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Pharmacocinétique :
introduction et généralités
Patrice NONY (MD, PhD)
Service de Pharmacologie Clinique
UMR CNRS 5558
Hôpital Cardiologique, Lyon, FRANCE
Objectifs
• Connaissances
• Connaître les définitions du médicament
• Connaître les différentes voies d’administration du médicament
• Connaître les notions de principe actif et d’excipient
• Connaître les quatre étapes considérées en pharmacocinétique : A, D, M, E
• Comprendre les méthodes d’analyse des résultats pharmacocinétiques : approches non paramétrique (ASC, Cmax, tmax, demi-vie) et modélisation
• Connaître l’implication de la pharmacocinétique à chaque stade de développement d’un médicament
• Savoir faire
• Savoir déterminer empiriquement les temps de prélèvements sanguins pour une étude pharmacocinétique
• Savoir élaborer le schéma d’un modèle compartimental
• Savoir connecter un modèle pharmacocinétique à un modèle de relation concentration-effet
• Un médicament est une substance ou une
composition présentée comme possédant des
propriétés curatives, préventives ou administrée
en vue d'établir un diagnostic.
• Un médicament est le plus souvent destiné à
guérir, à favoriser la guérison, à soulager ou à
prévenir des maladies humaines ou animales.
Qu’est-ce qu’un médicament?
Qu’est-ce qu’un médicament?
Pour un scientifique : C’est une entité moléculaire ou supramoléculaire, voire cellulaire, qui après administration à un être vivant, interfère avec des processus biologiques ou pathologiques de telle manière que l’effet final présente un intérêt thérapeutique. Ces entités sont appelées principes actifs.
Pour un pharmacien : C’est une forme pharmaceutique (galénique) contenant un ou plusieurs principes actifs, accompagnée d’excipients ou adjuvants destinés à obtenir une forme administrable.
Pour un médecin : C’est un des outils thérapeutiques à sa disposition.
Pour le législateur français :
Selon l’article L 511 du Code de la Santé Publique (23.09.67) (livre V) “On entend par médicament, toute substance ou composition présentée comme possédant des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies humaines ou animales, ainsi que tout produit pouvant être administré à l’homme ou à l’animal, en vue d’établir un diagnostic médical ou de restaurer, corriger ou modifier leurs fonctions organiques”.
Médicaments = principes actifs + excipients + forme galénique.
Qu’est-ce qu’un médicament?
Médicaments = principes actifs + excipients + forme galénique.
Les principes actifs
Portent activité pharmacologique, sont désignés par une
appellation abrégée en un mot officialisée par l’OMS la
dénomination commune internationale ou DCI.
Les excipients
Assurent la conservation du médicament, lui donnent un volume
et une présentation utilisable par le malade et permettent son
identification.
Rôle important dans la vitesse de mise à disposition de l’organisme
du principe actif. Inactifs quant à leur intérêt thérapeutique, ils
peuvent cependant entraîner des effets nocifs
Qu’est-ce qu’un médicament?
Les différents principes actifs
Les petites molécules
•Caractéristiques physicochimiques permettant souvent une absorption orale •Toutes les voies d’administration sont possibles
Administration: Telle quelle Sous forme de précurseur thérapeutique Sous forme conjuguées Encapsulées dans des vecteurs particulaires (e.g. liposomes) •Le plus souvent obtenues par synthèse chimique •Parfois par extraction à partir d’organismes vivants (bactéries, plantes etc.)
90% de la pharmacopée actuelle Cibles moléculaires 600 des 30000 gènes humains
Les macromolécules :
Les plus nombreuses sont de nature :
-Protéique: Les protéines recombinantes sont des protéines naturelles à activité biologique, le plus souvent de nature humaine et obtenues par génie génétique. anticorps monoclonaux ± humanisés inhibition d’activité biologique non désirée.
-Oligonucléotidique: Des séquences d’ADN ou d’ARN •mimer des activités géniques (thérapie génique) •inhiber sélectivement l’expression de gènes déterminés (anti-sens – dirigés contre la séquence codante ou leurres inhibant l’activité des séquences régulatrices -)
Les différents principes actifs
Les différents principes actifs Les entités macromoléculaires : But : vectoriser des séquences nucléotidiques vers leur site d’action. Vecteurs viraux et vecteurs non viraux (liposomes cationiques, par exemple).
Les cellules (Thérapies cellulaires) : But: remplacer ou rétablir les fonctions d’un tissu ou d’un organe en y transférant les cellules adéquates. Cellules matures (transfusion sanguine) Cellules immatures (cellules souches) autologues (auto-greffes) allogéniques ou xénogéniques. Les cellules souches •pluripotentes (capacité à générer tous les tissus) (cellules souches embryonnaires du blastocyste) •multipotentes (capacité à générer un nombre limité de tissus) (cellules souches adultes). La thérapie cellulaire peut être également utilisée pour la vectorisation de gènes ou de médicaments.
Les formes galéniques
Administration de principes actifs de petite taille. Varient selon la voie d’administration. Formes unitaires (gélules, suppositoires, etc) Formes à diviser (sirop, gouttes, etc). Les formes liquides simples solutions, suspensions stabilisées ou solutions colloïdales. Les formes solides principe actif peut être solubilisé dans un liquide inclus dans une forme réservoir ou un bien inclus dans une matrice d’excipients La libération du principe actif peut être immédiate ou contrôlée et/ou retardée. Elle met en jeu différentes forces physiques (diffusion, cisaillement, osmose…)
Les formes galéniques
• Formes liquides
– Suspension
– Solution
– Émulsion
• Formes solides
– Comprimés
– Dragée
– Gélule
Les formes galéniques
• Formes parentérales
• Formes inhalées
• Formes rectales, vaginales
• Formes topiques
• Sublinguale
Gélule à double libération
Les formes galéniques
Le médicament
– Vaccins, produits de contraste, agents
diagnostic, solutés de perfusion, produits
dérivés du sang, hormones, contraceptifs
oraux… sont des médicaments.
– Mais pas les matériaux (prothèses,
stérilets…).
Fonction du médicament
• Fonction thérapeutique:
– préventive
– curative
• Fonction diagnostic
Origine des médicaments
• Chance
• Recherche orientée
• Imitation de la concurrence
• Recherche systémique
Origine des médicaments
• Origine végétale: les alcaloïdes, les gommes, les glycosides.
• Origine animale: Extrait de sang humain, enzymes, kinases, insulines, excipients pharmaceutiques…
• Origine synthétique
• Origine biogénétique
Dénomination des médicaments
• Nom chimique
• Code produit
• Dénomination commune internationale ou DCI
• Nom de spécialité
Noms : exemples
Noms DCI Noms de spécialité
. diazépam Valium®
. bromazépam Lexomil®
. halazépam Havlane®
. flunitrazépam Rohypnol®
. clorazépate Tranxène®
. triazolam Halcion®
. propranolol Avlocardyl®
. acébutolol Sectral®
. aténolol Tenormine®
. bétaxolol Kerlone®.
Enjeux en relation avec le médicament
• Scientifique: connaissance des modes
d’action: amélioration des connaissances
biologiques, genèse et développement
des maladies.
• Santé publique: amélioration de la santé
des populations, appréciation des
bénéfices et risques.
Pharmacocinétique : définition
• Étude du devenir d’un médicament dans l’organisme
• 4 étapes : ADME
– A : absorption
– D : distribution
– (M : métabolisme)
– E : élimination
Temps
Concentration
Plage des concentrations utiles
Effets indésirables
Inefficacité
Marge
Thérapeutique
Principe
Absorption
• Passage du médicament dans le sang (= circulation
générale = circulation systémique) à partir de son site
d’administration
– voie orale = per os
– voie parentérale (IV, IM, ID)
– Voie nasale, pulmonaire, sublinguale, rectale, vaginale,…
• Barrières externes de l’organisme :
– Peau
– Muqueuse buccale
– Arbre respiratoire
– Intestin
Absorption
• Facteurs influençant l’absorption des médicaments :
– Facteurs liés aux médicaments :
• Caractéristiques physico-chimiques de la molécule
(liposolubilité, pKa, forme cristalline,…)
• Forme galénique (gélule, comprimé, sirop,…)
– Facteurs liés au patient :
• Alimentation (pH, vidange gastrique, motilité intestinale,…)
• Âge
• Interactions médicamenteuses
• Pathologies
Absorption
Gélule
Gélule LP
Comprimé enrobé
Concentration
plasmatique
Temps
Intraveineuse
intramusculaire
Sous-cutanée Orale
Concentration
plasmatique
Temps
Absorption
• Biodisponibilité : fraction de la dose du médicament
administré qui atteint la circulation générale et vitesse à
laquelle elle l’atteint.
• Facteurs influençant la biodisponibilité :
– Quantité absorbée par l’épithélium digestif (coef d’absorption)
– Quantité éliminée (effet de 1er passage hépatique (quand v.o.))
• Quantification de la biodisponibilité
– Biodisponibilité absolue (référence : voie IV) :
SSC : surface sous la courbe des concentrations sanguines en
fonction du temps et D : dose administrée
po
iv
iv
po
D
D
SSC
SSCF
Absorption
• Quantification de la biodisponibilité
– Biodisponibilité relative (référence : même voie mais autre
forme galénique ou cas des génériques (bioéquivalence))
• Calcul du facteur vitesse de la biodisponibilité
– Constante de vitesse d’absorption (ka)
– Ou concentration maximale (Cmax) et le temps pour atteindre
cette concentration (Tmax)
x
ref
ref
x
D
D
SSC
SSC'F
Biodisponibilité
= 100%
Absorption et biodisponibilité
PA
FOIE
c% métabolisés
a%
métabolisés
b% non
absorbés
Biodisponibilité
= (100 - a - b - c)%
Effet de premier
passage hépatique
Distribution
• Dans le sang :
– Médicament sous 2 formes : libre ou liée aux protéines
plasmatiques
– Fixation aux protéines plasmatiques (ex : albumine)
• Phénomène réversible répondant à la loi d’action de masse :
• Détermination d’un pourcentage de fixation (f)
– Action pharmacologique d’un médicament :
proportionnelle à la concentration de médicament sous forme
libre dans le plasma
]PM[]P[]M[
Distribution
• Dans les organes (distribution tissulaire) :
– Facteurs influençant la diffusion tissulaire :
• Caractères physicochimiques du composé
– Ex : pour franchir la BHE, il faut un composé de masse
molaire faible, très liposoluble et essentiellement sous
forme non ionisée
• Irrigation des organes
– Organes bien perfusés (foie, reins, cœur, poumons,
cerveau)
– Organes ou tissus peu perfusés (peau, muscles
squelettiques, graisses)
Distribution
• Volume apparent de distribution :
– Volume fictif dans lequel devrait se distribuer le médicament pour être à la même concentration que celle du plasma :
• A : quantité de médicament dans l’organisme
• C : concentration plasmatique
• Facteurs de variation :
– Âge
– Insuffisance hépatique, rénale
– Interaction médicamenteuse
t
t
C
AV
Métabolisme
• Biotransformations :
– Augmentation de la polarité des médicaments lipophiles
afin de les rendre plus facilement excrétables
– Surtout dans le foie (enzymes)
– Réactions métaboliques :
• Phase I : oxydation, réduction, hydrolyse
métabolites inactifs (ou actifs ou toxiques !)
• Phase II : conjugaison
métabolites éliminés par voie urinaire et/ou biliaire
– Facteurs de variation :
• Facteurs génétiques
• Âge
• Induction/inhibition enzymatique
• Rythme circadien (chronopharmacocinétique)
Métabolisme du médicament
• Phase I
– Cytochrome P450 (enzymes majeurs de Phase I)
– Alcool dehydrogenases
– Aldehyde dehydrogenase
– Xanthine oxidases
– Monoamine oxidases
– Flavin-mono-oxygenases
– Dihydropyrimidine dehydrogenase
– Estérases
– Hydrolases
– Peptidases
Métabolisme du médicament
• Phase II
– Glutathione-S-transferases
– N-acetyl transferases (NAT1 & NAT2)
– Methyl transferases
– UDP- glucuronyl transferases
– Sulfotransferases
Métabolisme
Principe actif
Oxydations, réductions
(système du cytochrome P450)
Hydrolyses
Conjugaisons
(ex: glucurono-, sulfo-conjugaison,
acétylation)
Excrétion
Phase I Phase II
Origine de la nomenclature
des Cytochromes P450
exemple : le CYP 450 2D6
• CYP = Cytochrome P 450
• 2 = famille génétique
• D = sous-famille génétique
• 6 = gène spécifique
• NOTEZ que cette nomenclature est basée sur la
génétique sans AUCUNE implication
fonctionnelle.
CYP3A4
CYP2D6
CYP2C8/9/19
CYP1A2
CYP2E1
Cytochrome P450
importance relative
dans le métabolisme des médicaments
Métabolisme des médicaments :
isoformes du cytochrome P450
CYP Médicaments
métabolisés (exemples)
Polymorphisme
(mauvais
métaboliseurs)
1A2 Caféine, théophylline,
tacrine
2C19 Phénytoïne, diazépam,
oméprazole
3-5% caucasiens
15-20% asiatiques
2C9 Ibuprofen, fluoxetine 1-3% caucasiens
2D6 Carvedilol, fluoxetine 5-10% caucasiens
2E1 Ethanol, halothane
3A4, 5, 7 Environ 50% des
médicaments
Conséquences du métabolisme
PA liposoluble
Absorption
facilitée
Excrétion
limitée
Fixation
réabsorption rénale
Produits plus
hydrophiles
Excrétion
facilitée
inactifs
actifs
toxiques
Métabolisme
Métabolisme
Quand on augmente beaucoup la dose de morphine, il arrive que la
douleur augmente au lieu de diminuer.
Explication probable
morphine morphine-3-glucuronide
antagoniste de l’effet
analgésique
de la morphine
morphine-6-glucuronide
analgésique plus puissant
que la morphine
morphine-3-glucuronide
morphine-6-glucuronide augmentent avec la dose
morphine-3-glucuronide
morphine
Elimination
• Elimination rénale :
– 3 étapes (en fonction des caractéristiques physico-chimiques
du composé, du débit sanguin,…) :
• Filtration glomérulaire (pour les formes non liées)
• Sécrétion tubulaire (active)
• Réabsorption tubulaire (active ou passive)
– Facteurs de variation : age, insuffisance rénale,
interactions médicamenteuses
• Autres voies d’élimination :
– Biliaire
– Salivaire, lacrymale, bronchique,…
Elimination
Elimination
• Notion de clairance :
– Clairance totale (élimination globale du médicament)
volume de plasma totalement épuré du médicament par unité de temps
– Clairance d’un organe :
• Q : débit sanguin au travers de l’organe
• CA : concentration à l’entrée de l’organe (sang artériel)
• CV : concentration à la sortie de l’organe (sang veineux)
Clairance totale : somme des clairances partielles (rénale, hépatique, intestinale, pulmonaire,...).
A
VA
C
CCQCl
Organe
Artère afférente Veine efférente
Demi-vie
Ce paramètre correspond au temps nécessaire pour que,
après l’administration d’un médicament, sa concentration
diminue de moitié.
La demi-vie est exprimée en unité de temps et peut varier de
quelques minutes à plusieurs semaines selon les
médicaments.
La fraction de médicament éliminée en fonction du temps
dépend donc de sa demi-vie et l’on considère que la totalité
du médicament est éliminée au bout de 5 demi-vie.
Demi-vie
Demi-vie
La demi-vie d’un médicament peut varier
considérablement d’un sujet à l’autre sous l’influence de
facteurs affectant la clairance ou le volume de
distribution.
Ainsi, si la clairance d’un médicament diminue en
relation avec un processus physio-pathologique, la
demi-vie augmentera.
A l’inverse, une augmentation du volume de distribution
s’accompagnera d’une augmentation de la demi-vie du
médicament.
Graphique en coordonnées
semi-logarithmiques
Demi-vie
10 20 30 40 50 60 70
1
2
3
4
5
6 Approche modèle indépendant (non paramétrique) :
-Min, max, tmax, tlag, AUC, MRT…
-Pente de la portion finale de la courbe (coordonnées semi-log)
Analyse non paramétrique
(modèle indépendant)
Variables PK modèle indépendantes
• AUC : caractérise la quantité de
médicament entrée dans l’organisme et la
vitesse de son élimination
0
.),0( dtCAUC
Clairance
absorbéeDoseAUC
)(
Variables PK modèle indépendantes
• Clairance totale : volume de plasma épuré
par unité de temps
AUC
DoseFClairance
.
VkClairance e.
Variables PK modèle indépendantes
• MRT : temps de présence moyen, traduit
la durée de séjour du médicament dans
l’organisme
• AUC : moment d’ordre 0 de la courbe C(t)
• AUMC : moment d’ordre 1 de la courbe C(t)
AUC
AUMCMRT
0
..),0( dtCtAUMC
Formules utiles en pratique
tot
totAUC
F.DoseCl
VkCl etot
Récapitulatif : les différentes étapes
PA
(Dose)
Absorption
Excrétion
Organes de biotransformation
PA libre
Site d’action
récepteurs
Autres sites
de fixation
PA lié
Système
circulatoire
PA libre PA lié PA libre PA lié
Métabolites
Distribution, localisation, fixation
Biotransformation
Pharmacocinétique
et
modélisation mathématique
Données pour un patient
10 20 30 40 50 60 70
1
2
3
4
5
6
Légendes
• Axe des x :
– Temps (unités : min, h, j, mois…)
• Axe des y :
– Quantité (unités : g, mg, microg, mol, mmol… )
– Concentration (unités : quantité / volume)
– Effet (unités : ???)
Pharmacocinétique et
pharmacodynamie
élimination
absorption
Récepteur
Cellule
Tissu
effets
biologiques
Pharmacocinétique Pharmacodynamie
effets
thérapeutiques
distribution
métabolisme
Analyse des données pour un patient
10 20 30 40 50 60 70
1
2
3
4
5
6
Analyse des données pour un patient
10 20 30 40 50 60 70
1
2
3
4
5
6
Approche modèle indépendant (non paramétrique) :
-Min, max, tmax, tlag, AUC, MRT…
-Pente de la portion finale de la courbe (coordonnées semi-log)
???
10 20 30 40 50 60 70
1
2
3
4
5
6
Modèle pour un patient
10 20 30 40 50 60 70
1
2
3
4
5
6
Notion de modèle
• Un système biologique peut être défini comme une entité produisant une réponse (sortie) à une stimulation (entrée). L’expérience mesure la réponse du système à diverses stimulations prédéfinies.
• La modélisation utilise les informations issues de l’expérience pour : – déterminer le type de fonction permettant la meilleure prédiction
possible de la réponse du système,
– estimer les paramètres du modèle.
• En pharmacologie clinique, la pharmacocinétique (PK) et la pharmacodynamie (PD) constituent les champs majeurs d’application de modèles mathématiques.
Pourquoi modéliser ?
• Résumer une relation complexe entre
différents phénomènes avec un nombre
restreint de paramètres,
• Expliquer en choisissant parmi plusieurs
modèles celui s’ajustant le mieux aux
données,
• Prédire et extrapoler les résultats à des
doses non testées, faire une adaptation de
posologie,
• Enseigner
Etapes de la modélisation
• Choix du modèle structurel :
empirique ou mécanistique
• Estimation des paramètres du modèle
(minimisation)
• Etude de la validité du modèle
(approche graphique, analyse des résidus)
• Comparaison des modèles entre eux
(approche graphique, fonctions de vraisemblance)
Que penser de la validité du modèle ?
10 20 30 40 50 60 70
1
2
3
4
5
6
Exemple d’ajustement insuffisant du
modèle pour un patient
10 20 30 40 50 60 70
1
2
3
4
5
6
???
10 20 30 40 50 60 70
1
2
3
4
5
6
Représentation graphique d’une fonction : y2[t]
10 20 30 40 50 60 70
1
2
3
4
5
6
Modalités d’expression d’une fonction
Fonctions exprimées sous forme analytique :
Fonctions exprimées sous forme numérique :
y1 t dk12 t
f, y2 td
k12 t k20 tf k12
k12 k20
y1 t InterpolatingFunction 0., 30. , t ,
y2 t InterpolatingFunction 0., 30. , t ,
Notion de variabilité
15 20 25 30
0.02
0.04
0.06
0.08
0.1
Notion de variabilité
15 20 25 30
0.02
0.04
0.06
0.08
0.1
Pr
Légendes
• Axe des x :
– Variable d’intérêt (e.g. dose, …)
• Axe des y :
– Densité de probabilité
Cas de plusieurs patients
Modèle monocompartimental
• Organisme assimilé à un ensemble
homogène, i.e. à un seul compartiment
à partir duquel le médicament est
régulièrement éliminé par le processus
de transfert :
Transfert d’un principe actif
• à travers une barrière ou une
membrane,
• et à vitesse variable au cours du temps.
• Ordre de transfert :
influence de la quantité de principe actif
sur la vitesse de transfert
Transfert d’un principe actif
• Processus de transfert d’ordre 1 :
à chaque instant, la quantité de
médicament traversant une membrane
est proportionnelle à la quantité présente
d’un côté de la membrane
k10
y1 (t)
D
Transfert d’un principe actif
• dy1(t) / dt = -k10.y1(t)
• et conditions initiales à t=0 : y1(0) = D
k10
y1 (t)
D
Transfert d’un principe actif
• y1(t) : quantité de médicament présente
dans le compartiment 1 à l’instant t
• k10 : constante de vitesse de transfert
unités : temps -1 (min-1….)
k10
y1 (t)
D
Transfert d’un principe actif
• A volume constant :
C1(t) = y1(t) / v1
k10
y1 (t)
D
Transfert d’un principe actif
• vitesse de transfert variable :
pharmacocinétique linéaire
(processus de transfert d’ordre 1 )
• vitesse de transfert constante :
pharmacocinétique non linéaire
(processus de transfert d’ordre 0, avec des
mécanismes de transport ou d’élimination
saturables)
Modèles complexes
Modèles complexes
Voie IV en bolus
• Modèle à 1 compartiment
k10
y1 (t)
D
Voie IV en bolus
• Modèle à 1 compartiment
Voie IV en bolus
• Modèle à 1 compartiment
Voie IV en bolus
• Modèle à 1 compartiment : simulations
(axe x : temps, axe y : concentrations)
2 4 6 8 10
0.25
0.5
0.75
1
1.25
1.5
1.75
2d
2 4 6 8 10
0.5
1
1.5
2
2.5k10
Voie IV en bolus
• Modèle à 1 compartiment : simulations
(axe x : temps, axe y : concentrations)
k10 variable : d variable :
2 4 6 8 10
0.25
0.5
0.75
1
1.25
1.5
1.75
2d
2 4 6 8 10
0.5
1
1.5
2
2.5k10
Relation entre k
et demi-vie plasmatique (T)
• T : demi-vie d’élimination ou temps au
bout duquel la concentration plasmatique
du médicament a diminué de moitié
TkeC
C .
0 2
1 TkLog .2
kT
693.0
Demi-vie
Voie orale
• Modèle à 1 compartiment
k20
y1 (t)
D
y2 (t)
k12
Voie orale
• Modèle à 1 compartiment
Voie orale
• Modèle à 1 compartiment
Voie orale
• Modèle à 1 compartiment : simulations
(axe x : temps, axe y : concentrations)
1 2 3 4 5 6
1
2
3
4
5
Voie orale
• Modèle à 1 compartiment : simulations
(axe x : temps, axe y : concentrations)
1 2 3 4 5 6
1
2
3
4
5 y1(t)
y2(t)
Cinétique plasmatique du médicament
Entrée
Distribution
Élimination
Concentration
plasmatique
Temps
Voie orale
• Modèle à 1 compartiment : simulations
(axe x : temps, axe y : concentrations)
1 2 3 4 5 6
0.5
1
1.5
2
2.5
3
Voie orale
• Modèle à 1 compartiment : simulations
(axe x : temps, axe y : concentrations)
d ou f ou v variables
1 2 3 4 5 6
0.5
1
1.5
2
2.5
3
Voie orale
• Modèle à 1 compartiment :
– tmax : est indépendant de la dose
– Cmax : est proportionnelle à la dose
Voie orale
• Modèle à 1 compartiment : simulations
(axe x : temps, axe y : concentrations)
1 2 3 4 5 6
0.5
1
1.5
2
2.5
3
1 2 3 4 5 6
1
2
3
4
Voie orale
• Modèle à 1 compartiment : simulations
(axe x : temps, axe y : concentrations)
k12 variable k20 variable
1 2 3 4 5 6
0.5
1
1.5
2
2.5
3
1 2 3 4 5 6
1
2
3
4
Voie orale
• Modèle à 1 compartiment :
– k12 élevé devant k20 : pic précoce et pointu
– k12 faible et proche de k20 : pic aplati et tmax tardif
(« flip-flop »)
Voie orale
• Modèle à 2 compartiments
k20
y1 (t)
D
y2 (t)
k12 k23
k32
y3 (t)
Voie orale
• Modèle à 2 compartiments
Voie orale
• Modèle à 2 compartiments :
– solution analytique exacte de plusieurs pages
– intérêt des fonctions interpolées numériques
Administration à dose unique
Modèle exponentiel
Ct = C0 e –Ke*t
Par voie IV Par voie orale
10 20 30 40
0.5
1.0
1.5
2.0
Axe des x : temps
Axe des y : concentration
2 4 6 8 10
0.2
0.4
0.6
0.8
1.0
Prises répétées
• Administration d’une nouvelle dose alors qu’une fraction non encore éliminée de la dose antérieure reste dans l’organisme
• Obtention d’un plateau ou état d’équilibre ou « steady state » (ss)
Prises répétées
• Principe de superposition :
temps et dose indépendance
des paramètres PK et physiologiques
• Intervalle τ constant entre deux prises consécutives
• Dose identique à chaque prise
• Chaque nouvelle administration est effectuée lorsque les phases d’absorption et de distribution de la dose précédente sont achevées
• Equations simplifiées
Prises répétées : exemple voie orale
• Additivité :
0.2 0.4 0.6 0.8 1
-10
-5
5
10
1ère prise 2 ème prise
t
Conc
τ
Prises répétées : exemple de programmation
• Première prise : C1 (t)
• Deuxième prise : C2 (t) = C1 (t) + C1 (t - tau)
• Troisième prise : C3 (t) = C1 (t) + C1 (t - tau) + C1 (t - 2tau)
C3 (t) = C2 (t) + C1 (t - 2tau)
• Généralisation : Cn (t) = Cn-1 (t) + C1 (t - (n-1) tau)
0.2 0.4 0.6 0.8 1
-10
-5
5
10
1ère prise 2 ème prise
t
Conc
τ
Prises répétées : exemple voie orale
• Additivité :
1 2 3 4
-10
-5
5
10
15
temps
Conc
Prises répétées : exemple voie orale
• Additivité :
1 2 3 4
-10
-5
5
10
15
t
Conc
Prises répétées : exemple voie orale
• Additivité :
0.5 1 1.5 2 2.5
2
4
6
8
10
12
14
temps
Conc
Administrations réitérées
Demi-vie courte et
administration peu fréquente
Demi-vie longue ou
administration fréquente
Plateau atteint en 5 demi-vies
Bioéquivalence :
médicament générique
PK linéaire PK non linéaire
Pharmacocinétique
et
applications
Pharmacocinétique et développement du médicament
A quoi sert la
pharmacocinétique
• Indispensable pour le développement
clinique d’un médicament : études de
Phase I et II.
• Utile pour la pratique courante et le
monitoring thérapeutique
Expérimentation clinique des médicaments :
essais de phase I
• Sans Bénéfice Individuel Direct
• Volontaires sains ou volontaires atteints de certaines
pathologies ou d’un phénotype particulier
• Tolérance à dose unique
– Une dose = un volontaire
– Plusieurs volontaires par dose
– Choix de la première dose
– Progression jusqu’à effet
• Tolérance à doses répétées
Expérimentation clinique des médicaments :
essais de phase II
• Relation dose-effet
• Mécanisme d’action
• Pharmacocinétique chez les malades
• Pharmacocinétique dans les populations
spéciales
PK utile pour la pratique courante
• Populations particulières
• Polymorphisme génétique
• États pathologiques
Information dans Vidal
exemple : Aspirine
• Absorption : – L'acide acétylsalicylique est rapidement et presque complètement absorbé par voie
orale. Les pics plasmatiques sont atteints en 25 à 60 minutes.
– La biodisponibilité de l'acide acétylsalicylique varie selon les doses : elle est d'environ 60 % pour les doses inférieures à 500 mg et 90 % pour les doses supérieures à 1 g en raison de la saturation de l'hydrolyse hépatique.
– L'acide acétylsalicylique subit une hydrolyse rapide donnant de l'acide salicylique (métabolite également actif).
• Distribution : – L'acide acétylsalicylique et l'acide salicylique diffusent rapidement dans tous les tissus.
Ils traversent la barrière placentaire et sont retrouvés dans le lait maternel.
– L'acide salicylique est en grande partie lié aux protéines du plasma (à 90 %).
– La demi-vie plasmatique est de 15 à 20 minutes pour l'acide acétylsalicylique, de 2 à 4 heures pour l'acide salicylique.
• Métabolisme-Excrétion : – L'acide acétylsalicylique est fortement métabolisé au niveau hépatique. Il est excrété
principalement par voie urinaire sous forme d'acide salicylique et de conjugué glucuronide ainsi que sous forme d'acide salicylurique et d'acide gentésique.
Information dans Vidal
exemple : ivabradine
• Dans les conditions physiologiques, l'ivabradine est rapidement libérée des comprimés et est très soluble dans l'eau (> 10 mg/ml). L'ivabradine est l'énantiomère S et n'a pas montré de bioconversion in vivo. Le dérivé N-déméthylé de l'ivabradine a été identifié comme le principal métabolite actif chez l'homme.
• Absorption et biodisponibilité :
– L'absorption de l'ivabradine est rapide et presque complète après
administration orale, avec un pic de concentration plasmatique atteint en 1 heure environ à jeun. La biodisponibilité absolue des comprimés pelliculés est proche de 40 %, en raison de l'effet de premier passage intestinal et hépatique.
– Les aliments retardent l'absorption d'environ 1 heure et augmentent l'exposition plasmatique de 20 à 30 %. La prise de comprimés pendant les repas est recommandée afin de diminuer la variabilité intra-individuelle à l'exposition plasmatique (cf Posologie/Mode d'administration).
Information dans Vidal
exemple : ivabradine • Distribution :
– La liaison de l'ivabradine aux protéines plasmatiques est d'environ 70 % et le volume de distribution à l'état d'équilibre est proche de 100 l. La concentration plasmatique maximale après administration chronique de la dose recommandée de 5 mg deux fois par jour est d'environ 22 ng/ml (CV = 29 %). A l'état d'équilibre, la concentration plasmatique moyenne est de 10 ng/ml (CV = 38 %).
• Biotransformation :
– L'ivabradine est fortement métabolisée par l'intestin et par le foie, par un processus oxydatif impliquant uniquement le cytochrome P450 3A4 (CYP3A4). Le métabolite actif principal est le dérivé N-déméthylé (S18982), ses taux plasmatiques sont environ 40 % de ceux de la molécule mère. Ce métabolite actif est également métabolisé par le CYP3A4. L'ivabradine n'a qu'une faible affinité pour le CYP3A4. Elle n'a pas d'effet cliniquement significatif d'inhibition ou d'induction de ce cytochrome CYP3A4 et, par conséquent, n'est pas susceptible de modifier le métabolisme ou les concentrations plasmatiques des substrats du CYP3A4. En revanche, les inhibiteurs et les inducteurs puissants du CYP3A4 sont susceptibles de modifier les concentrations plasmatiques de l'ivabradine de façon notable (cf Interactions).
Information dans Vidal
exemple : ivabradine
• Élimination : – L'ivabradine est éliminée avec une demi-vie plasmatique principale
de 2 heures (70 à 75 % de l'ASC) et une demi-vie effective de 11 heures. La clairance totale est d'environ 400 ml/min et la clairance rénale d'environ 70 ml/min. L'élimination des métabolites se fait, à parts égales, dans les selles et dans les urines. Environ 4 % d'une dose orale est éliminée de manière inchangée dans les urines.
• Linéarité/non-linéarité : – La cinétique de l'ivabradine est linéaire pour des doses orales
comprises entre 0,5 et 24 mg.
Exemple : ivabradine (Procoralan®)
Information dans Vidal
exemple : ivabradine
• Populations spécifiques :
• Sujets âgés : aucune différence pharmacocinétique (ASC et Cmax) n'a
été observée entre le sujet âgé (>= 65 ans), ou très âgé (>= 75 ans) et la population générale (cf Posologie/Mode d'administration).
Insuffisance rénale : l'impact de l'insuffisance rénale (clairance de la créatinine de 15 à 60 ml/min) sur la pharmacocinétique de l'ivabradine est minime, compte tenu de la faible contribution de la clairance rénale (environ 20 %) dans l'élimination totale de l'ivabradine et de son principal métabolite S18982 (cf Posologie/Mode d'administration).
• Insuffisance hépatique : chez les patients ayant une insuffisance hépatique légère (score de Child-Pugh jusqu'à 7), les taux d'ivabradine libre et de son principal métabolite actif sont supérieurs d'environ 20 % aux taux des sujets ayant une fonction hépatique normale. Les données sont insuffisantes pour tirer des conclusions chez les patients avec une insuffisance hépatique modérée. Aucune donnée n'est disponible chez les patients ayant une insuffisance hépatique sévère (cf Posologie/Mode d'administration et Contre-indications).
Information dans Vidal
exemple : ivabradine
• Relation pharmacocinétique/pharmacodynamie (PK/PD) :
– L'analyse de la relation PK/PD a montré qu'il existait une relation
quasi linéaire entre les concentrations plasmatiques d'ivabradine et de S18982 et la baisse de la fréquence cardiaque, pour des doses allant jusqu'à 15 à 20 mg deux fois par jour. A des posologies plus élevées, la baisse de la fréquence cardiaque n'est plus proportionnelle à celle de la concentration plasmatique d'ivabradine et tend vers un plateau. Une forte exposition à l'ivabradine, qui pourrait se produire en cas d'administration concomitante avec des inhibiteurs puissants du CYP3A4, peut entraîner une réduction excessive de la fréquence cardiaque alors que ce risque est réduit avec les inhibiteurs modérés du CYP3A4 (cf Contre-indications, Mises en garde/Précautions d'emploi et
Interactions).
Information dans Vidal
exemple : simvastatine
• La simvastatine est une lactone inactive, facilement hydrolysée in vivo en un métabolite bêta-hydroxyacide, puissant inhibiteur de l'HMG Co-A réductase. L'hydrolyse a lieu principalement dans le foie ; le taux d'hydrolyse plasmatique est très faible.
• Absorption : – Chez l'homme, la simvastatine est bien absorbée et subit une très importante
captation hépatique lors du premier passage. La captation par le foie dépend du flux sanguin hépatique. Le foie est le principal site d'action de la forme active. Après une dose orale de simvastatine, la disponibilité du métabolite bêta-hydroxyacide au niveau de la circulation systémique s'est avérée être inférieure à 5 % de la dose ingérée.
– La concentration plasmatique maximale des inhibiteurs actifs est atteinte environ 1 à 2 heures après la prise de simvastatine. La prise simultanée d'aliments ne modifie pas l'absorption.
– Les données pharmacocinétiques d'une dose unique et de doses multiples de simvastatine ont montré l'absence d'accumulation du médicament après administrations répétées.
Information dans Vidal
exemple : simvastatine
• Distribution : – La liaison aux protéines plasmatiques de la simvastatine et de son
métabolite actif est > 95 %.
• Élimination : – La simvastatine est un substrat du CYP3A4 (cf Contre-indications et
Interactions). Les principaux métabolites de la simvastatine présents dans le plasma humain sont le bêta-hydroxyacide et quatre autres métabolites actifs.
Après une dose orale de simvastatine radioactive chez l'homme, 13 % de la radioactivité sont éliminés dans les urines et 60 % dans les selles dans les 96 heures. La quantité retrouvée dans les selles représente les équivalents du médicament absorbé excrétés par la bile ainsi que le médicament non absorbé.
Après injection intraveineuse du métabolite bêta-hydroxyacide, sa demi-vie a été environ de 1,9 heure. En moyenne, seul 0,3 % de la dose IV ont été éliminés dans les urines sous forme d'inhibiteurs.
PK utile pour le monitoring
thérapeutique
• Marge thérapeutique étroite
• Effet clinique tardif
• Effet toxique semblable à l’effet thérapeutique
• Absorption variable
• Observance
• Interaction médicamenteuse
Liste des médicaments
à marge thérapeutique étroite
• Anticoagulants oraux
• Cytostatiques
• Phénytoïne
• Immunosuppresseur
• Antidiabétiques oraux
• Lithium
• Aminoglycosides
• Médicaments responsables de torsades de pointes
et rhabdomyolyse