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des pharaons à nos jours

POISSONS ETCROCODILESD'AFRIQUE

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des pharaons à nos jours

POISSONS ETCROCODILESD'AFRIQUE

~ R éu ni o n'11111 d e s Mus é e s~ Na t io na ux

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Les textes de cet album ont été rédigés par Christian Lévêque,

Didier Paugy et Marie-Lise Sabrié (IRD)

avec la co llaboration de Marie-Claire Bataille (MNHN), Daniel Berl (IRD),

Michel Hignette (Aquarium de la porte Dorée), Jérôme Lazard (Cirad)

et Isabelle Mouas (IRD).

Remerciements

Mathieu Andre. Angélique Durant, Claude Ferrara, Ad K6nings, Sébastien

Lavoué, Hein Vanhee, Patricia Rigault, François Soleihavoup, Jos Snoeks,

Boris Wastiau, Rud Wildekamp , Unité Biodiversité et Dynamique des

Com munautés Aquatiques (MNHN).

...

La couverture est composée à partir de gravures

de G. A Boulenger et E. Geoffroy Saint-Hilaire

© Éditions de la Réunion des musées nationaux, 2006

49, rue Étienne-Marcel, 75001 Paris

© Institut de recherche pour le développement, 2006

213, rue La Fayette , 750 10 Paris

RMN : GK 39 5116

ISBN : 2-7118-5116-8

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INTRODUCTIONLe continent africain est proche de nous , Il nourrit nos rêves

d'aventure et de nature . L.:Afrique est réputée pour ses forêts,

ses savanes et ses déserts, mais surtout pour ses grands

mammifères. Sa faune aquatique reste, en revanche, mécon­

nue, celle que l'on ne voit pas, ou si peu, hormis les croco­

diles qui se prélassent sur les berges de lacs et de fleuves aux

noms évocateurs: le Nil ou le Niger, le Zambèze ou le Congo,

le lac Tanganyika ou le lac Victoria, entre autres...

Pourtant, les hommes installés au bord des fleuves qui irri­

guent ce vieux continent vivent de la pêche . Ils entretiennent

des relations ancestrales avec ces cours d'eau. La faune des

rivières fait partie du panthéon de nombreuses cultures, au

même titre que les génies des fleuves. Les Égyptiens, pour qui

le Nil était sacré, nous ont laissé de multiples momies de cro­

codiles et de poissons. De nos jours, la sacralisation des pois­

sons et des crocodiles est toujours inscrite dans la culture de

nombreuses sociétés africaines. Les techniques de pêche

très variées ut ilisées aujourd'hui en Afrique constituent éga­

lement un véritable patrimoine culturel. C'est ce monde à part

et mystérieux, celui des poissons et des crocodiles d'Afrique,

que nous vous invitons à découvrir ici.

Peinture sur le murd'un res taurantà Mopti (M ali!

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Heterotis niioticus,Hyperop isus bebe.Polypterus senegalusCes trois espècesappartiennent à desfamilles de poissonsendémiques en Afrique . .- - ..

, . . .

... -.... .-

. .

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Avec la découverte de Toumaï, au nord du Tchad, les plus

anciennes traces de nos ancêtres remontent à quelque 7 mil­

lions d'années. À notre échelle, cela paraît beaucoup, mais

c'est bien peu comparé à celle des poissons d'eau douce, dont

les premiers représentants ont laissé des fossiles qui datent

d'environ 600 millions d'années! L'Afrique est le continent le

plus riche en familles de poissons endémiques'. Certaines

d'entre elles comptent des espèces parmi les plus archaïques

qui vivent encore sur la planète. C'est le cas des protoptères,

des polyptères et des mormyres.

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1DÉRIVE DES CONTINENTSTous les poisso ns afri cain s ne sont pas uniques

en leur genre 1 Plu sieurs espèces prése ntent

de fort es ressemblances avec d'aut res vivanten Amé r ique du Sud ou en Asie, Il y a 200 m il­

lions d'années, en effet, nos cinq cont inents ,

reliés les uns aux autres. n'en forma ient qu'un

seul, ô combien mythi que, la Pangée, Quelque

80 milli ons d'années plus tard, l'Am érique du

Sud s'est séparée de l'Afr ique. Les faunes ont

dès lors évolué indépendamm ent à part ir de

quelques ancêt res communs. Heterotis niloticusl'Af ri cain a ainsi pour cous in Arapaima gigas,

un énorm e poisson du bassin de l'Amazone et

d' autres enco re en Asie. Parfois, certa ines

fami l les se sont étein tes sur un cont inent alors

qu' elles ont survécu ai l leu rs . C'e st le cas

notamment des polyptères, très répandus en

Afrique mais disparus d'Amérique du Sud, où

l'on retrouve néan moi ns des vest iges foss iles

de cette famille .

10111 POISSONS ET CROCODILES D'AFRIQUE

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f'['(.1'--

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-

QUAN 0 LE SAHARAETAIT VERT ET BLEUIl Y a 7000 ou 8 000 ans, le Sahara bénéf icia it

d' un climat beaucoup plus humide qu'au ­

jourd 'hui, Au bord de grands fleuves et de vastes

lacs , des hommes vivaient ento urés d'une faune

abo ndante d'une grande diversité, Chasseurs­

cueilleurs et éleveurs de bovins , ils nous ont

laissé des peintu res et des grav ures rupestres

qui témoignent de la présence d'eau pendant

une pér iode assez long ue pour que des hippo ­

potames, des crocodiles et même des poissons

aient pu s'y installer,

Dans un temp s encore plu s éloigné , il y a

7 mill ions d'années, les régions aujourd'hu i

désert iqu es de l'Af ri que sahélie nne abritaient

des forêts et des cours d'eau poissonneux,

..--

Non loin des ossements de Tcurnaï, les scienti­

fiques ont retro uvé les res tes foss iles de ver té­

br és : poisso ns , reptiles et mammifères,

L envi ronnement dans lequel évolua it Toumaï

devait être une m osaïque de r ivières et de lacs

bordés de forêt s- galeries au coe ur d'une sava­

ne arborée et de prai r ies herbeuses, tels les

paysages actuels du delta de lOkavanqo au

Botswana, Les vestiges d'un croco di le mesurant

ent re 7 et 8 m de long et d'une r iche faune de

poissons - poissons-chiens de plu s d'u n mèt re

de long , capit aines , gymnarq ues , polyptères ou

encore poisso ns-chats - sont autan t de preuves

de la pérennité et de la gran de étendue des

milieux aquat iques dans cette région d'Afr iqu e,

Il Y j 7 000 ou Il 000an le climat (fait

nurude au Sahar» .r .... qr avurr .s

r up- stre n Lyl!.

lplat eau du Mc akJE tta tet . s ile d.Wadllmrawenlr- VI lon: Il prr ~I nLE'

d, lleuv ~ ou dt 13eJU ivaren t crocodiles,

hippopotame-s t'

or» sonsPl(j(' d" g Juche

detail de la qr avunr .pesn E' If) Situ

P JgE' dl droit

r. Il'V qraptuquede tensernblo dela gravure

,.';

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réal isées à part ir des collections que le natu ra­

l iste constit ua lu i-m êm e en Égypte lors de l'ex ­

pédit ion de Bonaparte [1798- 18011

Au cours des décenn ies suivan tes, les descr ip ­

t ion s ne pr ogressèrent pas bea uco up plu s

rapidem ent. À la fin de la gu er re de 1870, le

nom bre d'espèces décr ites dépa ssait à peine

500, Il faut att end re la fin du XIX' siècle pour que

l'ichtyologie afr icaine prenn e son essor sous

l'impulsion de savants européens [Albe rt Günther,

Franz Steindachner, Georges Boulenger, Jacqu es

Pel legri nl Si, cu r ieuse me nt , aucu n d'ent re eux

- ou presqu e - ne séj ourn a en Afri que , ils enri­

chiren t considérableme nt la connaissance des

poissons africains à la fin des ann ées 1930,

plus de 2 000 espèces étaient ident ifiées.

Au lendema in de la Seconde Guerre mondiale,

les recherches reprennent de plus bel le avec

des ich tyologistes qu i, cette fois, par t icipent

activement aux études de terrain [Pete r H.

Greenwood, Ethelwynn Trewavas, Max Poll , Jean­

Pierre Gosse, Dirk Thys van den Audenaerde,

Jacq ues Daget, Keppe l H, Barna rd et Rex A

Jubbl. Aujo urd'hui , les sci entifi ques recens ent

près de 3 200 espèces de poissons dans les

eaux douces et saumâtres africaines , Ce nom­

bre reste provisoire , car la découvert e et la des­

cri pt ion de nouvelles espèces sont encore très

fréqu entes en Af riq ue, Ainsi , la faune des cich­

lidés. endémi que des gran ds lacs d'Afri que de

l' Est , est loin d'avoi r l ivré tous ses secrets ,

m êm e si plus d'un m il lier d'espèces ont déjà

été recensées dans les lacs Tanganyika, Malawi

et Victo ria, Avec les nouvell es méthodes d'ide n­

t if ication fon dées sur la biol ogie molécul ai re ,

l'in ventai re n'est pas près de s'achever..

FrdnCCJI -Jc-. ph Heim

Por t rai t de

Geoffroy Saint -HilaireD JSln.:::lU r Jf1 nr r

P ln "mu t a t, u r

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Gel ffroy e,"nl HI! JII­

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n rturelrc rj pJrl

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UN INVENTAIREINACH EVÉLe con tinent afri cain est resté en par t ie éme rgé

dep uis le précambrien, soit pendant 600 mill ions

d'années au moins, Ceci expliqu erait la présence

de familles de poissons d' eau douce plus diversi­

fiées et plus anc iennes que cel les de l'Améri que

du Sud qui a subi des invasions mar ines.

Les premières études sc ien ti fiques su r les pois ­

sons africa ins ont com mencé en Europe au

XVIII ' siècle, Le Franç ais Michel Adan son

[1727-1 8061. qui séjo ur na au Sénégal de 1749 à

1753, est le fonda teur de l'ichtyologie africa ine

moderne. Bien qu 'i l n' ai t ri en pub li é de son

vivan t sur les poissons, il a réuni un e im por tan­

te coll ect ion préparée en « herbie r ». Une parti e

fut offerte au Cabine t du ro i en 1756, l'aut re

déposée au Muséum de Par is . Georges Cuvier

et Achill e Valenciennes uti li sèr ent l'ensem ble

des spéci mens pour les 22 volumes de leur

His toire naturelle des Poissons paru e ent re

1828 et 1849, Environ 130 à 140 espèces de

poissons afr icains d'eau douce et saumât re y

sont citées, Cet ouvrage fait auss i la part belle

aux descr iptions d'Ét ienne Geoffroy Saint- Hilaire ,

/ '1 ,

12113 POISSONS ET CROCODILES D'AFRIQUE

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1Sarcophage en

forme de poisson

664-332 av, j CPoins, musee du Louvre

Les Égyptiens

m om ifi a ient

certains poissons

pUIS '''5 mettaient

parfois dan de

petits sarcophaqesd,_ bois comme

celUI-CI

Ce Svnodonn» omie«natu. alise fait partie

des nomb reux

specimens conserves

au Mu seum na tional

dHrstorre na tu relle

de Paris,

À CHAQUE ÉPOQUE,SA METHODEDE CONSERVATIONLes Égypt iens nous ont la issé de nombreuses

collections de poissons momifiés, Michel Adanson

a rapporté d'Afrique des « herbiers» où les

poissons étaient séchés « à plat» comme des

plantes, Étienne Geoffroy Saint- Hilaire faisait

naturaliser les spéc imens prélevés dans le Nil ,

Ils sont aujourd'hui encore intacts ,

Actuellement, les scient ifi ques fixent leurs col­

lections dans le formol sur le terrain puis les

conservent dans de l'alcool, Pour les recher­

ches en génétique, des tissus prélevés sur les

poissons sont aussi conservés dans de l'azote

l iquide, Les muséums de Londres, de Paris et

de Tervuren [Belg ique) dét iennent 80 % des

poissons de référence, Le M uséu m national

d 'His to ire naturelle à Paris dénom bre, pour

sa part, plus de 55 000 spécimens provenant de

la seule Afrique de l'Ouest.

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Aulonocara jacobfreibergi Nimbochromis venustus Lethrinops microstomaTro is espèces

de crchtidésL , grands lacs

d AIr que de l'Estcompte nt plus d'un

millier d espècesde c.chlidès. une

drversué sansequivalent dans les

eaux arncarnes.

Le ;t e.ov e: n 'e. 'M-pêc'rte

po-'\.s son de d O\'M-:....\.

Prov erbe d'Afrique de l'Ou est

14115 POISSONS ET CROCODILES D'AFRIQUE

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LE VIVIER DE DARWINPlu sieurs centai nes d'espè ces de cic hlidés

endém iques vivent dans les gra nds lacs d'Afr ique

de l'Est. On recense ain si trois cents espèce s

dans le lac Tanganyika, cinq cents dans le lac

Victoria et huit cents dan s le lac Malawi ,

Comm ent expl iquer cette diversité, qui n'a pas

d'équivalent sur le conti nent africain, notam ­

ment dans les fleuves ? Quelles sont les rela­

ti ons de parent é ent re ces espèces ? Selo n les

scient ifiques , des lignées pr im it ives or iginaires

d'Afri que de l'Ouest auraient to ut d'abord colo­

nisé le lac Tanganyik a, Cert ains de ces pois­

sons aura ient ensu ite em pr unté des fleuves

pour atte ind re fi nalement les lacs Victor ia et

Malawi, Ces cichli dés dér iveraie nt alo rs d'une

dizaine d'e spèces ances trales et ils se seraien t

diffé ren ciés les uns des autres au cours du

tem ps, Plu sieurs raisons expli queraient ce

nom bre anormalement élevé d' espèces, La

prem ière est d'ordre hi storiqu e : à ma intes

repri ses dan s le tem ps, les gra nds lacs se

seraient fr agm ent és en plusieurs pet its lacs

sous l'effet de l'ar idité et , dans chac un d'entre

eux, les poissons y auraient évolué séparément.

Lors de la rem ontée des eaux, les diffé rentes

espèces s'y sera ient maintenu es, La deuxiè me

hypothèse relève du compo rtement al ime nta ire :

les cichl idés aura ient adopté des régimes diffé ­

rents et leur mo rpho logie se serait diver sifiée

en fonct ion du type de nourriture et de son

mo de de captur e, Enfin, ces poisso ns sont en

général sédentaires et restent inf éodés à un

enviro nnem ent trè s restre int spéc ifi que à

ch aque espèce [nature du substra t , lumi nos ité ,

profondeur...]. Ils se seraient de ce fait adap tés

à ces divers types d' habitat. Au- delà des inter ­

rogat ion s qui subsiste nt encore , les gra nds lacs

d'Afr ique de l'Est const ituent de mag nifiqu es

laboratoires pour l'étud e de l'évol uti on.

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2 11 Poissons nomades 18

Développementembryonnaire d'unHeterobranchu s[poisson-chat ]Embryon douzeheures aprèsfécondation l il l. 1J

et développementdes larves de deuxà cinquante-quatreheures aprèséclosion l il l. 2 à 4).

2 12 Les poissons font leur nid 19

2 13 La sécheresse ne leur fait pas peur 20

2 14 Qui a inventé l'électricité? 21

2 15 Les poissons ne sont pas muets 22

2 16 La faim et les moyens 23

2 17 Il était une fois trois crocodiles... 24

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16117 POISSONS ET CROCODILES D'AFRIQUE

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2

- -....

DRÔLES DE MŒURSComme tous les organismes vivants, les poissons d'eau douce

africains se sont adaptés à leur environnement pour vivre ou

survivre . Confrontés à des conditions parfois «extrêmes »

- sécheresse prolongée, vie en eaux troubles, températures

élevées, etc . - ou, tout simplement. pour renforcer leurs chances

de perpétuer l'espèce, ils ont développé des comportements

parfois étonnants.

N'~fl..S~be.. ~o..~s ~n c.,oc:..ock..e.~

o..vo..-rtt d'o..vo\.., !:',o..ve..'s€. e.o.. '~v~~'~'

Proverbe africain

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POISSONS NOMADES

2 1Barrage tradit ionnel

de pêche sur leLogone [Nord­

Camero un].Les poissons. qui

migrent à la décruedepuis les plaines

inondées vers le lacTchad. sont capturés

dans les nasses enamont du fleuve.

18119 POISSONS ET CROCODILES D'AFRIOUE

De nombreux poissons effectuent des migra ­

tions pour se repro du ire dans les endro its les

plus favorab les à la croissance des Jeunes.

Beaucoup d'espèces qui vivent dans les zones

de savane , où les fleuves ont une seule crue

dans l'année, se reproduisent au début de la

montée des eaux. Les Jeunes se développent

dans les plaines inondées par le fleuve en crue ,

où ils trouvent abri et nourriture. Mais laissons

plutôt les pêcheurs africains nous décr ire ce

phénomène: « Quand le niveau de l'eau com­

mence à monter, les poissons aussi commen­

cent à partir en brousse, Qu'est -ce qu'ils vont

chercher? Les grains de jaaje [Ionie sauvage)

que la crue fait tomber dans l'eau. Ils les man­

gent , ils engraissent. Pour eux, c'est une pério­

de de fête. [...J À cette époque , l' herbe pousse

dans les mares: pas une herbe très haute , une

herbe qui vous arrive aux genoux, On voit bou­

ger l'herbe ce sont les poissons qui l'agitent

en circulant. [...J Lors de certaines décrues , les

poissons retournent au fleuve comme un vol

d'oiseaux. l ...] Quand les poissons montent en

brousse ils montent un à un . Mais lorsqu'ils

repartent tous ensemble, s'ils s'en vont la nuit,

l'aube ne trouvera pas un seul poisson adulte

en brousse: ils seront tous partis/ .. »

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Incubation buccaleCertaines espècesde poissons commececichlidéNimb ochromislivings/onii incubentleurs œufs dans labouche jusqu'à ceque les jeunessoient suffisammentindépendants.

LES POISSONS FONT LEUR NIDEn majorité ovipares, les poisson s se dist in­

guent par deux stratég ies de reprod uct ion . Les

uns pondent des m ill ier s d'oeuf s de petite ta il le

et les abandonnent à leur sor t ; quelques-uns

seu lement réussiront à survivre. Les au tres

produ isent un pet it nombre d'œufs , gén éra ­

lem ent de grande ta ille , et assure nt , à des

degré s divers, leu r prote ctio n. Ces so ins

pare ntau x so nt assez répa ndus chez les

poi sson s afr icain s.

Qui pourra it imaginer que , pour protéger leur

pro génitu re, des poisson s la conservent dans la

bouch e pend ant plu si eurs semaines, com m e le

font bea ucoup de cic hl idés ? Le plus souvent, la

fem elle incube les oeufs fécondés j usqu'à ce

que les je unes so ient indépendan ts . Elle les

abandonne pér iod iquement pour se nourrir,

pu is les repre nd . Mais, chez cer tai nes espèces ,

com me le t ilap ia 5a rotherodon melanotheron.

les mâ les se chargent de l"incubat ion. Chez

d'autres, les deux parents part ic ipent à cette

même tâche.

D'autre s espèces m ett ent leurs pet it s à l'abr i

dan s un nid. Observons par exem ple le gym­

narque . Dan s la pla ine d"inon dat ion du Ni ger,

au m oment de la crue , ce poisson construit son

nid dan s les pr airies flottantes de grami nées

appe lées « bourgou » iEchinocloa s tagninal. Il

est formé de t iges de bourgou sectio nnées à la

base et rep l iées les une s sur les aut res.

lensemble forme une sor te de sac de 150 cm

de hauteur et 80 cm de circ onféren ce env iron

qui flotte à la surfa ce de l'eau. Les parents

accè dent à l"intérieur du nid par un tunnel et y

déposent un mil l ier dœufs. Ils ne s'éloi gnent

jamais beau co up afin de les proté ger des

autre s poissons, notamment des polyptères qui

en sont très fr iands. Les jeunes quittent le nid

au bout de dix-hu it j ours lorsque le sac vitellin

est comp lètement résorbé .

Le com por tem ent de certa ins poisso ns n'est

pas sans rappeler celui du coucou qu i dépose

ses oeufs da ns le nid d'une au tre espèce d'o i­

seau, laquelle en prendra so in. Ain si , le po is­

son - chat 5yno dontis multipunctatus , endé­

m ique du lac Tanganyika. para site différentes

espè ces. essentie llement des cichl idés. Ces

dern iers vont incuber dan s leur bouche leurs

propres oeufs et ceux, de même ta il le, du pois­

son-chat. Toutefois , les oeufs de ce dern ier se

développent plu s vite et les larves affamées ,

toujours à l'abr i, com m encent à se nou rri r des

em bryon s et des larves de leur hôte .. Quel le

ingratitude 1

2 2

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Coconde protoptère

Musée royal del'Afrique centrale

(Tervuren, BelgiquelCe cocon permet auprotoptère de survivreà l'assèchement des

mares, Il peut yestiver sept à huitmois en attendantla remise en eau ,

Timbre illustré d'unNothobranchiusLes aqua riophilesse transmettent parla poste des oeufsd'Aplocheilidae,qui peuvent écloreaprès une dessicca­tion complète ,

Les Clar iaspeuvent parcourirquelques centainesde mètres horsde l'eau dans desprairies humidespour retrouver desmil ieux récemmentinondés,

2 3LA SÉCHERESSENE LEUR FAIT PAS PEUREn Af r iqu e, de nom breux pet its lacs , mares

ou cours d'eau s'assèchent tem porai rement.

Quelques espèces se sont adaptées pour survivre

à une dessiccation com plète, Lorsque le niveau de

l'eau diminue, le protoptère IProtopterus annec­tensl cre use da ns la vase un terrier vert ical et

une cham bre ar rond ie da ns laque lle il sécrète

une quant ité imp ortante de mu cus, Quand la

vase s'assèc he, le mu cu s se déshyd ra te,

fo rmant un cocon autou r du protoptère qu i

entre en est ivation , Le poisson reste im mobile,

repl ié sur lui -mê me , res pirant par une pet ite

ouverture au som met du cocon , Il peut rester

entre se pt et hu it mois, se lon la du rée de la

saison sèc he,

Quelqu es espèces des genr es Nothobranchiuset Aphyosemion habi tent da ns des ma res te m ­

pora ires d'Afriqu e tro pic al e, Entourés d'u ne

membra ne épai sse et enfoncés dans le sol ,

leurs oeufs peuvent rés iste r plu sieurs années et

se développ er une fois qu e le m il ieu est rem is

en eau, Cer tai ns poissons, regro upés so us le

nom de « kil l ies » et app réciés pou r leurs cou­

leurs par les aqua r ioph iles, ponde nt dans des

mares qu i s'assèc hent à la saison sèc he,

Leurs oeufs qui subissent un e dessiccat ion vont

ens uite éclore lors de la remise en eau des

ma res au reto ur de la plu ie, Les associations

aquar iophi les profitent de cette singularité pour

s'éc hanger ces poissons en envoyant les oeufs

conservés et desséchés.., par la poste,

20121 POISSONS ET CROCODILES D'AFRIOUE

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QUI AINVENTÉLÉLECTRICITÉ ?Lé lectri cité n' est pas l'apanage des hom me s,

et de nombreux poissons d'Afrique en rnaitri­sent la product ion. Malapterurus electricu s est

capable d'émettre une décharge électrique de

450 volts , l'u ne des plus élevées produ ites par

des poissons d'eau douce. Il utili se cet te facul ­

té pour im mobil iser et tuer ses pro ies . Il est

redouté par les pêche urs qui prennent mou lt

précauti ons pour le capturer.

Les poissons ne peuvent se rep érer à vue dans

les eaux souvent turbides des r ivières africa ines.

En outre , beaucoup de pois sons sont act ifs

la nuit et évolu ent dans un environ nem ent

semé d'obstacles, Grâce à un systè me d' élee­tro locat ion , cer tains peuvent se repérer , se

reconnaître et local iser les proies dont il s se

nourrissent.

Pour com muniquer, les mormyres émettent

aussi des signaux élect r iques très divers par

leur for me, leu r fréq uence ou leur rythme. Les

carac tér ist iques de la décharge élect rique

constit uent une véri tab le signat ure qui perm et

à chaque espèce de se recon naître. Au sein

d'u ne même espèce, les signaux peuvent aussi

var ier selon le sexe ou de l'é tat physiologiqu e

des indivi dus qui transmettent ainsi des info r ­

mat ions sur leur état d'agre ssivité ou de maturi­

té sexuell e. Les décharges de ces poissons ne

sont pas perçues par l'hom me, mai s ell es peu­

vent être enregistrées, amp lifiées et visuali sées

à l'aide d'un oscill oscope , Les scie nt ifiques

com mence nt à ut il iser ces signaux pour dif fé­

ren cier les espèces, ce qui prome t de nouvel les

découvert es...

MormyresPour communiquer,les mormyresuti l isent dessignaux électriquesdiff érent s selonles espèces,

2 4

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Scriptaphyosemion roloffi

2 5Kill ies

[voir illustration sci- dessus l

Petit s poissons tr èscolorés, les killies

sont appré ciéspar certains aqua­

ri ophiles. L'élevagede poissons d'orn e­ment est cependant

peu développé enAfriqu e, Ces pois­sons proviennent

essent iel lement duSud- Est asiatique ,

où des espèces or i­gina ires de toute laceinture int ert rop i-cale, y compr is de

l 'Afrique, font l' objetd'élevage s inte nsi fs ,

Scriptaphyosemion geryi

LES PO ISSONSNE SONT PAS MUETS

Le mi lieu aquat ique est loin d' êt re le « mon de

du silence » , De nombreuses espèces produi­

sent des sons pour communi que r , com me les

poisso ns -chats du genre Svnodotitis. Bien

connus des pêche urs af r icains, ils sont sur­

nomm és « konkon » en référe nce aux grogne­

ments qu 'i ls ém ettent hors de l' eau,

La commu nicati on chim ique joue également un

rôle détermi nant dans le mil ieu aquat ique , car

l'eau peu t t ransme tt re des messages ch imi­

ques sur de grandes distances , Les récepteurs

ol fact ifs sont situé s dans les cavités nasa les

alors que ceux du goû t sont généra lement

concentrés au niveau des barb il lon s, des bra n­

chies et de la bouche , Les poissons réag isse nt

immédia tement à la perception des subst ances

pro duites par leurs congénère s, leurs proies ou

leurs prédateurs, Parfo is, ils se servent d' éma ­

nat ions chimi ques pour empêcher le dévelop-

Pseudep iplatys annula tus

pement d' espèces proches , ma is qu i peuvent

leur faire concurre nce ,

Dans les eaux claires , de nomb reux poissons

écha ngent par des mouvements du corp s ou

des patron s de colorat ion, Ces signaux visuels

sont par t icu l ièrement développés chez certai ns

cichl idés ou cypri nodont iformes fort pr isés par

les aquari ophi les, Ce mo de de commun icat ion

est surtout uti l isé lor s de renco ntres entre

rivaux ou lors de para des nuptiales , Chez cer­

tains cichli dés , le mâ le possè de des taches

semblables à un œuf sur la nageoi re anale, La

femelle , att irée par ces « œufs» qu'elle prend

pour les siens , s'approche pour les gober et les

mettre à l'abri avec ceux qu'elle protège déjà ,

Le mâle profite de cet instant pour émettre

un nuage de sperme qui vient ainsi féco nder

l'ensemble des ovules gardé s en bouche par la

femelle,

Cet0-':"" '}0--\.. fO-ree t-rof e st- C O)'VL'rYLe 0-YL crocock t e ..

':"" t 0- 0-YLe ~ro..YLde 'oo0-c'lLe 'YVLo..':""s de fet-':""t-s 'or o..s .

Proverbe d'Afrique de l'Ou est

22123 POISSONS ET CROCODILES D'AFRIOUE

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L im press ionnantedenti t ion del' hydrocyon justifieson surnom de« poisson-c hien ».

Ce redouta bleprédateur se nourr itde poissons etparf ois de creve ttes .Machoire naturalisée[Hydracinus galia thl.

Ci-desso us, troispoissons or iginairesde divers continents,appartie nnent à desfami lles de poissonsdifférentes.On expl ique leur gr an­de ressemb lancemorph ologiqu e parleur comporteme ntal imentaire identique.

Hydro cynu s goliath

LA FAIM ET LES MOYEN SLes formes très var iées des poissons ne sont

pas que le fruit du hasard. Les poissons afr i­

cains présentent t rois gran ds type s de formes,

étroitement corrélés à leur rég ime al imenta ire .

Les « chasseu rs à l'affût " , comme les Hepsetus

au corps effilé, se caractérisent par une nageoi­

re dorsale très reculée . Capable s d'accéléra ­

t ions rapides, ce sont des prédateurs redouta­

bles . Infat igabl es nageurs, les « coureurs de

fond » recherchen t une nourriture dis persée

dan s l'eau qu 'ils « filt rent ». Ils possèdent un

cor ps fusif orme, un pédoncu le caudal étroit et

une queue généralement trè s échancrée.

L exem ple type est Alestes baremoze qu i fil tre le

zooplancton des lacs. Les « fou ineurs » se

déplacent peu, mai s doivent manœ uvrer dans

les an fractuos ités où se cachent leurs proies. Les

nageoires méd iane s et les nageoires paires

rapprochées leur assurent une me il leure apti ­

tu de au mouvemen t. Beaucoup de ci chl idés

possèdent ces caract ér ist iques, ainsi que les

mo rmyres qu i se nourri ssent de larves d'insec ­

tes. Des espèce s de poissons appar tenant àdes groupes géné t iquement différents ma is

aux comportement s al imenta ires sim ila ire s

peuvent présenter des ressemb lances morp ho­

log iques étonnantes. C'est le cas de l'es pèce

africa ine Hepsetus odoe IHepsetidael. du bro­

chet européen Esox lu cius [Esocidael et des

bro chet s-cro cod ile s amér ica ins du genre

Lepisosteus [Lepi sosteidael.

2 6

Hepsetus odoe (Afrique )

Esox Lucius {Europe}

Lepidosteus sp. [Csrs ïbesl

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Horus cavalierIV'-1( siècle apr. J.-C.

Grès, H. 46 cm ;l. 42 cm ; ép. 7 cm

Paris, musée duLouvre

Cette sculpturecopte souligne que

la puissanceet la féroc ité des

crocodiles sont unesource d'inspiration

pour l"imaginairedepuis des siècles .

Qù-o-.n o t:ù- t:fo-.Ve-fse-s o.ri e. f':""V.:....è.fe-, .:....e fe-ù-t: f:O-ff':""Ve-f

O'ê.t:fe- o-.Vo.f.é- fo.f ù-n CfOCOO.:....ee-, /YLo-. ':""s n e- t:e- t o..:....sse­

fo-.s /YLOfOfe- fo-.f te-s f e-t: ':"" t:s fo.:....ssons.Proverbe bambara, Mali

IL ÉTAIT UNE FOIS TROIS CROCODILES...

2 7 Les croco diles ressem blent à des lézards ou àdes iguanes. Cependant, dans l'arbre de l'évo­

lution, ils ont pour plu s proches parents les

oisea ux. Les croco diles sont en effet

les re présentants act uels des

arc hosaures, groupe apparu il y a

250 millions d'années, qui co m­

pren ait égale me nt les din o­

saures d isp ar us dep u is 65m ill ion s d 'ann ées. Les cro­

co d iles , eux, ont su rvéc u et

se seraien t diversi fiés au cré­

tacé 1135 à 65 mill ions

d'années avant

not re ère l.

Troi s es pèces de

crocodiles peuplent

les cours d'eau

d'Af r ique. Le plus

ré pan du, le crocodile

du Nil !Cr ocodylus niloti­

cus ], qui att eint 5 m et pèse

200 kg, peut vivre une cen tai­

ne d'a nnées. Les vast es

ma rais du Soudan héber­

gent encore , semble- t - il,

des spécimens de t rès

gra nde tai l le: ils m esurent

de 6 à 7 m de long, voire plus,

pou r un poids d'une tonne environ . Dans les

fle uves de la forêt tro picale , s'est établi le faux­

gavial ICrocodylus cataphractusl lon g

de 3 m, il imp ressionne avec ses lon gues

mâchoires effilées. Le croco dile d'Osbor n, di t

« à fro nt large » IOsteolaemus tetraspis], est

nain ne dépassant pas 2 m ; plus inoffensif, il

passe beaucou p de temps sur la ter re ferme .

Quel ques pêch eurs afr icains ont une mé thode

bien à eux - que ne partagent pas les scien tif iques

- pour évaluer l'âge des crocodiles «Chaque

année le croco dile avale un caillo u. Si t u lu i

ouvres le ventre et y t rouves quat re caillo ux, il a

vécu quatre ans. Si tu t rouves six cailloux, Il a

vécu six ans . Si tu t rouves cent cailloux, il a vécu

cent ans". »

Tous les croco diles son t ovipares. La fécon da­

t ion est interne et l'accouplement se produ it

dans l'eau. Dans un trou amén agé dans la

berge , la femelle dépose qu elques dizaines

d'œufs qu 'elle reco uvre de sable et de végé­

taux ... Pendant t rois m ois, elle ne s'élo ignera

guère du nid. Les croco diles partagen t avec les

tortu es une parti cu larit é étonnan te; le sexe

n'es t pas détermi né par les chro mosomes ,

ma is par la tempér at ure d'i ncubat ion au cours

des prem ières sema ines. Fins observa te urs,

les pêch eurs du Sénégal ont surpr is les strata ­

gèm es des feme lles pou r élo igner les curieux

24125 POISSONS ET CROCODILES D'AFR IOUE

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Pend ent if avec destêtes de cr ocodilesCôte- d'Ivoire,xx' siècleOr, H. 9,5 cm ;l. 6,6 cm: ép. 1,7 cmPari s, musée duquai BranlyPour les Baoul é, lecrocodile est à la foisLe dieu redoutable dufleuve et le symbolede la migrat ion de cepeuple au XVIII ' siècle.Elle fut précédéed'un sacr if ice à ladivinité.

et les prédateurs de leur pro géniture : « Quand

vient la saison sèche chaude , les crocod iles

pondent leurs oeufs. La femelle du crocodile ne

pond pas dans l'eau. Elle pond sur terre sèc he.

Elle creuse un grand trou où elle dépose ses

oeufs, puis elle les recouvre de terre. Quand elle

s'éloi gne, elle pre nd soin de ne pas laisser de

traces qui mo ntrent qu'un crocod ile est passé

par là. Elle marche dressée sur ses pattes et

efface l'empreinte de ses pattes avec sa queue,

pour qu'on ne sac he pas où el le a pon du", »

Au mom ent de l'éclos ion, les petits casse nt leur

coqu il le calcaire , blanche et épaisse , à l'aide

d' une dent provisoire située à l'extré m ité de

leur museau. Ils émettent de petits cr is, ce qui

alerte la femelle: le moment est venu d'ouvrir

le nid . Cel le-c i les trans porte alors à l'intérieur

de sa gueule Jusqu'à l' eau et cont inue à les pro ­

téger ainsi pendant plus ieurs sema ines . .

Carnivores , les croco diles chasse nt à l'affût; ils

peuve nt bondir hors de l'eau pour saisir une

pro ie située à plusieurs mèt res sur la rive, Les

jeunes, d'une ta ille inférieure à 50 cm, se nour­

risse nt d'i nsectes, de grenouilles et d'ara ignées.

Jeunes adu ltes , le croco di le du Nil et le fau x­

gavial se nour r issen t esse ntie lle me nt de pois ­

sons, Devenus adu ltes , les pre miers peuvent

s'atta quer à des grands ma mmifères com me

les buffles.

Ce crocodile, unfaux-gavial , estl'un e des troisespèces présent esen Afriqu e (r iviè reMamb il i, réserveOdzala, Congo!.

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Le lancer d'épervierAujourd 'hu i, enAfr ique, la product ionde la pêche en eaudouce s'élèveà environ 2 millionsde tonnes par an.En maints endroits,les ressourcessont menacéesde surexploitation.

26127 POISSONS ET CROCODILES D'AFRIQUE

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3Depuis des m illénaires, poissons et crocodiles occupent une

pla ce de choi x dans l'imaginaire col lect if en Afrique , Doit-on

évoquer l'origine aquatique de l'homme et remonter la chaîne

de l'évolution jusqu 'à la « sortie des eaux », il y a des m illions

d'années, pour expliquer les représentat ions de poissons en si

grand nombre sur les objets de la vie quot idienne, dans les

rites et cérémonies ? Ces relation s si durables entre l'homme

et les poissons pou rraient également se justifier par des rémi­

niscences inconscientes d'un lointain passé où les animaux

auraient été les maîtres des hommes avant de deven ir leurs

proies.

M~'JI't.-e. €.-e. fCX.SSOYL ~~ v.{.ech'Y'\..S €.'-e..o..u. 0. eou-~ou-rs soc-t-.

Proverbe du Cameroun

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Stèle d'Aarneroutadorant le dieu

SobekVers 1279-1070

av, J,-C,Sculpture en relief

sur calcaire ,H. 42 cm ; l. 45 cm

Paris, muséedu Louvre.

En Égypte ancienne,le culte du dieucrocodile Sobek

était particulière­ment important

dans la régionmarécageuse du

Fayoum.

CROCODILES ET POISSONS SACRÉS

3 1 Poissons et crocod iles appara issent très tôt

dans la mytholo gie égyptienn e, L Égypte ancienne

sacr ali sait part icu l ièrement quelques espèces .

La déesse Neith , reine des dieux du ciel , de

la ter re et du monde interméd iai re, souveraine

de la cité dEsna dans le de lta du Nil , a pour

animal sacré le poi sso n latès, symb ole de la

résurrection. D'après certa ins texte s, la déesse

qui se métamorphosa à plus ieurs reprises, pr it

la forme du poisson, Les Grecs rebap ti sèrent la

cité de Neith « Latopol is » . Le latès y étai t vénéré

et symbol isait la dées se. La vil le dOxyrh ynchos

en Haute-Ég ypte doit également son nom à un

pois son, l' oxyr hynque [Mormyrus kannumeJ.

Cette espè ce, reconnaissable à son museau

recourbé. étai t l iée à la déess e Hathor. De

nombreuses statuettes de bron ze révè lent

qu'il était objet de cul te dans toute l' Égypte. Le

t ilap ia [qui couve ses œufs dans sa bouche),

l'un des poissons les plus représentés dans

l'art égypt ien , est associé au dieu Atoum qui

créa le mo nde par un crachat.

Les poisso ns du fleuve n'étaient pas vénérés de

leur vivant mais à leur mort , sacrali sés par la

mo mi ficati on. C'est le cas en par ti cu l ier des

latès dont on a retrouvé de nombreuses mom ies

dans la nécropole dE sna Les lépidotes [Bar bus

bynni ou car pe du Nil), reconnaissab les à leur

gra nde nageo ire caudale, étaient recuei llis, àThèbes, dans des peti ts cerc ueils en bois peint

en forme de poisson.

Le dieu crocod ile Sobek étai t l'u ne des divin ité s

les plus im portantes de l'ancienne Égypte , Les

Égypt iens le représe ntaient sous la forme de

l'animal que nous connaissons ou avec le corps

d'un homme et la tête d'u n croc od ile. Être

ambivalent, il pouvai t apparaître comme une

puissance béné fiqu e l iée au Soleil et aux eaux

fécondantes ou, au contrai re, comme un être

red outab le, ennem i des dieux.

28129 POISSONS ET CROCO DILES D'AFRIOUE

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Palett e à fardVers 3500-3100

av. J.-C.Schiste, environ

H.15 cm;l.12 cm ;ép. l cm

Saint-Germain- en-Laye,musée des Antiquités

nationalesDans l'Égypt e ancien­ne, les poissons sont

très présent ssur les bas-reliefs.

la vaisse l le et lesobjets de to ilette.

Kom Ombo ou Crocod ilopolis dans le Fayoum

constituaient les principaux sanctuaires consa ­

crés à Sobek. Certains temples comportaient

des élevages. Là, des crocodiles parés d'or et

de pierres précieuses, portant des brace lets

aux pattes de devant , éta ient domestiq ués - ou

presq ue 1 - dans des bassins. À leur mort , ils

étaient embaumés et momifiés. Des m ill iers de

momies d'adu ltes ou de nouveau-nés ont ainsi

été retro uvées.

Poissons et crocodiles sacrés ..., l"Afrique contem­

poraine n'est pas en reste . La sacra l isation des

animaux du fleuve tient au moins en par tie aux

services qu'i ls ont rend us à des famil les ou à

des ethnies dans un passé lointain. Ainsi , une

branche des Cou l iba ly au Mal i vénère les

Heterobranchus [poissons-chats] parce que ce

poisson a aidé l'un de leurs ancêtres , poursuivi

par des ennemis , à traverser la rivière. On

raconte également qu'un chasseur assoiffé

rencontra un crocod ile qui le conduisit j usqu 'à

son trou où le chasse ur put se désa ltérer. En

reconnaissance , les descendants de cette

famille rendent un culte aux crocodiles . Dans

certa ins villages , les crocodi les peuvent circu­

ler parmi les cases .. sans être inq uiétés ni

mettre en danger la vie des hom mes.

De manière générale , certains animaux sont

cons idérés comme les véritables ancêtres, les

pères et mères des origines. Il est donc souvent

interdit de les chasser. Il faut parfois demander

la permiss ion à l'an imal avant de le tuer et

s'excuser ensuite de lui avoir pris la vie. Les

pêcheurs doivent aussi se conci lier les génies

des eaux et les divinités aquatiq ues. C'est le

cas sur le fleuve Niger dont un génie - faro en

bambara - hante les eaux. Les Bozo , une ethnie

de pêche urs , se reconnaissent une parenté

avec cet être myt hiq ue, maître de tout ce qui vit

dans l'eau et qui prend forme humaine. Les

Bozo ont passé un accord avec le faro pour

pêcher les poissons en certains l ieux. Ils lui

doivent des offrandes régu l ières et le respect

abso lu d'un certain nombre d'interdits. Le faro

a pour serviteur le crocodile par l'intermédiaire

duq uel il punit les homm es coupables d'avoir

négligé son culte.

Si les r ites liés à la chasse et à la pêche tendent

aujo urd 'hui à disparaître , de nombreuses

croyances perd urent. Écoutons un pêcheur du

fle uve Sénégal: «Voici les mauva ises créat ures

qu'i l y a dans l'ea u : l'hippopotam e, le lamant in,

le crocod ile et le muno-maayo [le djinn des

eauxl. [...] C'est le démon du fle uve qui vit dans

des endroits profon ds . Quand tu dép lo ies ton

grand filet , ou que tu lances le filet baalu, il

arrive que le filet s'accroche au fond . C'est

qu'une des mauvaises créat ures qui vit dans

30131 POISSONS ET CROCODILES D'AFRIQUE

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Port e au ser pent ava­lant un crocodile

Côte- d'Ivoire, BaouléBois

H, 1 cm ; l, 54 cmParis, musée

du quai BranlyIl existe aujou rd 'hui

encore en Afr ique desmares aux

croco diles sacrés,

l'eau le ret ient. El le happ era le jeune auque l on

dit de plong er pour alle r voir, Certain s disen t

alors "le filet l'a attrapé". »

Plusieurs espèces de poissons restent vé né­

rées en Afrique , C'est le cas en part icul ier du

silure , poisson à la fois com m un et mystérie ux,

vivant da ns l'ombre de la vase , robuste et

capab le de vivre hors de l'eau, Chez les Dogon

du Mal i, la symboli que du si lure prés ide aux

pr incipales étapes de la vie, Dans le mythe

d'origin e, les germes des deux prem iers hom­

mes avaient la forme d'un si lure, À sa nais­

sance, l'enfant passe de l'é tat de poisson dans

l'" eau-mère » à celui d'un être doué de paro ­

les, Plus tard, il est offe rt à la jeune fil le qui

devient femme et , lorsque survi ent une gros­

sesse , il est cons idéré comme son vérit able

époux, Les morts, enf in, sont préparés pour

ressembler à un si lure , et les dan ses r ituell es

lors des funéra ill es simulent la nage du pois­

son, Au Burk ina Faso, ce poisson- chat fa it

aussi l'objet d'un cult e, En juin 2005, les si lu res

sacr és d'une mare sit uée près de Bobo

Dioula sso ont été décimés par une eau souil ­

lée provenant d'installations industrie l les,

Trait és comme des huma ins , plusieurs centai ­

nes de ces silures qu i protègent la vil le ont été

ensevelis dans des linceuls,

(

'"

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3 2Fresqu e

Vers 1390 av. J.-C.Tombe de Menna,vallée des Nobles

En Égypte ancienne,le Nil regorgeait de

poissons que lesÉgyptiens consom­

maient en grandequantité .

UNE PÊCHE MENACÉEDepuis des mil lénaires, les poisso ns d'ea u

douce nourr issent les homm es. En Égypte

ancienne , le Nil ainsi que les lacs et les maré­

cages du delta regorgeaient de poissons que

les Égypt iens consom ma ient en gra nde quant i­

té. On possède de nomb reux témoi gnages de

leur importa nce dans l'ali me ntat ion, notam­

ment des tom bes de l'Ancie n Empire avec des

bas-relie fs ornés de scènes de pêche ou de

personna ges portant des pan iers rempl is de

poissons. Le poisso n constituait égale ment un

mot if décorat if sur la vaisselle ou les objets de

toilett e. Les représe ntatio ns son t parfois si réa ­

lis tes qu'i l est facile d'i dent ifier les espèces

représe ntées: poissons-chats, t ilapias, capitai­

nes, morm yres, car pes du Ni l, anguilles, m uges,

etc. Dans des sites habités , les archéologues

ont retro uvé un nomb re substa nt iel d'arêtes de

poissons et des instrume nts de pêche : ham e­

çons et harpons en os ou en ivoire, poids de terre

cuite pour lester les filets...

En Afr ique, la divers ité de ces instruments et

des techn iq ues de pêche révèle que les

pêche urs reste nt de f ins connaisse urs des par ­

t icularités biologiq ues et écolo giques des pois ­

sons qu i peuple nt leurs lacs et cours deau.

Autrefois, le matériel éta it bien souve nt adapté

à une espèce ou à une saiso n déterm inée .

Li ntrod uct ion du f ilet mail lant en Nylon tressé

après la Seconde Guerre mondiale puis des

f ilets « monofi lam ents » dans les années 1980

a modif ié considéra blement les prat iqu es. Ces

f ilets, plus rés ista nts que ceux qu i sont réalisés

en coton, ont été ra pide me nt adoptés pa r les

32133 POISSONS ET CROCO DILES D'AFRIQUE

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On ne tO-~sse rO-s t e r 0-\.sson

'j"Y; on 0- do-n s t e s IVLO--\.1'1.S

r 00-\ te ro~sson ~,Jon 0- S0 0-S

Le..s r~eds.

Proverbe mal inké, Sénégal

pêcheurs qui n'ont plus à les fabriquer.

Aujourd'hui, la production de la pêche en eau

douce s'élève à environ 2 millions de tonnes en

Afrique. En maints endro its , les ressources

sont proches de la surexplo itation. La pêche

illustre les difficultés à mettre en œuvre les

pr incipes du développement durable. Dans le

delta central du Niger par exemple , plus des

deux tiers des prises sont constituées par des

juvéniles de l'année; la taille des espèces pêchées

s'est considérablement réduite. Diff érents fac­

teurs se conjuguent pour expliquer cet état de

fait. Le déficit persistant des pluies depuis les

années 1970 ainsi que les barrages construits

sur le fleuve réduisent fortement l'étendue des

zones inon dables , l ieu de reproduction de nom ­

breuses espèces et source d'une abon dante

nourriture pendant la crue. La croissance démo­

graphique obl ige à prélever et à consommer de

plus en plus de poissons. L ut il isat ion de f ilets

ou de nasses aux mailles de plus en plus

pet ites , pour maintenir à court terme un niveau

de pro duction, con duit à la surpêche. Les

pêcheurs du delta commentent ainsi cette

évolution:« Si tu atten ds de pren dre les gran ds

poissons , alors qu'i l n'yen a pas , tu auras

atten du pour rien. C'est pour cela que mainte­

nant on pren d même les petits. Autrefois, on

disait de ne pas pren dre les petits poissons, de

les laisser gran dir. Mais cela n'ex iste plus

mai ntenant". »

En Afrique,la diversité destec hniques depêche montre queles pêcheurs sontde fi ns connaisseursdes particularitésbiologiques etécologiques despoissons des lacset des cours d'eau.

.. -

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DAHOMEY. - 2 j . • SEGBOROUÉ.. Le Lac Aémé

Source indispensablede protéines , la

pêche demeure uneactiv ité importantedans les fleuves etles lacs d'Afrique.

3 3 QUEL AVENIRPOUR LA PISCICULTURE ?

La demande en poisson est de plus en plus

grande en Afrique où il constitue un aliment à

la fo is très apprécié et indispensab le à l'équi­

lib re nutritionnel. La pisc iculture peu t-e lle être

une solution à l'épuisement quasi général de la

ressource des lacs et des r ivièr es 7 Beaucou p

fon t ce pari . De nombreuses recherches ont été

menées depu is la' Seconde Guerre mond iale

pour identifier les espèces africaines les mieux

adap tées à lélevaqe. La difficulté ne réside pas

tant dans la mise au poin t des systèmes d'éle­

vage que dans leur appropriation par les pisc i­

culteurs africa ins. Reproduire, nourrir, vendre

les poissons de pisciculture exige un environ­

nement soc iotechn ique favora ble. Celui- ci est

encore balbutiant en Afri que . contrairement à

l'Asie où la pisc iculture connaît un développe­

me nt sans précéden t depuis quinze ans. Les

espèces africaines , ident ifiées com me une res-

source pour l'élevage, sont ainsi produites à

grande éche lle hors de ce cont inent , en Asie ou

en Améri que latine.

Le tilapia représente l'espèce majeure de la

piscicultu re afr ica ine et, bien au -de là , du

monde tropical. Sa reproduction aisée en capti­

vité , sa rustic ité et sa plast icité en élevage ains i

que sa capacité à consom mer toutes sortes

d'a liments en font une espèce d'élevage idéale ,

nota m ment pour les pays en développement.

Les techniques d'élevage sont maintenant bien

maît r isées et peuvent s'adapter, voire s'inté­

grer, aux différents systèmes de prod uct ion

agricoles en Afri que. Ces caractéristi ques lui

ont valu le surnom de « poulet aquatiq ue» . Les

poissons-chats , en particulier les Clarias , font

égale ment preuve d' une bonne apt itude à la

pisciculture , mais leur reproduct ion plus com­

plexe en captivité et leur régi me ali mentaire

34135 POISSONS ET CROCODILES D'AFRIOUE

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plus exigean t en protéi nes requi èrent la pré­

sence de pisc icul te urs expér ime ntés.

Il deme ure un étonnant paradoxe. La production

mondiale de tilapias était supé rieure à 1,5 mill ion

de tonnes en 2003. Or, l'Afr ique. son conti nent

d'o rig ine, n'en a produ it que 3 %, loin derrière

l'Asie et l'Am ér ique lat ine. La pisc icu l tu re

demeu re donc encore une activité margi nale en

Afrique ma lgré les aides substantie lles appor ­

tées à la format ion des hom mes et au dévelop­

pement de cette activité , Les ra isons en sont

com plexes, mais il s'avère que la piscicu lture

est une activ ité tr ès ancie nne en Asie, alors que

l'Afr ique n'a pas de tradit ion dans ce domain e,

La situati on sem ble cepen dant évolue r. Oans

la zone trop icale hum ide notam ment, là où le

gib ier s'épu ise et où les conditio ns clima ti ques

rendent l'élevage diff icil e, des init iat ives se

m ultipl ient à tout es les échelles [art isanales,

vil lageo ises et industri el les] ma lg ré les nom­

breux échecs du passé, On ne peut que souhaite r

une me il leure intégr at ion de la pisciculture au

développ ement du continent africain. Oans

cette perspective, il faudra replace r le produ cteur

afr icain au centre du système de produ cti on

piscicole.

Ganvié .village lacustredu Bénin, prati queune piscicu ltu reextensive, appelée« acadja »,

N e d .\..sc ù-ee ~O-JYLO- .\..s t e r\.\..x. dù- r0.\..sson i-­e.sl: dO-ns t'eO-ù- o-vo.ne de t'O-vo'\"\ rêch.é.

Proverbe du Niger

~,,

't>..-

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INTERPRÉTATIONS PROPOSÉESPOUR LES PROVERB ES AFRICAINS

Le. po:"...ssori pr:""s do.ns to. no..sse.Cop1..'M..e.nce. à-. r é -t-t é c h :"" r. 1" .9Il faut réfl éch ir avant d'agir,

Le. 'or0-d: d0- -t-te.0-ve. n ie. 'M..pê.che. 1"0..5te. po:""sson de. d or'M..:""r. p.ltr-« Cause toujours, tu m'in téresses. »

N\ns0-H:e. ~o..'M..o..:""s o.rt crocod:""te.o..vo..nt d 'o.vo:""r tro..ve.rsé to.. r:....v:....è.re. . 1" .17Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué.

Ce.t0-:"" '1,-0-:"" po..rte. t rop e.sb CO'M..1Yt.e.0-n crocod:""te. .. :....e 0. o.ri e. ~ro.nde

'o00-C he. 1Yt.o..:""s de. pe.t:""ts 'oro..s. 1" .22Parler n'est pas agi r,

Q0-o..n d t0- tro..ve.rse.s o.ri e. r:""v:""è.re. ,:""t pe.0-t t o..rr :""v e.r d 'ê.tre. o..vo..té po.ro. rt crocod:""te., 1Yt.o.:""s ne. te. to.:""sse. 1"0.51Yt.ordre. po..r te.s pe.t:""h po:....ssons . p.2tr-Il ne faut pas se laisser marcher sur les pieds.

Mê.'M..e. te. po:""sson '1,-0-:"" v:""t do..ns e'eo.0­0.. t 00-~00-vs 50 :""-t-. 1".27L'homme est un étern el insatisfait.

O n ne. to..:""sse. 1"0..5 e.e. po:""sson '1,-0.on0.. do.ns te.s 1Yt.o..:""ns 1"00-' te. po:""sson»> 0.. 500-5 tes r:....e.ds . 1".33Un tien s vaut mieux que deux tu l'aur as.

Ne. d:""sc0-te. ~o.1Yt.o.:""s te. p,:""x

d0- po:""sson }0-:"" .e.st "do.n: e'e.o.0­o.vo.nt de. t o.vo ......, pe.che. . r .3SIl ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tu é.

36137 POISSONS ET CROCODILES D'AFRIQUE

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Crédits photographiques

p.1 : M. E. Bloch [haut] , E. Geoffr oy Saint Hilaire [bas] ;

p. 2 et 3 d'ap rès G. A. Boulenger [haut] . d'aprè s

E. Geoffroy Saint-Hilaire [bas] ; p. 4 : d'après G. A. Boulenger ;

p. 5 : d'après E. Geoffroy Saint -Hilaire; p. 6 : IRD/C.

Lévêque ; p. 7 : d'après G. A. Boulenger ; p. 8 et 9

d'apr ès G. A. Boulenger ; p. 10 : F. Soleihavoup [haut],

d'après G. A. Boulenger [bas], p. 11 : F. Soleihavoup - rele­

vé graphique d'après photographie de F. et F. Pottier ; p. 12

: RMN/musée du Louvre - dessin de F.-J. Heim ; p. 13 :

RMN/musée du Louvre - photo de H. Lewandoswki

lhautl, MNHN/C. Fer rara [bas] ; p. 14 : A. Kënings cichl id­

press ; p. 15 : d'après G. A. Boulenger ; p. 16 IRD/

M. Legendre ; p. 17 : d'après G. A.Boulenger [haut], d'après

E, Geoffroy Sain t-Hilai re [bas! ; p. 18 : IRD/C, Lévêque

[haut ], d'après G, A, Boulenger [bas] ; p,19 : A, Kënings

cichl id- press lhau tl ; p. 20 : Musée royal de l'Afriq ue cen ­

trale [Belg iquel - photo D. Berl [11. Poste du Buru ndi/ Dr

[21. aquarelle de C, Paugy/ Arbre ssence 131 ;

Directeur des éditionsde la Réunion des musées nat ionauxPierre Val laud

Chef du département du livreCatherine Marquet

Responsable d'édit ionVéronique Leleu

Conception graph iqueSylvia Martins

Relecture des textesClaire Marchandise

Notes

1. Organisme vivant que l'on ne trou ve que dans

une aire géographique donnée,

2, Poissons et pêches du fl euve Sénégal, Dak ar.

Fédérati on des Paysans organisés du Bakel.

1996. p. 53-56,

3, Ibid. p. 39,

4, Ibid ,

5, Ibid, p. 50.

6. Ibid, p. 95,

p. 21 : gravures de E, Geoffroy Saint -Hilaire - Collect ion

part icul ière/C o Lévêque ; p. 22 : R. Wildekamp ; p. 23 :

Aquarium tropical/Pala is de la Port e Dorée - photo de

D. Berl lhaut l, MNHN/C , Ferrara lbasl ; p. 24 :

RMN/ musée du Louvre - photo des frères Chuzevill e ;

p. 25 : RMN/mu sée du quai Branly - photo J.-G Ber izzi

lhautl , S. Lavoué lbas] ; p. 26 : IRD/ Gilles Mahé lhautl,

d'aprè s G. A. Boulenger [bas! ; p. 28 : RMN/mu sée du

Louvre - photo de F. Raux; p. 29 : musée du quai Branly;

p. 30 : RMN/ musée des Ant iqu ités nat ionales - photo Loïc

Hamon ; p. 31 : RMN/ musée du quai Branly ; p. 32 : Jean

Vert u , p. 33 : IRD/C. Dejoux ; d'après G. A. Boulenger ;

p. 34 : col lectio n part iculière/Co Lévêque [haut ], d'aprè s

G. A. Boulenger lbasl ; p. 35 : IRD/C. Lévêque , p. 36, 37 et

39 : d'après G. A. Boulenger ; p. 40 . D.Voorvelt/R egional

Inland Fisheries Research Cent re/ Malawi,

Photographies IRD : Base Ind igo (www.ird.lr/indigol

Fabri cat ionHugu es Charreyron

PhotogravureIGS Angoulême. France

Cet ouvrage a été achevé d'imprimer en juin2006 sur les pres ses de l'imprimerieTREBALLS GRAFICS. Barcelone , Espagne ,

Les textes ont été composés en Din etAl inasl-land-Plain.

Dépot léga l en juin 2006ISBN : 2-7118-5116-8

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R é un i o ndes Musée sNationaux

ri 7

S N 2 7118·51 6­

395116

1 1 1 19 782711851164

Avec ses forêts, ses savanes et ses grands

mammifères sauvages, l'Afrique nourrit

nos rêves d'aventure et de nature,

Sa faune aquatique, qui peuple les cours

d'eau depuis au moins 400 millions

d'années, reste en revanche méconnue ,

hormis les crocodiles qui se prélassent

sur Les berges des rivières. Pourtant, Les

hommes installés au bord des fleuves qui

irriguent la terre africaine vivent de la

pêche et entretiennent des rela tions an­

cestrales avec ce monde aquatique inscrit

dans un très riche patrimoine culture l.

Sacralisés depuis L'Égypte ancienne ,

poissons et crocodiles font toujours partie

du panthéon des cultures africaines. tout

comme les génies des fleuves. C'est ce

monde singulier et mystérieux que nous

vous invitons à découvrir ici.