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42 Finances & Développement Septembre 2012 Une nouvelle base de données signale des différences dans les comportements d’épargne, d’emprunt, de paiement et de gestion des risques PLEINS FEUX Accès aux Services BANCAIRES D ANS le monde, 50 % des adultes n’ont pas de compte auprès d’un établissement financier formel (banque, coopérative de crédit, bureau de poste ou institution de microfinance). Ces 2,5 milliards d’adultes «non bancarisés» ne disposent pas de supports d’épargne sûrs et n’ont vraisemblablement qu’un accès limité au crédit. Or, sans compte, il est plus difficile de recevoir un salaire, un transfert ou une prestation de l’État. Jusqu’à présent, il n’y avait pas vraiment d’indicateurs des pratiques bancaires des pauvres, des femmes ou bien encore des jeunes dans la plupart des pays. Pour combler cette lacune, la Banque mondiale et Gallup on réalisé en 2011 une enquête dans 148 pays pour mieux comprendre comment les adultes épargnent, empruntent, effectuent des paiements ou gèrent leurs risques tant dans le secteur formel qu’ailleurs. D’énormes différences Comme l’on pouvait s’y attendre, les données signalent de fortes disparités entre régions, pays et individus (selon leur genre, éduca- tion et âge, par exemple). Selon la base de données Global Findex de la Banque mondiale, 89 % des adultes des pays avancés ont un compte en banque, contre 41 % dans les pays en développement. Parmi les plus pauvres, 23 % des adultes vivant avec moins de 2 dollars par jour ont un compte. À l’échelle mondiale, 55 % des hommes ont un compte, contre 47 % des femmes. Les raisons les plus courantes pour expliquer l’absence de compte sont le manque d’argent (65 % des répondants), les coûts facturés par les banques ou l’éloignement des établissements (25 % et 20 % des répondants, respectivement), et le manque de documentation nécessaire (18 %). Autrement dit, en suppri- mant les barrières physiques, administratives et financières, les comptes bancaires, et les avantages qu’ils présentent, devraient pouvoir être plus répandus. La moitié de la population adulte mondiale n’a pas de compte bancaire. (adultes ayant un compte auprès d’un établissement formel, pourcentage) Moyenne mondiale (50 pourcent) 0 20 40 60 80 100 Asie du Sud Afrique subsaharienne Moyen-Orient et Afrique du Nord Amérique latine et Caraïbes Europe et Asie centrale Asie de l’Est et Pacifique Pays avancés 55 % 47 % DES FEMMES DES HOMMES ONT UN COMPTE BANCAIRE

Pleins feux : Accès aux services bancaires - imf.org · ONT UN COMPTE BANCAIRE. Finances & Développement Septembre 2012 43 La révolution du portable ... mais les données mettent

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42 Finances & Développement Septembre 2012

Une nouvelle base de données signale des différences dans les comportements d’épargne, d’emprunt, de paiement et de gestion des risques

PLEINS FEUX

Accès aux Services BANCAIRES

DANS le monde, 50 % des adultes n’ont pas de compte auprès d’un établissement financier formel (banque, coopérative de crédit, bureau de poste ou institution de microfinance). Ces 2,5 milliards d’adultes «non bancarisés» ne disposent pas de supports d’épargne sûrs et n’ont vraisemblablement qu’un accès limité au crédit. Or,

sans compte, il est plus difficile de recevoir un salaire, un transfert ou une prestation de l’État. Jusqu’à présent, il n’y avait pas vraiment d’indicateurs des pratiques bancaires des pauvres,

des femmes ou bien encore des jeunes dans la plupart des pays. Pour combler cette lacune, la Banque mondiale et Gallup on réalisé en 2011 une enquête dans 148 pays pour mieux comprendre comment les adultes épargnent, empruntent, effectuent des paiements ou gèrent leurs risques tant dans le secteur formel qu’ailleurs.

D’énormes différences

Comme l’on pouvait s’y attendre, les données signalent de fortes

disparités entre régions, pays et individus (selon leur genre, éduca-

tion et âge, par exemple). Selon la base de données Global Findex

de la Banque mondiale, 89 % des adultes des pays avancés ont un

compte en banque, contre 41 % dans les pays en développement.

Parmi les plus pauvres, 23 % des adultes vivant avec moins de

2 dollars par jour ont un compte. À l’échelle mondiale, 55 % des

hommes ont un compte, contre 47 % des femmes.

Les raisons les plus courantes pour expliquer l’absence de

compte sont le manque d’argent (65 % des répondants), les coûts

facturés par les banques ou l’éloignement des établissements

(25 % et 20 % des répondants, respectivement), et le manque

de documentation nécessaire (18 %). Autrement dit, en suppri-

mant les barrières physiques, administratives et financières, les

comptes bancaires, et les avantages qu’ils présentent, devraient

pouvoir être plus répandus.

La moitié de la population adulte mondiale n’a pas de compte bancaire.(adultes ayant un compte auprès d’un établissement formel, pourcentage)

Moyenne mondiale (50 pourcent)

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40

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55 % 47 %DES FEMMESDES HOMMES

ONT UN COMPTE BANCAIRE

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Finances & Développement Septembre 2012 43

La révolution du portable

L’incursion du téléphone portable est depuis peu un

attribut remarquable de l’expansion des services finan-

ciers dans les pays en développement. Le système de

transfert M-PESA au Kenya est certes déjà bien connu,

mais les données mettent en évidence l’ampleur de la

monétique par téléphone portable dans l’ensemble de

l’Afrique subsaharienne, où 16 % des adultes disent

avoir utilisé un portable pour payer des factures ou

bien encore envoyer ou recevoir de l’argent durant les

12 derniers mois. Près de la moitié de ces adultes ne sont

pas bancarisés. Cependant, dans le monde en dévelop-

pement en général, ce taux de pénétration n’est que de

5 %. Il semblerait donc qu’il y ait encore des contraintes

réglementaires ou d’autres obstacles à l’adoption de la

finance portable dans d’autres régions. ■

La banque portable décolle en Afrique.(adultes ayant utilisé un portable durant l’année écoulée pour régler des factures ou envoyer et recevoir des fonds, pourcentage)

31-60

61+

Pas de données

0-10

11-30

Institution de microfinance Chamroeun

à Pochentong, Cambodge

Scène de rue à Nairobi, KenyaPassants à Tokyo, Japon

Préparé par Asli Demirguc-Kunt et Leora Klapper, du Réseau pour le développement du secteur fi nancier et privé de la Banque

mondiale. Les données proviennent de la base de données Global Findex, constituée à partir de plus de 150.000 entretiens réa-

lisés dans 148 pays et disponible à l’adresse www.worldbank.org/globalfi ndex.

9 %41 %DE LA POPULATION DES PAYS EN DÉVELOPPEMENT89 %

DE LA POPULATION DES PAYS AVANCÉS

DES ADULTES ONT EMPRUNTÉ À UNE BANQUE L’AN DERNIER

La plupart des adultes ne font pas appel aux banques pour emprunter.(sources d’emprunts des adultes durant l’année précédente, pourcentage)

Pays avancés

Note : Les emprunts peuvent provenir de plusieurs sources.

Pays en développement0

5

10

15

20

25Prêteur informel Banque, coopérative de crédit ou institutionde microfinance Magasin (vente à crédit)Ami ou parent

Clubs d’épargne et amis

Pour l’ensemble des pays, 36 % des adultes ont dit avoir

épargné durant les 12 derniers mois, mais seulement

22 % disent l’avoir fait auprès d’une banque ou d’un

autre établissement formel. Environ 9 % des adultes

ont emprunté à une banque durant les 12 derniers

mois, contre 23 % qui ont emprunté à un ami ou à

un parent. Dans les pays en développement, les clubs

d’épargne locaux sont souvent une solution de rechange

(voire d’appoint) aux banques. Ces clubs — dits susu en

Afrique de l’Ouest ou pandero au Pérou — mettent en

commun les dépôts hebdomadaires de leurs membres et

décaissent la totalité du montant à un membre différent

chaque semaine.

DÉTIENT UN COMPTE BANCAIRE