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Plaidoirie de lInstitut Saint-Stanislas dEtterbeek Mesdames et Messieurs les Jurés, Mesdames et Messieurs les juges, Monsieur Le Procureur, Nous sommes ici aujourd’hui non pas pour juger un homme mais pour analyser des faits. Mon client, Meursault est accusé d’avoir tué un homme, un Arabe mais je tiens à mettre en évidence que son geste n’était en aucun cas prémédité. Mon client se promenait sur la plage, il faisait chaud, il était indisposé par cette chaleur et les événements se sont enchaînés accidentellement, sans haine et surtout sans aucun préjugé raciste. Son ami Raymond, ici présent, peut d’ailleurs témoigner du fait que Meursault a agi instinctivement. C’est en outre, cet instinct d’homme, d’être humain qui est reproché ici à mon client. Il ne pleure pas à l’enterrement de sa mère parce qu’il est, une fois encore incommodé par cette terrible chaleur d’Algérie, il va nager le lendemain et se rend au cinéma en compagnie de Marie Cardona, il continue à se lever tous les jours, à travaillermais tous ces éléments banals du quotidien l’accusent aujourd’hui. Et c’est là que vous faites erreur, si Meursault a agi ainsi c’est avant tout parce qu’il est un homme libre, libre face aux valeurs humaines, il est étranger à la comédie des sentiments, il est ce qu’il dit, ce qu’il ressent et cela ne fait pas de lui un monstre pour autant. L’aumônier avec lequel il s’est longuement entretenu peut vous le confirmer : tout au long de ce procès, Meursault s’est éveillé au monde, aux autres. Meursault n’est pas une menace pour la société….je dirais qu’il faut plutôt le considérer comme un enfant qui comprend peu à peu les règles du monde adulte et c’est en cela qu’il faut l’aider, il faut lui prendre la main et lui faire comprendre que chaque acte a des conséquences. Le tuer, c’est bloquer définitivement ce processus vers l’âge adulte. Ne pas respecter les normes sociales n’amène pas forcément à la violence et au meurtre. Marie Cardona, sa fiancée, me l’a confié : Meursault était un compagnon doux, peut-être indécis mais toujours respectueux de ses envies et décisions…loin de l’image du monstre froid que certains ont voulu présenter jusqu’à présent. Oui, je le répète Meursault peut être intégré à notre société parce que, si vous ne l’intégrez pas, attendez-vous un jour à vous retrouver ici sur le banc des accusés : parce que vous aurez agi différemment de ce qu’on attendait de vous, parce que vous n’aurez pas pleuré au bon moment, parce que vous n’aurez pas dit le mot adéquat, eu le geste approprié, vous aussi vous serez accusé d’être autre, étrange et étranger. Ainsi, je vous le demande avec ferveur : pour Meursault non pas la guillotine mais tolérance et liberté. Merci, Pour la 6B de l’Institut Saint-Stanislas d’Etterbeek, Amissa Kaneza.

Pladoirie Institut Saint-Stanislas d'Etterbeek

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Plaidoirie de l’Institut Saint-Stanislas d’Etterbeek

Mesdames et Messieurs les Jurés, Mesdames et Messieurs les juges, Monsieur Le Procureur,

Nous sommes ici aujourd’hui non pas pour juger un homme mais pour analyser des faits.

Mon client, Meursault est accusé d’avoir tué un homme, un Arabe mais je tiens à mettre en

évidence que son geste n’était en aucun cas prémédité.

Mon client se promenait sur la plage, il faisait chaud, il était indisposé par cette chaleur et les

événements se sont enchaînés accidentellement, sans haine et surtout sans aucun préjugé

raciste.

Son ami Raymond, ici présent, peut d’ailleurs témoigner du fait que Meursault a agi

instinctivement. C’est en outre, cet instinct d’homme, d’être humain qui est reproché ici à

mon client. Il ne pleure pas à l’enterrement de sa mère parce qu’il est, une fois encore

incommodé par cette terrible chaleur d’Algérie, il va nager le lendemain et se rend au cinéma

en compagnie de Marie Cardona, il continue à se lever tous les jours, à travailler… mais tous

ces éléments banals du quotidien l’accusent aujourd’hui.

Et c’est là que vous faites erreur, si Meursault a agi ainsi c’est avant tout parce qu’il est un

homme libre, libre face aux valeurs humaines, il est étranger à la comédie des sentiments, il

est ce qu’il dit, ce qu’il ressent et cela ne fait pas de lui un monstre pour autant.

L’aumônier avec lequel il s’est longuement entretenu peut vous le confirmer : tout au long de

ce procès, Meursault s’est éveillé au monde, aux autres. Meursault n’est pas une menace pour

la société….je dirais qu’il faut plutôt le considérer comme un enfant qui comprend peu à peu

les règles du monde adulte et c’est en cela qu’il faut l’aider, il faut lui prendre la main et lui

faire comprendre que chaque acte a des conséquences. Le tuer, c’est bloquer définitivement ce

processus vers l’âge adulte.

Ne pas respecter les normes sociales n’amène pas forcément à la violence et au meurtre.

Marie Cardona, sa fiancée, me l’a confié : Meursault était un compagnon doux, peut-être

indécis mais toujours respectueux de ses envies et décisions…loin de l’image du monstre

froid que certains ont voulu présenter jusqu’à présent.

Oui, je le répète Meursault peut être intégré à notre société parce que, si vous ne l’intégrez

pas, attendez-vous un jour à vous retrouver ici sur le banc des accusés : parce que vous aurez

agi différemment de ce qu’on attendait de vous, parce que vous n’aurez pas pleuré au bon

moment, parce que vous n’aurez pas dit le mot adéquat, eu le geste approprié, vous aussi vous

serez accusé d’être autre, étrange et étranger.

Ainsi, je vous le demande avec ferveur : pour Meursault non pas la guillotine mais tolérance

et liberté.

Merci,

Pour la 6B de l’Institut Saint-Stanislas d’Etterbeek, Amissa Kaneza.