe, voisine de Kitahurira).

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Plantagosont plus longues et donc plus pratiquespour les ouvrages de vannerie en brins spiralés,ou prélèvent en faibles quantités des feuilles deCyperus latifolius ou de jeunes chaumes de C. papyrus.

Les espèces de la catégorie 3 ne se rencon-trent que dans la forêt ou à sa périphérie, leslianes étant communes dans les trouées de lacanopée. Des quatre espèces mentionnées,Smilaxest la plus recherchée, malgré la difficultéde travailler ce matériau coriace. Bien que répan-due sur les sites perturbés de l'Afrique orientale,centrale et australe, elle est considérée commerare par les vanniers de la région étudiée en rai-son de l'exploitation intensive des terresentourant la forêt, les périodes de jachères étanttrop courtes pour lui permettre de se dissémineret de se développer. Deux exceptions à cela: larégion de Nteko, où les densités de populationsont moins élevées, et les îlots de forêt subsistantà l'extérieur du parc national de BwindiImpénétrable. La cueillette est sans doute beau-coup plus abondante le long des sentiers ou desroutes, où les sites perturbés sont plus accessi-bles. Ce sont les tiges les plus épaisses qui sontutilisées, et malgré une surexploitation locale, lerecrutement de nouveaux individus et larégénération à partir de l'ensouchement, com-binés à l'action disséminatrice des oiseaux enlisière de la forêt et sur les sites perturbés évitent,pense-t-on, la disparition de ces plantes dans leszones occupées par la forêt. Selon les utilisateurs,le cycle de régénération de Smilaxserait de 6 à12 mois. Le cas du bambou est examiné plusloin. Urera hypselodendronet Flabellaria nesont utilisés que pour les réservoirs à grains, avecdes effets considérés comme négligeables.

Catégorie 4. On utilise la cuticule des tiges(dans le cas des deux Marantacées) ou les jeunesfeuilles (dans le cas de Raphia), ce qui limite leseffets de la cueillette sur les plantes, bien quecelles-ci ne soient répandues que localementdans les vallées humides. Si la collecte prenait del'ampleur pour les besoins d'une commercialisa-tion à grande échelle, la gestion de ces ressourcespourrait devenir problématique du fait de l'inten-sité et de la fréquence des défoliations, et peut-être aussi des plantes piétinées ou déracinées àcette occasion. Une telle situation a été observéeen Afrique australe pour des espèces de joncs(Juncus) et de palmiers (Hyphaene) habituelle-ment résistantes ( Cunningham et Taylor, 1983;Cunningham et Milton, 1987). Les paniers encuticule de Raphiatressé ne sont fabriqués qu'enpetites quantités, et les conséquences apparais-sent négligeables.

Catégorie 5. On ne connaît pas les effets del'utilisation de Salacia sp. (bwara),

d'Hippocratea odongensis(oruyangaro) et deSalacia elegans(orudyangara) pour la fabrica-tion des réservoirs à grains, mais les utilisateurslocaux que nous avons consultés les jugentbeaucoup moins importants que dans le cas deLoeseneriella apocynoides(omujega), consi-dérée comme étant de toutes ces lianes de laforêt celle dont la croissance est la plus lente.C'est aussi la plus recherchée pour des utilisa-tions très variées, depuis la "corde de brousse"aux mille usages, d'une robustesse exception-nelle, jusqu'à la fabrication des paniers à thé, desbrancards et des réservoirs à grains. Au dire desutilisateurs, il faut 10 à 20 ans à Loeseneriellaapocynoidespour atteindre un diamètre conve-nable pour des usages de grande qualité (3-4cm), mais l'on ne dispose d'aucune donnée sur lerythme de croissance des lianes qui le confirme.Les observations faites sur le terrain montrenttoutefois clairement qu'à faible altitude (1500-1750 m), L. apocynoidesest peu abondantedans la forêt (p. ex. dans la région de Buhoma),et l'on peut en voir des spécimens isolés dans lesvallées de l'Ihihizo et de l'Ishasha. Les plantessemblent rejeter après sectionnement desgrandes tiges, qui sont probablement des tigesarrivées à maturité produisant les fleurs et lesgraines. La collecte de cette espèce s'est nette-ment intensifiée depuis le développement del'industrie du thé autour de la forêt de BwindiImpénétrable, car c'est elle qui est utilisée depréférence pour la fabrication des paniers à thé.Selon les données fournies par l'usine deBatogota de l'Uganda Tea Growers Corporation(UTGC), il y a 1597 petits planteurs dans larégion du projet. A supposer que chaqueplanteur emploie trois cueilleurs, équipé chacund'une hotte fabriquée avec L. apocynoides(d'unpoids de 500 g. environ et d'une durée de vieévaluée à 4 ans), ce sont 2,4 tonnes de cette lianequi seraient collectées tous les quatre ans (soitapproximativement 600 kg par an). Etant donnéla faible densité de cette espèce dans la forêt,signe sans doute d'anciennes trouées dans lacanopée, la fabrication des paniers à thé a desconséquences majeures sur la survie de cetteliane, sans compter son utilisation pour la fabri-cation des brancards et des réservoirs à grains.C'est ainsi qu'un fabricant de brancards de larégion de Rushaga a indiqué avoir été obligé deparcourir une distance estimée à 5 km dans laforêt (presque jusqu'aux marais de Mbwindi) etde chercher deux jours avant de collecter suf-fisamment de matériau pour confectionner unseule brancard. Scott (1992) a lui aussi rencon-tré de nombreux utilisateurs, dont des cueilleursde thé, qui ont fait état de difficultés croissantesà s'approvisionner en fibres de cette espèce.

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DOCUMENT DE TRAVAIL PEUPLES ET PLANTES 4, DÉCEMBRE 1996Peuples, parc et plantesA.B. CUNNINGHAM

BAMBOU

Le bambou (Arundinaria alpina), qui nepousse à l'état sauvage qu'à haute altitude dans lapartie sud-est du parc national de BwindiImpénétrable, est une ressource très importanteutilisée pour la construction des habitations et desréservoirs à grains dans les paroisses de Katojo,Mushanje et Nyamabale. Les jeunes chaumesservent en outre à la confection d'articles de van-nerie, destinés au commerce ou à des usagesdomestiques. Pour ce type d'utilisation, le bam-bou est récolté dans la réserve forestièred'Echuya, et sans doute aussi à Bwindi. Les habi-tants de la région, contrairement à ceux du MontElgon, ne font aucune consommation alimentairedes pousses de bambou.

Bien que théoriquement interdite, la cueil-lette du bambou se pratiquait encore dans le parcnational de Bwindi Impénétrable au moment oùnous avons réalisé cette étude. Les enquêtesquantitatives indiquent un faible niveau d'ex-ploitation dans le passé. Les recherches auprèsdes utilisateurs ont montré également que les

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Encadré 4. Recommandations relatives aux espèces utilisées en vannerie

∗ La qualité des réservoirs à grains varie dans des proportions considérables: certains, d'excellente fabrication, assurent une pro-tection efficace des récoltes tandis que d'autres, peu solides, sont d'une piètre utilité. Les artisans habiles sont bien connus danschaque communauté, et nous suggérons de les associer, dans le cadre du projet DTC, à des activités visant à former desgroupes d'agriculteurs à la fabrication de modèles améliorés, utilisant par exemple Pennisetum purpureum (herbe à éléphants).

∗ Des recherches doivent être entreprises, éventuellement par l'Université de Mbarara, en vue de déterminer les principales causes de déperdition des récoltes et les solutions appropriées à ce problème.

∗ Il conviendrait de créer dans chaque paroisse une association de vanniers. Ces associations rencontreraient les associations deporteurs de brancards déjà existantes afin de discuter ensemble des problèmes liés à l'exploitation des ressources évoqués ici.Les membres de ces associations se verraient délivrer une licence les autorisant à collecter les plantes de la forêt dans les zonesà usages multiples, du même type que celle qui serait accordée aux apiculteurs.

∗ CARE-DTC faciliterait la commercialisation des articles de vannerie de bonne facture (comme les paniers d'éleusine) afind'améliorer les revenus locaux et d'encourager la perpétuation des techniques traditionnelles; ces articles pourraient être soitexportés, soit vendus aux touristes dans les camps mis en place dans le parc national de Bwindi Impénétrable dans le cadre del'extension du plan en faveur du tourisme. Ces paniers sont d'une qualité qui soutient la comparaison avec le reste de la pro-duction mondiale. Les matériaux qu'il conviendrait d'utiliser pour les objets de vannerie destinés au commerce sont examinés ci-après.

∗ Nous suggérons d'autoriser l'utilisation d'Eleusine indica (enchenzi), Plantago palmata (embatambata), Cyperus papyrus(efundjo) et C. latifolius (ekigaga) sans restriction. Il s'agit là des espèces les plus couramment utilisées en dehors du bambou,et qui pourraient servir de matériau pour la fabrication d'articles de vannerie de bonne facture, destinés à l'exportation.

∗ Les feuilles de Raphia farinifera pourraient être utilisées sans restriction à l'échelon local pour la confection de paniers.

∗ Il est recommandé de confier la collecte de Smilax anceps (enshuli), Marantochloa leucantha (omwiru) et Ataenidia conferta (ebi-tatara) à des "collecteurs spécialisés", choisis par les membres de chaque paroisse, qui l'effectueraient saisonnièrement. Cettedisposition intéresserait la plupart des paroisses en ce qui concerne Smilax, mais seulement celles qui sont situées à basse alti-tude (p. ex. Mukono, Karangara et Rubimbwa) dans le cas de Marantochloa et Ataenidia. La saison devrait coïncider avec la période de l'année où la fabrication des paniers bat son plein (période creuse dans le cycle des activités agricoles, soit probablement mai-août).

∗ La gestion de Loeseneriella apocynoides (omujega) devrait faire l'objet de discussions entre la direction du parc national deBwindi Impénétrable, l'Uganda Tea Growers Corporation (UTGC) et les responsables du projet DTC. Il s'agit là d'un problèmecommun à tousces organismes, puisque la disponibilité de cette espèce a des répercussions sur la récolte du thé, sur les revenus

chaumes (tiges) de bambou ne sont pas utili-sables comme matériau de construction en raisonde la forte incidence des destructions causées parles insectes térébrants (larves de mites). Bien quele bambou constitue une ressource essentiellepour les populations et la faune sauvage, on nedispose que de peu de données sur la biologie etla production de biomasse d'A. alpina enOuganda, et il serait bon d'entreprendre desrecherches. Nous suggérons aussi d'adopter uneapproche flexible en ce qui concerne la gestionde la récolte du bambou dans les zones à usagesmultiples mordant sur les bosquets de bambou.Cette récolte pourrait être effectuée saisonnière-ment par des collecteurs accrédités des paroissesde Katojo, Mushanje et peut-être Nuamabale, etautorisée à titre expérimental. Il est déconseilléde développer la récolte de pousses de bamboucomestibles à destination des marchés locaux ouextérieurs.

Le bambou est un produit de la forêt très utilisé et qui revêt une grande importance pourles communautés rurales de nombreuses régions

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des planteurs et sur la conservation de la forêt. Il est possible que l'UTGC n'ait pas encore pris conscience à l'heure actuelle desa surexploitation. Il semble en outre qu'elle considère à tort ce matériau utilisé pour la confection des hottes comme un "biengratuit", alors qu'elle fournit des "vestes de cueillette" et des bottes en caoutchouc jaunes aux planteurs avec qui elle sous-traite.L. apo-cynoides (omujega) est une ressource relativement rare, qui a de nombreux autres usages importants dans les commu-nautés voisines, en particulier pour la fabrication des brancards (engozi), et n'est donc pas utile aux seuls planteurs. Il importede la gérer en ménageant l'avenir, ce qui ne sera possible qu'avec la participation des planteurs et de l'UTGC. C'est ainsi quecette dernière dispose peut-être de pépinières et de personnel spécialisé dans la plantation du thé auxquels il pourrait être faitappel pour la culture expérimentale de L. apocynoides (omujega) et qui pourraient contribuer, probablement de manière plus effi-cace, à la collecte des semences de Phoenix reclinata (enchindu, dattier sauvage) et à sa mise en culture. Les tiges du feuillagede ce pal-mier, déjà utilisé dans la région d'Ishasha comme substitut de L. apocynoides pour la fabrication des paniers à thé,peuvent être prélevées sans dommage pour la plante. Phoenix reclinata a une croissance plus rapide, pousse le long des plainesalluviales de l'Ishasha et se rencontre communément dans la forêt marécageuse ou sur les termitières des prairies saisonnière-ment inondées de l'Ouganda. Le personnel de l'UTGC pourrait également aider à la mise en culture d'autres espèces (voir ci-après).

∗ Sous réserve de recherches plus poussées sur le terrain, il conviendrait d'envisager l'interdiction périodique de l'exploitation deLoeseneriella apocynoides pour une période d'au moins quatre ans, au terme de laquelle les associations de porteurs de bran-cards bénéficieraient d'un droit de priorité dans la collecte contrôlée de cette espèce. Les fabricants de brancards sont très peunombreux dans la région du projet, et ils s'approvisionnent en L. apocynoides (omujega) dans la forêt, le plus près possible deleur domicile. Il est peu probable qu'ils acceptent de parcourir de longues distances pour se conformer à un système de collectepar rotation. Pourtant, une seule zone à usages multiples par paroisse ne fournirait probablement pas des quantités suffisantespour permettre une exploitation durable de cette espèce, et le système de collecte par rotation constitue une bonne solution derechange évitant à la fois la surexploitation et l'interdiction totale de récolter la plante. Nous suggérons d'adopter à titre d'essail'approche suivante: (i) par l'intermédiaire des associations de porteurs de brancards, déterminer le nombre et la distribution géo-graphique des fabricants de brancards; (ii) après discussion de ce problème les concernant tous, demander aux membres desassociations des 18 paroisses situées à proximité immédiate de la forêt de désigner ceux d'entre eux qui seront chargés de col-lecter le matériau par rotation (selon un cycle de 20 ans) pour le distribuer aux fabricants fournissant leurs associations respec-tives; (iii) surveiller la situation de L. apocynoides par l'entremise de ces collecteurs, et, si possible, sur des parcelles de forêtbien délimitées à l'intérieur et à l'extérieur des zones à usages multiples.

∗ Le personnel du projet DTC devrait, par l'intermédiaire de ses vulgarisateurs et des pépinières (p. ex. celles de Buhma et deKitahurira), évaluer les potentialités d'une mise en culture de Marantochloa leucantha (omwiru) et Ataenidia conferta (ebitatara).Certains agriculteurs cultivent déjà Cyperus latifolius dans la région d'Ishasha (mai 1992).

Tableau 7. Taux d’utilisation, utilisateurs et origine du bambou dans la région duDTC (d’après Kanongo, 1990).

Nbre d’utilisateurs (n = 116) Utilisation (n = 52) Origine du bambou (n = 54)

Oui 48 (41%) Autres (clôtures, bois de feu et cons- De la forêt (pris librement): 26 (48%)No 68 (59%) truction de maison): 40 (77%) De la forêt (acheté à travers

Greniers: 7 (13%) du Dep. des Forêts): 24 (44%) Paniers: 5 (10%) Planté autour de la maison: 4 (7%)

couvertes par la forêt tropicale, en particulier enAsie, mais aussi en Afrique orientale et centrale.On rencontre des bosquets d'Arundinaria alpinadans les forêts de montagne de l'Afrique orien-tale à partir de 2400 à 3000 m, jusqu'à 3200 m surle Mont Kenya et dès 1630 m dans les montagnesd'Uluguru (White, 1983).

En Ouganda, le bambou est récolté dans lesforêts du Ruwenzori, du Mont Elgon, deMgahinga, Echuya et Bwindi (Howard, 1991).Il est également cultivé à petite échelle dans la

région du projet. Les bosquets de bambous seconcentrent à haute altitude dans une zone li-mitée (0,4 km², Butynski, 1984) de la partiesud-est du parc national de BwindiImpénétrable. Quarante et un pour cent (48) despersonnes interrogées lors d'une enquête dansla région du projet ont déclaré utiliser du bam-bou, probablement cultivé (Arundinaria alpinaet espèces exotiques du genre Bambusa)(Tableau 7) aussi bien que cueilli à l'étatsauvage (Kanongo, 1990).

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Il ressort clairement des observations faitessur le terrain dans les paroisses voisines de l'ex-trémité sud-est de la forêt de Bwindi que la cons-truction (traverses) est la principale utilisation dubambou, suivie par la fabrication de réservoirs àgrains et de paniers (Tableau 7).

Le bambou était l'un des principaux "pro-duits forestiers secondaires" vendus par leDépartement des Forêts: près de 500 000 bam-bous provenant des an-ciennes réservesforestières centrale et locales ont été mis en ventechaque année en 1961-1962 et en 1963-1964(1961-1962: 515 000 bambous, 1962-1963: 450000 bambous, 1963-1964: 459 882 bambous)(Forest Department, 1964).

Bien qu'il n'en soit pas fait mention dansl'ancien programme de sylviculture concernant laforêt de Bwindi (Leggatt et Osmaton, 1961), desplans ont été élaborés en vue d'une exploitationrégulière dans la forêt de Mgahinga, où, depuis1955 et jusqu'à 1966-1967, 77 400 bambous enmoyenne ont été abattus chaque année dans qua-

tre coupes, exploitées par rotation (Kingston,1967). L'ampleur de la dernière exploitation dansla forêt de Bwindi Impénétrable est inconnue,mais lors d'une enquête récente conduite parKanongo (1990) auprès de 54 personnes, 92%d'entre elles (50) ont reconnu s'être procuré desbambous dans cette forêt, avec ou sans licence(Tableau 7, page 31).

Comparés à la forêt Afro-montagnarde, lesbosquets de bambous sont relativement simples àgérer de manière viable à long terme, car ilsprésentent une diversité et une complexité moin-dres, qu'il s'agisse des classes d'âge et des caté-gories dimensionnelles comme des utilisations.Le bambou est une ressource importante quipousse rapidement et résiste assez bien à la cueil-lette, les rhizomes souterrains produisant de nou-veaux chaumes. Les niveaux actuels de collectesont relativement faibles, même sur les sites lesplus exploités (Figure 3).

Nous suggérons d'envisager l'autorisation dela collecte à l'intérieur des zones à usages

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multiples, en associant les collecteurs potentielset les responsables du projet DTC et des parcsnationaux à des enquêtes sur le niveau des peu-plements et à l'établissement de quotas dans lecadre d'un projet de "recherche-action". Il con-viendrait toutefois de prendre en compte les facteurs suivants:(1) L'exploitation des bosquets de bambous de la

forêt de Bwindi n'est pas uniforme, mais seconcentre essentiellement en trois endroits(Mpuro, Omushenje et Kasule). Les raisonsen sont l'accès malaisé de certaines zonesdepuis les paroisses environnantes, la diffi-culté de transporter de longues bottes de bam-bous coupés (souvent plus de 5 m) dans laforêt en terrain escarpé, et peut-être aussi lacrainte des éléphants. Les quotas et le systèmede collecte par rotation ne devraient donc pasêtre définis en fonction de la superficie totaleplantée de bambous, même à l'intérieur desseules zones à usages multiples, mais sur labase d'une aire beaucoup plus restreinte, ayantdonc une capacité de charge plus limitée;

(2) même si la biomasse épigée d'Arundinariaalpina est importante (100 tonnes par ha)(Wimbush, 1945) et son taux de croissanceélevé par rapport à celui des arbres de laforêt, puisque les chaumes atteignent leurpleine maturité en 2 à 4 mois et que les tigescommencent à dépérir au bout de 7 à 14 ans(Were, 1988), notre enquête montre que laproportion de tiges (ou de biomasse)exploitable, et donc la capacité de charge despeuplements de bambou, sont bien plusfaibles, pour les raisons suivantes:* bien que les chaumes arrivés à maturité

dominent les bosquets, les collecteurs enrejettent la majeure partie du fait de l'inci-dence élevée des ravages causés par leslarves de mites (Figure 3);

* une certaine proportion de chaumes sonttordus, brisés ou trop jeunes;

(3) les jeunes pousses, produites annuellementdurant la saison des pluies (Were, 1988), secassent facilement et seraient endommagéesau cours de la récolte. On a signalé une pro-duction similaire des pousses au moment dela saison des pluies chez les espèces asia-tiques, ce qui explique sans doute l'interdic-tion saisonnière de la récolte dans cesrégions. Dans les forêts de montagne de

l'Afrique équatoriale, il y a deux saisons despluies, qui culminent eu avril-mai et septem-bre-novembre. De plus, les jeunes poussessont mangées par les animaux (essentielle-ment des primates): 15,5% en moyenne ontété dévorées sur quatre parcelles témoins;

(4) il semble que l'intensité des coupes peutaffecter les taux de repousse. En cas decoupe rase, il faut 8 à 9 ans pour obtenir deschaumes de longueur normale; si l'onépargne 10% des chaumes, répartis unifor-mément, les nouveaux chaumes parviennentà maturité au bout de 7 à 8 ans, et lorsque50% des chaumes sont laissés intacts, la pé-riode de régénération peut être ramenée à 3 à4 ans (Wimbush, 1945). Alors même que nosparcelles témoins étaient proches de la route,la collecte est restée modeste. Cela pourraits'expliquer par l'"interdiction de couper lesbambous dans l'enceinte du parc national",mais on a constaté un niveau de collecte toutaussi faible le long du principal cheminmenant à la paroisse fortement peupléeproche de la zone des bambous;

(5) l'ancien système de vente de licences n'a paspermis comme on l'espérait de contrôler etsuivre en permanence la collecte des pro-duits de la forêt (dont le bambou) pour lesraisons indiquées par Howard (1991): à lasuite de la diminution de leur salaire et deleur pouvoir d'achat, les forestiers sontdevenus laxistes et, pour améliorer leursrevenus, ont vendu sous la table des licencesautorisant à couper les bambous ou lesarbres. Il importe d'éviter à l'avenir ce genrede problème si l'on veut assurer uneexploitation durable du bambou dans le parcnational de Bwindi Impénétrable. Dans laforêt de Mgahinga, on a noté que, malgrél'interdiction de couper des bambous à l'in-térieur de la partie de cette forêt classée"réserve naturelle intégrale", de nombreuxindices témoignaient de coupes clandestines,et on a recommandé d'orienter les col-lecteurs vers les peuplements plus nombreuxet de meilleure qualité de la Réserveforestière d'Echuya. On ne sait pas très bien,toutefois, dans quelle mesure l'octroi delicences a permis de contrôler l'exploitationdu bambou dans cette forêt (K. Sucker, com-munication personnelle, 1992).

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Encadré 5. Recommandations relatives au bambou

∗ Il est indispensable de dresser une carte détaillée des bosquets de bambou dans la forêt de Bwindi Impénétrable.

∗ Il conviendrait de mettre en place, à titre expérimental, un système de collecte du bambou compatible avec son exploita-tion durable, en associant les utilisateurs à la prise de décision concernant l'évaluation et la gestion de cette ressource.Des cantons/coupes devront être créés dans les régions de Mpuro, Mushenje et Kasule, et des évaluations entreprisesavec le concours d'utilisateurs (coupeurs de bambous) sélectionnés par les conseils de résistance des paroisses de Katojo,Mushanje et, éventuellement, Nyamabale. Des quotas devraient être fixés sur la base de ces évaluations.

∗ Il y aurait lieu d'envisager deux saisons de coupe (peut-être juillet-août et janvier-mars).

∗ Des licences devraient être délivrées à un nombre limité de collecteurs chargés d'approvisionner les autres membres deleur paroisse. Ces licences devraient être conçues sur le même modèle que celles qui seraient délivrées aux apiculteurs,et n'être ni vendues, ni cessibles. Les vanniers recevraient des licences distinctes.

∗ La culture du bambou devrait constituer un volet important du programme d'agroforesterie du projet Development ThroughConservation.

∗ Il conviendrait d'entreprendre des recherches sur la production de biomasse d'Arundinaria alpina et les conséquences deson exploitation. La plupart des recommandations et des informations existant à ce sujet (Kingston, 1967; Kigomo, 1988;la présente étude) sont fondées sur les résultats d'une enquête de courte durée publiée voilà près de 50 ans (Wimbush,1945).

∗ Il est indispensable de mener de plus amples recherches sur la biodémographie d'Arundinaria alpina et la dynamique desinterruptions dans ses peuplements si l'on veut faire de l'exploitation et de la gestion de cette ressource l'un des objectifsdu parc national de Bwindi Impénétrable. C'est ainsi que White (1983) suggère que les arbres disséminés dans les peu-plements de bambous s'y établissent durant les intervalles de 30 à 40 ans qui séparent la floraison des bambous de leurdépérissement. Selon Glover et Trump (1970), les peuplements de bambou sont induits par le feu dans ce qui était aupar-avant une forêt de Juniperus sur les montagnes du Mau Range, au Kenya. Il est difficile de dire s'il en va de même ou nondans la forêt de Bwindi Impénétrable, ou si la distribution des bambous dans la forêt ou la présence d'arbres parmi lesbambous sont dues à d'autres facteurs (p. ex. les éléphants et la formation de "trouées" dans la couverture de bamboussous les effets combinés du vent et des attaques d'insectes térébrants affaiblissant les chaumes mûrs - deux phénomènesque nous avons observés au cours de notre enquête). Des recherches sont donc nécessaires.

Produits forestiers principaux:le bois

FORGERONS ET SOUFFLETS DE FORGE

Les forgerons forment un groupe restreint,mais important, d'utilisateurs spécialisés quijouent un rôle précieux dans les communautésagricoles de la région couverte par le projet, entant que producteurs d'ustensiles et d'outils agri-coles (Photo 16). Ils ne pratiquent plus la fontede l'hématite, mais retravaillent des morceauxde ferraille pour confectionner outils et quin-caillerie (marteaux, serrures, grelots pour leschiens, etc.).

La principale source de bois pour la confec-tion des soufflets de forge est Polyscias fulva(omungo, Photo 17), une espèce de la forêt se-condaire; pour le charbon de bois, préférenceest donnée, au moins depuis les années 60, à desespèces exotiques telles que l'acacia noir(Acacia mearnsii).

Il est recommandé d'autoriser les forgeronsà continuer d'exploiter les arbres de l'espècePolysciaspour la fabrication de leurs soufflets.

Il importe de reconnaître la contribution que cesartisans peuvent apporter au développement ruralet, peut-être aussi, à un tourisme spécialisé intel-ligemment planifié. Faute de quoi, les compé-tences et la technologie traditionnelles qu'ils per-pétuent disparaîtront. Les forgerons (omuhesi)utilisent le bois pour deux principaux usages: pre-mièrement, pour la fabrication des soufflets(omuzuba), pour lesquels ils choisissent de grandsarbres avec un bois de faible densité ("tendre"), etdeuxièmement, comme charbon de bois, pourlequel ils préfèrent des bois de forte densité.

L'utilisation de soufflets pour le travail du ferreprésente la survivance historique d'une tech-nologie introduite dans cette région voiciquelque 2000 ans. Or, cette technologie, et lesconnaissances traditionnelles qu'elle met enœuvre, sont en train de disparaître du fait de laconcurrence des produits de fabrication indu-strielle. En 1968, quatre seulement des forgeronsinterrogés par White (1969) au Kigezidéclaraient fondre eux-mêmes le minerai de fer.Cette activité est aujourd'hui abandonnée, bienque les meilleurs sites où trouver de l'hématite etla technique de fonte soient encore connus. Lesforgerons préfèrent désormais retravailler des

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morceaux de ferraille provenant de vieillesvoitures ou d'outils agricoles cassés.

On pense que le nombre de forgerons adiminué, et la plupart sont âgés de plus de 50ans. White (1969) signale par exemple 23 for-gerons en activité dans la région de Kitumba auKigezi. S'il faut en croire les résultats desenquêtes effectuées au cours de la présenteétude, il n'y aurait tout au plus que deux à quatreforgerons en activité dans chaque paroisse, etcertaines paroisses en sont totalementdépourvues.

La plupart des forgerons possèdent un jeu desoufflets, dont la majorité (soit 9) sont en bois dePolyscias fulva(omungo); un seul de ces jeuxétait en bois de Musanga leo-errerae(omutun-da). Ces deux espèces sont prisées pour leur boistendre, facile à évider pour confectionner lesréservoirs d'air et les tuyaux des soufflets.Malgré la faible densité du bois de Polyscias, lessoufflets ont une durée de vie de 20 à 30 ans,probablement supérieure au laps de temps néces-saire pour que la génération suivante de P. fulvaatteigne une taille suffisante pour la fabricationde nouveaux soufflets (40 à 50 cm de diamètre àhauteur de poitrine).

En revanche, leur bois tendre rend Polysciasfulva et Musanga leo-erreraepeu attractifs pourd'autres usages (construction, bois d'œuvre,cuves à bière). Seuls de rares individus sont abat-tus à de telles fins, et uniquement dans la forêtsecondaire, de sorte que nous recommandonsd'autoriser l'exploitation de ces espèces dans leszones à usages multiples.

Comme combustible, on a signalé l'utilisa-tion d'espèces aussi bien exotiques qu'au-tochtones. Les forgerons donnent la préférence àl'acacia noir (Acacia mearnsii), comme ils le fai-saient déjà à la fin des années 60 (White, 1969).Les espèces autochtones les plus recherchéessont Syzygium guineense(omugote) sur les sitesde basse altitude, et Aguaria salicifolia(etchigu-ra). Parinari excelsa(omushamba) et Sapiumellipticum (omushasha) sont également utilisés.

CANOTS

On ne fabrique et utilise des canotsmonoxyles qu'en un seul endroit de la régioncouverte par le projet DTC (sur le lac Bunyonyi,en bordure de la paroisse de Nyarurambi). Tousces canots sont creusés dans des troncs d'arbrescultivés, principalement du genre Eucalyptus(82%). Aucun tronc ne provient de la forêt deBwindi Impénétrable. Nous considérons doncqu'il n'y a pas lieu de prendre en compte la cons-truction de canots dans la gestion des zones àusages multiples telle qu'elle est envisagée dansla présente étude.

Photo 16. La technologie de fonte du fer introduite sur leshautes terres de Rukiga il y a environ 2000 ans est encore uti-lisée de nos jours sans grands changements par les forgerons(omuhesi) de la région. Soufflets de forge (omuzuba) en bois dePolyscias fulva (omungo) et tuyères d'argile (encheru).

Photo 17. Arbre de Polyscias fulva (omungo).

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BOIS SCULPTÉ - USTENSILES MÉNAGERS

La plupart des foyers de la région étudiéesont équipés de divers ustensiles en bois trèsutiles pour la préparation des aliments(mortiers et pilons pour broyer les céréales etl'arachide), leur stockage (seaux pour le lait) ouleur consommation (cuillères, chopes à bière)(Photo 18).

L'exploitation des arbres comme matériaupour la confection de ces ustensiles est souventsélective, les mortiers nécessitant du bois defeuillu, tandis que chopes et seaux peuvent êtretaillés dans des bois plus tendres. Les feuillussont souvent utilisés aussi pour la fabrication decannes, mais les cannes sculptées destinées aucommerce sont en bois de Rapaneamelanophloeos(omukone) (Tableau 8).

Même si, concentrée sur une seule espèce (p.ex. Rapanea melanophloeos), une exploitation àl'échelle commerciale peut dépasser localementles seuils de viabilité en l'absence de contrôles,les prélèvements en vue de la fabrication d'objetsménagers sont sans grandes conséquences com-parés à des utilisations comme les tuteurs pourles haricots ou les cuves à bière.

Cuves à bière (obwato)

Les cuves à bière creusées dans le bois quisont utilisées pour le brassage de la bière debanane (tonto) constituent un équipement trèsimportant pour les planteurs établis dans le voisi-nage du secteur nord du parc national de BwindiImpénétrable (Photo 19). Ces cuves leur permet-tent de compléter la vente des bananes par uneactivité apportant une "valeur ajoutée" à larécolte de différentes variétés - embiri, kisubi,musaou endizi - le breuvage ainsi obtenu étantensuite proposé sur les marchés des villages.

L'ironie veut qu'en défrichant le sol pour yinstaller des cultures, et notamment la banane, onait détruit la plupart des grands arbres (diamètreà hauteur de poitrine supérieur à 50 cm) con-venant à la fabrication de ces cuves. De plus, lesscieurs de long ont déjà surexploité les stocks decertaines des espèces les plus recherchées pourcet usage (p. ex. Prunus africanaet Newtoniabuchananii). Même si l'on ne considère pas pourl'instant qu'il y a pénurie, la forêt de Bwindirisque, dans un avenir prévisible, d'apparaîtrecomme la dernière grande réserve de bois pourles cuves à bière.

La fabrication de cuves à bière ne doit pasêtre incluse à l'heure actuelle parmi les formesd'exploitation autorisées dans les zones à usagesmultiples. Il convient d'encourager en prioritéune plantation plus extensive de Markhamia,Ficus et Erythrina comme espèces de substitu-tion, et d'explorer d'autres solutions dans les

zones de production du tonto, par exemple dansle district d'Ankole et à proximité de Kampala,où malgré le déboisement, le tonto continued'être produit en grandes quantités. Il est possiblepar exemple d'extraire le jus de banane dans descuves tapissées de cuir de vache (Baranga, J.,communication personnelle, 1992) ou du ciment.

Bien que la culture de la banane se pratiquedans toute la région étudiée, les paroisses les plusactives dans ce domaine, et dans la production detonto, sont celles de Nteko, Mukono, Kanungu etKarangara. A l'exception des paysans pauvresqui, ne disposant que de très peu de terres, nepeuvent dégager des surplus pour la fabricationdu tonto, tous les agriculteurs cultivant la bananepossèdent au moins une cuve. A Nteko, sur unéchantillon de 35 agriculteurs ainsi équipés, 63%(22) ne possédaient qu'une seule cuve, 34% (12)en possédaient deux chacun, et les autres en pos-sédaient trois. Dans cette même paroisse, unagriculteur possédant une seule cuve brassaitdeux fois par mois, et obtenait chaque fois 175litres de tonto. Cela lui rapportait 20 000 shillingspar cuve (soit 40 000 shillings par mois, pour unprix de vente de 2500 shillings le jerrycan de 20litres). Il s'agit donc là d'une activité économiquetrès importante dans la région couverte par leprojet.

Toutes les cuves mesurées dans la région deNteko et Ngoto (79 au total) étaient en bois local.Préférence est donnée au bois des feuillus(Newtonia) pour sa longue durée de vie, et pourles espèces du genre Ficus, dont le bois est moinsdense ou durable, en raison de leur taille. Lesespèces les plus couramment utilisées étaientNewtonia buchananiiet Ficus surdans la régionde Nteko et des espèces non identifiées de Ficus(probablement F. ovataet peut-être aussi F. sur)et Prunus africanadans la région de Ngoto(Tableau 9, page 38). Les grands arbres de lafamille de Ficus, espèces "clés" qui constituentune source majeure de nourriture pour lesoiseaux et primates frugivores, font de ce faitl'objet de coupes sélectives, localisées.

Les arbres du genre Eucalyptusétaient con-sidérés comme étant inadaptés, car se fendanttrop facilement, encore qu'ils soient utilisés pourfabriquer des canots sur les bords du lacBunyonyi. Une fois leur construction achevée,les cuves à bière sont transportées par un grouped'hommes jusqu'à la plantation. La plupart - 92%(42) à Nteko et 61% (17) à Ngoto - avaient moinsde 9 ans d'âge, et rares étaient celles, dans l'uneou l'autre de ces paroisses, qui servaient plus de12 ans. Leur durée de vie dépend des conditionsd'entretien: celles qui sont juchées sur despoteaux ou des pierres pour les isoler du solhumide et protégées par un abri construit aumilieu de la bananeraie font un plus long usage.

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Tableau 8. Espèces des plantes enregistrées pour ciseler le bois dans la région du DTC.

Famille Espèce de plante Nom Rukiga Forme de vie UtilisationAlangiaceae Alangium chinense omukofe arbre pilonsApocynaceae Pleiocarpa pycnantha omutoma arbuste tuyaux de tigesBignoniaceae Markhamia platycalyx (**) omusavu arbre cuillières, mortiersEuphorbiaceae Drypetes gerrardii omushabarara arbre pilons, bâtonsEuphorbiaceae Drypetes bipindensis omushabarara arbre manches de lances, bâtonsEuphorbiaceae Sapium ellipticum omushasha arbre pilonsFabaceae Milletia dura omutate arbre manches de hachesFlacourtiaceae Rawsonia spinidens omusalya arbre peignes, cannesMoraceae Ficus asperifolia omushomora arbuste papier de verreMoraceae Ficus exasperata omushomora arbuste papier de verreMyrsinaceae Rapanea melanophloeos omukone arbre bâtons ciselésRosaceae Prunus africana omumba arbre mortiersRubiaceae Rothmannia longiflora oruchiraje arbuste manches de lancesRubiaceae Aidia micrantha orube arbre manches de lances

Note: Les espèces cultivées sont marquées (**).

Photo 19. Les cuves à bière sont un outilimportant pour le traitement de certaines variétés de bananes qui produit de la valeurajoutée et permet de réduire le poids debananes à transporter. Les bananes sont piétinées pour en extraire le jus.

Photo 18. Fabrication de cuillères en bois deMarkhamia platycalyx (omusavu).

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Toutefois, nombre d'entre elles reposent directe-ment sur le sol et sont simplement recouvertes defeuilles de bananier entre deux brassages. Surl'ensemble des cuves mesurées (79), 72% (57)avaient un diamètre supérieur à 40 cm (Figure 4).Sur la foi de ces relevés, et des explications desplanteurs locaux, nous avons conclu qu'ellesavaient été fabriquées à partir d'individus d'undiamètre à hauteur de poitrine supérieur à 50 cm.

POTEAUX DE CONSTRUCTION

Les poteaux de construction sont utilisésdans toute la région du projet. On sélectionne àcet effet des arbres ou des fougères arborescentesdroites et de préférence solides d'un diamètre

approprié (5 à 15 cm à hauteur de poitrine,Tableau 10).

Les espèces autochtones les plus priséesdans la forêt sont Drypetes spp. (omushabarara),en particulier Drypetes ugandensis et D. ger-rardii, Tabernaemontana sp. (kyniamate),Harungana magadascariensis (omunyananga) etune fougère arborescente, Cyathea manniana(omungunza), pour les poteaux de soutènementet les éléments de charpente, qui doivent êtrecapables de durer, et Arundinaria alpina (omu-ganu) pour les traverses.

Du fait de la densité relativement plus faibledes arbres réunissant les critères requis, il fautplus de travail pour prélever des poteaux dans laforêt que sur des parcelles plantées (Eucalyptus,

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Acacia mearnsii ou Sesbania). Lors d'uneenquête récente conduite dans la région du projetauprès de 120 personnes, les deux espèces citéescomme les plus souvent utilisées pour la cons-truction étaient Eucalyptus(88%, 106) et Acaciamearnsii(49%, 59), et respectivement 77% (92)et 36% (43) des personnes interrogés en avaientplanté (Kanongo, 1990). Les observations sur leterrain montrent clairement que de nombreuseshabitations dans la région sont construites avec lebois de ces espèces cultivées (en particulierEucalyptus), l'utilisation d'espèces exotiquesaugmentant à mesure que l'on s'éloigne de laforêt. Il est recommandé de favoriser l'autosuffi-sance en matériaux de construction par la créa-tion de pépinières et la fourniture de semencesaux planteurs intéressés. Nous déconseillonsl'ouverture de zones à usages multiples où ilserait autorisé de prélever des poteaux de cons-truction.

Le logement compte parmi les besoins depremière nécessité, et les ressources végétalescultivées et sauvages de la région constituent uneimportante source d'approvisionnement pour laplupart des matériaux de construction peu coû-

teux. Bien que la tôle ondulée soit appréciée etcouramment utilisée, il est devenu difficile des'en procurer depuis la fermeture de la frontièreavec le Rwanda, et elle coûte cher. De nom-breuses habitations sont donc couvertes avec desfibres de bananier, ou, à proximité des marais,des touffes de carex (Cyperus latifolius).

La collecte de matériaux pour la couverturedes habitations dans la forêt de BwindiImpénétrable est d'une ampleur négligeable, etles deux principales catégories de matériaux sus-ceptibles d'être prélevés dans les zones à usagesmultiples sont les poteaux de construction et lebambou. Ce dernier étant un matériau qui seprête à de multiples usages et ne se rencontre quedans une partie restreinte du parc national, il afait l'objet d'une section distincte (page 30).

La quantité de bois de construction consom-mée est probablement proche des estimations deHoward (1991) concernant la région de Bwamba,dans l'ouest de l'Ouganda (0,27 m3 de bois parfoyer et par an, soit 0,038 m3 par personne et paran). Bien que ces quantités soient peu importantespar rapport à celles que l'on relève dans d'autresrégions de l'Afrique (p. ex. 1,5 m3 par personne et

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Tableau 10. Espèces des plantes dont les tiges sont utilisées pour fabriquer despoteaux dans la région du DTC.

Famille Espèce Nom Rukiga Forme de vieApocynaceae Tabernaemontana holstii kinyamagozi arbre (FS)Apocynaceae Tabernaemontana odoratissima kinyamagozi arbre (FS)Apocynaceae Tabernaemontana sp. kinyamate arbre (FS)Clusiaceae Harungana madagascariensis omunyananga arbre (FS)Cyatheaceae Cyathea manniana omungunza fougèreEuphorbiaceae Bridelia micrantha omujimbu arbre (FS, C)Euphorbiaceae Croton megalocarpus omuvune arbre (FS)Euphorbiaceae Drypetes bipindensis omushabarara arbreEuphorbiaceae Drypetes gerrardii omushabarara arbreEuphorbiaceae Drypetes ugandensis omushabarara arbreEuphorbiaceae Macaranga kilimanscharica omurara arbreEuphorbiaceae Sapium ellipticum omushasha arbre (C)Fabaceae Acacia mearnsii (**) obulikoti arbre (HF)Fabaceae Baphiopsis parviflora omunyashandu arbreFabaceae Newtonia buchananii omutoyo arbre (C)Lauraceae Ocotea usambarensis omwiha arbre (T, C)Melastomaceae Dichaetanthera corymbosa ekinishwe arbreMyrsinaceae Maesa lanceolata omuhanga arbusteMyrtaceae Eucalyptus spp. (**) uketusi arbre (T, HF)Olacaceae Strombosia scheffleri omuhika arbre (T)Rubiaceae Galiniera saxifraga omulanyoni arbusteSapotaceae Chrysophyllum gorungosanum omushoyo arbre (C)Ulmaceae Trema orientalis omubengabakwe arbre

indet. omukarati arbreindet. omuzo arbre

Note: Espèces cultivées (**), celles qui poussent principalement en-dehors de la forêt (HF) et qui produissent des taillis facile-ment (T). Les arbres de la canopée sont marqués (C) et ceux de la forêt secondaire (FS).

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Très bon

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Très bon

Accepté

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TUTEURS POUR LES HARICOTS

Bien que l'on répertorie plus de 20 variétésde haricots dans la région du projet, celles-cipeuvent être regroupées en deux grandes caté-gories selon leur forme de croissance: haricotsgrimpeurs et haricots de brousse (bush beans).Le haricot est l'un des principaux aliments debase dans la région, et on le cultive dans toutesles paroisses. Les principaux sites de culture duharicot grimpeur sont les paroisses de Rubuguli,Rushaga, Nteko et Lyamabale. Le haricotgrimpeur est plus productif, plus facile à récolteret, nous a-t-on dit, plus tendre et plus facile àcuisiner que le haricot de brousse et le projetDTC en encourage la production pour ces excel-lentes raisons.

Pour pousser, le haricot grimpeur a besoinde tuteurs, dont la collecte constitue une impor-tante activité saisonnière en mai et juin. Etantdonné que la densité des tuteurs est d'environ 50 000 par ha (Photo 20) et qu'ils ne durent que2 ou 3 saisons, il est clair qu'il en faut d'énormesquantités chaque année.

Alchornea hirtella (ekizogwa), un arbuste dusous-étage, constitue l'une des sources d'approvi-sionnement préférées, car il pousse en abon-dance et forme des bosquets de forte densité surlesquels se concentre la collecte. Si élevée quesoit cette densité et celle des autres espèces de laforêt Afro-montagnarde se prêtant à cet usage(Figure 6, page 42), elle est sans communemesure avec la densité des tuteurs dans les

par an à Owambo (Namibie), Erkkila et Siiskonen,1992), les densités de population et le nombred'habitations - et par conséquent la demande depoteaux de construction - sont très élevés au voisi-nage de la forêt de Bwindi (Figure 2, page 5).

La distribution des poteaux de bonne qualitéest inégale et dépend de la structure de la forêt etdes espèces présentes. Là où l'on en trouve, leurdensité est souvent faible (la densité moyenne estde 207 très bons poteaux par ha, soit un total de525 poteaux utilisables par ha (sur 7 parcelles)(Figure 5). Ces valeurs sont très faibles com-parées à la densité de 1363 pieds par ha des peu-plements commerciaux d'Acacia mearnsii,même avec des individus de 12 ans d'âge (éclair-cis) ayant un diamètre moyen à hauteur depoitrine de 14,4 cm (Schönau, 1970), et à la den-sité considérablement plus élevée des parcellesd'Eucalyptus locales.

Ces facteurs, auxquels s'ajoute le caractèreescarpé du terrain, font de l'exploitation desarbres de la forêt comme poteaux de constructionune activité qui prend beaucoup de temps, et iln'est pas surprenant qu'en dehors des agriculteursvivant à proximité de la forêt, la plupart des habi-tants cultivent eux-mêmes Eucalyptus,Markhamia ou Acacia mearnsii ou achètent despoteaux taillés dans ces espèces. La culture debois de charpente est la principale raison d'êtredes plantations d'arbres exotiques dans la régiondu projet (Tableau 10) et à Bambwa (Howard,1991).

Parcelle 1 Parcelle 2 Parcelle 3 Parcelle 4

Parcelle 1 Parcelle 2 Parcelle 2

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champs, et nous avons pu constater qu'une forteproportion (35 à 58%) avait déjà été prélevée.Alors que dans le passé la totalité des tuteursdevait être collectée dans la forêt ou dans ce quien restait, de nombreux agriculteurs plantent àprésent Eucalyptusou Pennisetum purpureum(herbe à éléphants). On s'attend à un accroisse-ment de la demande, que les stocks disponiblesdans les zones à usages multiples ne pourrontdurablement satisfaire. Nous recommandonsdonc que, tout en promouvant la culture du hari-cot grimpeur, le projet DTC encourage les effortsdéjà entrepris de leur propre initiative par lesagriculteurs pour faire pousser des arbres et del'herbe à éléphants en vue de produire destuteurs, et facilite la culture d'autres espèces (p.ex. Sesbania sesban) pour le même usage.

La collecte des tuteurs demande beaucoup detravail. Certaines espèces, comme Alchorneahirtella (ekizogwa) sont plus recherchées qued'autres, mais le choix se porte essentiellementsur les sites fournissant une grande abondance detiges minces (1,5 à 4 cm de diamètre) et droites,et permettant donc de récolter un maximum detuteurs en un temps donné, plutôt que sur telle outelle espèce particulière.

Bien que l'on utilise des espèces (et desformes de vie) très variées (Tableau 11, page 43),les sites les plus exploités sont ceux qui offrentune forte densité de tuteurs potentiels: sites per-turbés (p. ex. broussailles dominées par Acanthusarboreus(amatojo), forêt secondaire avec sous-étage dominé par Alchornea hirtella(ekizogwa),où cette densité a été renforcée par la formationde rejets, ou les peuplements de Brillantaisia lelong des cours d'eau. De même, tout en utilisantaussi des résidus de récolte comme les tiges demanioc (Manihot utilissima), on préfère les peu-plements cultivés de Pennisetum purpureumoud'Eucalyptus, qui donnent l'un comme l'autre destiges presque uniformément droites et d'undiamètre adéquat qu'il est possible de collecterplus rapidement sur une superficie plusrestreinte.

BOIS DE FEU

Même si le bois de feu représente la plusgrosse utilisation du bois dans la région étudiée(140 000 m3 selon les estimations), une enquêterécente dans le cadre du projet DTC (Kanongo,1990) a montré que la plus grande partie de ce boisest fournie par des arbres cultivés, et qu'une faibleproportion seulement (9 = 7,5%) provient de la

forêt. Cela est confirmé par les observations sur leterrain et les données réunies par Kanongo (1990)qui montrent qu'on n'utilise que du bois sec, et parle prix peu élevé du bois de feu dans la région.

Comme dans la plus grande partie del'Afrique rurale, le bois est la principale sourced'énergie domestique utilisée pour la cuisine et lechauffage dans la région étudiée (Tableau 12,page 43). Le bois est utilisé aussi pour la distilla-tion du waragi et la cuisson de briques et de potsd'argile. Certaines espèces autochtones sontappréciées (Tableau 13, page 43), mais les prin-cipales sources de bois de chauffage sont lesrésidus de récolte et les arbres cultivés (p. ex.Eucalyptus, 58% et acacia noir, Acacia mearnsii,73%). Seulement 7,5% des 120 personnes inter-rogées lors d'une enquête récente dans le cadredu projet DTC s'approvisionnaient en bois dechauffage dans la forêt.

Photo 20. La densité moyenne des tuteurs est de 50 000par ha dans les champs de haricots.

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Tableau 12. Utilisations du bois de feu pour la cuisine et attitudes des utilisateurs dans la régiondu DTC (après Kanongo, 1990).

Principale source d’énergie Bois le plus utile Source de bois Pourquoi une telle rareté?(cuisine) (cuisine)

Bois sec 120 (100%) Acacia mearnsii 87 (72.5%) De notre terre 102 (85%) Peu de plantations 87 (72.5%)Résidus de récolte 12 (10%) Eucalyptus 69 (57.5%) Plantations 30 (25%) Surpopulation 48 (40%)Charbon de bois 15 (12.5%) Autres (principalement indigènes) Forêt 9 (7.5%) Récolte illégale Kérosène 9 (7.5%) 21 (17.5%) Acheté au marché 5 (4.2%) dans la forêt 21 (17.5%)

Cupressus 7 (5.8%) Autres sources 3 (2.5%) Changement de climat 14 (11.7%)Charbon de bois 5 (4.2%) Autres (terre insuffisante, deboise-

ment), 9 (7.5%)

Tableau 11. Espèces de plantes utilisées pour des tuteurs de haricots dans la région du DTC.

Famille Espèce Nom Rukiga Forme de vieAcanthaceae Acanthus arboreus amatojo arbuste (HF)Acanthaceae Brillantaisia sp. echunga arbusteAsteraceae Vernonia sp. ekiheriheri arbusteEuphorbiaceae Alchornea hirtella ekizogwa arbuste (T)Euphorbiaceae Sapium ellipticum omushasha arbreEuphorbiaceae Manihot utilissima (**) [cassava] arbuste (HF)Fabaceae Tephrosia vogelii omukurukuru arbuste (HF)Fabaceae Acacia mearnsii (**) obulikoti arbre (HF)Lauraceae Ocotea usambarensis omwiha arbre (T)Myrtaceae Eucalyptus spp. (**) uketusi arbre (T, HF)Poaceae Arundinaria alpina omugano bambouPoaceae Pennisetum purpureum (**) ekyibingo herbe (HF)Rubiaceae Galiniera saxifraga omulanyoni arbusteRubiaceae Oxyanthus subpunctatus ? arbusteRubiaceae Psychotria schweinfurthii omutegashali arbusteRubiaceae Rytigynia kigeziensis nyakibazi arbuste (T)

Note: Espèces cultivées (**), celles qui poussent principalement en-dehors de la forêt (HF) et celles qui produissent des taillis facilement (T).

Tableau 13. Espèces de plantes favorisées pour le bois de feu et charbon de bois dans la régiondu DTC.

Famille Espèce Nom Rukiga Forme de vie Utilisation

Ericacaeae Agauria salicifolia ekyigura arbre charbon de boisEuphorbiaceae Bridelia micrantha omujimbu arbre bois de feuEuphorbiaceae Sapium ellipticum omushasha arbre bois de feuFabaceae Acacia mearnsii (**) obulikoti arbre bois de feuFabaceae Albizia gummifera omushebeya arbre bois de feuFabaceae Newtonia buchananii omutoyo arbre bois de feuFabaceae Milletia dura omutate arbre bois de feuLauraceae Ocotea usambarensis omwiha arbre bois de feuMyrsinaceae Maesa lanceolata omuhanga arbuste bois de feuMyrtaceae Eucalyptus spp. (**) uketusi arbre bois de feuMyrtaceae Syzygium guineense omungote arbre bois de feuProteaceae Faurea saligna omulengere arbre charbon de boisRosaceae Hagenia abyssinica omujesi arbre charbon de boisRubiaceae Galiniera saxifraga omulanyoni arbuste bois de feuTiliaceae Glyphaea brevis omusingati arbre mèche à feuUlmaceae Trema orientalis omubengabakwe arbre bois de feu

Note: Les espèces exotiques cultivées sont marqées (**).

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La collecte de bois mort n'a que peu d'inci-dences par rapport aux prélèvements de bois vivantpour l'approvisionnement en combustible, entuteurs de haricots ou en matériaux de construc-tion. La direction du parc national devrait étudiertrois options en ce qui concerne le bois de feu:(1) les personnes vivant à la périphérie de la

forêt seraient autorisées à ramasser du boismort, y compris des arbres morts, peut-êtredeux fois par semaine;

(2) la collecte de bois mort déjà à terre seraitautorisée, mais non l'abattage des arbresmorts, dans lesquels nichent de nombreuxbarbicans et calaos, et qui constituent uneimportante source de nourriture pour lespics;

(3) l'accent serait mis essentiellement sur lafourniture d'autres sources de bois dechauffage en dehors de la forêt, sachant quel'exploitation du bois mort présent dans leszones à usages multiples ne peut satisfairequ'une fraction des besoins locaux.

Utilisation durable des produitsligneux

Même si la distinction dans la terminologieforestière entre "produits principaux" et "pro-duits forestiers non-ligneux" reflète les préoccu-pations particulières des forestiers gérant le boisd'œuvre, les faibles taux de croissance des feuil-lus font des "produits principaux" une catégorieprécieuse, surtout lorsqu'une même espèce sert àde multiples usages selon la classe d'âge.

Nous l'avons vu, l'exploitation de la forêtpose des problèmes très différents en comparai-son avec celle des zones où la diversité desespèces est réduite et leur productivité élevée,comme les marais peuplés de Phragmitesou lesprairies de Cymbopogon, où la récolte est saison-nière et facile à gérer et où les peuplementsappropriés font l'objet de coupes rases repérablesau premier coup d'œil.

La forêt de Bwindi se situe à l'autreextrémité de l'échelle. Alors que les roseaux sontcoupés tous les ans (Cunningham, 1985), l'ex-ploitation durable du bois d'œuvre dans la forêtsuppose un cycle de 100 ans (Leggatt etOsmaston, 1961). Les arbres ont un rythme decroissance lent, de sorte qu'à la différence desroseaux qui repoussent en un an à partir de leursrhizomes souterrains, le laps de temps nécessaireentre l'exploitation finale d'un arbre et son rem-placement par un nouvel arbre mûr est rarementinférieur à 50 ans, et atteint souvent 200 ans(pour les chênes d'Europe, par exemple).

Sur la base des taux de croissance mesurésdans les forêts de montagne de l'Afrique australe,Stapleton (1955) a calculé que, dans des condi-

tions normales, le temps nécessaire pour parvenirà une maturité autorisant leur commercialisationest de 230 ans pour Podocarpus latifolius, de 220ans pour Ocotea bullataet de 200 ans pour Olealaurifolia.

L'abattage, en particulier lorsqu'il est méca-nisé, affecte les forêts parvenues à maturité, enchangeant leur structure et la répartition desespèces, avec pour résultat des trouées dans lacanopée (Howard, 1991). S'ajoutant aux dif-férences dues à la topographie et à la nature dusol, il aboutit à une distribution inégale, sur leplan des espèces comme des catégories d'âge, desarbres et arbustes utilisés pour les soufflets deforge, les habitations, les cuves à bière ou lestuteurs. Il influe en outre sur la quantité deressources disponibles par augmentation dunombre des jeunes sujets (tuteurs, poteaux deconstruction), par colonisation sur les sites per-turbés (p. ex. par Polyscias fulvaou Maesopsiseminii) ou par diminution des stocks de grandsarbres feuillus sous l'effet de la surexploitation etdes utilisations concurrentes comme bois d'œu-vre.

Utilisations concurrentes

Cette situation est encore compliquée par lesutilisations concurrentes qui sont faites desjeunes arbres ou gaules d'une même espèce, d'au-tant que la forêt de Bwindi Impénétrable est detoutes les grandes forêts de l'Ouganda la plusexploitée par les scieurs de long (Figure 7).

Pour les forestiers, dont l'objectif est l'ex-ploitation du bois d'œuvre fourni par les feuillus,les jeunes individus des "espèces réservées"(Tableau 14, page 46) constituent la base de larégénération. Pour les membres des commu-nautés rurales locales, ils représentent aussi unesource importante de bois pour la fabrication descuves à bière (diamètre à hauteur de poitrine >50cm), de matériaux de construction (dbh 5-15 cm)ou de tuteurs pour les haricots (dbh 1,5-5 cm), lesbois à forte densité étant recherchés pour leurplus grande résistance aux attaques des insectestérébrants ou aux infections fongiques.

C'est pourquoi, malgré leur statut d'"espècesréservées", les feuillus tels que Newtoniabuchananii (omutoyo) et Prunus africana(omumba) sont, et demeureront sans doute,préférés à d'autres espèces pour la fabrication descuves à bière, de même que Ocotea usambaren-sis (omwiha) pour les poteaux de construction.

Les tiges coupées pour servir de tuteurs sontsélectionnées en fonction de leur taille plus quede l'espèce, mais lorsque de jeunes individus desespèces de la canopée sont de la taille voulue, ilssont coupés eux aussi (comme p. ex. Strombosiascheffleri (omuhika) et Ocotea usambarensis(omwiha) dans la forêt secondaire durant notre

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Exploitée mécaniquement post-1951

Sciage intensif (>20% d'arbres supérieurs à 50 cm de diamètre)

Sciage sélectif (5-20% d'arbres supérieurs à 50 cm diamètre)

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Sévèrement entamée (>30% de la couverture de la canopée enlevée)

Légèrement entamée (5-30% de la couverture de la canopée enlevée)

Essentiellement intacte

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Tableau 14. Utilisation d’arbres et d’arbustes de forêt selon les classes de tailles pour le bois de sciage (> 50 cm de diamètre), cuves à bière (< 50 cm de diamètre), poteaux pour la construction (5-15 cmdiamètre) et tuteurs de haricots (1.5-5 cm de diamètre) dans la forêt de Bwindi.

Espèces de plantes Nom Rukiga Forme de vie Scié Cuves Poteaux pour Tuteursà bière la construction de haricots

Alangium chinense omukofe arbre *** * *Albizia gummifera omushebeya arbre (FS) * *Alchornea hirtella ekizogwa arbuste * ***Arundinaria alpina omugano bamboo * ***Baphiopsis parviflora omunyashandu arbre *** *Beilschmidia ugandensis omuchoyo arbre *Bridelia micrantha omujimbu arbre (FS) *** *Carapa grandiflora omuruguya arbre * *Chrysophyllum gorungosanum (R) omushoyo arbre (C) *** * *Croton megalocarpus omuvune arbre (FS) * *Cyathea manniana omungunza arbre fern ***Dichaetanthera corymbosa ekinishwe arbre *Drypetes gerrardii omushabarara arbre *** *Drypetes ugandensis omushabarara arbre *** *Entandrophragma excelsum (R) omuyovi arbre (CP) *** * *Faurea saligna omulengere arbre (FS) *** *Ficalhoa laurifolia (R) omuvumaga arbre *** ***Ficus sur omulehe arbre ***Ficus spp. (F. ovata etc) ekyitoma arbre ***Galiniera saxifraga omulanyoni arbuste * ***Harungana madagascariensis omunyananga arbre (FS) *** *Macaranga kilimanscharica omurara arbre * *Maesa lanceolata omuhanga arbuste *** *Maesopsis eminii (R) omuguruka arbre (FS) *** ***Markhamia platycalyx omusavu arbre (FS) * *** *Newtonia buchananii (R) omutoyo arbre (C) *** *** *Ocotea usambarensis omwiha arbre (C) *** *** *Oxyanthus subpunctatus ? arbuste ***Parinari excelsa omushamba arbre ***Podocarpus latifolius (R) omufu arbre *** * ***Prunus africana omumba arbre (C) *** *** ***Psychotria schweinfurthii omutegashali arbuste ***Sapium ellipticum omushasha arbre (C) * *** * *Strombosia scheffleri omuhika arbre (C) *** *** *Symphonia globulifera (R) omusisi arbre (C) *** * *Syzygium guineense omugote arbre ***Tabernaemontana holstii kinyamagozi arbre (FS) ***Tabernaemontana sp. kinyamate arbre (FS) ***Zanthoxylum gilletii omulemankobe arbre (C) *** *indet. omukarati arbre ***

Note: Les espèces d’arbres de la canopée sont indiquées (C) et les espèces de forêt secondaire (FS); *** espèce préférée, ** acceptable, * utilisation occasionnelle.

enquête). Or, ces espèces ne sont pas seule-ment une ressource utile pour les populationslocales, elles représentent la canopée du siècleprochain.

Les arbres à bois de faible densité et les petitsarbustes échappent toutefois à de telles utilisationsconcurrentes. C'est le cas par exemple:(1) des espèces à bois de faible densité utilisées

pour la fabrication des cuves à bière, mais

non comme bois d'œuvre ou comme poteaux(grands Ficus tels queFicus sur- omulehe,et F. bracypoda- ekyitoma);

(2) des espèces colonisatrices de la forêt secondaire - Polyscias fulva(omungo) et,plus rarement, Musanga leo-errerae(omu-tunda) - utilisées pour les soufflets de forge,mais impropres à d'autres usages du fait deleur bois tendre;

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(3) des arbustes du sous-étage tels quePsychotria schumanniana(omutegashali)utilisés comme tuteurs pour les haricots,mais non comme bois d'œuvre ou pour lescuves à bière, et rarement comme poteaux.

L'offre et la demande de bois

S'agissant du bois de feu et des poteaux deconstruction, la situation de l'offre et de lademande dans la région du projet est similaire àcelle qu'a décrite Howard (1991) dans les dis-tricts de Bwamba et Bajonjo, dans l'ouest del'Ouganda, au nord-est du parc national deBwindi Impénétrable. La densité de populationest élevée et l'occupation des terres dans cesrégions de culture intensive se situe à un niveauà peu près identique - 0,2 ha par habitant dans larégion du projet (Kanongo, 1991); 0,26 et 0,19ha par habitant respectivement dans les districtsde Bwamba et de Bakonjo (Howard, 1991).

Dans le district de Bwamba, Howard (1991)avait calculé que les 121 600 habitants (17 000foyers) auraient besoin chaque année d'environ151 000 m3 de bois de feu et de 4600 m3 depoteaux de construction (sur la base d'un taux deconsommation annuel de bois de feu de 1,24 m3

par habitant et d'un besoin annuel en poteaux deconstruction de 0,27 m3 par foyer ou de 0,038 m3

par habitant). La région couverte par le projetDTC a une population similaire (un peu plus de99 000 habitants, 19 000 foyers).

La destruction rapide, due aux défrichementset aux brûlis, de la forêt d'origine à l'extérieur duparc national a aggravé cette situation. En 1954,on relevait encore approximativement 120 km²de forêt dans un rayon de 15 km autour de la forêtde Bwindi. En 1972, cette couverture forestière n'était plus que de 42 km², et en 1983, il en restaitmoins de 20 km² (Butynski, 1984). Aujourd'hui,à l'exception de quelques îlots de forêt sur le ter-ritoire des paroisses les moins peuplées commeNteko, il ne subsiste pratiquement plus rien.

La disparition de la forêt à l'extérieur du parcnational de Bwindi Impénétrable a eu pour effetde réduire les réserves non seulement de bois defeu et de poteaux de construction, comme l'anoté Howard (1991), mais aussi les stocksnaturels de tuteurs pour les haricots, pourlesquels un diamètre relativement faible est suffisant, mais dont les agriculteurs ont besoinen très grandes quantités, et de bois pour lescuves à bière qui, bien que les besoins en soientmoindres, est fourni par les grands arbres, dontcertaines espèces sont déjà surexploitées par lesscieurs de long (Newtonia, Prunus) ou qui sontdes "espèces-clés" recherchées par les oiseaux etprimates frugivores (Ficus, Prunus). En con-séquence, la demande s'oriente de plus en plusvers le parc national.

Disponibilités des ressources ligneuses

Pour la fabrication des cuves à bière, il fautdes grands arbres (d'un diamètre à hauteur depoitrine en général supérieur à 50 cm) et la plu-part des cuves mesurent plus de 40 cm dediamètre (Figure 4, page 38). Or la densité desgrands arbres est faible dans les zones à usagesmultiples, si l'on en juge par les observations surle terrain et un comptage effectué sur une par-celle de 1 ha dominée par Allanblackia -Syzygium guineenseet considérée commereprésentative de la forêt. Cette partie de la forêtpouvait fournir un grand nombre de cuves à bièrepar ha en raison de son terrain plat et parcequ'elle avait été épargnée par les scieurs de longdans le passé.

En dépit de cela, seulement 3 (2,6%) des 114arbres d'un dbh >30 cm (ou 4,6% des arbres d'undbh >50 cm) convenaient pour la fabrication decuves à bière. Exception faite des sites humidesprésentant une forte densité de Ficus, le nombred'arbres répondant aux critères requis estvraisemblablement encore plus faible dans lesparties de la forêt exploitées par les scieurs delong. Il est probable, toutefois qu'il faudrait 20ou 30 ans pour que Ficus sur et Ficus ovataatteignent le diamètre voulu (50 cm de dbh), ou40 à 50 ans dans le cas de Prunus africanaouNewtonia buchananii, c'est-à-dire beaucoup plusque la durée de vie moyenne d'une cuve à bière(9 ans).

L'amélioration du réseau routier et les pro-grès de l'urbanisation devraient entraîner uneaugmentation du commerce de la bière debanane, et donc de la demande de cuves à bière.

Les poteaux de constructionsont fournis pardes arbres de taille intermédiaire entre celle quedoivent avoir les tuteurs pour les haricots et celleque requièrent les cuves à bière. Les mesures quan-titatives effectuées sur des parcelles de 20 x 20 m afin de déterminer le nombre d'arbresprésentant la durabilité, le diamètre et le tronc droitnécessaires pour servir de poteaux de constructionont montré que ces arbres étaient moins nombreuxpar ha (Figure 8) que ne l'avaient préalablementestimé les utilisateurs potentiels sur la base d'éva-luations visuelles. Il convient donc d'accueillir avecune certaine prudence les évaluations visuelles despopulations locales citées par Scott (1992).

Sur chacune des sept parcelles ainsi exa-minées, en moyenne 20,8% seulement des indi-vidus (8,3) ont été considérés comme faisant d'ex-cellents poteaux de construction et 52,7% (21)comme acceptables (Figure 5, page 40). Même sice nombre de parcelles est insuffisant, on peut enconclure, en l'absence d'autres données, que ladensité moyenne par ha est de 207 très bonspoteaux, ou de 525 individus exploitables.

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L'abattage des jeunes arbres restait limitéet, malgré la forte demande de poteaux de cons-truction, seuls quelques endroits épars dans laforêt secondaire avaient fait l'objet d'une col-lecte intensive. Cela s'explique, pensons-nous,par les nombreuses plantations d'Eucalyptus etd'acacia noir, dont l'exploitation demandemoins de travail.

Les comptages effectués durant notre enquêtesur des parcelles de 20 x 20 m dans les champs deharicots grimpeurs des environs de Rubuguli etNteko ont dénombré 48 000 à 52 000 tuteurs parha. Par comparaison, deux parcelles dominées parAlchornea hirtella (ekizogwa) du sous-étage de laforêt où les agriculteurs vont s'approvisionner leplus souvent (en raison de leur densité parti-culièrement élevée) (Figure 6, page 42) conte-naient chacune 479 à 630 arbres exploitables surune superficie de 20 x 20 m, soit approximative-ment 12 000 à 16 000 tuteurs par ha - moins de lamoitié de la quantité requise dans les champs.

Les tuteurs durent 2 à 3 saisons, et le haricotest une des cultures principales dans les

paroisses de Rubuguli, Nteko, Rushaga et Nyamabale. La demande totale dans la région duprojet doit représenter chaque année des milliersde jeunes individus.

Deux autres remarques s'imposent à ce sujet.Premièrement, la distribution des peuplementsdominés par Alchornea hirtella est inégale et ladensité des arbres exploitables est beaucoup plusfaible dans les zones environnantes (3000 à 6000tuteurs par ha). Deuxièmement, les bosquetsd'Alchornea hirtella sont déjà lourdementexploités: 58% (429) des tiges étaient coupéesdans la parcelle présentant la plus forte densité et35% (186) dans la parcelle voisine, moins dense(Figure 9).

Ressources ligneuses cultivées

La région couverte par le projet DTC est déjàconfrontée à des pénuries de bois de chauffage, depoteaux de construction et de tuteurs pour les hari-cots, et il est probable que les grands arbres uti-lisés pour les cuves à bière viendront à manquerdans l'avenir. Les populations locales sont con-

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Tableau 15. Attitudes et approches envers la plantation d’arbres dans la région du DTC (d’après lesdonnées de Kanongo, 1990).

Raisons des Espèces Source des Espèces préférées Emplacement deplantations plantées pousses pour la construction plantation(n = 115) (n = 120) (n = 120) (n = 120) (n = 120)

Construction (73) Eucalyptus (92) Pousses du Eucalyptus (106) Terre non cultivée (98)Bois de feu (28) Acacia mearnsii (46) propriétaire (89) Acacia mearnsii (59) Autour de la maison (49)Vente (5) Cupressus (43) Dept. des forêts (33) Cupressus (14) Limites des champs (47)Autres (9) Markhamia (5) Pépinière Markhamia (10) Parmi les plantations (34)

Sesbania (5) de communauté (13) Autres (9) En pâturage (29)Autres (2) Autres (8) Terre en jachère (19)

Autres (bords de routes) (4)

Photo 22. Exemplaire d’Entandrophragma excelsum(omuyovi) planté en 1950 par le père décédé de M. K.Byarugaba dans la même ferme.

Photo 21. M. K. Byarugaba, planteur de seconde génera-tion d’Entandrophragma excelsum (omuyovi) avec l’undes six arbres d’un an dans la ferme de Ngoto.

scientes des raisons de ces pénuries et des solu-tions qui doivent être adoptées.

Des arbres (Eucalyptusen particulier) sontplantés dans la région étudiée, essentiellementpour fournir des poteaux de construction, maisleur nombre est insuffisant pour satisfaire lademande actuelle ou future (Tableau 15). ABwamba aussi, les arbres plantés le sont princi-palement pour répondre à la demande de poteauxde construction, mais on estime qu'ils ne four-

nissent que 328 m3 alors que les besoins annuelss'élèvent à 151 000 m3 pour le bois de feu et à4600 m3 pour les poteaux de construction et quela demande de bois de charpente augmentechaque année de 5280 m3. Il est probable que lasituation est similaire dans la région du projet.De l'herbe à éléphants (Pennisetum purpureum)et des arbres (en particulier Eucalyptus) sontégalement plantés en vue de récolter des tuteurspour les haricots, ainsi que des boutures de Ficus

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Encadré 6. Recommandations relatives à l'utilisation du bois

∗ Il conviendrait, en toute priorité, de planter des arbres en dehors des réserves forestières, comme l'ont recommandéButynski (1984), Hamilton (1984), Struhsaker (1987) et Howard (1991). L'unique rideau de Cupressus qui marque actuelle-ment les limites du parc national de Bwindi Impénétrable devrait être doublé d'une bande d'arbres exotiques ou locaux àcroissance rapide pouvant être utilisés aussi bien comme bois d'œuvre que comme bois de feu.

∗ Les initiatives déjà prises par les paysans locaux en matière d'arboriculture doivent être soutenues par une fourniture plusimportante de semences et la création de pépinières. Le personnel du projet DTC participe déjà à un programme d'agro-foresterie. Outre les travaux en cours, il conviendrait d'identifier les zones critiques caractérisées par une forte populationhumaine, une faible couverture forestière et un terrain escarpé et de centrer en priorité les efforts sur ces zones, car,compte tenu de l'érosion du sol, il est peu probable que des cultures à rotation rapide y soient viables à long terme.

∗ Il conviendrait d'encourager la culture du bambou et de l'herbe à éléphants (Pennisetum purpureum) comme moyen destopper l'érosion sur les berges et dans les vallées, et comme source de matériaux de construction et de tuteurs pour lesharicots.

∗ Sous réserve de recherches plus poussées, il serait bon d'enregistrer les artisans confectionnant des objets en bois sculp-té des paroisses situées dans la région couverte par le projet DTC et de les associer à un système de gestion par rotationdes plantes utilisées pour la fabrication d'ustensiles ménagers (p. ex. Rapanea melanophloeos pour les cannes).

∗ Les forgerons devraient être autorisés à couper des arbres de l'espèce Polyscias fulva dans les zones à usages multiplespour la fabrication des soufflets de forge.

∗ CARE/DTC-Ouganda devrait aussi encourager la culture d'arbres convenant pour la fabrication des mortiers et des objetsen bois sculptés (p. ex. Markhamia platycalyx, Rapanea melanophloeos) et étudier la possibilité d'introduire des moulinsd'une technologie appropriée pour remplacer les mortiers en bois de feuillus comme moyen de moudre le millet etl'arachide.

∗ L'abattage d'arbres destinés à la fabrication de cuves à bière, de poteaux de construction ou de tuteurs pour les haricotsdevrait être totalement interdit dans les zones à usages multiples.

∗ Des efforts particuliers devraient être consentis afin de créer de nouvelles sources de bois de feu à l'extérieur de la forêt,compte tenu du fait que l'exploitation du bois mort présent dans les zones à usages multiples ne peut satisfaire qu'une frac-tion des besoins locaux, et que les moyens en personnel sont insuffisants pour assurer la gestion de ces zones.

∗ Il conviendrait d'associer les dirigeants des communautés d'échelon égal ou supérieur à RC1 à la plantation d'arbres, afinqu'ils incitent les populations à atteindre des objectifs donnés dans ce domaine.

∗ Les briquetiers, les potiers et les distillateurs de waragi devraient être encouragés à planter un plus grand nombre d'arbrespour compenser les taux de consommation de combustible plus élevés que nécessite leur activité.

∗ Toute collecte de bois de feu ou de poteaux de construction devrait être interdite dans les parties de la forêt détruites parun incendie. Qu'ils soient à terre ou debout, les arbres jouent un rôle important en empêchant l'érosion sur les pentesabruptes, et aussi en fixant les semences, tout en servant de perchoirs aux oiseaux qui dispersent les graines en directiondes sites perturbés. Autoriser l'utilisation du bois pour le chauffage pourrait en outre inciter à incendier la forêt plus sou-vent si la pénurie de bois s'aggravait, au lieu de planter des arbres pour y remédier.

∗ Les recommandations tendant à ajouter au parc national de Bwindi Impénétrable une partie des terres adjacentesdevraient être appliquées le plus rapidement possible, même quand ces terres sont dans des zones à usages multiples.Les sites à considérer en priorité sont le couloir de Kitahurira, qu'il faudrait élargir en y concentrant les efforts de planta-tion et Ngoto Swamp, où une bande de terre d'au moins 50 m de large autour du marais devrait être négociée en vue d'yplanter des arbres. Il conviendrait d'autoriser la poursuite de toutes les utilisations des plantes du marais dominé parCyperus papyrus (efundjo) et de planter autour de ce marais des boutures de Ficus qui fourniront demain du bois pour lafabrication des cuves à bière.

∗ Même si l'on plante déjà communément des espèces exotiques, certaines espèces autochtones pourraient répondre auxbesoins locaux elles aussi et méritent d'être prise en considération. C'est ainsi que Maesopsis eminii, Harungana mada-gascariensis, Maesa lanceolata, Dodonaea viscosa, Trema orientalis, Milletia dura et M. lutea poussent bien sur les sitesperturbés, se prêtent à de nombreux usages (dont la construction) et sont bien adaptés aux conditions locales. L'aptitudeexceptionnelle d'Alchornea hirtella à produire des rejets en fait un bon candidat pour une exploitation périodique sur desparcelles privées.

pour la fabrication des cuves à bière (plantationssignalées dans la région de Ngoto) et les canots(lac Bunyonyi). En certains endroits, on a mêmeplanté des feuillus pour fournir du bois de char-

pente, dont Entandrophragma(omuyovi) (Photos20 et 21) qui atteint un dbh de 90 cm en 40 ans.De telles initiatives locales doivent être recon-nues et encouragées.

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52 DOCUMENT DE TRAVAIL PEUPLES ET PLANTES 4, DÉCEMBRE 1996Peuples, parc et plantesA.B. CUNNINGHAM

Les potentialités que recèlent les forêts tropicalescomme sources de nouveaux médicaments etautres produits naturels et comme réserves devariétés sauvages des plantes cultivées sont l'unedes raisons souvent avancées pour justifier leurconservation.

La forêt de Bwindi Impénétrable ne fait pasexception: au moins une entreprise commercialeespère y découvrir de nouveaux antibiotiques, etil n'y a pas lieu de s'y opposer dès lors qu'elle satisfait à certaines conditions.

Malheureusement, ceux qui voient dans lesforêts une source de nouveaux produits naturelsprésentant une valeur commerciale ne s'inquiè-tent guère de trouver des formules de partenariatéquitables qui permettent à la région d'origine duproduit de recouvrer une partie des profits réa-lisés - qu'il s'agisse d'une huile, d'une moléculeorganique utilisée comme base d'un nouveaumédicament ou de matériel génétique permettantde mettre au point une variété de plante cultivéerésistant à telle ou telle maladie.

Il convient aussi de tenir compte des effetséventuels d'une exploitation extractive des pro-duits de la forêt. Ces deux problèmes doivent êtresérieusement considérés par les organismes dedéveloppement et de conservation qui travaillenten partenariat à la périphérie du parc national deBwindi Impénétrable.

Les graines d'Allanblackia kimbiliensissontune source de matières grasses qui pourraienttrouver des utilisations dans l'industrie des pro-duits et savons cosmétiques. Dans les montagnesde l'Usambara, en Tanzanie, les graines d'A.stuhlmannii, une espèce étroitement apparentée,contenant 51% de graisse comestible sont collec-tées et vendues par les populations locales à laGAPEX (General Agricultural Products ExportCompany) qui en extrait une graisse ferme,blanche et légèrement friable (FAO, 1983a).

Les graines de Carapa grandiflora (omu-ruguya), que les populations locales exploitenten faibles quantités pour en extraire une huileutilisée pour les soins de beauté comme substitutde la vaseline, pourrait intéresser aussi l'industriedes cosmétiques.

Myrianthus holstii (omufe) (Photo 7, page18), pourrait présenter un certain intérêt dans ledomaine de l'amélioration génétique en tant quenouvelle culture, tout comme l'espèce voisine M.arboreusqu'il a été proposé de planter pour enrécolter les fruits (FAO, 1983a). Bien que lesfruits de M. holstiisoient vendus en petites quan-tités sur les marchés locaux, la mise en valeur decette plante comme nouvelle culture fruitièreserait une entreprise à long terme moins rentabledans l'immédiat que celle des deux espèces sus-mentionnées.

De nombreuses familles de plantes sontreprésentées dans la forêt de Bwindi, parmilesquelles certaines espèces endémiques dans larégion qui pourraient servir de bases à de nou-veaux médicaments. C'est ainsi que lesRubiaceae et les Apocynaceae comprennent desespèces riches en alcaloïdes.

Les champignons comestibles, par exempleLentinus prolifer (Photo 8, page 18), pourraientégalement être mis en culture, peut-être sur desrésidus de récolte comme cela se pratique enAsie (FAO, 1983b).

Refuge du pléistocène caractérisé par uneforte diversité biologique et topographique, leparc national de Bwindi Impénétrable a un solriche en micro-organismes tels que les actinomy-cètes, qui sont une source potentielle de nou-veaux antibiotiques.

L'ouest de l'Ouganda, y compris la forêt deBwindi, regorge également de plantes qui pour-raient se prêter à l'horticulture, notamment lesendémiques régionaux appartenant au genreImpatiens.

Plusieurs variétés sauvages de plantes cul-tivées, par exemple Vigna luteolus, apparentée aupois de vache, de nombreuses Cucurbitacées, tellesque Coccinia mildbraedii, ou encore le caféiersauvage (Coffea), pourraient se révéler utiles, demême que les plantes qui ont retenu l'attention dela communauté scientifique internationale en rai-son de leur intérêt pour les programmes de créationpar hybridation de nouveaux types de fourrages (p.ex. Trifolium et Aeschynomene), d'autant qu'il s'agit ici d'un refuge de haute altitude.

Nouveaux produits naturels présentant despotentialités commerciales

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A.B. CUNNINGHAM

Les agriculteurs de la région couverte par leprojet DTC cultivent et connaissent extrêmementbien des plantes originaires de l'Afrique, commeEleusine coracana(éleusine) et Sorghum, ouintroduites sur le continent, comme la banane etla patate douce.

Les importantes variations d'altitude entreles champs cultivés sont sans doute l'une desraisons pour lesquelles la variété des races géo-graphiques est plus grande ici que dans beaucoupd'autres régions. Les agriculteurs locaux ont unebien meilleure connaissance de ces races géo-graphiques locales que la plupart des phy-togénéticiens, et distinguent au moins 20 variétésde haricots, 16 variétés de bananes, 9 variétés depatate douce et un certain nombre de raceslocales de l'arachide, de l'éleusine et du manioc.Des mesures doivent être prises dans la région duprojet afin d'éviter l'érosion génétique de cesraces géographiques par suite de l'introduction denouvelles variétés à haut rendement.

L'avenirDans un avenir prévisible, les ressourcesforestières feront l'objet d'une demande accrue.Un vaste effort de plantation d'arbres apparaîtnécessaire, ne serait-ce que pour combler ledéficit actuel, sans même parler des besoins de

bois futurs. Howard (1991), Struhsaker (1987) etd'autres auteurs ont souligné l'importance de laplanification familiale pour la réussite à longterme de tout programme de conservation.

Si les mesures de protection de la forêt per-mettent de corriger les effets de la surexploitationpassée du bois d'œuvre, il y aura lieu de réviser lesrecommandations relatives aux méthodes de ges-tion. Les forêts sont des systèmes dynamiques, etdans l'éventualité d'un rétablissement suffisant dela forêt adulte, on pourrait envisager de nouveauun abattage sélectif et contrôlé des grands arbrespar les scieurs de long ou par les fabricants decuves à bière, de façon à ouvrir des clairières,créer des perturbations et favoriser la diversité.Cela ne devrait pas se produire avant 40 à 50 ans,mais il importe d'y penser.

Si l'urbanisation progresse en Ougandacomme elle l'a fait ailleurs en Afrique, il estégalement probable que le commerce des plantesmédicinales traditionnelles prendra de l'ampleur.Aussi faut-t-il le surveiller de manière à enanticiper le développement par la mise en culturedes espèces à croissance lente les plusdemandées. Il convient également de suivre enpermanence l'évolution de la populationd'éléphants et les ravages qu'elle cause et, sinécessaire, de prendre des mesures pour parer àcette menace pour l'habitat forestier.

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Encadré 7. Recommandations relatives aux activités futures de recherche et desuivi

Les suggestions figurant ci-après complètent les recommandations déjà formulées dans le présent rapport:

∗ Il est nécessaire de mettre à jour la carte de végétation de la forêt de Bwindi en tirant profit de la récente campagne de prisesde vues aériennes (1990), et d'identifier les sites à forte diversité. L'attention doit se porter sur les vallées des rivières Ivi etIhihizo, où peu de spécimens ont été collectés lors des précédentes enquêtes par comparaison avec les gorges de l'Ishasha,mais que notre brève étude amène pourtant à considérer comme des sites tout aussi importants, caractérisés par une grandediversité des espèces végétales.

∗ Des recherches écologiques devront être entreprises sur les densités des trouées de la canopée dans la forêt de Bwindi, surla base d'une évaluation du terrain et des types et classes d'âge des végétaux, car ces densités varient selon l'inclinaison duterrain.

∗ Des travaux sont nécessaires pour mieux connaître les taux de croissance et la production de biomasse du bambou et établirla cartographie de ses peuplements.

∗ Des recherches devraient être consacrées à la biologie de Parinari excelsa var. holstii et de Newtonia buchananii qui, outre leurexploitation comme bois d'œuvre, sont des espèces-clés pour toutes sortes d'épiphytes (Orchidaceae, Cactaceae - Rhipsalisbaccifera - et diverses ptéridophytes). Pourquoi le recrutement de Parinari excelsa est-il si peu important et quelle incidencecela a-t-il sur la diversité des épiphytes?

∗ Il est indispensable de procéder à une évaluation des dommages causés à la forêt par les éléphants: ces animaux, en effet,sont limités dans leurs déplacements saisonniers à cause de la présence humaine autour du perimètre du parc. Comment leséléphants contribuent-ils à l'apparition et à la perpétuation de trouées dans la canopée? Quelle est la capacité de charge de laforêt en ce qui concerne cet animal, du point de vue de l'équilibre entre perturbation, diversité et forêt adulte?

∗ Des recherches écologiques sont nécessaires sur la biologie des lianes et les relations entre leur production de biomasse etleur répartition spatiale d'une part et la dynamique des trouées dans la canopée d'autre part. Ces travaux trouveraient de nom-breuses applications, car les lianes sont utiles à la fois pour les humains et pour les primates, Urera hypselodendron constitu-ant par exemple une source de nourriture pour les gorilles.

∗ Les sites perturbés dont l'âge est connu, comme les sites exploités par les scieurs de long et les anciens campements d'or-pailleurs, doivent être repérés afin d'en étudier les espèces et les classes dimensionnelles (rythme de croissance). Ces infor-mations sont utiles pour l'écologie forestière et le reboisement ("écologie de restauration"), ainsi que pour le maintien d'un cer-tain niveau de perturbation propice à la diversité et à l'habitat des spécialistes des clairières et de la forêt secondaire (lianes etarbres tels que Maesopsis eminii).

∗ Il convient d'encourager des relations de partenariat entre les chercheurs de l'Université de Mbarara, les thérapeutes tradition-nels et les chimistes ougandais spécialisés dans les produits naturels comme M. A.B. Kakooko (Kampala), en vue d'évaluer leseffets des plantes médicinales sur l'être humain ou le bétail, et les propriétés des micro-organismes pouvant présenter un intérêten tant que source de nouveaux antibiotiques.

∗ Des efforts accrus devront être faits pour associer les utilisateurs et les experts traditionnels à l'évaluation et au suivi desressources (voir Wild et Mutebi, Document de travail No. 5).

∗ Les experts locaux, en particulier les Batwa, doivent être plus largement associés aux recherches en tant que partenaires. Ilssont détenteurs d'un extraordinaire fonds de connaissances qui pourrait faire considérablement progresser la compréhensiondes mécanismes et de l'écologie de la forêt, qu'il s'agisse des pollinisateurs spécialisés tels que les abeilles sans aiguillon, dela formation et de la régénération des trouées dans la canopée ou de la dispersion des semences. Il serait égalementsouhaitable de recruter, après un court stage de formation, des "parataxonomistes" locaux.

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A.B. CUNNINGHAM

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Page 60: Peuples, parc et plantes

58 DOCUMENT DE TRAVAIL PEUPLES ET PLANTES 4, DÉCEMBRE 1996Peuples, parc et plantesA.B. CUNNINGHAM

Remerciements

Le présent rapport n'aurait pu voir le jour sansl'invitation de M. Jan Kalina de me rendre enOuganda, les compétences des utilisateurs deplantes locaux et le soutien de CARE-International. Je remercie également cet orga-nisme d'avoir autorisé la publication du présentrapport dans la série des Documents de travail.J'ai grandement apprécié la présence à mes côtéset l'aide sur le terrain de Ben Otim, AlfredTsekeli, Erastus Mehanda, Aurelia Mehanda,Robert Baragira, Rob Wild, Jacob Bandusya,Rose Badaza, Jovita Tumusime et MichelleCunningham.

Cette étude est le fruit conjoint de recher-ches botaniques classiques et de savoirs etsavoir-faire locaux traditionnels. En particulier,les compétences exceptionnelles de JacobBandusya, son sens aigu de l'observation sur leterrain et son humour m'ont été extrêmementprécieux. Je me dois de remercier aussi à cetégard Kazoka Ruwajiri, James Tumutegyereize,Bernado Ruwenzije, Runago Zimbehere, BenonTwine, Monday Mafurira et les autres expertslocaux.

J'ai tiré grand profit des discussions appro-fondies que j'ai eues avec les utilisateurs spécia-lisés, et en particulier avec la toute jeuneAssociation des apiculteurs de Nyamabale et lesapiculteurs de la région de Ngoto. Je remercieRob Wild, Lorna Slade et Tom Butynski pourleur hospitalité et les moyens qu'ils ont mis à madisposition à Ruhija et Ikumba. Mes remer-ciements vont aussi à Jonathan Baranga etJoseph Serugo, John Miskell et Cindy Carlsonqui ont facilité mon séjour en Ouganda, BernardVerdcourt, Diane Bridson et Brian Schrire quim'ont aidé à identifier des spécimens à Kew,ainsi que David Pegler à qui je dois l'identifica-tion du spécimen de Lentinus. Tony Katende,Elizabeth Ogwal et Z.R. Bukenya ont aimable-ment contribué à l'identification de spécimens àl'herbier de l'Université de Makerere. Mercienfin à Alan Hamilton pour ses encouragementset pour les exemplaires de plusieurs ouvrages deréférence, dont son très précieux livre sur lesarbres de la forêt, qu'il m'a fourni.

Page 61: Peuples, parc et plantes

59DOCUMENT DE TRAVAIL PEUPLES ET PLANTES 4, DÉCEMBRE 1996Peuples, parc et plantes

A.B. CUNNINGHAM

BINP Parc national de Bwindi ImpénétrableCAMPFIRE Programme de gestion des aires communales pour les ressources indigènesCARE Agence de développement et de soutien international qui aide les populations dans

les pays en voie de développement à travers des programmes humanitairesCCR Garde communautaire pour la conservationDTC Projet de Développement par la ConservationFAO Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agricultureGAPEX General Agricultural Products Export Company (Compagnie générale d’exportation

de produits d’agriculture)GDP Produit domestique brutICRAF Centre International de Recherche en AgroforesterieIFCP Projet de Conservation de la Forêt ImpénétrableITFC Institut pour la Conservation de la Forêt TropicaleUICN Union mondiale pour la conservationMVP Population minimum viable RC I-IV Conseils de Résistance I-IVUNEP Programme des Nations Unies pour l’environnementUNESCO Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture UNICEF Fonds des Nations Unies pour les enfantsUNP Institution des parcs nationaux ougandaisUTGC Uganda Tea Growers Corporation (Corporation des planteurs de thé d’Ouganda)WHO Organisation mondiale pour la santéWWF Fonds mondial pour la nature

Liste des acronymes

Page 62: Peuples, parc et plantes

60 DOCUMENT DE TRAVAIL PEUPLES ET PLANTES 4, DÉCEMBRE 1996Peuples, parc et plantesA.B. CUNNINGHAM

Annexe 1

Liste préliminaire de plantes enregistrée pendant cet aperçu, précisant les usages, noms locaux et numéros d’échantillon d’herbier (AC=A.B.Cunningham, RB=R.Badaza, AT=A.Tsekeli). Les numéros de collection de A. Tsekeli suivent ceux utilisés par A.B. Cunningham. Bien qu’incom-plets à ce stade, avec les noms botaniques additionnels attendus de plusieurs herbaria, cet annexe est fourni comme supplement au rapport, qui se li-mite aux espèces-clés. Il est supposé que d’autres travaux ethnobotaniques seront effectués en Ouganda de l’ouest afin de développer plus avant laliste et valider/corriger les noms “Rukiga”. Cette annexe devrait être traitée comme un projet préliminaire.

AF=Arcs et flèches, B=Balais, BF=Bois de feu, BM=Bâtons de marche, C=Construction, CB=Cuve à bière, CC=Médicaments pour chiens de chasse, Ch=Charbon, Cm=Comestible, Cn=Couvercles pour la nourriture, les pots, etc., F=Forgerons, FC=Ficelle et corde, Go=Gommes,Gr=Greniers, Gs=Graisses, H=Herbaliste, MB=Manche de binettes, ML=Manche de lance, Mo=Mortiers, NA=Nectar d’abeilles et sites de nidifica-tion, P=Peignes, Pa=Palissades, PB=Paille pour boire la bière, PF=Poison pour flèches, Pi=Pilons, Pl=Plateaux, PT=Pièges à taupes, R=Râteaux,Ru=Ruches, SD=Soins dentaires, SF=Sage-femmes, T=Tasses, TH=Tuteurs de haricots, Ts=Tissage, Ty=Tuyaux, V=Médecine vétérinaire

NOM D’ESPECE

Abrus canescensAcacia mearnsiiAcalypha sp.Acanthus arboreusAdenia sp.Aeschynomene sp.Aframomum sp.Agauria salicifoliaAgelaea pentagynaAidia micranthaAlangium chinenseAlbizia gummiferaAlchornea hirtellaAllanblackia kimbiliensisAmaranthus sp.Anchomanes difformisAnthocleista zambesiacaArundinaria alpinaAsparagus sp.Ataenidia confertaBaphiopsis parvifloraBasella albaBegonia sp.Beilschmiedia ugandensisBersama abyssinicaBidens pilosaBiophytum abyssinicumBridelia micranthaBrillantaisia owariensisCannabis sativaCarapa grandifloraCarduus kikuyorumCeltis durandiiChassalia cristataChrysophyllum gorungosanumCissus sp.Clerodendrum buchholziiClerodendrum schweinfurthiiClutia abyssinicaCoccinia barteriCoccinia mildbraediiCommelina capitataCommelina diffusaConyza sp.Conyza sumatrensisCrassocephalum crepidioidesCrotalaria sp.Croton macrostachyusCroton megalocarpusCucumella sp.Cupressus lusitanicaCuscuta sp.Cyathea mannianaCyperus latifoliusCyperus papyrusCyperus sp.

FAMILLE

FabaceaeFabaceaeEuphorbiaceaeAcanthaceaePassifloraceaeFabaceaeZingiberaceaeEricaceaeConnaraceaeRubiaceaeAlangiaceaeFabaceaeEuphorbiaceaeClusiaceaeAmaranthaceaeAraceaeLoganiaceaePoaceaeLiliaceaeMarantaceaeFabaceaeBasellaceaeBegoniaceaeLauraceaeMelianthaceaeAsteraceaeOxalidaceaeEuphorbiaceaeAcanthaceaeCannabaceaeMeliaceaeAsteraceaeUlmaceaeRubiaceaeSapotaceaeVitaceaeVerbenaceaeVerbenaceaeEuphorbiaceaeCucurbitaceaeCucurbitaceaeCommelinaceaeCommelinaceaeAsteraceaeAsteraceaeAsteraceaeFabaceaeEuphorbiaceaeEuphorbiaceaeCucurbitaceaeCupressaceaeConvolvulaceaeCyatheaceaeCyperaceaeCyperaceaeCyperaceae

NOM RUKIGA

ekyanyamashozibulikotienzibirabushaamatajoechururu

amateheekigura/ekigwa

orubeomukofeomushebeyaekizogwaomutaka/omugusdodo

omuyamgabeomuganuolugawampingaekitataraomunyashanduenderemaomwamiraomuchoyoomukaka, nyakibazienybarashanairangoomujimbuomuliwchenjeenzayiomuruguyaekyigyembagyemomunuka

omushayuibomboekigugunya

omubalamaekikunjabutimaomwobeireenteijaenteijaeshwiigaekyizimyamuriloekyizimyamurilo

omurangaraomuvuneakabindizi

olubulameiziekigunjuekigagaefundjoentatala

N. D’ECHANTILLON

3223 AC84 RB31 RB3149, 4028 AC4136 AT4016 AC3000, 3008 AC3084, 3226 AC3035 AC3134 ACBH Be Pe B BS4 RB3109, 3032, 4030 AC3098, 3178 AC108 RB

3052 AC3258 AC127 RB3200 ACB BS5, 70 RB3025 AC3024 AC3143 AC4087 AC, 81, 24 RB4066 AC3050 AC, 18, 75 RB3027 AC, 22 RB4126 AT

4089 AC, 123 RB3111 AC3155 AC3090, 4023 AC4137 AT3144 AC3042a AC48 RB4138 AT139 RB4125 AC, 3125 AT4059 AC, 27 RB87 RB4061 AC4038 AC167 RB7 RB4012 AC4015, 4075 AC

27 RB

104 RB

117 RB

USAGE

SFTH C FC Ch BFSFTHHTH BFCmSF Ch

ML Ty

SF C BF Ru THTH CML CCm

HC Ts Ru THSFTs

SF Cm VHC BF NASF HSFSFSF H C Ch THNAVCm C NA Gs THSFC

C THH

SFHCCHSFSF CmSFH

SFC THSF HNASFCTsTs GrTs

Page 63: Peuples, parc et plantes

61DOCUMENT DE TRAVAIL PEUPLES ET PLANTES 4, DÉCEMBRE 1996Peuples, parc et plantes

A.B. CUNNINGHAM

NOM D’ESPECE

Cyphostemma sp.Dalbergia lacteaDesmodium repandumDichaetanthera corymbosaDioscorea bulbiferaDioscorea sp.Dioscorea sp.Dissotis senegambiensisDodonaea viscosaDombeya kilimandscharicaDombeya torridaDracaena laxissimaDracaena sp.Drypetes bipindensisDrypetes gerrardiiDrypetes ugandensisEleusine indicaEntandrophragma excelsumEriosema montanumEucalyptus sp.Euphorbia candelebrumEuphorbia schimperianaFaurea salignaFicalhoa laurifoliaFicus asperifoliaFicus exasperataFicus sp.Ficus spp. (F. ovata)Ficus surFlabellaria paniculataGaliniera saxifragaGeranium arabicumGloriosa sp.Glyphaea brevisGouania longispicataGrewia sp.Hagenia abyssinicaHallea rubrostipulataHallea rubrostipulataHallea rubrostipulataHarungana madagascariensisHarungana madagascariensisHelichrysum foetidumHelichrysum foetidumHelichrysum sp.Hibiscus fuscusHibiscus sp.Hippocratea odongensisImpatiens stuhlmanniiIndigofera cf. arrectaIndigofera sp.Jasminum sp.Kalanchoe sp.Kalanchoe sp.Keetia molundensisLantana triphyllaLaportea sp.Lentinus proliferLeonotis neptifoliaLeucas deflexaLinociera iohnsoniiLobelia gibberoaLoesenerilla apocynoidesLysimachia ruhmerianaMacaranga kilimandscharicaMacaranga monandraMacaranga schweinfurthiiMaesa lanceolataMaesopsis eminiiManihot utilissimaMarantochloa leucanthaMarattia fraxineaMarkhamia luteaMaytenus acuminataMemecylon sp.

FAMILLE

VitaceaeFabaceaeFabaceaeMelastomataceaeDioscoreaceaeDioscoreaceaeDioscoreaceaeMelastomataceaeSapindaceaeSterculiaceaeSterculiaceaeAgavaceaeAgavaceaeEuphorbiaceaeEuphorbiaceaeEuphorbiaceaePoaceaeMeliaceaeFabaceaeMyrtaceaeEuphorbiaceaeEuphorbiaceaeProteaceaeTheaceaeMoraceaeMoraceaeMoraceaeMoraceaeMoraceaeMaIpighiaceaeRubiaceaeGeraniaceaeLiliaceaeTiliaceaeRhamnaceaeTiliaceaeRosaceaeRubiaceaeRubiaceaeRubiaceaeClusiaceaeClusiaceaeAsteraceaeAsteraceaeAsteraceaeMalvaceaeMalvaceaeCelastraceaeBalsaminaceaeFabaceaeFabaceaeOleaceaeCrassulaceaeCrassulaceaeRubiaceaeVerbenaceaeUrticaceaeFungi: LentinaceaeLamiaceaeLamiaceaeOleaceaeLobeliaceaeCelastraceaePrimulaceaeEuphorbiaceaeEuphorbiaceaeEuphorbiaceaeMyrsinaceaeRhamnaceaeEuphorbiaceaeMarantaceaePter: MarattiaceaeBignoniaceaeCelastraceaeMelastomataceae

NOM RUKIGA

ekibombwe

endeburaomunyinju

ebikwaekihamaomwonyongwente omushambyaomukoleomukoleenchenceomugururaomushabararaomushabararaomushabararaenchenziomuyovuomucwafukauketusientakalakamaramahanoomulegyereomuvumagaomusomoraomusomoraekyitomaekyitomaomulehe

omulyanyonyiakanziranzira

omusingatiomufururaomutahendekaomujesiengomeraomuzibazibaomuzikuomunyanangaomwongoleroenkyezaokanyunyaakatomaomusingaomuchibikanumi oruyangaroomulembeomushorozaomunyzaba-shumakababaliraenchenancheneenjugoto

omuhukyeefugweebishanjaekicumucumuakanyamafundoomutezeontomvuomujegaomwisamuraomurara

omukoleomuhangaomuguruka

omwiruekitumbagireomusavuomulembwe

N. D’ECHANTILLON

3105 AC3116a AC3268, 4076 AC3038 AC

3030 AC3247 AC4040, 4047 AC

32 RB3241 AC

3262 AC3180 AC, 59 RB

3057 AC3009, 3202 AC

4074 AC

128 RB

44 RB3051 AC4118 AT3048 AC

4021 AC4127 AT, 69 RB92 RB3158 AC3029 AC4072 AC4094 AC3263 AC

4109 AT

3091 AC

90 RB4041 AT45 RB3239, 4069 AC, 131 RB 3275 AC3184 AC4062 AC100 RB3227 AC

3266 AC, 15 RB63 RB3145 AC4090 AC3272 AC

4041 AC4082 AC, 94 RB3129 AC4113 AT3095 AC4048, 4070 AC3036, 3260 AC2656 AC

4073 AC, 2, 10 RB3040 AC

3154, 3201 AC, 4117 AT3018 AC, 13 RB

4035 AC

USAGE

H

SF HC

CmCmSFV SDSFSFTsPaML BM CNA Pi THC NA THTsH C CBSF CCC THPaSFRu NA CC Ru THSPSPBF VCm CBCm CBFCTH C BFSFHFC Gr BFSFGr TsBFNAVH NAC THC NASFSFSFSF Gr Ts Ru SDH FCFCSFPT BSFHSF HSF

SFCmCmSFSFSVTs Gr RuSFC NA TH

SFSF H C BF THH NA CTHTs VSF HMo CH BM V

Page 64: Peuples, parc et plantes

NOM D’ESPECE

62 DOCUMENT DE TRAVAIL PEUPLES ET PLANTES 4, DÉCEMBRE 1996Peuples, parc et plantesA.B. CUNNINGHAM

AF=Arcs et flèches, B=Balais, BF=Bois de feu, BM=Bâtons de marche, C=Construction, CB=Cuve à bière, CC=Médicaments pourchiens de chasse, Ch=Charbon, Cm=Comestible, Cn=Couvercles pour la nourriture, les pots, etc., F=Forgerons, FC=Ficelle et corde,Go=Gommes, Gr=Greniers, Gs=Graisses, H=Herbaliste, MB=Manche de binettes, ML=Manche de lance, Mo=Mortiers, NA=Nectard’abeilles et sites de nidification, P=Peignes, Pa=Palissades, PB=Paille pour boire la bière, PF=Poison pour flèches, Pi=Pilons,Pl=Plateaux, PT=Pièges à taupes, R=Râteaux, Ru=Ruches, SD=Soins dentaires, SF=Sage-femmes, T=Tasses, TH=Tuteurs de hari-cots, Ts=Tissage, Ty=Tuyaux, V=Médecine vétérinaire

Millettia duraMillettia psilopetalaMimulopsis solmsiiMonanthotaxis sp.Monopsis stellarioidesMusa sp.Musanga Ieo-erreraeMyrianthus holstiiMyrica salicifoliaNeoboutonia sp.Newtonia buchananiiOchna sp.Ocotea usambarensisOxalis corniculataOxyanthus speciosusOxyanthus subpunctatusParinari excelsa ssp. holstiiPavetta abyssinicaPeddiea fischeriPegularia sp.Pellaea donianaPellaea viridisPennisetum purpureumPentas longifoliaPeponium vogeliiPergularia extensaPhoenix reclinataPhyllanthus fischeriPhyllanthus sp.Phyllanthus sp.Physalis peruvianaPhytolacca dodecandraPiper (guineense?)Piper capensePittosporum spathicalyxPlantago palmataPlectranthus (albus?)Pleiocarpa pycnanthaPleopeltis macrocarpaPodocarpus latifoliusPollia condensataPolygala ruwenzoriensisPolygala sp.Polyscias fulvaPremna sp.Prunus africanaPsychotria mahoniiPsychotria schweinfurthiiPycnostachys elliotiiPycnostachys goetzeniiPycreus sp.Ranunculus multifidusRaphia fariniferaRawsonia spinidensRhipsalis bacciferaRinorea ferrugineaRothmannia longifloraRubia cordifoliaRubus sp.Rubus steudneriRumex bequaertiiRumex usambarensisRutidea orientalisRytigynia kigeziensisSabicea sp.Salacia elegansSalacia sp.

FAMILLE

FabaceaeFabaceaeAcantheceaeAnnonaceaeLobeliaceaeMusaceaeCecropiaceaeCecropiaceaeMyricaceaeEuphorbiaceaeFabaceaeOchnaceaeLauraceaeOxalidaceaeRubiaceaeRubiaceaeChrysobalanaceaeRubiaceaeThymelaeaceaeAsclepiadaceaePter: AdiantaceaePter: AdiantaceaePoaceaeRubiaceaeCucurbitaceaeAsclepiadaceaeArecaceaeEuphorbiaceaeEuphorbiaceaeEuphorbiaceaeSolanaceaePhytolaccaceaePiperaceaePiperaceaePittosporaceaePlantaginaceaeLamiaceaeApocynaceaePolypodiaceaePodocarpaceaeCommelinaceaePolygalaceaePolygalaceaeAraliaceaeVerbenaceaeRosaceaeRubiaceaeRubiaceaeLamiaceaeLamiaceaeCyperaceaeRanunculaceaeArecaceaeFlacourtiaceaeCactaceaeViolaceaeRubiaceaeRubiaceaeRubiaceaeRosaceaePolygonaceaePolygonaceaeRubiaceaeRubiaceaeRubiaceaeCelastraceaeCelastraceae

NOM RUKIGA

omutate

ekiwisiomutaruakararambweenjagataomutundaomufa/omufeomujejeomwayaomutoyo/omukun omnziganiomwihaobunyaoruchiraje

omushambaomunagatunguruomuzinyaomulandagasiakanyasiruorushwigaekyibingoishangala/esingalaomugoshoraekyikurakuraekyindoomulisafumbiriisheruomuturikaentutuomuhokorukokotaorubogoteomushekyeraembatabataekyiagagaomutomaorushanjamiziomufuomabahashihaegongweomuseresereomungoomugunaomumbaomukaliomutegashaliekyisindokwaekyisindokwaekuboitengyeekihungyeomusadyaengurukiraomunyashanduoruchirajeokarambaemerembweomucereliomukuomufumbwa

nyakibaziendarayiguruoruyangarabwara

N. D’ECHANTILLON

20 RB3164 AC4020 AC

4055 AC

3041b, 3013 AC30, 36 RB3087 AC, 78 RB25 RB3046 AC3082 AC3081 AC4058 AC3157 AC4037 AC3015 AC

3255 AC, 4124 AT79 RB7 RB3229 AC, 66 RB3134 AT4077 AC, 137 RB132 RB4129 AT

4067 AC3224 AC3228 AC89 RB4108 AT, 19, 28 RB3122, 3142 AC, 4116 AT16, 65 RB

35 RB4107 AC3132, 3159, 3242 AC3100 AC

3141 AC, 61 RB3259 AC, 46 RB

4011 AC 64 RB67 RB4034, 4096 AC3222, 4086 AC4019 AC119 RB41 RB3123 AC3128 AC, 4122 AT3101 AC, 34 RB3096 AC3131 AC3234 AC

4053 AC4085 AC4130 AT, 12 RB154 RB3113 AC, 43, 106 RB3086 AC4095 AC53 RB

USAGE

SF MB C BF

NAGrSFRuH BFSFSF HCnC BF CBHH C BF CBSFML MBTHC Ch

H FCFC TsSFSFGr THSFSFSFTsSF SFSFSF CmSF VH CTH RuTH RuSF GrVTyFCCCn BsBM MBAFH RuDbSF MB NA CB MoTH BMTHSFHSFSFTs NA PSF H TsR C

MLSFCmSFSFSF SD Cm NA

SF HHGrGr Ru

Page 65: Peuples, parc et plantes

63DOCUMENT DE TRAVAIL PEUPLES ET PLANTES 4, DÉCEMBRE 1996Peuples, parc et plantes

A.B. CUNNINGHAM

NOM D’ESPECE

Sapium ellipticumSchefflera (barteri?)Schefflera barteriSchefflera sp.Senecio sp.Sericostachys scandensSesbania sesbanSetaria plicatilisSida sp.Smilax ancepsSolanumSolanum (aculeastrum?)Solanum nigrumSolanum sp.Spermacoce princeaeStrombosia scheffleriSymphonia globuliferaSynadeniurn sp.Syzygium guineenseTabernaemontana odaratissimaTabernaemontana pachysiphonTabernaemontana sp.Tagetes minutaTeclea nobilisTephrosia vogeliiTephrosia vogeliiThalictrum rhynchocarpumThunbergia mildbraedianaTrema orientalisTrichilia rubescensTrilepisium madagascarienseTriumfetta longicornutaTriumfetta macrophyllaUrera hypselodendronVernonia congolensisVernonia iodocalyxVernonia kirungaeVernonia sp.Vernonia sp.Xymalos monosporaZanthoxylum gilletiiZanthoxylum leprieurii(Bulbostylus?)(Clematis?)(Combretum?)(Crotalaria?)(Cyathula?)(Friesadelsia?)(Kosteletzkya grantii?)(Pseudarthria?)(Rawsonia?)(Ritchiea albersii?)(Serkasia?)gen. indet.gen. indet.gen. indet.gen. indet.gen. indet.gen. indet.gen. indet.gen. indet.gen. indet.gen. indet.gen. indet.gen. indet.gen. indet.gen. indet.gen. indet.gen. indet.gen. indet.gen. indet.gen. indet.gen. indet.gen. indet.gen. indet.

FAMILLE

EuphorbiaceaeAraliaceaeAraliaceaeAraliaceaeAsteraceaeAmaranthaceaeFabaceaePoaceaeMalvaceaeSmilacaceaeSolanaceaeSolanaceaeSolanaceaeSolanaceaeRubiaceaeOlacaceaeClusiaceaeApocynaceaeMyrtaceaeApocynaceaeApocynaceaeApocynaceaeAsteraceaeRutaceaeFabaceaeFabaceaeRanunculaceaeAcanthaceaeUlmaceaeMeliaceaeMoraceaeTiliaceaeTiliaceaeUrticaceaeAsteraceaeAsteraceaeAsteraceaeAsteraceaeAsteraceaeTrimeniaceaeRutaceaeRutaceae

AsclepiadaceaeAsclepiadaceaeAsteraceaeAsteraceaeAsteraceaeAsteraceaeAsteraceaeAsteraceaeAsteraceaeAsteraceaeAsteraceaeBrassicaceae?LamiaceaeLamiaceaeLamiaceaeMalpighiaceaeMalvaceaeMalvaceaeMeliaceaeRhamnaceaeRubiaceaeRubiaceae

NOM RUKIGA

omushashaomuchulaaragaomwamiraomuhamikaekizimyamuriroomunaentahutaraekikokaomuchundezienshuliekyihiaraomutugundaentakaraentututeurshuenyabataomuhikaomusisiomukoneomugotekinyamangozikinyamangozikinyamatelunukaomuzoomubaramaomukurukuruomwintagoekyikurakuraomubengabakwe omununkaomukumbweoruhiguraomunabaomusheomwilimaomutahendekaekigaragaraechiheriheriomukurenjuomuhotoraomulemankobeomuchanga/omucharandioburahukaoruzibiraenkazieyituzaekishokonkoroomutaroomuzigonumiomukongoroniomushadyaomuheruomunyiviomukumboomunukaeirariraekyifuramendeekyoganyajaekyoganyajaenyongyeraesemweesununuokatomaomushuramwetangoekisindokeraekymwaomukuorumagaemikungyereolukoma

akanyarwakasakaekinyamaziohubango

N. D’ECHANTILLON

3105 AC, 68 RB3041a AC3116 AC, 105 RB4041 AC 3230 AC, 140 RB4063 AC, 19 RB

141 RB3120 AC54 RB3240a AC4054 AC, 4106 AT103 RB

83 RB3039 AC, 52 RB

4135 AT, 144 RB

3007 AC, 4029 AT

4079 AC, 88 RB60 RB159 RB3256 AC, 4131 AT3124 AC4024 AC3108 AC3178a AC3031, 3153 AC4068 AC

3028, 4091 AC3011, 4084 AC, 29 RB72 RB4111 AT, 142 RB3149 AC, 4028 AT4088 AC74 RB

3047 AC3240 AC3236 AC3233 AC3238 AC120 RB3099, 3156 AC4081 AC3231 AC3128 AC50, 62 RB105 RB3031 AC3175 AC3232 AC4087AC4046 AC3235 AC114 RB4083 AC4027 AC, 91 RB4039 AC3237 AC

33 RB115 RB118 RB3102 AC122 RB116 RB

47 RB3136 AC57 RB

USAGE

TH C BF PiHCC C BEH SFSF NAHTs GoTsSFSF VCmHSFC NAH NA C THTH BM VC Ch NACSF CC CCSFBM C

TH VCCSFC BFAFCm C NASFSF FC VSF FC RuSF HSFSF VTHSFTH MB CH CHSFSFSFSFSFTsSFSFC MoNA TC NACmAFSFSFSFSFSFSFSF HSFSFHSFSFSFFC NAFCV

SFHML

Page 66: Peuples, parc et plantes

64 DOCUMENT DE TRAVAIL PEUPLES ET PLANTES 4, DÉCEMBRE 1996Peuples, parc et plantesA.B. CUNNINGHAM

AF=Arcs et flèches, B=Balais, BF=Bois de feu, BM=Bâtons de marche, C=Construction, CB=Cuve à bière, CC=Médicaments pourchiens de chasse, Ch=Charbon, Cm=Comestible, Cn=Couvercles pour la nourriture, les pots, etc., F=Forgerons, FC=Ficelle et corde,Go=Gommes, Gr=Greniers, Gs=Graisses, H=Herbaliste, MB=Manche de binettes, ML=Manche de lance, Mo=Mortiers, NA=Nectard’abeilles et sites de nidification, P=Peignes, Pa=Palissades, PB=Paille pour boire la bière, PF=Poison pour flèches, Pi=Pilons,Pl=Plateaux, PT=Pièges à taupes, R=Râteaux, Ru=Ruches, SD=Soins dentaires, SF=Sage-femmes, T=Tasses, TH=Tuteurs de hari-cots, Ts=Tissage, Ty=Tuyaux, V=Médecine vétérinaire

NOM D’ESPECE

indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet.indet. indet.

FAMILLE

FungiFungiFungi

NOM RUKIGA

ebishanjaensabiliobutusiakahengyeriakanyamattaakanyarugumaakasanjamaiziakatampihiamaziranibitindichumayaebifunjoebikangaebizogwaechitambampaziecinzaekarweekibingoekichumachumuekichuruchubiekigazuraekigorogoroekikondogoroekimankiekimaraekitondoreekiturugumaekyizimyamuliroembunguemiseseemitembeenfunjoengongweenshekashekyeenshirabwikoentagaraentahutaraenyamunukaenyogwaenzogwaetangalaetaritariihozaikibonobonoisheshakaijajubakashundwekatambakatampihikitaluwiakyemerwamatundamolobungumwatambaleobukakoobukaraatiomwenyi

N. D’ECHANTILLON

4047 AC9 RB4152 AC

4050 AC95 RB3137 AC1 RB

4056 AC

28 RB138 RB

133 RB58 RB

11 RB10 RB101 RB

55 RB

126 RB

136 RB13 RB4110 AT4051 AC25 RB3248 AC3248 AC

130 RB

20 RB8 RB3221 AC8 RB26 RB

21 RB

3006 AC

99 RB4140 AT

USAGE

CmCmCmSFSFSFSFSFSFCSFGrTsGrSFSFSDSF THSFSFNASFSF TyPFSFSF CmSF CmSFFC Ts GrGrCmGrNACnSFVSFSFGrGrPaGrSFVSFSFSFSFSFHSFCmGrFGrCmV

Page 67: Peuples, parc et plantes

Déja publiés dans cette série:

1. Cunningham, A. B. 1993. African medicinal plants: Setting priorities at the interface between conservationand primary healthcare. (En anglais).

2. Cunningham, A. B. et Mbenkum, F.T. 1993. Sustainability of harvesting Prunus africana bark in Cameroon:A medicinal plant in international trade. (En anglais).

3. Aumeeruddy, Y. 1994. Répresentations et gestion paysannes des agroforêts en périphérie du ParcNational Kerinci Seblat à Sumatra, Indonésie. (Cette publication est également disponible en anglais).

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scientifique aux projets de terrain, produisent etdiffusent des documents sur l’ethnobotanique,sur les connaissances écologiques indigènes etl’utilisation durable des ressources végétales.

Grâce à cette initiative nous espéronsdévelopper un réseau d’ethnobotanistestravaillant dans ces domaines dans différentesrégions du monde, afin de faciliter l’échanged’informations et d’expériences, et leurcollaboration dans des projets sur le terrain.

Contacts

WWF InternationalPlant Conservation OfficerPanda House, Weyside ParkGodalming, Surrey GU7 1XRUNITED KINGDOMFax: 44 1483 426409

Division des Sciences Ecologiques, Programme sur l’Homme et la Biosphère UNESCO, 7 Place de Fontenoy75352 Paris Cedex 07 SP FRANCEFax: 33 1 45685804

The DirectorRoyal Botanic Gardens, KewRichmond Surrey TW9 3ABUNITED KINGDOMFax: 44 181 3325278

L’initiative

Peuples et

Plantes a été lancée conjointement en juillet 1992 par le WWF, l’UNESCO et leRoyal Botanic Gardens, Kew, dans le but depromouvoir l’utilisation durable et équitable desressources végétales en apportant un appui autravail des ethnobotanistes des pays endéveloppement.

Cette initiative se fonde sur la reconnaissancedu savoir approfondi qu’ont souvent lescommunautés rurales des usages et despropriétés des plantes dont elles dépendent pourune grande partie de leur alimentation, de leurmédecine, pour les combustibles, les matériauxde construction et pour de multiples autresmotivations. Néanmoins, une grande partie dece savoir est menacée par les modifications desécosystèmes et des cultures. La surexploitationdes plantes non cultivées est de plus en pluscourante, en raison notamment de la destructionde l’habitat, de l’augmentation de l’utilisationlocale et des demandes croissantes liées aumarché.

La conservation à long terme des ressourcesvégétales, ainsi que des connaissances qui y sontassociées, se révèle essentielle pour lespopulations locales mais aussi pour d’autrescommunautés vivant dans différentes régions.

L’approche Peuples et Plantes prend en comptela diversité des modes d’exploitation desressources végétales, qui va de la «culture» à lacueillette de plantes «sauvages».

La collaboration des ethnobotanistes et descommunautés locales permet d’étudier et derecenser les formes d’utilisation des ressourcesvégétales, d’identifier les cas de surexploitationdes plantes non cultivées, de proposer destechniques de récolte durable et de rechercherdes méthodes d’exploitation alternatives commela culture.

L’initiative Peuples et Plantes essaie d’apporterun appui et de mettre en valeur le travaild’ethnobotanistes des pays en développementqui collaborent avec les communautés localespour conserver à la fois les ressources végétaleset les connaissances écologiques indigènes. Descoordinateurs organisent des ateliers,fournissent une assistance technique et