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Pour des jours heureux · parole : « Merci aux jours heureux de faire appel au vieux militant que je ... ans après un placage ventral au cours de son interpellation par des policiers

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Page 1: Pour des jours heureux · parole : « Merci aux jours heureux de faire appel au vieux militant que je ... ans après un placage ventral au cours de son interpellation par des policiers

LE PATRIOTE RÉSISTANTN° 914 - décembre 2016les faits du mois4 les faits du mois4

Les Jours heureux ? Un mouvement unissant toutes générations, fondé après la sortie d’un film pour constituer une société du « bien vivre ». Inspiré par le programme du Conseil National de la Résistance et par l’Appel des Résistants aux jeunes générations (1), il vise à en-gager le débat partout en France pour construire collectivement des propo-sitions à soumettre aux candidats aux élections de 2017.

Un séminaire, un pacte pour se relier, un livre coécrit par cent auteurs autour des principaux enjeux d’actualisation du programme du CNR s’agissant de démocratie et d’institutions, d’égalité et de revenus, d’éducation, d’enfance, d’énergie et de climat, d’agriculture et d’alimentation, de santé et d’envi-ronnement, de finance et de banques, d’échanges et de commerce, de droits et d’écosystème, pour une constitution dotée de droits opposables reconnais-sant notamment le crime d’écocide… Sans oublier la liberté de la presse.

Président du Conseil national de l’In-sertion par l’activité économique, l’éco-nomiste Claude Alphandéry prend la parole : « Merci aux jours heureux de faire appel au vieux militant que je suis et au jeune Résistant que j’ étais, dirigeant les forces dans la Drôme. Les maquisards se battaient pour chasser les enne mis et les collaborateurs, mais aussi pour construire une vraie démo-cratie sociale, libérée du pouvoir de l’argent avec le programme du Conseil national de la Résistance. On peut s’en inspirer, pas le répliquer. »

A époque différente, méthode diffé-rente, programme différent. A l’heure de l ’anthro pocène (2), sans une vraie transformation des activités humaines,

l’accélération de l’empreinte écologique annonce la catastrophe. Réagir est l’ob-jet de la COP 22, ouverte à 196 nations dans deux jours à Marrakech (3). Mais tant de choses sont liées ! « La pression économique conduit à une situation iné-galitaire insupportable. Il est peut-être plus difficile de résister aujourd’hui parce que les choses sont moins mani-chéennes, moins visibles, mais elles sont tout aussi fortes. » Claude Alphandéry regrette le peu d’écho médiatique ac-cordé aux initiatives réalisées. « Nous ne sommes pas clandestins, nous ne sommes pas armés. Ce qui est semblable est que les citoyens doivent arriver à se libérer ». Pour des jours heureux, des « nuits debout » ont travaillé depuis un an à travers la France. Des mobili-sations citoyennes existent, dispersées.

Le mouvement Les jours heureux veut contribuer à les associer.

La marche, partie des Pyrénées le 7 octobre, est un moyen de poursuivre le débat, de partager le sens du pro-gramme du CNR. Dans chaque ville ou village étape, les marcheurs ont contri-bué à la rencontre entre des personnes qui ne travaillaient pas ensemble, qui ne se connaissaient pas. « Pendant la Résistance, la même question se posait : arriver à unir toutes ces forces citoyennes pour construire un même élan et chan-ger la société ».

« Mettre le citoyen au centre du pacte social »

« L’état se place contre l’ intérêt géné-ral », souligne le cinéaste Gilles Perret. « La sécurité sociale visait à débarras-ser la société de l’angoisse du lende-main. Le problème retrouve la même question : comment mettre le citoyen au centre du pacte social ? Le pacte des Jours Heureux nous donne des pistes. Le programme du Conseil National de la Résistance ne s’est pas construit dans la joie et la bonne humeur. Il résulte d’un rapport de forces. Avoir fait ressurgir ce programme au Plateau des Glières ! »

Fanny Charrasse a écrit le préam-bule signé des cent auteurs du livre. « Nous sommes tous différents. Nous sommes d’abord un mouvement pour relier en construisant quelque chose à faire ensemble. » Les uns ont rencon-tré les autres et le courant est passé, unissant individus, collectifs, associa-tions, réseaux sociaux, tels ACLeFeu, le collectif Roosevelt, Colibri, la com-munauté Emmaüs Lescar-Pau, l’Asso-ciation des Paralysés de France, des associations d’anciens combattants… « Aujourd’hui, nous avons rencontré

“Pas sans nous”, association organi-sant elle aussi une marche dans Paris cet après midi pour soutenir la famille d’Adama Traoré, mort le jour de ses 24 ans après un placage ventral au cours de son interpellation par des policiers du Val d’Oise. Quand j’ai su qu’ ils étaient là, j’ai eu honte. On ne les connaissait pas. » Les marcheurs se sont rejoints, arrivant ensemble place de la République où se déroule aussi une des manifesta-tions contre la répression en Turquie (85 000 fonctionnaires démis de leurs fonctions, 35 000 personnes en prison, plus de 150 journaux interdits sous pré-texte de coup d’état manqué)…

Samuel, venu du Finistère, a connu Les jours heureux par une amie de Martin, l’un des fondateurs. Il a rejoint cette marche à son cinquième jour. « Nous avons essayé de semer tout au long de ce parcours : aux gens de se mobiliser pour écrire la suite ! » Tout au long du par-cours, les marcheurs ont été reçus par des collectifs d’habitants et d’associa-tions diverses suivant les étapes. La re-connaissance progressive de la marche a représenté un catalyseur pour réunir les forces nécessaires et relancer l’esprit des Jours heureux, 70 ans après l’ap-plication du Programme du Conseil National de la Résistance. « La Sécurité sociale existe encore, mais l’Energie est en voie de privatisation, la presse dé-mocratique est en souffrance face aux marchands d’armes, principaux proprié-taires des médias,… si on laisse faire, il ne restera plus rien ! » Fanny a mar-ché quelques jours entre Romorantin et Orléans. Pour elle, tout a commen-cé il y a un an, quand Martin est venu la voir après avoir lu la nouvelle dont elle était l’auteur sur le réchauffement climatique. Mais le monde est petit.

Samedi 5 novembre, la marche du jeune mouvement Les jours heureux arrive en fanfare place de la République à Paris. Dernière étape avant la présentation du livre « Et nous vivrons des jours heureux », le soir-même avec ses auteurs. Un processus à suivre !

Pour des jours heureux

Une marche symbolique et conviviale de 700 kilomètres pour se retrouver, se découvrir, apprendre les uns des autres à la recherche de l'actualité du processus fondateur du programme du Conseil national de la Résistance.

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LE PATRIOTE RÉSISTANTN° 914 - décembre 2016 55les faits du mois

Une brève séquence dans le Journal télévisé, porte sur une conversation téléphonique apparemment entre deux postes fixes. – « Bonjour, ça va, tu es bien arrivé ? » – « Oui, tout va très bien. A bientôt ! Je t'embrasse »… Un banal échange entre un couple séparé par un déplacement. Sauf que… le voyageur est Thomas Pesquet, qui vient de rejoindre la station spatiale internationale et qui parle à sa compagne restée à terre !

Le fait que cet entretien soit rapporté brièvement et ne soulève aucun commentaire particulier, montre à quel point cette « colonisation » de l'espace, qui représente quand même une des avancées majeures de la formidable révolu-tion scientifique et technique de notre époque, est pleine-ment intégrée par l'opinion. Une avancée qui s'inscrit dans l'ouverture générale de notre planète par les progrès inces-sants des moyens de communication, et par tout ce que l'avènement de l'ère numérique peut permettre d'effectuer dans tous les domaines.

Et c'est là qu'apparaît une des contradictions fondamen-tales de notre temps. Car face à cette ouverture qui peut permettre de tracer des voies nouvelles pour améliorer la qualité de la vie et la coopération dans la solidarité, les Etats ont de plus en plus tendance à se replier sur eux mêmes, à se plonger dans les errements anachroniques du passé et à utiliser les avancées dans un sens négatif.

Une illustration de cette tendance vient d'être fournie lors de l'élection de Donald Trump à la Présidence des États-Unis. D'abord par la tonalité de sa campagne électorale. C'est avec un sentiment d'écœurement qu'on a pu voir et entendre chez le candidat Trump un déferlement d’insultes, de haine, d’appels au meurtre, assaisonnés de mensonges et de contre-vérités flagrantes, de l'utilisation cynique des moyens modernes de communication et en particulier des réseaux sociaux, dans leurs aspects les plus délétères.

Quant au programme, tel qu'il a été énoncé au cours de la campagne, c'est un florilège, en plus vaste et plus « musclé », de ce que préconisent en Europe les mouvements popu-listes et d'extrême droite. Le sens général en est la ferme-ture du pays et la priorité absolue donnée à la défense de ses intérêts, en particulier financiers pris dans leur sens le plus large et le plus complet, au détriment, et dans l'igno-rance des engagements et du Droit. Qu'on en juge :

Expulsion immédiate des millions (le chiffre varie) d'immigrés, en situation irrégulière, présumés d'être, en

majorité, des criminels et des violeurs, construction d'un mur le long de la frontière avec le Mexique, fermeture de l'accès aux États Unis à des musulmans, abrogation de l'Obamacare qui permettait à des millions de personnes de bénéficier d'une protection sanitaire, extension de l'in-terprétation du fameux « deuxième amendement » concer-nant le port des armes, intensification de la lutte contre le terrorisme et rétablissement du recours à la torture inter-dit par le Président Obama, sortie du Traité de Paris de la COP21, et autorisation de reprendre l'exploitation du gaz de schiste, également interdite par le Président, di-minution des impôts pour les familles aisées et les entre-prises, dérégulation du système bancaire, renégociation des traités commerciaux dans un sens plus protection-niste, répartition nouvelles des charges financières de l'OTAN avec une participation plus importante des pays membres, et révision générale de la politique étrangère.

La force au détriment du DroitIl est vrai que le programme comporte aussi la rénova-

tion générale des infrastructures du pays et que dans les discussions de la transition avant l'entrée en fonction du Président le 20 janvier prochain, certaines des dispositions du programme ont été atténuées, comme celle concernant le Traité de Paris pour lequel on va examiner le coût de son application et le manque à gagner pour les proprié-taires des mines de charbon avant de prendre une déci-sion. Mais la désignation d'un extrémiste, connu pour ses idées fascisantes, comme « Conseiller spécial et chef de la stratégie » tempère la portée de ces accommodements.

L'enthousiasme avec lequel l'élection de Donald Trump a été accueillie par les mouvements populistes et d'ex-trême droite, l'absence de critiques sur la teneur de la campagne électorale et ce qu'on peut considérer comme un acquiescement tacite de l'esprit du programme, consti-tuent une confirmation inquiétante de la progression du populisme en Europe. Il est peut être utile, a cet égard de rappeler que pour beaucoup de ces mouvements le popu-lisme consiste en fait à exploiter les difficultés d'existence, la misère et les désespoir des « personnes défavorisées », pour atteindre leur objectif : l'avènement d'un état auto-ritaire ou même totalitaire

Dans ce tohu-bohu on n'entend guère mentionner les Droits de l'Homme avec, comme principe premier le

respect de la dignité humaine. On en revient à la primauté de la force au détriment du Droit, en semblant oublier les ravages que cette posture a et continue à provoquer. Le travail de mémoire est donc particulièrement d'actualité.

Il est réconfortant de constater que l'élection de Donald Trump soulève de très nombreuses protestations aux états Unis et l'inquiétude dans beaucoup de pays. Il est important à cet égard de rappeler, comme l'a fait la FNDIRP depuis sa création, que le respect des principes de la Charte des Nations unies, de ceux de la Déclaration Universelle des Droits de l'homme et de tous les traités qui en sont issus est essentiel pour sauvegarder les valeurs humanistes en entrant dans l'ère numérique.

Serge Wourgaft

Martin connaissait Fanny par l’in-termédiaire de sa mère, la journaliste Marie-Monique Robin, marraine de « Générations cobayes », dont il est aussi co-fondateur. (Individus et asso-ciations réunis autour d’un Appel de la Jeunesse depuis 2009 “parce qu’on ne peut pas vivre en bonne santé sur une planète malade”).

La première réunion du collectif Les Jours heureux a eu lieu dans le Vercors chez les parents de Martin. L’association était fondée à leur retour à Paris. En décembre 2015, le pro-jet d’un livre réunissant 100 auteurs aussi différents que François Ruffin, auteur de Merci patron !, Paul Quilès, ex-ministre de François Mitterrand ou Corine Lepage,ex- ministre de Jacques Chirac, pour la construction d’un pacte en vue des élections de 2017 était né. Mais le livre n’est qu’une

étape où cohabitent des propositions hétérogènes, toujours à débattre. En partenariat avec l’APF, une plateforme numérique enrichit désormais les pro-positions, tandis que se poursuivent rencontres et ateliers- relais théma-tiques. Dès avril, le pacte finalisé sera la base de mesures à mettre en appli-cation. Les partis politiques seront in-terpellés tout au long des campagnes présidentielle et législative, sachant qu’aucun candidat ne peut prétendre au soutien des Jours heureux.

Hélène amblard

1) Cosigné le 8 mars 2004 par 13 person-nalités de la Résistance. Les jours heureux, film de Gilles Perret (2013) débute au pla-teau des Glières, où l’ensemble des résis-tants d’hier et d’aujourd’hui se réunissent chaque année pour rappeler l’histoire des valeurs de la Résistance. Les parrains de

ce mouvement ? Stéphane Hessel, Résistant de la France Libre, et Raymond Aubrac, co-fondateur de Libération Sud. Parmi les initiateurs du rassemblement, Walter Bassan, président délégué de la FNDIRP. Gilles Perret signe cette année La Sociale, film consacré à la fondation de la sécurité sociale, en application du programme du CNR par Ambroise Croizat et Pierre Laroque.2) Popularisé par Paul Crutzen, prix Nobel de chimie en 1995, le mot désigne la période de l’Histoire de la Terre qui a débuté lorsque les activités des hommes ont laissé une empreinte sur l’ensemble de la planète.3) 22e Conférence mondiale sur le réchauf-fement climatique des 196 nations, parties de la Convention-cadre des Nations unies du 7 au 18 novembre.4) Consulter le site #LesJoursHeureux sur http://les-jours-heureux.fr/

Ambivalences et contradictions jalonnent, entre le meilleur et le pire, les portes du possible ouvertes par les révolutions technologiques actuelles. Entre l’avènement de l’ère numérique et les conséquences planétaires de l’élection de Donald Trump, les enjeux du travail de mémoire s’avèrent déterminants. Réflexion.

Le paradoxe du repli

Questions au candidat FillonCe 24 novembre, l’Union des Juifs pour la Résistance

et l’entraide réagissait à une déclaration radiophonique du candidat François Fillon appelant à combattre l’in-tégrisme musulman, comme on avait combattu l’inté-grisme catholique, « comme on a combattu la volonté des juifs de vivre dans une communauté qui ne respec-tait pas toutes les règles de la République française ». Extraits du communiqué adressé au Patriote Résistant.

(…) De quoi parle donc Fillon ? Des émigrés juifs d’Europe centrale, venus pour s’intégrer dans « le pays de la Liberté et des droits de l’homme » et qui se sont aussi tôt massivement engagés dans l’Armée fran-çaise pour défendre leur patrie d’adoption ? Des juifs contraints de porter l’étoile jaune par l’état français ? De Marcel Rayman, combattant contre l’occu pant nazi avec tous ses camarades de la section juive de la MOI avant d’être fusillé avec les autres résistants de l’Affiche rouge par les nazis ? De Charles Lederman, prenant contact avec l’arche vêque de Toulouse, Monseigneur Saliège, ce qui a amené ce dernier à protester en chaire contre les sévices anti sémites de l’occupant ? S’agit-il de Vladimir Jankelevitch, prononçant son cours en Sorbonne ou écrivant son magistral « Traité des Vertus » ? L’UJRE attend de François Fillon qu’il précise de quelle « période passée » il parle et qu’il revienne clairement sur ses propos.

Le Bureau de l’UJRE

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