Atelier interne de l’AMPH :

Le métier de praticien en hypnose

Rapport du 1er

L’hypnose est un ensembLe de techniques, de connaissances, de savoir-faire et aussi un art qui nécessite une formation théorique, de nombreux exercices pratiques et une créativité qui s’acquièrent avec une formation sérieuse, du travaiL en profondeur et beaucoup d’expérience. EllE pEut êtRE pRatiquéE En tant quE théRapiE bRèvE, loRs d’un coaching ou aloRs En tant quE boîtE à outils connExE à la psychologiE, à divERsEs théRapiEs, à l’ExERcicE dE la médEcinE, dE la chiRuRgiE dEntaiRE ou dE divERsEs pRofEssions paRamédicalEs (sagE-fEmmE, kinésithéRapiE, infiRmiER, assistantE socialE…) ce document synthétise Les réfLexions et Les débats tenus au sein de L’amph ; c’est une feuille de route, complémentaire aux textes adoptés en assemblée générale en décembre 2012 : statut, charte ethique, système d’accréditation.

1- Programme approprié pour former des praticiens en hypnose> Le contenu d’une formation de base minimum en hypnose pour être praticien et faire des séances orientées résultats dans des conditions réelles avec des clients / sujets / patients est dense et diversifié : > Historique de l’hypnose> Hypnose classique et de spectacle vs hypnose éricksonienne et nouvelle hypnose> Définition et ressources de l’inconscient (selon Freud et selon Erickson)> Intérêt de faire appel à l’hypnose et diversité des applications> L’auto-hypnose> Savoir bâtir un rapport : le b a ba relationnel, savoir utiliser sa voixCalibration, synchronisation, vision du monde, type de représentation, prédicats> Le langage artistiquement vague et le Milton Modèle> Approche utilisationnelle de Milton Erickson> Gérer les résistances, savoir « confusionner » et utiliser l’humour> Signaux idéo-moteurs, ancrages> Techniques d’induction> Le principe des diverses suggestions hypnotiques> Sortie de transe, gérer les a b réactions, pont vers le futur> Séance type en hypnose avec un sujet> Les phénomènes hypnotiques : distorsion du temps, réorientation dans le temps, hallucinations positives et négatives, perte de mémoire, lévitation, catalepsie, dissociation, gestion de la douleur> Concepts : observateur caché, guide et enfant intérieur, jardin secret, prescriptions de tâches> Techniques hypnotiques :

• Technique de relaxation• Les sous-modalités• Renforcement de l’égo, estime de soi, confiance en soi• Technique du pardon, le deuil• Techniques de recadrage• Techniques de régression, remodélisation d’histoire de vie• Conflit des parties• Niveaux logiques• Langage symbolique et métaphores : savoir développer des contes thérapeutiques.

Beaucoup de pratique avec des groupes de pairs, de lectures des descriptions de séances d’hypnose, comme par exemple celles de Milton Erickson, Ernest Rossi, Richard Bandler, Stephen Gilligan, Betty Alice Erickson, sont essentielles ainsi que la connaissance de métaphores et la capacité d’en créer.

2- Durée de la formation minimum de basePour suivre le programme minimum ci-dessus, nous considérons qu’il faut au moins 12 jours pleins (soit 100 heures) ; ce qui correspond à la durée exigée par la NGH : la plus ancienne et plus grande association professionnelle de praticiens en hypnose dans le monde (www.ngh.net). Il est conseillé de suivre un programme étalé dans le temps pour pouvoir pratiquer en parallèle, faire les lectures et ajuster la maîtrise des techniques. Les programmes d’hypnose de moins de 12 jours peuvent représenter de bonnes introductions et sensibilisations, des cadres de développement personnel ou des approches spécifiques pour certains outils bien précis ; ils ne peuvent pas représenter un programme de formation de praticien en hypnose susceptible de pratiquer avec des sujets qui ont des problèmes concrets.

3- Qualités essentielles pour être praticienLes qualités essentielles du praticien en hypnose sont d’abord une maturité certaine et une posture et attitude respectueuses de la relation d’aide : éviter les positions hautes, directives, paternalistes ou à l’inverse infantiles, et ne pas confondre

praticien en hypnose, conseiller et mentor. Il est primordial aussi d’avoir une bonne communication : au niveau verbal, para-verbal et non-verbal, de faire preuve de capacité d’écoute et de congruence ; la dextérité et l’éloquence dans l’utilisation des mots sont des atouts déterminants pour le praticien. Le vécu et la capacité du praticien à prendre du recul, à lâcher prise, à se mettre en auto-hypnose, à faire confiance à son propre inconscient pour laisser le sujet guider le travail sont significatifs ; tout cela vient d’un long apprentissage, d’un grand savoir-faire et d’une forte intuition. Il est ainsi essentiel de garder en mémoire que c’est le sujet qui fait le travail, qui fait appel à ses ressources, sa motivation et sa volonté pour guérir/changer. L’hypnose n’est pas une baguette magique aux mains du praticien, ni des connaissances rares mobilisées pour provoquer le changement ou soigner. Ces qualités sont difficiles à quantifier, mais elles sont déterminantes dans les résultats que l’on obtient avec les sujets/patients ; le rôle du comité d’adhésion de l’AMPH est donc primordial dans l’évaluation des membres. Elles se développent avec du travail sur soi, du développement personnel, un accompagnement personnalisé et une supervision ou Intervision pour se remettre en cause et progresser. Elles s’acquièrent également en corrigeant sa manière de faire au fur et à mesure des expériences avec les sujets (M. Erickson enregistrait ses séances pour améliorer ses techniques). Il faut enfin avoir la capacité de travailler en équipe, en coordination avec d’autres professions : psychiatre, psychanalyste, coach, médecin, psychologue, thérapeute (art thérapie, TCC, analyse transactionnelle, analyse systémique, Gestalt thérapie…). Il est impératif que les personnes qui montrent des troubles du comportement critiques, tels les psychotiques, les bipolaires sérieux, ne puissent prétendre devenir praticien en hypnose ; l’aide précieuse des psychiatres et des psychologues pour faire un diagnostic juste peut s’avérer nécessaire à cet effet.

4- Y-a-t-il des professions et des profils privilégiés pour devenir praticien en hypnose ?A moins d’avoir fait des formations et pratiqué des métiers qui ont permis de développer les qualités spécifiques décrites ci-dessus (communication, relation d’aide en position basse, capacité de conteur et de création de métaphores, travail en équipe), nous considérons qu’il n’y a pas un métier qui facilite plus qu’un autre la formation d’un bon praticien. Avec de la motivation, l’envie d’aider les autres à aller vers plus de bien-être, une formation sérieuse et beaucoup de travail, un adulte équilibré et volontariste peut devenir un bon praticien. A ce titre, un psychologue, un psychiatre, un avocat, un ingénieur, un médecin, un psychanalyste, un pharmacien, un dentiste, un professeur, un formateur, un coach, un commerçant, une profession paramédicale…, peut indifféremment devenir un bon praticien. N’oublions pas que c’est la connaissance et les ressources du sujet/patient qui priment pendant le travail et qu’il est inutile de dérouler des connaissances et un jargon quelconque de spécialiste que le sujet ne pourrait comprendre. L’exemple d’excellents praticiens comme Anthony Robbins, Olivier Lockert (et tant d’autres) sans formation universitaire notable sont des références internationales, ainsi que leurs ouvrages. Certaines thérapies ou outils peuvent s’avérer complémentaires pour le praticien en hypnose, comme la PNL, la TCC, l’analyse systémique, les programmes de coaching, l’art thérapie, la dance thérapie… Elles peuvent être rajoutées utilement à la boîte à outils de l’hypno-praticien pour le plus grand bénéfice des sujets.

5- Comment devenir praticien spécialiste dans un domaine d’applicationPour devenir praticien spécialisé dans un domaine d’application, il est nécessaire d’étudier les connaissances sur les cas spécifiques au champ d’application en question, notamment les techniques hypnotiques les plus appropriées et le type de métaphores adaptées. Il existe à cet égard beaucoup d’ouvrages spécialisés et de séminaires dans plusieurs domaines d’applications de l’hypnose, à la portée des praticiens :

• Estime de soi, confiance en soi, efficacité personnelle, problèmes relationnels, prise de parole• Gestion du stress, travail avec les insomniaques, travail avec les bègues• Phobies, anxiété, attaque de panique, angoisse• Performance académique, gestion de la mémoire, concentration• Performance athlétique, nouveaux apprentissages (musique, langues…)• Addictions (cigarettes, alimentation, drogue, sexe, Internet…) et changement d’habitudes• Gestion du poids : obésité, anorexie, troubles alimentaires• Travail avec les enfants, énurésie, se ronger les ongles, « parenting »• Travail avec les adolescents• Travail avec les familles, avec les couples• Dysfonctionnements sexuels• Accompagnement des malades du cancer• Problèmes psychosomatiques• Allergies• Gestion de la douleur• Aide à l’accouchement• Gestion des traumatismes.

Une formation de base de la spécialité en médecine ou en psychologie correspondant à ces champs d’application peut parfois aider ; elle n’est pas indispensable. Un travail conjoint et une bonne entente entre le praticien en hypnose et le spécialiste concerné (médecin spécialiste, psychiatre, psychologue, thérapeute) peut parfois s’avérer utile et aider le sujet/patient à atteindre ses objectifs plus rapidement.

7- Pourrait-on au sein de l’AMPH devenir hypno-thérapeute et sous quelles conditionsCompte tenu du vide juridique au Maroc concernant le statut de thérapeute, l’AMPH propose à la communauté ainsi qu’aux autorités compétentes un processus d’accréditation d’hypno-thérapeute qui tient compte de ce qui se fait dans les pays avancés (France, Canada, Etats-Unis…). De plus, l’expérience des membres de l’AMPH, coachs, thérapeutes, psychologues, médecins, dentistes, pharmaciens…, est un atout significatif pour proposer cette vision globale, cohérente et réaliste et qui aille dans le sens des intérêts des sujets et de leur mieux-être, au-delà de tout esprit corporatiste.Les conditions proposées par l’AMPH pour qu’un praticien en hypnose devienne hypno-thérapeute, conditions qui seront encore approfondies dans d’autres rencontres, se présentent comme suit :Suivre 200 heures de formation certifiée, en supplément de la formation de praticien de 100 heures, et qui comprend :

• Des programmes de développement personnel• Une formation aux développements, fonctionnements et processus psychiques• Une formation sur l’histoire et les différentes approches de la psychothérapie• Une formation sur les différentes théories se rapportant à la psychopathologie• Des formations sur les techniques avancées en hypnose (par exemple en Master) : métaphores isomorphes, hypnose

en expansion de conscience, combinaison de techniques (régression, thérapie des parties, Gestalt thérapie…), gestion de la douleur (analgésie, anesthésie)

• Des pratiques supervisées avec des pairs• De l’Intervision• Un stage chez un professionnel expérimenté ou un travail qui consiste à être personne ressource dans une formation

en hypnose• L’écriture d’un mémoire validé d’une vingtaine de pages sur un cas d’application renseignéPratiquer avec un nombre significatif de sujets/clients pendant 2 ans au moins.

8- Standards de prix et durée d’une séance avec un client/patientChacune des familles de professions, les coachs, les médecins, les psychologues, les thérapeutes ont des grilles de tarif différentes, qui doivent être revues pour l’hypnose. A l’international, les prix d’une séance avec un praticien en hypnose sont également très variables, en fonction de sa renommée et de sa disponibilité. Certains clients veulent payer un prix standard, d’autres sont motivés par les résultats et la rapidité du changement souhaité et sont prêts à en payer le prix. Par ailleurs, certains praticiens font des séances de 50 min (notamment les médecins) et d’autres des séances de plus d’1h30 (notamment les coachs). Nous pensons que la pratique de l’hypnose doit rester souple et adaptative, orientée résultats et pas praticien.

9- Répartition des tâches entre praticiens en hypnose et médecins, psychiatres, psychologuesLe praticien doit travailler dans les limites de ses compétences et respecter le code déontologique proposé par l’AMPH (cf. annexe). A ce titre et si besoin est, il doit pouvoir référer à un psychologue, un thérapeute, un psychanalyste ou à un médecin. C’est notamment le cas face à des personnes montrant des troubles du comportement critiques, possiblement psychotiques ou bipolaires. C’est le cas aussi avec des personnes fortement addicts qui nécessitent un accompagnement avec des médications lourdes, voire une cure de désintoxication, et aussi les malades dépressifs chroniques. Dans cet esprit, il n’est pas permis à un hypno-praticien, à moins d’être aussi médecin, de dériver et aller vers une pratique quelconque de la médecine ; en particulier, il lui est demandé de s’abstenir de conseiller à un sujet de prendre ou d’arrêter un quelconque traitement médical. En suivant cette feuille de route, le praticien arrivera à des résultats de transformation exceptionnelle avec ses sujets/clients/patients et contribuera avec l’AMPH à donner du sens à ce noble métier, dans l’éthique.

Association Marocaine des Praticiens en Hypnose, 5 février 2013

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