4
Juillet2007 PLe parcours d’interprétation Le Corbusier sur le site de Firminy Saint-Etienne Métropole avec la ville de Firminy et ses par- tenaires institutionnels ont engagé un vaste programme de réhabilitation du patrimoine Le Corbusier. La finalité : faire vivre et animer un patrimoine mondiale- ment reconnu dans le cadre d’un programme de dévelop- pement culturel et économique. L’église, associée aux édifices le Corbusier de Firminy, à la piscine Wogenscky, devient ainsi l’accélérateur de la dyna- mique culturelle et touristique du territoire. La fin du chan- tier de l’église en novembre 2006 s’accompagne comme prévu d’une mise en visite de l’ensemble du site avec pour corollaire la mise en place de services liés à l’accueil et à la visite des publics. L’ouverture au public du site est associée à un dispositif de présentation pérenne de l’œuvre de Le Corbusier : Le parcours d’interprétation présente les grands axes de travail de Le Corbusier, qu’il s’agisse de la question ur- baine, de l’architecture ou du design, des arts plastiques ou de l’écriture. Unique en France, et véritable “fil rouge” de la visite, ce parcours s’appuie sur l’ensemble des édifices Le Corbu- sier implantés à Firminy. • Ainsi, le point d’accueil est installé à la maison de la culture, où l’on peut bénéficier d’une vue sur l’ensemble du site. Lieu d’échange et de débat, ce bâtiment accueille la présentation des travaux de le Corbusier sur l’urbain. • Dans la partie basse de l’église seront présentés des élé- ments permettant la compréhension du travail de Le Cor- busier sur les édifices religieux et le sacré. Certains de ses travaux artisitiques y seront exposés, ainsi qu’un certain nombre d’exemplaires originaux de mobilier. La nef de l’église, est, elle, le temps fort « architectural » de la visite. Des œuvres (mobilier, tableaux, sculptures) ponctuent la visite. Elles proviennent de la collection du Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne, ou ont été empruntées. On retrouve ainsi, outre Le Corbusier : Willi Baumeister, Marcelle Cahn, Amédée Onzenfant, Jacques Lipchitz, Mar- cel Breuer, Pierre Jeanneret, Charlotte Perriand, Ludwig Mies Van Der Rohe, Mart Stam, Flora Steiger-Crawford. • On trouvera au sein de l’unité d’habitation ses projets et réalisations sur l’habitat. Le contenu du centre d’interprétation est établi par le conservateur en chef du Musée d’Art Moderne de Saint- Etienne et le conservateur du patrimoine de la ville de Fir- miny, en étroite collaboration avec la Fondation Le Corbu- sier, les milieux scientifiques et universitaires et le ministère de la culture et de la communication. Le site touristique est géré par l’Office du Tourisme com- munautaire de Saint-Etienne Métropole, qui vient d’être mis en place. A ce jour, la maison de la culture et l’église sont les pièces maîtresses du parcours d’interprétation. L’unité d’habita- tion complètera prochainement le dispositif. La maison de la culture L’œuvre de Le Corbusier est de multiples registres qui se nourrissent et s’abondent chacun dans une vie de « re- cherche patiente » : peintre et sculpteur, urbaniste et archi- tecte, essayiste et poète. C’est à cette œuvre et aux réalisations de « Firminy-Vert » que l’exposition à la maison de la culture convie. Porté en 1953 par la volonté d’un maire, Eugène Claudius Petit (1907 – 1989) de moderniser la ville en appliquant les théories de la « Chartre d’Athènes » de 1933 des « Congrès Internationaux pour Une Architecture Moderne » (C.I.A.M), « Firminy-Vert » est le nom du programme pilote d’exten- sion de la ville ou Le Corbusier sera appelé à pouvoir met- tre en œuvre ses théories urbaines jusqu’alors restées, en France, lettres mortes. Commanditaire, Claudius-Petit fut un ami protecteur, hu- maniste convaincu du génie social de Le Corbusier et des théories du mouvement moderne, qu’il n’aura de cesse d’appliquer à la ville et à Firminy-Vert pendant ses mandats de maire de 1953 jusqu’en 1971, puis jusqu’à sa mort, par la réalisation de l’église Saint Pierre pour Firminy-Vert. Ouvrier ébéniste, catholique, syndicaliste, professeur d’art appliqué, résistant proche du Général de Gaulle, député, ministre de l’urbanisme et de la reconstruction dans l’après seconde guerre mondiale, Claudius-Petit peut confier à Le Corbusier, placé au centre d’une première équipe composé d’architectes du mouvement moderne - Charles Delfante, Jean Kling, Auguste Mathoulin, Marcel Roux et André Sive, - de magnifier un exemple abouti de la ville pour le XX ème siècle. Aujourd’hui, les éléments de cette réalisation sont tous protégés parmi les Monuments Historiques. Les éléments souvent inédits et originaux de cette ex- position ont pour source les fonds conservés et les prêt consentis par : Le Ministère de l’Equipement et du Logement, Paris, France, La Fondation Le Corbusier, L’Association Les Amis de Le Corbusier, L’association Le Corbusier pour l’église Saint Pierre de Fir- miny-Vert, Les archives publiques de la Ville de Firminy, Les archives publiques de l’Office Public d’Habitation à Loyers Modérés de Firminy, Le Fond Ito Josué, photographe, conservé au Musée d’Art Moderne de Saint Etienne Métropole, et, M. Charles Delfante, Architecte Urbaniste, 1

PLe parcours d’interprétation Le Corbusier sur le site … · Juillet2007 PLe parcours d’interprétation Le Corbusier sur le site de Firminy Saint-Etienne Métropole avec la

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: PLe parcours d’interprétation Le Corbusier sur le site … · Juillet2007 PLe parcours d’interprétation Le Corbusier sur le site de Firminy Saint-Etienne Métropole avec la

Juillet2007

PLe parcours d’interprétation Le Corbusier sur le site de Firminy

Saint-Etienne Métropole avec la ville de Firminy et ses par-tenaires institutionnels ont engagé un vaste programme de réhabilitation du patrimoine Le Corbusier. La finalité : faire vivre et animer un patrimoine mondiale-ment reconnu dans le cadre d’un programme de dévelop-pement culturel et économique.

L’église, associée aux édifices le Corbusier de Firminy, à la piscine Wogenscky, devient ainsi l’accélérateur de la dyna-mique culturelle et touristique du territoire. La fin du chan-tier de l’église en novembre 2006 s’accompagne comme prévu d’une mise en visite de l’ensemble du site avec pour corollaire la mise en place de services liés à l’accueil et à la visite des publics.

L’ouverture au public du site est associée à un dispositif de présentation pérenne de l’œuvre de Le Corbusier :

Le parcours d’interprétation présente les grands axes de travail de Le Corbusier, qu’il s’agisse de la question ur-baine, de l’architecture ou du design, des arts plastiques ou de l’écriture.

Unique en France, et véritable “fil rouge” de la visite, ce parcours s’appuie sur l’ensemble des édifices Le Corbu-sier implantés à Firminy.

• Ainsi, le point d’accueil est installé à la maison de la culture, où l’on peut bénéficier d’une vue sur l’ensemble du site. Lieu d’échange et de débat, ce bâtiment accueille la présentation des travaux de le Corbusier sur l’urbain.

• Dans la partie basse de l’église seront présentés des élé-ments permettant la compréhension du travail de Le Cor-busier sur les édifices religieux et le sacré. Certains de ses travaux artisitiques y seront exposés, ainsi qu’un certain nombre d’exemplaires originaux de mobilier.La nef de l’église, est, elle, le temps fort « architectural » de la visite.Des œuvres (mobilier, tableaux, sculptures) ponctuent la visite. Elles proviennent de la collection du Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne, ou ont été empruntées.On retrouve ainsi, outre Le Corbusier : Willi Baumeister, Marcelle Cahn, Amédée Onzenfant, Jacques Lipchitz, Mar-cel Breuer, Pierre Jeanneret, Charlotte Perriand, Ludwig Mies Van Der Rohe, Mart Stam, Flora Steiger-Crawford.

• On trouvera au sein de l’unité d’habitation ses projets et réalisations sur l’habitat.

Le contenu du centre d’interprétation est établi par le conservateur en chef du Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne et le conservateur du patrimoine de la ville de Fir-miny, en étroite collaboration avec la Fondation Le Corbu-sier, les milieux scientifiques et universitaires et le ministère de la culture et de la communication.

Le site touristique est géré par l’Office du Tourisme com-munautaire de Saint-Etienne Métropole, qui vient d’être mis en place.A ce jour, la maison de la culture et l’église sont les pièces maîtresses du parcours d’interprétation. L’unité d’habita-tion complètera prochainement le dispositif.

La maison de la culture

L’œuvre de Le Corbusier est de multiples registres qui se nourrissent et s’abondent chacun dans une vie de « re-cherche patiente » : peintre et sculpteur, urbaniste et archi-tecte, essayiste et poète.

C’est à cette œuvre et aux réalisations de « Firminy-Vert » que l’exposition à la maison de la culture convie.

Porté en 1953 par la volonté d’un maire, Eugène Claudius Petit (1907 – 1989) de moderniser la ville en appliquant les théories de la « Chartre d’Athènes » de 1933 des « Congrès Internationaux pour Une Architecture Moderne » (C.I.A.M), « Firminy-Vert » est le nom du programme pilote d’exten-sion de la ville ou Le Corbusier sera appelé à pouvoir met-tre en œuvre ses théories urbaines jusqu’alors restées, en France, lettres mortes.

Commanditaire, Claudius-Petit fut un ami protecteur, hu-maniste convaincu du génie social de Le Corbusier et des théories du mouvement moderne, qu’il n’aura de cesse d’appliquer à la ville et à Firminy-Vert pendant ses mandats de maire de 1953 jusqu’en 1971, puis jusqu’à sa mort, par la réalisation de l’église Saint Pierre pour Firminy-Vert. Ouvrier ébéniste, catholique, syndicaliste, professeur d’art appliqué, résistant proche du Général de Gaulle, député,

ministre de l’urbanisme et de la reconstruction dans l’après seconde guerre mondiale, Claudius-Petit peut confier à Le Corbusier, placé au centre d’une première équipe composé d’architectes du mouvement moderne - Charles Delfante, Jean Kling, Auguste Mathoulin, Marcel Roux et André Sive, - de magnifier un exemple abouti de la ville pour le XXème siècle. Aujourd’hui, les éléments de cette réalisation sont tous protégés parmi les Monuments Historiques.

Les éléments souvent inédits et originaux de cette ex-position ont pour source les fonds conservés et les prêt consentis par :

Le Ministère de l’Equipement et du Logement, Paris, France,La Fondation Le Corbusier,L’Association Les Amis de Le Corbusier,L’association Le Corbusier pour l’église Saint Pierre de Fir-miny-Vert,Les archives publiques de la Ville de Firminy,Les archives publiques de l’Office Public d’Habitation à Loyers Modérés de Firminy,Le Fond Ito Josué, photographe, conservé au Musée d’Art Moderne de Saint Etienne Métropole, et,M. Charles Delfante, Architecte Urbaniste,

1

Page 2: PLe parcours d’interprétation Le Corbusier sur le site … · Juillet2007 PLe parcours d’interprétation Le Corbusier sur le site de Firminy Saint-Etienne Métropole avec la

M. Michel Dieudonné, photographe, Les familles Bertoletti-Kalabalian, etPour des photographies d’Eugène Claudius Petit, par la famille Claudius Petit.

Ce recueil de fonds doit aussi au travail commandé par la Direction Régionale des Affaires Culturelles de Rhône Al-pes (M. Yves Belmont, Conseiller pour l’Architecture, Mme Nathalie Ponchel et M. Luc Aguillera, Architectes à Pessac, Gironde).

La réalisation de l’église Saint Pierre s’insère dans le pre-mier plan d’urbanisme élaboré par Le Corbusier en 1954, à proximité de la Maison de la Culture, du stade et de la pis-cine. Ce projet est la matérialisation de l’un des éléments forts de la pensée Corbuséenne: l’articulation de trois ac-tivités humaines fondamentales: la culture et les loisirs, le sport et la spiritualité.

La commande de l’église est passée en 1960 à Le Corbu-sier par le maire de Firminy, Eugène Claudius- Petit et Jean François Baud, président du comité paroissial de Saint Pierre de Firminy.Les principes fondateurs de ce projet s’inscrivent dans la continuité de l’église du Tremblay étudiée brièvement en 1929. Le principe du socle carré coiffé d’une coque, celui de la rampe extérieure qui forment l’identité du projet de Firminy, sont déjà présents dans l’œuvre de Le Corbusier d’avant guerre. La coque prolonge, quant à elle, certaines des propositions formelles expérimentées à Chandigarh.

Le Corbusier, assisté de José Oubrerie et de Louis Miquel, a réalisé la totalité des études pour l’église Saint Pierre. Le 28 janvier 1965, quelques mois avant sa mort, il écrit à l’abbé Tardy:« J’ai lutté avec les matériaux, les formes, l’entreprise. J’ai rempli toutes les conditions du contrat. J’ai fait mon travail. Je me sens plus lié que jamais par cette œuvre qui est notre … Et je ne peux envisager autre chose à présent que l’ouverture du chantier, pour la plus grande joie spirituelle de tous».Mais les travaux ne débuteront qu’en 1970, soit cinq ans après son décès, pour être interrompus une première fois en 1974 après la construction des trois premiers niveaux.Les travaux reprennent en 1976 : les 4ème et 5ème niveau sont construits puis arrêtés, au départ de la coque, en 1978.Pendant la longue parenthèse qui fait suite à cette seconde interruption les «parties construites de l’édifice» font l’ob-jet d’un procédure de classement au titre des Monuments Historiques ( en 1996 ).Une mise à jour du dossier, effectuée en 2001, débouche sur un nouveau permis de construire déposé en 2002 par l’Association des amis de l’église de Firminy Vert, proprié-taire de l’édifice. En octobre 2002, l’association en fait don à la Communau-té d’Agglomération, Saint Etienne Métropole, afin d’en per-mettre l’achèvement. Reconnu d’intérêt communautaire le chantier de l’église est rouvert en novembre 2003 et les travaux reprennent sous la direction de José Oubrerie.Enfin terminée, l’Eglise Saint Pierre de Firminy Vert est inaugurée le 25 novembre 2006.Cette réalisation constitue avec la chapelle de Ronchamp (1955) et le couvent de La Tourette le troisième projet fina-lisé de Le Corbusier dans le domaine de l’art sacré.

L’Esprit Nouveau, la rencontre du classicisme et de la modernité

La première formation de Le Corbusier, étroitement liée à la tradition artisanale horlogère, prend place au moment où les structures économiques et sociales qui sous-ten-dent l’activité familiale cèdent sous l’effet des premières concentrations industrielles.La période de voyages qu’il entreprend en Europe Cen-trale et autour du bassin méditerranéen (1907 - 1911) lui permet, à l’instar des personnages des romans de forma-tion du XIXème siècle, de se confronter à quelques unes des réalisations les plus ambitieuses de l’humanité : ainsi l’impact de l’Acropole d’Athènes et du Parthénon s’exer-cera-t-il, sur son œuvre, de manière profonde et durable. Mais ces voyages seront aussi un vecteur d’échanges dé-cisifs avec certains des initiateurs du mouvement moderne (Behrens, Gropius, Mies van der Rohe, Perret …)

Cette période lui permet d’engranger une culture visuelle très étendue qui se partage entre l’admiration pour les té-moignages d’un passé prestigieux et la revendication des principes fondateurs de la modernité, conséquences des bouleversements, sociaux et technologiques, induits par la révolution industrielle.

Cette double formation lui fait prendre conscience du ca-ractère caduc de la pratique artisanale et de la nécessité d’un nouveau langage, d’une esthétique différente décou-lant des transformations générées par le machinisme et la production en série.

Le Corbusier s’érige alors en militant de cette nouvelle culture, de cet « esprit nouveau » dont son architecture, comme le Purisme pictural qu’il met au point avec le pein-tre Amédée Ozenfant, seront l’une des expressions les plus caractéristiques.

Pour un mouvement moderne international

L’œuvre de Le Corbusier participe d’un mouvement inter-national qui, mettant à profit les méthodes constructives permises par l’apparition de techniques nouvelles, va pro-fondément bouleverser le langage et la finalité du projet architectural.Ces acquis technologiques laissent entrevoir de nouvelles possibilités pour la construction et suscitent, chez les jeu-nes architectes, l’ambition d’une architecture capable de participer à l’élaboration de nouveaux modèles sociaux.

« La science et l’art collaborent » : les nouveaux principes constructifs fondés sur des impératifs de rationalité, de fonctionnalité et d’économie s’accordent à une esthétique de la pureté, à un idéal d’harmonie et de transparence as-similable à celui que l’on souhaiterait voir régner entre les hommes.

L’église

2

Page 3: PLe parcours d’interprétation Le Corbusier sur le site … · Juillet2007 PLe parcours d’interprétation Le Corbusier sur le site de Firminy Saint-Etienne Métropole avec la

Ces idéaux, fondés sur la croyance en l’universalité du pro-grès, sont aussi ceux véhiculés par les mouvements artis-tiques les plus avancés: constructivisme, néo- plasticisme, purisme …

Les idées de Le Corbusier sur la « machine à habiter », les « maisons en série », « l’immeuble villa » … se rapportent à un courant dont l’unité d’intention et de langage s’ex-primera magnifiquement lors du projet d’exposition «Die Wohnung» au Weissenhof près de Stuttgart en 1927.

C’est à cette occasion qu’il formule ses « cinq points d’une architecture nouvelle » (pilotis, plan libre, toit terrasse, fa-çade libre, fenêtres en bandeau) qui serviront longtemps de base à son vocabulaire architectural.

Cette ambition qu’il met dans la réalisation de ce qui est pour lui, avant tout, un projet social d’envergure planétaire - un projet pour l’humanité - dont la communauté des ar-chitectes, dans son ensemble, doit être porteuse sera à l’origine de l’organisation des CIAM (Congrès Internatio-naux d’Architecture Moderne); de ces réunions découlera « la charte d’Athènes », plate-forme minimum pour une ar-chitecture et un urbanisme nouveaux.

Un mobilier pour la « Machine à habiter »

Dès les premiers numéros de L’Esprit Nouveau, Le Corbu-sier s’attache à mettre en évidence les qualités propres à l’objet moderne: un objet avant tout défini par le recours au machinisme et à une production en série qui seule peut conduire « à la perfection et à la pureté ».

Les objets auxquels il adhère sont ceux issus de la stan-dardisation, des objets avant tout fonctionnels, « fabriqués dans l’industrie, existant dans le commerce, n’ayant aucun caractère d’art fourni par un décor chargé d’intentions ».

Ainsi érigera-t-il en modèles les sièges en bois cintré fa-briqués en Autriche, depuis le milieu du XIXème siècle, par la firme Thonet. Ceux ci répondent en tous points aux exi-gences et à l’esprit de l’architecture moderne : fonctionna-lité, légèreté, transparence, facilité d’entretien, faible coût d’achat…

Ce sont ces notions qui guideront les architectes du mou-vement moderne au cours d’échanges stimulés par la confrontation du Weissenhof.

Plusieurs d’entre eux proposent, à partir de la fin des an-nées vingt, des prototypes de mobiliers, conçus pour la fabrication en série, à partir de l’utilisation du tube métalli-que courbé, matière qui, mieux que le bois, incarne l’idéal machiniste.

Le Corbusier dépouille l’intérieur domestique de tout ce qui n’est pas rigoureusement nécessaire: pour lui « la maison n’est autre chose que des casiers d’une part, des chaises et des tables d’autre part. Le reste est encombrement ».

L’arrivée de Charlotte Perriand, en 1927, dans l’atelier de Le Corbusier accélèrera la conception et la mise en œuvre d’une gamme de mobiliers « standard »toujours produits aujourd’hui.

Le monde des couleurs et des formes

Au contact d’Amédée Ozenfant, Le Corbusier entame une carrière de peintre qu’il poursuivra, fruit d’un travail quoti-dien, jusqu’à sa mort. Persuadé que la couleur doit avoir sa part dans l’architecture il insiste sur son pouvoir spatia-lisant, sa capacité à accompagner ou rendre plus prégnan-tes les qualités propres à l’espace architectural.

Il définit, très tôt, pour ses constructions, des gammes de couleurs dont il étudie très précisément les qualités. La couleur doit s’identifier, tout uniment, à la paroi refusant tout effet de trompe-l’œil. Dans cet esprit il réalisera égale-ment, à deux reprises, pour la marque Salubra, un catalo-gue de papiers peints.

Mais, telle qu’associée à l’architecture, la couleur ne peut se substituer à la peinture. Activité hautement spirituelle la peinture (comme, plus tard, la sculpture) ont leur place dans l’architecture mais doivent être, avant tout, préser-vées dans leur autonomie.

Refusant la fresque, la frise, génératrices d’ambiguïté, il entend créer « un site architectural fait de matières, de lu-mière et de proportions dans lequel peuvent vivre à l’aise des œuvres de haut potentiel émotif, des œuvres denses et fortes d’où irradie la pensée ou l’émotion » (Le Corbusier). Il convient, pour cela, de détacher du mur la peinture et la sculpture et les laisser « seules agir avec le radium qu’elle peuvent contenir ».

L’activité picturale, qu’il étend plus tard à la sculpture (avec Savina) et à la tapisserie, est pour lui complémentaire de son activité d’architecte et de théoricien. Les deux parti-cipent d’une attitude philosophique, qui fait de l’homme, devenu créateur, l’acteur de sa vie, le centre d’une œuvre d’art totale.

Accompagner la rénovation de l’Art Sacré

S’il se déclare lui-même agnostique, Le Corbusier a tou-jours défini la mission de l’architecte comme la réalisation d’un « ordre qui est pure création de son esprit » et l’archi-tecture comme « un fait d’art, un phénomène d’émotion, en dehors des questions de construction, au-delà ».

Tourné vers la communauté des hommes, l’artiste serait donc ce passeur qui, par l’intermédiaire de ses créations, « nous donne la mesure d’un ordre qu’on sent en accord avec celui du monde ».

Aussi Le Corbusier ne verra-t-il pas d’obstacle véritable à accepter les propositions qui, à plusieurs reprises, lui se-ront faites par l’Eglise Catholique de concevoir des édifices à vocation religieuse. Malgré l’échec des projets pour Le Tremblay et la basilique de la Sainte Baume, trois édifices verront le jour qui comptent au nombre des réalisations majeures de l’architecte: la chapelle de Ronchamp (1955), le Couvent de La Tourette (1959) et, terminée en 2006, l’église Saint Pierre de Firminy Vert.

3

Page 4: PLe parcours d’interprétation Le Corbusier sur le site … · Juillet2007 PLe parcours d’interprétation Le Corbusier sur le site de Firminy Saint-Etienne Métropole avec la

Bien que profondément singulières, se démarquant sou-vent des formes et des principes définis par la liturgie, ces trois réalisations s’inscrivent dans le mouvement de réno-vation de l’Art Sacré conduit depuis les années 30 par le Père Couturier.

Persuadé que tout chef d’œuvre véritable confine au sacré, ce dernier choisit de s’attacher, par delà leurs convictions

philosophiques ou religieuses, la collaboration de quelques uns des maîtres de l’art vivant (Léger, Matisse…) seuls ca-pables, à ses yeux, d’atteindre un haut niveau d’exigence, à une forme de spiritualité où croyants et non croyants puissent, ensemble, se reconnaître.

Nadine Cahen, coloriste-plasticienne, née à Saint-Etienne et Laurent Grégori, designer, né à Genève ont associé leur spécificité avec une même envie : concevoir des produits et des environnements dont les surfaces sont porteuses de sens, d’émotions et d’informations.Par la couleur, la texture, le motif, ils interrogent les sens, incitent au toucher, égarent le regard, recherchent la pro-fondeur de la surface.

Références : groupe Seb, groupe Michelin, Abet Laminati, BHV, RATP… Exposition : Tokyo Designer’s Week, Triennale de Milan, l’institut Français Valencia, Bangkok, Biennale Internatio-nale Design Saint-Etienne…

« Nous avons choisi d’habiter l’espace, de faire vivre le Corbusier dans son propre édifice, humainement présent

par de grandes photographies qui nous plongent au cœur de la thématique de chaque salle, il nous commente l’ex-position par un choix de citation écrite directement sur les murs.Les niveaux d’informations plus approfondies nous sont donnés par des pupitres qui accompagnent les œuvres originales ».Les vitrines viennent s’emboîter et s’opposer aux gradins, à la fois sobres et efficaces elles s’appuient sur les formes architectoniques sans en troubler l’équilibre.Le mobilier muséographique dessiné sans effet, simple par sa forme mais raffiné par sa texture.Un graphisme qui reprend le rythme des façades et du mouvement du soleil.La surface ainsi informative devient tactile.Le langage formel joue en résonance avec le lieu, les oeuvres, les couleurs et les volumes. Une rigueur poétique

La scénographie du parcours d’interprétation, par l’Atelier Cahen & Grégori

4

Musée d’art moderne - La Terrasse - BP 80241 - 42006 Saint-Étienne Cedex 1 - -Tél. : 04 77 79 52 52 - [email protected]

Maison de la Culture : accueil billetterieRoute de Saint-Just-Malmont - 42 700 Firminy Parking visiteurs : boulevard périphérique (proche de la Mai-son de la Culture)

Horaires d’ouverture : Du 1er avril au 30 septembre : tous les jours de 10h à 19hDu 1er janvier au 31 mars et du 1er octobre au 31 décembre : tous les jours (sauf mardi) de 10h à 18h Fermeture : 1er janvier, 1- mai et 25 décembre

Tarifs :• Visite libre du site comprenant la maison de la culture, le stade et l’église Saint-Pierre • Visite guidée (3 h) comprenant : la maison de la culture, le stade, l’église et l’unité d’habitation (l’appartement, l’école et le toit terrasse) : 10 h 30 et 14 h 30 (sous réserve de 5 personnes minimum).• Groupes sur réservation • Possibilité de visite partielle du site sur demande

• Adulte Visite libre : 5,00 euros Visite guidée : 12,00 euros

• Tarif réduit Visite libre : 3,50 euros Visite guidée 7,50 euros

• Groupes adultes Visite libre 4,00 euros Visite guidée 9,00 euros

• Groupes tarif réduit Visite libre 3,00 euros Visite guidée 6,00 euros

Contacts visiteursOffice du Tourisme de Saint-Etienne Métropole – antenne de FirminyTél. : 33 (0) 4 77 56 30 [email protected]

Information pratiques, site Le Corbusier