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Politique de prévention de la violence et du harcèlement au travail

Politique de prévention de la violence et du harcèlement ......importante de la violence et du harcèlement au travail. Depuis longtemps préoccupée par ces problè-mes, la CSN

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Politique de prévention de la violenceet du harcèlementau travail

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Publié par la Confédération des syndicats nationaux

Production : Information–CSN

Rédaction : Marie-France Benoit, Service des relations du travail–Condition féminineMicheline Boucher, Service des relations du travail–Santé-sécurité-environnementLouise Brisson, Service des relations du travail–FormationAnne Pineau, Service juridique

Conception graphique : Mathilde Hébert

Impression : Impart Litho

ISBN : 2–89501–049-8

Dépôt légal : BNQ 2003

Dépôt légal : BNC 2003

Disponible à la librairie de la CSN

1601, avenue De Lorimier

Montréal (Québec) H2K 4M5

(514) 598-2151

[email protected]

MAI 2003

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Politique de prévention de la violenceet du harcèlement au travail

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Table des matières

Vers des milieux de travail exempts de violence et de harcèlement . . . . . . . . . . 3

D’une revendication militante à une politique confédérale . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

1. Les objectifs de la politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

2. Les définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

3. Le cadre d’application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

4. Le champ d’application de la politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

5. Engagement et responsabilités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

6. Le comité contre la violence et le harcèlement au travail . . . . . . . . . . . . . . . . 7

7. Les moyens d’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

8. Le traitement des plaintes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

9. La durée des mandats . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

10. L’adoption et la révision de la politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10

Fiches explicatives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

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LES TRAVAILLEUSES ET TRAVAILLEURS membresde la CSN doivent affronter de nos jours d’impor-tants bouleversements dans leur milieu de travail.Les nouveaux modes de gestion, l’augmenta-

tion de la mobilité du personnel, la flexibilité deshoraires et la multiplication des innovations tech-nologiques sont autant de nouvelles réalités quiprovoquent des tensions intergénérationnelles,une plus grande compétitivité et, finalement, desproblèmes de stress, de maladie et une hausseimportante de la violence et du harcèlement autravail.Depuis longtemps préoccupée par ces problè -

mes, la CSN intervient en soutenant le travail dessyndicats et des organisations affiliées dans leur luttecontre la violence et le harcèlement au travail.En décembre 2001, nous avons publié une

brochure intitulée Agir avant la tempête – unedémarche de prévention de la violence et du harcèle-ment au travail, afin d’inspirer les syndicats dansleur action pour faire reculer ces phénomènes etaussi soutenir les travailleuses et travailleurs vic-times de violence ou de harcèlement.Nous ajoutons, avec ce document, une autre

flèche à notre carquois : une politique de préven-tion de la violence et du harcèlement au travail.Cette politique pourra être adaptée à vos be -

soins et au fonctionnement spécifique de votremilieu de travail. Elle pourra être soumise à votre instance déci-

sionnelle (bureau ou conseil fédéral, ou assembléegénérale du conseil central ou de votre syndicat),et ce, conformément à vos statuts et règlements.

Cette politique est une façon concrète de fairede la prévention et de sensibiliser nos membres enles aidant à mieux comprendre ces nouveaux phé -nomènes.Elle s’appuie sur les valeurs, règles de conduite

et pratiques syndicales mises en avant dans laDéclaration de principe de la CSN1 : L’établissement de rapports sociaux fondés sur lajustice, le respect de l’autonomie et de la liberté re -présente la condition première et indispensable pouratteindre à la dignité. Il n’est pas de progrès qui nepasse par le respect de la personne, de son intégritéphysique et psychologique. Il n’est pas de libérationqui ne soit fondée sur la certitude qu’avant lesconcepts et les idéologies, il y a des hommes et desfemmes en fonction desquels doit être orienté le dé -veloppement économique et social.

Ces valeurs et pratiques syndicales sont re -produites dans les codes d’éthique, là où ces codesexistent.Nous espérons que cette politique de préven-

tion saura soutenir votre travail syndical en faisantdiminuer les phénomènes de violence et de har-cèlement au travail, et qu’elle facilitera le travailde sensibilisation auprès de nos membres. Nous souhaitons également que les annexes et

les fiches explicatives qui complètent ce documentvous seront d’un secours quotidien dans l’applica-tion de cette politique de prévention de la vio-lence et du harcèlement au travail.

Claudette Carbonneau Roger ValoisPrésidente de la CSN Vice-président de la CSNResponsable de la condition féminine Responsable de la santé-sécurité-environnement

1. Déclaration de principe de la CSN, 1999.

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PrésentationVers des milieux de travail exempts de violence et de harcèlement

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C’EST AU CONGRÈS de 1982 que la CSN se penchepour la première fois sur le dossier du harcèlementsexuel et adopte des définitions et des orientations.Il s’agit alors d’oser aborder ce problème

publiquement et d’affirmer haut et fort que le har-cèlement sexuel se vit aussi à l’intérieur du mou-vement et dans les milieux de travail. Le congrèsde la CSN prend clairement position en faveur dela victime de harcèlement sexuel et souhaite queles syndicats affiliés développent des interventionsd’appui. Dans l’ensemble du mouvement, des poli-tiques sont ensuite votées par les fédérations etconseils centraux afin de contrer le harcèlementsexuel. S’amorce alors une longue réflexion sur laques tion du devoir de représentation du syndicat(en vertu de l’article 47.2 du Code du travail), sou-vent confronté à un dilemme entre la défense d’unmembre présumément accusé de harcèlementsexuel et la défense et le soutien d’une présuméevictime, aussi membre du syndicat.Dès 1991, la FAS (aujourd’hui FSSS) vote un

code d’éthique en matière d’agression sexuelle afinde bien poser l’orientation syndicale à promouvoir. Au cours des années quatre-vingt-dix, une

deuxième étape est franchie. Un travail de sensi-bilisation et de prise de conscience s’amorce en re -gard des responsabilités syndicales face aux tra-vailleuses membres de la CSN qui sont victimes deviolence dans leurs relations amoureuses ou conju-gales. La CSN souhaite leur apporter un soutienconcret afin, entre autres, de leur éviter le congé -diement si elles sont incapables de fournir uneprésence assidue au travail. Là encore il est ques-tion de prévention dans les milieux de travail etégalement d’appui et de ressources pour les femmesvictimes de violence en relation amoureuse.

Mais la violence et le harcèlement ne s’arrê-tent pas là.Le congrès de 1992 donne le mandat au co -

mité confédéral de condition féminine d’allerencore plus loin et d’élaborer une politique visantà contrer toute forme de harcèlement et de vio-lence au travail.S’appuyant sur des recherches spécifiques qui

permettent de mieux documenter les manifesta-tions et les effets de la violence et du harcèlementen milieu de travail, la CSN publie une brochureintitulée La violence au travail – Tolérance zéro.Les propositions CSN incitent les syndicats

locaux à prendre le problème en charge. Elles met-tent en avant des démarches de prévention et desmécanismes de suivi et de soutien auprès des vic-times de violence et de harcèlement.Au fil des ans, les liens se resserrent entre les

réseaux de la condition féminine et de la santé sé -curité, qui se concertent pour mieux coordonnerles travaux à réaliser et les orientations à déve -lopper.Avec la présente proposition commune d’une

politique de prévention de la violence et du har-cèlement au travail, un pas de plus vient d’êtrefranchi vers des milieux de travail exempts de vio-lence et de harcèlement.

Un peu d’histoireD’une revendication militante à une politique confédérale

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1. Les objectifsde la politiqueLA PRÉSENTE POLITIQUE DE PRÉVENTION de laviolence et du harcèlement au travail vise à per-mettre à toutes les personnes de bénéficier d’unmilieu de travail exempt de violence et de har-cèlement. Le but premier de cette politique n’estpas de punir, mais de prévenir et de traiter. Pour cefaire, elle poursuit les objectifs suivants :– assurer un milieu de travail qui favorisel’intégrité physique et psychologique desper sonnes ainsi que la sauvegarde de leurdignité ;

– contribuer à la sensibilisation, à l’informa-tion et à la formation du milieu pourprévenir les situations de violence et deharcèlement au travail ;– élaborer des mécanismes d’interventionpour prévenir et pour faire cesser les situa-tions de violence et de harcèlement au tra-vail ;– établir des mécanismes d’aide et de soutienen matière de violence et de harcèlementau travail.

2. Les définitionsLa violence au travailIl y a violence au travail quand un individu ou ungroupe d’individus, par des comportements, porteatteinte de manière intentionnelle ou non inten-tionnelle à la sécurité ou à l’intégrité physique oupsychologique d’un autre individu ou groupe d’in-dividus.

La violence organisationnelleIl y a violence organisationnelle quand un indi-vidu ou un groupe d’individus œuvrant pour uneorganisation donnée, par des comportements ex -cessifs par rapport aux normes connues et par -tagées dans un milieu de travail donné, porteatteinte, de manière intentionnelle ou non inten-tionnelle, à l’intégrité physique ou psychologiqueou à la sécurité d’un autre individu ou groupe d’in-dividus œuvrant pour l’organisation.

Le harcèlement psychologiqueLe harcèlement psychologique est une conduitevexatoire se manifestant soit par des comporte-ments, des paroles, des actes ou des gestes répétés,qui sont hostiles ou non désirés, laquelle porteatteinte à la dignité ou à l’intégrité psychologiqueou physique du salarié et qui entraîne, pour celui-ci, un milieu de travail néfaste. Une seule conduitegrave peut aussi constituer du harcèlement psy-chologique si elle porte une telle atteinte et pro-duit un effet nocif continu pour la ou le salarié-e.

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Le harcèlement discriminatoireLe harcèlement discriminatoire est une conduitese manifestant, entre autres, par des paroles ou desgestes répétés, à caractère vexatoire ou méprisant,à l’égard d’une personne ou d’un groupe de per-sonnes en raison de l’un des motifs énumérés à l’ar-ticle 10 de la Charte.Parmi les principales formes de harcèlement

discriminatoire lié à des motifs contenus dans l’ar-ticle 10 de la Charte des droits et libertés de la per-sonne, nous retrouvons le harcèlement sexuel et leharcèlement racial :

Le harcèlement sexuel Une conduite se manifestant par des paroles, desactes ou des gestes à connotation sexuelle, répétéset non désirés, et qui est de nature à porter atteinteà la dignité ou à l’intégrité physique ou psycho -logique de la personne ou de nature à entraî nerpour elle des conditions de travail défavorables ;

Le harcèlement racialUne conduite qui se manifeste, entre autres, pardes paroles, des actes, des gestes répétés à caractèrevexatoire ou méprisant à l’égard d’une personne oud’un groupe de personnes en raison de la race, dela couleur, de l’origine ethnique ou nationale.

L’abus de pouvoir ou d’autoritéL’abus d’autorité est une forme de harcèlement etil se produit lorsqu’une personne exerce de façonindue l’autorité ou le pouvoir inhérent à son postedans le dessein de compromettre l’emploi d’unepersonne, de nuire à son rendement au travail, demettre son moyen de subsistance en danger ou des’ingérer de toute autre façon dans sa carrière. Ilcomprend l’intimidation, la menace, le chantageet la coercition.

3. Le cadre d’applicationLA PRÉSENTE POLITIQUE S’APPUIE en particuliersur les dispositions de la Charte des droits et li -bertés de la personne du Québec, de la Loi cana -dienne des droits de la personne, de la Loi sur lesnormes du travail, de la Loi sur la santé et la sécu-rité du travail, de la Loi sur les accidents du travailet les maladies professionnelles et des conventionscollectives de travail.D’autres lois peuvent également être invo-

quées dans des situations de violence et de harcè -lement et ouvrir la porte à d’autres recours, notam-ment des plaintes en vertu du Code criminel, despoursuites en vertu du Code civil et des requêtesen vertu de la Loi sur l’indemnisation des victimesd’actes criminels.

4. Le champd’applicationde la politiqueCETTE POLITIQUE S’APPLIQUE à tout le personnelde l’organisation, hommes et femmes, syndiqués etnon syndiqués. Elle touche la relation entre cadreset travailleuses et travailleurs, entre collègues detravail et entre personnel et clientèle. Elle s’appli -que également aux sous-traitants, fournisseurs,usagères, usa gers, visiteuses, visiteurs et autres.Elle s’applique, quelle que soit la nature du

lien entre la personne qui adopte un comportementde violence ou de harcèlement et la victime : soitsoit dans le cadre du travail ou de toute acti vitéreliée à l’emploi. Elle s’applique à l’intérieur ou àl’extérieur de l’entreprise ou de l’établissement.

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5. Engagement et responsabilitésLA RESPONSABILITÉ de l’application de la présentepolitique relève de l’employeur.L’employeur désavoue toute forme de violence

et de harcèlement parce qu’ils constituent une en -trave aux droits à l’égalité, à la dignité et à desconditions de travail justes et raisonnables. Il re -con naît aux travailleuses et aux travailleurs ledroit d’être protégés, aidés et défendus par les mé -canismes de recours appropriés. Les situations de violence et de harcèlement

au travail sont traitées en toute impartialité, équitéet confidentialité, et les personnes plaignantes nedoivent subir ni préjudice, ni représailles.Tous les groupes concernés par la politique

(gestionnaires, syndicats ou autres) doivent, dansleurs interventions respectives, informer leurs pairsou leurs membres du contenu de la politique etpar ticiper aux activités de sensibilisation et de pré -vention des situations de violence et de harcè -lement.Toutes et tous ont le droit d’être protégés

contre les pratiques de violence et de harcèlement,mais ils ont aussi l’obligation de ne pas en exercer.

6. Le comité contre la violence et le harcèlementau travail

Composition et nominationLe comité contre la violence et le harcèlement autravail est formé de représentantes et représentantsde l’employeur, de chaque syndicat, regroupementou association de personnes en lien avec l’organi-sation et qui veulent participer à l’élaboration et àl’application de cette politique. Ce comité estconnu de toutes et de tous et il s’assure d’une re -présentation équitable entre les hommes et lesfemmes.Chaque partie impliquée procède selon ses

mé canismes propres à la nomination de sa re -présentante ou son représentant. Il importe que leprocessus soit précis, transparent et connu de tous.Les mandats sont de deux ans, avec alternance dela moitié des membres pour assurer une continuitéau sein du comité.

RôleLe comité contre la violence et le harcèlement autravail est le gardien et le promoteur des objectifsde la politique. Il a la responsabilité de proposer lesmoyens nécessaires à une application pleine etentière de la présente politique ; ses travaux s’ef-fectuent dans un esprit pacifique et de collabora-tion.

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Le rôle du comité est un rôle exclusivementpréventif. Le comité ne sera aucunement impliquédans le traitement des plaintes (ni dans la récep-tion de la plainte, ni dans l’enquête, ni dans l’ap-plication de mesures concernant les individus).Le rôle du comité est, entre autres :

– d’assurer une diffusion large et complète de lapolitique ;

– d’être responsable de l’information et de laformation contre la violence et le harcèle-ment au travail ;

– de nommer par consensus la ou les personnes-ressources et d’établir un mécanisme simple detraitement des situations de violence ou deharcèlement au travail ;

– de susciter et d’organiser la prévention de laviolence ou du harcèlement au travail ;

– de s’assurer que des mécanismes de soutienaux personnes, internes ou externes, sontdisponibles ;

– de recevoir et d’analyser les rapports nonnominatifs produits par la ou les personnes-ressources ;

– de produire et diffuser un bilan annuel ;– de mettre à jour la politique.Pour accomplir son travail, le comité doit

avoir les moyens de réunir ses membres et d’orga -niser les activités de prévention qu’il évalue per -tinentes à sa mission. Tous les membres du comitéreçoivent une formation commune sur l’ensemblede la problématique de la violence et du harcèle-ment au travail.

7. Les moyensd’actionLE COMITÉ contre la violence et le harcèlement autravail s’engage à mettre en place des moyens pourfavoriser la sensibilisation, la formation et laprévention de la violence et du harcèlement autravail.Parmi les moyens d’action, le comité peut :

– organiser des activités pour former le milieu àdétecter, désamorcer, prévenir ou déclarer laviolence et le harcèlement au travail ;

– identifier des actions concrètes de préventionvisant à éliminer, modifier ou contrôler lesfacteurs de risque organisationnels de la vio-lence et du harcèlement au travail.

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8. Le traitementdes plaintesUNE PERSONNE qui se croit victime de violenceou de harcèlement au travail peut s’adresser à unepersonne-ressource clairement et unanimementdé signée par le comité contre la violence et le har-cèlement au travail. C’est par cette personne-ressource que va chemi ner un dossier de violenceou de harcèlement au travail. C’est la personne-ressource qui accueille et

accompagne la victime ou présumée victime, et ce,jusqu’au règlement du problème ou jusqu’au dépôtd’une plainte officielle.

Le rôle de la personne-ressource La personne-ressource (ou les personnes- ressources)joue un rôle central dans l’application de la poli-tique de prévention de la violence et du harcèle-ment au travail.Elle doit agir de façon impartiale, avec dili-

gence et dans la plus grande confidentialité.Son rôle est :a) d’accueillir et d’accompagner la présuméevictime de violence ou de harcèlement autravail ;b) de procéder à une analyse de la situationafin de bien identifier la nature du problèmerencontré ;c) de proposer aux personnes concernées despistes de solutions afin de résoudre le problè -me (moyens alternatifs de médiation ou de ré -solution du problème, etc.) ;d) de transmettre au comité contre la violenceet le harcèlement au travail un rapport nonnominatif indiquant les mécanismes de pré -vention souhaitables à mettre en place dansle milieu de travail.

Le rôle d’accueil et d’accompagnement consiste à :– accueillir la victime ou présumée victime deviolence ou de harcèlement ;

– prendre connaissance de l’ensemble des élé-ments relatifs à la situation de violence ou deharcèlement rapportée ;

– assurer l’accompagnement et le soutien à lavictime ou présumée victime de violence oude harcèlement ;

– fournir toute l’information pertinente à la vic-time ou présumée victime, particulièrementsur le processus d’application de la politiquede prévention, de même que sur le processusd’évolution d’une plainte formelle.

Le rôle d’évaluation et de recommandations consiste à :– offrir un soutien à la victime ou présumée vic-time de violence et de harcèlement au travaildans le but de l’aider à exprimer sa version desfaits et à la rédiger ;

– déterminer la nature exacte du problèmesoulevé afin de bien distinguer s’il s’agit deharcèlement ou de violence au travail (en seré férant aux définitions de politique deprévention du milieu de travail) ;

– proposer des hypothèses de solutions à la vic-time ou présumée victime de violence ou deharcèlement au travail (que ce soit un travailde médiation, la recherche d’aide spécialiséeauprès de professionnel-les de la santé ou uneréférence auprès de personnes du réseau d’en-traide de l’établissement, s’il y a lieu, etc.) ;

– offrir un soutien à la victime ou présumée vic-time de violence et de harcèlement au travaildans la rédaction de la plainte écrite formelle,s’il y a lieu ;

– rencontrer la personne présumée violente ouharcelante afin de l’informer de la situation etde l’aider à mettre par écrit sa version des faits,s’il y a lieu ;

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– entreprendre le processus de médiation, s’il y alieu ;

– faire rapport au comité contre la violence et leharcèlement en fournissant un rapport nonnominatif.

Dans le cas où une plainte formelle est ré -digée, la personne-ressource met ici fin à son tra-vail et chacune des parties (patronale, syndicale ouassociation) assume sa responsabilité spécifique.

9. La durée des mandatsLE MANDAT DES PERSONNES qui doivent inter-venir dans l’application de cette politique est dedeux ans, et il est renouvelable. Pour assurer unmeilleur suivi des dossiers, ces personnes sont rem-placées selon le principe de l’alternance.

10. L’adoption et la révisionde la politiqueLES GROUPES CONCERNÉS CONVIENNENT d’adop -ter la politique dans leur instance respective et des’assurer que toutes et tous la com prennent et s’yconforment.La présente politique sera révisée tous les deux

ans.

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Fichesexplicatives

Table des matières

Fiche 1. Les définitions de la violence et du harcèlement au travail . . . . . . . . . 12

Fiche 2. Le cadre d’application . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

Fiche 3. Le comité contre la violence et le harcèlement au travail . . . . . . . . . . . 22

Fiche 4. Les moyens d’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

Fiche 5. Les mécanismes de soutien aux personnes : les PAE et l’entraide . . . . 26

Fiche 6. Le rôle de la personne-ressource . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

Fiche 7. Les différents recours juridiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

Fiche 8. L’enquête syndicale lors d’une plainte officielle ou lors de l’imposition d’une mesure disciplinaire . . . . . . . . . . . . 35

ANNEXE A - Fiche d’information à l’intention de la personne-ressource . . . . . 37ANNEXE B - Informations statistiques – grille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39

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LA VIOLENCE ET LE HARCÈLEMENT AU TRAVAIL

deviennent des questions de plus en plus préoccu-pantes dans les milieux de travail et exigent doncune attention particulière de la part des em ployeurset des syndicats. Les définitions de ces questionsdonnent des repères aux responsables syn dicaux etaux employeurs pour mieux identifier les situationsde violence et de harcèlement au travail.Cette fiche présente les caractéristiques des

définitions de la violence et du harcèlement autravail avec quelques exemples à l’appui.La violence et le harcèlement au travail peu-

vent revêtir plusieurs formes et porter plusieursappellations. Il peut s’agir parfois d’une manifesta-tion unique ; parfois, il y aura manifestations com-binées, ou cela prendra la forme d’une progression. Dans les milieux de travail, la violence et le

harcèlement peuvent se manifester par des gestesou des propos violents qui sont plus facilementidentifiables. Par contre, d’autres formes telles quele harcèlement psychologique ou discriminatoireet l’abus de pouvoir ou d’autorité sont plus insi-dieuses.

La violence et le harcèlement au travail semanifestent également dans tous les types de rap-ports existant dans les milieux de travail : le per-sonnel salarié, le personnel cadre, la clientèle(usager, bénéficiaire, famille), les sous-traitants, lesfournisseurs et les étrangers (toute personne pro -venant de l’extérieur et qui n’est pas associée auxprocessus de l’organisation, par exemple : conjointviolent, voleur) ; et tous sont interpellés par cephénomène, que l’on soit victime, témoin, com-plice parfois et agresseur. Nous parlerons aussi de la violence et du har-

cèlement au travail, et non en milieu de travail,pour éviter la confusion entre le lieu physique(l’établissement, l’entreprise) et le lien avec le tra-vail ; cette définition tient compte de toutes lesactivités reliées à l’emploi pour des situations deviolence et de harcèlement qui surviennent à l’in-térieur ou à l’extérieur de l’établissement ou del’entreprise.Le tableau présente deux grands types de vio-

lence : la violence au travail et la violence organi-sationnelle.

FICHE 1

12

VIOLENCE AU TRAVAIL

HARCÈLEMENTAU TRAVAIL

HARCÈLEMENTPSYCHOLOGIQUE

MOBBING

HARCÈLEMENT SEXUEL

HARCÈLEMENTRACIAL

ABUS DE POUVOIR OU D’AUTORITÉ

HARCÈLEMENTDISCRIMINATOIRE

VIOLENCE ORGANISATIONNELLE

Les définitions de la violence et du harcèlement au travail

Le tableau des définitions de la violence et du harcèlement au travail

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La violence au travail concerne une panoplied’individus (cadre, salarié-e, clientèle, sous-traitants,etc.).La violence organisationnelle concerne uni -

quement les collègues et les supérieurs ; elle com-prend différentes formes de harcèlement au travail :– Le harcèlement psychologique dont le mob-bing ;

– Le harcèlement discriminatoire dont le har-cèlement sexuel et le harcèlement racial ;

– L’abus de pouvoir ou d’autorité.

La violence au travail

Il y a violence au travail quand un individu ouun groupe d’individus, par des comportements,porte atteinte de manière intentionnelle ou nonintentionnelle à la sécurité ou à l’intégrité phy -sique ou psychologique d’un autre individu ougroupe d’individus.

CommentairesCette définition couvre une panoplie d’individus :la clientèle et ses proches, le personnel (cadres, tra -vailleuses et travailleurs), les bénévoles, les sous-traitants, etc.La notion de comportement comprend des

manifestations, des actions, des conduites que l’onpeut observer même si elles sont insidieuses, sour -noises. Les gestes et les propos violents sont pro -bablement la manifestation la plus évidente de laviolence au travail.

Exemples : prendre une personne à la gorge ;donner un coup de poing, un coup de pied ;pousser quelqu’un, lancer des objets de toutessortes ; dire des paroles blessantes (insultes) ;faire des me naces, briser un équipement detravail en donnant un coup de pied, etc.Les gestes et propos violents portent atteinte à

la sécurité des personnes ou compromettent leurintégrité physique ou psychologique. Des effets surla santé physique et mentale ont été recensés engrand nombre auprès des travailleuses et travail -leurs victimes de violence au travail (problèmesdigestifs, maux de tête, blessures, insécurité, an -

goisse, sentiment de culpabilité, épuisement pro-fessionnel, consommation de drogues, d’alcool oude médicaments, etc.).

La violence organisationnelle

Il y a violence organisationnelle quand un in -dividu ou un groupe d’individus œuvrant pourune organisation donnée, par des comportementsexcessifs par rapport aux normes connues et par -tagées dans un milieu de travail donné, porte at -teinte, de manière intentionnelle ou non inten-tionnelle, à l’intégrité physique ou psychologiqueou à la sécurité d’un autre individu ou grouped’individus œuvrant pour l’organisation.

CommentairesCette forme de violence concerne uniquement lespersonnes qui œuvrent pour une organisation don-née. Il peut s’agir de violence entre collègues ouentre collègues et supérieurs.La notion de normes renvoie à un ensemble

de façons de faire, de façons de penser, de façons des’exprimer dans un milieu de travail ; ces normesévoluent constamment ; c’est ce qu’on appelle laculture du milieu. Les normes sont parfois transcrites dans des

documents tels que les conventions collectives, lesrèglements, les politiques et code d’éthique que sedonne le milieu. Une large part des normes sontsouvent informelles et se situent dans les rapports,dans les relations entre les personnes.La violence organisationnelle s’installe lors -

qu’une personne ou plusieurs personnes transgres -sent, par des comportements excessifs, les normesconnues et partagées dans un milieu de travail.

Exemples : enlever le bureau d’un profes-sionnel et installer la personne dans un espaceà aires ouvertes avec les secrétaires ; exigercons tamment des preuves d’expérience, d’ex-pertise ; exercer, à titre de gestionnaire, uncontrôle excessif dans une intention malveil-lante ; dérégler une machine de manière àpro voquer un accident de travail, etc.

FICHE 1

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Le harcèlement au travail

Les définitions du harcèlement les plus fréquentes(harcèlement psychologique, abus de pouvoir etd’autorité entre autres) sont inspirées des études etdes débats relatifs au harcèlement sexuel. Le harcèlement peut prendre plusieurs

formes : harcèlement psychologique, harcèlementdiscriminatoire, c’est-à-dire lié à des motifs con-tenus dans l’article 10 de la Charte des droits etlibertés de la personne, et abus de pouvoir oud’autorité.Le harcèlement, quelle que soit sa forme,

recouvre des comportements qui ont des carac-téristiques communes :• des conduites généralement répétées et non

désirées des actes, des paroles, des gestes hostiles ré -pétés sur une période de temps ; il est à noterqu’un seul acte qui a une incidence sur la di -gnité, la santé ou la sécurité d’une personnepeut être considéré comme du harcèlement ;

• des conduites vexatoires le harcèlement se présente sous forme decom portements vexatoires qui sont dégra -dants, offensants et humiliants ;

• des comportements qui portent atteinte à ladignité ou à l’intégrité physique et psycho -logique d’une personneles comportements associés au harcèlement autravail peuvent altérer la santé physique etmentale des personnes et porter atteinte à leurdignité ; l’atteinte à la dignité recouvre le res -pect et l’estime de soi et est associée à un desaspects les plus fondamentaux des droits de lapersonne : Toute personne a droit à la sauvegardede sa dignité, de son honneur et de sa réputation1 ;

• des comportements qui peuvent entraînerdes conditions de travail défavorables y com-pris la perte d’emploi (mise à pied, démission,congé diement).

Les formes de harcèlement

Le harcèlement psychologique*

Une conduite vexatoire se manifestant soit pardes comportements, des paroles, des actes ou desgestes répétés, qui sont hostiles ou non désirés,laquelle porte atteinte à la dignité ou à l’intégritépsychologique ou physique du salarié et qui en -traîne, pour celui-ci, un milieu de travail né -faste. Une seule conduite grave peut aussi cons -tituer du harcèlement psychologique si elle porteune telle atteinte et produit un effet nocif continupour la ou le salarié-e.

Commentaires• le harcèlement se compose de petits incidentsbénins dont le cumul et la convergence peu-vent donner lieu à des lésions professionnelles(dépression situationnelle, épuisement profes-sionnel) ;

• le harcèlement peut consister en différentsgestes, actes ou paroles répétés d’une ou deplusieurs personnes à l’endroit d’une ou dequelques autres personnes.

Exemples : surveiller la même personne sansarrêt ; toujours déprécier une personne par desévaluations négatives ; envoyer quotidiennementà une employée qui travaille dans un secteur àmajorité masculine des messages verbaux lui indi-quant qu’elle n’a pas sa place dans ce secteur etqu’elle prend la place d’un homme ;• le caractère insidieux (sournois) des compor -tements contribue le plus à l’atteinte de l’in-tégrité psychologique.

FICHE 1

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1. Charte des droits et libertés de la personne du Québec, Chapitre I, a.1. * Nous reproduisons la définition contenue dans la Loi sur les normesdu travail modifiée en décembre 2002. Cette définition remplace cellecontenue dans la brochure Agir avant la tempête.

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Le mobbing, une autre forme de harcèlement psychologiqueLe harcèlement psychologique chapeaute égale-ment un autre concept : celui de mobbing. Le mobbing définit l’enchaînement, sur une

assez longue période, de propos et d’agissementshostiles, exprimés ou manifestés par une ou plu -sieurs personnes envers une tierce personne (lacible).Il est fréquent de retrouver dans les milieux de

travail des individus qui héritent du rôle de bouc-émissaire et qui, sans raison apparente, sont l’objetde persécution de la part d’autres collègues, de su -périeurs hiérarchiques et parfois même de leurssubordonnés coalisés contre eux.Nous retrouvons cinq grandes catégories

d’agissements liés au mobbing :• empêcher la victime de s’exprimer ;• isoler la victime ;• déconsidérer la victime ;• discréditer la victime ;• compromettre sa santé.

Le harcèlement discriminatoire

Une conduite se manifestant, entre autres, pardes paroles ou des gestes répétés, à caractèrevexa toire ou méprisant, à l’égard d’une personneou d’un groupe de personnes en raison de l’undes motifs énumérés à l’article 10 de la Chartedes droits et libertés du Québec.

Les conduites prohibées selon les motifsénumérés à l’article 10 de la Charte québécoisesont aussi appelées harcèlement discriminatoire.Les motifs de la Charte sont : la race, la cou -

leur, le sexe, la grossesse, l’orientation sexuelle,l’état civil, l’âge sauf dans la mesure prévue par laloi, la religion, les convictions politiques, la lan -gue, l’origine ethnique ou nationale, la conditionsociale, le handicap ou l’utilisation d’un moyenpour pallier ce handicap.

Mis à part les motifs, nous retrouvons ici lesmêmes caractéristiques et conséquences qui sontinhérentes au harcèlement.

Le harcèlement sexuel

Une conduite se manifestant par des paroles, desactes ou des gestes à connotation sexuelle, ré pé -tés et non désirés, et qui est de nature à porteratteinte à la dignité ou à l’intégrité physique oupsychologique de la personne ou de nature à en -traîner pour elle des conditions de travail (ou demilitantisme) défavorables.

CommentairesParmi tous les harcèlements discriminatoires, leharcèlement sexuel a fait l’objet de beaucoup dedébats et de gains, particulièrement mis en lumièrepar les femmes. Il demeure un phénomène im -portant et a été le révélateur de plusieurs abuscommis au travail et le point de départ d’une ré -flexion sur la violence au travail.Parmi ses caractéristiques, nous retrouvons :

• une conduite (paroles, actes, gestes) à conno-tation sexuelle ;

• des comportements inacceptables en sociétéou au travail, et qui ne sont pas davantageacceptables entre militantes et militants ;

• bien que le harcèlement recouvre l’idée derépétition, un seul acte isolé, suffisammentgrave, peut produire des effets qui se ferontsentir dans l’avenir et pourra constituer duharcèlement ;

• les conduites associées au harcèlement sexuelpeuvent être :des paroles, des avances, des regards, des at -touchements, des invitations sous forme desous-entendus jusqu’aux demandes explicites,des actes divers non sollicités pouvant allerjusqu’à l’agression, etc.

FICHE 1

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Le harcèlement racial

Une conduite qui se manifeste, entre autres, pardes paroles, des actes, des gestes répétés à ca -ractère vexatoire ou méprisant à l’égard d’unepersonne ou d’un groupe de personnes en raisonde la race, de la couleur, de l’origine ethnique ounationale.

Commentaires• La conduite (paroles, actes, gestes) est à ca -ractère vexatoire ou méprisant ;

• En plus du harcèlement, la discriminationpeut s’insérer dans les normes de l’organisa-tion, soit dans les procédures de sélection àl’embauche, dans la division des tâches, ainsique dans les barrières invisibles au sein de cer-taines professions ;

• Les conduites associées au harcèlement racialpeuvent être :un commentaire raciste lancé intentionnelle-ment à l’égard d’un employé-e faisant ressortirdes traits culturels spécifiques ; des blagues ra -cistes.

L’abus de pouvoir ou d’autorité

L’abus d’autorité est une forme de harcèlementet se produit lorsqu’une personne exerce de façonindue l’autorité ou le pouvoir inhérent à sonposte dans le dessein de compromettre l’emploid’une personne, de nuire à son rendement autravail, de mettre son moyen de subsistance endanger ou de s’ingérer de toute autre façon danssa carrière. Il comprend l’intimidation, la me -nace, le chantage et la coercition.

CommentairesLes comportements reprochés concernant cetteforme de harcèlement s’appuient sur la notiond’abus de confiance, d’abus de pouvoir ou d’au-torité, exercés à l’encontre de quelqu’un. Ainsi, lapersonne abuse d’un statut privilégié — sa positiond’autorité — à l’égard d’une ou d’un subordonné-e.L’abus de pouvoir concerne surtout les rela-

tions entre cadres et travailleuses et travailleurs ;mais il peut également concerner d’autres catégo -ries d’emploi, par exemple, des professionnels àl’endroit du personnel de soutien.Les types de comportements pouvant cons -

tituer un abus d’autorité sont les suivants :• interrompre un employé de façon constante ;• ignorer la présence d’un employé et ne s’adres -ser qu’à des tiers ;

• cesser de confier des tâches à un employé etfaire en sorte qu’il n’ait plus aucune occupa-tion ;

• traiter un employé contrairement au traite-ment accordé à tous les autres ;

• placer volontairement ou par négligence unemployé dans une situation humiliante ouem barrassante.

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CETTE POLITIQUE S’INSPIRE de la Charte québé-coise des droits et libertés de la personne qui proscritle harcèlement d’une personne en raison de l’undes motifs visés dans l’article 10 :

Toute personne a droit à la reconnaissanceet à l’exercice, en pleine égalité, des droits etlibertés de la personne, sans distinction,exclusion ou préférence fondée sur la race, lacouleur, le sexe, la grossesse, l’orientationsexuelle, l’état civil, l’âge sauf dans la me -sure prévue par la loi, la religion, les convic-tions politiques, la langue, l’origine ethniqueou nationale, la condition sociale, le handi-cap ou l’utilisation d’un moyen pour pallierce handicap.Il y a discrimination lorsqu’une telle distinc-tion, exclusion ou préférence a pour effet dedétruire ou de compromettre ce droit.Nul ne doit harceler une personne en raisonde l’un des motifs visés dans l’article 10.1.

À l’article 46, la Charte québécoise fait égale-ment obligation de respecter la santé, la sécurité etl’intégrité physique des personnes :

Toute personne qui travaille a droit, confor-mément à la loi, à des conditions de travailjustes et raisonnables et qui respectent sasanté, sa sécurité et son intégrité physique.

Pour les entreprises de juridiction fédérale, laLoi canadienne sur les droits de la personne prévoit, àl’article 14, que « le fait de harceler un individuconstitue un acte discriminatoire s’il est fondé surun motif de discrimination illicite… ».

Au Québec, la responsabilité de l’employeurpeut découler de l’article 2087 du Code civil duQuébec qui prévoit que « l’employeur, outre qu’ilest tenu de permettre l’exécution de la prestationde travail convenu et de payer la rémunérationfixée, doit prendre les mesures appropriées à lanature du travail, en vue de protéger la santé, lasécurité et la dignité du salarié ».La Loi sur les normes du travail a été modifiée

en décembre 2002. Elle inclut des dispositions, auxarticles 81.18 et 81.19, concernant le harcèlementpsychologique : une définition du harcèlementpsychologique, une garantie à tout salarié d’unmilieu de travail exempt de harcèlement psy-chologique et une obligation à l’employeur deprendre les moyens raisonnables pour prévenir leharcèlement psychologique. Ces dispositionsn’entreront en vigueur qu’au 1er juin 2004 :

Tout salarié a droit à un milieu de travailexempt de harcèlement psychologique.L’employeur doit prendre les moyens rai son -nables pour prévenir le harcèlement psycho -logique et, lorsqu’une telle conduite est portéeà sa connaissance, pour la faire ces ser.

La présente politique s’appuie également surla Loi sur la santé et sécurité du travail, sur d’autreslois et aussi sur les conventions collectives.Les articles 9 et 10 de la Loi sur la santé et la

sécurité au travail stipulent que le travailleur a droità des conditions de travail qui respectent sa santé,sa sécurité et son intégrité physique et conséquem-ment, à des services d’information, de formation,d’entraînement et de supervision appropriés ; etqu’il doit bénéficier de services de santé préventifset curatifs en fonction des risques auxquels il peutêtre exposé.

FICHE 2

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Le cadre d’application

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L’article 12 de cette même loi reconnaît à latravailleuse et au travailleur le droit de refus d’exé-cution d’un travail si, raisonnablement, il conclutque sa santé, sa sé curité ou son intégrité physiquesont mis en danger ou que le travail à effectuerpeut porter de telles atteintes à d’autres personnes.Toutefois, l’article 13 précise que ce droit de refusd’exécution d’un travail ne peut s’exercer si cerefus a pour conséquence de mettre en péril la vie,la santé ou l’intégrité physique d’une autre person-ne ou si les conditions de réalisation desdites tâ -ches sont in hérentes à l’emploi en cause.Ces droits sont, pour le travailleur, assortis de

l’obligation de prendre les précautions requises à saprotection et à celle des autres.Pour l’employeur, l’article 51 exige la prise des

mesures requises à la protection de la santé, de lasécurité et de l’intégrité physique de ses employé-es,notamment en ce qui regarde les aménagementsde l’établissement, de l’entreprise et ses équi pe -ments ou la fourniture et l’entretien de matérielsécuritaire ainsi qu’en ce qui a trait à l’informa-tion, la formation, l’entraînement et la supervisionde son personnel.

Autres loisDe façon générale, les situations de violence sontcouvertes par le Code criminel qui permet à toutevictime de porter plainte ou, si elle a subi despertes personnelles, d’intenter une poursuite envertu du Code civil.Toute personne victime de violence peut aussi

recourir aux dispositions de la Loi d’indemnisationdes victimes d’actes criminels (IVAC) et recevoir descompensations liées à l’application de cette loi ad -ministrée par la Commission de la santé et de lasécurité du travail (CSST).

Les obligations des salarié-esLes obligations des salarié-es d’agir avec civilité,tant dans leurs relations avec leurs supérieurs quedans celles avec leurs collègues de travail, ne fontpas l’objet d’une disposition expresse de la loi, maiselles ont été développées par la doctrine et la ju -risprudence.En vertu de cette obligation de civilité, les

salarié-es se doivent de faire preuve d’une politesseappropriée au milieu de travail, s’abstenir de sus-citer des conflits interpersonnels et s’efforcer demaintenir des relations harmonieuses au travail.

Les conventions collectivesLes conventions collectives peuvent contenircertains articles traitant spécifiquement de non-discrimination ou de violence ou de harcèlementau travail. L’intérêt d’un article sur le sujet vientconfirmer de façon officielle que la violence ou leharcèlement au travail constitue une mauvaisecondition de travail dont l’employeur est respon -sable.Mais, même en l’absence de clause expresse

sur les questions de violence ou de harcèlement autravail, il suffit de pouvoir raccrocher cette ques-tion implicitement à une matière prévue à la con-vention collective (exemples : l’engagement àtraiter les salarié-es avec justice, l’interdiction dediscrimination, les dispositions sur la santé et lasécurité au travail).

FICHE 2

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Des exemples de clauses

But de la convention collectiveLe but de la convention est de maintenir et pro-mouvoir les bonnes relations qui existent entrel’employeur et le syndicat dans des conditions quiassurent, dans la plus large mesure possible, lasécurité et le bien-être des personnes salariées,de manière à faciliter le règlement des problèmesqui peuvent surgir entre l’employeur et son per-sonnel régis par la présente convention. c. coll., FEESP

Engagement à traiter les salariés avec justiceL’employeur s’engage à traiter ses salariés avecjustice et considération. c. coll., Fédération de la métallurgieLes représentants de l’employeur et du syndicatainsi que les salariés doivent être traités d’unefaçon juste et équitable. c. coll., Fédération du commerce

Non-discriminationAux fins de l’application de la présente conven-tion collective, ni la direction, ni le syndicat, nileurs représentants respectifs, n’exercent de me -naces, contraintes ou discrimination contre unepersonne salariée à cause de sa race, de sa cou -leur, de sa nationalité, de son origine sociale, desa langue, de son sexe, de sa grossesse, de sonorientation sexuelle, de son état civil, de son âge,de ses croyances religieuses ou de leur absence,de ses opinions politiques, de son handicap, deses liens de parenté, de sa situation parentale oude l’exercice d’un droit que lui reconnaît laprésente convention ou la loi.c. coll., FSSS

Les dispositions sur la santé et la sécurité au travail :ObligationsL’employeur prend les mesures nécessaires pouréliminer à la source tout danger pour la santé, lasécurité et l’intégrité physique des personnes etle syndicat y collabore.c. coll. FSSS et FP

Sécurité, santé et bien-êtreIl est convenu que la sécurité, le bien-être et lasanté des ouvriers au travail sont un objectif pri-mordial des parties et elles doivent concourir àaméliorer la qualité du milieu de travail pouratteindre cet objectif.c. coll., FTPF

Santé et sécurité Après en avoir informé la Direction, tout em -ployé peut travailler seul au Centre en dehors desheures régulières de travail. Cependant, lors derencontres impliquant des parents, l’employépeut demander d’être accompagné en dehors desheures régulières de travail s’il en voit la néces-sité. Alors, une entente est prise avec la Di rec -tion sur la formule d’accompagnement jugéenécessaire. La même procédure s’applique lorsde situations d’urgence.c. coll. FNEEQ

Les clauses concernant la violence et le harcèlement au travail :

Bénéficiaires dangereuxLorsqu’une personne salariée estime qu’un béné-ficiaire peut présenter un danger, elle doit faireun rapport écrit à son supérieur immédiat. Lesautorités doivent prendre les mesures qui s’im-posent.c. coll. FSSS

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ViolenceAucune forme de violence n’est tolérée. L’em -ployeur et le syndicat collaborent pour prévenirou faire cesser toute forme de violence par la misesur pied de moyens appropriés d’information etde sensibilisation, entre autres, par l’élaborationd’une politique à cet effet.c. coll. FP

Politique de respect mutuel au travail a) L’Employeur met en place une politiquegénérale qui vise à assurer un milieu de travailfavorisant l’intégrité physique et psychologiquedes personnes à son emploi.b) Le syndicat s’engage à collaborer avecl’Employeur pour développer toute politique ouprendre tout moyen visant à prévenir et à mettrefin aux comportements violents ainsi qu’au har-cèlement sous toutes ses formes.c) À cette fin, les parties conviennent des défini-tions ou principes suivants :

1. les conduites violentes se manifestent …sous la forme de comportements violents enutilisant la force physique, l’intimidation,des menaces proférées avec ou sans armes oudes agressions verbales.2. les types de harcèlement– le harcèlement psychologique : il s’agitd’une conduite qui se manifeste par des at -taques incessantes, des critiques et des mo -queries répétées qui sont de nature à porteratteinte à la dignité ou à l’intégrité physiqueou psychologique d’une personne ou de na -ture à entraîner pour elle des conditions detravail défavorables. – le harcèlement sexuel est une forme parti-culière de harcèlement qui se manifeste pardes paroles, des actes ou des gestes à conno-tation sexuelle, qui par leur caractère insis-tant ou répétitif, ont pour effet de porter at -teinte à la dignité ou à l’intégrité physiqueou psychologique de la personne, ou qui en -traînent des conditions de travail défavo -rables…

– le harcèlement racial : Il s’agit d’une con-duite qui se manifeste, entre autres, par desparoles, des actes, des gestes répétés à ca -ractère vexatoire ou méprisant à l’égardd’une personne ou d’un groupe de personnesen raison de la race, de la couleur, de l’ori -gine ethnique ou nationale… c. coll., secteur de l’hôtellerie, Fédération ducommerce.

Violence en milieu de travailLa violence en milieu de travail consiste en desactions ou des menaces faites ou proférées par unindividu ou un groupe d’individus et qui portentatteinte, de manière intentionnelle ou non inten-tionnelle, à l’intégrité ou à la sécurité physiqueou psychologique d’un individu ou d’un grouped’individus.

Le Collège et le Syndicat reconnaissent quela violence en milieu de travail constitue un acterépréhensible et s’efforcent d’en réprimer la pra-tique.

Le Collège peut former un comité sur le har-cèlement sexuel dont le rôle est :

a) faire des recommandations sur tout sujetrelatif au harcèlement sexuel ;b) élaborer des moyens appropriés d’infor-mation ;c) élaborer, s’il y a lieu, des mécanismes derecours.Ce comité sur le harcèlement sexuel peut

regrouper du personnel enseignant, des élèves,du personnel professionnel non enseignant, dupersonnel de soutien et des cadres.

Le comité est formé à la demande d’un deces groupes et détermine son mode de fonction-nement.c. coll., secteur cegeps, FEESP

FICHE 2

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Une lettre d’entente concernant l’organisation du travail Les parties nationales reconnaissent l’impor-tance de mettre en place un mécanisme privilégiéde communication et de coopération, de consul-tation et de recherche de solutions entre les par-ties locales

Les parties locales forment un comité derelations de travail… Le comité doit être préoc-cupé par la qualité des soins et services, la qua -lité de vie au travail des personnes salariées ainsique la protection des emplois.

Le comité doit :Définir les problématiques et les priorités

d’intervention… telles :– les moyens d’améliorer la qualité et l’effi-cience des services aux usagers ;– l’organisation des services et la charge detravail ;– la satisfaction et la valorisation au travail ; – les questions de nature professionnelle,notamment l’autonomie professionnelle, lacoordination professionnelle et le travail enéquipe ;– …Élaborer et compléter une grille d’analyse

afin de répertorier les problèmes du milieu detravail ;

Poser un diagnostic global sur les problèmesrencontrés ;

Convenir des solutions à être appliquéeslocalement.

Afin de réaliser leur mandat, les membresdu comité doivent avoir accès à de la formationdont les parties locales conviendront et à toutel’information pertinente pour la compréhensiondes problèmes et la recherche des solutions.

c. coll., FP

FICHE 2

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AU SEIN DE L’ENTREPRISE OU DE L’ÉTABLISSE-MENT, la mise en œuvre de la politique de préven-tion contre la violence et le harcèlement au travailpourrait être placée sous la responsabilité d’uncomité contre la violence et le harcèlement au tra-vail. Ce comité doit, dans la mesure du possible,représenter l’ensemble des composantes du milieude travail et avoir une représentation équitableentre les hommes et les femmes.

Pour certains milieux de travail où le person-nel est moins nombreux, cela pourra être uncomité déjà existant (comité des relations de tra-vail, comité paritaire de santé et sécurité au tra-vail, comité de condition féminine, etc.).

Lorsque l’employeur et le syndicat décident dela mise en place d’un nouveau comité sur le sujet,le syndicat devra procéder, selon ses propresmécanismes, à la nomination de sa ou son re -présentant. Cette nomination pourra se faire enassemblée générale. Il importe que le processus denomination soit précis, transparent et connu detoutes et de tous. La personne nommée au comitédevrait au moins une fois par année faire uncompte rendu à l’assemblée générale du syndicat.

RôleLa présente politique vise à instaurer et à main-tenir un climat de travail sain et exempt de vio-lence et de harcèlement. Le comité effectueradonc ses travaux dans un esprit pacifique et de col-laboration.

L’objectif premier de cette politique n’est pas decontrôler ou de punir mais de prévenir les situa-tions de violence ou de harcèlement et de soutenirles personnes qui en sont victimes. Pour ce faire, lecomité contre la violence et le harcèlement au tra-vail devra analyser les causes organisationnelles,sociales et culturelles qui peuvent être à la sourcedes situations de violence et de harcèlement.

De plus, le comité contre la violence et le har-cèlement au travail et la personne-ressource neseront aucunement impliqués dans le traitementd’une plainte officielle. Le syndicat devra mener sapropre enquête, dans le respect des règles de laconfidentialité et des droits des membres qu’ilreprésente.

FICHE 3

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Le comité contre la violence et le harcèlement au travail

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LES MOYENS D’ACTION que nous suggérons sont àadapter selon les milieux de travail. Certains peu-vent convenir à certains milieux, d’autres non.Nous vous présentons trois types de moyens d’ac-tion :1. des moyens d’action pour sensibiliser, informeret former l’ensemble du milieu de travail ;2. des moyens d’action pour éliminer, contrôler oudiminuer les facteurs de risque organisationnels ;3. des moyens d’action pour prévoir les change-ments dans le milieu de travail.

1) Des moyens d’action pour sensibiliser,informer et formerUn des meilleurs moyens pour prévenir les situa-tions de violence et de harcèlement au travail estde s’assurer que tout le personnel et toutes les per-sonnes ayant un lien avec l’établissement ou l’en-treprise connaissent, adhèrent ou à tout le moinsse conforment à la mission, à la philosophie, auxvaleurs et aux règles qui régissent le milieu. Lapolitique de prévention de la violence et du har-cèlement au travail est une application de cesnormes.

Voici quelques exemples d’actions possiblespour atteindre ce but :

• diffuser la politique : – en faisant un lancement officiel accompa -gné de plusieurs outils : affiches, dépliants,article dans le journal de l’établissement ou del’entreprise et du syndicat,– en la distribuant à chaque membre du per-sonnel,– en faisant connaître les autres politiques dumilieu : code d’éthique, règlements,– en expliquant en petits groupes (équipes,services, départements) la politique de pré -vention de la violence et du harcèlement autravail ;

• informer le nouveau personnel de l’existencede la politique ;

• profiter de certains événements pour expli-quer les phénomènes qui peuvent avoir unlien avec la violence et le harcèlement (lajournée contre le racisme, la commémorationdu 6 décembre, la semaine de la santé men-tale, etc.) ;

• diffuser largement le bilan annuel en regard dela politique.

2) Des moyens d’action pour éliminer, contrôler ou diminuer les facteurs de risqueorganisationnelsLes manifestations de violence et de harcèlementau travail peuvent être le fait de personnes ayantdes problèmes de santé mentale ou de compor -tement déviant. Mais ces situations sont plutôtrares ; les manifestations de violence et de harcè -lement sont souvent les symptômes d’une dégrada-tion de l’organisation du travail ou des conditionsde travail (communication organisationnelle, ho -raire de travail, charge de travail, insécurité, etc.)

Pour s’attaquer aux causes organisationnellesde la violence et du harcèlement au travail, ladémarche suggérée dans la brochure CSN Agiravant la tempête (2001) est à relire. Cette démarcheconsiste à étayer la situation par des faits perti-nents, faire l’analyse des facteurs de risque, élabo -rer un plan d’action et le mettre en œuvre et enfin,faire le bilan pour en tirer les leçons.

Voici quelques éléments de l’organisation dutravail qui peuvent nous mettre sur la piste des fac-teurs de risque organisationnels.

FICHE 4

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Les moyens d’action

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Certaines études2 démontrent que des par - ticularités des établissements ou des entreprisesfavorisent l’émergence de la violence ou du harcè -lement au travail :

– les locaux surpeuplés, mal ventilés, sales etbruyants ;– l’imprécision des rôles et responsabilités dechacun ;– la mauvaise répartition de la charge de tra-vail ;– l’excès de procédures bureaucratiques ainsique le manque d’autonomie de décision entreles membres du personnel ou avec la clientèle ;– la culture organisationnelle centralisée etdépersonnalisée liée aux grandes organisa-tions, où les risques liés à la gestion sont plusgrands que dans les petites ;– un style de gestion très autoritaire ou trèspeu participatif incluant un trop grand écartentre la conception et l’exécution ;– un environnement de travail isolant lessalarié-es et groupe de salarié-es, encoura -geant les soupçons, ainsi que l’ignorancevolontaire de diverses formes de discrimina-tion au travail ;– l’insécurité face à l’emploi liée à la précaritéet à la détérioration des conditions de travail.

Certaines situations de travail présentent aussiplus de risques de violence de la part de la clientèleou de tiers :

– travailler seul : prépo sé-es au stationnement,chauffeurs de taxi, auxiliaires familiales et so -ciales ;– travailler avec le public : policiers, person-nel de restauration, employé-es de transporten commun ;– manipuler des objets de valeur : vente audétail, agence de sécurité ;– traiter des gens en détresse et aider leurs pro -ches : services ambulanciers, soins à domicile,services sociaux, centres de désintoxication oupsychiatriques, centres pour personnes âgées ;

– œuvrer en éducation : écoles de quartiers dé favorisés.

Les types de solutionsLes types de solutions pour éliminer ou contrôlerles facteurs de risque organisationnels vont varieren fonction de l’analyse qui sera faite dans le mi -lieu de travail. Nous énumérons ci-dessous dessolutions selon le type de rapport impliqué dans lessituations de violence ou de harcèlement.• Si la violence ou le harcèlement est en rapport

avec la clientèle, les proches ou les étran gersLe travail devra être organisé pour diminuer etcontrôler cette violence ou ce harcèlement :formation des employé-es pour connaître lesproblèmes de la clientèle et les façons de réa-gir ; formation aux techniques de pacification,étude de cas en équipe et échange des façonsde faire les plus efficaces, travail à deux, outilsde communication plus efficaces ; procédureset responsabilités prévues en cas d’événe-ments violents.

• Si la violence ou le harcèlement se situeentre collègues de travail ou entre la direc-tion et les employé-esIl s’agit de vérifier et d’améliorer :– l’environnement de travail (bruit, tempéra-ture, espace de travail, outils de travail) ;– la charge et la répartition du travail ;– la clarté et la compréhension des rôles etresponsabilités de chacun ;– la pertinence, la clarté, la précision et lacohérence entre les énoncés de la mission, desrègles, des politiques de l’établissement ou del’entreprise et leur mise en application ;– la circulation de l’information ;– les modes de gestion (autoritaire, bureau-cratique, axée sur la compétition à l’interne,etc.) ;– les conditions de travail (précarité, insécu-rité face à l’emploi, horaires de travail, amé-nagements facilitant la conciliation famille-travail, etc.).

FICHE 4

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2. Le site Internet de la Chaire en gestion de la santé et de la sécuritédu travail, Université Laval, et le rapport du comité interministériel surla prévention du harcèlement psychologique et le soutien aux victimes,Québec.

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Le comité contre la violence et le harcèle-ment au travail doit recenser les faits et fairel’analyse des facteurs de risque organisationnels.Pour ce faire, les comités et structures déjà exis-tants dans le milieu de travail (comité des relationsde travail, comité paritaire en santé et sécurité,comité de la condition féminine, etc.) doivent col-laborer à ce travail d’analyse et de mise en œuvredes actions à entreprendre dans leur champ decompétences.

3) Des moyens d’action pour prévoir les changementsLe monde du travail moderne est un monde dechangements souvent rapides et peu planifiés. Ceschangements sont quelquefois très importants(fusion, acquisition, déménagement, fermeture)mais plusieurs changements moins visibles impli-quant, par exemple, l’aménagement de l’espace oude nouveaux outils se produisent également. Ceschangements ont des répercussions sur les person-nes qui doivent, en plus de fournir leur prestationrégulière de travail, faire le deuil de certaines pra-tiques et s’adapter à de nouvelles réalités. Prévoirl’impact et planifier ces changements est une desfaçons de prévenir les situations de violence et deharcèlement au travail.

Prévoir les changements culturelsPlusieurs nouveaux phénomènes, comme l’arrivéede femmes dans des emplois traditionnellementmasculins, les conflits intergénérationnels, la pré -sence de multiples communautés culturelles sur lesmêmes lieux de travail, peuvent être des sources deconflits pouvant elles-mêmes dégénérer en vio-lence et en harcèlement au travail.

L’information, la sensibilisation aux diffé -rentes réalités aideront le climat de travail. Desévénements ou moments ludiques (pièces dethéâtre, spectacles de musique, repas communau-taire) permettront de se connaître mutuellement,d’apprivoiser les peurs et de développer un langagecommun.

Prévoir les changements structurelsLes fusions, acquisitions, transformations majeuresdans les entreprises et établissements secouentprofondément les habitudes, les croyances et lesfaçons de faire qui, jusqu’à récemment, étaient va -lorisées. De plus, la transition d’une forme d’or-ganisation du travail à une autre peut favoriserl’émergence de situations d’abus de pouvoir ou deconflits de rôle, car les normes qui existaient sontchangées et les nouvelles qui sont en train de sedéfinir laissent un flou. Prévoir les changementsstructurels permettra d’en diminuer les impacts :– donner une information claire, pertinente,

régulière et au moment opportun sur les trans-formations permet de diminuer l’insécurité etla circulation de rumeurs contradictoires etgénératrices de frustrations ;

– former le personnel en résolution de problè -mes pour faire face au fur et à mesure aux dif-ficultés rencontrées ;

– permettre des rituels de passage ;– offrir des activités de debriefing et un pro-

gramme particulier du Programme d’aide auxemployé-es pour permettre aux personnes demieux assumer certaines transitions, etc.

FICHE 4

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La mise en place d’un programme d’aide aux employé-es3

Les recherches effectuées auprès des syndicats de laCSN soulignent les effets négatifs des comporte-ments violents sur l’accomplissement du travail etsur toutes les dimensions de la vie des travailleuseset travailleurs.

La mise en place d’un programme d’aide auxemployé-es (PAE) constitue un bon moyen defournir un soutien approprié aux employés qui sontaux prises avec ce type de problèmes.

Plusieurs entreprises et établissements ont missur pied de tels programmes qui offrent au person-nel un service professionnel d’aide personna lisée.Certains de ces programmes d’aide sont mis enœuvre par les employeurs de façon unilatérale,sans la participation du syndicat. Dans d’autrescas, le syndicat a obtenu de pouvoir y participer.

L’expérience nous apprend que les travail -leuses et les travailleurs sont sécurisés par la pré -sence effective du syndicat dans l’administrationd’un programme d’aide. La mise en place d’uncomité paritaire, qui établira les objectifs du pro-gramme d’aide et qui contrôlera l’ensemble dufonctionnement du programme, constitue la for-mule de participation la plus intéressante.

Les membres du syndicat qui siégeront aucomité paritaire (PAE) rendront compte de leurmandat au comité exécutif et à l’assemblée gé -nérale du syndicat. Les noms et les dossiers des per-sonnes aidées ne devront d’aucune façon êtreportés à la connaissance des membres du comité,celui-ci devant faire porter ses travaux sur desquestions de politique générale nécessaires au bonfonctionnement du programme.

Lors de la négociation d’un programme d’aideavec l’employeur, le syndicat devra s’assurer :• que le programme offre des services dits à mul-

tiples volets (psychologiques, sociaux, conju-gaux, financiers, juridiques) ;

• que les personnes-ressources du programme nesoient pas liées au service du personnel del’entreprise ou de l’établissement ;

• que les services de consultation et les traite-ments soient dispensés à l’extérieur des lieuxde travail ;

• que la confidentialité soit garantie ;• que la travailleuse ou le travailleur ait le choix

de diverses solutions thérapeutiques ;• que la participation au programme soit volon-

taire et qu’elle ne puisse servir à des fins disci-plinaires.

FICHE 5

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Les mécanismes de soutien aux personnes : les programmes d’aideaux employés et les réseaux d’entraide

3. Pour des informations supplémentaires, consulter la brochure de laCSN Les toxicomanies et l’action syndicale.

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L’entraide et les réseaux syndicaux d’entraide

L’entraide, c’est naturelL’entraide est une forme naturelle de soutien queles personnes ou les groupes développent pouraffronter les difficultés qu’ils rencontrent. Ces dif-ficultés peuvent être d’ordre personnel, psy-chologique, social, économique ou autre.

L’entraide est une forme souple et simple desoutien. Elle est fondée sur l’engagement volon-taire des uns et des unes envers les autres. Onreconnaît des formes d’entraide dans les familles,dans les rapports qu’on entretient avec les amis, lesvoisins ou dans le milieu de travail.

L’entraide dans les milieux de travailL’entraide entre les personnes et les groupes existeaussi dans les milieux de travail. Elle s’exprimesous des formes simples ; le covoiturage, le coup demain pour terminer un travail, l’écoute active descollègues de travail qui éprouvent le besoin departager leurs préoccupations ou leurs problèmesen sont des exemples.

Des formes plus élaborées d’entraide existentdans certains milieux de travail. Le syndicat, qui acomme première responsabilité de développer l’ac-tion solidaire des travailleuses et des travailleurs,peut susciter la mise sur pied de réseaux d’entraide.

Les réseaux d’entraide se définissent commedes réseaux de personnes désirant spécifiquementdévelopper l’entraide et qui veulent contribuer àcréer un milieu de travail plus humain.

L’entraide, une réponse alternative et complémentaire aux programmesd’aide aux employé-es (PAE)Les PAE se limitent dans la plupart des cas à uneaction professionnelle strictement individuelledirectement auprès des personnes en difficulté. Parailleurs, ces programmes sont généralementabsents dans la petite et moyenne entreprise danslaquelle on retrouve de nombreux syndicats CSN.Les réseaux d’entraide sont des réponses à la foisalternatives et complémentaires aux programmesd’aide aux employé-es.

Ils peuvent aussi répondre à la volonté des tra-vailleuses et des travailleurs de développer, sur unebase autonome, la solidarité dans leur milieu detravail. En ce sens, le syndicat doit encourager detelles initiatives.

L’entraide ne nécessite pas une formation étendueL’entraide ne requiert pas des personnes qui veu-lent s’y engager une formation étendue pour êtreefficace. La mise sur pied de réseaux d’entraide parles syndicats peut donc se faire assez facilement.Trois coffres à outils sont disponibles à celles età ceux qui veulent agir comme personne entrai -dante : leurs propres expériences de vie, leursexpé riences personnelles comme aidant et un mi -nimum de formation théorique.

En fait, celles et ceux qui veulent contribuer àl’entraide dans leur milieu de travail doivent ap -prendre les rudiments des techniques d’écoute,savoir comment se protéger eux-mêmes et con-naître les ressources institutionnelles et commu-nautaires présentes dans leur région afin d’y ré férerles collègues en difficulté lorsque c’est nécessaire.Cette formation est disponible dans certains con-seils centraux de la CSN.

FICHE 5

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LE RÔLE DE LA PERSONNE-RESSOURCE est trèsimportant. Par son travail, cette personne rendracrédible la politique de prévention de la violenceet du harcèlement au travail. Elle devra voir àjouer son rôle auprès de la présumée victime et dela ou des présumées personnes violentes ou harce-lantes.

Cependant, dès le départ, il faut bien cernerles limites du rôle de cette personne-ressource.

La crédibilité de la personne-ressourceLa personne-ressource doit avant tout être crédibledans le milieu de travail. On choisira donc unepersonne ayant une capacité d’écoute, de mêmequ’une capacité de juger les situations avec calmeet objectivité.

Elle doit être reconnue pour sa capacité àmener à bon port les dossiers dont elle est respon-sable, et ce, dans le respect des personnes avec quielle doit cheminer.

Le rôle de personne-ressource peut êtreattribué à une personne provenant de l’intérieurde l’entreprise ou de l’établissement, ou à une per-sonne ou un organisme œuvrant dans la région oula municipalité. Cette personne-ressource estdésignée par le comité contre la violence et le har-cèlement.

Le rôle de la personne-ressource en regard de la politique de prévention dela violence et du harcèlement au travail La personne-ressource a un rôle central à jouer lorsd’événements ou de dénonciation de phénomènesde violence ou de harcèlement au travail. Elle agitd’ailleurs sur cette question de diverses façons.

La personne-ressource sera accessible et prêteà écouter les personnes vivant potentiellement desproblèmes de violence et de harcèlement, et ce,même si elle n’est pas présente dans le milieu detravail.

Un numéro de téléphone du type 1-800pourra garantir cette écoute.

Il faudra ici négocier avec l’employeur lesmontants nécessaires pour assurer la disponibilitéde l’organisme ou de la personne-ressource. Ondevra donc négocier un budget suffisant pour payerle salaire ou les frais de libération de la personne-ressource et rembourser ses dépenses (déplace-ments, repas, location de matériel, etc.).

Cette mesure est importante et requiert toutenotre attention dès le début des discussions sur lamise en place d’un comité contre la violence et leharcèlement au travail.

Il en sera de même si la personne-ressourcetravaille dans le milieu de travail.

La personne-ressource respectera la règle de la confidentialitéDes travailleuses et des travailleurs seront appelésà dire, raconter, identifier des problèmes qu’ilsvivent.

La personne-ressource sera celle qui occuperala première ligne. Celle qui doit savoir écouter etrespecter la personne qui vit une situation difficile,et ce, même si elle entend des propos très cho -quants ou étonnants.

Mais elle doit surtout savoir se taire, ne pasébruiter les informations reçues ; elle n’émettrajamais de commentaires pouvant permettre d’éta -blir des liens avec des situations précises.

La personne-ressource doit bien comprendreson rôle de même que les limites de ce dernier enregard des responsabilités relevant du syndicat etcelles relevant de l’employeur ou du comité contrela violence et le harcèlement au travail.

FICHE 6

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Le rôle de la personne-ressource

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La personne-ressource intervient principalement à quatre niveaux :a) elle accueille et accompagne la présumée vic-

time de violence ou de harcèlement au tra-vail ;

b) elle procède à une analyse de la situation afinde bien identifier la nature du problème ren-contré ;

c) elle propose aux personnes concernées despistes de solutions afin de résoudre le problè -me (moyens alternatifs de médiation ou de ré -solution du problème, etc.) ;

d) elle transmet un rapport non nominatif aucomité contre la violence et le harcèlementau travail et indique s’il y a lieu les méca -nismes de prévention à mettre en place.

a) L’accueil et l’accompagnement de la présu -mée victime de violence ou de harcèlementau travailIl se résume de la façon suivante :• accueillir la victime ou présumée victime

de violence ou de harcèlement ;• prendre connaissance de l’ensemble des

éléments relatifs à la situation de violenceou de harcèlement ;

• assurer l’accompagnement à la présuméevictime de violence ou de harcèlement enlui fournissant toute l’information perti-nente sur ses droits, sur le processus d’ap-plication de la politique de prévention del’établissement ou de l’entreprise et surl’évolution de son dossier ;

• informer la présumée victime de la vio-lence ou du harcèlement au travail desmécanismes de soutien disponibles (aidespécialisée auprès de professionnel-les de lasanté ou du PAE, référence auprès degroupes de soutien ou de personnes du ré -seau d’entraide de l’entreprise ou de l’éta -blissement, etc.).

Commentaire :La qualité de l’accueil et de l’écoute est d’une

extrême importance dans la première prise de con-tact. Des situations de violence ou de harcèlement

peuvent déclencher des réactions phy siques et psy-chiques chez les victimes. Celles-ci se retrouventsouvent dans un état de grande vulnérabilité.

Il s’agit avant tout d’ouvrir un espace deparole en faisant preuve d’empathie4.

b) L’analyse de la situationLa personne-ressource rencontre la présuméepersonne violente ou harcelante, et elle l’aide,s’il y a lieu, à exprimer et à mettre par écrit saversion des faits.

Elle prend connaissance de l’ensembledes éléments relatifs à la situation de violenceou de harcèlement au travail.

Elle conduit son dossier en toute impar-tialité et respect à l’endroit de la présuméepersonne violente ou harcelante en lui four-nissant toute l’information pertinente sur sesdroits, sur le processus d’application de la poli-tique de prévention de l’établissement ou del’entreprise et sur l’évolution du dossier.

De plus, elle propose des mécanismes desoutien à la présumée personne violente ouharcelante au travail (aide spécialisée auprèsdes professionnel-les de la santé ou du PAE,référence auprès de groupes de soutien ou depersonnes du réseau d’entraide de l’entrepriseou de l’établissement, etc.).

Commentaire :La personne-ressource doit bien évaluer la si -

tuation de violence ou de harcèlement au travailavec les personnes impliquées.

Au-delà de l’écoute bienveillante, il est im -portant de prendre des notes très précises et derecueillir en particulier tout ce qui relève du do -maine des faits en les distinguant du registre desopinions et des sentiments.

FICHE 6

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4. Empathie : faculté de s’identifier à quelqu’un, de ressentir ce qu’ilressent sans toutefois prendre sur soi la charge émotive de ce qui estexposé.

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Pour ce faire, c’est la reformulation des propostenus qui va permettre de vérifier que l’on a biencompris ce que la personne veut dire. Reformuler,c’est proposer une autre manière de dire la mêmechose, tout en aidant la personne à distinguer lesagissements des opinions ou jugements qui sonttrop personnels et subjectifs pour approcher laréalité.

c) Les pistes de solutionsLa personne-ressource procède à l’analyse dela situation et propose aux personnes con-cernées des moyens alternatifs de résolutiondu problème et en assure le suivi, s’il y a lieu.

Elle doit voir à déterminer la natureexacte du problème soulevé afin de bien dis-tinguer s’il s’agit de harcèlement ou de vio-lence au travail (en se référant aux définitionsde politique de prévention de la violence etdu harcèlement au travail).

Elle voit à proposer des mécanismes(résolution coopérative de conflits, média-tion, intervention d’une tierce personne, etc.)et des hypothèses de solutions (excuses, réor-ganisation du travail, coaching de l’équipe detravail, amélioration des techniques de com-munication, etc.) aux personnes impliquéesdans les situations de violence et de harcèle-ment au travail.

Elle peut référer la médiation à un orga -nisme extérieur ou entreprendre le processuselle-même, et ce, avec l’accord des personnesconcernées, s’il y a lieu.

d) La production d’un rapport non nominatifLa personne-ressource doit produire un rap-port non nominatif au comité contre la vio-lence et le harcèlement au travail.

Ce rapport doit préciser les mécanismesde prévention qu’il serait souhaitable demettre en place dans l’entreprise ou l’établis -sement.

Il devra indiquer comment et pourquoiles conditions de travail ou l’organisation dutravail permettent que s’engagent entre desindividus des relations telles qu’elles provo-quent des atteintes à la santé physique et psy-chologique.

Dans la mesure où la plainte officielle estrédigée, la personne-ressource met ici fin àson travail, et chaque groupe impliqué (syn -dicat, employeur ou association) assume sesresponsabilités spécifiques.

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NOUS VOUS PRÉSENTONS LES RECOURS JURI -DIQUES dont disposent les victimes de harcèle-ment ou de violence au travail.

La Commission de la santé et de la sécurité du travail (CSST)En cas de lésion professionnelle au sens de la Loisur les accidents de travail et les maladies profes-sionnelles, la victime de harcèlement ou de vio-lence au travail dispose d’un seul recours possiblepour être indemnisée : la réclamation à la CSST.

Pour être indemnisée par la CSST, la victimede harcèlement ou de violence doit démontrerqu’elle a subi une lésion professionnelle, soit unaccident de travail ou une maladie professionnelle.Généralement, la CSST accepte l’indemnisationd’une victime de harcèlement sur la base de l’acci-dent de travail.

La Loi des accidents du travail et des maladiesprofessionnelles (L.A.T.M.P.) définit, à l’article 2,la notion d’accident de travail dans les termessuivants :

Un événement imprévu et soudain attribuable à toutecause, survenant à une personne par le fait ou à l’oc-casion de son travail et qui entraîne pour elle une lésionprofessionnelle.

À la lumière de la jurisprudence, s’il y a lésionprofessionnelle au sens de la LATMP, la CSST acompétence exclusive et on ne saurait se sous-traire à cette compétence en omettant de présen-ter une réclamation.

Tout cas d’absence (et même tout cas nécessi-tant des soins sans absence) résultant d’un har-cèlement ou d’un climat de violence au travaildoit faire l’objet d’une réclamation à la CSST afinde faire établir s’il s’agit oui ou non d’une lésionprofessionnelle.

La victime de harcèlement a six mois pourproduire sa réclamation à la CSST.

Suivant la jurisprudence (arrêt Genest), ilserait possible, même en cas de lésion profession-nelle, de s’adresser au Tribunal des droits de la per-sonne ou à un arbitre de griefs, selon le cas, pourqu’il rende des ordonnances de redressement(lettre d’excuses, mise en place d’une politique surle sujet) en vue de faire cesser la violence ou leharcèlement, mais non pour l’obtention dedomma ges-intérêts.

S’il ne s’agit pas d’une lésion professionnelle : le griefIl peut arriver que la réclamation à la CSST soitrejetée parce qu’elle ne constitue pas une lésionprofessionnelle. Il importe d’avoir pris soin defaire, en même temps que la réclamation, un griefcontre l’employeur.

De plus, dans tous les cas où le harcèlement oula violence n’entraîne aucune absence ou soins, ilconviendra aussi de faire un grief.

L’objet du grief :1. Harcèlement fait par les cadres et les représen-

tants de l’employeurLe grief pourra reprocher à l’employeur :• le harcèlement qu’il fait subir par le biais

de ses cadres ou représentants ;• le fait qu’il n’a pas pris les mesures né -

cessaires pour que cesse le harcèlement, letout en violation de la convention collec-tive et de la Charte.

2. Harcèlement fait par des compagnons de tra-vail ou la clientèle ou même des tiersLe grief pourra reprocher à l’employeur :• d’avoir omis ou refusé de prendre les me -

sures nécessaires pour que cesse le harcèle-ment ou la violence ;

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Les différents recours juridiques5

5. CSN, Agir avant la tempête, 2001, pages 73 à 75.

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• d’avoir manqué à son obligation de fournirun milieu de travail qui ne porte pas at -teinte à la dignité, à la sécurité et à la santédu ou de la salarié-e, le tout en violation dela convention collective et de la Chartedes droits.

Il conviendra par ailleurs d’indiquer au grief lesfaits reprochés à l’employeur pour éviter un re -jet fondé sur un libellé trop vague. Le grief com-portera normalement une réclamation pourdommages et éventuellement une demanded’ordonnance pour que des mesures soient pri -ses en vue de mettre fin au harcèlement.

Commission et Tribunal des droits de la personneLa Charte des droits et libertés de la personne duQuébec prévoit que la Commission peut recevoirdes plaintes de discrimination (harcèlement) etfaire enquête. Ce recours est fondé sur les articles10, 10.1 et 16 de la Charte ; la Commission por -tera, le cas échéant, le recours devant le Tribunaldes droits de la personne pour la victime.

Le dépôt d’une plainte à la Commission desdroits de la personne et de la jeunesse est permisseulement dans les cas où le harcèlement est fondésur un motif de discrimination prohibé par laCharte, à l’article 10.

Ces motifs sont la race, la couleur, le sexe, lagrossesse, l’orientation sexuelle, l’état civil, l’âgesauf dans la mesure prévue par la loi, la religion, lesconvictions politiques, la langue, l’origine ethni -que ou nationale, la condition sociale, le handicapou l’utilisation d’un moyen pour pallier ce han -dicap.

Dans ces cas, l’article 10.1 de la Charte per-mettrait normalement de s’adresser à la Commis -sion des droits et au Tribunal des droits.

En raison de l’incertitude entourant la compé-tence du Tribunal des droits sur le harcèlement etla discrimination en milieu de travail syndiqué, ilparaît risqué pour le moment d’emprunter cettevoie de recours, du moins contre l’employeur.

Un débat a lieu présentement par suite de cer-tains jugements (Weber et O’Leary). Certains pré-tendent que ces jugements renvoient aux seulsarbitres de grief tout litige survenant dans le cadrede la relation d’emploi même si le litige impliqueune violation de la Charte des droits. Le Tribunaldes droits rejette ce point de vue et estime que lessalarié-es syndiqués doivent, eux aussi, pouvoirs’adresser à la Commission et au Tribunal desdroits.

Dans une décision récente (28 février 2002)de PG QC c. CDP (Jeunes enseignants de laCSQ), la Cour d’appel a tranché dans le sens durecours exclusif à l’arbitre, même pour les litigesportant sur la charte des droits et libertés. La per-mission d’en appeler en Cour Suprême a été au -torisée de sorte que d’ici quelques années, la plushaute cour du pays devrait trancher la question.

Dans l’intervalle, on peut s’attendre à ce quetoute plainte de harcèlement fasse l’objet d’uneobjection de la part de l’employeur, qui prétendraque seul l’arbitre de griefs a compétence.

La CSN réclame que la Charte soit modifiéepour permette un droit d’option entre le Tribunaldes droits et l’arbitre de griefs.

Le problème ne se pose pas si le harceleur estun autre salarié, puisque l’arbitre de grief n’a pascompétence sur les litiges entre salariés. On peutdonc porter plainte à la Commission contre lesalarié harceleur et de même si le harcèlement estle fait de clients de l’employeur. Dans ces deux cas,la plainte serait sûrement recevable.

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Droit de refus Dans certains cas, on peut exercer un droit de refus(Loi sur la santé et la sécurité du travail, article 12)pour harcèlement au travail. On pourrait doncdemander l’intervention préventive d’un inspec -teur de la CSST.

(a.12) Un travailleur a le droit de refuser d’exécuter untravail s’il a des motifs raisonnables de croire que l’exé-cution de ce travail l’expose à un danger pour sa santé,sa sécurité ou son intégrité physique ou peut avoirl’effet d’exposer une autre personne à un semblabledanger.

Les nouvelles dispositions de la Loi sur les normes du travail concernant leharcèlement psychologique

Le harcèlement psychologique :La Loi sur les normes du travail a été modifiée endécembre 2002. Elle inclut dorénavant des dispo-sitions concernant le harcèlement psychologiqueau travail. Ces dispositions entreront en vigueur àcompter du 1er juin 2004. La loi inclut à l’article81.18 une définition du harcèlement psycho -logique :

Une conduite vexatoire se manifestant soit par descomportements, des paroles, des actes ou des gestesrépétés, qui sont hostiles ou non désirés, laquelle porteatteinte à la dignité ou à l’intégrité psychologique ouphysique du salarié et qui entraîne, pour celui-ci, unmilieu de travail néfaste.Une seule conduite grave peut aussi constituer du har-cèlement psychologique si elle porte une telle atteinte etproduit un effet nocif continu pour le salarié.

La loi garantit, à l’article 81.19, à tout salariéun milieu de travail exempt de harcèlement psy-chologique et donne à l’employeur l’obligation deprendre les moyens raisonnables pour prévenir leharcèlement psychologique :

Tout salarié a droit à un milieu de travail exempt deharcèlement psychologique.L’employeur doit prendre les moyens raisonnables pourprévenir le harcèlement psychologique et, lorsqu’unetelle conduite est portée à sa connaissance, pour la fairecesser.

Les recours prévus par la Loi sur les normes du travail Ces deux dispositions (81.18 et 81.19) donnentouverture à une plainte à la Commission desnormes du travail qui, après enquête, la déféreraultimement à la Commission des relations du tra-vail.

Toutefois, pour les salariés couverts par uneconvention collective, la loi prévoit que ces dispo-sitions « sont réputées faire partie intégrante detoute convention collective » (article 81.20).

Les dispositions des articles 81.18, 81.29, 123.7,123.15 et 123.16 sont réputées faire partie intégrantede toute convention collective, compte tenu des adapta-tions nécessaires. Un salarié visé par une telle conven-tion doit exercer les recours qui y sont prévus, dans lamesure où un tel recours existe à son égard.

L’article 123.7, quant à lui, accorde un délaide 90 jours pour déposer un grief à compter de ladernière manifestation de harcèlement psycho -logique.

La convention collective doit se lire comme sices dispositions y étaient inscrites. Afin de s’assu -rer que tant le syndicat que l’employeur sontconscients de l’existence de ces dispositions lé -gales, nous vous recommandons d’en reproduire letexte à la convention collective.

L’article 123.15 accorde à l’arbitre de grief lespouvoirs suivants :1. ordonner à l’employeur de réintégrer le

salarié ;2. ordonner à l’employeur de payer au salarié une

indemnité jusqu’à un maximum équivalant ausalaire perdu ;

3. ordonner à l’employeur de prendre les moyensraisonnables pour faire cesser le harcèlement ;

4. ordonner à l’employeur de verser au salarié desdommages et intérêts punitifs et moraux ;

5. ordonner à l’employeur de verser au salariéune indemnité pour perte d’emploi ;

6. ordonner à l’employeur de financer le soutienpsychologique requis par le salarié, pour unepériode raisonnable qu’il détermine ;

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7. ordonner la modification du dossier disci-plinaire du salarié victime de harcèlementpsychologique.Ces pouvoirs s’ajoutent à ceux que possède

déjà l’arbitre de grief en vertu du Code du travailet de la convention collective.

Toutefois, les remèdes prévus aux paragraphes2, 4 et 6 sont exclus lorsque la personne harceléeest victime d’une lésion professionnelle :

Les paragraphes 2, 4 et 6 de l’article 123.15 ne s’ap-pliquent pas pour une période au cours de laquelle lesalarié est victime d’une lésion professionnelle, au sensde la Loi sur les accidents du travail et les maladies pro-fessionnelles, qui résulte du harcèlement psychologique.

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IL N’Y A PAS LÉSION PROFESSIONNELLE

RÉCLAMATION À LA CSST

GRIEF

Salarié-es couverts

par une conventioncollective

Salarié-es non couverts

par une conventioncollective

(au cas où réclamationrejetée par la CSST)

GRIEF

(Y compris en cas de harcèlement

pour un motif prohibépar la Charte des droits)

(en cas de harcèlementpsychologique au

travail)

PLAINTECDPDJ

(en cas de harcèlement pour unmotif prohibé par laCharte des droits)

RECOURSCIVIL

(s’il ne s’agit pas d’uncas de harcèlement en vertu de la Charte

des droits)

ET

OU

OU

PLAINTE CNT*

IL Y A LÉSION PROFESSIONNELLE

Lésion professionnelle : une blessure ou une maladie qui survient par le

fait ou à l’occasion d’un accident du travail, ou une maladie professionnelle,

y compris la récidive, la rechute ou l’aggravation (a. 2, LATMP)

CSST : Commission de la santé et de la sécurité du travail

CDPDJ : Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse

CNT : Commission des normes du travail

* Cette disposition entrera en vigueur le 1er juin 2004.

Recours contre l’employeur en cas de harcèlement psychologique

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IL EST IMPORTANT DE MENTIONNER ici qu’en casde plainte officielle, le comité contre la violence etle harcèlement au travail et la personne-p20ressource n’assument aucun rôle lors de l’en-quête syndicale.

Lorsqu’une plainte officielle est déposée, lesyndicat doit mener une enquête serrée, dans lerespect des règles de la confidentialité et des droitsdes membres qu’il représente.

L’enquête syndicale est essentielle. Nous vous référons ici au mécanisme d’en-

quête habituellement utilisé dans les dossiers demesures disciplinaires, de plaintes diverses oumême de congédiement.

Vu la complexité des plaintes touchant lesproblèmes de violence et de harcèlement au tra-vail, nous suggérons fortement de consulter trèsrapidement la conseillère ou le conseiller syndicalaffecté à votre dossier. Ce dernier pourra vousguider dans le suivi du dossier et vous conseillerdans les étapes à franchir tout en tenant comptedes obligations légales du syndicat.

De plus, le rôle du syndicat est toujours defournir à ses membres la possibilité de recourir à laprocédure de grief, aux recours prévus à la Loi surla santé et la sécurité du travail et à la Loi sur les acci-dents du travail et les maladies professionnelles ou àtout autre recours devant les tribunaux.

Les représentantes et représentants syndicauxdoivent aussi être au fait des responsabilités légalesprévues par le Code du travail en vertu de l’article47.2.

Le syndicat doit assumer un devoir de re -présentation de ses membres en s’appuyant sur lesorientations précisées dans la jurisprudence perti-

nente.Encore une fois, les avis de la conseillère ou du

conseiller syndical sont très importants dans cetteétape de votre travail syndical.

Le devoir de représentationLe Code du travail fait obligation au syndicat dereprésenter les salariés de l’unité• sans négligence ;• sans arbitraire ;• sans mauvaise foi ;• sans discrimination.

C’est le sens de l’article 47.2 du Code du travail.47.2 Une association accréditée ne doit pas agir demauvaise foi ou de manière arbitraire ou discrimina-toire, ni faire preuve de négligence grave à l’endroit dessalariés compris dans une unité de négociation qu’ellereprésente, peu importe qu’ils soient ses membres ounon.

Dans Landry c. STT de l’Hôtel-Dieu du Sacré-Cœur6, ces termes ont été définis comme suit :

Sans négligence grave : enquête sérieuse, sanserreur grossière, consciencieusement, en éva -luant correctement le dossier ;Sans arbitraire : effort sérieux, soin rai son -nable, après consultation ;Sans discrimination : de la même façon quepour tous les autres salariés, selon les mêmescritères ;Sans mauvaise foi : sans intention de nuire etsans motifs inavouables.

FICHE 8

35

L’enquête syndicale lors d’une plainte officielle ou lorsde l’imposition d’une mesuredisciplinaire

6. 93T995.

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L’enquêteUn point capital à respecter pour décider si ungrief sera ou non porté à l’arbitrage : l’enquête.L’ex périence issue des dossiers de harcèlementsexuel encadre la façon de mener l’enquête, et ce,pour tout cas de violence ou de harcèlement. Cesont les mêmes repères qui s’appliquent.

Le respect de l’article 47.2 du code passe parune enquête sérieuse sur les faits et le droit. Celaest particulièrement névralgique dans un cas demesures disciplinaires pour harcèlement ou agres-sion sexuelle, car dans un tel cas, il peut y avoirconflit entre des salarié-es de l’unité. Il convientdonc de redoubler de prudence et de s’assurer :• de faire une enquête factuelle complète ;• d’interroger tous les témoins, de recueillir leur

version ;• de vérifier la version du présumé harceleur en

l’informant des éléments recueillis pendantl’enquête et compléter le cas échéant l’en-quête par une vérification des éléments addi-tionnels soumis par lui.L’enquête est celle du syndicat ; celui-ci ne

peut donc se retrancher derrière une décision d’as -semblée générale comme seul motif au refus depousser un grief à l’arbitrage.

L’hostilité d’un groupe et même d’une majo -rité de compagnons de travail ne saurait non plusdispenser le syndicat de mener une enquête com-plète et sérieuse; au contraire, c’est dans ces situa-tions que le comportement syndical risque d’être leplus scruté.

Le bien-fondé du griefLe syndicat doit par ailleurs décider s’il y va de l’in-térêt des membres de mener le grief devant unarbitre.

Les chances de succès du grief doivent êtreévaluées de façon réaliste. Par ailleurs, la jurispru-dence reconnaît que même s’il présente deschances de réussite, le syndicat n’est pas tenu deporter un grief à l’arbitrage ; le syndicat a le droitde choisir entre divers intérêts. C’est le processusou les motifs qui sous-tendent la décision quicomptent :

Lorsque les employés ont des intérêts opposés, le syn-dicat peut choisir de défendre un ensemble d’in-térêts au détriment d’un autre pourvu que sa déci-sion ne découle pas des motifs irréguliers décrits pré -cédemment et pourvu qu’il examine tous les facteurspertinents. Le choix de présenter une demande plutôtqu’une autre ne peut en soi faire l’objet d’une objec-tion. Ce sont plutôt les motifs sous-jacents et laméthode utilisée pour effectuer ce choix qui peu-vent faire l’objet d’une objection7.

En matière d’agressions sexuelles, le tribunal areconnu le droit du syndicat de faire des choixéthiques à condition cependant d’avoir préalable-ment enquêté sérieusement.

En ce domaine des agressions sexuelles, les syndicatssont justifiés de se demander qui ils doivent défendre: laprétendue victime ou le prétendu agresseur, surtoutlorsqu’ils sont tous deux des salariés visés par la con-vention collective. La politique retenue de faire uneenquête la plus sérieuse possible, de donner le bénéficedu doute et, règle générale, de ne pas poursuivre le griefs’il y a bel et bien eu agression, n’est peut-être pas par-faite, mais il n’appartient pas au Tribunal, commesouligné ci-haut, d’être le censeur des décisions syndi-cales8.

Il convient cependant de rappeler que plus lamesure disciplinaire est importante (ex. : congé -diement), plus le syndicat doit se montrer prudentavant de priver un salarié de son droit de grief.Même l’adhésion à une politique contre le har-cèlement sexuel ne saurait conduire au refus systé-matique de défendre tout salarié coupable.

La confidentialitéÀ compter du moment où une plainte engendredes mesures disciplinaires et que le syndicat doitdécider s’il conteste par grief, il ne saurait êtrequestion de confidentialité. Le syndicat ne peutmener une enquête sérieuse et confronter le pré-sumé harceleur en lui taisant le nom de la plai -gnante ou du plaignant et le contenu de la plainte.

FICHE 8

36

7. Gendron c. SSU of PSAC, [1990] 1 RCS 1298, p. 1329.8. Op. cit. note 1, pp. 25-26.

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Annexe A CONFIDENTIEL

Fiche d’information à l’intention de la personne-ressource

Identification de la présumée victime de violence ou de harcèlement

Nom............................................................. Prénom ..............................................................

Fonction........................................................................................................................

SECTION 1

Description des incidents ou de l’événement(au besoin, joindre des feuilles supplémentaires)

Date ............................................................ Heure .................................................................

Lieu .............................................................

Nom de la personne présumée violente ou harcelante

..................................................................................................................................................

Témoin (s) ................................................... ...........................................................................

..................................................................... ...........................................................................

Détails de l’incident ou de l’événement (gestes, paroles, attitudes, comportements)

........................................................................................................................................................

........................................................................................................................................................

........................................................................................................................................................

........................................................................................................................................................

SECTION 2

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Actions posées : Oui � Non �

Si oui, à identifier : ...................................................................................................................

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

Solutions souhaitées : .............................................................................................................

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

Remarques, commentaires : ..................................................................................................

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

Date ...............................................................................................

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Annexe B CONFIDENTIEL

Informations statistiques - grille

INFORMATIONS À L’USAGE DES PERSONNES-RESSOURCES :� Formulaire à l’usage exclusif des personnes-ressources.� Aucun renseignement nominatif n’est inscrit à ce formulaire.� Une grille doit être remplie pour chaque situation.

� Violence au travail � Abus de pouvoir ou d’autorité� Harcèlement au travail � Mobbing (persécution au travail)� Harcèlement sexuel � Autre� Harcèlement racial � Non fondé� Harcèlement psychologique

Description sommaire : ............................................................................................................

..................................................................................................................................................

1. TYPE DE VIOLENCE OU DE HARCÈLEMENT

Lieu physique où s’est produite la situation de violence ou de harcèlement (exemples :département, ascenseur, escalier, salles de réunion, rencontre à l’extérieur, etc.)

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

2. MILIEU : OÙ CELA S’EST-IL PRODUIT ?

masculin fémininSexe de la victime ou présumée victime d’une situation � �

de violence ou de harcèlement

Sexe de la personne présumée violente ou harcelante � �

3. SEXE DES PERSONNES IMPLIQUÉES

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� Personne qui est victime ou présumée victime de violence ou de harcèlement :� Collègue de travail � Supérieur hiérarchique � Supérieur immédiat � Employé-e � Autre

� Personne présumée violente ou harcelante :� Collègue de travail � Supérieur hiérarchique � Supérieur immédiat � Employé-e � Autre

4. NATURE DES LIENS ENTRE LES PERSONNES IMPLIQUÉES

Description sommaire des répercussions de la violence ou du harcèlement sur la victime ou laprésumée victime (exemples : santé physique et psychologique, autres désagréments, etc.)

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

5. RÉPERCUSSIONS SUR LA VICTIME OU PRÉSUMÉE VICTIME DE VIOLENCE OU DE HARCÈLEMENT

� Entretien avec la victime ou présumée victime de violence ou de harcèlement� Entretien avec la personne présumée violente ou harcelante� Résolution coopérative de conflit ou autres solutions alternatives� Dépôt d’une plainte officielle� Dépôt d’un grief ou exercice de tout autre recours� Dépôt d’une réclamation à la CSST� Autre

6. INTERVENTIONS FAITES

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

..................................................................................................................................................

7. RÉSULTATS OBTENUS

Date ...............................................................................................