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CHOIX DE NOUVELLES Poe, Maupassant, Gautier, Gogol Nouvelles fantastiques Classiques & Contemporains & COLLÈGE / LP

Poe, Maupassant, Gautier, Gogol · 2017. 1. 24. · en Europe et écrit des nouvelles (Tarass Boulba, Les Récits de Saint-Pétersbourg), une pièce satirique sur la bureaucratie

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  • C H O I X D E N O U V E L L E S

    Poe, Maupassant,Gautier, GogolNouvelles fantastiques

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    COLLÈGE/LP

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  • Poe, Gautier, Maupassant, GogolNouvelles fantastiques

    Présentation, notes, questions et après-texte établis par

    SYLVIE HOWLETTprofesseur de lettres

    Collection animée par

    Jean-Paul Brighelli et Michel Dobransky

    Classiques Contemporains&

  • PRÉSENTATIONLe fantastique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5LE CŒUR RÉVÉLATEURTexte intégral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7DEUX ACTEURS POUR UN RÔLETexte intégral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21LA NUIT

    Texte intégral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41LA PERSPECTIVE NEVSKITexte intégral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53

    Après-texte

    POUR COMPRENDRELE CŒUR RÉVÉLATEUR . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118DEUX ACTEURS POUR UN RÔLE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121LA NUIT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 125LA PERSPECTIVE NEVSKI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127

    GROUPEMENT DE TEXTESLe fantastique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131

    INFORMATION / DOCUMENTATIONBibliographie, filmographie, Internet . . . . . . . . . . . . . . . 137

    Sommaire

  • Présentation 5

    LE FANTASTIQUE

    Le fantastique naît à la fin du XVIIIe siècle, comme une révolteaprès deux siècles de Raison triomphante. Le classicisme prônaitl’ordre et la mesure ; le rationalisme des Lumières condamnaitl’imagination au profit des sciences.

    En Angleterre, des romans font exploser les règles de la raisonet du bon goût. Le mot « romanesque » (romantic) donne le ton àun mouvement, le romantisme, qui va s’étendre au continent. Lesromans gothiques de Walpole (Le Château d’Otrante, 1764), deRadcliffe (Le Confessionnal des pénitents noirs, 1797) et de Lewis(Le Moine, 1795) lancent le genre fantastique. Leurs intrigues sesituent dans des manoirs isolés, des couvents inquiétants, deslandes sinistres. On y rencontre des jeunes filles séquestrées, desmoines pervers et l’ombre du Malin.

    Le mot fantastique vient du grec phantastikos, formé sur phan-tasia (« apparition, imagination »). Cette étymologie souligne lerôle ambigu de l’image. Ce qu’on voit existe-t-il vraiment ou pro-vient-il de l’imagination ? Tout réside dans cette incertitude. Lesécrivains fantastiques puisent dans la religion une inspirationdémoniaque : les crimes de l’Inquisition, les fantasmes de l’enfer.Du Frankenstein de Mary Shelley (1817) au Faust de Goethe(1832), la figure de Satan s’impose. Par la suite, le Diable se faitplus intime : il habite le cœur même des héros.

    Edgar Allan Poe (1809-1849), romancier américain (traduit parBaudelaire), perd tôt ses parents, puis sa femme. Désespéré, il

  • sombre dans l’alcool, les délires et la misère. Aux Aventures d’ArthurGordon Pym (1838) succèdent des poèmes mélancoliques (LeCorbeau, 1845), puis des nouvelles policières et fantastiques(Histoires extraordinaires, 1840, et Nouvelles Histoires extraordinaires,1845). Le Cœur révélateur illustre l’ambiguïté fantastique : est-cel’incarnation du remords ou la vengeance posthume de la victime ?

    Nikolaï Gogol (1809-1852) vit dans la Russie du tsar autori-taire Nicolas Ier (1825-1855). Déchiré entre une ironie caustiqueet un mysticisme qui le conduira à la folie et à la mort, il voyageen Europe et écrit des nouvelles (Tarass Boulba, Les Récits deSaint-Pétersbourg), une pièce satirique sur la bureaucratie (LeRevizor, 1836) et un roman (Les Âmes mortes, 1842). LaPerspective Nevski (1835) relate deux aventures suscitées par leDiable insufflant aux hommes des désirs qui les tuent.

    Théophile Gautier (1811-1872), après une période roman-tique, expose sa théorie de « l’art pour l’art » (culte du beau) dansla préface de son roman Mademoiselle de Maupin (1835) etl’illustre dans ses poèmes (Émaux et Camées, 1852). Mais il nedédaigne ni le genre historique (Le Capitaine Fracasse, 1863), niles nouvelles fantastiques (dont la célèbre et vampirique Morteamoureuse). La nouvelle de Gautier s’inspire du Faust de Gœthe.

    Guy de Maupassant (1850-1893) combine les lieux(Normandie, Paris) et les genres (réalisme, naturalisme, fantas-tique) dans ses romans (Une vie, 1883 ; Bel-Ami, 1885 ; Pierre etJean, 1888) comme dans ses nouvelles (La Maison Tellier, 1881;Les Contes de la bécasse, 1883 ; Le Horla, 1887 ; etc.). La Nuit faitmonter peu à peu une inquiétude trouble qui confond narrateuret lecteur dans une même défiance face à la réalité.

    Présentation6

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    Edgar PoeLe Cœur révélateur

    Traduction de Charles BAUDELAIRE

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    Vrai ! – je suis très-nerveux, épouvantablement nerveux, –je l’ai toujours été ; mais pourquoi prétendez-vous que je suisfou ? La maladie a aiguisé mes sens, – elle ne les a pas détruits,– elle ne les a pas émoussés1. Plus que tous les autres, j’avais lesens de l’ouïe très-fin. J’ai entendu toutes choses du ciel et de laterre. J’ai entendu bien des choses de l’enfer. Comment doncsuis-je fou ? Attention ! Et observez avec quelle santé, – avecquel calme je puis vous raconter toute l’histoire.

    Il est impossible de dire comment l’idée entra primitivementdans ma cervelle ; mais, une fois conçue, elle me hanta nuit etjour. D’objet, il n’y en avait pas. La passion n’y était pour rien.J’aimais le vieux bonhomme. Il ne m’avait jamais fait de mal. Ilne m’avait jamais insulté. De son or je n’avais aucune envie. Jecrois que c’était son œil ! Oui, c’était cela ! Un de ses yeux res-semblait à celui d’un vautour, – un œil bleu pâle, avec unetaie2 dessus. Chaque fois que cet œil tombait sur moi, monsang se glaçait ; et ainsi, lentement, – par degrés, – je me misen tête d’arracher la vie du vieillard, et par ce moyen de me déli-vrer de l’œil à tout jamais.

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    1. Se dit d’abord d’une pointe ou dutranchant d’une lame, rendusmoins coupants. Ici, Poe file la mé-taphore : « La maladie a aiguisémes sens [...] ne les a pas émous-sés. »2. Du latin theca, « étui ». Tacheblanche et opaque sur la cornée.

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    IRE L. 1-8 : Quel procédé typographique

    rend l’effet d’obsession ?L. 2-3 : Le narrateur s’adresse-t-il àquelqu’un en particulier ?L. 13-19 : Quel aspect du « vieuxbonhomme » explique le projet crimineldu narrateur ?

  • 1. Cette boîte à armature de fer, avec des facettes deverre, est garnie de volets qui permettent « d’as-sourdir » la lumière, d’en diminuer la puissance jus-qu’à ne laisser qu’une petite ouverture pour un simple faisceau lumineux ou même occulter complètement la source de lumière.

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    IRE L. 20 : Pour la seconde

    fois, quel jugement estrécusé par le narrateur ?

    Maintenant, voici le hic ! Vous me croyez fou. Les fous nesavent rien de rien. Mais si vous m’aviez vu ! Si vous aviez vuavec quelle sagesse je procédai ! – avec quelle précaution, –avec quelle prévoyance, – avec quelle dissimulation je me misà l’œuvre ! Je ne fus jamais plus aimable pour le vieux que pen-dant la semaine entière qui précéda le meurtre. Et, chaque nuit,vers minuit, je tournais le loquet de sa porte, et je l’ouvrais, –oh ! si doucement ! Et alors, quand je l’avais suffisammententrebâillée pour ma tête, j’introduisais une lanterne sourde1,bien fermée, bien fermée, ne laissant filtrer aucune lumière ;puis je passais la tête. Oh ! vous auriez ri de voir avec quelleadresse je passais ma tête ! Je la mouvais lentement, – très, très-lentement, – de manière à ne pas troubler le sommeil duvieillard. Il me fallait bien une heure pour introduire toute matête à travers l’ouverture, assez avant pour le voir couché sur sonlit. Ah ! un fou aurait-il été aussi prudent ? – Et alors, quandma tête était bien dans la chambre, j’ouvrais la lanterne avecprécaution, – oh ! avec quelle précaution, avec quelle précau-tion ! – car la charnière criait. – Je l’ouvrais juste pour qu’unfilet imperceptible de lumière tombât sur l’œil de vautour. Etcela, je l’ai fait pendant sept longues nuits, – chaque nuit juste

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  • BIE

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    IRE L. 53-54 : Le narrateur éprouve-t-il,

    au moment de commettre son acte,un sentiment de culpabilité ?

    à minuit ; – mais je trouvai toujours l’œil fermé ; – et ainsi ilme fut impossible d’accomplir l’œuvre ; car ce n’était pas levieux homme qui me vexait, mais son mauvais œil. Et, chaquematin, quand le jour paraissait, j’entrais hardiment dans sachambre, je lui parlais courageusement, l’appelant par son nomd’un ton cordial1 et m’informant comment il avait passé lanuit. Ainsi, vous voyez qu’il eût été un vieillard bien profond,en vérité, s’il avait soupçonné que, chaque nuit, juste à minuit,je l’examinais pendant son sommeil.

    La huitième nuit, je mis encore plus de précaution à ouvrirla porte. La petite aiguille d’une montre se meut plus vite quene faisait ma main. Jamais, avant cette nuit, je n’avais sentitoute l’étendue de mes facultés, – de ma sagacité2. Je pouvais àpeine contenir mes sensations de triomphe. Penser que j’étaislà, ouvrant la porte, petit à petit, et qu’il ne rêvait même pas demes actions ou de mes pensées secrètes ! À cette idée, je lâchaiun petit rire ; et peut-être m’entendit-il, car il remua soudaine-ment sur son lit, comme s’il se réveillait. Maintenant, vouscroyez peut-être que je me retirai, – mais non. Sa chambre

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    1. Du latin cor, cordis, « cœur ». Sedit de paroles, de gestes ou d’atti-tudes qui expriment avec sincéritéla sympathie.2. Du latin sagax, « qui a l’odoratfin ». Intelligence fine qui fait dé-couvrir et comprendre les chosesles plus difficiles. Perspicacité, sub-tilité, pénétration d’esprit.

  • 1. Substance résineuse brun foncé,tirée du pin ou du sapin, qui a despropriétés agglutinantes (on peutl’utiliser comme colle). Au MoyenÂge, on la faisait chauffer pour laverser sur les assaillants des châ-teaux forts.

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    IRE L. 77-80 : Le narrateur a-t-il déjà lui-

    même éprouvé la terreur qui étreint levieillard ?

    était aussi noire que de la poix1, tant les ténèbres étaientépaisses, – car les volets étaient soigneusement fermés, decrainte des voleurs, – et, sachant qu’il ne pouvait pas voir l’en-trebâillement de la porte, je continuai à la pousser davantage,toujours davantage.

    J’avais passé ma tête, et j’étais au moment d’ouvrir la lan-terne, quand mon pouce glissa sur la fermeture de fer-blanc, etle vieux homme se dressa sur son lit, criant : – Qui est là ?

    Je restai complètement immobile et ne dis rien. Pendant uneheure entière, je ne remuai pas un muscle, et pendant tout cetemps je ne l’entendis pas se recoucher. Il était toujours sur sonséant, aux écoutes ; – juste comme j’avais fait pendant desnuits entières, écoutant les horloges-de-mort dans le mur.

    Mais voilà que j’entendis un faible gémissement, et je recon-nus que c’était le gémissement d’une terreur mortelle. Cen’était pas un gémissement de douleur ou de chagrin ; – oh !non, – c’était le bruit sourd et étouffé qui s’élève du fond d’uneâme surchargée d’effroi. Je connaissais bien ce bruit. Bien desnuits, à minuit juste, pendant que le monde entier dormait, ilavait jailli de mon propre sein, creusant avec son terrible écholes terreurs qui me travaillaient. Je dis que je le connaissais bien.

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  • 1. Du latin furtivus , « dé-robé ». Fait à la dérobée et rapidement. Subrepticement.

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    IRE L. 86-88 : Combien d’explications le

    vieillard trouve-t-il au bruit qui l’a éveillé ?L. 90-92 : Le vieillard a-t-il eu laprémonition de sa propre mort ?L. 100 : À quoi est comparé le rayon de la lampe ?

    Je savais ce qu’éprouvait le vieux homme, et j’avais pitié de lui,quoique j’eusse le rire dans le cœur. Je savais qu’il était restééveillé, depuis le premier petit bruit, quand il s’était retournédans son lit. Ses craintes avaient toujours été grossissant. Il avaittâché de se persuader qu’elles étaient sans cause, mais il n’avaitpas pu. Il s’était dit à lui-même : – Ce n’est rien, que le ventdans la cheminée ; – ce n’est qu’une souris qui traverse le par-quet ; – ou : c’est simplement un grillon qui a poussé son cri.Oui, il s’est efforcé de se fortifier avec ces hypothèses ; mais toutcela a été vain. Tout a été vain, parce que la Mort qui s’appro-chait avait passé devant lui avec sa grande ombre noire, etqu’elle avait ainsi enveloppé sa victime. Et c’était l’influencefunèbre de l’ombre inaperçue qui lui faisait sentir, – quoiqu’ilne vît et n’entendît rien, – qui lui faisait sentir la présence dema tête dans la chambre.

    Quand j’eus attendu un long temps très-patiemment, sansl’entendre se recoucher, je me résolus à entrouvrir un peu lalanterne, mais si peu, si peu que rien. Je l’ouvris donc, – si fur-tivement1, si furtivement que vous ne sauriez l’imaginer, – jus-qu’à ce qu’enfin un seul rayon pâle, comme un fil d’araignée,s’élançât de la fente et s’abattît sur l’œil de vautour.

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  • Il était ouvert, – tout grand ouvert, et j’entrai en fureur aus-sitôt que je l’eus regardé. Je le vis avec une parfaite netteté, –tout entier d’un bleu terne et recouvert d’un voile hideux quiglaçait la moelle dans mes os ; mais je ne pouvais voir que celade la face ou de la personne du vieillard ; car j’avais dirigé lerayon, comme par instinct, précisément sur la place maudite.

    Et maintenant, ne vous ai-je pas dit que ce que vous preniezpour de la folie n’est qu’une hyperacuité1 des sens ? –Maintenant, je vous le dis, un bruit sourd, étouffé, fréquentvint à mes oreilles, semblable à celui que fait une montre enve-loppée dans du coton. Ce son-là, je le reconnus bien aussi.C’était le battement du cœur du vieux. Il accrut ma fureur,comme le battement du tambour exaspère le courage du soldat.

    Mais je me contins encore, et je restai sans bouger. Je respi-rais à peine. Je tenais la lanterne immobile. Je m’appliquais àmaintenir le rayon droit sur l’œil. En même temps, la chargeinfernale du cœur battait plus fort ; elle devenait de plus en plusprécipitée, et à chaque instant de plus en plus haute. La terreurdu vieillard devait être extrême ! Ce battement, dis-je, devenaitde plus en plus fort à chaque minute ! – Me suivez-vous bien ?

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    1. Mot composé à partir du préfixegrec hyper, « au-dessus, plus », et dusubstantif acuité, « qui est aigu ». Dé-veloppement excessif des percep-tions sensorielles. B

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    LIR

    E L. 108-109 : Pour la seconde fois,le narrateur insiste sur unecapacité très particulière.Laquelle ?L. 110-114 : Le battement du cœurest comparé deux fois enquelques lignes. À quels objets ?

  • POUR COMPRENDRE

    LE CŒUR RÉVÉLATEURÉtape 1 L’incipit ......................................................................................................... 118Étape 2 Le regard maléfique .................................................................... 119

    DEUX ACTEURS POUR UN RÔLEÉtape 1 Un rendez-vous au jardin impérial ................... 121Étape 2 Le gasthof de l’Aigle à deux têtes ............................. 123Étape 3 Le théâtre de la porte de Carinthie .................... 124

    LA NUITÉtape 1 Cauchemar ? .......................................................................................... 125

    LA PERSPECTIVE NEVSKIÉtape 1 La parade des masques ......................................................... 127Étape 2 L’aventure de Piskariov .......................................................... 128Étape 3 L’aventure de Pirogov .............................................................. 130

    GROUPEMENT DE TEXTESLe fantastique .................................................................................................................................... 131

    INFORMATION/DOCUMENTATIONBibliographie, filmographie, Internet ........................................................ 137

    Après-texte

  • LE CŒUR RÉVÉLATEUR

    PAGE 9 LIGNES 1 à 19

    L’INCIPITPO

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    Lire1 Étudiez la syntaxe et le rythme dupremier paragraphe : quelle sensa-tion provoquent-ils ?

    2 Quel est le rôle des apostrophes aulecteur ?

    3 Le narrateur avait « le sens del’ouïe très-fin » (l. 5). Quel rôle cetteacuité jouera-t-elle à la fin de la nou-velle ?

    4 Que peut signifier la répulsion dunarrateur-héros pour l’œil du vieilhomme ?

    Écrire5 Développez les formules des lignes5-6 (« j’ai entendu toutes choses duciel et [...] de l’enfer »), en caractéri-sant ces « choses » par des méliora-tifs, des péjoratifs, des hyperboles,des métaphores, des comparaisons.

    6 Imaginez une justification plusconvaincante de la répulsion du hérospour l’œil du vieillard.

    Chercher7 Lisez le passage de Hamlet, deShakespeare, où le père du hérosévoque le ciel et l’enfer.

    L’INCIPIT ET LES FOCALISATIONS

    Incipit, mot latin qui signifie « cela commence », désigne les premièreslignes d’un récit. L’incipit donne le ton et fournit des informations majeures.Tout d’abord, qui parle ? Si c’est un narrateur omniscient, il s’agit de focali-

    sation zéro. Si le narrateur ne sait pas tout de l’intrigue ou des personnages, c’estune focalisation externe. Enfin, la focalisation interne exprime le point de vue d’unpersonnage. Ici, le narrateur est le héros (focalisation interne) : nous ne savonsrien de ce que pensent le vieillard et les policiers. Le ton est d’une importancecapitale : il peut être ironique (La Perspective Nevski) ; enthousiaste (La Nuit) ;apparemment neutre (Deux Acteurs pour un rôle) ou, comme ici, trop exalté. L’incipit livre d’autres informations : de qui (personnages) et de quoi (intrigue)parle-t-on ? Ici, le narrateur, obnubilé par son idée fixe, ne parle que de lui-mêmeet tente de rationaliser (« je suis très-nerveux ») ce qu’il pressent comme unefolie. Il donne des indices majeurs pour la fin du récit : une « ouïe très-fine »... quile perd ; une nervosité qui le mène au crime ; une « histoire » qui devrait effrayer.Des adverbes (« épouvantablement »), des avertissements (« attention ») etl’évocation de l’enfer ne peuvent qu’inciter le lecteur à imaginer le pire.

    À SA

    VOIR

  • Poe, Maupassant, Gautier, Gogol Nouvelles fantastiques

    « Suis-je fou, ou bien le Diable, avec ses ruses les plus subtiles, sejoue-t-il de moi ? » Telle est la question qui obsède la plupart deshéros de récits fantastiques. C’est la cas ici, qu’il s’agisse du Cœurrévélateur de Poe, de Deux Acteurs pour un rôle de Gautier, de LaNuit de Maupassant, ou de La Perspective Nevski de Gogol.Interactifs avant la lettre, ces récits laissent le lecteur à la fois libred’interpréter ce qu’il lit et prisonnier d’une terreur sourde qui le fascine. Aux États-Unis comme en Russie et en France, la littératurefantastique se joue des angoisses les plus profondes de l’hommepour tailler des histoires à la mesure de ses cauchemars.

    Grâce au questionnaire, les élèves apprendront à mieux cernerla particularité de la nouvelle et du genre fantastique, endécouvrant les contraintes et les plaisirs de la forme courte eten reconnaissant les glissements du récit au discours, lesmodalisations et tous les procédés rhétoriques qui confèrentà l’intrigue ce charme mystérieux qui les incitera peut-être àentrer en écriture.

    NIVEAU : recommandé pour les classes de cinquième, quatrième, troisième (enseignement général), et pour les classes de seconde, première et terminale (enseignement professionnel).

    ISBN 978-2-210-75412-6

    -:HSMCLA=\ZYVW[:Pour télécharger gratuitement le Livretdu professeur des Nouvelles fantastiques,tapez www.classiquesetcontemporains.com(NUMEN obligatoire).

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