15

Phase d’analyse préparatoire - aarg.beaarg.be/wp-content/uploads/2013/02/02.pdf · la situation relevé sur le terrain. Le marché, perçu comme un élément intrus au quartier,

  • Upload
    others

  • View
    3

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

  • Phase d’analyse préparatoire

    La figure de Michel Ecochard est emblématique au Maroc au 20ème siècle, pour son action urbanistique et politique. Il y développe, entre autre son plan urbanistique dans l’idée de «fragmentation» de l’espace, par l’application du zonage. Dans son plan, Ecochard prévoit lui-même les mutations du bâti dès 1953 en proposant un plan d’aménagement qui tient compte de la croissance désordonnée de la ville (bâtis et populations), notant que sans une surveillance municipale extrêmement stricte, la trame se déforme à l’intérieur par des constructions dans les patios et que les immeubles en hauteur courent le même risque. Cependant, dans certaines zones, Ecochard permet la construction d’un étage (le long des axes et pour les façades orientées au sud) et prévoit également des constructions en hauteur dans une ou deux générations. L’important dans l’œuvre d’Ecochard est sa capacité à considérer l’urbanisme comme un ensemble de problèmes, perpétuellement changeant, qu’il faut résoudre en fonction des souhaits des populations, changeantes également. Ecochard a estimé utiliser les moyens modernes de son temps, à savoir les principes de la Charte d’Athènes et l’influence des CIAM, permettant de réaliser un urbanisme évolutif, fait d’une trame basée sur les grandes circulations et besoins généraux établis au départ et recevant un habitat soit sommaire, évolutif, ou définitif comme c’est le cas au Maroc. Il vise à l’équilibre entre la démographie et l’économie, les traditions et le progrès pour résoudre le problème des bidonvilles. Soucieux de l’égalité des hommes, Ecochard propose une trame de 8x8 mètres permettant les orientations favorables, c’est-à-dire le Sud et l’Est. La construction de la trame est envisagée en deux étapes, à savoir d’abord la création d’une infrastructure pour améliorer le bidonville et ensuite la création d’un logement en dur. Cette trame, à l’heure actuelle, a subi des modifications importantes par l’intervention des habitants du quartier. On décèle différents types de logements selon des typologies « d’immeubles en barre » et « d’immeubles

    couchés » avec différentes dispositions du bâti comme représenté sur le schéma ci-contre.

    Par l’étude de ces différentes typologies et la confrontation avec les observations faites sur place, ceci nous a permis de voir quelles typologies ont été modifiées, appropriées et comment. Par des discussions avec les habitants et usagers du quartier, nous avons pu comprendre les raisons de ces modifications. Lors de notre voyage à Kénitra, nous avons retenu une zone spécifique d’un quartier à la fois pour sa dynamique mais aussi pour ses éléments venant perturber cette dynamique.

    INTRODUCTION

  • La zone centrale du marché

    La zone centrale du marché pose question quant à son absence d’usage, l’apparition des commerces fixes et ambulants en dehors de cette zone, sa non-adaptation et non-appropriation par les usagers du quartier, etc. A travers les schémas ci-contre illustrant les situations relevées sur le terrain, on peut observer le développement de commerces ambulants dans la rue voisine, ainsi que la création de commerces au rez-de-chaussée de certains logements, spontanément par leurs habitants. En comparant avec le projet initial où les zones de logements étaient en périphérie, et les équipements commerciaux, scolaires ou de jeux étaient au centre, on observe un net changement. Si l’école est toujours centrale, les commerces, eux se sont développés autrement. On observe que les typologies de commerces se développent sur les rues en périphérie du quartier ou sur des artères plus importantes du quartier mais non de manière centrale comme prévu. Ces commerces créent des dynamiques dans certaines rues du quartier, dont celle bordant l’espace central du marché. La non-utilisation du marché semble provenir de son implantation inadaptée mais aussi de son fonctionnement, en loges, qui ne correspond pas à la pratique des commerçants locaux. L’espace de jeu, du terrain de foot, est lui utilisé par les enfants et jeunes du quartier, de même que l’école fonctionnant bien.

    Ces observations nous amènent aux questions de projet : Faut-il garder le marché? Comment ouvrir la zone de marché vers le quartier? Quels liens entre cette zone publique, le terrain de foot adjacent, l’école, les commerces et les logements? Comment rendre l’appropriation de cet espace central possible? Pour qui et comment?

    INTRODUCTION

  • MASTERPLAN

    N

    1.

    3.

    2.

    1. Bibliothèque2. Logements Type A3. Logements Type B

  • DIRECTIONS DES OUVERTURES NIVEAU DE PRIVACITE

    Créer un espace pour les logements ConnexionsCentralité Dynamique des commerces

    Du plus privé au plus public

    Notre intention a ainsi été de renforcer la centralité de la zone étudiée. Par l’étude des différents degrés de « privacité spatiale » (voir le schéma ci-contre) , les zones des logements plus fortement privatisées ont pu être renforcées de même que le degré moins privatisé de l’espace public. L’objectif était de concilier les logements et l’espace public dans une même zone. Les ouvertures de logements, étudiées et justement placées, pour leur permettre une appropriation sur l’arrière, ont été développées. En parallèle, l’espace public a lui été organisé en fonction des connexions entre les commerces, l’école et le terrain de foot.

    3 fonctions ont été projetées : une bibliothèque, un pôle central pour le quartier, un bâti de logement (type A), et un second pouvant se développer en commerces au rez-de-chaussée (type B).

    MASTERPLAN

  • BIBLIOTHEQUELa partie centrale du projet, où s’implante la bibliothèque, est adjacente au terrain de foot. Une rotation de celui-ci lui donne une meilleure orientation pour sa fonction. Cette orientation va produire une implantation particulière du bâtiment de la bibliothèque. Celle-ci se voit « divisée » en deux rapports distincts avec l’espace extérieur et le quartier. D’une part un lien évident avec le terrain de foot par la forme en gradin, et d’autre part par un auvent extérieur, tourné vers l’espace public.La bibliothèque rassemble plusieurs fonctions des plus favorables pour la dynamique du quartier : une bibliothèque, un espace polyvalent propice à l’organisation d’activités lucratives ou scolaires, un espace extérieur ombré apporté par l’auvent et enfin une zone de gradins tournés vers le terrain. La forme du bâtiment appelle à ces différentes fonctions par une circulation fluide.

    1.

    2.

    3.

    4.

    5.

    6.

  • BIBLIOTHEQUE

    N

  • BIBLIOTHEQUE

  • SYNTHESE DES RELEVES

    SITUATION EXISTANTE SITUATION PROJETEE

    INTENTION ELEVATIONS

    LOGEMENTS

    L’étude des logements existants a permis de voir les éléments d’appropriation utilisés par la population en fonction des typologies. L’implantation des logements selon leurs typologies crée des relations « d’avant » et « d’arrière » permettant cette appropriation. Les cas empêchant cette dernière ont été relevés et améliorés dans le projet. Les typologies fonctionnant ont été reprises et retravaillées dans le projet. La typologie A montre des logements verticaux, permettant un avant et un arrière pour tous. La seconde typologie propose, elle, des logements plus horizontaux, permettant l’appropriation par un commerce au rez-de-chaussée ainsi qu’un rapport à l’espace public maitrisé. Les relevés faits par l’étude des logements ainsi que de leurs espaces intérieurs nous ont permis de voir et de proposer une adaptation et une amélioration possibles pour les habitants.

  • LOGEMENTS TYPE A

    Des éléments ont été conservés, comme le linteau qui dans l’architecture de la façade est caractéristique au quartier. Pour une adaptation future possible, les logements du projet sont conçus selon une structure fixe, les façades et annexes pouvant s’adapter. Dans les deux typologies de logements projetées, une adaptation est possible. Pour concrétiser cette intention, différentes propositions ont été faites. Cette idée phare dans le projet d’Ecochard et voulant être maintenue par nous-mêmes illustre la volonté, si pas l’évidence, que tout habitant a de faire son propre logement selon l’évolution familiale (ajout d’une annexe en hauteur quand la famille s’agrandit par exemple) et fonctionnelle (développement d’un commerce au rez-de-chaussée, par exemple).

    Les logements ont été pensés selon une base fixe, pouvant être modulée par des annexes verticales et horizontales au rez-de-chaussée. Les deux typologies possèdent une limite d’extension possible. Pour la typologie A, un bornage délimite cette zone, tandis que pour la typologie B, le trottoir crée cette délimitation. N

  • LOGEMENTS TYPE B

    N

  • LOGEMENTS TYPES A ET B

  • AMBIANCES

    Coupe à travers les logements Type A

    Coupe à travers la bibliothèque et les logements Type B

    Coupe à travers les logements Type B

  • AMBIANCES

  • L’espace central du quartier proposant des équipements publics dans la zone étudiée tel que pensé à sa base par Michel Ecochard ne correspond plus à la situation relevé sur le terrain.

    Le marché, perçu comme un élément intrus au quartier, appauvrissait cette idée de centralité désirant pourtant être exploitée par les usagers.Les habitants se rassemblent, jeunes et moins jeunes dans ce lieu pour des discussions et activités moins privatisées.Pour les actions privées, les espaces entre les logements, à la proximité des entrées de ceux-ci, sont utilisés. Les jeunes sortant de l’école occupent ce centre. Cependant, à part le terrain de foot, aucune autre activité n’est proposée.En discutant avec les habitants et en observant leur quotidien, la bibliothèque, adaptée et adaptable à d’autres activités comme des cours, spectacle d’enfants ou non, discussions, devoirs, etc. nous semble être un élément moteur pour la dynamique du quartier.Dans le projet, cette centralité est réinstaurée par ce bâtiment pour recréer des liens et interactions entre les différentes fonctions (école, jeux, commerces, logements, etc.).

    Phase 2 Phase 3: hypothèsePhase 1

    EVOLUTION Outre cette fonction publique, le logement reste l’élément principal du quartier. Après l’analyse des différentes typologies comme expliqué ci-dessus, le projet offre également de nouveaux logements, venant à la fois valoriser les existants, mais également participer au bâtiment de la bibliothèque.

    Par un jeu entre privée et public, les logements permettent la création d’une place centrale pour le quartier.

    En conclusion, notre projet, nous l’estimons, ne trahit pas le quartier et sa philosophie. Au contraire, l’architecture-même se veut pour le quartier et ses

    usagers, en créant une réponse adaptée aux besoins et habitudes. Il vient renforcer les points forts et affaiblir les points faibles observés. L’architecture ne se veut pas non plus à la «manière de» mais propose de nouvelles techniques et dessins spatiaux tout en gardant une intégration évidente.

    Projet Ecochard - Quartier étudié Réalisation - Situation 2010 Projet 2010