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Revue ge ´ne ´ rale Polymorphismes ge ´ ne ´ tiques : comment interpre ´ ter les e ´ tudes ? Genetic polymorphisms: How to interpret studies? Ce ´ cile Courivaud a, * ,b , Philippe Saas a , Didier Ducloux a,b a Inserm UMR 645, e ´tablissement franc ¸ais du sang Bourgogne Franche-Comte ´, universite ´ de Franche-Comte ´, 1, boulevard Alexander-Fleming, BP 1937, 25020 Besanc ¸on, France b Service de ne ´phrologie, dialyse et transplantation re ´nale, ho ˆpital Saint-Jacques, CHU de Besanc ¸on, 25030 Besanc ¸on, France Depuis quelques anne ´ es, le nombre de publications concernant d’e ´ ventuelles relations entre un variant ge ´ne ´ tique et un phe ´ notype clinique a connu une croissance exponentielle (Fig. 1). Les re ´ sultats souvent contradictoires de ces e ´ tudes ont contribue ´a ` une me ´ fiance le ´ gitime vis-a ` -vis des conclusions et des conse ´ quences pratiques de ces travaux. Dans cette revue, nous fournissons un certain nombre de clefs pour mieux appre ´ hender ces e ´ tudes et « se ´ parer le bon grain de l’ivraie ». 1. De ´ finitions Par convention, une variation rare (affectant par de ´ finition moins de 1 % des chromosomes d’un individu) est appele ´e une mutation et une variation fre ´ quente (a ` partir de 1 %), un polymorphisme ou variant ge ´ne ´ tique. Sur les trois milliards de bases du ge ´ nome humain, plus de 99 % sont identiques d’un individu a ` l’autre. Les autres repre ´ sentent les variants ge ´ne ´ tiques ou polymorphismes. Ce pourcentage peut paraı ˆtre ne ´ gligeable, mais repre ´ sente pourtant environ trois millions de nucle ´ otides qui sont a ` la base des diffe ´ rences entre les individus. Ces polymorphismes re ´ sultent de trois types de modifications de la se ´ quence d’ADN : des variations de nucle ´ otides uniques (SNP pour single nucleotide polymorphism) ou polymorphismes touchant un seul nucle ´ otide, qui correspondent a ` la substitution d’un nucle ´ otide par un autre ; des insertions ou des de ´le ´ tions de bases, qui peuvent impliquer une seule base ou des centaines de milliers de nucle ´ otides ; des de ´ le ´ tions d’ADN re ´pe ´ titifs (tandem repeats, microsatellites). Certains polymorphismes n’ont aucun effet phe ´ notypique (leur pre ´ sence n’implique aucune diffe ´ rence), tandis que d’autres vont affecter l’expression et/ou la fonction de la prote ´ ine code ´e par le ge ` ne, avec pour conse ´ quences d’e ´ ventuelles variations, patholo- giques ou non. Le polymorphisme le plus fre ´ quent est le SNP. Il s’agit d’une variation simple et unique dans la se ´ quence nucle ´ otidique d’un ge ` ne, retrouve ´e chez plusieurs individus d’une me ˆme espe ` ce et qui se transmet de fac ¸on mende ´ lienne. Ces SNP repre ´ sentent 90 % de l’ensemble des variants ge ´ne ´ tiques. De fait, il a e ´te ´ identifie ´a ` ce jour plus de neuf millions de SNP [1,2]. La plupart sont bi-alle ´ liques et se caracte ´ risent par la fre ´ quence d’un alle `le minoritaire ou variant. On classe ces SNP en fonction de la modification nucle ´ otidique. On distingue ainsi : les SNP non codants qui se situent dans les re ´ gions 5’ ou 3’ non transcrites, dans les re ´ gions 5’ ou 3’ non traduites, dans les introns ou dans les re ´ gions inter-ge ´ niques ; Ne ´ phrologie & The ´ rapeutique 8 (2012) 141–145 I N F O A R T I C L E Historique de l’article : Rec ¸u le 12 avril 2011 Accepte ´ le 17 juillet 2011 Mot cle ´: Polymorphismes ge ´ne ´ tiques Keyword: Single nucleotide polymorphism R E ´ S U M E ´ Le nombre de publications concernant d’e ´ ventuelles relations entre un variant ge ´ne ´ tique et un phe ´ notype clinique a connu une croissance exponentielle. Les re ´ sultats souvent contradictoires de ces e ´ tudes ont contribue ´a ` une me ´ fiance le ´ gitime vis-a ` -vis des conclusions et des conse ´ quences pratiques de ces travaux. Cette mise au point rappelle les caracte ´ ristiques des variants ge ´ne ´ tiques et les exigences me ´ thodologiques des e ´ tudes de polymorphismes. ß 2011 Association Socie ´te ´ de ne ´ phrologie. Publie ´ par Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve ´s. A B S T R A C T During the last years, publications upon potential association between genetic polymorphisms and clinical outcomes have exponentially increased. Conflicting results between similar studies have contributed to seriously distrust the validity of this approach. This review emphasizes on intrinsic properties of SNP and methodological prerequisites for such studies. ß 2011 Association Socie ´ te ´ de ne ´ phrologie. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved. * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (C. Courivaud). 1769-7255/$ see front matter ß 2011 Association Socie ´te ´ de ne ´ phrologie. Publie ´ par Elsevier Masson SAS. Tous droits re ´ serve ´s. doi:10.1016/j.nephro.2011.07.411

Polymorphismes génétiques : comment interpréter les études ?

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Nephrologie & Therapeutique 8 (2012) 141–145

Revue generale

Polymorphismes genetiques : comment interpreter les etudes ?

Genetic polymorphisms: How to interpret studies?

Cecile Courivaud a,*,b, Philippe Saas a, Didier Ducloux a,b

a Inserm UMR 645, etablissement francais du sang Bourgogne Franche-Comte, universite de Franche-Comte, 1, boulevard Alexander-Fleming, BP 1937, 25020 Besancon, Franceb Service de nephrologie, dialyse et transplantation renale, hopital Saint-Jacques, CHU de Besancon, 25030 Besancon, France

Depuis quelques annees, le nombre de publications concernantd’eventuelles relations entre un variant genetique et un phenotypeclinique a connu une croissance exponentielle (Fig. 1). Les resultatssouvent contradictoires de ces etudes ont contribue a une mefiance

� des variations de nucleotides uniques (SNP pour single nucleotide

polymorphism) ou polymorphismes touchant un seul nucleotide,qui correspondent a la substitution d’un nucleotide par un autre ;� des insertions ou des deletions de bases, qui peuvent impliquer

I N F O A R T I C L E

Historique de l’article :

Recu le 12 avril 2011

Accepte le 17 juillet 2011

Mot cle :

Polymorphismes genetiques

Keyword:

Single nucleotide polymorphism

R E S U M E

Le nombre de publications concernant d’eventuelles relations entre un variant genetique et un

phenotype clinique a connu une croissance exponentielle. Les resultats souvent contradictoires de ces

etudes ont contribue a une mefiance legitime vis-a-vis des conclusions et des consequences pratiques de

ces travaux. Cette mise au point rappelle les caracteristiques des variants genetiques et les exigences

methodologiques des etudes de polymorphismes.

� 2011 Association Societe de nephrologie. Publie par Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

A B S T R A C T

During the last years, publications upon potential association between genetic polymorphisms and

clinical outcomes have exponentially increased. Conflicting results between similar studies have

contributed to seriously distrust the validity of this approach. This review emphasizes on intrinsic

properties of SNP and methodological prerequisites for such studies.

� 2011 Association Societe de nephrologie. Published by Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

legitime vis-a-vis des conclusions et des consequences pratiquesde ces travaux. Dans cette revue, nous fournissons un certainnombre de clefs pour mieux apprehender ces etudes et « separer lebon grain de l’ivraie ».

1. Definitions

Par convention, une variation rare (affectant par definition moinsde 1 % des chromosomes d’un individu) est appelee une mutation etune variation frequente (a partir de 1 %), un polymorphisme ouvariant genetique. Sur les trois milliards de bases du genomehumain, plus de 99 % sont identiques d’un individu a l’autre. Lesautres representent les variants genetiques ou polymorphismes. Cepourcentage peut paraıtre negligeable, mais represente pourtantenviron trois millions de nucleotides qui sont a la base desdifferences entre les individus. Ces polymorphismes resultent detrois types de modifications de la sequence d’ADN :

* Auteur correspondant.

Adresse e-mail : [email protected] (C. Courivaud).

1769-7255/$ – see front matter � 2011 Association Societe de nephrologie. Publie par

doi:10.1016/j.nephro.2011.07.411

une seule base ou des centaines de milliers de nucleotides ;� des deletions d’ADN repetitifs (tandem repeats, microsatellites).

Certains polymorphismes n’ont aucun effet phenotypique (leurpresence n’implique aucune difference), tandis que d’autres vontaffecter l’expression et/ou la fonction de la proteine codee par legene, avec pour consequences d’eventuelles variations, patholo-giques ou non.

Le polymorphisme le plus frequent est le SNP. Il s’agit d’unevariation simple et unique dans la sequence nucleotidique d’ungene, retrouvee chez plusieurs individus d’une meme espece et quise transmet de facon mendelienne. Ces SNP representent 90 % del’ensemble des variants genetiques. De fait, il a ete identifie a cejour plus de neuf millions de SNP [1,2]. La plupart sont bi-alleliqueset se caracterisent par la frequence d’un allele minoritaire ouvariant. On classe ces SNP en fonction de la modificationnucleotidique. On distingue ainsi :

� les SNP non codants qui se situent dans les regions 5’ ou 3’ nontranscrites, dans les regions 5’ ou 3’ non traduites, dans lesintrons ou dans les regions inter-geniques ;

Elsevier Masson SAS. Tous droits reserves.

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Fig. 1. Evolution du nombre de publications recensees avec les mots cles « genetic

polymorphisms » « human » entre 2000 et 2010.

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� les SNP codants qui peuvent etre des polymorphismes desubstitution (qui aboutissent a une modification de l’acide aminecode), ou des polymorphismes synonymes (ou malgre lechangement de codon, l’acide amine ne change pas).

2. Caracteristiques des polymorphismes

Tous les SNP proviennent d’une mutation initiale puisque lasubstitution d’un nucleotide par un autre est par definition unemutation. Mais lorsque l’on observe un variant genetique dans unepopulation, l’evenement qui lui a donne naissance est generale-ment ancien et le SNP observe ne constitue pas une nouvellemutation. Il s’agit de fait d’un polymorphisme transmis degeneration en generation. On parle pourtant souvent de« mutation » pour decrire un allele different du type majoritaire,surtout lorsqu’on pense que l’allele anormal est implique dans uncaractere pathologique. La plupart des loci des populationsnaturelles presente plusieurs haplotypes, de sorte que le typesauvage est en fait un ensemble de differents haplotypes. Memedans le cas ou un ou plusieurs haplotypes sont associes a un traitphenotypique, il n’est pas facile de distinguer entre les typessauvages et mutants. Il se peut meme que la forme la plus rare soitla forme ancestrale et il est donc plus pertinent de parler depolymorphisme ou variant genetique que de mutations.

3. Applications

Les deux applications principales des etudes de polymor-phismes sont la genetique des populations correspondant a l’etudede la repartition des variants genetiques dans les differentesethnies et la genetique quantitative correspondant a l’etude desrelations entre SNP et variations phenotypiques. Il est admis que laplupart des SNP se maintiennent dans les populations naturellesgrace a l’equilibre entre mutations et derive genetique. Cela signifieque le taux de survenue de nouvelles mutations est en equilibreavec le taux de disparition de polymorphisme. La plupart desmutations sont ainsi perdues apres quelques generations, maiscertaines d’entre elles peuvent devenir frequentes et se fixerdefinitivement dans une population. A ce titre, les mouvements depopulation constituent une source potentielle de diversite. Ainsi,l’isolement affecte la vitesse de perte de ces variations par derivegenetique et une croissance rapide de la population change larepartition des haplotypes. Ces elements structurants des variantsgenetiques peuvent en theorie compliquer l’analyse des etudes depolymorphismes et leur generalisation dans l’espace (d’unepopulation a une autre) et dans le temps (pour une meme

population). Cela est plus particulierement le cas dans des societesouvertes, multiethniques et ou il existe des echanges entre lesdifferentes ethnies.

4. Concepts importants pour comprendre les ecueils des etudesde polymorphismes

Quelques concepts sont importants a comprendre pour mieuxapprehender la genetique quantitative.

4.1. La repartition de la frequence des alleles

La grande majorite des SNP sont rares concernant le plussouvent moins de 5 % des individus [1]. Une faible proportion depatients porteurs du variant genetique rend difficile la mise enrelation de ce variant avec un phenotype clinique. Cela a desconsequences sur la qualite des etudes. En effet, si le genotypeetudie est rare, il sera necessaire d’inclure un nombre important depatients.

4.2. Le desequilibre de liaison (DL)

Le DL designe la situation ou des alleles situes a deux loci nesont pas transmis de facon independante. Si deux SNP sont associespar hasard, la proportion attendue pour chacun des 4 genotypespossibles peut etre calculee en multipliant les frequencesrespectives des SNP pour chaque allele. Si la proportion d’unecombinaison depasse celle predite, il y a alors un DL entre les SNP.Ce DL peut empecher de conclure correctement quant a l’existenced’une association reelle entre un genotype et le phenotypecorrespondant.

4.3. La stratification de la population

Ce terme designe la repartition de la variation genetique entreles populations d’une meme espece. L’espece humaine presenteune variabilite geographique assez reduite. La plupart des SNPhumains se retrouve dans les principaux groupes raciaux. Stephenset al. ont montre que seuls 8 % de tous les haplotypes (combinaisond’alleles sur un meme chromosome) etaient specifiques de l’un des4 groupes ethniques etudies, et que 71 % etaient communs a tousles groupes, meme en se basant sur un aussi faible echantillon [3].Neanmoins, la frequence des SNP peut varier de facon importanted’un groupe ethnique a un autre. Le melange dans une memepopulation d’etude de deux populations ayant a la fois unefrequence differente de l’allele considere et du phenotyperecherche peut conduire a conclure a tort a un lien causal entrele variant et la maladie (Fig. 2). Cette relation peut etre expliqueepar des differences culturelles ou environnementales dans les deuxpopulations. Il est donc important de considerer dans chaque etudeune population ethniquement homogene.

D’autres concepts sont necessaires a l’interpretation correctedes etudes de polymorphismes.

4.4. L’heritabilite de la maladie

Dans le cas pathologie d’origine multifactorielle, la contributiongenetique a la maladie est parfois trop faible pour qu’aucunechantillon etudie n’ait une taille suffisante. Ainsi, plus laphysiopathologie de la maladie est complexe et fait intervenirde determinants differents, plus il sera difficile d’identifier le roled’un facteur genetique. La non prise en compte de cet aspect,souvent couplee a un echantillon de population etudie insuffisant,peut faire conclure a tort a l’absence d’effet du variant genetiquesur le phenotype observe.

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Fig. 2. Exemple d’effet lie a un desequilibre de liaison. Dans cet exemple ou deux populations sont analysees, la frequence de l’allele G est plus elevee dans la population A tout

comme l’est l’incidence du rejet aigu. De ce fait, si les deux populations sont etudiees ensemble, il apparaıtra necessairement une frequence plus elevee du rejet chez les

porteurs de l’allele G. En effet 69 % des alleles G (0,9/(0,9 + 0,4) = 0,69) sont dans la population A ou le rejet est plus frequent. La relation n’est pas necessairement causale et

peut etre due a des facteurs culturels ou environnementaux.

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4.5. Le nombre de genes affectant la maladie

Plus le nombre de genes est grand, plus la contributionmoyenne de chacun est faible, et plus leur detection est difficile.Par ailleurs, les variants de chaque gene peuvent interagir entreeux et avec les autres genes impliques.

4.6. La penetrance et l’expressivite

Dans le cas de maladie humaine, la penetrance peut dependrepar exemple de l’age et conduire a des conclusions erronees. C’estle cas de la plupart des maladies renales qui surviennenttardivement ce qui peut conduire a des erreurs de classificationsdes phenotypes. L’expressivite peut egalement etre modulee parl’environnement, pouvant alors entraıner de faux diagnostics ouune fausse classification du degre de gravite.

5. Quelles consequences pour les etudes cliniques depolymorphisme ?

Les etudes concernant la recherche de correlation entre unvariant genetique et un caractere pathologique, sont tresnombreuses. Leur realisation necessite cependant, pour etreadaptee, des conditions de realisations adequates (Tableau 1).

5.1. Qualite de l’hypothese initiale

Il est necessaire dans les etudes d’association que le genecandidat etudie soit pertinent du point de vue physiopathologique.L’hypothese doit donc se baser sur le fait que la mutation affecte une

Tableau 1Principales conditions d’interpretation des etudes de polymorphismes.

Qualite de l’hypothese Le gene etudie do

Stratification de la population La repartition gen

la frequence de l’a

Consequences biologiques de la mutation Un test pertinent

Taille de l’effectif Doit etre adapte a

Replication L’hypothese doit e

Ajustement pour les comparaisons multiples L’hypothese initia

Selection des participants Si des patients son

patients doivent e

Erreurs de genotypage L’enonce methodo

proteine dont l’alteration d’une ou des fonctions est raisonnable-ment susceptible d’avoir les consequences recherchees.

5.2. Stratification de la population

L’effet de la stratification est probablement faible. L’associationd’un genotype et d’une maladie semble en effet relativementconstante d’une population a une autre [4]. Neanmoins, comme laplupart des etudes d’association comporte de faibles effectifs, unbiais modere peut avoir des consequences statistiques importantes[5]. Il est donc important de preciser si l’etude inclut unepopulation genetiquement homogene ou dans la cas contraire, sila stratification de la population a ete prise en compte.

5.3. Fonction biologique de la mutation

Une validation fonctionnelle confirmant que la variation desequence nucleotidique a une consequence sur l’activite de laproteine est egalement indispensable. Cette etape est loin d’etresimple car l’effet des polymorphismes au niveau biologique estparfois difficile a etablir. Les validations fonctionnelles peuvent etreetablies par dosage serique dans le cadre, par exemple, d’etude depolymorphisme de cytokines dont le taux serique est correle a laproduction.C’est lecas,parexempledel’interleukine-6.Notre groupea ainsi montre que le taux serique d’IL-6 variait avec le poly-morphisme dupromoteurdugenedel’IL-6en position �174 [6]. Delameme maniere, l’etude de polymorphisme concernant un systemeenzymatique peut etre validee grace a la mesure de son activitebiologique (par exemple, mesure de la production de PGE2 lors de lavalidation fonctionnelle du polymorphisme de la COX-2 [7]).

it avoir un role potentiel dans la pathologie recherchee

etique de la population doit etre indiquee. Si la population n’est pas homogene,

llele et de la pathologie doit etre indiquees pour chaque population

doit montrer que la variant a un effet sur la proteine codee

la frequence de l’allele, a l’incidence de la pathologie et a sa complexite

tre testee dans 2 populations independantes

le doit etre clairement enoncee evitant ainsi les comparaisons multiples

t exclus, les raisons doivent etre precisees et les caracteristiques de ces

tre analysees

logique doit etre precis

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Cela peut etre plus complexe pour l’etude de certainspolymorphismes, par exemple, lorsque la mutation affectel’affinite d’un recepteur pour son ligand. Une autre difficulte estrencontree lorsque le dosage direct dans un liquide est impossibleou non pertinent et que la capacite de production doit etre mesureein vitro apres stimulation plus ou moins specifique. Dans ce cas, lapertinence du test est difficile a apprecier et l’interpretation de telsresultats est sujette a caution.

5.4. La taille de l’effectif

La plupart des tests statistiques utilises dans le cadre de cesetudes requierent en general des tailles d’echantillons depassant500 individus pour avoir une chance de plus de 80 % de detecter unlocus responsable d’au moins 5 % de susceptibilite a la maladie. Peud’etudes a ce jour font etat d’echantillons de cette taille et deserreurs de second type (non detection de l’association alors qu’elleexiste) sont donc probablement frequentes. Determiner de faconadequate la taille de l’echantillon depend de plusieurs parametresdont la frequence de l’allele mineur, la difference attendue entrecas–temoins, la complexite de la pathologie. . . Une etude recentesur les etudes de polymorphismes presentees a l‘EDTA et a l’ASNillustre tout particulierement cette insuffisance d’echantillonnagedes etudes genetiques [8]. Le nombre moyen de patients par etudeetait en effet de 276 � 116 et 42 % avaient inclus moins de100 patients.

Une taille inadaptee de l’echantillon peut conduire a un autretype de biais. Lorsque des etudes incluant un faible nombre depatients sont realisees, leur probabilite de publication augmente sile resultat est positif, c’est-a-dire lorsqu’une association estretrouvee entre le variant genetique et le phenotype. Cela induitun biais de publication.

5.5. La cohorte de replication

La replication des etudes est indispensable. Cependant, comptetenu des differences de frequence alleliques pouvant exister entrepopulations differentes, l’association n’est pas necessairementretrouvee, sans pour autant exclure l’implication du gene. Il estdonc necessaire de disposer d’une population genetiquementcomparable.

5.6. Ajustement pour les comparaisons multiples

Lorsque l’on etudie plusieurs evenements potentiellementassocies a un meme variant ou que l’on teste differentescombinaisons alleliques, le resultat est soumis a un biais d’inflationdu risque alpha. La correction habituelle de Bonferroni dans le casde comparaison multiple consiste a diviser le seuil nominal designification par le nombre de comparaison effectuee pour obtenirun taux de faux-positifs acceptable dans le cadre de l’experienceeffectuee. Ces corrections s’accompagnent evidemment d’uneaugmentation du nombre de patients necessaire pour mettre enevidence une difference significative. Au mieux et pour eviter lescomparaisons aleatoires entre groupes, il est plus logique decomparer les genotypes en fonction de leur effet sur la quantite oula qualite de la proteine codee.

5.7. Genotypage

Differents types d’erreurs peuvent survenir au cours de l’etapede genotypage (faible quantite ou qualite d’ADN, equipementsimprecis, erreur humaine. . .) [9]. Ces erreurs de genotypagepeuvent atteindre 30 % des echantillons [9,10]. Les erreurs degenotypage vont plutot favoriser l’hypothese nulle. Le biais le plusimportant intervient lorsque la sensibilite du genotypage est faible

et la prevalence du genotype elevee ou lorsque la specificite estfaible et la prevalence basse.

6. Approche genes-candidats versus approche genome-wide

6.1. Approche genes-candidats

Les approches genes-candidats consistent a selectionner unensemble de genes dont les fonctions pourraient intervenir dansl’etiologie de la maladie etudiee, et a les tester directement parassociation. Le choix des genes peut etre guide par des a prioribiologiques tels que la fonction ou l’appartenance a une voiemetabolique associee a une maladie, ou encore sur la base de lalocalisation dans une region chromosomique d’interet, suggereepar une precedente etude de liaison ou d’association. Memelorsque les connaissances a priori sont larges et que la physio-pathologie de la maladie est relativement bien comprise,l’approche genes-candidats n’identifiera qu’une fraction desdeterminants genetiques. Dans le cas contraire, elle est alorsinadaptee pour apprehender de facon exhaustive les causesgenetiques des maladies.

6.2. Approche genome-wide

Une etude d’association genome-wide (ou systematique)s’interesse a une grande partie du genome sans aucun a priorisur l’identite des locus impliques. Cette approche represente unestrategie impartiale, non dirigee et assez complete pouvant etremise en place en l’absence d’indices sur la fonction ou la positiondes locus de susceptibilite. Elle a d’abord ete utilisee pour desetudes de liaison utilisant des microsatellites et a permis demettre en evidence la plupart des genes responsables desmaladies monogeniques connues. Ces etudes sont soumises ades contraintes bioinformatiques et statistiques particulieres.Dans une analyse prenant potentiellement en compte un millionde SNP ou le signal pathologique vrai n’est pas necessairementtres superieur au bruit de fond ou a l’effet d’un facteur confondant,les defis statistiques sont differents de ceux d’une analyse gene-candidat. Le calcul du nombre de patients, l’approche methodo-logique (cas–temoins, etudes de familles, analyse de liaison dansune population « melangee » [MALD]), la definition du seuil alpha(souvent compris entre 10�4 et 10�7), la couverture plus ou moinscomplete du genome, le controle qualite des donnees sontcertains des points majeurs a analyser dans l’interpretation de cesetudes.

Du choix de l’approche va donc dependre la selection desmarqueurs.

7. Conclusions

Les etudes de polymorphismes peuvent apporter desrenseignements precieux pour mieux comprendre la physio-pathologie de maladies complexes, selectionner des groupes depatients a risque et definir des strategies therapeutiques. Pouretre interpretables, elles necessitent de repondre a des criteresmethodologiques rigoureux. Ces exigences doivent etre cellesdes chercheurs qui generent les etudes, des lecteurs qui ont ajuger de leur pertinence et des comites editoriaux des journauxmedicaux qui contribuent a leur diffusion. La rehabilitation etl’exploitation raisonnable de ces etudes ne peuvent s’envisagerque si chacun joue son role pour exiger l’excellence en matierede recherche clinique dans ce type d’etudes. Des recommanda-tions existent depuis plusieurs annees et devraient enfin etreadoptees et suivies par l’ensemble de la communaute medicale[11,12].

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Declaration d’interets

Les auteurs declarent ne pas avoir de conflits d’interets enrelation avec cet article.

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