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LNP - n° 342 jeudi 28 juin 2007 1 Focus Risques liés aux médicaments : des plans pour les évaluer, les prévenir ou les minimiser Depuis fin 2005, des plans gestion des risques (PGR) sont mis en œuvre pour un certain nombre de spécialités disponibles sur le marché. Ces plans visent à suivre ces médicaments « dans leur vraie vie » et ont pour objectif d’évaluer et minimiser les risques de leur utilisation (optimisation du rapport bénéfice/risque). Les PGR prennent en compte les risques identifiés importants, potentiels non identifiés importants, ou encore les informations manquantes importantes (ex : populations non étudiées). Le point sous forme de questions-réponses. Quel est le cadre réglementaire du plan de gestion des risques ? Le PGR s’applique, en vertu de l’article 8 de la directive 2004/27/CE et de l’article 6 du Règlement (CE) N° 726/2004, aux médicaments enre- gistrés selon des procédures euro- péennes (centralisées, de reconnaissance mutuelle et décentra- lisées) dans les situations définies (1) . La transposition de ce dispositif en droit national est actuellement en cours, mais l’Afssaps a souhaité antici- per son développement en France. Dans quelles situations ? Selon les notes explicatives commu- nautaires, un PGR doit être obligatoire- ment déposé avec le dossier d’AMM pour : une nouvelle substance active ; un biosimilaire ; un médicament générique, lorsqu’un problème de sécurité d’emploi a été identifié avec le médicament prin- ceps. Un PGR peut être également déposé : à la demande des autorités compé- tentes ; en cas de demande d’extension d’AMM impliquant un changement significatif (nouveau dosage, nou- velle voie d’administration, nouveau procédé de fabrication d’un produit issu des biotechnologies, nouvelle indication). La nécessité d’un PGR est dans ce cas discutée avec les autorités réglementaires. sur l’initiative du titulaire de l’AMM. Dans le cas où aucun PGR n’est déposé, le laboratoire devra justifier auprès des autorités que celui-ci n’est pas nécessaire. Un PGR est-il obligatoirement européen ? Le PGR européen est élaboré pour répondre à la problématique de ges- tion de risques lorsqu’elle a un intérêt communautaire. Au-delà d’un PGR européen, l’Afssaps a identifié un certain nombre de situa- tions qui pourraient conduire à la mise en place d’un PGR national adapté qui pourrait répondre à des probléma- tiques spécifiques nationales. Parmi ces situations : des conditions de déli- vrance différentes, des pratiques médicales ou une offre thérapeutique spécifiques, ou une épidémiologie par- ticulière (ex : pneumocoque). À noter qu’un PGR peut être déposé après la mise sur le marché, au cas par cas, en fonction de nouvelles données de sécurité d’emploi, à la demande notamment de l’Afssaps, des comités techniques, des commissions natio- nales de pharmacovigilance et de celle des stupéfiants et psychotropes, ou à l’initiative de l’industriel. Qui élabore un plan de gestion des risques ? La responsabilité de développer le PGR incombe au demandeur ou titulaire de l’AMM. Pour une nouvelle demande d’AMM, il est conseillé d’anticiper au plus tôt dans le développement du pro- duit l’élaboration de son PGR au moyen, par exemple, d’avis scienti- fiques ou de réunions de concertation. Des demandes peuvent être formulées par les autorités de tutelle. Quelles actions comprennent ces PGR ? Les actions sont adaptées à chaque cas. Par exemple, la pharmacovigi- lance peut être renforcée et inclure la mise en œuvre de méthodes de sur- veillance active (réseaux sentinelles, registres). Classiquement, les PGR comprennent des études post-AMM. Il peut s’agir d’études observationnelles (bases de données ou ad hoc), d’essais cliniques complémentaires ou de toute autre étude jugée utile. Enfin des supports d’information à des- tination des professionnels de santé et des patients sont souvent demandés. Ils participent à la sécurité d’emploi et au bon usage du produit. Quelle implication concrète pour les pharmaciens ? Les pharmaciens peuvent être concer- nés à différents niveaux étant donné leur rôle dans la dispensation des médi- caments, leur contribution à l’informa- tion des patients ou encore la remontée d’informations de pharmacogivilance. Par exemple au moment de mise sur le marché d’Acomplia ® , les pharmaciens ont été destinataires d’un guide éla- boré par le laboratoire en vue de les sensibiliser à la prévention et à la mini- misation des risques d’utilisation de ce nouveau médicament. Dans le cas de la buprénorphine, un certain nombre d’officinaux participe- PGR : Plans de gestion des risques ou RMS : Risk management systems

Plan de gestion des risques 2007

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LNP - n° 342jeudi 28 juin 20071 Focus

Risques liés aux médicaments: des planspour les évaluer, les prévenir ou les minimiserDepuis fin 2005, des plans gestion des risques (PGR) sont mis en œuvre pour un certain nombre despécialités disponibles sur le marché. Ces plans visent à suivre ces médicaments « dans leur vraievie » et ont pour objectif d’évaluer et minimiser les risques de leur utilisation (optimisation durapport bénéfice/risque). Les PGR prennent en compte les risques identifiés importants, potentielsnon identifiés importants, ou encore les informations manquantes importantes (ex : populations nonétudiées). Le point sous forme de questions-réponses.

Quel est le cadre réglementairedu plan de gestion des risques?

Le PGR s’applique, en vertu del’article 8 de la directive 2004/27/CE etde l’article 6 du Règlement (CE)N° 726/2004, aux médicaments enre-gistrés selon des procédures euro-péennes (centralisées, dereconnaissance mutuelle et décentra-lisées) dans les situations définies (1).La transposition de ce dispositif endroit national est actuellement encours, mais l’Afssaps a souhaité antici-per son développement en France.

Dans quelles situations?

Selon les notes explicatives commu-nautaires, un PGR doit être obligatoire-ment déposé avec le dossier d’AMMpour :■ une nouvelle substance active ;■ un biosimilaire ;■ un médicament générique, lorsqu’un

problème de sécurité d’emploi a étéidentifié avec le médicament prin-ceps.

Un PGR peut être également déposé :■ à la demande des autorités compé-

tentes ;■ en cas de demande d’extension

d’AMM impliquant un changementsignificatif (nouveau dosage, nou-velle voie d’administration, nouveauprocédé de fabrication d’un produitissu des biotechnologies, nouvelleindication). La nécessité d’un PGRest dans ce cas discutée avec lesautorités réglementaires.

■ sur l’initiative du titulaire de l’AMM.Dans le cas où aucun PGR n’estdéposé, le laboratoire devra justifier

auprès des autorités que celui-ci n’estpas nécessaire.

Un PGR est-il obligatoirementeuropéen?

Le PGR européen est élaboré pourrépondre à la problématique de ges-tion de risques lorsqu’elle a un intérêtcommunautaire.Au-delà d’un PGR européen, l’Afssapsa identifié un certain nombre de situa-tions qui pourraient conduire à la miseen place d’un PGR national adapté quipourrait répondre à des probléma-tiques spécifiques nationales. Parmices situations : des conditions de déli-vrance différentes, des pratiquesmédicales ou une offre thérapeutiquespécifiques, ou une épidémiologie par-ticulière (ex : pneumocoque).À noter qu’un PGR peut être déposéaprès la mise sur le marché, au cas parcas, en fonction de nouvelles donnéesde sécurité d’emploi, à la demandenotamment de l’Afssaps, des comitéstechniques, des commissions natio-nales de pharmacovigilance et de celledes stupéfiants et psychotropes, ou àl’initiative de l’industriel.

Qui élabore un plan de gestiondes risques?

La responsabilité de développer le PGRincombe au demandeur ou titulaire del’AMM. Pour une nouvelle demanded’AMM, il est conseillé d’anticiper auplus tôt dans le développement du pro-duit l’élaboration de son PGR aumoyen, par exemple, d’avis scienti-fiques ou de réunions de concertation.Des demandes peuvent être formuléespar les autorités de tutelle.

Quelles actions comprennentces PGR?

Les actions sont adaptées à chaquecas. Par exemple, la pharmacovigi-lance peut être renforcée et inclure lamise en œuvre de méthodes de sur-veillance active (réseaux sentinelles,registres).Classiquement, les PGR comprennentdes études post-AMM. Il peut s’agird’études observationnelles (bases dedonnées ou ad hoc), d’essais cliniquescomplémentaires ou de toute autreétude jugée utile.Enfin des supports d’information à des-tination des professionnels de santé etdes patients sont souvent demandés.Ils participent à la sécurité d’emploi etau bon usage du produit.

Quelle implication concrètepour les pharmaciens?

Les pharmaciens peuvent être concer-nés à différents niveaux étant donnéleur rôle dans la dispensation des médi-caments, leur contribution à l’informa-tion des patients ou encore la remontéed’informations de pharmacogivilance.Par exemple au moment de mise sur lemarché d’Acomplia®, les pharmaciensont été destinataires d’un guide éla-boré par le laboratoire en vue de lessensibiliser à la prévention et à la mini-misation des risques d’utilisation de cenouveau médicament.Dans le cas de la buprénorphine, uncertain nombre d’officinaux participe-

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ront aux études observationnelles quiont été demandées. Leur contributionest essentielle pour évaluer le bonusage de cette molécule.

Qui suit et évalue ces PGRau sein de l’Afssaps?

Un département de la Surveillance desrisques, du bon usage et de l’informa-tion sur les médicaments (SURBUM) aété créé en 2005 au sein de la Directionde l’évaluation des médicaments etdes produits biologiques (DEMEB), pla-cée sous la responsabilité d’AnneCastot. Ce département comprend unecellule PGR qui travaille en étroite rela-tion avec la pharmacovigilance.

Dans la mesure où des études post-AMM peuvent être demandées pard’autres instances en France, unecoordination a été organisée avec laDirection générale de la Santé (DGS) etla Haute Autorité de Santé (HAS) afinde partager l’information, éviter lesdoublons et clarifier les objectifs assi-gnés aux études post-AMM.

Depuis 2005, une centaine de PGR ontété évalués par l’Afssaps, soit dans lecadre de ses activités européennes(France désignée comme rapporteurpour une demande d’AMM centrali-sée), soit dans le cadre de ses activitésnationales.

Où peut-on prendre connaissancedes PGR?

L’Afssaps a ouvert une rubrique dédiéeaux PGR sur son site internet. Dans unpremier temps, seuls les PGR natio-naux ou comprenant des dispositionscomplémentaires aux PGR européensy sont diffusés. Depuis l’ouverture decet espace en février dernier, sept PGRont été mis en ligne (mise en ligne nonrétrospective).Les résumés des PGR européens sonteux disponibles sur le site de l’EMEA(voir European Public AssessmentReport – EPAR).

Selon l’article 8 de la directive 2004/27/CE, une demande d’AMM doit comprendreune « description détaillée du système de pharmacovigilance et, le cas échéant,

de gestion du risque que le demandeur mettra en place »

1- cf « Guideline on Risk Management Systemsfor medicinal products for human use » du 14novembre 2005 et annexe C: « Template for EURisk Management Plan (EU-RMP) »,consultables sur le site de l’EMEA.(http://www.emea.europa.eu/htms/general/direct/legislation/legislationhuman.htm)

Liste des plans de gestion des risques nationaux (au 15 juin 2007)

INTRINSA®

07/02/07(Procter&Gamble Pharmaceuticals)

SPÉCIALITÉ PGR FRANÇAIS : EXEMPLES DE MESURES PRÉVUES

EXJADE®

18/04/07(Novartis Pharma)

Diffusion d’une lettre sur le bon usage et la surveillance du traitement aux prescripteurshospitaliers, aux établissements de transfusion sanguine, aux pharmaciens hospitalierset aux médecins généralistes par le laboratoire le 4 janvier 2007, en accord avecl’Afssaps

CHLORHYDRATEDE BUPRÉNORPHINE16/04/07(concerne les laboratoiresArrow, Schering Plough et Merck)

- Sécurisation du produit, du stockage à la distribution ;- gestion spécifique de la pharmacovigilance (documentation précise des cas d’at-teintes hépatiques, d’endocardites, etc ., documentation précise des cas de mésusages,d’abus, de pharmacodépendance ou d’usage détourné, transmission mensuelle des casnotifiés de pharmacovigilance et de pharmacodépendance, transmission mensuelledes chiffres de vente ) ;- à la demande de l’Afssaps, étude observationnelle appréciant l’impact de l’arrivée desgénériques sur le marché (auprès des médecins, pharmaciens et patients) ;- suivi national renforcé de pharmacovigilance et de pharmacodépendance ;- réalisation d’une étude générale sur les traitements de substitution en collaborationl’Afssaps avec le réseau des Centres d’Évaluation et d’Information sur laPharmacodépendance (CEIP).

LUCENTIS® 10 mg/ml 16/04/07(Novartis Europharm)

- Etude d’utilisation ;- mise à disposition, par le laboratoire, de programmes d’éducation et d’information àdestination des ophtalmologistes et à l’attention des patients (notice, livret d’informationet CD audio, etc.).Le livret sera remis par l’ophtalmologiste traitant.

TYSABRI®

12/04/07(Biogen Idec)

- Réalisation d’une étude épidémiologique, avec la collaboration des neurologues fran-çais ;- programme d’éducation et d’information diffusé par le laboratoire. Il comprend unguide de prescription destiné aux neurologues, ainsi qu’un document d’information surle traitement destiné aux patients et incluant une carte d’alerte ;- diffusion dès sa commercialisation d’une " Mise au point sur l’utilisation du Tysabri® "pour promouvoir le bon usage de ce médicament et minimiser les risques liés à son uti-lisation ;- mise en place d’un Groupe national référent Tysabri® composé d’experts pouvant êtresollicités par les prescripteurs via un guichet électronique.

ACOMPLIA®

28/03/07(Sanofi-Aventis)

- Surveillance renforcée des effets indésirables et du risque de mésusage, - diffusion, au moment de sa commercialisation, d’une mise au point sur l’utilisation duproduit (prescription et surveillance) pour favoriser son bon usage- évaluation du bon usage d’Acomplia® dans les conditions réelles de prescription, per-mettant d’évaluer un risque de mésusage (prescription hors AMM), notamment enFrance

CHAMPIX®

11/02/07(Pfizer)

- Suivi national de pharmacovigilance- Tout effet indésirable grave ou inattendu susceptible d’être lié à la prise de Champix®

doit être déclaré par les professionnels de santé au CRPV de rattachement géogra-phique

- Programme d’éducation et d’information des prescripteurs - suivi de pharmacovigilance assuré dès la mise à disposition du produit.- étude d’utilisation

Les PGR européens des spécialités enregistrées selon des procédures européennes comprennent d’autres mesures que cellescitées (ex : tenue d’un registre pédiatrique pour Exjade®, dossier d’information patient, mesures sur le bon usage, etc.).La liste des PGR nationaux est consultable sur le site de l’Afssaps