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| actualités 9 OptionBio | lundi 22 novembre 2010 | n° 445 U ne seule piqûre par un hymé- noptère (guêpe, abeille et autres frelons), bien que douloureuse, n’est pas en règle dangereuse, sauf en cas de choc anaphylactique. La rhabdomyolyse, première manifestation En revanche, des piqûres multiples peuvent entraîner une rhabdomyo- lyse, une insuffisance hépatique, des lésions rénales et/ou un syn- drome néphrotique, une hémolyse, des troubles de la coagulation voire une atteinte multiviscérale mortelle. La rhabdomyolyse est la première manifestation suivie en quelques jours de l’atteinte rénale. Des auteurs israéliens ont rapporté 6 cas observés en 12 ans durant les mois d’août et septembre. Les enfants étaient âgés de 18 mois à 8 ans. L’un d’eux, âge de 23 mois, a eu un état de choc 50 minutes après les piqûres puis une défaillance mul- tiviscérale 2 à 3 heures plus tard qui a entraîné le décès en 13 heures. Les cinq autres ont présenté une atteinte hépatique avec élévation des transaminases et pour trois une baisse des facteurs de la coagula- tion. Cinq des six enfants ont eu une rhabdomyolyse documentée par une élévation de la CPK et de la myoglo- binémie et les six une anémie. Quatre sur les six ont eu une atteinte rénale qui a guéri sans séquelle même si deux d’entre eux ont dû avoir une dialyse. Cette atteinte est apparue après un délai de quelques jours. Une détérioration graduelle Au total, si le patient survit à la phase initiale, l’évolution clinique et bio- logique est relativement identique d’un cas à l’autre. Dans un délai de 1 à 3 jours, il apparaît des signes de rhabdomyolyse, une élévation des enzymes hépatiques et une pertur- bation modérée des tests de coagu- lation. Une détérioration graduelle de la fonction rénale dont le pic se situe 4 à 9 jours après les piqûres s’ensuit. Elle se traduit par des œdèmes et une oligoanurie. La biopsie peut montrer une nécrose tubulaire et une néphrite interstitielle. Une étiologie multifacto- rielle est discutée : néphrotoxicité du venin, réaction allergique retardée, dépôts de myoglobine dans les reins. Compter les piqûres Le nombre de piqûres nécessaires pour entraîner de tels troubles est mal connu mais il est important de les compter. La possibilité d’un décalage de quelques jours dans leur apparition doit également être connue d’où la nécessité d’une sur- veillance clinique et biologique. | JEAN-JACQUES BAUDON © www.jim.fr Source Broides A, Maimon MS, Landau D et al. Multi- ple hymenoptera stings in children: clinical and laboratory manifestations. Eur J Pediatr. 2010 ; 169 : 1227-31. Sur la voie des marqueurs du remodelage osseux L’ ostéoporose (OP) est définie par une densité minérale osseuse (DMO) inférieure ou égale à 2,5 écart-type en-dessous de la DMO moyenne des adultes jeunes. La DMO ne permet cependant pas de prendre en compte tous les facteurs de risque de fracture puisque la fragilité osseuse dépend certes de la masse osseuse, mais également de son remo- delage et de la qualité de sa matrice. Des marqueurs osseux de formation et de résorption Le remodelage osseux est dû à l’ac- tion des ostéoclastes responsables de la résorption osseuse et des ostéo- blastes responsables de la forma- tion. Et, la fragilité osseuse peut être mesurée en partie, indépendamment de la DMO, en estimant le remodelage osseux grâce aux marqueurs osseux (MO) sériques et/ou urinaires. la phosphatase alcaline osseuse, l’ostéocalcine et les propeptides du procollagène de type 1, dont le pro- peptide N-terminal (P1NP). - portent la désoxypyridinoline, les télopeptides C et N terminal du collagène de type I (CTX et NTX) et la phosphatase acide tartrate résis- tante (isoforme 5b). récemment, tels que la cathepsine K, enzyme reflétant l’activité ostéo- clastique, des fragments urinaires de l’ostéocalcine, RANK-L et l’ostéo- protegerine, régulateurs de l’activité ostéoclastique, mais aussi des molé- cules de la voie de signalisation Wnt, ainsi que des modifications post-tra- ductionnelles du collagène de type I (MPTC1), seuls marqueurs biologiques qualitatifs de la matrice osseuse. Les MO et la DMO sont des facteurs prédictifs indépendants de fracture, et des MO élevés peuvent être consi- dérés comme un facteur de risque supplémentaire. Des MO élevés pourraient ainsi per- mettre de sélectionner les malades qui ont besoin d’un traitement anti- résorptif tels les bisphosphonates ou le raloxifène. Pour surveiller l’efficacité et l’observance thérapeutiques Cependant, les MO ne permettent pas de sélectionner le traitement optimal, et leurs niveaux de base ne permettent pas non plus de prédire l’effet du traitement. Ils peuvent toutefois être utiles pour surveiller l’efficacité du traitement avant l’ap- parition des variations de la DMO. Les changements précoces des MO peuvent être également utilisés pour renforcer l’observance thérapeuti- que. Enfin, la diminution rapide du taux des MO après 3 à 6 mois de traitement est probablement pré- dictive de gain de masse osseuse et d’efficacité anti-fracturaire. Mais on ne sait pas à quel niveau les MO doi- vent être diminués afin d’optimiser l’efficacité anti-fracturaire. | JULIETTE LASOUDRIS LALOUX © www.jim.fr Source Bone Turnover Marker Working Group. ASBMR Annual Meeting 2010 (Toronto, Canada), 15-19 octobre 2010. Piqûres d’hyménoptères, dangereuses si multiples © Fotolia.com/Felix Pörtner suivi thérapeutique physiopathologie

Piqûres d’hyménoptères, dangereuses si multiples

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Page 1: Piqûres d’hyménoptères, dangereuses si multiples

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9OptionBio | lundi 22 novembre 2010 | n° 445

Une seule piqûre par un hymé-noptère (guêpe, abeille et autres frelons), bien que douloureuse,

n’est pas en règle dangereuse, sauf en cas de choc anaphylactique.

La rhabdomyolyse, première manifestationEn revanche, des piqûres multiples peuvent entraîner une rhabdomyo-lyse, une insuffisance hépatique,

des lésions rénales et/ou un syn-drome néphrotique, une hémolyse, des troubles de la coagulation voire une atteinte multiviscérale mortelle. La rhabdomyolyse est la première manifestation suivie en quelques jours de l’atteinte rénale.Des auteurs israéliens ont rapporté 6 cas observés en 12 ans durant les mois d’août et septembre. Les enfants étaient âgés de 18 mois à

8 ans. L’un d’eux, âge de 23 mois, a eu un état de choc 50 minutes après les piqûres puis une défaillance mul-tiviscérale 2 à 3 heures plus tard qui a entraîné le décès en 13 heures. Les cinq autres ont présenté une atteinte hépatique avec élévation des transami nases et pour trois une baisse des facteurs de la coagula-tion. Cinq des six enfants ont eu une rhabdomyolyse documentée par une élévation de la CPK et de la myoglo-binémie et les six une anémie. Quatre sur les six ont eu une atteinte rénale qui a guéri sans séquelle même si deux d’entre eux ont dû avoir une dialyse. Cette atteinte est apparue après un délai de quelques jours.

Une détérioration graduelleAu total, si le patient survit à la phase initiale, l’évolution clinique et bio-logique est relativement identique d’un cas à l’autre. Dans un délai de 1 à 3 jours, il apparaît des signes de rhabdomyolyse, une élévation des enzymes hépatiques et une pertur-

bation modérée des tests de coagu-lation. Une détérioration graduelle de la fonction rénale dont le pic se situe 4 à 9 jours après les piqûres s’ensuit. Elle se traduit par des œdèmes et une oligoanurie. La biopsie peut montrer une nécrose tubulaire et une néphrite interstitielle. Une étiologie multifacto-rielle est discutée : néphro toxicité du venin, réaction allergique retardée, dépôts de myoglobine dans les reins.

Compter les piqûresLe nombre de piqûres nécessaires pour entraîner de tels troubles est mal connu mais il est important de les compter. La possibilité d’un décalage de quelques jours dans leur apparition doit également être connue d’où la nécessité d’une sur-veillance clinique et biologique. |

JEAN-JACQUES BAUDON

© www.jim.fr

SourceBroides A, Maimon MS, Landau D et al. Multi-

ple hymenoptera stings in children: clinical and

laboratory manifestations. Eur J Pediatr. 2010 ;

169 : 1227-31.

Sur la voie des marqueurs du remodelage osseux

L’ostéoporose (OP) est définie par une densité minérale osseuse (DMO) inférieure ou

égale à 2,5 écart-type en-dessous de la DMO moyenne des adultes jeunes.La DMO ne permet cependant pas de prendre en compte tous les facteurs de risque de fracture puisque la fragilité osseuse dépend certes de la masse osseuse, mais également de son remo-delage et de la qualité de sa matrice.

Des marqueurs osseux de formation et de résorptionLe remodelage osseux est dû à l’ac-tion des ostéoclastes responsables de la résorption osseuse et des ostéo-blastes responsables de la forma-tion. Et, la fragilité osseuse peut être mesurée en partie, indépendamment de la DMO, en estimant le remodelage

osseux grâce aux marqueurs osseux (MO) sériques et/ou urinaires.

la phosphatase alcaline osseuse, l’ostéocalcine et les propeptides du procollagène de type 1, dont le pro-peptide N-terminal (P1NP).

-portent la désoxypyridinoline, les télopeptides C et N terminal du collagène de type I (CTX et NTX) et la phosphatase acide tartrate résis-tante (isoforme 5b).

récemment, tels que la cathepsine K, enzyme reflétant l’activité ostéo-clastique, des fragments urinaires de l’ostéocalcine, RANK-L et l’ostéo-protegerine, régulateurs de l’activité ostéoclastique, mais aussi des molé-cules de la voie de signalisation Wnt,

ainsi que des modifications post-tra-ductionnelles du collagène de type I (MPTC1), seuls marqueurs biologiques qualitatifs de la matrice osseuse.Les MO et la DMO sont des facteurs prédictifs indépendants de fracture, et des MO élevés peuvent être consi-dérés comme un facteur de risque supplémentaire.Des MO élevés pourraient ainsi per-mettre de sélectionner les malades qui ont besoin d’un traitement anti-résorptif tels les bisphosphonates ou le raloxifène.

Pour surveiller l’efficacité et l’observance thérapeutiquesCependant, les MO ne permettent pas de sélectionner le traitement optimal, et leurs niveaux de base ne

permettent pas non plus de prédire l’effet du traitement. Ils peuvent toutefois être utiles pour surveiller l’efficacité du traitement avant l’ap-parition des variations de la DMO. Les changements précoces des MO peuvent être également utilisés pour renforcer l’observance thérapeuti-que. Enfin, la diminution rapide du taux des MO après 3 à 6 mois de traitement est probablement pré-dictive de gain de masse osseuse et d’efficacité anti-fracturaire. Mais on ne sait pas à quel niveau les MO doi-vent être diminués afin d’optimiser l’efficacité anti-fracturaire. |

JULIETTE LASOUDRIS LALOUX

© www.jim.fr

SourceBone Turnover Marker Working Group. ASBMR

Annual Meeting 2010 (Toronto, Canada),

15-19 octobre 2010.

Piqûres d’hyménoptères, dangereuses si multiples

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