Platine et plomb dans les monnaies d’or mérovingiennes : nouvelles perspectives analytiques / Maryse Blet-Lemarquand, Marc Bompaire, Cécile Morrisson

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    REVUE ---------------------------------------------------NUMISMATIQUE

    Dirigée parC. Morrisson, M. Amandry,

    M. Bompaire, O. Picard

    Secrétaires de la rédactionC. Grandjean

    A. Hostein

    ISSN 0484-8942

    2010(166e volume)

    SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE NUMISMATIQUE

    Diffusion : Société d’édition « Les Belles Lettres »2010

    ----------------------------------------------------

    Publiée avec le concours de l’Institut National des Sciences Humaines et Sociales

    du Centre national de la recherche Scientifique

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    COMITÉ DE PUBLICATION

    DIRECTEURSMme C. Morrisson, MM. M. Amandry, M. Bompaire, O. Picard

    SECRÉTAIRES DE LA RÉDACTION Mme C. Grandjean ([email protected])

    M. A. Hostein

    CHARGÉ DES COMPTES RENDUSM. A. Hostein ([email protected])

    COMITÉ DE LECTUREMM. J. Andreau, G. Aubin, F. Baratte, J.-P. Callu, M. Christol,

    M. Dhénin, Mme S. Estiot, M. X. Loriot, Mlle M.-C. Marcellesi, M. M. Pastoureau.

    La Revue numismatique paraît annuellement. Elle est la propriété de la Société française de numis-matique qui en est l’éditeur et en assure le service à tous ses membres à jour de cotisation pour l’annéecocerée, lors e sa parutio. La cotisatio a été xée pour 2010 à 50 € et 55 € pour les membresrésidant à l’étranger.

    Société française de numismatique58, rue e Richelieu F-75002 Paris

    http://www.sfnum.asso.frLa Revue numismatique est également diffusée par la

    Société d’édition « Les Belles Lettres » 95 Boulevar Raspail, F-75006 Paris

    Tél. : 01 44 39 84 20, Fax : 01 45 44 92 88.

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    Le champ couvert par la Revue numismatique comprend la numismatique et l’histoire monétaire ets’étend à l’archéologie, l’histoire économique, l’histoire de l’art ainsi qu’à l’épigraphie, la sigillographieou la glyptique dans leurs rapports avec l’étude des monnaies, médailles et documents monétiformes.

    La  Revue recherche des études de haut niveau et de première main, publication de documentsouveaux ou ouvelle iterprétatio e ocumets cous. Les articles sot reteus e foctio e leurqualité scietique et e l’itérêt u ocumet préseté. Les rubriques e la Revue sont indicatives etcorrespoet aux ivisios historiques traitioelles : umismatique celtique, recque, romaie,byzantine, médiévale, moderne et contemporaine, orientale, médailles et jetons, histoire de la numis-matique et des collections. Des notes synthétiques faisant le point sur une question ou un débat ont leurplace dans les Miscellanea (la Société française de numismatique préférant réserver la publication desarticles brefs au Bulletin de la Société française de numismatique).

    Les langues admises sont, outre le français, l’allemand, l’anglais, l’espagnol et l’italien.Les mauscrits complets et coformes aux istructios aux auteurs oivet être remis au secrétariat

    le 1er juillet e l’aée qui précèe la parutio. Après avoir été coés à plusieurs rapporteurs et exa-miés par le comité e lecture, ils sot éitivemet reteus lorsque le coseil e estio e la Revuenumismatique se réunit, en janvier, pour adopter le budget de la Revue qui paraît dans l’année.

    La Revue ne rend compte que des ouvrages qui sont adressés au secrétariat avec la mention « Revuenumismatique ». Les ouvrages sont remis à des spécialistes proposés par les directeurs au Comité de

    lecture. La publication rapide dans le bulletin bibliographique ne doit pas nuire au caractère informatifet critique des comptes rendus et il est possble de rendre compte simultanément et synthétiquement deplusieurs ouvrages.

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    SOMMAIRE

    HOMMAgE JEAn-nOL BARRAndOn

    Biblioraphie es travaux e Jea-noël Barrao 5

    Témoignages

    Jean-Pierre CALLU – La aissace ’u projet, la RCP 483 (1974-1976) 23

    Hélène NICOLET-PIERRE – Recherches sur la compositio métallique e quelquesséries de monnaies antiques frappées dans le monde égéen 27

    Olivier PICARD – Vingt-cinq ans de recherches sur les monnaies grecques avecJea-noël Barrao 35

    Françoise DUMAS – de Philippe Auuste à Charlemae. Recherches sur l’aretes moaies e compaie e Jea-noël Barrao 41

     Articles

    Gérard AUBIN avec la collaboration de Sylvia NIETO – Liaisons de coins et orgaulois 51

    Frédérique DUYRAT, Julien OLIVIER  – deux politiques e l’or. Séleucies etLagides au IIIe siècle avant J.-C. 71

    Thomas FAUCHER – Gravure et composition métallique des monnaies lagides .... 95

    Suzanne FREY-KUPPER, Clive STANNARD – Les imitations pseudo-Ebusus/Massaliaen Italie centrale : typologie et structure, présence dans les collections et dansles trouvailles de France 109

    Jea-noël BARRANDON (†), Arnaud SUSPÈNE, Arwen GAFFIERO – Les émissionsd’as au type divvs avgvstvs  pater frappées sous Tibère : l’apport des analysesà leur datation et à leur interprétation 149

    Maryse BLET-LEMARQUAND, Marc BOMPAIRE, Cécile MORRISSON – Platine et plombdans les monnaies d’or mérovingiennes : nouvelles perspectives analytiques .... 175

    Lucile BECK, Élise ALLOIN, Ulrich KLEIN, Thierry BOREL, Claire BERTHIER, AnneMICHELIN – Le trésor e Preuschorf (Bas-Rhi) XVIIe siècle. Premiers résul-tats d’une étude pluridisciplinaire 199

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     François de CALLATAŸ – Les plombs à types monétaires en Grèce ancienne : mon-

    aies (ofcielles, votives ou cotrefaites), jetos, sceaux, pois, épreuves ou

    fantaisies ? 219

    Louis BROUSSEAU – Le monnayage des Serdaioi revisité 257

    Jean HOURMOUZIADIS – ΚΟΣΩΝ gol Staters a Silver drachmae - A die Stuy 287

    Aurel VÎLCU, Bogdan CONSTANTINESCU, Roxaa BUGOI, Cătălia Păuna – Someconsiderations on Dacian gold coins of Koson type in the light of compositionalanalyses 297

    Giovanni GORINI – La monetazione di Ariminum 311

    Pierluigi DEBERNARDI – Plated coins, false coins? 337

    Shpresa GJONGECAJ – Le monnayage de Phoinikè sous l’empire romain 383

    Sylviane ESTIOT – propos ’u méaillo iéit e l’usurpateur Julie (284-285 Ad) : so rèe et so moayae 397

    Georges GAUTIER  – Ue justicatio opportue u système tétrarchique par

    l’image monétaire de diffusion courante : la série de nummi à bustes accolésémise à Trèves e 298 ap. J.-C. 419

    Vincent DROST, Sylviane ESTIOT – Maxece et le portrait militaire e l’empereuren Mattiobarbulus  435

    Henri POTTIER – Le moayae e la Syrie sous l’occupatio perse (610-630).Complément 447

    Vincent GENEVIÈVE, Guillaume SARAH – Le trésor de deniers mérovingiens de

    Roez (Aveyro). Circulatio et iffusio es moayaes ’aret as leSud de la France au milieu du VIIIe siècle 477

    Jérôme JAMBU – Ue histoire e la Moaie e Cae à l’époque moere (1693-1772) 509

    François THIERRY – La moaie u Xijia as eux ouvraes récets 537

     Bulletin bibliographique  553

    Supplément  : Françoise DUMAS – Jea Lafaurie (1914-2008) 609

     Index  615

     Instructions aux auteurs  627

    Table des matières  633

    ARTICLES

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    Maryse BLET-LEMARQUAND*, Marc BOMPAIRE*, Cécile MORRISSON**

    Platine et plomb dans les monnaies d’or mérovingiennes :nouvelles perspectives analytiques

     Résumé – La dévaluation des monnaies d’or mérovingiennes est un phénomène connu. Les analysesde poids spéciques réalisées par ODDY et al. permettent de suivre la baisse du titre avec unerelative abilité. En revanche le mode de dévaluation n’avait pas été étudié avant les analyses paractivation protonique pratiquées par J.-N. Barrandon sur des monnaies royales de Marseille et

    d’Arles de la BnF. Nous les publions et les commentons ici en sa mémoire, en les complétant parquelques autres données obtenues par LA-ICP-MS. La courbe du plomb, en fonction de l’argent,révèle une addition volontaire de métal blanc à une date assez haute vers 630. Les teneurs enplatine se situent à la charnière des valeurs élevées des monnaies byzantines contemporaines deConstantinople et de Carthage et des valeurs plus faibles des monnaies visigotiques. Leur haussedans la première moitié du VIIe siècle pourrait s’expliquer par un apport d’or byzantin.

    Summary – The debasement of Merovingian gold coins is well known. Specic gravity measurementsrealized by ODDY et al. allow to follow the decrease in neness with some reliability. But theprocess of this debasement itself had not been researched before J.-N. Barrandon undertook protonactivation analyses on royal gold coins from Marseille and Arles in the BnF. We are publishing

    them here and add comments dedicated to his memory. A few supplementary data obtained throughLA-ICP-MS are added. The lead/silver curve shows that silver was added to the alloy quite early.The platinum traces are intermediate between the higher values measured on the contemporaneousByzantine coins in Constantinople and Carthage and the lower values of the Visigothic coins. Theirincrease in the rst half of the seventh century could be related with an input of Byzantine gold.

    L’étude qui suit présente les résultats d’analyses par activation protonique réali-sées entre 1981 et 1983 au Centre Ernest-Babelon par J. Poirier et J.-N. Barrandonà qui cette publication est dédiée : ils en sont les véritables auteurs avec J. Lafaurie,auquel c’est pour nous une façon de rendre aussi hommage. Il s’agit en effet

    de monnaies mérovingiennes qu’ils avaient sélectionnées ensemble dans lesmédailliers du Cabinet des médailles de la BnF. Ce travail n’avait pas débouchésur une publication commune comme en d’autres occasions1.

    * Centre Ernest-Babelon – IRAMAT, UMR 5060 CNRS, 3D rue de la Férollerie, F-45 071 Orléanscedex 2. Courriel : [email protected] ; [email protected].

    ** Directeur de recherches émérite, CNRS, UMR 8167, Centre d’histoire et de civilisation deByzance, 52 rue du Cardinal Lemoine, F-75 005 Paris. Courriel : [email protected].

    1. Voir pour les monnaies d’argent mérovingiennes des évêques de Paris (Monnaies épiscopales

    de Paris à l’époque mérovingienne, Cah. de  La Rotonde, 20, 1998, p. 61-99 aux p. 82-85), lesmonnaies d’or de l’atelier de Quentovic (Wic in Pontio, Monnaies mérovingiennes de Wicus, RN ,1996, p. 181-239, pl. XXIX-XXXII, aux p. 209-210) ou le trésor de Séviac (Trésor de monnaiesmérovingiennes trouvé à Montréal (Gers) lors des fouilles de la villa de Séviac (résumé, avecla collaboration de M. Labrousse),  BSFN , 1987, p. 222-227 ; Trésor de Séviac, dans  Monnaies

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    Ce dossier, ancien maintenant, avait été ouvert en parallèle et en complémentaux recherches menées sur l’or byzantin qui avaient conduit à la publication du

    Cahier Ernest-Babelon 2 en 19852. À l’occasion de ces recherches, J.-N. Barrandons’était particulièrement intéressé au mode de dévaluation et c’est cet aspect quenous allons plus particulièrement évoquer, après avoir rappelé les acquis del’étude de l’évolution du titre d’or et présenté les diverses méthodes d’analyseen comparant leurs forces et leurs faiblesses. Le mode d’altération sera abordéen examinant successivement le volume du an, les teneurs en plomb (quicaractérisent l’argent ajouté dans l’alliage) et les teneurs en éléments traces,notamment en platine, (qui permettent éventuellement de distinguer des sourcesde métal).

    1. Le titre des monnaies d’or mérovingiennes

    La série des monnaies d’or mérovingiennes a fait l’objet d’un grand nombred’analyses par des méthodes variées. Il y a d’abord dès 1966-1967 la publicationpar M. Metcalf et J. M. Merrick d’analyses sur une série de pièces mais ausside bijoux3. Il s’agit d’analyses par uorescence X pratiquées à la fois sur la faceet, après nettoyage, sur la tranche des pièces an de réduire la sensibilité de lauorescence aux effets de surface (marqués par un enrichissement quasi systé-matique de quelques pour cents de la teneur en métal précieux).

    Il y a surtout un très volumineux et très riche dossier publié en 1972 4 etcomplété en 1975 dans la monumentale publication du trésor de Sutton Hoo5,ce monument insigne et fondateur pour la monarchie anglaise. Cette barquefunéraire découverte en 1939 correspondait à la sépulture intacte et invioléed’un roi d’Eastanglie du VIIe siècle (peut-être Raegwald en 625). Les monnaies(37 pièces et 3 ans) pouvaient utilement contribuer à dater la sépulture, et lesanalyses pouvaient permettre de préciser la datation des monnaies. En effet, ladatation d’abord proposée n’était ni précise ni satisfaisante et quand, à la suitede l’étude du trésor d’Escharen6, J. Lafaurie proposa de dater le trésor de Sutton

    Hoo de 6257

    , J. Kent qui avait la charge de la publication de ces pièces voulut

    d’or des Musées de Toulouse, Toulouse, 1994, p. 106-111). On relève aussi, de façon plus modestemais plus fréquente, des publications ponctuelles d’analyses de monnaies mérovingiennes(Le trésor de monnaies du VIe siècle trouvé à Alise-Sainte-Reine (Côte-d’Or), RN , 1983, p. 101-138,à la p. 121, nos 100-101), deux deniers de Tours (Un nouveau denier de Childéric II attribuableà Tours, BSFN , 1988, p. 421-426 et à propos des deniers de Tours à titulature de Childéric II, BSFN , 1988, p. 462-464), un denier de Chartres (Denier épiscopal de Chartres trouvé à Brienne-la-Vieille (Aube), BSFN , 1996, p. 203-205 (en collaboration avec J. Godin).

    2. CEB 2 (pour ce titre et les autres publications citées, voir bibliographie en n d’article).

    3. HAWKES, MERRICK, METCALF 1966 ; MERRICK, METCALF 1967, 1969.4. MIN  0.5. BRUCE-MITFORD 1975.6. LAFAURIE 1959/1960.7. LAFAURIE 1967/1968.

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    conrmer cette date et la fonder sur des raisons le plus incontestables possible :la chronologie de J. Lafaurie ne fournissant « no objective reason to select 625

    rather than say 615 or 640 ». Pour ce faire, une vaste campagne de mesures futengagée avec la collaboration du Dr W. Oddy du BM par la méthode du poidsspécique (specic gravity) : le titre de plus de 700 monnaies mérovingiennesput ainsi être déterminé. Il s’agissait des monnaies du trésor de Sutton Hoo etd’autres trésors conservés en Grande-Bretagne ou aux Pays-Bas, de monnaiesdu BM, de la collection Grierson au Fitzwilliam Museum8 ou de l’AshmoleanMuseum9 mais aussi d’une large sélection de pièces des cabinets des médaillesdes Pays-Bas, de Bruxelles ou de Paris, pour lesquelles les références des piècesexaminées et les données individuelles des analyses n’ont pas été publiées (soit

    environ 500 pièces)10

    . Certaines monnaies avaient également fait l’objet demicroprélèvements pour analyses par Don Gordus. Surtout, une bonne centainede monnaies avaient été analysées par activation aux neutrons de réacteur, defaçon à déterminer les proportions de cuivre et d’argent dans l’alliage pourl’ensemble de la monnaie. La détermination des teneurs respectives en argent eten cuivre ainsi obtenues permettait d’être plus précis dans l’estimation du titred’or par densimétrie.

    La démarche, fort rigoureuse, requérait d’abord de vérier la cohérence desrésultats et la consistance des alliages monétaires mérovingiens en montrantque les pièces de mêmes coins se tenaient dans une fourchette de ± 4 % environ

    d’écart (1 carat ?). Il s’agissait ensuite de relever les titres des monnaies datables :les pièces portant les noms des rois, frappées en Provence essentiellementmais aussi dans quelques autres ateliers comme Banassac en Gévaudan, puisles monnaies datables indirectement (comme les pièces frappées avec les mêmescoins ou par les mêmes monétaires que ces monnaies datables, ou encore lesmonnaies gurant dans les mêmes trésors).

    La démarche comportait en effet l’analyse systématique des monnaies decinq trésors d’or mérovingiens accessibles, ce qui a permis de conrmer que letitre évoluait de façon identique pour l’ensemble des monnaies mérovingiennes

    et pas seulement pour les monnaies royales ou provençales (gure 1).En effet, les titres apparaissent relativement homogènes pour l’ensembledes monnaies circulant ensemble et enfouies ensemble à une même date. Lamoyenne et la médiane des titres se situent autour de 90 % à Escharen, trésordaté d’un peu avant 600 par J. Lafaurie. Elles sont autour de 85 % à Sutton Hoo,

    8. Les analyses de ces pièces ont été publiées à nouveau dans MEC , 1, avec des valeurs parfoislégèrement différentes.

      9. Tous les résultats correspondant aux pièces de ces collections ont été publiés dans MIN 0.

    10. Ce dossier a été repris et enrichi par A. Pol (Leyde) qui a le projet de publier l’ensemblede ces résultats. Noter depuis MIN  0 des publications d’analyses par A. STAHL, The Merovingiancoinage of the region of Metz, Publications d’histoire de l’art et d’archéologie de l’Universitécatholique de Louvain, 30, Moneta Lovanensia, 5, Louvain-la-Neuve, 1982 ; H. U. GEIGER, Diemerowingische Münzen in der Schweiz, RSN , 1979, p. 83-178.

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    Figure 1 - Titre des monnaies d’or dans les trésors mérovingiens (d’après KENT 1972, p. 115 etdonnées J.-N. Barrandon pour Séviac ; une monnaie de Séviac contenant 13 % d’or n’apparaît pas).

    30 40 50 60 70 80 90

    Sutton Hoo

    Crondall

    Escharen

    Nietap

    Velsen

    Séviac

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    daté de 625 par J. Lafaurie et J. Kent, de 80 % à Nietap, vers 630-635, de 62 %à Crondall, daté vers 650 (avec les monnaies anglo-saxonnes), mais elles sont peu

    signicatives pour le trésor de Velsen qui est aussi beaucoup plus difcilementdatable. On observe également sur ce diagramme que, parallèlement à la baissedu titre moyen, la dispersion des valeurs s’amplie. Cette démarche a égalementété poursuivie par J. Lafaurie et J.-N. Barrandon avec l’analyse exhaustive des17 monnaies du trésor découvert à Séviac (Montréal, Gers) en 1974 : moyenneet médiane se situent autour de 38-39% pour un trésor daté de peu avant 670par J. Lafaurie avec des valeurs dispersées entre 80 et 13 % d’or. On le voit, lesanalyses réalisées au Centre Ernest-Babelon n’ont pas remis en question letableau général de l’évolution du titre des monnaies mérovingiennes qui avait

    été proposé à l’issue de la grande enquête britannique des années 1970. A. Analyses de monnaies provençales par activation protonique

    Les analyses que nous présentons aujourd’hui ont été réalisées par activationprotonique et ont porté sur une trentaine de pièces (35) frappées en Provence, àMarseille et à Arles, et sur lesquelles gurent les noms de souverains (empereursbyzantins puis rois mérovingiens). Les Mérovingiens continuèrent à frapper enProvence aux noms des empereurs byzantins Justin II, Tibère, Maurice, Phocaset Héraclius. Après 613, au moment où le roi Clotaire II réunie l’ensemble des

    royaumes mérovingiens, les fabrications continuent avec les mêmes types, maiscette fois-ci aux noms des rois mérovingiens. On y relève aussi la mention d’unmonetarius responsable des émissions qui n’est autre qu’Eligius, saint Éloi :c’est le seul monétaire qui apparaisse en Provence ou quasiment. Son nom guresur des monnaies de Clotaire II (613-629), de Dagobert (629-639), son ls quirègne aussi sur l’ensemble du royaume mérovingien et des deux ls de ce dernier :Clovis II (639-657) et Sigebert III (639-656) qui se partagent Neustrie etAustrasie. Les deux frères frappent respectivement à Arles et Marseille, avecEligius d’abord, pour un bref moment jusque vers 640, puis seuls, eux et leurs

    successeurs jusqu’à l’arrêt des frappes d’or vers 675.Rappelons tout d’abord les données fournies par J. P. C. Kent (gure 2).

    L’évolution est assez claire. La fabrication au nom des empereurs byzantinsse maintient à un titre élevé, autour de 95 % (avec des titres un peu plus baspour les ateliers de Viviers ou de Valence). On observe un léger décrochagepour Clotaire II (615-629) d’environ 4 % et à nouveau une légère baisse (encore4 %) pour les émissions de Dagobert (629-639), puis une plongée rapide du titre,doublée d’une augmentation de la dispersion des valeurs.

    Pour la Provence les conclusions de J. P. C. Kent semblent conrmées par lesanalyses par activation protonique opérées au Centre Ernest-Babelon. Ces der-nières donnent bien la même image, les mêmes valeurs et les mêmes inexions,compte tenu du nombre bien plus réduit des analyses (cf. gure 3. et tableau 1).

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    20

    40

    60

    80

    100

    Justin II

    (565-578)

     Tibère Constantin

    (578-582)

    Phocas

    (602-610)

    Clotaire II

    (613-629)

    Héraclius

    (610-613)

    Dagobert

    (629-639)

    Clovis II

    (639-657)

    Sigebert III

    (639-656)

    Dagobert II

    (656-679)

    Childebert l'A.

    (661-662)

    Childéric II

    (662-675)Maurice

    (582-602)

    Caribert II

    (629-632)

        A   u    (    %    )

    Marseille

    Arles

    Uzès

    Viviers

    Valence

    Divers

    Figure 2 - Évolution du titre des monnaies d’or provençales(données de KENT 1972, 1975)11.

    Le titre excellent (98 %) des pièces frappées à Marseille au nom de MauriceTibère est réduit d’environ 4 % pour les émissions de Clotaire II et encore de4 % pour celles de Dagobert (une seule analyse par activation protonique à89,1 % complétée avec la mesure par LA-ICP-MS d’un second exemplaire à86,3 %). Ensuite, les titres sont considérablement réduits et la dispersion desvaleurs s’amplie. Pour situer l’inexion, il faudrait davantage d’analyses demonnaies de Dagobert. Une monnaie du Musée Thomas Dobrée de Nantes,

    attribuable à Dagobert et Eligius, analysée par LA-ICP-MS présente un titre de55 % d’or seulement12. La réduction du titre a pu commencer dès le règne de

    11. Nous avons intégré dans ce graphique l’ensemble des données qu’il publie, non seulementcelles qui se trouvent sous forme de tableau, (KENT 1975, p. 595-596) mais aussi celles qui gurentailleurs dans ce volume ou dans  MIN  0, non sans quelque apparence de discordances parfois :ainsi, pour des pièces de Sutton Hoo de Maurice, on relève un écart léger pour Arles, plus impor-tant pour Venasque… ; de même, les valeurs des 3 monnaies analysées de Clotaire II du BM( MIN  0, p. 102-103) ne gurent pas dans ce tableau des p. 595-596 : nous les avons ajoutées (à

    tort où à raison) dans le graphique. La série « divers » comprend les ateliers de Sisteron, Vienne,Venasque et Banassac.

    12. Nos remerciements vont au Musée Thomas Dobrée de Nantes et à Gildas Salaün quinous autorisent à anticiper sur la publication de ces analyses par G. Salaün, B. Gratuze etM. Blet-Lemarquand.

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    PLATINE ET PLOMB DANS LES MONNAIES D’OR MÉROVINGIENNES 181

     RN 2010, p. 175-198

    20

    40

    60

    80

    100

    Justin II

    (565-578)

     Tibère Constantin

    (578-582)

    Phocas

    (602-610)

    Clotaire II

    (613-629)

    Héraclius

    (610-613)

    Dagobert

    (629-639)

    Clovis II

    (639-657)

    Sigebert III

    (639-656)

    Dagobert II

    (656-679)

    Childebert l'A.

    (661-662)

    Childéric II

    (662-675)

    Maurice

    (582-602)

    Caribert II

    (629-632)

        A   u    (    %    )

    Marseille

    Arles

    Uzès

    Viviers

    Valence

    Divers

    Analyses d’Orléans

    Figure 3 - Évolution du titre des monnaies d’or provençales :résultats comparés13.

    Dagobert et en tout cas sous le gouvernement de saint Éloi, à Marseille commedans le reste du royaume, ce qui rejoint la conclusion centrale de l’étude deJ. Lafaurie sur Eligius14. Le mouvement serait donc antérieur à l’éclatement duroyaume mérovingien entre Austrasie et Neustrie et davantage associé aux évolu-tions nancières et scales à l’époque d’Eligius. L’analyse d’une pièce d’Arlesau nom de Clovis II et d’Éloi (vers 639-641) donne un titre de 73,4 %, alors quela pièce frappée (en parallèle ?) par Sigebert III et Éloi à Marseille, analysée par

    LA-ICP-MS, donne 38 %. Autour de 640, le monnayage ferait le grand écart età partir de ce moment les titres varient presque du simple au double. Les valeursvont de 32 à 57 % pour les 8 pièces de Sigebert III ; de 36,5 à 63 % pour lescinq monnaies de Childebert III l’Adopté, de 31 à 53 % pour les trois pièces deChildéric II.

    13. Sont également reportées sur ce graphique quelques analyses complémentaires plus récem-ment pratiquées sur des pièces du Cabinet des médailles ou sur deux monnaies du Musée ThomasDobrée par LA-ICP-MS (cf. tableau 1 pour les résultats par activation protonique et tableau 2 pourles données complémentaires). Sur cette méthode voir GRATUZE, BLET-LEMARQUAND, BARRANDON 2004.

    14. LAFAURIE 1977.

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    Tableau 1 - Résultats d’analyse par activation protonique (AP)de monnaies royales mérovingiennes de la BnF (données J.-N. Barrandon) ; * avec le nom d’Éloi.

    Roi NoTeneurs (%) Teneurs (ppm)

    MasseAu Ag Cu As Fe Pb Pd Pt Ru Sb Sn Zn

    Royales de Marseille

    Maurice

    1368 98,8 1,11 0,06   357 64   182   0,71 36   3,941369 98,6 1,17 0,22   339 32   147   31 78 1,281372 90,0 8,29 1,65   721 187   231   11 159   1,001374 98,3 1,54 0,12   332 21   191   3,3 179 9 3,891378 97,9 2,0 0,07   153 6   136   1,4 157   3,82

    Clotaire II

    1380 91,6 7,82 0,52 6,3 389 44   167   5,8 327 43 3,731383 94,4 5,25 0,31 1,9 729 20 30 167   3 377 10 3,641388 94,5 5,18 0,32 3,7 278 3,0 17 183   2,7 155 80 1,211389* 90,3 8,8 0,86   483 38   245   7 140   1,051390* 92,0 7,5 0,53 3,3 361 0,8   154   10,7 228   1,131392* 94,3 3,27 2,44 17,9 453 15   1,34 513   1,04

    Dagobert 1395 89,1 10,3 0,64 5 1071 29 17,7 177   314 46 1,13

    Sigebert III

    1396 55,7 43,7 0,64 15,6 430 117   149   9,5 299 64 3,731400 32,3 65,2 2,51 10,9 583 1720 65,5   9,4 216 472 3,611401 46,7 51,5 1,8   384 956   111   30 544 285 3,461402 57,2 41,6 1,14   286 165   98   < 5 270 151 3,711403 45,6 52,1 2,34   396 1856   58   17 257 136 3,681405 36,7 60,9 2,43 23 706 1130   83   34 387 690 3,661411 53,2 44,8 2,0 20,3 421 1107   177   16 363   1,131412 45,4 52,7 1,9 28,7 309 1115   167   17 520   3,8

    Childebertl’Adopté

    1420 63,2 34,8 2,0 17,4 580 1117   118 39   611 176 3,611422 38,6 59,0 2,41 8 170 678   87 54   262 43 3,141424 36,5 61,4 2,1 36 260 1463   65   855 117 3,42

    1425 50,9 47,0 2,1 12,6 456 1887   82   332 121 3,711426 41,7 56,0 2,29 8,7 81 233   89   546 55 0,92

    Dagobert II1418 39,7 57,9 2,4 22 431 1478 71 92   748 206 1,171419 47,2 50,7 2,08 5,8 142 522   83   298 62 1,081419A 59,6 38,1 2,32   608 1233   81   12,4 500 290 ?

    Childéric II1413 30,8 66,4 2,8 25,5 327 2017   23,6 1337   3,811413A 57,4 40,3 2,31 16,6 199 1492   80   380 29 3,961417 36,3 61,3 2,39 12,2 202 1690 596 166 3,45

    Royales d’Arles

    Justin II 1359 98,4 1,55 0,0013   93,3 9   97   0,6 46 2,5 1,32Maurice 1360 97,6 2,3 0,1   633   282   1,24Clotaire II 1362 91,7 6,8 1,5 18 404 34   62   2486   1,04Clovis II 1365* 73,4 25,5 1,1   7   469   1,11

    Tableau 2 - Données complémentaires : résultats d’analyse par LA-ICP-MS de monnaies royales méro-vingiennes de la BnF, hormis N 2798 et N 3087 du musée Dobrée de Nantes ; * avec le nom d’Éloi.

    Roi NoTeneurs (%) Teneurs (ppm)

    MasseAu Ag Cu As Fe Pb Pd Pt Ru Sb Sn Zn

    Royales de Marseille

    Dagobert 1393 86,3 13,2 0,4 7 271 42 16 249 0,4 2,0 78 57 3,82Dagobert N 2798* 55,0 42,7 2,1 25 399 851 11 147 0,7 9 409 453 1,14Sigebert III 1981-33* 37,8 59,8 2,2 15 244 848 8,3 104 0,3 14 338 536 /

    Childebertl’Adopté 1420 45,6 51,8 2,4 14 518 807 9,2 119 0,4 12 425 365 3,61

    Royales de BanassacCaribert II 2057 76,4 22,0 1,4 14 637 401 18 202 0,4 19 442 347 1,28Caribert II 2059 66,0 32,1 1,6 40 603 409 13 185 0,3 21 716 1200 1,27Caribert II N 3087 68,2 30,3 1,3 11 527 342 16 287 0,9 6 174 162 1,27Sigebert III 2062 30,6 66,7 2,4 21 330 1409 8,3 89 0,2 10 277 146 1,16Sigebert III 2064 45,1 52,9 1,8 23 602 846 11 135 0,1 12 294 325 1,24

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     B. Le classement des émissions tardives aux noms de Clovis II,Childéric II et Dagobert II

    À cause de la dispersion des valeurs et faute de pouvoir individualiser lesexemplaires analysés par densimétrie, ces résultats ne permettent pas de trancherla question du classement des monnaies les plus tardives sur lesquelles deuxhypothèses restent en présence une fois que l’on écarte la chronologie de M. Prou,suivie par KENT 1972 qui attribuait encore des monnaies d’or à Childéric IIIaprès 690 (gure 4).

    Clotaire II

    (613-629)

    Dagobert(629-639)

    Caribert II(629-632)

    Sigebert III(639-656)

    Austrasie (+ Marseille)

    Clovis II(639-657)

    Neustrie (+ Arles)

    Dagobert II(656 ?... 676-679)

    Childebert l’Adopté(656-661 ?)

    Childéric II(662-675)Austrasie

     Thierry III(673-690) Neustrie

    Clotaire III(657-673)Neustrie

    Clovis III(690-695)

    Clovisprétendant

    (675-676)Neustrie

    Figure 4 - Tableau généalogique simplié.

    La chronologie proposée en dernier lieu par J. Lafaurie suppose un arrêt desémissions sous Childéric II (qui meurt en 675). En revanche en 1956, il plaçait

    plus tard, en 676-679, les monnaies de Dagobert II (lors de son second règne)et aussi une pièce (à 35 %) d’un Clovis qui ne serait pas Clovis II en 65615, maisun prétendant en 675. Cette hypothèse fut reprise par E. Felder et Ph. Grierson16.En effet la pièce au nom de Clovis présente la croix du revers posée sur troisdegrés (calvaire), particularité typologique qui se retrouve sur certaines piècesau nom d’un roi Dagobert. Ce sont ces pièces que Ph. Grierson place après 675,tout à la n du monnayage d’or, qui se serait achevé avec ce type particulier.L’hypothèse de J. Lafaurie qui situe ces pièces en 656-657 ou 661 (n du règnede Clovis II et premier règne de Dagobert II) l’oblige à supposer une reprise dutype habituel, par Childebert III l’Adopté (en 657 ou 661-662 ?), peut-être dans

    15. Cf. LAFAURIE 1977, p. 137.16. LAFAURIE 1961, p. 257 ; FELDER 1980, p. 226 ; MEC , I, p. 130.

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    un souci de légitimité. En revanche, J. Lafaurie place à la n de la série lesmonnaies de Childéric II avec l’efgie royale sous une arcature, un type qui

    n’est connu pour aucun autre roi et dont Ph. Grierson doit supposer l’abandonen 675-679. Les deux hypothèses ne permettent ni l’une ni l’autre de proposerun déroulement linéaire des diverses variétés, sans reprises de types antérieurs.Toutes les deux présentent également une même difculté historique, supposerla mainmise (momentanée) d’un roi de Neustrie sur le monnayage de Marseille,un atelier qui dépendait apparemment du roi d’Austrasie. Ce serait le cas, si onsuit J. Lafaurie, pour Clovis II en 656 à la mort de son frère Sigebert III, à unmoment d’incertitude sur la succession austrasienne disputée entre Dagobert IIet le maire du palais Grimoald qui installa sur le trône son ls Childebert III au

    bénéce d’une adoption par Sigebert III. Ce serait aussi le cas de Clovis III, unprétendant soutenu quelques mois, en 675, par le maire du Palais de NeustrieEbroïn face à Thierry III qu’il avait d’abord installé sur le trône de Neustrie en673 à la mort de Clotaire III. Cette période, tout aussi troublée que l’année 657,permit notamment à Childéric II de s’installer à Tours puis à Dagobert II derevenir de son exil irlandais (676-679). Ainsi, dans les deux cas, cette anomaliepourrait s’expliquer par le caractère pour le moins confus de la situation politique.

    Toutes ces pièces, la pièce de Clovis au calvaire comme celles de Dagobert II,Childebert III l’Adopté et Childéric II présentent des titres comparables maisdispersés entre 28 et 40 % pour les analyses par densimétrie, entre 30 et 63 %

    pour les analyses par activation protonique (gure 3). Les analyses n’apportentdonc pas d’éléments décisifs à ce débat.

    C. Comparaison des résultats selon les méthodes

    Si on superpose les deux séries de valeurs, on peut conrmer à la fois labonne concordance des méthodes mais aussi relever quelques valeurs un peuplus hautes pour l’activation protonique dans les séries tardives et de bas titre.Est-il pour autant légitime de réunir sur un même graphique des données issues

    de méthodes différentes ?Rappelons brièvement leurs spécicités : la méthode du poids spécique estglobale et relativement able pour déterminer le titre des monnaies quand elleest pratiquée avec maîtrise comme c’est le cas avec W. Oddy. Le seul souciconcerne les pièces de titre faible car, selon que l’or est allié à de l’argent ou ducuivre, de densités un peu différentes, le calcul de la teneur en or est affectédans une certaine proportion, comme cela apparaît clairement sur le graphiqueproposé par J.-N. Barrandon dans CEB 2, g. 1, p. 18. Dans le cas des monnaiesmérovingiennes publiées dans MIN  0, des corrections ont pu être apportées pourlimiter ce risque d’erreur. Elles se sont appuyées sur les analyses par uorescence X  publiées par D. M. Metcalf, qui permettent de doser le cuivre, même si ce sontdes analyses de surface. Mieux encore, une bonne centaine de monnaies ont étéégalement été analysées de façon globale par activation neutronique, ce quipermet de déterminer les proportions du cuivre et de l’argent dans l’alliage pour

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    l’ensemble de la monnaie. Enn, des micro-prélèvements ont été pratiqués surces pièces et analysés par Don Gordus, ce qui a permis d’opérer les comparaisons

    et corrections utiles. (voir dans  MIN  0, les tableaux, p. 96-107).  Les analyses par activation protonique pratiquées au cyclotron d’Orléans ont été qualiéesde semi globales par J.-N. Barrandon puisqu’elles concernent une zone profondede 240 micromètres dans l’or à 340 micromètres dans l’argent17, soit bien au-delàde la zone supercielle qui peut être concernée par un phénomène comme l’enrichis-sement de surface, particulièrement sensible pour les monnaies d’argent18.

    Nous avons essayé de comprendre les écarts un peu surprenants entre lesrésultats obtenus par activation protonique et par poids spécique en recourantà la méthode LA-ICP-MS sur quelques exemplaires qui n’avaient jamais été

    encore analysés sauf un, le solidus de Childebert III l’Adopté (BnF 1420) (cf.tableau 2). Utilisée en mode prol, cette méthode permet de déterminer la compo-sition en fonction du temps d’ablation, cependant que le laser prélève, de lasurface vers l’intérieur de la pièce. Nous accédons à la fois à la composition ensurface et à celle de l’intérieur de la monnaie qui doit être comparable au résultatpar poids spécique. Des analyses par spectrométrie de uorescence X ont aussiété réalisées de façon à mieux cerner les écarts de composition entre surface etintérieur. Dans certains cas on observe des valeurs proches en uorescence X(surface) et en LA-ICP-MS : c’est le cas pour une monnaie de Caribert II, roid’Aquitaine (632-634), frappée à Banassac (Lozère) qui, selon nos mesures,

    contient 79,1 % d’or par uorescence X et 76,4 % par LA-ICP-MS (gure 5).Il en va de même dans le cas du solidus frappé à Marseille par Sigebert III

    et Éloi : la uorescence X (HAWKES, MERRICK, METCALF 1966, p. 115) donnait40 % en surface et 32 % sur la tranche alors qu’un titre de 38 % a été déterminépar LA-ICP-MS, car on atteint très vite (donc peu profondément) la teneurhomogène (gure 6).

    Si on considère les analyses de Childebert III l’Adopté, la teneur en or obtenuepar activation protonique de la monnaie BnF 1420 apparaissait très élevée parrapport aux valeurs obtenues par la méthode des poids spéciques sur des pièces

    similaires (voire peut-être sur la même). L’analyse de cet exemplaire par LA-ICP-MS en mode prol montre une lente décrue du titre (gure 7). Il est probable

    17. Pouvoirs d’arrêt de protons de 11 MeV dans chacun de ces deux métaux purs dénis dansGUERRA, BARRANDON 1998, p. 20.

    18. Toutefois le signal à partir duquel sont calculées les compositions est surtout émis parles 100 premiers microns dans le cas d’une matrice d’or (BLET-LEMARQUAND, GRATUZE, BARRANDON à paraître 2010). Ce signal est le rayonnement gamma de radio-éléments qui sont créés dans lamonnaie lorsqu’elle est irradiée par un ux de protons. Ces particules ont au départ une énergie

    de 11 MeV qui décroît au fur et à mesure qu’elles pénètrent dans la monnaie. Or la probabilité queles protons provoquent des réactions nucléaires de type (p, n), et donc génèrent des radio-éléments,diminue au fur et à mesure que ces particules perdent de l’énergie (cette probabilité appelée sectionefcace chute fortement en dessous de 5 à 6 MeV). C’est pourquoi on estime ainsi que l’épaisseurréellement concernée par l’analyse est plutôt d’une centaine de micromètres pour l’or pur.

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    Figure 5 -Tremissis de Caribert II frappé à Banassac (BnF, 2057).Analyse par LA-ICP-MS en mode prol.

    Figure 6 - Solidus de Sigebert III et Éligius frappé à Marseille (BnF, 1981-33).Analyse par LA-ICP-MS en mode prol.

    Figure 7 - Solidus de Childebert III l’Adopté (BnF 1420).Analyse par LA-ICP-MS en mode prol.

    0 %

    20 %

    40 %

    60 %

    80 %

    100 %

    0 50 100 150 200

    Temps de l'ablation (s)

    Surface de la monnaie « Intérieur » de la monnaie

    Cu

    Ag

    Au

    0 %

    20 %

    40 %

    60 %

    80 %

    100 %

    0 50 100 150 200

    Temps de l'ablation (s)

    Cu

    Ag

    Au

    0 %

    20 %

    40 %

    60 %

    80 %

    100 %

    0 50 100 150 200

    Temps de l'ablation (s)

    Cu

    Ag

    Au

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    que l’activation protonique n’a pas atteint la zone centrale de la pièce et qu’elledonne de ce fait une valeur trop élevée. Il nous reste à poursuivre ces vérications

    pour voir si une telle interprétation peut expliquer les quelques écarts sur le titreobtenu selon les méthodes et en particulier si elle vaut pour les valeurs élevéesobtenues par activation protonique pour certaines monnaies tardives. Ceci nousamène à nous interroger sur un possible traitement de surface.

     D. Un phénomène de surface ?

    L’hypothèse suggérée par l’exemple du solidus de Childebert III l’Adoptén’en demeure pas moins assez troublante puisqu’on considère généralement que

    l’alliage or/argent est stable et qu’il n’est normalement pas sujet à des phénomènesde surface aussi importants que les alliages d’argent/cuivre (ni au moment de lamise en forme ni durant les temps d’enfouissement…). Il s’agirait d’un phénomènevolontaire, d’un processus technique (une cémentation ?) qui reste à dénir plusprécisément et à reconstituer expérimentalement. On trouve dans les ancienstraités techniques (et alchimiques) diverses recettes pour « donner couleur » àl’or ou à l’argent. Ainsi, à titre d’exemple, peut-on lire dans un livre de changeurdu XVe siècle19 :

    « Sy tu veux savoyr fere de bonne coleur une pesse [pièce] d’or qui saudra [saillira]

    noyre du feu, tu prendras de l’arguant nement molue et de l’eve [eau] et metz tonor et arguant tout encemble en ung pot de cuyvre et la faiz boillir sur le feu unebonne piece et quant aura assés boilli metz tout hors du pot de cuyvre et adonc seraassés de bonne coleur ». (…)« Sy tu veulx savoyr donner coleur a une pesse d’or qui ne soyt pas ne ou qui soytplombeuse, pren une once de sel armoniac et II onces salpetre et en melle encembleet puys en broyes en ne poudre tout ensemble et puys pren ce que tu voudrascoloyrer et le faiz fort recuyre et quant il sera ardent, tu prendras une boyte de boyset metras l’or dedens tout rouge et puys metras la poudre desus l’or et fermeras

    ladite boyte de son covercle tant que nulle fumee n’isse ors et secouras fort lad.boyte tant qu’elle ne fume plus et puys gecte le tout en une escuelle plene de pissotet sera led. or de bonne coleur et doux a la main ».

    Quelles que soient les recettes et les procédés employés, il faudra en tenircompte en examinant le mode d’altération des monnaies royales mérovingien-nes. Le souci de leur apparence est patent. D’ailleurs, tout le talent de saint Éloin’avait-il pas été de donner l’aspect de l’or à deux trônes dorés, selon la Vita20 ?

    19. BnF, ms Nouv. acq. fr. 471, fol. 32-33.20. Vita (BHL 2474-2476) dans D’ACHERY, Spicilegium, II, 1723, p. 76-123, p. 79 ; GHESQUIÈRE,

     Acta sanctorum Belgii, III, 1785, p. 198-311, livre I, ch. 5 et ch. 15.

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    Et toujours dans la Vita on note que le métal fondu par un monetarius en Limousinétait également qualié de purissimus et «rutilus ». Le soin pris par les monnayeurs

    pour soigner l’aspect des pièces et leur donner bonne couleur rouge apparaîtencore sur quelques monnaies où certaines zones présentent un éclat plus jauneet brillant ou au contraire plus pâle en fonction peut-être d’une usure différentedans les creux et sur les reliefs. Les analyses par uorescence de la monnaie deSigebert III témoignent bien de ces écarts de titre en surface selon les pointsd’analyse, mais c’est un exemple encore isolé21 ; il ne fait qu’indiquer une piste.

    2. Le volume du fan

    0,19

    0,21

    0,23

    0,25

    19

    21

    23

    580 600 620 640 660 680

    20

    60

    100

    3,2

    3,6

    4,0

    V (cm3)

    D (mm)

    Au (%)

    P

    21. En analysant les taris d’or siciliens, BECK, BARRANDON, GRATUZE 1991 avaient déjà fait desobservations similaires citées par TRAVAINI 1998. Celle-ci rappelle que W. Oddy avait déjà signaléla mention de quarts de dinars « rougis » dans un document de la Geniza du Caire vers 1050 (440 H).

    Figure 8 - Titre, volume du an (V), poids (P)et diamètre (D) moyens des solidi provençaux analysés.

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    En ce qui concerne l’altération des années 640, J.-N. Barrandon a envisagéles variations du titre et du poids, mais aussi (et c’en est la conséquence), celles

    du volume du an ou encore du diamètre des solidi. Ainsi la baisse du titre sousSigebert III (639-656) n’affecte pas de façon nettement perceptible le poids despièces ni leur diamètre. C’est le volume qui est seul modié et donc l’épaisseurdes pièces. Ensuite, le titre se maintient grosso modo, tout comme le volumedes ans, mais on observe une évolution dans le diamètre des pièces qui s’élar-gissent alors même que le poids tend à échir légèrement. Il semble que le souciprincipal des monnayeurs était de maintenir le poids des pièces ; les ateliers ontdonc marqué un temps d’hésitation quand ils se sont trouvés confrontés à uneaugmentation du volume des ans, conséquence mécanique de la baisse du titre :

    le diamètre a d’abord été maintenu avant de s’agrandir. En dehors du seul casde Marseille il semble que les fabrications de tremisses  mérovingiens aientemprunté les deux voies, l’augmentation de l’épaisseur des pièces dont certainesont un aspect de plus en plus globulaire, mais aussi l’apparition de ans pluslarges comme on en observe parmi les pièces du trésor de Séviac (vers 670) :certaines monnaies parmi les plus légères sont aussi les plus larges22.

    3. Les modes de dévaluation : la courbe du plomb

    L’avantage principal des analyses par activation sur les autres méthodes

    vient du nombre des éléments dosés, y compris les éléments-traces, ce qui, au-delàde l’étude du titre, informe sur le mode d’altération et les sources du métal.

    Comme l’a montré J.-N. Barrandon, l’évolution de la teneur en plomb permetde distinguer les types d’altération des monnaies d’or en différenciant sans ambi-guïté l’altération par ajout d’or non purié de l’altération par ajout volontaire àl’alliage d’argent métal, contenant toujours un pourcentage déterminé de plomb23 (gure 9). En effet, l’or non afné peut contenir des quantités signicativesd’argent mais pas (ou très peu) de plomb ni de cuivre, tandis que l’argent issule plus souvent de galènes contient toujours du plomb. En ce qui concerne le

    cuivre, rappelons qu’il est quasiment absent de l’alliage des monnaies mérovin-giennes et qu’il n’atteint pas même 3 % dans les monnaies les plus faibles en or,soit une proportion inférieure à celle qu’on trouve souvent dans les bijouxanglo-saxons contemporains : 3 à 5 % au minimum24.

    En 1985, J.-N. Barrandon avait établi que le brusque passage des valeurs duplomb dans les monnaies byzantines à des teneurs supérieures à 250 ppm sousRomain IV (1068-1071) correspond à l’ajout délibéré d’argent lors de la refonteet de l’émission de monnaies d’or, alors que dans la première phase de l’altération,

    22. Sur l’évolution de la forme des solidi byzantins de Constantinople et de Carthage, voirDELAMARE, MONTMITONNET, MORRISSON 1984.

    23. CEB 2, p. 33-34.24. HAWKES, MERRICK, METCALF 1966.

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    Figure 9 - Courbe du plomb dans l’or byzantindu VIe au XIe siècle (d’après CEB 2, g. 27 p. 135).

    Figure 10 - Teneurs en plomb en fonction des teneurs en argentdans les monnaies d’or mérovingiennes.

    0

    1000

    2000

    3000

    0 20 40 60 80

        P    b    (   p   p   m    )

    Ag (%)

    Solidi et nomisma

    Nomisma histaménon et nomisma tétartèron

    Aspron trachy

    0

    1000

    2000

    3000

    0 20 40 60 80

        P    b    (   p

       p   m    )

    Ag (%)

    Justin II

    Maurice

    Clotaire II

    Dagobert

    Caribert II

    Clovis II

    Sigebert III

    Dagobert II

    Childebert III

    Childeric II

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    on s’était contenté de ne plus purier le métal neuf destiné à la frappe monétaire,métal qui pouvait contenir jusqu’à 30 % d’argent à l’état natif (gure 9).

    La courbe du plomb en fonction des teneurs en argent dans les monnaiesmérovingiennes montre, de même qu’à Byzance, des valeurs faibles du plombpour les émissions au nom de Maurice ou de Clotaire II dont la teneur en argentreste inférieure à 10 %. On assiste là à l’altération par ajout d’or de moins enmoins afné et sans doute par refonte également de bijoux, de vaisselle et delingots à côté des monnaies d’or antiques ou byzantines.25

    La coupure se situe là aussi à l’époque de saint Éloi et de Dagobert. Leplomb apparaît pour la première fois en quantités signicatives dans les troismonnaies de Banassac de Caribert II, au début du règne de Dagobert. Ensuite,

    pour chacun des deux ls de celui-ci, Clovis II et Sigebert III, entre 639 et 656/657 on trouve encore une ou deux pièces « sans plomb » à côté de pièces où lesteneurs en plomb témoignent indiscutablement d’un ajout volontaire d’argentdans l’alliage.

    Le plus remarquable est qu’on n’a pas une altération montrant une progres-sion linéaire du plomb, en proportion de l’affaiblissement du titre et donc del’ajout d’argent. La dispersion des valeurs contraste avec la linéarité de la courbebyzantine du XIe siècle. Il y aurait à la fois ajout d’or mal purié (y compris lesmonnaies antérieures) et d’argent plus ou moins chargé de plomb : ce seraitle signe d’une altération assez mal contrôlée qui se reète également dans la

    diversité des titres d’or pour un même règne. Et pourtant nous admettons commeJ. P. C. Kent que c’est en Provence que le monnayage mérovingien paraît lemieux organisé et le mieux contrôlé26 ! L’interprétation générale du monnayaged’or mérovingien en termes d’émissions ponctuelles (et modestes) en paraîtconfortée.

    Malgré la dispersion des valeurs, l’altération du monnayage mérovingiensuit bien le même schéma que dans la dernière phase de la crise du nomisma byzantin au XIe siècle avec les mêmes conséquences, l’impossibilité d’augmenterles émissions voire de les poursuivre. C’est l’incapacité du pouvoir mérovin-

    gien à continuer de lever l’impôt jusque là perçu en or – on n’a plus guère detraces de telles levées après l’époque de Dagobert et Éloi – qui contribuait àralentir la circulation monétaire et les échanges, à accroître la thésaurisation età priver les autorités du métal jaune nécessaire aux frappes, provoquant ainsiune altération impossible à stabiliser27.

    25. Toutefois, l’afnage était encore pratiqué par les monétaires à l’époque de saint Éloi,selon la Vita Eligii, I, 15, qui décrit la refonte (et l’afnage ?) de l’or issu de la levée scale entreprispar le monetarius de Limoges ( furnacis coctionem purgare… rutilus et purissimus metallus), mais

    il faut observer qu’Éloi intervient précisément pour interrompre et suspendre l’opération.26. Sur le contrôle de l’argenterie, voir aussi CRUIKSHANK DODD 2007, à propos de poinçons

    d’orfèvrerie imitant le modèle byzantin qu’elle attribue à saint Éloi (à cause de la marque E) et àMarseille (à cause de l’allure du buste sur l’estampille) ainsi que WERNER 1980.

    27. Cf. HENDY 1988.

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     4. Les sources de l’or : la courbe du platine

    En s’appuyant sur les textes, J. P. C. Kent avance l’idée que le stock métal-lique a bénécié d’un dernier apport signicatif avec les 200 000 solidi reçuspar Dagobert de la part des Visigots en 631 pour prix de son intervention28.Il souligne que ce serait la dernière grande entrée d’or, après la renonciation auversement d’un tribut par les Lombards en 616. Il rappelle à ce sujet la raretédes trouvailles de monnaies byzantines postérieures à 640-650 (Héraclius etConstant II). En effet J. Lafaurie et C. Morrisson29 ont bien constaté la raré-faction des trouvailles de monnaies d’or alors que des monnaies de bronze, deCarthage à peu près exclusivement, signes de la présence de voyageurs (de

    marchands ?) byzantins, apparaissent encore jusque dans les années 650. L’or queces voyageurs pouvaient avoir apporté au moins jusqu’à ce moment encore, ou quiserait autrement parvenu dans le royaume, aurait été transformé en monnaiesmérovingiennes à Marseille et à Arles.

    Les analyses de monnaies provençales permettent-elles de percevoir l’arrivéed’un or de type byzantin (de Carthage) ou d’un or visigotique dans le cas deBanassac, où on a proposé de voir également un atelier frontière refrappant enmonnaie mérovingienne les monnaies de la Septimanie visigotique ?

    La gure 11 révèle deux groupes assez bien distincts : les monnaies byzan-tines aux teneurs en platine relativement élevées (dans le cadre pointillé) et les

    monnaies visigotiques aux teneurs faibles (dans le cadre linéaire), les monnaiesmérovingiennes (en noir) se situant à l’intersection.

    Les monnaies byzantines ont des teneurs relativement élevées (419 ppm enmoyenne à Constantinople)30 et légèrement moins pour les pièces de Carthageet pour les pièces italiennes (343 ppm). Malgré la baisse tendancielle de lateneur en platine des monnaies byzantines, sur laquelle J.-N. Barrandon avaitdéjà attiré l’attention dans CEB 2, jusqu’au VIIIe siècle les teneurs restent supé-rieures à 200 ppm (gure 11)31. Les monnaies visigotiques se situent au contrairesous la limite des 200 ppm (149 ppm en moyenne jusqu’en 631) et présentent

    des teneurs très variables pour un règne donné32

    .

    28. KENT 1975, p. 600 : « Dagobert’s initial’wealth’ may perhaps reect his acquisition of200 000 solidi as the price of helping Sisenand (631-636) to the Visigothic throne » et : « Byzantinesolidi of later than 630 are seldom found in the West, suggesting that this source of treasure, too,had lapsed ».

    29. LAFAURIE, MORRISSON, 1987. Pour la circulation des monnaies byzantines en Italie, voirARSLAN 1994 et maintenant les données supplémentaires inventoriées dans ARSLAN 2005.

    30. Pour les vingt-sept pièces de Constantinople analysées pour le CEB 2.31. Données sur Constantinople, voir CEB 2 ; sur Carthage, voir GONDONNEAU, ROUX, GUERRA,

    MORRISSON 2000, p. 1272, ainsi que les données inédites des analyses par activation protoniquede J. Poirier.

    32. GUERRA 2000.

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    0

    200

    400

    600

    800

    1000

    500 550 600 650 700

    Dates

          P      t      /      A    u

    Byzantines de Constantinople

    Byzantines de CarthageByzantines d’Italie

    Visigothiques

    Royales de Marseille

    Val. moy. de MarseilleRoyales d’Arles

    Royales de Banassac

    Figure 11 - Teneurs en platine des monnaies byzantines et mérovingiennes.

     Les monnaies mérovingiennes de Provence se situent dans la même zoneque les monnaies visigotiques à la n du VIe siècle et au début du VIIe siècle.La moyenne (tracée en noir sur la gure 11 s’établit à 191 ppm jusqu’en 629(198 pour Clotaire II). En revanche sous Dagobert Ier  et surtout Sigebert III(639-656) elle s’élève à 251 ppm avant de faiblir à nouveau dans les années 660à 193 ppm, en suivant une courbe parallèle – mais à un niveau plus faible –à celle qui marque l’évolution des valeurs byzantines. On a évidemment peineà croire que les monnaies byzantines fortes en platine et de bon or n’auraientété décriées et refondues en masse qu’à ce moment précis, vers 640, où chute

    le titre de l’or mérovingien. Mais on peut aussi considérer que la montée du taux deplatine est due à la refonte à cette date d’un stock antérieur dans lequel un apportbyzantin de la seconde moitié du VIe siècle s’était progressivement ajouté. Cetapport n’était pas sufsamment massif pour faire passer l’or mérovingien au-dessus des 300 ppm, comme on va voir mais c’est à lui qu’on est tenté d’attribuerla hausse incontestable des années 640-650. Celle-ci ne semble d’ailleurs passpécique à la Provence puisque les teneurs en platine n’y sont pas plus élevéesque dans les autres ateliers mérovingiens – pour autant qu’on puisseen juger à partir des rares analyses disponibles. Il n’est donc pas évident quela Provence ait joué un rôle privilégié dans l’arrivée de l’or byzantin33.

    33. Pour ce que nous pouvons en connaître par les analyses par LA-ICP-MS des monnaiesmérovingiennes de la collection du Musée Thomas Dobrée de Nantes.

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    Les monnaies de Banassac par exemple ont des teneurs en platine élevéesplus proches des monnaies byzantines que des visigotiques. Au vu de ces teneurs

    en platine, l’hypothèse d’une refonte de monnaies visigotiques n’apparaît doncpas spécialement fondée pour l’atelier de Banassac. En effet, les monnaies visi-gotiques présentent, on l’a vu, des teneurs en platine très comparables à cellesdes mérovingiennes royales de la n du VIe siècle et les tentatives de caractéri-sation de l’or visigot se sont plutôt attachées aux teneurs en étain ou en palla-dium qui se rencontrent plus particulièrement dans le nord du Portugal34.

    Les quelques analyses présentées ici ne permettent donc pas d’identier lescircuits d’approvisionnement en or mais n’interdisent pas d’émettre en conclusion

    quelques hypothèses. Les éléments apportés permettent d’évaluer provisoire-ment l’importance de l’or byzantin dans l’alimentation des ateliers provençauxet plus généralement mérovingiens. En effet la hausse de 25 % relatifs des tracesde platine dans la première moitié du VIIe siècle ne peut guère s’expliquer quepar un apport d’or byzantin de l’ordre de 15 % au moins. Cette fraction d’orbyzantin est calculée à partir des rapports moyens R entre la teneur en platineet celle en or :

    = (R or mérovingien première moitié du VIIe siècle – R or mérovingien ndu VIe siècle)

     / R or byzantin.

    Avec les données numériques citées précédemment, on obtient un résultatde 14 % ou de 17 %, selon que l’on considère un apport de monnaies émises àConstantinople ou bien à Carthage et en Italie.

    Ce raisonnement consistant à calculer la fraction d’un or étranger introduitdans un monnayage a été développé dans le cas favorable de l’or du Brésil,riche en palladium (1115 ppm environ), refondu au XVIIIe siècle. dans la massemonétaire française qui ne contenait quasiment pas de palladium à l’origine

    (20 ppm)35

    . Le cas du monnayage mérovingien est plus complexe : tout d’abord,la hausse en platine imputable à la refonte d’or byzantin est faible. Mais larefonte possible, à la même époque, de monnaies d’or visigotiques contenantmoins de platine que l’or mérovingien, aurait induit une baisse que l’ajout d’orbyzantin devait compenser. C’est pourquoi la fraction que nous avons évaluéeà 15 % doit être considérée comme une valeur minimale. En outre s’il y a,comme l’arrêt progressif des levées scales le laisse supposer, une chute desquantités frappées à partir des années 630, la part de l’or byzantin « nouveau »devenait proportionnellement plus sensible.

    34. Voir GUERRA 2000.35. BARRANDON, MORRISSON 1999

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     La baisse ultérieure (de 25 %) des traces de platine reète la cessation ou dumoins la diminution de cet apport et s’inscrit bien dans le contexte de la baisse

    des échanges avec le monde byzantin, tant oriental qu’africain, que reètent lestrouvailles céramiques d’amphores à Marseille et dans le sud de la Gaule36. Àl’affaiblissement des échanges se seraient ajoutés le décit du commerce occi-dental qui se traduisait par une sortie d’or et bien évidemment la cessation autournant du VIe et du VIIe siècle de tous les paiements de subsides aux rois francspar les autorités de Constantinople forcées de se concentrer sur la défense del’empire en Orient37.

    Les analyses ne peuvent fournir d’explication dénitive. Leur intérêt est bientoutefois d’offrir un témoignage supplémentaire sur la vigueur des relations du

    monde mérovingien avec l’Orient byzantin au début du VIIe

      siècle. La thèsede Pirenne n’est plus acceptable dans sa totalité mais une partie de son « cadredu Moyen Âge » continue de stimuler la réexion38.

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    BLET-LEMARQUAND, GRATUZE, BARRANDON  à paraître 2010 : M. BLET-LEMARQUAND,B. GRATUZE, J.-N. BARRANDON, L’analyse élémentaire des monnaies : adéquation

    entre les problématiques envisagées, les alliages étudiés et les méthodes utilisées,dans H. R. DERSCHKA, S. FREY-KUPPER, R. CUNZ (éd.), Regards croisés sur l’étudedes trouvailles monétaires. Bilan et perspectives au début du  XXI e siècle. II. Actes ducinquième colloque international du Groupe suisse pour l’étude des trouvailles

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    1975, voir ch. 9, p. 587-653.

    36. Voir PIÉRI 2005, p. 145-177.

    37. Cf. J.-M. SANSTERRE, Die Franken und Byzanz, A. WIECZOREK, P. PÉRIN, K. VON WELCK,W. MENGHIN (éd.), Die Franken – Wegbereiter Europas, cat. d’exposition, Mannheim-Mayence,1997, p. 396-400 ; R. Wolters, art. Tribut,  Reallexikon der Germanischen Altertumskunde, 35,Berlin - New York, 2007, p. 233-237.

    38. Cf.Cf. HODGES, WHITEHOUSE 1983 ; MCCORMICK 2001 ; WICKHAM 2005.

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