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Microéconomie du travail et de l’emploi Microéconomie du travail et de l’emploi Nouvelles perspectives D. Masclet CNRS-Université Rennes1 Objectifs du cours Ce cours porte sur l’approche microéconomique de l’économie du travail et de l’emploi. L’objectif de ce cours est de donner des outils d’analyse pour comprendre les mécanismes microéconomiques du marché du travail. Il vise également à présenter les nouvelles avancées en économie du travail et notamment celles reposant sur la théorie des jeux, l’économie comportementale, l’économie expérimentale et l’économie des ressources humaines Plan du cours Plan indicatif du cours (Susceptible de modifications) Introduction Partie 1 . Offre et demande de travail Chapitre 1. Le modèle néoclassique Chapitre 2. Sélection adverse et modèles de signalement Chapitre 3. La théorie du capital humain Chapitre 3. La théorie du capital humain Partie 2. Le chômage Chapitre 1. Définitions et faits stylisés Chapitre 2. Les théories relatives au chômage Plan du cours Partie 3. Salaires et conditions de travail Chapitre 1. Quelques faits stylisés Chapitre 2. Les théories relatives à la formation des rémunération Chapitre 3. La rémunération des performances collectives Partie 4 : L’organisation du travail Chapitre 1. Division horizontale du travail Chapitre 1. Division horizontale du travail Chapitre 2. Division verticale du travail Chapitre 3. La flexibilité des organisations Partie 5: Les négociations et les conflits au sein de l’entreprise Chapitre 1. Le rôle des syndicats Chapitre 2. Les jeux de négociation Chapitre 3. Les conflits au travail et les grèves

Plan du cours - Service central d'authentification 1...1.2.1 Demande de travail et concurrence parfaite Lafonctiondeproductionestunerelationentred’une part la quantité de production

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Microéconomie du travail et de l’emploiMicroéconomie du travail et de l’emploi

Nouvelles perspectives

D. MascletCNRS-Université Rennes1

Objectifs du cours

Ce cours porte sur l’approche microéconomique del’économie du travail et de l’emploi.

L’objectif de ce cours est de donner des outils d’analysepour comprendre les mécanismes microéconomiques dumarché du travail.

Il vise également à présenter les nouvelles avancées enéconomie du travail et notamment celles reposant sur lathéorie des jeux, l’économie comportementale,l’économie expérimentale et l’économie des ressourceshumaines

Plan du coursPlan indicatif du cours (Susceptible de modifications)Introduction

Partie 1 . Offre et demande de travailChapitre 1. Le modèle néoclassiqueChapitre 2. Sélection adverse et modèles de signalementChapitre 3. La théorie du capital humainChapitre 3. La théorie du capital humain

Partie 2. Le chômageChapitre 1. Définitions et faits stylisésChapitre 2. Les théories relatives au chômage

Plan du coursPartie 3. Salaires et conditions de travailChapitre 1. Quelques faits stylisésChapitre 2. Les théories relatives à la formation des rémunérationChapitre 3. La rémunération des performances collectives

Partie 4 : L’organisation du travailChapitre1. Division horizontaledu travailChapitre1. Division horizontaledu travailChapitre 2. Division verticale du travailChapitre 3. La flexibilité des organisations

Partie 5: Les négociations et les conflits au sein de l’entrepriseChapitre 1. Le rôle des syndicats Chapitre 2. Les jeux de négociationChapitre 3. Les conflits au travail et les grèves

Partie 1 Offre et demande de travailPartie 1 Offre et demande de travailChap.1. Le modèle néoclassique d’offre Chap.1. Le modèle néoclassique d’offre

et de demande de travail

1. La demande de travail1. La demande de travail 1.1. Quelques faits stylisés

Faits stylisés sur la demande de travail

Statistiquement la demande de travail est mesuréepar les déclarations d’embauche des entreprises. Cesdernières permettent d’évaluer, ce que lesstatistiques administratives définissent comme lesoffres d’emploi.

En France il existe plusieurs sources permettantd’évaluer les flux d’entrée et de sortie en emploi :d’évaluer les flux d’entrée et de sortie en emploi :

(1) Les Déclarations Annuelles de Données Sociales(DADS) gérées par l’INSEE.

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Faits stylisés sur la demande de travail

(2) La Déclaration de Mouvement de Main d’Œuvre(DMMO) gérée par les Directions Régionales du Travailet de l’Emploi

(3) La Déclaration Unique d’Embauche (DUE) géréepar les organismes gestionnaires des cotisationssociales.sociales.

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Faits stylisés sur la demande de travail

Ces informations statistiques sont à la base du calculdes taux d’entrée ,de sortie et de rotation de maind’œuvre dans les entreprises.

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1.2. Modélisation de la demande de travail

1.2.1 Demande de travail et concurrence 1.2.1 Demande de travail et concurrence

parfaite

La fonction de production est une relation entre d’unepart la quantité de production obtenue Y et d’autrepart les combinaisons possibles des facteurs travail L etde capital K. On écrit

On suppose que le capital disponible à une date préciseest fixe, on a : ( , ) Y f L K=

14

est fixe, on a : ( , ) Y f L K=

( ) Y f L=

Cette fonction a les propriétés suivantes :

(1) Elle est croissante :plus le nombre d’heurestravaillées est élevé, plus la production est importante.

(2)Elle présente des rendements factoriels décroissants.Pour un stock de capital donné, l’embauche de

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Pour un stock de capital donné, l’embauche denouveaux salariés génère un volume de productionpositif mais décroissant au fur et à mesure que l’on metau travail de nouvelles personnes.

Dans ce cas on démontre que la fonction de productionest concave.

La pente de la fonction de production traduit laproductivité marginale du travail

Figure 1. La fonction de production

16

Figure 1. La fonction de production

Y

L

F(L)

Pour l’entreprise le critère de décision est la recherchedu profit maximal compte tenu du cout du travail c està dire du salaire horaire réel w.

Figure 2. La fonction de productionY

17

L

F(L)

O

RA

Figure 2. Fonction de production et variation du salaire

Y

Lorsque le salaire varie, la droit OR se déplace et lepoint A qui maximise les profit de l’entreprise sedéplace aussi.

Dans l’exemple, lorsque le salaire baisse etpassede 0R à 0R’, alors le point qui maximise

18

L

F(L)

O L L’

R’AA’ R

passede 0R à 0R’, alors le point qui maximisele profit de l’entreprise passe de A à A’.

La quantité de travail recrutée par l’entreprisepasse de L à L’.

On observe donc une relation décroissante entre salaire etemploi. La quantité de travail que la firme souhaite acheterne peut donc augmenter que si le salaire réel diminue

Figure 2. Fonction de production et variation du salaire

Y

La relation entre salaire et niveau d’emploi estreprésentée par la fonction de demande quicorrespond à tous les couples salaire-niveau d’emploi.

W/P

19

L

F(L)

O L L’

R’AA’ R

L

Formellement: La décision de l’entrepreneur consiste àchoisir le volume de travail qui maximise son profit.Soit :

Ou p est le prix d’équilibre sur le marché des biens et west le taux de salaire horaire d’équilibre sur le marchédu travail.

( ) ( ) L

Max L pf L wLΠ = −

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du travail.

La demande de travail découle alors directement ducritère de maximisation du profit soit :

tel que ( ) ( ) D

LL M ax L pf L wLΠ = −

La condition d’optimisation du premier ordre de lafonction de profit permet d’écrire :

En ce point la productivité marginale du travail estégale au salaire réel

tel que '( ) D wL f L

p=

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égale au salaire réel 1.2.2 Demande de travail et concurrence 1.2.2 Demande de travail et concurrence

imparfaite

L’hypothèse d’un marché du travail réunissant lesconditions de la CPP relève plus d’une vision normativedu fonctionnement du marché du travail.

Causes d’un fonctionnement non concurrentiel dumarché du travail :

-Rejet de l’hypothèse d’atomicité des agents: les

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-Rejet de l’hypothèse d’atomicité des agents: lesoffreurs et demandeurs de travail ne sont pasforcément suffisamment nombreux pour qu’aucund’entre eux ne dispose d’un pouvoir de marché etnotamment d’un pouvoir de fixation des salaires.

Tel est le cas lorsqu’un faible nombre d’entreprisesvoire une seule gouvernent les conditions d’embauchesur le marché local.

On parle de situation d’oligopsone lorsqu’il n’y a qu’unfaible nombre d’entreprises en concurrence pour attirerla main d’œuvre.

On parle alors de situation de monopsone lorsqu’uneseule entreprise représente à elle seule la demande detravail face à une offre de travail atomistique.

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travail face à une offre de travail atomistique.

On peut aussi imaginer que c’est le cas lorsque lessalariés sont peu mobiles du fait de leur statutrésidentiel (propriétaire peu mobiles) ou du fait de coutde recherche et de déplacement élevés si les entreprisessont imparfaitement distribuées sur le territoire.

La fonction de profit du monopsoneur se distingue d’unefirme en concurrence pure et parfaite par le faitqu’étant seul sur le marché, la firme ne peut ignorerque sa politique d’embauche influera sur le niveau dusalaire d’équilibre si bien que w=w(L).

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La demande de travail du monopsoneur notée LM estdonc telle qu’elle maximise la fonction de profitsuivante dans laquelle le salaire est désormais unefonction du volume d’emploi de la firme :

Soit la condition de premier ordre :

LLwLpfL )()(max −=π

26

Soit la condition de premier ordre :

Cette égalité traduit le fait que la firme égalise laproductivité marginale et le cout réel du travail.

p

LLwLwLf

)(')()('

+=

Si l’on compare la situation en CPP et la situation demonopsone, on voit bien qu’un nouveau terme apparaità droite w’(L)L/p. Puisque w’>0, l’offre de travail estinférieur à l’offre de travail en situation de CPP.

Ce terme correspond à la rente du monopsone.

27

Figure 5. Demande de travail en concurrence imparfaite

W(L)/p+Lw’(L)/p

Graphiquement cela peut être représenté de la façonsuivante:

Le niveau optimal de demande detravail du monopsone LM est en

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W(L)/p

f’(L)

LM LC

f’(L)

WM

Rente du

monopsone

travail du monopsone LM est endessous du niveau de demande detravail en CPP, LC.Pour ce niveau de demande de travailLM, le salaire est obtenuà l’intersectionavec la courbe de salaire w(L).

2. L’offre de travail2. L’offre de travail

L’offre individuelle de travail: pour un individu, lacourbe d’offre de travail associe à chaque niveau dutaux de salaire réel les quantités d’heures de travail quele salarié souhaite vendre sur le marché.

30

La courbe d’offre de travail repose sur trois hypothèses.

(1) L’individu peut choisir le nombre d’heures qu’ildésire consacrer au travail.

(2) Le travail est pénible : pour qu’un individul’accepte, il faut lui verser un salaire

(3) Le travailleur n’est pas sujet à l’illusion monétaire :

31

(3) Le travailleur n’est pas sujet à l’illusion monétaire :ce qui l’intéresse n’est pas le niveau de son salaireexprimé en euro mais la quantité de biens qu’il peutacquérir grâce à ce revenu.

C’est en d’autre termes sur le salaire réel horairew=W/p qu’il fonde ses décisions.

1. Le modèle de base : offre et demande de travail

L’offre de travail résulte d’un arbitrage travail –loisir : letravailleur compare la désutilité du travail (cout del’effort ) et le gain escompté (salaire réel et non pasnominal car pour les néoclassique les agents économiquesne sont pas victimes de l’illusion monétaire).

32

L’offre de travail est une fonction croissante du salaireréel On peut écrire:

Noffert=Noffert(W/P) avec W le salaire nomimal et P leniveau des prix.

1. Le modèle de base : offre et demande de travail

L’analyse théorique standard de l’offre de travail :arbitrage entre consommation de bien (ce qui supposede travailler) et loisir

Cet arbitrage est représenté à l’aide d’une fonctiond’utilité qui reflète les préférences d’un individu.

33

d’utilité qui reflète les préférences d’un individu.

1. Le modèle de base : offre et demande de travail

Soit U(c,l) ou c et l désignent respectivement la consommation de biens permise par le travail et de loisir.

L’ensemble des couple (c, l) pour lequel le consommateur obtient le même niveau d’utilité est appelé courbe d’indifférence.

34Loisir

Figure 3. Courbe d’indifférence

Con

som

ma

tion

C

1. Le modèle de base : offre et demande de travail

La contrainte budgétaire temps l’agent

Soit le temps disponible de l’individu qu’il répartientre temps de loisir l et temps de travail h tel que

Si l’on considère maintenant la valeur en terme deconsommation de sa dotation totale en temps, l’onpeut réecrire en multipliant tous les termes par w

0l

hll +=0

35

peut réecrire en multipliant tous les termes par w(où désigne w le salaire horaire réel, w=W/p)

p

W wavec 0 =+= wlwhwl

1. Le modèle de base : offre et demande de travail

où wh correspond aux revenus issus du travail quipemettent de consommer une valeur C et wLreprésente le prix d’une heure de loisir (coutd’opportunité).

0 avec /wl wh wl w W P= + =

36

On peut donc réécrire la contrainte :

0 avec /wl c wl w W P= + =

1. Le modèle de base : offre et demande de travail

Le problème du consommateur : La résolution duproblème du consommateur est une problèmed’optimisation sous contrainte de budget. On obtientainsi les fonctions de demande de bien deconsommation et de loisir.

,max ( , )

c lU c l

37

0 0

sous la contrainte de budget

c wl R wl+ ≤ =

1. Le modèle de base : offre et demande de travail

Ce problème se résout en utilisant la méthode duLagrangien. Ce dernier s’écrit :

avec le multiplicateur de Kuhn et Tucker

La solution d’équilibre s’obtient à partir des conditionsde premier ordre suivantes :

)(),(),,( 0 wlcRlcUlcL −−+= µµ0≥µ

38

de premier ordre suivantes :

0),(0 =−⇔=∂∂ µlcU

c

Lc

0),(0 =−⇔=∂∂

wlcUl

Ll µ

0)(0 0 =−−⇔=∂∂

wLCRL

µ

1. Le modèle de base : offre et demande de travail

A l’équilibre, on trouve donc :

Cette égalité illustre qu’à l’équilibre, le taux desubstitution entre loisir et consommation égalise le taux

( , )

( , )l

c

U c l Ww

U c l P= =

39

substitution entre loisir et consommation égalise le tauxde salaire réel.

Autrement dit, le consommateur demandera du loisirtant que l’utilité marginale qu’il ressentira serasupérieure à celle induite par un supplément deconsommation.

1. Le modèle de base : offre et demande de travail

C

Figure 4. La droite du budget et le choix optimal

Graphiquement : L’arbitrage consommation loisir

R

40

Compte tenu de sa contrainte budgétaire l’agentmaximise son utilité lorsqu’il choisit sa courbed’indifférence la plus élevée possible compatible avec sadroite de budget. C’est le cas au point R de la figure ci-dessus.

Loisir travail L

B

Conso.

0

-W

R

1. Le modèle de base : offre et demande de travail

C

Figure 4. La droite du budget et le choix optimal

L’arbitrage consommation loisir

R

41

Au point R le taux marginal de substitution entreconsommation et loisir est égal au salaire du marché w(avec w=W/p)

Loisir travail L

B

Conso.

0

-W

R

1. Le modèle de base : offre et demande de travail

C

Figure 5. Impact d’une hausse de salaire

B’

B

Conso.

R’

42

Loisir travail A L

Lorsque le salaire w augmente, la droite de budget pivoteautour du point A vers le haut.En effet, pour un niveau donné de loisir, une hausse desalaire permet de consommer davantage, ce qui se traduitpar une rotation de la droite de budget dans le sens desaiguilles d’une montre.

Conso.

0-W

R

1. Le modèle de base : offre et demande de travail

C

Figure 6. réaction à une hausse de salaire etoffre de travail

B’

B

Conso.

R’

La relation entre salaire et niveau d’emploi estreprésentée par la fonction de demande de travail quicorrespond à tous les couples salaire-offre de travail.

43

Loisir travail L

Conso.

0-W

R

Salaire réel

Offre de travail

1. Le modèle de base : offre et demande de travail

La courbe d’offre de travail aura généralement uneforme de courbe à pente positive.

Mais ce n’est pas toujours le cas: dans certains cas, uneaugmentation du salaire peut conduire à une baisse del’offre de travail (offre coudée).

44

Pourquoi?

Cela va dépendre de l’ampleur des effets substitution eteffets revenu.

1. Le modèle de base : offre et demande de travail

Impact d’une hausse de salaire

(1) L’effet de substitution : lorsque le salaireaugmente les loisirs deviennent relativement moinsattrayant puisque leur prix relatif a augmenté, ce quiincite à travailler davantage

45

(2) un effet revenu : lorsque le salaire augmentel’agent étant mieux payé il peut augmenter à la foisses loisirs et sa consommation.

1. Le modèle de base : offre et demande de travail

Au final l’agent la forme de la fonction d’offre de travailva dépendre de l’effet substitution ou revenu quil’emporte.

Généralement l’effet de substitution l’emporte et doncl’effet net est positif : une hausse du salaire entraine

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l’effet net est positif : une hausse du salaire entraineune augmentation de l’offre de travail. Cette réactionest décrite sous la forme d’une courbe d’offre de travailà pente positive.

Si l’effet revenu l’emporte, alors la courbe d’offre detravail est une courbe coudée.

1. Le modèle de base : offre et demande de travail

C

Figure 7. réaction à une hausse de salaire etoffre de travail coudée

B’

B

Conso. R’

A un moment, unaccroissement du salaireconduit à un effet de revenuplus fort, ce qui se traduit parune courbe d’offre de travailpenchéeenarrière.

47

Loisir travail L

Conso.

0 -W

R

R’ penchéeenarrière.

Offre de travail

Salaire réel

Chapitre 2. Sélection adverse etChapitre 2. Sélection adverse et

modèles de signalement

1. Le problème d’antisélection

Supposons que l'employeur fait face à deux catégories decandidats à l'embauche: des travailleurs avec uneproductivité haute, PM+ et des travailleurs avec uneproductivité basse , P M-.

L'offre d'un contrat qui serait unique et basé sur une

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L'offre d'un contrat qui serait unique et basé sur uneproductivité moyenne est inefficace en raison duproblème d’anti sélection.

Pourquoi?

La raison:

- Les bons travailleurs risquent de refuser le contrat qu’ilstrouveront dissuasif eu égard à leur productivité.

-A l’inverse, les mauvais travailleurs trouveront aucontraire attractif un tel contrat et vont s’empresserd’accepter l’offre de contrat.

51

d’accepter l’offre de contrat.

On parle alors d’anti sélection dans la relation d’emploipour caractériser ce type de situation où le mauvaiscandidat chasse le bon.

Quelles solutions ?

Les modèles de signalement

2. Le modèle de signalement de Spence

Pour résoudre les problèmes d’anti-sélection, l'employeurdoit mettre en place des contraintes incitatives quiforcent le candidat à révéler son type: fortementproductif ou faiblement productif.

La firme peut annoncer un niveau de signal, par exemplele niveau d'éducation, S*, et propose d'offrir un salaire W+

53

le niveau d'éducation, S*, et propose d'offrir un salaire W+si un individu est doté de ce niveau de signal et d'offrir unsalaire W- sinon (on parle alors de contrat séparateur)

Figure 1. cout d’acquisition du signal et contrats séparateurs

54

Les individus pour qui le cout d’acquisition d’un diplômeest plus faible auront intérêt à investir jusqu'au niveau S*.

Cela leur rapporte un bénéfice (AE) qui est supérieur aubénéfice obtenu sans formation soit OB.

Figure 1. cout d’acquisition du signal et contrats séparateurs

55

Les individus pour qui le cout d’acquisition d’un diplômeest élevé (C2) n‘auront pas intérêt à investir dans lesignal.

Le rendement attendu de l'acquisition du signal pour euxest mesuré par la distance AD, valeur inférieure au salaireattendu en cas de non-acquisition du signal (OB).

Au final seuls les individus à qualité haute (C) seprésenteront sur le marché du travail avec le niveau deformation S*.

Les individus à qualité basse (C2) n'investissement pasdans le signal et révèlent de ce fait un niveau de

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dans le signal et révèlent de ce fait un niveau deproductivité PM- auquel ils seront rémunérés par lecontrat B.

Les limites des modèles de signalement

La théorie du signalement de Spence (1973) repose sur lepostulat selon lequel l’éducation n’augmente pas laproductivité marginale des individus.

Cette hypothèse est assez excessive même si elle estacceptable pour certaines catégories d’investissement encapital humain.

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capital humain.

Par ailleurs, les signaux peuvent être des prédicateursimparfaits : le cout d’acquisition du signal diplôme peutdépendre des capacités de l’individu mais aussi de sonmilieu social.

Enfin, l’efficacité productive d’un salarié ne dépend pasque du diplôme mais dépend de variables multiples (lesaptitudes intellectuelles, verbales, motrices, les savoirs etsavoir faire, la personnalité (savoir etre), l’intérêtprofessionnel, ect.

Chapitre 3. La théorie du capital humain

Définition:Le capital humain est l'ensemble desaptitudes, talents, qualifications, expériences accumuléspar un individu et qui déterminent en partie sa capacité àtravailler ou à produire pour lui-même ou pour les autres.

Les investissements en capital humain peuvent etredistingués à la suite de Becker entre ceux réalisés dans le

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distingués à la suite de Becker entre ceux réalisés dans lecadre de l’école (schooling) et ceux réalisés dans le cadrede l’activité professionnelle (on the job training).

Particularités du capital humain :

Inappropriabilité :le capital humain, contrairement aucapital financier, ne peut devenir propriété d’un tiers

Limitation : le capital humain est limité à l’individu quil’incorpore .

Conséquences sur la relation de travail :

60

Conséquences sur la relation de travail :

1) Il est risqué pour un employeur d’investir dans lecapital humain car l’employé peut à tout momentsoustraire celui-ci à l’employeur (en allant travaillerailleurs par exemple).

2) A partir d’un certain âge, un employeur n’aura plusintérêt à investir dans le capital humain d’un individu.

1. Le modèle de capital humain de Becker

Les hypothèses du modèle :

-Contrairement à la théorie du signalement, la TCHsuppose que l’acquisition de capital humain va accroitresa productivité.

-Il n'existe pas de rigidités sur le marché du travail ni depénurie .

-Les individus sont rémunérés à leur productivité

62

-Les individus sont rémunérés à leur productivitémarginale.

-Il n'existe pas de discriminations salariales: deuxindividus ayant la même dotation perçoivent le mêmesalaire.

-Il n'existe pas de limite à l'investissement en capitalhumain, hormis celle liée à sa rentabilité.

Rendements et couts de l’investissement en formation initiale

63

2. La formation continue 2. La formation continue

2.1. La formation continue2.1. La formation continue

et le risque de braconnage

On distingue deux cas selon que la formation continue

est générale ou spécifique.

Si la formation est générale (formation aux outilsbureautiques ou a l’anglais), cette formation peut êtreutilisé dans n’importe quelle autre entreprise.

Si l’entreprise finance intégralement une telleformation, elle court le risque que l’individu une fois

66

formation, elle court le risque que l’individu une foisformé quitte l’entreprise et aille valoriser soncapital humain ailleurs.

L’entreprise risque donc de perdre son investissement.

On parle de situation de braconnage qui conduit à uninvestissement sous optimal en formation continue.

Considérons deux firmes A et B ayant à choisir entredeux actions possibles (former ou ne pas former leurssalariés)

Matrice de braconnage dans la formation continue

Firme B

Forme Forme pas

67

Note :le premier chiffre indique le gain de A et le second celui de B

La stratégie choisie par les deux firmes est de ne pasformer, ce qui correspond à l’équilibre de Nash. Onvérifie que si A forme, B choisit de ne pas former etprofite du braconnage.

Forme Forme pas

Firme A Forme 6,6 1,8

Forme pas 8,1 2,2

Considérons deux firmes A et B ayant à choisir entredeux actions possibles (former ou ne pas former leurssalariés)

Matrice de braconnage dans la formation continue

Firme B

Forme Formepas

68

Note :le premier chiffre indique le gain de A et le second celui de B

La situation qui en résulte est pareto sous optimalepuisqu’une politique de formation permettraitd’accroitre les gains des deux entreprises (6,6 contre 2,2).

Forme Formepas

Firme A Forme 6,6 1,8

Forme pas 8,1 2,2

En concurrence pure et parfaite, les firmesinvestirons donc en formation continue à un niveau quiserait inférieur au niveau pareto optimal.

La sécurisation de l’investissement formation est unproblème essentiel qui s’il n’est pas résolu peut installerl’économie dans un équilibre durable de sous formation(Chapman, 1993).

69

(Chapman, 1993).

Le risque de braconnage sera plus faible si l’on se situeen concurrence imparfaite :

Si la firme formatrice détient des informations que nepossèdent pas les firmes concurrentes qu’il s’agisse ducontenu de la formation recue

Si l’hétérogénéité des firmes et de leur processus deproduction rend en pratique la formation plus ou moins

70

production rend en pratique la formation plus ou moinstransférable (Stevens, 1994 ; Lene, 2005).

Lorsque le marché est non concurrentiel ou moinsconcurrentiel, alors la firme peut financer (en partie outotalement) la formation continue puisqu’elle risquemoins son de voir son salarié quitter l’entreprise.

Le risque de braconnage sera également plus faible si laformation est spécifique, (formation pour utiliser unemachine ou un logiciel propre à l’entreprise).

L’entreprise court moins le risque de transférabilitépuisque le capital humain acquis ne peut être utilisé endehors de l’entreprise.

71

2.2 Solutions au problème 2.2 Solutions au problème

de braconnage

Selon Becker, devant le risque de braconnage, il estrationnel pour l’entreprise de laisser le salarié payerl’intégralité du cout de la formation générale (totalementtransférable) et de le rémunérer à sa productivitémarginale après formation.

Au contraire, l’entreprise pourra financer totalement ou

73

Au contraire, l’entreprise pourra financer totalement ouen partie la formation spécifique (totalement ou enpartie intransférable).

Le partage des couts de la formation est donc le moyende se donner mutuellement des garanties.

Rendements et coûts de la formation continue

Cas A. Formation générale

PM1 W1

74

W0

t1 tn

PM

0

Rendements et coûts de la formation continue

Cas B. Formation spécifique

PM1

W1

75

PM0

W0

t1 tn

2.3. Intervention de l’état dans la 2.3. Intervention de l’état dans la formation continue

Le fait que les firmes choisissent de sous investir dans laformation générale peut être sous optimal de façongénérale (au niveau pareto) en raison du dilemme socialposé par le problème de braconnage.

On parle alors de défaillance du marché.

Pour sortir de ce dilemme, et remédier à l’échec dumarché, les interventions de l’état peuvent s’avérées

77

marché, les interventions de l’état peuvent s’avéréesnécessaires (Booth et Snower, 1996).

Les formes concrètes de l’intervention de l’état dans laformation continue peuvent en être diverses :

-Mise en place d’une obligation légale de financement dela formation (droit individuel de formation, DIF)

-Clauses de dédit-formation (légalisées en France) qui ontpour objet d'exiger d'un salarié ayant bénéficié d'uneformation entièrement financée par l'entreprise, de rester

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formation entièrement financée par l'entreprise, de resterun certain temps au service de ladite entreprise.

En cas de départ anticipé, il devra verser une sommeforfaitaire fixée à l'avance ou devra rembourser les fraisde formation engagés.

-Mutualisation des financements de la formation (parexemple au niveau d’une branche)

3. Les critiques de la théorie du CH sur la 3. Les critiques de la théorie du CH sur la Formation continue

La TCH crédite les agents de puissantes facultésd’anticipation et d’analyse.

Ils sont supposés capables d’évaluer ex ante et ex post letaux de rendement des différents investissements enformation possibles.

En pratique on parvient à estimer les couts directs etd’opportunité de la formation mais l’évaluation des

80

d’opportunité de la formation mais l’évaluation desrecettes se révèle souvent délicate.

Le calcul de la rentabilité ex ante des dépenses deformation n’est pas une démarche courante.

Mesurer le stock de capital humain peut égalements’avérer être une démarche difficile.

En effet, il n’existe pas d’évaluation du capital humainde même nature et de même qualité que celle qui sontdisponibles pour le capital non humain (patrimoinesfinancier, ect).

En pratique on va approximer le CH accumulé à la fois à

81

En pratique on va approximer le CH accumulé à la fois àl’école et au cours de la vie professionnelle par unensemble de trois durées (Mincer, 1974) : la durée desétudes, durée totale d’activité professionnelle etancienneté dans la dernière entreprise.

En outre, le fait de faire des études ne peut pas seréduire à un seul gain salarial mais il importe égalementde considérer le contenu de l’activité professionnelleainsi que les conditions de travail.

Par ailleurs, certains individus peuvent également se faireplaisir en suivant des études qui correspondent à leurpassion ou à leur vocation tout en sachant qu’elle n’offre

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passion ou à leur vocation tout en sachant qu’elle n’offreguère de débouchés professionnels.

Enfin, à aptitudes égales, un même investissement enformation peut représenter un sacrifice inégal d’autantplus élevé que le niveau du groupe domestique est faible.Il est connu que la probabilité de faire des études longuesest positivement corrélé avec le niveau de CSP desparents et que la pauvreté accroit le risque d’échecscolaire.

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scolaire.

Cette situation peut justifier l’intervention de l’état(octroi de bourses d’études par exemple).

Pour conclure, concernant la formation continue, il estimportant de noter que dans la réalité la formation estun mélange de formation générale et spécifique et qu’ilest difficile de les isoler complètement.