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62 63 DH MAG AZINE DH MAG AZINE N° 156 - 2 eme Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU DE GRENOBLE N° 156 - 2 eme Quadrimestre 2017- REPORTAGE SUR LE CHU DE GRENOBLE L’innovation au service de la santé : Le CHU Grenoble-Alpes à l’heure du GHT Alpes-Dauphiné PAR JULIEN TALANI Grenoble CHUGA en chiffres : - 1 er employeur du bassin grenoblois - + de 9 000 professionnels et + de 2 100 lits et places - Budget annuel de 700 millions - 1er Trauma Center de France - + de 2 400 patients accueillis par jour - 9 instituts de formation d’excellence - 1 350 études cliniques en cours - Partenaire de l’IDEX, Université Grenoble-Alpes (UGA), Université de l’innovation Photos du reportage fournies par le CHU de Grenoble

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L E M A G A Z I N E D UDECIDEUR HOSPITALIER

N° 156 - 2eme Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU DE GRENOBLE N° 156 - 2eme Quadrimestre 2017- REPORTAGE SUR LE CHU DE GRENOBLE

L’innovation au service de la santé :Le CHU Grenoble-Alpes à l’heure du GHT Alpes-Dauphiné

PAR JULIEN TALANI

Grenoble

CHUGA en chiffres :- 1er employeur du bassin grenoblois - + de 9 000 professionnels et + de 2 100 lits et places- Budget annuel de 700 millions €- 1er Trauma Center de France- + de 2 400 patients accueillis par jour- 9 instituts de formation d’excellence- 1 350 études cliniques en cours- Partenaire de l’IDEX, Université Grenoble-Alpes (UGA), Université de l’innovation

Photos du reportage fournies par le CHU de Grenoble

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N° 156 - 2eme Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU DE GRENOBLE

Jacqueline Hubert, sa directrice générale, et le professeur Jean-Pierre Zarski, président de sa commission médicale, évoquent le nouveau projet d’établissement du CHU Grenoble-Alpes.

Guidé par les valeurs du service public hospitalier, le centre hospitalier uni-versitaire Grenoble-Alpes innove (CHUGA). Sa préoccupation constante : que le patient soit « toujours au bon endroit ». Au sein du GHT Alpes- Dauphiné, le CHUGA fait sa part d’expertise et de proximité et contribue efficacement au maillage d’un territoire de plus de 800 000 résidents, avec la particularité d’avoir à gérer les afflux saisonniers liés au tourisme en montagne, l’hiver et l’été. Établissement support du GHT Alpes-Dauphiné, le CHUGA veille à l’accessibilité et à la gradation des soins. Il établit des parcours de soins coordonnés, crée des équipes médicales communes et optimise les organisations médico-technique et fonctionnelle. Unique éta-blissement de santé assurant une mission hospitalo-universitaire sur le ter-ritoire de l’arc alpin, le CHUGA conventionne avec les trois GHT de Savoie et de Haute-Savoie, afin d’organiser ses missions de recours en enseigne-ment, recherche, gestion de la démographie médicale et soins de recours.

Nouveau plateau technique

Jacqueline Hubert Jean-Pierre Zarski

Le CHU Grenoble-Alpes entre dans une nouvelle ère

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Contrôle réglementaire des équipements �-ѴbC1-ঞom�7;�ѴĽ-bu�7;v�v-ѴѴ;v�ruoru;v

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N° 156 - 2eme Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU DE GRENOBLE N° 156 - 2eme Quadrimestre 2017- REPORTAGE SUR LE CHU DE GRENOBLE

DH MAGAZINE : En 2016, le CHU Grenoble-Alpes s’est doté d’un nouveau projet d’établissement (2016-2020), en quoi consiste-t-il ?

Jacqueline Hubert : L’ambition du Projet d’Établis-sement 2016-2020 du CHU Grenoble Alpes est de mettre l’innovation scientifique, technologique, or-ganisationnelle et managériale, au service de la santé des populations de l’arc alpin et de ses partenaires. Le CHUGA poursuit son ambition d’offrir aux patients une médecine personnalisée, moderne et rapide, disposant des techniques de pointe et des dernières innovations, tout en garantissant des conditions de travail et des perspectives de carrière attractives pour les professionnels de santé.

DH : Quels sont vos axes stratégiques ?

J.H. – Nous en avons cinq : développer l’expertise et valoriser l’offre de recours. Accompagner les grands travaux de modernisation du CHUGA. Développer et valoriser l’offre dans le domaine du cancer et des maladies chroniques. Développer et valoriser une offre adaptée aux personnes fragiles. Optimiser la prise en charge des flux saisonniers et/ou aléatoires.

DH : Quels sont vos domaines d’expertise ?

J.H. – Le CHUGA bénéficie d’un environnement scientifique et géographique unique, propice à l’inno-vation. Dans un contexte régional élargi, avec la fusion des régions Rhône-Alpes et Auvergne, le CHUGA

veut développer son expertise et valoriser son offre de recours. Cinq domaines ont été identifiés : les neurosciences, les technologies pour la santé, les maladies chroniques et le cancer, la génétique et l’épigénétique de la procréation et la traumatolo-gie complexe. Nous avons une cartographie assez précise des différents secteurs pour lesquels nous sommes identifiés « experts » ou « recours ». Les neurosciences et la traumatologie complexe figurent parmi les domaines d’excellence du CHUGA. Nous sommes reconnus « experts » dans d’autres dis-ciplines. C’est le cas par exemple pour l’urologie pédiatrique. Ce secteur génère un recrutement local, régional, voire national. Nous assurons aussi, pour tout l’arc alpin, le recours des correspondances dans la transplantation d’organes.

DH : On parle de grands travaux ? Quels sont-ils ? Que vont-ils permettre ?

J.H. – Oui, d’importants travaux de modernisation sont lancés. Il s’agit de réussir au mieux la transition vers le nouveau CHUGA. Plus moderne, plus réactif et mieux pensé. Ces travaux ont lieu en site occupé ; c’est un vrai challenge que de les mener tout en continuant d’accueillir les patients avec la même volumétrie et le même niveau de qualité. Ces travaux comportent trois opérations majeures : la mise en place d’un nouveau plateau interventionnel innovant ; pour une offre de chirurgie ambulatoire renouvelée. La créa-tion d’un bâtiment dédié aux urgences et aux soins critiques. Et la rénovation de l’hôpital Michallon ; avec une lisibilité et une accessibilité accrues de ses activités. Cet investissement enrichira le potentiel d’offre de soins du CHUGA et lui donnera les moyens de rester le premier « trauma center » de France. En 2017, un nouveau plateau technique sera livré. Il permet-tra de concentrer sur un seul bâtiment : urgences, réanimation, services de traumatologie et héliport. Un nouveau plateau interventionnel s’y ajoutera. Avec 31 blocs opératoires. Les 14 premières salles seront livrées en 2021 ainsi que l’ambulatoire dédié. La rénovation et la mise aux normes de l’hôpital Michallon permettra la mise en service d’un bloc de consultations « fort flux », pour orienter le patient dès le rez-de-jardin.

DH : Pourquoi développer et valoriser l’offre dans le domaine du cancer et des maladies chroniques ?

J.H. – C’est un enjeu de santé publique très im-portant et qui justifie une meilleure prise en charge.

Avec la construction de parcours, le CHUGA veut optimiser les prises en charge multidisciplinaires, en clarifiant le partage des tâches, en limitant le recours à l’hospitalisation, en organisant le suivi patient au plus près et dans la durée, en développant de nouveaux métiers et en promouvant une nouvelle relation de confiance avec la médecine de ville notamment. Le CHUGA a également l’ambition de développer la recherche sur les liens entre cancer et maladie chro-nique, notamment en créant un site de recherche intégré sur le cancer et ses liens éventuels avec les maladies chroniques liées à la pollution de l’air.

Jean-Pierre Zarski : Le CHUGA a déjà de grosses compétences en cancérologie. Il se dote aujourd’hui d’un plateau très performant. Avec le remplacement de ses accélérateurs de particules et l’abandon de la radiothérapie pour la thomothérapie (radiothérapie guidée par image). Ces dernières années, de nom-breuses maladies chroniques se sont développées (diabète, insuffisance cardiaque, rénale, rhumatolo-gie, neuro-dégénérescence...). Certaines aboutissent à des cancers. Certains cancers sont parfois considé-rés comme des maladies chroniques. Le CHU n’a pas vocation à accueillir ces malades en dehors d’épi-sodes de soins. C’est cohérent d’envisager une prise en charge commune, une mise en réseau des dos-siers patients en cultivant nos liens avec la médecine de ville et le personnel paramédical, en imaginant la mise en place d’infirmières de liaison ou en dévelop-pant la recherche autour de la chambre intelligente.

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N° 156 - 2eme Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU DE GRENOBLE N° 156 - 2eme Quadrimestre 2017- REPORTAGE SUR LE CHU DE GRENOBLE

DH : Pourquoi développer et valoriser une offre adaptée aux personnes fragiles ?

J.H. – Les personnes, en difficulté psychique, sociale ou physique (nous pensons notamment aux per-sonnes âgées), ne doivent pas rester à l’hôpital au-delà de l’épisode de soins, ceci, tant dans l’intérêt de la per-sonne elle-même que pour des raisons de coût. Pour fluidifier ce parcours patient spécifique, nous devons prévoir, dès l’entrée, la sortie la plus rapide et la mieux adaptée à chaque patient. L’enjeu est encore une fois que le patient soit « toujours au bon endroit ». Pour cela, le CHUGA préconise la détection précoce des personnes fragiles et des parcours de soins repensés. En réorganisant les ressources dédiées à ces patients et en décloisonnant les secteurs sanitaire et social. En identifiant et en diffusant les initiatives pertinentes. Pour les personnes âgées notamment ; en organisant mieux les services de gériatrie, avec la création d’un pôle gérontologique à l’échelle du GHT Alpes-Dauphiné.

DH : Pourquoi est-ce important pour le CHU Gre-noble-Alpes d’optimiser la prise en charge des flux saisonniers et/ou aléatoires ?

J.H. – À proximité de massifs et de vallées très tou-ristiques, nous sommes confrontés à un afflux récur-rent (lié aux sports d’hiver et d’été) qui engendrent des difficultés de prise en charge. Ce phénomène est relativement connu et maîtrisé. C’est plus grave lorsqu’il se combine avec un afflux aléatoire. Ça a été le cas en 2014, avec une grave épidémie de grippe. Nous avons vécu des heures horribles dans un CHU débordé en pleine crise sanitaire ; plus jamais ça ! Aujourd’hui le CHUGA est plus flexible. Une unité post-urgence médicale a été créée qui permet d’ac-cueillir les patients des urgences, ce qui tend à « sanc-tuariser » tout ce qui est programmé (en chirurgie et en médecine). Cette unité peut doubler de capacités pour absorber les flux aléatoires exceptionnels sans désorganiser l’hôpital.

DH : Pourquoi et comment le CHU Grenoble-Alpes va-t-il garantir l’excellence dans l’organisation des parcours patient, la qualité et la sécurité des prises en charge ?

J.H. – Pour le CHUGA, la qualité est un véritable levier d’efficience et de pertinence des soins au quotidien. De nombreux acquis, reconnus par les experts visiteurs de la Haute Autorité de Santé (HAS), attestent cette réalité. Il s’agit de la mise en œuvre,

par des organisations efficaces et pérennes, d’une politique qualité déclinée au plus près du terrain. D’un développement de la formation institutionnelle à la qualité et à la sécurité, et du maintien d’un rythme constant de progrès dans ce domaine. Si un patient a besoin d’un suivi, il faut qu’il soit le meilleur possible. Dans le cas de patients atteints d’insuffisances rénales chroniques, on a par exemple mis en place une infir-mière de parcours. Ce dispositif peut aussi être dé-veloppé en diabétologie ou en cancérologie, et dans le champ des maladies chroniques en général, afin de suivre le patient au-delà de son épisode d’hospitalisa-tion, de recueillir les données relatives à son parcours et de veiller sur celui-ci.

DH : Quelles conditions de travail et perspectives de carrière le CHUGA se promet-il d’offrir ?

J.H. – Elles seront le plus attractives possibles ! Le CHUGA doit faire face, comme de nombreux hôpitaux en France, à la pénurie médicale et au re-nouvellement massif des générations de praticiens. Pour cela, le CHUGA propose un cadre managérial approprié et de nombreux services facilitant la vie au quotidien des praticiens, en particulier celui des femmes. Nous devons pouvoir attirer les meilleurs d’entre eux. Mais aussi tous les autres métiers. Nos services s’adaptent pour cela avec la création de nou-veaux parkings pour voitures et vélos, l’ouverture de places supplémentaires et la mise en place d’horaires plus souples pour la crèche. Nous avons créé un « welcome pack » comprenant : un accueil profes-sionnel personnalisé, un bureau, un ordinateur et d’autres services permettant de jouir d’un plus grand confort au travail. Les postes d’infirmières de parcours deviendront également des postes attractifs. Ils seront redéfinis pour convenir à des infirmières ex-périmentées, intéressées par ce type de suivi. Nous offrirons aussi aux médecins la possibilité de travailler à l’international avec l’assurance de retrouver leurs postes à leur retour de mission. En ce sens, nous venons de signer une convention avec Médecins Sans Frontières. Nous serons le premier CHU en France à proposer cette prestation. Par ailleurs, nous développons des partenariats avec le Maroc et la Chine afin d’augmenter tant notre attractivité que notre rayonnement au-delà des fron-tières.

DH : Quelles seront les innovations en matière de systèmes d’information et de gestion ?

J.H. – Le CHU s’ouvre sur l’extérieur via son sys-tème d’information (SI). Le Système d’Information (SI) contribue à l’efficience d’un hôpital et augmente la sécurité des échanges. Là encore, le CHUGA se doit d’innover. Ce que la révolution numérique per-met dans notre quotidien doit absolument rentrer à l’hôpital. On s’inspire donc de ce qui se fait de mieux en la matière pour changer l’ambiance hospitalière et tâcher de simplifier la vie de chacun. Centré sur le patient acteur de sa prise en charge, le SI du CHUGA constitue le socle des parcours de santé opérés au sein et hors de l’établissement et du Groupement

Hospitalier de Territoire (GHT) Alpes-Dauphiné. Il met à sa disposition de nouveaux outils (ques-tions ciblées, prise de rendez-vous, admis-sions, documents relatifs à la prise en charge, ré-sultats, etc.) permettant de prédire, de connaître et modifier sa trajectoire. On pourra prendre ses rendez-vous en ligne, des bornes d’accueil et de paiements ont été installées, pour que le patient soit le plus auto-

nome possible, qu’il puisse facilement s’orienter.Le CHU a aussi pour ambition d’ouvrir son SI à la médecine de ville afin d’améliorer le partage des informations relatives aux patients.

DH : Pourquoi pratiquez-vous un management am-bitieux au service de l’innovation ?

J.H. – Instaurer dans l’organisation, une culture, un climat de confiance et des pratiques qui invitent cha-cun à faire preuve de créativité et d’initiative est un enjeu majeur. Dans cette optique, le CHUGA doit pratiquer un management innovant et être capable d’associer rigueur et espaces d’initiative dans le pilo-tage des pôles, dans le management, dans l’écoute et dans la communication. À cette fin, les managers doivent s’engager sur un niveau de « qualité managé-riale » explicité dans une charte managériale.

DH : Quelle sera la place et le rôle du « CHUGA » au sein du GHT Alpes-Dauphiné ?

J.H. – Le CHUGA est l’établissement support du GHT Alpes-Dauphiné.

Il va établir un projet médical destiné à prendre en charge les patients dans des parcours de soins à l’échelle du territoire. Des équipes médicales com-munes se mettent en place : en cardiologie, en urolo-gie, en gériatrie… L’idée est de mettre en place une gradation des soins entre les différents établissements afin que le patient soit toujours au bon endroit.Par ailleurs le CHUGA est le CHU de la subdivision universitaire de l’arc alpin. En ce sens, il vont organi-ser pour les 3 GHT sans CHU, les 4 missions que la loi de santé de janvier 2016 a réaffirmé à savoir : l’enseignement, la recherche, le recours et l’innova-tion médicale et l’aide à la démographie médicale.Cette organisation « en poupées russes » doit permettre de créer un groupe d’établissements publics solidaires et efficients qui évite les redon-dances coûteuses sur un même territoire.

“Ce dispositif peut aussi être développé en diabétologie ou en cancérologie, et dans le champ des maladies chroniques en général, afin de suivre le patient au-delà de son épisode d’hospi-talisation, de recueillir les don-nées relatives à son parcours et de veiller sur celui-ci.”

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N° 156 - 2eme Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU DE GRENOBLE N° 156 - 2eme Quadrimestre 2017- REPORTAGE SUR LE CHU DE GRENOBLE

DH MAGAZINE : Décrivez-nous ce métier de direc-teur des affaires internationales ; pourquoi ce poste ?

Guillaume Duriez : Nous avons deux principaux objectifs : - Promouvoir l’expertise hospitalière du CHUGA à l’international d’une part. - Structurer l’accueil de patients internationaux sou-haitant venir se soigner chez nous d’autre part.

DH : En quoi consiste ce métier ? A-t-il évolué depuis votre prise de poste ?

G.D. – Ma mission actuelle est de créer et d’entre-tenir les liens entre le CHUGA et nos partenaires étrangers. Avec la conviction que ces échanges in-ternationaux serviront le rayonnement du CHUGA en France. Les retombées attendues dépassent les simples recettes ; elles concernent le développement de l’attractivité du CHU Grenoble-Alpes.

DH : Quelles sont les missions de la direction des affaires internationales ?

G.D. – Elles sont doubles : définir et mettre en œuvre une stratégie de développement et de présence sur

la scène internationale (en étroite collaboration avec la DRCI et l’UGA en ce qui concerne la recherche et la formation) et donner aux professionnels du CHU les moyens de réaliser leurs projets à l’international. Cette double mission se traduit, pour tous les pro-jets, par un appui logistique (aide à l’organisation du déplacement, à la réception d’une délégation ou de stagiaires…). C’est un élément clé pour la réussite de l’action internationale du CHU. Pour les projets de coopération classique, nous devons assurer la recherche de financements institutionnels (crédits MIGAC, financements par les collectivités locales, appels à projet…). Dans les projets de valorisation du savoir-faire du CHU, la direction des affaires internationales est garante de la mise en œuvre stra-tégique : organisation de missions régulières dans les pays ciblés dans le but de connaître les partenaires et d’entretenir la relation, construction d’offres de prestations pertinentes, identification de profession-nels du CHU intéressés… A terme, sur le volet « valorisation de l’expertise hospitalière », nous réflé-chissons à la création d’une filiale commerciale pour assurer la prise en charge de l’ensemble des aspects commerciaux et contractuels de ces projets, depuis la prospection jusqu’à la valorisation du partenariat, en passant par la conclusion du contrat.

DH : Quels sont les objectifs du CHU Grenoble- Alpes à l’international ?

G.D. – Ils sont doubles. D’abord : promouvoir l’expertise hospitalière du CHUGA à l’international. Ensuite, structurer l’accueil, sur le CHU Grenoble- Alpes, de patients internationaux car il y a déjà des patients qui souhaitent venir se soigner chez nous.

DH : Quelle stratégie pour ces échanges internatio-naux ?

G.D. – Nous visons des partenariats durables, am-bitieux, avec des objectifs clairement définis. Nous suivons pour cela quatre axes : le développement de partenariats de recherche, la valorisation de l’exper-tise du CHUGA, une mobilité internationale accrue de ses étudiants et professionnels et la mise en place d’actions pro-bono*. La cohérence de ces 4 axes est résumée par la devise de CHUGA International : « Des projets qui ont du sens. ». C’est leur conver-gence qui suscitera une dynamique au sein du CHUGA et parmi ses partenaires.

*(terme qui recouvre généralement les pratiques de bénévolat de compé-tences, de mécénat de compétences et bénévolat d’entreprise)

DH : Quels cadres pour ces actions ?

G.D. – Il y en a trois. Celui des partenariats clas-siques de coopération, majoritairement financés par des fonds institutionnels (Ministère de la santé, Exper-tise France…). Ils relient déjà le CHUGA à d’autres acteurs internationaux (ex : Université médicale d’Irkoutsk, hôpital sino-français n°2 de Suzhou, ONG Santé diabète au Mali…).Le second concerne les partenariats académiques. Le CHU souhaite s’y impliquer plus fortement et parti-ciper à leur pilotage, en particulier quand ils incluent une forte dimension de recherche clinique. Cette implication pourrait faciliter la création de réseaux d’institutions d’excellence incluant des hôpitaux. Ces entités sont désormais indispensables pour monter des projets de recherche ambitieux. Les partenariats hospitalo-universitaires doivent aussi permettre de favoriser la mobilité internationale pour les profes-sionnels du CHU. Cette stratégie internationale sera donc pilotée en lien étroit avec la direction de la recherche clinique et de l’innovation (DRCI) du CHU, avec les instances de l’Université Grenoble- Alpes (UGA) et avec les directeurs des instituts de recherche. Enfin, troisième levier : structurer son offre d’exper-tise hospitalière internationale (formation continue, accompagnement…) Le CHU valorisera son ex-pertise grâce à des partenariats avec des industriels désireux de s’associer au projet ou avec des établis-sements étrangers qui souhaitent monter en com-pétence. Les ressources générées par cette activité doivent servir d’accélérateur pour la mise en œuvre des projets du CHU. Avec une forte dimension de formation et de recherche clinique, impliquant le CHU, l’UGA (Université Grenoble-Alpes)

Le CHUGA mise sur l’international pour inventer l’hôpital de demain

Guillaume Duriez

Le CHUGA innove, le CHUGA s’exporte. Une vocation pour cette institution d’excellence qui conforte, par ses actions à l’international, son rayonnement en France et à l’étranger. Le positionnement du Centre Hospitalier Universitaire Grenoble-Alpes à l’international exige d’être toujours à la pointe. D’importants investissements modernisent actuellement le site et lui offrent l’infrastructure et l’équipement indispensables pour tenir son rang (lire par ailleurs).

Pour créer et entretenir les liens avec la patientèle, les étudiants et les profes-sionnels étrangers, le CHUGA, comme les principaux CHU de France (Stras-bourg, Paris, Lyon, Marseille) a créé, fin 2015, un nouveau métier. Celui de directeur des affaires internationales, qu’occupe, à Grenoble, Guillaume Duriez.

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N° 156 - 2eme Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU DE GRENOBLE

DH : Pourquoi et comment accueillir les patients étrangers au sein du CHU ?

G.D. – Certains patients étrangers désirent accéder à l’expertise médicale française ; notamment parce que cette expertise n’existe pas dans leur pays. Le CHU Grenoble-Alpes souhaite répondre à cette de-mande, tout en préservant le modèle de financement solidaire qui fait le cœur du modèle sanitaire français. Nous construisons d’abord une vision partagée, en consultation avec l’ensemble des professionnels du CHU. En ce qui concerne : les objectifs liés à l’accueil de cette nouvelle patientèle, la typologie des patients accueillis et l’utilisation au profit de tous des bénéfices éventuels liés à cette activité. Pour être porteur de sens, l’accueil de patients étrangers ne doit pas être un projet uniquement économique mais s’intégrer dans la stratégie internationale visant à renforcer la position du CHU en tant qu’institution d’excellence.

DH : Quelle présence aujourd’hui sur la scène inter-nationale ?

G.D. – Nous concentrons nos efforts sur plu-sieurs pays. Pour l’heure, il s’agit essentiellement de la Chine et du Maroc. La Chine est un pays en pleine croissance, dans lequel, dans quelques années, s’inventeront la médecine et l’hôpital du futur. Nous sommes partenaires depuis vingt ans de l’hôpital sino-français de Suzhou (province du Jiangsu). Ce partenariat recouvre la neuro-imagerie, la réé-ducation neurologique, la prise en charge des po-lytraumatisés (mise en place prochaine d’un trauma center). Nous développons aussi des liens forts avec la commission de la santé de la province du Zhejiang (66 millions d’habitants). Cela s’est traduit par l’accueil en 2016 de 6 médecins observateurs anglophones qui ont effectué un stage de 2 mois au CHU.

Avec le Maroc, la proximité est géographique (ce qui limite le coût et la durée des déplacements et lève ainsi des freins au développement des projets) et culturel : la francophonie des deux pays facilite grandement les échanges et permet l’accueil de stagiaires en France. Cette double proximité facilite aussi l’accueil de patients étrangers. D’où plusieurs partenariats fructueux, en particulier avec le CHU d’Oujda et la fondation Cheikh Khalifa Ibn Zaid qui recherche justement ces partenariats innovants avec les CHU français.

Nous avons enfin signé un partenariat inédit avec

Médecins Sans Frontières. La coopération entre les deux organisations va être initiée par la mise à dis-position de médecins du CHUGA pour des missions humanitaires de MSF. Un pool de cinq médecins urgentistes volontaires ont été mis en place dès dé-but 2017. Ces praticiens travailleront à 80 % sur le CHUGA et consacreront 20 % de leur temps à des missions court-terme avec MSF.

Premier partenariat de ce type à être signé, cette coopération a vocation à s’approfondir avec le temps, en s’élargissant à d’autres spécialités médicales, en incluant les paramédicaux et en abordant d’autres thématiques (qualité des soins, formation continue, management hospitalier).

DH : Quelles perspectives ?

G.D. – Nous devrions trouver d’autres partenariats. Avec un troisième pays émergent (à choisir en fonc-tion de sa proximité culturelle et géographique avec la France, de son intérêt pour le système de santé français, de ses situations géopolitiques (notamment en matière de sécurité) et économique (volonté ou non du partenaire d’investir dans la santé...) et un ou deux pays développés : avec l’objectif d’y donner une forte dimension académique. Le choix du pays se fera en partenariat avec les objectifs de la DRCI et la stratégie internationale de l’UGA en matière de santé.

crédit image Siemens Healthcare

Crédit image : Jacob Kuehn Soudan du Sud MSF

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N° 156 - 2eme Quadrimestre 2017 - REPORTAGE SUR LE CHU DE GRENOBLE N° 156 - 2eme Quadrimestre 2017- REPORTAGE SUR LE CHU DE GRENOBLE

DH : Le CHU Grenoble-Alpes va investir 182 mil-lions d’euros pour se moderniser. À quelle stratégie répond cet investissement ?

Stéphanie Fazi-Leblanc, Marlène Passavant, Jacques Pascale : L’objectif est de doter le CHUGA d’outils performants. Ces derniers vont lui permettre de tirer profit de son expertise dans ses domaines d’excellence, en confortant sa position de 1er trauma center de France, mais aussi d’améliorer la qualité de vie au travail de ses employés ainsi que l’accueil, l’orientation et la prise en charge du patient. L’ambi-tion du Projet d’Établissement 2016-2020 du CHU Grenoble-Alpes est de mettre l’innovation scientifique, technologique, organisationnelle et managériale, au service de la santé des populations de l’arc alpin et de ses partenaires.

DH : Quels étaient les travaux à réaliser « d’ urgence » ?

S.F-L, M.P, J.P. – Les efforts devaient se concentrer sur les rénovations. L’hôpital Michallon date de 1972, il devenait absolument nécessaire de le moderniser. Nous avons profité de cette opération pour mener d’autres travaux indispensables, en essayant de rationa-liser au maximum ces futurs aménagements.

DH : Avec qui ont été pensés ces aménagements ?

M.P, J.P. – Nous avons beaucoup anticipé le fonc-tionnement de ces futurs outils (NPT, NPI et hôpital Michallon rénové). Nous avons à cœur une mutua-lisation accrue et cohérente des ressources et des espaces. Un travail consultatif est mené en ce sens par six groupes de travail, représentant les différents pôles et services concernés par ces travaux. Cette démarche participative, saluée par ailleurs par les instances, permet de concevoir un outil de travail innovant, ra-tionnel, ergonomique et permettant un maximum de mutualisation. Pour sécuriser le pilotage de ces opéra-tions, nous avons créé à moyens constants une cellule appelée « BAC » (Bureau d’Accompagnement et de Coordination) placée sous la responsabilité d’un direc-teur d’équipe (Marlène Passavant). Le BAC assure la coordination des travaux avec les services utilisateurs, le pilotage des opérations de transfert et contrôle l’ap-plication des procédures établies.

DH : Quelle place pour la gérontologie ?

S.F-L. – Le CHU Grenoble-Alpes s’engage dans une restructuration importante de son activité géria-

trie, avec la construction du nouveau « Centre de Gérontologie Sud 2 » (CGS2). L’Institut National d’Etudes Démographiques estime qu’un français sur cinq est âgé de plus de 65 ans. Il y a en 2015 déjà 50 000 personnes âgées de plus de 75 ans sur le seul bassin Grenoble Sud-Isère. Le vieillissement de la population se traduit inévitablement par une hausse importante de la prise en charge des personnes âgées dépendantes. La construction du Centre de Gérontologie Sud 2 figure au rang des grandes opérations de moderni-sation menées au CHU Grenoble Alpes (CHUGA). Ce projet de 20 M� propose une réponse d’ensemble aux problèmes de dépendance soulevés à chaque phase du vieillissement. La livraison de ce nouveau bâtiment intégrant un programme d’exigences de qualité environnemen-tale (gestion de l’énergie, confort hygrothermique et gestion des déchets notamment) est prévue pour septembre 2017.

DH : Que permet cette restructuration du Centre de Gérontologie Sud ?

S.F-L. – Il regroupe sur un même site de l’ensemble des lits d’Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) et d’Unités de Soins de Longue Durée (USLD). L’opération consiste à construire un bâtiment de 120 lits de capacité relié au CGS existant (125 lits) de façon à former un ensemble homogène et performant et ainsi de fermer l’EHPAD de La Bâtie à Saint-Ismier ainsi que le pavillon Chissé (site nord, La Tronche). Avec ce projet, la prise en charge de la gériatrie au CHUGA se diversifie : sur les 80 lits d’EHPAD, 15 seront transformés en unité psycho-gériatrique. Il inclut également l’ouverture de structures innovantes telles qu’un Pôle d’Activité et de Soin Adapté (PASA) ou encore un pôle d’évaluation en ambulatoire et en accueil de jour. Cette relocalisation permet en outre de répartir l’offre de gériatrie sur deux sites principaux du CHUGA, avec des orientations différentes et complémentaires. Le site nord (La Tronche) recevra l’activité de court séjour, les Soins de Suite et de Réadaptation (SSR) médicalisés, dont l’Unité Cognitive Comportementale (UCC), les consultations, l’Hôpital De Jour (HDJ), les équipes mobiles. Sur le site sud (Echirolles), on trouvera l’accueil des patients lourds en USLD, Unité d’Hébergement Renforcé (UHR) et EHPAD. DH : Parlez-nous de ce nouveau plateau technique (NPT) qui doit conforter le CHUGA à la tête des Trauma Center français ?

Dans le cadre d’un projet d’établissement ambitieux, soucieux de maintenir son niveau d’excellence et d’améliorer encore la prise en charge de ses patients et le bien-être de ses collaborateurs, le CHUGA a lancé depuis 2016 des tra-vaux visant à enrichir son offre de soins. Une enveloppe de 160 millions d’euros et 22 M� d’équipements a été validée en 2015 par le ministère de la Santé, pour une modernisation en trois étapes : la mise en place d’un nouveau plateau interventionnel innovant (NPI), pour permettre une offre de chirurgie ambu-latoire renouvelée (40 millions d’euros) ; la création d’un bâtiment dédié aux urgences et aux soins critiques (60 millions d’euros) et la rénovation de l’hôpital Michallon, avec une lisibilité et une accessibilité accrues de ses activités (60 millions d’euros). Il s’agit d’une opération d’envergure particulièrement complexe, comprenant de nombreuses phases et de surcroît réalisée en site occupé sur un Immeuble de Grande Hauteur. Le CHU Grenoble-Alpes possède trois blocs opératoires avec plus de quarante salles d’opération couvrant l’ensemble des spécialités chirurgicales (neuro-chirurgie, chirurgie digestive, orthopédie, chirurgie ORL, chirurgie maxillo-fa-ciale, ophtalmologie et chirurgie vasculaire). En proximité immédiate des blocs opératoires, le trauma center de Grenoble est classé niveau 1, niveau le plus élevé au monde. Le maintien et le développement de cette expertise engage le CHU Grenoble-Alpes à faire les investissements nécessaires.

Focus sur ces chantiers avec la directrice générale adjointe, Stéphanie Fazi-Leblanc, Marlène Passavant, directrice référente et chargée du projet « CHUGA 2020 », et Jacques Pascale, chargé de mission.

Projection du Nouveau Plateau Technique

Marlène Passavant Jacques Pascale Stéphanie Fazi Leblanc

Le CHU Grenoble-Alpes à l’heure des grands travaux C

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S.F-L., M.P. – Le CHUGA sera doté d’un nouveau bâtiment ultra-performant, dédié aux urgences et aux réanimations, qui permettra une prise en charge optimisée des urgences. Il regroupera le service d’accueil des urgences, les réanimations, les unités de surveillance continue chirurgicales et médicales et une hélistation en toiture pouvant accueillir jusqu’à trois hélicoptères en simultané. Plus grand, plus moderne et plus accessible, ce NPT permettra de renforcer considérablement la filière soins critiques du CHU. Cette opération de 60 millions sera lancée au printemps. Le chantier sera livré en 2020. Ce nouveau bâtiment abritera 24 boxes d’urgence pour 65 000 passages par an, 47 lits de réanimation et 22 lits de surveillance continue. Il représentera une surface de 12 000 mètres carrés et devrait absorber près de 2 000 mouvements annuels d’hélicoptères.

DH : Que va permettre la mise en service d’un nou-veau plateau interventionnel ?

S.F-L., M.P., J.P. – Ce nouveau plateau interven-tionnel va doter le CHUGA de nouveaux blocs opératoires innovants (livraison 2019). Cette opé-ration de 40 millions d’euros comprend : la réno-vation complète du plateau de blocs opératoires avec la création, par étape, de 31 salles d’opéra-tion entièrement reconfigurées et équipées des toutes dernières technologies et d’un secteur de prise en charge ambulatoire des patients, incluant l’activité d’endoscopie. Le projet consiste aussi en l’abandon d’une organisation historique en blocs de « spécialités » pour une organisation en trois secteurs : un secteur à forte rotation très lié à l’am-bulatoire, un secteur urgences et un secteur de chirurgie lourde, hybride et radiointerventionelle.Ce nouveau plateau interventionnel innovant in-corporera les activités de radiologie, de chirurgie, de cardiologie et de médecine interventionnelle et sera accompagné du regroupement et de la standardisation des sites d’anesthésie, des salles d’opération, de l’optimisation des stocks et des ap-provisionnements ainsi que d’un service de stérili-sation et d’un arsenal central dédié à une logistique unifiée et mutualisée. Il permettra un parcours patient simplifié entre blocs opératoires, Salles de Surveillance Post Interventionnelles (SSPI), Unité de Soins Continus (USC) et réanimation.Il regroupera aussi les sites d’anesthésie et per-mettra de corriger le sous-dimensionnement chronique et historique des lits SSPI conformes aux normes en vigueur et en nombre suffisant

(47 lits, contre 23 aujourd’hui).

DH : Parlez-nous de la rénovation de l’Hôpital Michallon ; en quoi consiste-t-elle ?

S.F-L. – C’est un projet de rénovation in situ de grande ampleur pensé dans une logique d’amé-lioration du parcours patient. Elle sera opérée en deux temps. Le premier temps de la rénovation (60 M�), pour partie financée par le COPERMO, doit être achevée en 2021. Ce chantier complète la mise en service du nouveau plateau technique (NPT) et du nouveau plateau interventionnel (NPI). L’objectif est de rénover l’accès de l’hôpital en le rendant agréable et fonctionnel, et d’entre-prendre une vaste rénovation des surfaces libérées par le départ des laboratoires dans l’institut de biologie et de pathologie en 2010, pour y installer les activités de consultations, hôpitaux de jour et tertiaire, qui occupent actuellement des surfaces au sein des ailes d’hospitalisation. L’entrée princi-pale sera accessible de plain-pied et permettra un accès unique en connexion directe avec les flux patients et le bureau des entrées.

DH : Il y a aussi un projet sur le campus universitaire en partenariat avec les Facultés de médecine et de Pharmacie et l’UGA ?

S.F-L. – Effectivement. Il s’agit de reconstruire et de regrouper sept écoles, sur le campus uni-versitaire de Saint-Martin d’Hères. Ce projet va dans le sens de l’ « universitarisation » actuelle des professions médicales. Il a été conçu en partenariat avec l’Université et les Facultés de médecine et de Pharmacie. Le même bâtiment regroupera les écoles paramédicales et les trois premières années des Facultés de Médecine et de Pharmacie. Il ne s’agit pas là non plus de construire pour construire mais de doter d’un outil innovant et performant les 2 500 étudiants, leurs enseignants, et de créer des convergences et des passerelles pédagogiques au sein d’un seul et même complexe entre profession-nels et étudiants. L’opération s’élève à 31,35 M� (19,85 M� pour le CHUGA, 11,5 M� pour l’UGA). L’opération est très majoritairement financée par la Région Auvergne-Rhône-Alpes. L’Institut ouvrira ses portes à la rentrée 2018.

S.F-L, M.P. , J.P. – La construction de ce nouveau plateau technique (NPT) vise en effet à conforter et pérenniser une expertise reconnue sur le plan national et international en traumatologie et l’excellence de la filière « urgence vitale » du CHU Grenoble-Alpes. Historiquement lié à l’accidentologie de montagne, le CHUGA a mis en place une organisation unique en France. Il dispose ainsi de deux structures dédiées spé-cifiquement aux urgences traumatologiques : le service des urgences traumatologiques pour les traumatismes simples et un service de « déchocage » pour les ur-gences graves. Cette organisation en trauma center repose aussi sur une structuration graduée de la prise en charge des patients traumatisés sur le réseau Nord

Alpin des urgences.Avec près de 230 000 cas traités par le SAMU, plus de 100 000 passages aux urgences, près de 5 000 interventions au bloc opératoire d’urgence, près de 2 000 sorties héliportées et plus de 1 000 décho-cages par an en moyenne, le CHUGA est le centre de référence du réseau de soins en traumatologie de l’arc alpin. En 2015, 700 polytraumatisés graves ont ainsi été ac-cueillis au Trauma Center du CHUGA, un chiffre qui a fait de ce service dédié aux urgences vitales le premier de France, pour la deuxième année consécutive.

DH : De quelle nature seront ces travaux ?

Projection du nouveau Parvis Belledonne de l’hôpital Michallon / Projection du Centre de Gérontologie Sud 2

Crédit photo © Pascal Beau

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Inéo Digital relève donc ici un véritable défi. Celui de créer une plate-forme multimédia nova-trice répondant aux contraintes de l’urgence, aux exigences du service public et pouvant s’adapter aux technologies d’avenir. Inéo Digital a su inscrire sa prestation dans une dynamique de co-conception avec le CHU Grenoble-Alpes, et adapter la technolo-gie proposée aux besoins spécifiques du service. Ineo Digital a su bâtir une solution adaptée aux besoins du 114 et mettre ses compétences au service de la réalisation du projet.

Les solutions e-Santé Inéo Digital s’articulent autour de quatre expertises majeures : la mise à disposition de services multimédia, la garantie de la sécurité, le développement de la mobilité et l’optimisation des infrastructures informatiques. Ses objectifs : contri-buer au développement des Systèmes d’Information Hospitalier (SIH) et à l’amélioration de l’accueil des patients tout en apportant une valeur ajoutée à l’en-semble des acteurs du corps médical.

Grenoble, plate-forme nationale de l’urgence 114 Dires d’experts autour du centre national de relais 114 (CNR 114) avec le docteur Be-noît Mongourdin, médecin responsable du CNR 114 et responsable unité Rhône-Alpes d’accueil et de soins pour les sourds, et Ma-dame Sandrine Brasselet, directrice des Pôles Urgences et Médecine Aiguë, cancer et ma-ladie du sang, thorax vaisseaux au CHU Gre-noble-Alpes et directrice en charge du CNR 114.

DH MAGAZINE : Pouvez-vous nous présenter le CNR 114 ?

Benoît Mongourdin et Sandrine Brasselet : – Le 114 n’est pas un dispositif parallèle : c’est un service rendant accessibles les services d’appels ur-gents existants, qui ne peuvent actuellement être contactés que par téléphone. Toute personne ayant des difficultés à entendre ou à parler, lorsqu’elle se retrouve en situation d’urgence, qu’elle soit victime ou témoin, peut désormais, 24h/24 et 7j/7, alerter et communiquer via un numéro national unique et gratuit : le 114.

DH : Comment fonctionne actuellement ce service d’urgence ?

B.M. et S.B. – Dès que les informations relatives

au traitement de l’urgence sont suffisantes (localisa-tion, contexte, identité de la personne, etc.), le 114 établit le lien direct avec le service d’urgence le plus proche de la victime, qui interviendra, si nécessaire, dans les plus brefs délais : SAMU, sapeurs-pompiers, police et gendarmerie. Si l’urgence est vitale (noyade, défenestration, arrêt cardio-respiratoire, etc.), l’appel est traité en direct avec le service d’urgence concerné.

DH : Grenoble centralise tous les messages d’urgence de l’Hexagone ?

B.M. et S.B. – Effectivement. Le CNR 114 couvre tout le territoire. Les appels émanant des DOM-TOM seront également traités dans un futur proche. Le CNR 114 dispose des numéros coupe-file des 400 centres d’urgence en France, et une fois les besoins de la victime établis et sa localisation faite, nos agents alertent par téléphone les services de se-cours les plus proches et les plus appropriés (SAMU, sapeurs-pompiers, police et gendarmerie).

DH : Quels moyens le CNR 114 nécessite-t-il ?

B.M. et S.B. – Il faut six professionnels à temps plein pour un poste 24h/24 et 7j/7. L’équipe est à ce jour composée d’une vingtaine d’agents, sourds et enten-dants, mais le service va se développer rapidement avec l’arrivée de la Conversation Totale, très attendue par la population. S’agissant d’une plate-forme d’ap-pels multi-services, nos agents doivent connaître tous les types de procédures et de protocoles et savoir poser en amont les questions d’usage des différents métiers (police,pompiers, gendarmerie, SAMU) avant transmission, afin de gagner un temps précieux. Le CNR 114 traitera des appels en français et en langue des signes, tous nos agents étant formés à l’usage de ces deux langues. Les agents ont bénéficié pendant plusieurs mois d’une formation spécifique poussée, sous la forme d’un Diplôme Inter-Universitaire (Gre-noble / Aix-Marseille). Nous fonctionnons avec des équipes mixtes associant sourds et entendants, ceux qui parlent le mieux la langue des signes étant les sourds eux-mêmes. C’est une autre originalité de ce projet.

DH : Quel est le succès du CNR 114 jusqu’à présent ? B.M. et S.B. – Depuis septembre 2011, date de son inauguration, il y a une augmentation constante des appels. Le 114 sauve régulièrement des vies même s’il reste encore insuffisamment connu. Fax et SMS sont deux technologies peu pratiques. Lorsque le

Le Centre National Relais 114 permet à toute personne en situation d’urgence et dans l’inca-pacité d’entendre ou de parler, qu’elle soit per-manente (sourds, malentendants, aphasiques et dysphasiques), ou temporaire (asthme ou étouf-fement, appels discrets de témoins d’agression, de victimes d’attentats ou de violences conju-gales, appels depuis un lieu public saturé de bruit, etc.), de contacter les services d’urgences (Samu, Sapeur-Pompiers, Police et Gendarmerie).

Accessible depuis septembre 2011 par SMS et fax, le CNR 114 traite et relaie aux services d’urgence français près de 10 000 demandes par an. Mais sa vocation est d’ouvrir au public une plateforme multimédia ambitieuse et innovante qui doit permettre de s’adapter à tous les usages de communication non-téléphoniques actuels, et c’est Cofely Inéo, via son entité Inéo Digital qui a été retenu pour en étendre l’accessibilité technologique.

Le CNR 114 sera très prochainement utilisable via une interface novatrice : la Conversation Totale. Il s’agit d’une interface pouvant fonctionner simul-tanément en vidéo, en texte en temps réel, et avec la voix. La Conversation Totale sera utilisable depuis un PC (via un portail web), ou depuis un smartphone via une application mobile.

En outre, cette technologie permettra une géolo-calisation très précise de l’appelant via la puce GPS de son smartphone.

Cette innovation ouvre des perspectives d’acces-sibilité inédites dans le service public, tant sur le plan linguistique (langue des signes, français écrit, français oral) que sur le plan fonctionnel (le service répond aux besoins de toute personne avec des difficultés à entendre ou à parler, même tempo-rairement), et sur un accès unique quel que soit le type d’urgence (SAMU, sapeurs-pompiers, police, gendarmerie).

Le 114, numéro d’urgence écrit et signé, fonctionnera bientôt en TTR (Texte en Temps Réel)

Le 114 est le numéro national français d’appel d’urgence, unique et gratuit, 24h/24, 7j/7, pour les personnes avec des difficultés à parler ou à entendre. Le dispositif, piloté sous l’égide du Comité Interministériel du Handicap, est co-financé par les Ministères de l’Intérieur et de l’Action Sociale et de la Santé, et le CHU de Grenoble a été désigné pour en porter la mise en place et le développement.

Benoît Mongourdin Sandrine Brasselet

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système s’ouvrira également aux courriels, mais sur-tout à la Conversation Totale (visioconférence, texte en temps réel, voix), il s’accompagnera certainement d’une rapide augmentation du nombre d’appels. En France, on estime à 450 000 les personnes ne pou-vant pas téléphoner et susceptibles d’avoir recours à ce service. Actuellement, nous traitons une trentaine de dossiers par jour, dont une dizaine d’entre eux présente une situation d’urgence véritable.

DH : Fallait-il réserver le 114 à un type de public particulier ?

B.M. et S.B. – Le choix a été fait de ne pas sou-mettre l’utilisation du service à une préinscription. Il ne s’agit pas d’un service « réservé » à une partie de la population, et c’est le principe de l’accessibilité en France. Et comme toutes les innovations suscitées par des besoins spécifiques, c’est l’ensemble de la population qui est susceptible d’en bénéficier si la nécessité s’en présente. On ne peut malheureuse-ment s’empêcher de penser au drame du Bataclan. Donner l’alerte discrètement par SMS dans ce genre de circonstance est indispensable. C’est aussi utile, on l’a vu, lors de cambriolages mais cela peut être aussi le cas lors d’une simple crise d’asthme ou de tout problème qui empêche de s’exprimer au télé-phone. L’utilisation prioritaire des services d’urgence existant doit toutefois rester la règle quand l’usage du téléphone est possible pour une gestion directe des situations d’urgence.

DH : Quelles évolutions va connaître le CNR 114 et pour quand sont-elles prévues ?

B.M. et S.B. – Dans les prochaines semaines, nous allons mettre en test de pré-production l’outil Conver-sation Totale, qui utilise images, texte en temps réel et voix, Nous allons pouvoir éprouver la technologie, mais également certifier les compétences des agents chargés de traiter ces appels multimodaux, et de s’adapter aux différentes langues et supports (langue des signes, français écrit, appels mixtes voix / écrit…). C’est une véritable première mondiale, ce type de service n’existant dans aucun autre pays. La demande sera sans doute très forte une fois ce cap numérique franchi. C’est un défi tech-nologique très motivant, d’autant plus pour un service public, et qui suscite un intérêt très fort. Le CNR 114 constitue en outre, depuis son ouverture en septembre 2011, un laboratoire d’expérimentation pour l’utilisation des nouvelles technologies de la communication dans le service public. (autres sources : service presse Cofely Ineo)

A propos de Cofely Inéo, Groupe GDF SUEZ : Inéo Digital, société de services numériques, est une entité de Cofely Inéo. Cofely Inéo, 15 600 personnes pour 2,4 mil-liards d’euros de chiffre d’affaires en 2014, est un acteur majeur du génie électrique, des sys-tèmes d’information, des systèmes de com-munication et des services associés. Avec plus de 300 implantations en France, Cofely Inéo met au service de ses clients ses compétences d’ingénierie, d’installations, d’intégration de systèmes et de services dans cinq domaines d’activité : le tertiaire public et privé, l’indus-trie, la défense, les infrastructures d’énergie, de télécom, de transport et les collectivités. Cofely Inéo fait partie de GDF SUEZ Energie Services, le leader européen des services multitechniques. GDF SUEZ Energie Services est une des cinq branches d’activité du Groupe GDF SUEZ, l’un des premiers énergéticiens au niveau international.

A propos du 114 :

Le 114 est le numéro national d’appel d’ur-gence unique et gratuit à destination des personnes avec des difficultés à entendre ou à parler (sourds, malentendants, aphasiques et dysphasiques). Il est accessible 24h/24, 7j/7 par SMS ou fax, et le sera bientôt par Conversation Totale (vidéo, texte en temps réel, voix). Le 114 répond à une commande nationale et fait l’objet d’un financement in-terministériel, afin de répondre aux exigences légales d’égalité d’accès aux services publics de l’urgence (15.17.18), dans le cadre de la Loi n° 2005-102 du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Placée sous l’égide du Comité Interministériel du handicap, financée par les Ministères de l’Intérieur et de la Santé, sa mise en œuvre est assurée par le Centre Hospitalier Universitaire Grenoble-Alpes.

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