Voyage: Sud ou Nord, les ples magntisent les touristes en qute de terres viergesVoyage: Sud ou Nord, les ples magntisent les touristes en qute de terres vierges voir les photosPhoto:AFP/Archives/ROBERT LABERGEPagayer entre des icebergs, skier sur la banquise... Le tourisme vers les ples est en plein essor et n'est pas forcment une menace lorsque ces terres protgent drastiquement leur nature fragile: il peut tre l'opportunit de sensibiliser les voyageurs au changement climatique."Il faut que les gens viennent dcouvrir les zones polaires, mais pas n'importe comment bien sr. Cela peut tre une opportunit formidable car on a besoin d'ambassadeurs qui tmoignent des bouleversements du rchauffement climatique, tellement rapides et considrables que mme la nature n'a pas le temps de s'adapter", dit l'AFP l'aventurier Nicolas Vanier."Le tourisme est galement intressant car ces rgions sont devenues de vritables dserts, sans hommes: si j'avais fait mon priple dans le Grand Nord il y a un sicle, j'aurais pu m'arrter dans des petits villages, mais aujourd'hui tous les Inuits et les Indiens sont concentrs dans des villes-aroports", rsume l'explorateur connu pour ses priples en chiens de traneaux.En Antarctique, 40.000 touristes, majoritairement des croisiristes, sont attendus pendant la saison 2015/2016 - contre 26.500 en 2011/2012, selon l'association Iaato qui reprsente les compagnies voguant vers cette destination.Un quart de ces voyageurs ne pourront cependant pas mettre pied terre: l'Antarctique est en effet protg par un Trait dont un chapitre ddi au tourisme (datant de 1994) interdit d'accoster aux bateaux transportant plus de 500 personnes, et limite 100 le nombre de personnes pouvant dbarquer la fois. Les semelles des visiteurs doivent galement tre "dcontamines" et leurs affaires brosses "pour ne pas introduire d'espces non indignes, des germes ou de la terre".- Un Arctique sans 'cowboys' ? -"En Antarctique, il n'y aura jamais de tourisme de masse grce cette rgulation. Mais j'aimerais que les mmes rgles soient appliques dans certaines eaux arctiques, pour ne pas avoir des acteurs qui se comportent comme des cowboys ! Des navires de plus de 5.000 personnes avec d'normes rservoirs pleins de fuel ne devraient pas tre autoriss", dplore auprs de l'AFP Daniel Skjeldam, prsident de Hurtigruten, une compagnie norvgienne spcialiste des croisires polaires.Car contrairement au continent Antarctique, l'Arctique est un territoire que se partagent huit pays - Canada, Etats-Unis (Alaska), Danemark (Groenland), Russie, Norvge, Finlande, Islande et Sude - d'o la difficult de parvenir une rglementation commune."Ces pays ont adopt des rgles de base communes" qui certes protgent l'environnement mais sont moins restrictives qu'en Antarctique, "notamment au Groenland, o un projet plus protecteur devrait aboutir d'ici un an", rsume Lionel Habasque, PDG du voyagiste franais Grand Nord Grand Large, spcialiste des voyages polaires.A ce jour, de gros paquebots de milliers de passagers peuvent donc encore accoster au Groenland, mme s'ils ne peuvent s'arrter que dans les trs grands ports, en raison de leur taille.Selon les donnes de l'Aeco, l'association des voyagistes proposant l'Arctique, quelque 70.000 touristes ont visit le Groenland en 2014 et plus de 40.000 le Spitzberg (Norvge)."Il y a de plus en plus d'intrt pour du tourisme dans ces rgions. Nous avons une croissance de 8% des passagers entre 2013 et 2014", indique le prsident d'Hurtigruten, Daniel Skjeldam.Le patron de Grand Nord Grand Large, qui organise des croisires "taille humaine" (10 140 passagers) et des randonnes pied, en ski nordique ou en kayak de mer entre les icebergs, renchrit: "Le monde polaire est devenu trs la mode" et l'activit de l'agence est "en croissance de 20%".- 'Rien de plus magique' -M. Skjeldam souligne que "les voyageurs veulent faire du tourisme durable". "Malheureusement, ils peuvent constater facilement eux-mmes les changements climatiques: notre objectif en les emmenant dans ces zones vierges est qu'ils deviennent une partie de la solution pour rsoudre les dfis climatiques", rsume-t-il.Aux les Lofoten, un archipel norvgien au nord du cercle polaire, la remonte des tempratures est dj bien visible des touristes: "Se retrouver randonner en short par prs de 25 degrs dbut juin Svolvaer, alors que la moyenne des tempratures sur les dix annes prcdentes ne dpassait pas les 12 degrs, c'tait compltement inattendu", tmoigne Maaux Maury, une touriste franaise qui a pass dix jours sur l'archipel."Ca fait vraiment prendre conscience que le rchauffement climatique est enclench", reconnat-elle.Mais que les touristes se rassurent: pour l'instant, les grandes tendues geles sont toujours l.Pour Dominique Albouy, responsable des voyages en Terres Polaires chez Grand Nord Grand Large, "il n'y a rien de plus magique que de se retrouver aux commandes de son propre attelage de chiens et n'entendre que le bruit des patins sur la neige".