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Tous droits réservés © La Société La Vie des Arts, 1973 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation des services d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d’utilisation que vous pouvez consulter en ligne. https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/ Cet article est diffusé et préservé par Érudit. Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé de l’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec à Montréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche. https://www.erudit.org/fr/ Document généré le 23 mars 2021 05:17 Vie des Arts Poésie visuelle Jacques Lepage Volume 17, numéro 70, printemps 1973 URI : https://id.erudit.org/iderudit/57843ac Aller au sommaire du numéro Éditeur(s) La Société La Vie des Arts ISSN 0042-5435 (imprimé) 1923-3183 (numérique) Découvrir la revue Citer cet article Lepage, J. (1973). Poésie visuelle. Vie des Arts, 17 (70), 62–65.

Poésie visuelle - erudit.org · Poésie visuelle. Vie des Arts, 17 (70), 62–65. Poc/ie vi/ucllc Jacques LEPAGE Un siècle, la poésie fut tributaire de Baudelaire. Ceux-mêmes

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Tous droits réservés © La Société La Vie des Arts, 1973 Ce document est protégé par la loi sur le droit d’auteur. L’utilisation desservices d’Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politiqued’utilisation que vous pouvez consulter en ligne.https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politique-dutilisation/

Cet article est diffusé et préservé par Érudit.Érudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif composé del’Université de Montréal, l’Université Laval et l’Université du Québec àMontréal. Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche.https://www.erudit.org/fr/

Document généré le 23 mars 2021 05:17

Vie des Arts

Poésie visuelleJacques Lepage

Volume 17, numéro 70, printemps 1973

URI : https://id.erudit.org/iderudit/57843ac

Aller au sommaire du numéro

Éditeur(s)La Société La Vie des Arts

ISSN0042-5435 (imprimé)1923-3183 (numérique)

Découvrir la revue

Citer cet articleLepage, J. (1973). Poésie visuelle. Vie des Arts, 17 (70), 62–65.

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Poc/ie vi/ucllc Jacques LEPAGE

Un siècle, la poésie fut tributaire de Baudelaire. Ceux-mêmes qui , avec Va­léry, cultivaient Mallarmé, restaient ignorants des pouvoirs révolutionnaires de son oeuvre. Depuis vingt ans, on les découvre, on les exploite. Il aura fal lu l'évolution des sociétés vers de nou­velles relations entre l'homme et les choses, créant des processus inconnus, des stimuli insoupçonnés, pour qu'une relecture révèle le potentiel théorique des textes mallarméens.

Dans les disciplines plastiques, la non-figuration finissante avec son laxis­me: lyrisme abstrait, informel, tachis­me, suscite les réactions du nouveau réalisme, du pop, de l'art cinétique. Les mêmes causes, une poésie où l'on parlait trop, qui mult ipl iait les séquelles du surréalisme, devaient créer une si­tuation favorable à une rupture: ainsi, au début de la seconde moitié du siè­cle, surgit la poésie concrète, visuelle, et dans la même foulée mallarméenne, quelques années plus tard, les expé­riences de Tel Quel. Elles instaurent de nouvelles écritures rejetant le pa­thos et exigeant une construction formelle.

Cette évolution s'apparente à celle qui , dans le domaine musical, appelle l'intervention de l'espace, comme on le

voit chez Webern, Boulez, Cage, Stock­hausen. Ou l'intrusion de la tempora­lité dans les oeuvres de Mondrian et d'Albers. La visualisation de la poésie participe, de même, à l'osmose qui efface les limites entre les catégories, fait plastique la lecture et charge l'i­mage d'un signifié autre que celui de son anecdote.

La nouveauté n'est point dans le procédé. C'est la conscience que l'on en prit et l'usage que l'on en fit, qui provoquèrent un renversement des va­leurs. La volonté de mener aux limites maximales les analyses et les procès transfigure ce qui n'était souvent que jeu de l'esprit en expérience vitale. Après Mallarmé, les pionniers furent Pound, Joyce, Cumming, Hausmann, Isou. Ils préparent l'émergence simul­tanée des nouveaux modes d'écriture sur trois continents, sans connivence entre les auteurs. Ceux-ci, vite au fait de leurs réciproques travaux, virent im­médiatement la parenté qui les unit au-delà des particularismes.

Dès lors, « le processus de création du poème devient le poème lui-même ». Aff irmation qui se dégage des travaux entrepris sur la nature du langage par les premiers théoriciens de la poésie concrète. Max Bense, E. Gomringer,

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1. Marie-Francine HEBERT Un extrait de Slurch (Un livre Font/La Barre du jour). La mise en page assujettie au thème.

2. Roger SOUBLIÈRE L'Anti-Can (Les Editions Pro-Con). Objet poétique accompagné d'un extrait Canigramme. La poésie devient objet de consommation.

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puis Henri Chopin, Josef Hirsal, Pierre Gamier11 > analysent les phénomènes linguistiques parallèlement aux études des disciples de Saussure, avant même que le structuralisme n'ait donné une impulsion nouvelle à ces recherches. Leurs poétiques impliquent, avec la né­cessité d'une incarnation, une formu­lation esthétique neuve où la lettre, la syllabe, le mot occupent une place privilégiée. La pertinence de cette dé­marche se trouvera confirmée par l'apparition d'un champ expérimental jusqu'ici ignoré.

Voici une dizaine d'années, Pierre Garnier voulut regrouper sur des posi­tions communes l'ensemble des poètes qui, de Tokio à Sao-Paulo, de Milan à Londres, menaient le même aven­ture'21. Si l'accord se fit, ou presque, sur les termes d'une convention, il en fut comme de tout fédéralisme artisti­que: les nouveaux venus, trop nom­breux, leurs essais trop divergents, brisèrent ce début de cohésion. Actuel­lement, ces disciplines comptent plu­sieurs mil l iers de chercheurs. La plus importante exposition, qui se tenait l'été dernier au Musée National des Beaux-Arts de Santiago, au Chi l i , réu­nissait deux cents de ces auteurs'31.

Le Québec et le Canada apportèrent

leur contribution à ce bouleversement. Sur la côte du Pacifique, à Vancouver, un groupe se constitua, dont les tra­vaux épousent les mêmes structures que ceux d'Europe. A Montréal, il en fut autrement. La poésie, très engagée dans la revendication polit ique, ne semblait pas avoir le temps de se pen­ser; c'est tout récemment que les poè­tes, la plupart collaborateurs de La Barre du jour, perçurent l'urgence des travaux sur le langage et leur implica­tion sociale. Mais, tandis qu'à Vancou­ver Bill Bissett, B. P. Nichol, Bertrand Lachance, David UU ( 4 ) considèrent le langage et la langue davantage comme une matière que comme une expres­sion, au Québec l'influence de 7"e/ Quel l imite la déstructuration et provoque l'élaboration d'une expérience com­plexe et autonome. Nicole Brossard, Jean-Yves Colette, Bernard Tanguay, Marie-Francine Hébert ne détruisent pas le potentiel sémantique, même s'ils ne l'actualisent pas.

Assez paradoxalement, au Québec, l'influence américaine gauchit la fran­çaise. Mallarmé, Blanchot, Tel Quel certes, mais ce qui détermine l'évolu­tion de Nicole Brossard, c'est la prise de conscience « des phénomènes lin­guistiques qui caractérisent l'homme

nord-américain: parole du quotidien, du concret, l 'artificiel et le superficiel: la discontinuité, l 'util isation fréquente du slogan, etc. » , 4 ) . Ce qui entraîne Marie-Francine Hébert au besoin d'ins­crire dans une page et son espace, le lieu critique et sonore de la participa­tion du lecteur. L'érotisme du roman de M.-F. Hébert, Slurch, ne doit pas dissimuler la nouveauté de l'écriture. Pour la première fois un ouvrage en prose s'approprie les techniques réser­vées à ia poésie concrète et, loin de l'affadir, cette nouvelle figuration rend à l' intervention romanesque une alacri­té exceptionnelle.

Les Montréalais visualisent moins qu'à Vancouver, davantage qu'à Tel Quel. La l isibil i té littéraire, sans être absolument exclue, s'atténue, se frag­mente, côtoie la destruction de la tex-tualité. Comme dans la poésie visuelle, le signifiant l'emporte à la l imite sur le signifié. Celui-ci explose, se décom­pose, se perd par répétit ion, par eli­sion, par mutation. Le signe échappe à la sémantique, au fait littéraire.

Ains i , malgré les influences du struc­turalisme, de la linguistique et du Tel-Quelisme, les écrivains expérimentaux du Québec peuvent acquiescer à l'es­sentiel de Position I où , en 1964, fu­rent définis les traits communs aux travaux constituants des poésies v i ­suelles, concrètes, phoniques, etc. « Isoler la langue, la modifier, la bou­leverser . . . créer des structures neu­ves » est bien leur but. Ils « visent à placer l 'homme dans un milieu per­manent de création et de liberté . . . (Ils) tendent à la destruction de l'idée même d'oeuvre, au profit de celle d'énergie transmise ». Il n'est qu'au Québec où l'on ait concil ié dans la même expérience les deux théorisa-tions issues de Mallarmé. La dichoto­mie instituée ailleurs n'en paraît que plus regrettable. Au Québec, on évite le statisme qui menace de suspendre l'évolution de la poésie visuelle en articulant les signes-images chargés de sens, chez lesquels, mots et formes s'identifient au contexte « qui trans­forme en une conscience formelle le magma des possibilités syntaxiques et sémantiques qui s'offre quotidienne­ment à nous. »'5)

Non seulement Colette, Tangay, Brossard, Hébert, mais aussi Soublière, Beaudet, Gilbert David participent à cette remise en question d'une h'ttéra-ture attachée au lyrisme passionnel, polit ique ou social '6 ' . Car, radicale est la rupture. On ne saurait confondre les mots inventés, les onomatopées à la l imite du cr i , chez Michaux en France,

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1. B. P. NICHOL Intégration de l'alphabet et de la bande dessinée.

2. Bertrand LACHANCE Strawberry Jam. Colonne alphabétique dactylographiée.

3. Bill BISSETT Thrs enuff time four th sun to rise. Redéfinition du langage par leitmotiv.

4. Jean-Yves COLLETTE Extrait de UPSSP-2 (La Barre du jour. No 28). Concrétisation du texte par l'image.

5. Nicole BROSSARD D'une surface (La Barre du jour. No 25). Page de titre sémantique.

6. Bernard TANGUAY Bla-bla-bla . . . (Les Éditions Font). Un jeu de huit cubes.

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5 chez Claude Gauvreau au Québec, ou les calligrammes d'Apoll inaire, avec l'organisation figurative cohérente du matériel verbal que nous relevons dans la nouvelle poésie. Ces travaux refu­sent ce qui est encore lyrisme ou jeu. Rien de moins ludique que les oeuvres de Nicole Brossard, de M.-F. Hébert, même de Tanguay. Les Québécois uti­lisent des techniques qui, si elles dé­sensibilisent l 'écriture, la rendent sen­sibilisante. Les formalismes y sont tolérés, mais on leur accorde moins de crédit qu'en France. Enfin l'humour n'est pas absent. L ' invent ion est permanente.

De nouvelles orientations sont pro­bables; dès l'été 1971 , François Char­ron et Roger Des Roches'7 ' , dans des Notes sur une pratique, amorçaient un travail spécifique où les éléments poli­tiques s'imposaient. Une nouvelle re­vue Stratégie s'en fait la propagandiste. Le mouvement s'incurve vers les enga­gements de Tel Quel. Vers une gauche qui déborde les partis communistes.

Au Canada, à Vancouver, à Toronto, moins de souplesse, davantage d'or­thodoxie vis-à-vis les premiers textes de poésie concrète. On regarde moins vers l'Europe, ce qui est attendu, et ce sont des poètes beatnik, rock ou pop, dont on perçoit l'influence. Reste que dans le travail propre à la recherche concrète, les apports français furent importants. Bill Bissett, auteur de nombreux ouvrages, produit des tra­vaux similaires à ceux de Pierre Gar-nier, l'inventeur du spatialisme. Il dé­veloppe, à partir du signe typographi­que, du mot aussi bien que de l'image ou du trait, tous les possibles virtuels.

Le groupe dispose de maisons d'édi­t ion, ce qui explique l'abondance des oeuvres publiées, conformes aux ten­dances underground. Avec Bissett, les noms de Bertrand Lachance, David UU, B. P. Nichol sont le plus souvent pro­noncés. Tous emploient la machine à écrire comme outil de création, mais n'ignorent rien des ressources des let­tres et mots manuscrits, du dessin, de la photographie. Une unité interne de références unifie le groupe qui tend, sinon à supprimer la parole comme élément porteur de création et de com­munication, tout au moins à identifier le contenu à la forme.

Sans abandonner d'autres manières d'écrire, Lana Farnell, Maxime Gadd, Ken West, Yonder Glow, Charles Bar­ry, P. X. Belniski, Sid Stephen pour­suivent des recherches proches ou analogues. Chez tous, le message anec­dotique s'efface, s'estompe, disparaît. On gomme le signifié, la signification externe au profit d'une communication directe, interne. Les langues établies se déstructurent et ia visualisation de­vient si précise, si lisible que l'inter­prétation s'universalise.

Si l'art consiste à fixer ce qui n'exis­te pas encore, nous sommes certaine­ment en présence d'oeuvres relevant de cette discipline. Dans l'éclipsé des formes traditionnelles, elles assument le renouvellement de l'expression dans le même temps qu'elles font glisser les particules linguistiques de la philo­logie à l'esthétique. Dans cette pers­pective, la poésie expérimentale à Montréal, à Québec, à Vancouver et Toronto est révélatrice de la partici­pation de ces pays dans l'évolution générale. Cette poésie évidente n'est déjà plus réservée à l'usage de quel­ques privilégiés mais, concurremment à l'art conceptuel, elle déferle vers la rue, vers les vastes publics et mêle ses éléments incisifs à ceux qui cons­tituent la trame des sociétés en voie d'élaboration. V O

(1) Consulter les travaux de Max Bense: Bestand-tel le des Vorùber et Programmier tung des Schoen; E. Gomringer: Oie Konste l la t ionen: Pier­re Garnier: Le Spat ial isme (Ga l l imard) ; Joseph H i rse l : Job-Bo j ; Henri Chopin: Revue Cinquième Saison et revue Ou.

(2) Posi t ion I du mouvement internat ional . Les Let­tres N » 32 (avr i l 1964) . Nous renvoyons à ce texte et, d'une façon plus générale, aux numéros 30 à 35 de la revue Les lettres (éd. A. Si lva i re) , ceux qui voudraient mieux connaître l 'histoire et la théorie des poésie concrète, visuel le, phonique, etc.

(3) Réunie par Clément Padin sous le t i t re Exposi­t ion exhaustive de la nouvel le poésie, elle fut d 'abord présentée à Montev ideo.

(4) Édités par Blewointmentpress (Vancouver) . (5) Lettre de Nicole Brossard à Jacques Lepage

(15-1-72) . (6) Cf. entre autres, le N ° 25 de la Barre du jour. (7) La Barre du jour. N° 29 .

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