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Septembre 2013 PLAN DE DESHERBAGE FICHE TECHNIQUE

PLAN DE DESHERBAGE - Plante & Cité : Ingénierie de la ... · un impact su le oût de podution de l’eau potale, et des incidences sur la santé humaine, la ... Récapitulatif quantitatif

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Septembre 2013

PLAN DE DESHERBAGE

FICHE TECHNIQUE

Septembre 2013

Titre Plan de désherbage

Correspondants Plante & Cité Maxime Guérin ; Pauline Laïlle

Auteurs Lycée Le Grand Blottereau ; Maxime Guérin ; Pauline Laïlle

Relecteurs Sarah André (Ville de Paris)

Résumé

Dernière mise à jour : septembre 2013

Le plan de désherbage est un moyen, à l’échelle de la commune, de limiter la pollution des eaux superficielles par les herbicides. Le classement des zones habituellement désherbées par les services techniques concernés (espaces verts, voirie, cimetières, sports…) permettra d’adopter des stratégies d’intervention selon les niveaux de risques constatés. La mise en œuvre de ces stratégies visera une diminution progressive de l’utilisation des herbicides.

Thématiques

Mots clés

Gestion sanitaire et PBI : Gestion de la flore spontanée, Bonnes pratiques

Désherbage, gestion différenciée, eau, pollution, planification

Date de publication 25/09/2013

Plan de désherbage – Fiche Technique

Septembre 2013

Le plan de désherbage

A. CONTEXTE

La réglementation européenne sur l’eau invite les états membres à « reconquérir une eau de qualité »1. De plus, elle fixe les limites à ne pas dépasser en termes de concentration des molécules de produits phytosanitaires dans l’eau de consommation (seuil de 0,1μg/l pour un pesticide et de 0,5μg/l pour l’ensemble des pesticides).

En 2011, en France métropolitaine, des pesticides ont été détectés dans l’eau dans 93 % des points de collecte2. Cependant, les limites de concentration ne sont pas dépassées dans la majorité des cas (près de 70 % des points présentant une concentration totale moyenne en pesticides inférieure à 0,5μg/l). Les substances les plus détectées sont des herbicides et leurs dérivés, parmi eux le glyphosate (détecté dans plus de 30 % des points de collecte) et son dérivé l’AMPA (détecté dans plus de 60 % des points de collecte), ainsi que le diuron (détecté dans environ 15 % des points de collecte), pourtant interdit à l’utilisation depuis le 13/12/2008. Néanmoins, cette pollution peut avoir un impact sur le coût de production de l’eau potable, et des incidences sur la santé humaine, la faune sauvage et la santé des écosystèmes.

La réponse des pouvoirs publics à la demande européenne passe par un ensemble de textes encadrant la mise sur le marché et l’utilisation des produits phytopharmaceutiques3. Elle passe également par l’élaboration de SAGE (Schémas d’Aménagement et de Gestion de l’eau) applicables à l’échelle du bassin versant.

B. POURQUOI UN PLAN DE DESHERBAGE ?

Sur l’espace public communal, de nombreuses surfaces à désherber sont imperméables, connectées avec le réseau de collecte des eaux pluviales ou bien proches d’un point d’eau (étang, mare…). Le traitement de ces surfaces par des herbicides peut donc entraîner une pollution des eaux.

Le plan communal de désherbage est un outil permettant de maîtriser ce risque de pollution. Il passe par le recensement des surfaces à désherber et leur classement en zones à risque élevé ou en zones à risque réduit. Il permet enfin d’identifier les méthodes de désherbage et de positionner les interventions pour préserver la qualité des eaux superficielles et des nappes phréatiques.

C. LES PRATIQUES DANS LES COLLECTIVITES TERRITORIALES

Aujourd’hui encore, pour certaines communes, l’approche vis à vis des adventices est hygiéniste, et conduit parfois à une éradication totale des « mauvaises herbes ». Ce type de politique s’illustre par des traitements chimiques généralisés. Cependant, les pratiques évoluent depuis plusieurs années en intégrant notamment des dispositions préventives et curatives alternatives.

Jusqu’à récemment, le désherbage chimique était réalisé par des agents souvent insuffisamment formés et peu sensibilisés à la dangerosité des produits phytosanitaires. Ces derniers ne sont d’ailleurs pas toujours utilisés et stockés conformément à la réglementation. Dans les faits, les matériels d’applications sont parfois défectueux, rarement étalonnés et les applicateurs eux-mêmes ne portent pas toujours leurs EPI (Équipements de Protection Individuels : masque, gants, combinaison, bottes).

Cette situation évolue grâce notamment à la mise en place du certificat phytosanitaire, rendant obligatoire la formation à l’utilisation des produits et la sensibilisation aux risques environnementaux

1 Directive 2006/118/CE DU PARLEMENT EUROPÉEN ET DU CONSEIL du 12 décembre 2006 sur la protection des

eaux souterraines contre la pollution et la détérioration 2 Aurélie Dubois. 2013. Chiffres & Statistiques - Contamination des cours d’eau par les pesticides en 2011.

Commissariat au développement durable -SOeS, 7p. 3 Voir http://www.ecophytozna-pro.fr/n/reglementation-sur-l-utilisation-des-produits-phytosanitaires/n:161

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et sanitaires qu’ils engendrent. Toute personne intervenant dans la chaîne de décision liée à ces produits et/ou ayant à les manipuler devra détenir cette certification, dès 2013 pour les entreprises et à partir d’octobre 2014 pour les collectivités (donneur d’ordre, acheteur, applicateur).

On remarque cependant une évolution des pratiques : de plus en plus de communes remplacent les traitements curatifs par une gestion préventive. De plus, les applications de pleine surface laissent place aux traitements localisés : on intervient désormais seulement là où l’herbe est jugée indésirable. Cette pratique tend à se généraliser.

Des pratiques inappropriées conduisant à des risques accrus : désherbage chimique le long de zones imperméables

D. CONSTRUCTION D’UN PLAN DE DESHERBAGE : METHODOLOGIE

D.1 IDENTIFIER LES ZONES A ENTRETENIR

Cette première étape vise à l’évaluation quantitative et qualitative des zones à désherber. Elle demande une forte implication des agents pour la réalisation des métrés. Ce travail indispensable, à partir de plan cadastraux, SIG et autres plans, permet de localiser sur le terrain les points d’attention : nature de la couverture des sols, déclivités, bouches d’égout, grilles avaloirs, petits ruisseaux, fossés…

À FAIRE

Identifier : repérer les zones à désherber sur un plan Décrire : décrire précisément chaque zone ainsi que les contraintes de gestion qui y sont

associées Mesurer : connaître les dimensions de chacune des zones Cartographier : centraliser toutes ces informations autour d’une nouvelle cartographie

D.2 CLASSER LES ZONES EN FONCTION DU RISQUE

À partir de ces observations, les surfaces sont classées selon le niveau de risque de transfert des produits vers un point d’eau (réseaux ou eaux libres). Ce classement se traduira sur la carte par des zones en rouge où les risques sont élevés (par exemple : proximité d’un point d’eau) et des zones en vert où les risques sont réduits (par exemple : surface perméable éloignée d’un point d’eau).

Photo : D.Edeline Photo : D.Edeline

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Allée sablée sans pente ni avaloir : risque réduit

Des surfaces imperméables, pentues, proches de l’eau : risque élevé

Pour classer les différentes zones en fonction du risque de transfert des molécules des produits phytosanitaires dans l’environnement, il faut garder en tête que ces dernières sont toutes plus ou moins mobiles, la topographie et la nature des sols étant des facteurs aggravants de cette mobilité.

Proximité de l’eau : respect des distances préconisées ou imposées (cf. arrêtés préfectoraux et réglementation ZNT4)

Perméabilité du sol : repérer la présence de flaques d’eau permanentes en hiver

Nature des sols : drainants ou pas (sablonneux, argileux…)

Pente : évaluer approximativement la déclivité (%)

4 Zones Non Traitées, indiquées sur la fiche de la spécialité phytosanitaire

Photos : D.Edeline

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Classement des zones à risque fort ou réduit

Surfaces imperméables Surfaces perméables

Surface bitumée (enrobé ou bicouche) Surface sablée cimentée

Surface pavée Surface dallée

Surface stabilisée

Surface sablée Surface enherbée

Terre nue Association terre-grave Surfaces gravillonnées

Exemples de surfaces imperméables et perméables

Arbre de décision type

Source : CREPEP

Zone à désherber

Proximité ou connexion à un

point d’eau

Pas de proximité ou connexion à un point d’eau

Surface imperméable

Surface perméable

Forte pente

Faible pente

Risque élevé

Risque réduit

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Exemples de cartographie

À FAIRE

Classer : grâce à la grille de décision, attribuer une classe de risque – fort ou réduit – à chacune des zones à désherber préalablement repérée

Cartographier : reporter ces informations sur la carte

D.3 RAISONNER LES PRATIQUES

Parallèlement, les personnels territoriaux font un audit de leurs pratiques habituelles et les confrontent aux informations reçues en formation notamment en ce qui concerne les ZNT imposées par les textes réglementaires qui encadrent l’application des produits phytosanitaires.

À FAIRE

Photos : D.Edeline

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Audit des pratiques : recenser les pratiques existantes puis les confronter à la réglementation et aux éléments reçus en formation

Faire évoluer les pratiques : convenir de manière concertée des améliorations à apporter afin d’optimiser les traitements et de protéger les applicateurs et l’environnement.

D.4 ÉTABLIR DES PRESCRIPTIONS EN FONCTION DU RISQUE

En ce qui concerne les zones à risques réduits, rien ne s’oppose à l’utilisation d’herbicides de synthèse. Les préconisations prendront en compte le profil éco-toxicologique le plus bas possible, représenté par le classement toxicologique du produit et les phrases de risque qui lui sont associées. Les notions de concentration de matières actives et de DL50 seront également des critères pertinents pour comparer les produits. Les traitements se feront ensuite dans le respect des bonnes pratiques réglementaires (port des EPI, vérification de la météo…).

Dans les zones à risques élevés, les produits phytosanitaires doivent être prohibés. Des méthodes alternatives telles que le désherbage thermique seront des réponses appropriées dans les zones écologiquement fragiles. Des moyens mécaniques et manuels apporteront une réponse viable en termes de développement durable (consommation d’énergie fossile ou d’eau faible, émission de CO2 réduite).

Même bien utilisés, les produits phytosanitaires sont à l’origine d’une pollution diffuse : végétation et substrat n’absorbent pas l’intégralité de la substance active, qu’on retrouve ensuite dans plusieurs compartiments de l’environnement. Ainsi, quel que soit l’endroit où on envisage un traitement, il est nécessaire de se demander « pourquoi désherber » avant de réfléchir à « comment désherber ».

Les communes les plus avancées intégreront le plan de désherbage dans une approche plus globale : la gestion différenciée des espaces verts, avec la détermination de zones plus ou moins horticoles et de zones plus ou moins naturelles où sera accordée une tolérance plus ou moins grande à la présence de l’herbe. Tout nouvel aménagement sera également passé au crible afin d’optimiser son entretien futur. Une communication auprès du public autour d’une plus grande acceptation de la présence de l’herbe est indispensable dans ce type de démarche.

Le plan de désherbage final se présentera sous la forme de plans par secteur ainsi que de tableaux de bord où figureront la nature des interventions retenues.

Désherbage alternatif : vapeur, brosse rotative

Photo : D.Edeline Photo : D.Edeline

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Désherbage alternatif : flamme indirecte, flamme directe (gaz)

À FAIRE

Choisir le procédé de désherbage : sur la base de l’ensemble des informations recueillies, établir un mode de gestion – type de désherbage, intensité de l’entretien – pour chaque zone à désherber.

Cartographier : reporter toutes ces informations sur la carte

D.5 VALIDATION DU PLAN DE DESHERBAGE

La validation du plan de désherbage par les élus va engager toute la commune : agents communaux, responsables techniques, usagers... C’est une étape incontournable pour la cohérence du projet et la motivation des acteurs.

Les pièces réunies pour la validation sont souvent les suivantes :

Plan avec les différentes zones

Tableaux des métrés, des différentes couvertures des sols

Récapitulatif quantitatif des surfaces désherbées chimiquement avant et après la mise en application du plan de désherbage

Besoin en matériel alternatif et en moyens complémentaires À FAIRE

Concertation : présenter l’ensemble des éléments recueillis et construits aux élus concernés.

D.6 COMMUNICATION AUPRES DE LA POPULATION

Cette étape découle directement de la précédente et l’une ne peut exister sans l’autre. Elle permet d’expliquer aux administrés l’évolution des pratiques en matière de désherbage et leurs liens avec la santé et la qualité de l’eau à reconquérir.

Cette communication doit permettre à la population de changer ses propres pratiques et son regard vis à vis de la présence de l’herbe dans la ville. Le bulletin municipal et la presse locale seront des relais pertinents. Des actions pédagogiques auprès des plus jeunes pourront être menées. La présence, sur le terrain, des agents correctement formés et sensibilisés, permettra d’apporter une réponse efficace aux questions soulevées par la population.

À FAIRE

Communication : organiser des ateliers, construire et diffuser l’information – plaquettes, articles,…–.

Photo : D.Edeline Photo : Plante & Cité

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D.7 SUIVI DES NOUVELLES PRATIQUES

Le plan de désherbage doit pouvoir s’appuyer sur des critères fiables et objectifs tirés d’observations faites sur le terrain. Les quantités annuelles de désherbants utilisées et leur évolution seront mises en parallèle avec les quantités d’intrants et les temps de travaux relevés pour les méthodes alternatives. Seuls ces enregistrements pourront juger de la pertinence d’un choix par rapport à un autre.

À FAIRE

Suivi : noter les quantités de produit, eau, carburant… utilisées pour le désherbage ainsi que le temps passé, les accidents du travail…

D.8 FAIRE UN BILAN ANNUEL

L’idée de plan de désherbage indique également la notion de planification. Celle-ci s’appuie sur les résultats obtenus l’année précédente, elle confirme, ou infirme, les choix retenus. Des bilans ponctuels permettent de fixer de nouveaux objectifs, de remotiver les équipes et peuvent être l’occasion de communications vers le grand public.

Ces bilans annuels sont les étapes obligées des communes désireuses de tendre vers le « zéro phyto ».

À FAIRE

Bilan : revenir sur l’ensemble des informations de l’année et modifier les pratiques si besoin.

E. CONCLUSION

Le plan de désherbage est une nécessaire remise en cause des pratiques de terrain habituelles. Elle passe obligatoirement par une formation des agents territoriaux pour réactualiser leurs connaissances, notamment concernant les bonnes pratiques d’utilisation des produits phytopharmaceutiques et les techniques alternatives apparues récemment sur le marché pour le contrôle des adventices.

Cette évolution des pratiques doit aller de pair avec une évolution des mentalités et des regards sur l’espace public, la manière de le gérer et la place que l’herbe y occupe. Une démarche qui demande l’adhésion de tous : agents, élus, usagers.

La mise en place d’une communication claire et pédagogique à l’interne comme à l’externe est le garant du succès de cette démarche.