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1 Philippe Pelletier Climat et capitalisme vert (De l'usage économique et politique du catastrophisme), Paris, nada, 2015, 139 p. 15 euros Les aléas du climat nous surprennent presque tous les jours, sur tous les continents. Nous pestons, chacun a son interprétation et le problème est devenu une question scientifique et politique. Greenpeace, le GIEC (Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat), la COP21 arborent des solutions à grands coups d’expertises contradictoires. Pour nous éclairer, au milieu de ce fatras qui mêle les annonces à sensations (tornades inopinées, sécheresses incompréhensibles, etc.) et les avis divergents, Philippe Pelletier a écrit un livre court, clair, qui présente deux grandes qualités. Il expose les arguments des partisans du réchauffement climatique et de ceux qui doutent fortement de leur justesse. Et cela est fait sans fanatisme, mais en resituant chacun dans sa sphère des intérêts économiques, politiques et classistes. L’auteur refuse le ton professoral, apocalyptique des uns et des autres qui sont, sur ce plan, parfaitement d’accord entre eux pour avoir recours à l’absence de nuances, à imposer le manichéisme de la vérité et du mensonge. Ce faisant, ils sont parfaitement conscients qu’ils acculent les personnes qui doutent à se sentir coupables : face aux milliers de morts, il faut réagir ! Avec le GIEC, plus ou moins sérieux ? Avec l’écologie plus ou moins révolutionnaire ? La bonne attitude est bien difficile à trouver ! Philippe Pelletier a le mérite de nous obliger à sortir des sentiers battus. Et un autre atout en faveur de l’auteur est qu’il ne prend pas un événement dramatique (Tchernobyl, Fukushima, les cyclones ravageant l’Asie ou les Amériques, etc.) pour en extraire des affirmations tendancieuses. Philippe Pelletier est même très gentil, car pour la première marée noire qui a touché la Bretagne en 1967 (le naufrage du pétrolier « Torrey canyon »), il semble que la faune et la flore se soient restaurées seules, sans demander la permission aux écologistes, d’une part, et aux capitalistes verts, de l’autre. Mais je n’ai pas de rapports scientifiques à présenter, ni de multiples contre-rapports, selon les positions politiques et religieuses des supposés spécialistes. L’auteur commence en introduction par souligner quelques paradoxes : deux combattants contre les effets du réchauffement climatique. Le pape François (ex cardinal jésuite Jorge Bergoglio, plutôt spécialiste de l’étouffement de la Théologie de la libération et de jésuites engagés contre la dictature militaire argentine de 1976-1983), il est au moins compétent pour les assassinats en masse. La banque Goldman Sachs (spécialiste des escroqueries à l’origine de la crise mondiale depuis 2008 mais qui se présente comme championne de mesures en faveur des femmes - chef d’entreprises - et des ethnies de peau non blanche, voir l’iconographie de http://www.goldmansachs.com/what-we-do/ ), elle est stupéfiante pour convaincre et causer la misère. Autres paradoxes, cette fois propres au climat : -la climatologie est une science récente ; il y a déjà eu des périodes de réchauffement sans gaz à effet de serre GES). De plus, « Un léger refroidissement climatique a ainsi été observé de 1940 à 1975 en Europe occidentale, alors que les industries lourdes des Trente Glorieuses émettrices de GES tournaient à plein

Philippe Pelletier Climat et capitalisme vert · Philippe Pelletier Climat et capitalisme vert ... (le naufrage du pétrolier ... Le livre est rigoureux et vigoureux

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Philippe Pelletier Climat et capitalisme vert (De l'usage économique et politique du catastrophisme), Paris, nada, 2015, 139 p. 15 euros

Les aléas du climat nous surprennent presque tous les jours, sur tous les continents. Nous pestons, chacun a son interprétation et le problème est devenu une question scientifique et politique. Greenpeace, le GIEC (Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat), la COP21 arborent des solutions à grands coups d’expertises contradictoires. Pour nous éclairer, au milieu de ce fatras qui mêle les annonces à sensations (tornades inopinées, sécheresses incompréhensibles, etc.) et les avis divergents, Philippe Pelletier a écrit un livre court, clair, qui présente deux grandes qualités.

Il expose les arguments des partisans du réchauffement climatique et de ceux qui doutent fortement de leur justesse. Et cela est fait sans fanatisme, mais en resituant chacun dans sa sphère des intérêts économiques, politiques et classistes.

L’auteur refuse le ton professoral, apocalyptique des uns et des autres qui sont, sur ce plan, parfaitement d’accord entre eux pour avoir recours à l’absence de nuances, à imposer le manichéisme de la vérité et du mensonge.

Ce faisant, ils sont parfaitement conscients qu’ils acculent les personnes qui doutent à se sentir coupables : face aux milliers de morts, il faut réagir ! Avec le GIEC, plus ou moins

sérieux ? Avec l’écologie plus ou moins révolutionnaire ? La bonne attitude est bien difficile à trouver ! Philippe Pelletier a le mérite de nous obliger à sortir des sentiers

battus. Et un autre atout en faveur de l’auteur est qu’il ne prend pas un

événement dramatique (Tchernobyl, Fukushima, les cyclones ravageant l’Asie ou les Amériques, etc.) pour en extraire des affirmations tendancieuses.

Philippe Pelletier est même très gentil, car pour la première marée noire qui a touché la Bretagne en 1967 (le naufrage du pétrolier

« Torrey canyon »), il semble que la faune et la flore se soient restaurées seules, sans demander la permission aux écologistes, d’une part, et aux capitalistes verts, de l’autre. Mais je n’ai pas de rapports scientifiques à présenter, ni de multiples contre-rapports, selon les positions politiques et religieuses des supposés spécialistes.

L’auteur commence en introduction par souligner quelques paradoxes : deux

combattants contre les effets du réchauffement climatique. Le pape François (ex cardinal jésuite Jorge Bergoglio, plutôt spécialiste de

l’étouffement de la Théologie de la libération et de jésuites engagés contre la dictature militaire argentine de 1976-1983), il est au moins compétent pour les assassinats en masse.

La banque Goldman Sachs (spécialiste des escroqueries à l’origine de la crise mondiale depuis 2008 mais qui se présente comme championne de mesures en faveur des femmes - chef d’entreprises - et des ethnies de peau non blanche, voir l’iconographie de http://www.goldmansachs.com/what-we-do/), elle est stupéfiante pour convaincre et causer la misère.

Autres paradoxes, cette fois propres au climat : -la climatologie est une science récente ; il y a déjà eu des périodes de réchauffement sans gaz à effet de serre GES). De plus, « Un léger refroidissement climatique a ainsi été observé de 1940 à 1975 en Europe occidentale, alors que les industries lourdes des Trente Glorieuses émettrices de GES tournaient à plein

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régime. Ce rappel suffit à exiger de nous la prudence quant à la relation entre industrie, émission de CO2 et réchauffement climatique. D’ailleurs, les scientifiques et les écologistes de l’époque nous pronostiquaient un refroidissement du climat pour cause de poussières polluantes bloquant les rayons du soleil » (p. 18).

Certes, des rapports, des données justifient le réchauffement climatique, mais il s’agit de modélisation informatique de tendances du passé qui sont (naïvement, puérilement, hypocritement, traitreusement … chacun peut choisir l’adjectif qu’il préfère) projeté dans l’avenir. C’est une première raison pour être dubitatif (pp. 22-27, voir aussi la page 57 sur les horribles conséquences du refroidissement à partir de 1975).

Une seconde raison de douter des effets du réchauffement climatique vient des hypothèses sur les glaciers et sur le niveau des océans. Les différentes parties du pôle Nord et du pôle Sud évoluent contradictoirement, en diminuant et en augmentant (pp. 30-31, 39, 91). Quant aux océans, pour le Bengale et les Maldives il n’existe pas de phénomènes nets, inexorables comme le ressassent les partisans du réchauffement climatique (pp. 32-33). Pour la France, le cas de Lamalou-les-Bains est aussi très discutable (pp. 33-36).

On comprend maintenant que les bases scientifiques qui démontrent le réchauffement climatique sont claudiquantes, c’est-à-dire à l’opposé d’un raisonnement scientifique. Et Philippe Pelletier indiquent que bien des théories s’opposent parce que la climatologie est une science en évolution (pp. 40-41, 43).

La véritable question est pourquoi nous rabâche-t-on des affirmations sur le

réchauffement climatique si on n’est pas capable de les justifier ? Autrement, qui a intérêt à mentir et dans quel but ? L’auteur nous donne des pistes (p. 46 bloc anglo-saxon contre les pays émergents), la

compétition entre les hydrocarbures et le nucléaire (pp. 53-54, 96-98). Philippe Pelletier retrace le lavage de cerveau (l’expression est de moi, pas de l’auteur), aux États-Unis, à partir d’extrapolations, de manipulations, de falsifications de pseudos scientifiques pontifiant en-dehors de leur spécialité (pp. 54-58). L’auteur nous présente des figures maîtresses servant de garantie aux mensonges : Bertrand de Jouvenel, le Club de Rome et ses plaidoiries pour le nucléaire, la création du GIEC (1988) et ses fondateurs-manipulateurs, avec les séries de démonstrations inexactes, sciemment biaisées (pp. 82-85).

Ces tripatouillages scientifiques ont été épaulés par le mouvement écologiste qui n’a pas assez analysé ce qui avait lieu et qui a attribué à l’affirmation du seul réchauffement climatique toutes les anomalies et catastrophes écologiques bien réelles qui existent.

Heureusement, les écologistes ont compris la fausseté, l’escroquerie de la réduction des émissions de CO2 puisque les pays peuvent échanger, monnayer entre eux leurs taux de pollution de CO2 (pp. 86-88).

L’auteur souligne également le poids des fanatiques religieux dans l’écologie : les évangélistes (pp. 88-96).

Philippe Pelletier arrive à une première étape : « la question climatique est double.

D’une part, il s’agit d’instruire des politiques au nom d’impératifs considérés comme physiques, naturels […] D’autre part, […] presque tous s’accordent pour mettre en avant l’idée d’une gouvernance environnementale mondiale, et donc « climatique » (p. 98).

La seconde étape est que « tout débat scientifique sérieux [est bloqué] par une forme de

terrorisme intellectuel. […] une grave remise en cause de la science moderne dont le principe repose sur le questionnement et, donc, le doute initial » (p. 100).

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Douter devient « trahison envers la planète », « crime contre l’humanité » (p. 100). Il n’existe que la catastrophe imminente que seuls les savants et les politiciens qui les soutiennent peuvent conjurer, éviter, résoudre.

L’auteur relie cette mentalité aux théories autoritaires : « Tous les dogmes, toutes les Églises jouent sur la crainte, l’angoisse, le châtiment, la paralysie, la soumission, le contrôle » (p. 112).

Philippe Pelletier conclue cette seconde étape par la dénonciation de deux erreurs. La première est de croire que le capitalisme court à sa perte, alors qu’il ne cesse de se renouveler. La deuxième est de refuser tout changement « en attendant le grand soir alternatif » (p. 118). L’auteur propose sainement, calmement de « mener la réappropriation d’un espace, d’un milieu et, donc, d’un territoire par ses habitants conscients » (p. 119).

En épilogue, Pelletier synthétise « Climat et anarchisme ». J’aime bien une formule

d’Élisée Reclus « L’homme est la nature prenant conscience d’elle-même » « Aménager les continents, les mers et l’atmosphère qui nous entoure, « cultiver notre jardin » terrestre, distribuer à nouveau et régler les ambiances pour favoriser chaque vie individuelle de plante, d’animal ou d’homme, prendre définitivement conscience de notre humanité solidaire, faisant corps avec la planète elle-même, embrasser du regard nos origines, notre présent, notre but, rapprocher notre idéal lointain, c’est en cela que consiste le progrès » (p. 125).

Et le livre finit par « Lutter contre tous les pouvoirs - politique, économique, hiérarchique, domestiques, etc. - […] afin de se réapproprier les savoirs, les richesses et les espaces constituent, encore et toujours, le seul chemin valable vers l’émancipation. »

Le livre est rigoureux et vigoureux. Pour rappel, l’auteur est géographe et spécialiste, entre autre, du Japon et d’Élisée Reclus.

Parmi ses ouvrages, je souligne : Géographie et anarchie : Reclus, Kropotkine, Metchnikoff, Éditions du Monde

libertaire, 2013. L'Anarchisme, vent debout !: Idées reçues sur le mouvement libertaire, Éditions Le

Cavalier Bleu, 2013. Kôtoku Shûsui : socialiste et anarchiste japonais, Éditions du Monde libertaire, 2015. Et, avec Isabelle Lefort, Élisée Reclus. Textes et prétextes, Noir et Rouge, 36

contributions issus du Compte rendu du colloque international "Élisée Reclus et nos géographies, textes et prétextes" qui a eu lieu du 6 au 12 septembre 2005.

Frank, 29.12.15.