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EHESS Pierre Vidal-Naquet, un historien dans la cité by François Hartog; Pauline Schmitt; Alain Schnapp Review by: Régine Azria Archives de sciences sociales des religions, 45e Année, No. 112 (Oct. - Dec., 2000), pp. 95-96 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30116436 . Accessed: 13/06/2014 05:21 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 185.2.32.89 on Fri, 13 Jun 2014 05:21:36 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Pierre Vidal-Naquet, un historien dans la citéby François Hartog; Pauline Schmitt; Alain Schnapp

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Pierre Vidal-Naquet, un historien dans la cité by François Hartog; Pauline Schmitt; AlainSchnappReview by: Régine AzriaArchives de sciences sociales des religions, 45e Année, No. 112 (Oct. - Dec., 2000), pp. 95-96Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30116436 .

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comme un signe particulibrement rdv6lateur du d6clin de c la Bible c en tant qu'objet de rdf6- rence, au fur et i mesure que la vari6t6 de < bi- bles c sur le march6 ddsacralise l'objet, crde des ddbats et controverses, en particulier entre protestants et catholiques (dont les effectifs, au cours du XIXe sidcle, ne cessent de cro'itre aux

Etats-Unis par rapport A ceux des protestants). La < popularitd c de la Bible (cf. chap. 5) au- rait ainsi d6clind graduellement. Trivialisde, proposde sous des versions d'une varidtd d6- routante, elle perdit peu i peu, au long du XIX'e sidcle, le statut hdgdmonique de Good Book c que la King James Version puritaine avait acquis depuis les temps puritains. L'6vo- cation d6taillie du fameux ouvrage de Wallace, Ben Hur, est particulibrement 6clairante. P.C.G. y voit une < parabole de la place de la Bible et des rdcits bibliques dans la culture amdricaine du XIXe sidcle. De la m~me ma-

nitre que J6sus avait 6t& mis A l'6cart du de- vant de la scene dans le roman de Wallace, la Bible se trouva de plus en plus en p6riphdrie de la culture amdricaine imprim6e. M~me les dcoles du dimanche pouvaient remplacer la Bi- ble par Ben Hur quand il s'agissait de ddcrire la Terre Sainte c (p. 173). L'A. appuie son in- terprdtation dans un postscript oii l'analyse re- joint le jugement de valeur, lorsqu'il souligne que la diversification des c bibles > amdricai- nes c priva la nation d'une ancre textuelle per- mettant la communication et la mimoire culturelle c (p. 177). La fragmentation du mar- ch6 des bibles aurait estomp6 la notion de c di- vine inspiration c en la milant avec c l'invention humaine c (p. 178), d6sacralisant la c Bible c et fragilisant le Sola Scriptura tra- ditionnel des protestants. Une telle conclusion apparait trop p6remptoire. Autant l'on se trouve convaincu par nombre d'analyses de dd- tail sur l'impact des nouvelles traductions (l'itude du contexte de la traduction mormone, par exemple, est trbs 6clairante), autant l'on re- cule devant une interprdtation aussi unilat6rale du ddclin de la Bible dans l'espace public am6- ricain. Trop 6troitement polaris6 par son sujet, I'A. en est venu h oublier de multiples c causes externes c qui pourraient parfaitement expli- quer, sans faire intervenir la diversification du march6 des bibles, le recul de la King James comme objet sacrd, c ancre textuelle > et cul- turelle de la socidtd americaine. La simple 6tude des flux migratoires de populations, du- rant la p6riode (apport de catholiques, mais aussi de juifs, de populations d'extime-Orient, etc.) pourrait parfaitement expliquer les r6sis- tances de plus en plus grandes d'une partie de la population AI l'imposition de lectures obliga- toires de la King James puritaine dans toutes

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

les salles de classe ! Par ailleurs, 1'A. semble oublier (ou du moins fortement minorer) qu'il a toujours exist6 diverses traductions de la Bi- ble en protestantisme, y compris outre-Atlan- tique. L'h6g6monie de la King James est un construit culturel et historique transitoire, dont les formes n'ont jamais dtd absolues. Si l'A. se montre convainquant dans son investigation des dvolutions de la production et de la com- mercialisation des bibles, l'interprdtation trop univoque qu'il donne du d6clin de l'autoriti culturelle et symbolique de << la Bible >> dans la soci6td am6ricaine m6rite done rdexamen.

S6bastien Fath.

Pierre Vidal-Naquet, un historien dans la cite. Paris, La D6couverte, 1998, 228 p. (post-

112.25 HARTOG (Frangois), SCHMITT (Pauline),

SCHNAPP (Alain), dds.

face de Jean-Pierre Vernant).

Plus qu'hommage ou simple tdmoignage d'amitid, ce recueil autour de la personne, de l'oeuvre et des engagements de P.V.N., nous plonge au coeur des questions que l'histoire de ce sibcle pose t chacun d'entre nous, questions relatives i la morale civique, i la v6ritd, A la m6moire. Plus que d'autres, la guerre d'Alg6- rie, la Deuxibme Guerre mondiale et l'exter- mination des juifs sont des tranches d'histoire que P.V.N. vit en direct. La premiere parce qu'il y inaugure sa carribre d'intellectuel en- gag6, la seconde parce que << l'int6r~t qu'(il) porte au g6nocide des juifs s'appuie sur un noyau essentiel: celui de sa propre vie dont le cours a en quelque sorte 6t6 ddtourn6 par les anndes noires > (A. Wieviorka). La ddportation de ses parents n'est en effet pas 6trangbre i la d6marche historienne et militante qui lui est propre et qui l'amine t verser au service d'une mime cause - la d6nonciation du ndgation- nisme - mdmoire individuelle et familiale et archives historiques.

Trois parties articulent ce livre oih amis, colligues et t6moins se passent le relais de la plume. Dans la premiere, c L'intellectuel dans la citd >>, sont dvoquds les engagements de P.V.N. face i la guerre d'Algirie, A la tor- ture, au mensonge d'Etat (contributions de M. Rebdrioux, L. Schwartz, R. Bonnaud, M. B6nabou, P. Pachet). On sait qu'alors, le jeune intellectuel des anndes 1950 qui milite contre la guerre d'Alg6rie et qui, face b une justice baillonn6e, se fait pour la circonstance enquiteur et juge d'instruction dans l'Affaire Audin, annonce dj~i l'historien chevronn6 des annies 1980, engag6 dans une c gudrilla haras-

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

sante contre les ndgationnistes >. c Faire recon- naitre les faits, faire que les tdmoins soient en- tendus, aura 6td le sens de plusieurs des grands combats du sibcle > dcrit P. Pachet. C'est celui, en tout cas, que mine inlassablement P.V.N.

Les contributions rassemblies dans la se- conde partie, <<L'historien de l'Antiquit >, (contributions de Ch. Segal, C1. Mossd, Ch. Malamoud, J. Brunschwig, O. Murray) mon- trent qu'en 6tudiant la socidtd antique et ses institutions, P.V.N., manifeste, de fait, sa vo- lontd d'agir sur le prdsent. c Sa conception de l'histoire, dcrit O. Murray, fonctionne comme un modile et une critique des temps modernes et justifie les efforts de l'historien pour in- fluencer le cours des iv6nements de son temps >. C'est aussi la volont6 de ddconstruire une Grkce iddalisde qui amine l'historien cri- tique a s'interesser aux groupes opprimes au sein de la culture dominante: l'esclave, la femme, I'artisan, ou encore i s'intdresser t ces figures des frontibres que sont I'6phbbe et I'dtranger dans la tragddie grecque (Ch. Segal). Par ailleurs, si I'analyse des mythes intdresse P.V.N. c'est, entre autres, parce qu'ils sont r6- vdlateurs d'une manibre de penser la socidtd, car qu'il s'agisse de la Grace antique ou du sionisme, P.V.N. est toujours c attentif au jeu des forces mentales dans l'histoire > (I. Malkin).

Outre un souci constant de relier passd et prdsent, de mettre en perspective historique pour des lecteurs d'aujourd'hui (un aujourd'hui qui doit lui-m~me 8tre pdriodiquement mis t

jour), est dgalement dvoqud le compagnonnage ininterrompu entre histoire et philosophie; en exergue de sa contribution, son parent et ami J. Brunschwig cite cette phrase ironique et pro- vocatrice de P.V.N.: c on ne peut se baigner deux fois dans le m~me fleuve, dit le philoso- phe, mais I'historien peut remonter le cours du temps >.

C'est dans la troisibme partie, c Les Juifs, la mdmoire, le pr6sent (contributions de F. Schmidt, A. Wieviorka, I. Malkin) que le tis- sage permanent entre histoire et mimoire s'im- pose avec le plus de force. A propos du gdno- cide, I'dvdnement i l'origine de la brisure qui s'est produite dans sa vie le jour oii ses parents sont arr&t6s par la gestapo, P.V.N. n'hdsite pas i solliciter sa mdmoire personnelle et fami- liale, au titre de tdmoin de l'histoire. LA, dvi- demment, s'impose l'exigeante n6cessit6 de construire ou reconstruire son objet en maitri- sant son propre imaginaire, en tendant, minme s'il sait pertinemment que c'est de fagon asymptotique, i la v6ritd > (A.Wieviorka). His- torien engag6 dans la citd, P.V.N. travaille dans

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I'urgence, toujours attentif A l'immddiat, mais sans jamais s'y enfermer.

Riche de contenu, d'estime et d'amitid, I'en- semble n'dpuise 6videmment ni l'ceuvre, ni la liste des engagements de l'homme.

Rdgine Azria.

La Passion laique de Ferdinand Buisson. Pa- 112.26 HAYAT (Pierre).

ris, Editions Kimd, 1999, 122 p. (coll. c Phi- losophie-6pistdmologie c).

Ce petit livre sur la passion lai'que de F. Buisson n'est pas lui-mame exempt d'un ton passionnd. Dans son avant-propos l'auteur dvo- que les instituteurs de cette 6poque que Buis- son d6signait comme les << propugnateurs de l'iddal lai'que >, on dirait aujourd'hui les mili- tants de cet iddal. Son livre n'a pas l'intention de magnifier < un passd mythifid mais il vise c a repenser une idde dans ses contradictions >.

Le premier chapitre retrace la carriare de F. Buisson. Son titre est suggestif: mission- naire et fonctionnaire >. Mais Buisson n'a-t-il pas gardd un esprit missionnaire dans ses r81es successifs: grand administrateur, professeur, puis parlementaire ? En tout cas la n6cessite oii il se trouve de faire vivre sa mere et son frbre aprbs la mort brutale de son pare n'en- tame passes convictions religieuses. A la fin des anndes 1850 a Paris, il fr6quente la cha- pelle de la rue Taitbout qui est une petite Eglise evangeliste doublement independante: vis-8-vis de l'Etat et vis-g-vis de l'Eglise re- formie. Cette Eglise devient le thdatre de luttes intestines et le jeune diacre Ferdinand Buisson prend le parti de la tendance liberale represen- tde par le pasteur Coquerel qui est exclu de la chapelle Taitbout. C'est i partir de ce moment, c'est-i-dire tris t~t, que Buisson s'engage pour ses iddes dthiques et religieuses. Dans une bro- chure publide en 1864 il affirme qu'une vraie socidte religieuse ne doit pas etre c une socidte savante et professante >, mais qu'elle se cons- titue c pour combattre et ddtruire le mal dans I'homme, pour nous rendre justes, sincares, humbles, bienfaisants, charitables. >

Apris sa licence de lettres brillamment pas- sde en 1862, F. Buisson entreprend une thase sur Sdbastien Castellion, protestant, humaniste et pddagogue du XVI siicle en qui il voit l'ini- tiateur du protestantisme libdral. Admis A l'Ecole Normale Supdrieure, il refuse de prater serment i l'Empereur et se voit contraint de quitter la France. C'est grice A un autre exild cdlbre, Edgar Quinet, qu'il obtient, i la ren- trde de 1866, un poste d'enseignant dans la

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