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Prat i quer / EN IMAGES / ’aspiration transtra- chéale (ATT) est une technique extrême- ment utile pour le diagnostic des affec- tions respiratoires profondes des bovins. Elle permet l’iden- tification et l’isolement de bactéries ou de virus présents dans l’appareil respiratoire profond. Elle ne nécessite aucune sédation et se révèle peu traumatique. Elle consiste à introduire un cathéter dans la trachée, qui permet d’injecter du sérum physiologique, puis de récolter du liquide qui est ensuite analysé. Cette technique, développée à l’origine chez le cheval, est aisément réalisable chez les bovins. Les deux contraintes liées à la réalisation de cet acte sont la contention (animaux d’un poids supérieur à 100 kg) et le coût du matériel néces- saire. Le prix unitaire d’un cathéter est ainsi d’environ 6 e HT. Il convient également de surmonter l’appréhension de la ponction de la trachée. ! Choix des animaux à prélever Le candidat idéal à prélever varie selon que des virus ou des bactéries sont recherchés en priorité. Lors de recherche virale, les animaux sont choisis de préférence en début de phase clinique, c’est-à-dire lorsqu’ils présentent une hyperthermie et un jetage séreux. Il est recom- mandé dans ce cas d’associer à l’aspiration un écouvillonage nasopharyngé profond. Si des agents bactériens sont recherchés, les bovins prélevés sont choisis parmi ceux qui présentent les signes les plus évocateurs d’une affection bactérienne, en particulier un jetage mucopurulent. Ils ne doivent pas, si possible, avoir reçu au préalable un traite- ment antibiotique. L’interprétation des résultats est plus facile et plus perti- nente si l’ATT est réalisée sur un lot d’animaux soumis aux mêmes facteurs de risques L’aspiration transtrachéale est un acte facile qui nécessite un choix raisonné des animaux à prélever. Le prix du cathéter peut être un facteur limitant. Aspiration transtrachéale chez les bovins EXAMENS COMPLÉMENTAIRES LORS D’AFFECTIONS RESPIRATOIRES par Raphaël Guatteo, Nora Cesbron, Sébastien Assié et Alain Douart, Unité de médecine des animaux d’élevage, École nationale vétérinaire de Nantes L Contention Pour réaliser une aspiration transtrachéale chez un bovin d’un poids inférieur à 100 kg, le simple maintien de l’encolure tendue vers le haut par un aide est généralement suffisant. Pour des bovins d’un poids supérieur (taurillons par exemple), une contention élaborée, qui doit laisser accès à l’encolure de l’animal, est nécessaire. Un cornadis ou un travail peuvent convenir, mais il existe un risque d’étranglement en cas de chute. La sédation n’est pas conseillée, car les bovins prélevés sont généralement atteints d’affections respiratoires profondes qui rendent délicate l’utilisation d’α2- sympathomimétiques par exemple (xylazine). Une anesthésie locale du point de ponction est en pratique inutile si la contention est assurée. 3 Cliché : R. Guatteo Choix de la zone de ponction Afin de repérer la zone privilégiée, l’encolure du bovin est maintenue dans l’axe de l’animal et le mufle vers le haut, de façon à dégager l’accès à la trachée. Aucune étude ne met en avant une zone à privilégier, en termes de distance par rapport au larynx par exemple. Il est conseillé de réaliser la ponction du côté droit afin d’éviter de léser l’œsophage. 4 Cliché : R. Guatteo Cathéter et mandrin L’aspiration est réalisée en mettant en place un cathéter stérile à usage unique, de 1,5 mm de diamètre et de 75 cm de long (coût unitaire de 6 e HT). 1 Clichés : R. Guatteo Autre matériel Une poche à perfusion d’un litre de sérum physiologique ou de lactate de Ringer, deux aiguilles stériles, une seringue de 50 ml et des tubes secs stériles pour prélèvement sanguin sont égale- ment nécessaires. Le matériel de préparation chirurgicale du site de ponction n’est pas représenté. 2 Le Point Vétérinaire / N° 257 / Juillet 2005 / 50 Cliché : R. Guatteo © Le Point Vétérinaire - Reproduction interdite

Pneumologie aspiration transtrachéale chez les bovins

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Page 1: Pneumologie   aspiration transtrachéale chez les bovins

Pratiquer / EN IMAGES /

’aspiration transtra-chéale (ATT) est unetechnique extrême-ment utile pour lediagnostic des affec-

tions respiratoires profondesdes bovins. Elle permet l’iden-tification et l’isolement debactéries ou de virus présentsdans l’appareil respiratoireprofond. Elle ne nécessiteaucune sédation et se révèlepeu traumatique. Elle consiste à introduire uncathéter dans la trachée, quipermet d’injecter du sérumphysiologique, puis de récolterdu liquide qui est ensuiteanalysé. Cette technique, développée àl’origine chez le cheval, estaisément réalisable chez lesbovins. Les deux contraintesliées à la réalisation de cet actesont la contention (animauxd’un poids supérieur à 100 kg)et le coût du matériel néces-saire. Le prix unitaire d’uncathéter est ainsi d’environ6 e HT. Il convient égalementde surmonter l’appréhensionde la ponction de la trachée.

! Choix des animaux à préleverLe candidat idéal à prélevervarie selon que des virus oudes bactéries sont recherchésen priorité. Lors de recherche virale, lesanimaux sont choisis depréférence en début de phaseclinique, c’est-à-dire lorsqu’ils

présentent une hyperthermie etun jetage séreux. Il est recom-mandé dans ce cas d’associer àl’aspiration un écouvillonagenasopharyngé profond. Si des agents bactériens sontrecherchés, les bovins prélevéssont choisis parmi ceux quiprésentent les signes les plusévocateurs d’une affection

bactérienne, en particulier unjetage mucopurulent. Ils nedoivent pas, si possible, avoirreçu au préalable un traite-ment antibiotique. L’interprétation des résultatsest plus facile et plus perti-nente si l’ATT est réalisée surun lot d’animaux soumis auxmêmes facteurs de risques

L’aspiration transtrachéale est un acte facile qui nécessite un choix raisonnédes animaux à prélever. Le prix du cathéter peut être un facteur limitant.

Aspiration transtrachéalechez les bovins

EXAMENS COMPLÉMENTAIRES LORS D’AFFECTIONS RESPIRATOIRES

par Raphaël Guatteo, Nora Cesbron, Sébastien Assié et Alain Douart, Unité de médecine des animaux d’élevage, École nationale vétérinaire de Nantes

L

ContentionPour réaliser une aspiration transtrachéalechez un bovin d’un poids inférieur à 100 kg,le simple maintien de l’encolure tendue vers

le haut par un aide est généralement suffisant. Pour des bovins d’un poids supérieur (taurillons parexemple), une contention élaborée, qui doit laisseraccès à l’encolure de l’animal, est nécessaire. Uncornadis ou un travail peuvent convenir, mais il existeun risque d’étranglement en cas de chute. La sédationn’est pas conseillée, car les bovins prélevés sontgénéralement atteints d’affections respiratoiresprofondes qui rendent délicate l’utilisation d’α2-sympathomimétiques par exemple (xylazine). Uneanesthésie locale du point de ponction est en pratiqueinutile si la contention est assurée.

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Choix de la zone de ponctionAfin de repérer la zone privilégiée, l’encoluredu bovin est maintenue dans l’axe de l’animalet le mufle vers le haut, de façon à dégager

l’accès à la trachée. Aucune étude ne met en avantune zone à privilégier, en termes de distance parrapport au larynx par exemple. Il est conseillé deréaliser la ponction du côté droit afin d’éviter de léserl’œsophage.

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Cathéter et mandrinL’aspiration est réalisée en mettant en place un cathéter stérile à usage unique, de 1,5 mm de diamètreet de 75 cm de long (coût unitaire de 6 e HT).1

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Autre matérielUne poche à perfusiond’un litre de sérumphysiologique ou de

lactate de Ringer, deux aiguillesstériles, une seringue de 50 ml etdes tubes secs stériles pourprélèvement sanguin sont égale-ment nécessaires. Le matériel depréparation chirurgicale du site deponction n’est pas représenté.

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Le Point Vétérinaire / N° 257 / Juillet 2005 / 50

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(microbiens et environne-mentaux). En pratique, il estconseillé de prélever 10 à 20 %des animaux au sein d’un lotmalade. Un mélange desliquides récoltés est envisage-able au laboratoire afin dediminuer les coûts d’analyse.

! ComplicationsPeu de complications sont àredouter. Des hématomes et de légersemphysèmes peuvent apparaî-tre sur la zone de ponction. Si le prélèvement semble tropcontaminé par du sang, il estpréférable de recommencerl’opération en ponctionnantplus ventralement.

D’autres examens complé-mentaires sont décrits dans lecadre des maladies respira-toires bovines. Un lavagebroncho-alvéolaire peut ainsiêtre informatif, mais nécessiteune anesthésie générale selonnotre expérience. La procé-dure est alors lourde. Chez unanimal vigile, le risque que leprélèvement soit contaminéest plus élevé. Une biopsiepulmonaire est égalementréalisable chez les bovinsatteints d’affections respira-toires mais le coût du matériel(Biopsy Punch®) et de l’analysehistologique consécutive sontdes facteurs limitants. ■

Repérage Il est préférable de se désinfecter les mainsavant de pratiquer un tel acte et le port degants est recommandé.

La zone de ponction est rasée (ou tondue), puisdésinfectée à l’aide de dérivés iodés. Si le praticien est droitier, il saisit la trachée entre lesdoigts de sa main gauche et identifie un espace entredeux anneaux trachéaux à l’aide des doigts de la maindroite. La traversée de la peau pouvant endommagerle cathéter et notamment couder la tubulure, certainsauteurs conseillent de réaliser préalablement une légèreincision cutanée au niveau de la zone de ponction.

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CoulissementLe cathéter est enfoncé progressivement(toujours placé dans sa gaine stérile) dans letrocart en place. La progression du cathéter

ne soulève en principe aucune difficulté. En cours deréalisation, le cathéter peut toutefois venir se coller àla paroi de la trachée et empêcher la progression.Faire pivoter légèrement le trocart suffit le plus souventà rétablir la progression. L’arrivée du cathéter aucarrefour trachéobronchique (après un parcours de40 à 50 cm) est le plus souvent accompagnée d’unetoux réflexe : le praticien peut se servir de ce repèrepour stopper la progression du cathéter.

7InjectionIl convient alors d’injecter rapidement 50 mlde sérum physiologique (tiédi de préférence)et de réaspirer aussitôt. Il convient de ne pas

aspirer trop fort pour éviter que le piston de la seringuene se désolidarise du dispositif d’aspiration (leprélèvement s’écoule alors par terre). La seringue etle cathéter peuvent être placés en zone déclive afinde faciliter la récolte du liquide.

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AspirationLa quantité de liquide recueilli est de 4 à5 ml, mais 1 à 2 ml suffisent généralement,sachant que le liquide récolté contient

environ 1 ml du sérum physiologique injecté. Il arrivede ne rien récolter. La procédure peut être renouveléeau moins une fois, en réinjectant 50 ml.

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ConditionnementLe liquide est transféré dans un tube secstérile à l’aide d’une aiguille à usage unique.Le tube est identifié. Idéalement, il est

conseillé d’envoyer le prélèvement dans la journéeau laboratoire d’analyses sous couvert du froid positif(+ 4 °C). Les titres en pasteurelles restent stables durantquarante-huit heures et ceux en mycoplasmes pendantquatre-vingt-seize heures.

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Bibliographie1 - Douart A, Lemarchand F, Assié S.L’aspiration transtrachéale chez lesbovins. Bull. GTV. 2001;12:13-16.

2 - Espinasse J, Alzieu JP,Papageorgiou C et coll. Use oftranstracheal aspiration to identifypathogens in pneumonic calves.Vet. Record. 1991;129(15):339.

3 - Pringle JK. Ancillary testing forthe ruminant respiratory system.Vet. Clin. North. Am. Food. Anim.Pract. 1992;8:243-256.

4 - Radostits O, Gay CC, Blood DCet coll. Veterinary Medicine. 9th ed.WB Saunders ed., New-York.2000:1877p.

5 - Viso M, Espinasse J, Laval A.L’aspiration transtrachéale chez lesbovins : technique et traitementdes échantillons prélevés aulaboratoire. Rec. Méd. Vét.1983;159:1059-1064.

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Rubrique formation

InsertionLe trocart est introduit de manière francheet perpendiculairement à la trachée.L’ouverture du trocart est orientée

ventralement par rapport au bovin pour faciliter aumaximum le coulissement du cathéter. Une fois latrachée traversée, il convient de rabattre le mandrinparallèlement à la peau.

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51/ N° 257 / Juillet 2005 / Le Point Vétérinaire

Remerciements à Jean-Paul Guédas.

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