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Ouverture 1 pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées 10 ans 5 novembre 2002

pour l’insertion professionnelle des personnes …...sonnes handicapées,prévue du 11 au 17 novembre,et qui se déclinera dans chacun des départements par des forums d'échange,de

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sommaire

Ouverture de la journée – Discours d’accueil ………p. 3

Monsieur Christian Ville ……………………………………………………………………………………………p. 3Directeur régional du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle Rhône-Alpes

Madame Anne-Marie Comparini …………………………………………………………………………p. 5Présidente du Conseil régional Rhône-Alpes et Députée du Rhône

Madame Wallis Goelen………………………………………………………………………………………………p. 6Chef d’Unité pour l’intégration des personnes handicapées de la Commission européenne

Madame Claudie Buisson ………………………………………………………………………………………p. 10Directeur général de l’Agefiph

Monsieur Jean-Luc Simon ………………………………………………………………………………………p. 11Président du Comité national de l’Année européenne des personnes handicapées

Restitution des tables rondes ………………………………………………p. 13

Madame Christine Bergeron …………………………………………………………………………………p. 13Coordonatrice du Schéma régional de la formation professionnelle des personnes handicapées - CRDI Rhône-Alpes

Monsieur Daniel Closon …………………………………………………………………………………………p. 14Délégué général du MEDEF Rhône-Alpes

Madame Annie Gratier ……………………………………………………………………………………………p. 16Coordinatrice du PDITH de Haute-Savoie

Interventions des partenaires et des grands témoins ……………………………………………………………………p. 19

Personnalités présentes :

Monsieur Thierry Bourgeron, Directeur des ressources humaines du groupe CasinoMonsieur Antoine Martin, Président de l’Agence nationale de luttecontre l’illettrismeMonsieur Guy Tisserant, salarié handicapéMonsieur Mohamed Brihmat, créateur d’entreprise handicapéMadame Wallis Goelen, Chef d'Unité pour l'intégration des personneshandicapées de la Commission européenne,Monsieur François Atger, Délégué régional de l’Agefiph Rhône-AlpesMonsieur Christian Ville, Directeur régional du travail, de l’emploi etde la formation professionnelle Rhône-AlpesMonsieur Dominique Chambon, Vice-président du Conseil régionalRhône-AlpesMonsieur Jean-Luc Simon, Président du Comité national de l'Annéeeuropéenne des personnes handicapéesMonsieur Henri-Jacques Stiker, Directeur de recherche au laboratoireHistoire et Civilisation des sociétés occidentales, Université DiderotParis VII

Synthèse finale et conclusion…………………………………………………p. 33

Madame Wallis Goelen ……………………………………………………………………………………………p. 33Chef d'Unité pour l'intégration des personnes handicapées de la Commission européenne,

Monsieur Jean-Luc Simon ………………………………………………………………………………………p. 33Président du Comité national de l'Année européenne des personnes handicapées.

Monsieur Dominique Chambon …………………………………………………………………………p. 34Vice-président du Conseil régional Rhône-Alpes

Monsieur Daniel Closon …………………………………………………………………………………………p. 35Délégué général du MEDEF Rhône-Alpes

Monsieur François Atger …………………………………………………………………………………………p. 35Délégué régional de l’Agefiph Rhône-Alpes

Monsieur Christian Ville …………………………………………………………………………………………p. 36Directeur régional du travail, de l’emploi etde la formation professionnelle Rhône-Alpes

2003-2006, treize priorités pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées………………………………………………………p. 37

Monsieur Christian Ville …………………………………………………………………………………………p. 37Directeur régional du travail, de l’emploi etde la formation professionnelle Rhône-Alpes

Madame Anne-Marie Comparini ………………………………………………………………………p. 37Présidente du Conseil régional Rhône-Alpes, Députée du Rhône

Monsieur François Atger …………………………………………………………………………………………p. 38Délégué régional de l’Agefiph Rhône-Alpes

Annexes : synthèses des ateliers régionaux

Atelier n°1 : L’insertion professionnelle des jeunes handicapés en milieuordinaire

Atelier n°2 : Les personnes handicapées et la création d’entreprise

Atelier n°3 : Ergonomie et aménagement des situations de travail

Atelier n°4 : Insertion professionnelle et compensation des déficiences et incapacités

Atelier n°5 : L’accès à la formation professionnelle des adultes handicapés

Atelier n°6 : Territoire et insertion

Atelier n°7 : Le traitement précoce du reclassement professionnel et le maintien en emploi

Atelier n°8 : Les parcours vers l’emploi

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Ouverture de la journée -Discours d´accueil

Personnalités présentes :

Madame Anne-Marie Comparini, Présidente du Conseil régional Rhône-Alpes, Députée du Rhône,Madame Wallis Goelen, Chef d'Unité pour l'intégration des personneshandicapées de la Commission européenne,Madame Claudie Buisson, Directeur général de l'Agefiph,Monsieur Christian Ville, Directeur régional du travail, de l’emploi et dela formation professionnelle Rhône-AlpesMonsieur Jean-Luc Simon, Président du Comité national de l'Annéeeuropéenne des personnes handicapées.

M. Franck Daumas

Y Bonjour à toutes et à tous, merci de nous avoir rejoints à l'ENS. Je vais,sans plus attendre, vous accueillir pour cette conférence régionale, quiclôt les huit ateliers qui se sont déroulés dans chacun des départe-ments de la région. Je vais inviter les officiels à nous rejoindre sur scène,Anne-Marie Comparini, Présidente du Conseil régional Rhône-Alpes,Députée du Rhône, Wallis Goelen, Chef d'Unité pour l'intégration despersonnes handicapées de la Commission européenne, ClaudieBuisson, Directeur général de l'Agefiph, Christian Ville, Directeur régio-nal du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle Rhône-Alpes et Jean-Luc Simon, Président du Comité national de l'Année euro-péenne des personnes handicapées.

J'en profite pour rappeler que Michel Besse, Préfet de la Région Rhône-Alpes, vous prie de l’excuser : "Retenu par des obligations depuis long-temps programmées, je ne pourrai pas assister à votre journée, je vousprie de bien vouloir m'en excuser". Est également excusé Jean-PierreVial, Sénateur et Président du Conseil général de la Savoie, qui estretenu par d'autres engagements, auxquels il ne peut se soustraire ; ilne pourra être des nôtres, et il vous prie de bien vouloir l'en excuser.Pour commencer, je vais donner la parole au Directeur régional du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle Rhône-Alpes,Christian Ville.

"Une conférence régionale en point d’orgue des huit ateliers thématiques départementaux"

M. Christian VilleDirecteur régional du travail, de l’emploi et de la formation profession-nelle Rhône-Alpes

Y Merci beaucoup. Je transmets effectivement les excuses de Monsieur le Préfet de Région, qui n'a pu se rendre disponible pourouvrir cette première conférence régionale Rhône-Alpes pour l'insertion professionnelle des travailleurs handicapés. Il m'a deman-dé de vous faire part de ses profonds regrets de ne pas être des vôtresau regard de l'importance du sujet que nous allons traiter, et de lamobilisation large et forte qui a précédé cette journée. Je voudraiségalement saluer Madame la Présidente du Conseil régional,Madame la Directrice générale de l’Agefiph, Monsieur le Présidentdu Comité national de l'Année européenne pour les personnes handicapées, Madame la Représentante de la Commission euro-péenne, qui effectivement nous font l'honneur d'être avec nousaujourd’hui.

Cette journée vient en point d'orgue des huit ateliers thématiquesdépartementaux tenus dans chacun des départements de notrerégion, et qui ont partout réuni une assistance nombreuse et stu-dieuse. Cette réunion, sous forme de synthèse, est en quelque sorteune clôture de ces ateliers, mais c'est en même temps l'ouverture et lelancement, dans notre région, de la Semaine pour l'emploi des per-sonnes handicapées, prévue du 11 au 17 novembre, et qui se déclineradans chacun des départements par des forums d'échange, de réflexion,et des animations diverses. La question de l'insertion professionnelledes personnes handicapées est donc particulièrement à notre ordre dujour en cette fin d'année 2002, mais elle le sera aussi l’année prochai-ne, puisque 2003 sera l'Année européenne des personnes handicapées.2003 sera également l'année de réactualisation d'un certain nombrede conventions qui lient l'État et l’Agefiph, l'ANPE et l'Agefiph, l'État,l'ANPE et le réseau Cap Emploi. 2003 sera donc une année importantepour le système d'insertion professionnelle des personnes handicapéeset une période structurante pour le cadre de notre action. Le temps dela réflexion engagée au cours des huit ateliers départementaux et toutau long de la journée ne sera donc pas inutile. Le matériau engrangé vaservir, doit servir à nourrir le cadre des textes à discuter. D'autant que2003 verra également la réactualisation du contrat de plan État-Région ; et l'insertion professionnelle des personnes handicapées estactuellement l'un des axes d'intervention du contrat de plan en Rhône-Alpes. Nous menons de concert, État et Région, un certain nombre d'actions que je crois tout à fait exemplaires. La réflexion engagéeaujourd'hui doit nous permettre d'être encore plus pertinents si cethème doit être retenu dans cette réactualisation. Ces rencontres vien-nent donc comme un temps de bilan, d'échanges, de réflexion, commeune étape pour aller plus loin, et, je l'espère, pour mieux faire. Car l'enjeu mérite la mobilisation de tous. Je ne vais pas vous dresser ici untableau statistique complet de la situation de l'emploi des travailleurshandicapés, mais je veux simplement rappeler quelques donnéessimples qui, à elles seules, justifient la mobilisation organisée sur cettequestion de l'accès des handicapés à l'emploi. Le taux de chômage destravailleurs handicapés est pratiquement le double de celui constatépour l'ensemble des autres demandeurs d'emploi. 36 % d'entre euxsont sans qualification contre 21,5 % du reste des demandeurs d'emploi : 38 % sont chômeurs de longue durée contre 23,5 % pour l’ensemble des autres demandeurs d'emploi.Voilà, je crois, l'essentiel des données qu'il faut avoir en tête pour biencomprendre l'urgence de la situation. Et je renvoie ceux qui voudraientdes données statistiques plus complètes au magnifique travail quevient de réaliser le CRDI, l'Atlas Rhône-Alpes Handicap et Emploi quivous donne des statistiques tout à fait pertinentes sur ce sujet.

"Le premier enjeu concerne le maintien dans l'emploi. Il s’agitd’organiser les moyens dans une logique d’offre de service coor-donnée"

Y Sans vouloir anticiper sur les discussions de la journée, je voudrais briè-vement souligner trois enjeux qui pour moi sont essentiels dans laquestion de l'insertion professionnelle des handicapés, et sur lesquelsil me semble que nous devrions ensemble continuer à mobiliser nosénergies, au-delà de cette journée pour tenter d'apporter des réponses.Le premier tient à la question du maintien dans l'emploi, dont on débatbeaucoup en ce moment. C'est vrai que la situation du handicap peutêtre congénitale ou survenir en dehors de la vie professionnelle, maiselle peut également intervenir pour des raisons de santé pendant la vieprofessionnelle ou du fait de l'activité professionnelle en cas d'accidentdu travail ou de maladie professionnelle. L'évolution des techniques,des technologies et des modes d'organisation des entreprises amèneaujourd'hui l'apparition de nouveaux risques, plus dématérialisés ou àeffet différé, qui accroissent les pathologies liées au travail et leur

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impact sur la santé ou l'intégrité physique des salariés. Combiné auvieillissement de la population au travail, ce phénomène renouvelle ladouloureuse et en même temps délicate question de l'inaptitude autravail. Le Code du Travail a prévu, dans cette situation, qu'il appartenaitaux médecins du travail de constater l'inaptitude et renvoie sur l'employeur le soin de rechercher la possibilité d'un reclassement. Il y alà une obligation de moyens, non de résultats, et la tâche peut êtreconsidérablement difficile pour l'employeur. Il n'est pas aisé de modi-fier l'organisation du travail en place, de réfléchir à des aménagementsde postes, de recomposer le contenu du travail dans un contexte qui, onle sait, est celui de la compétitivité, de la réactivité immédiate, de lacontraction des coûts pour les entreprises. Pourtant, il existe de nom-breux dispositifs pour prévenir cette situation et éviter que l'exclusionde l'emploi n'intervienne comme la seule issue possible. L'enjeu centralest, semble-t-il, d'organiser des moyens dans une logique d'offre deservice coordonnée, sur laquelle le médecin du travail pourra conseillerl'employeur et lui offrir ainsi une aide dans la recherche de solutionspossibles. L'issue aujourd'hui fatale du licenciement est souvent laseule envisagée. Elle engage un processus désocialisant pour le salarié,et une perte de savoir-faire pour l'entreprise. Il convient, à mon sens, derenverser cette logique du perdant pour entrer dans une logique beau-coup plus positive où le maintien dans l'emploi prévient l'exclusion etpermet à l'entreprise de maintenir en son sein un esprit de cohésionsociale dont on sait qu'il est indispensable à tout projet de compéti-tivité. Un travail est en cours dans la région entre tous les acteursconcernés par ce sujet, et je crois pour ma part indispensable qu'il se poursuive et conduise à la constitution de l'offre de service que j'envisageais, il y a un instant.

"Le deuxième enjeu est celui du travail protégé qui reste, pour uncertain nombre de travailleurs handicapés, la seule solution deretour à l'emploi"

Y Le deuxième enjeu que je veux souligner est celui du travail protégé.L'orientation vers le milieu protégé et notamment les ateliers protégés,reste, pour un certain nombre de travailleurs handicapés, la seule solu-tion de retour à l'emploi. Bien sûr, l'objectif premier doit être celui del'insertion dite "en milieu ordinaire de travail". On sait, de ce point devue, que des efforts restent à faire pour le secteur privé mais égale-ment pour le secteur public, pour répondre à leur obligation de la loi de1987 (qui fixait un taux obligatoire d'emploi à 6 %, alors qu’il restedurablement, même s'il progresse un petit peu, inférieur à 5 % dansnotre région). Mais lorsque cet objectif d'insertion dans l'entreprisedite "ordinaire" n'est pas possible, l'orientation vers le milieu protégé etnotamment l'atelier protégé, offre une solution d'insertion par le travail tout à fait légitime et valable. Le nombre d'ateliers protégés en Rhône-Alpes est potentiellement supérieur à ce qu'il est au plan

national puisque nous disposerons normalement à la fin de l'année2002 de 64 ateliers protégés, et que leur nombre a crû de 18 unités encinq ans.

On voit donc qu'ils ont un certain succès dans cette région, et l’on peut se féliciter de cet accroissement de l'offre d'insertion pour les travailleurs handicapés. Mais la satisfaction pourrait être complète sicette évolution s'accompagnait d'un accroissement du taux d'emploien milieu ordinaire, et si la sortie des ateliers protégés vers les entre-prises ordinaires permettait une plus forte rotation des flux au sein desateliers protégés. Le paradoxe pourrait exister en effet de voir cetteoffre se développer au détriment de l'offre en milieu ordinaire. Uneréponse peut être apportée en créant davantage de liens organiquesentre le secteur protégé et le milieu ordinaire, en valorisant le travail derequalification, de réadaptation au travail de l'atelier protégé, en fluidi-fiant les flux au sein de l'atelier protégé, ceux-ci jouant une fonction dequalification vers l'emploi. La validation des acquis de l'expérience peutêtre, en ce sens, un formidable outil, et nous pourrions, à l'instar de ceque nous faisons dans le cadre du Contrat de Plan avec le Conseil régio-nal dans les entreprises d'insertion, nous engager dans cette voie pourvaloriser le travail formidable que réalisent les ateliers protégés.

"Le troisième enjeu est celui de la coordination des différentesinterventions en direction de l'insertion professionnelle des travailleurs handicapés. Si la multiplicité des acteurs est unerichesse, elle est parfois également une source d'illisibilité etde complexité"

Y Le troisième enjeu que je voudrais rapidement souligner est celui de lacoordination des différentes interventions en direction de l'insertionprofessionnelle des travailleurs handicapés. Dans ce domaine égale-ment, si la multiplicité des acteurs est une richesse, elle est parfoisaussi, il faut le dire, une source d'illisibilité et de complexité qui peutêtre préjudiciable à l'efficacité de l'ensemble. L'évolution institution-nelle lancée peut amener à une simplification des dispositifs en place,mais il paraît difficile qu'elle résolve, à elle seule, cette question de lacomplexité du système d'insertion des travailleurs handicapés. Eneffet, l'insertion de ces personnes est au croisement de plusieurslogiques : une logique d'emploi et d'entreprise, une logique de soli-darité et de société, une logique de droit et d'individus. Et la coordina-tion des différentes interventions autour de la personne handicapéerestera donc une exigence majeure comme elle l’est d'ailleurs pourtous les processus de lutte contre l'exclusion. Tous ceux qui travaillentdans ce domaine-là le savent bien. Un certain nombre de cadres existent qui doivent favoriser cette coordination. Sans les hiérarchiser,on a la chance d'avoir le CRDI, centre ressources qui constitue unebanque d'information pour l'ensemble des acteurs de la région qui travaillent dans le domaine du handicap. Les PDITH, sous l'autorité des préfets, doivent jouer un rôle d'échange, d'analyse, de définitiond'objectifs, d'actions et de projets communs entre tous les intervenantsau plan départemental. Au plan territorial, les diagnostics et plans d'action du service public de l'emploi et des services du Conseil régio-nal puisque nous les menons ensemble qui, conduits depuis quatreans, comportent des objectifs d'actions en direction de l'insertion destravailleurs handicapés et constituent également un appui pour laconvergence des objectifs et des moyens. L'adhésion de tous les acteursà ces cadres de coordination et de cohérence doit nous permettre d'accroître l'efficacité des différentes interventions. L'écho et l'intérêtreçus en Rhône-Alpes par les ateliers préparatoires à cette manifes-tation et l'affluence d'aujourd'hui montrent que chacun a bienconscience de l'indispensable nécessité de convergence et de coordina-tion. C'est là, je crois, un gage de réussite pour l'insertion des personneshandicapées.

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Voilà, en quelques mots, ce qu'il me semblait utile d'indiquer au débutde cette journée mais j’interviendrai à nouveau à l'issue de celle-ci. Ilme semble important qu'elle nous permette aujourd'hui de faire émer-ger un certain nombre d'objectifs et de convergences pour nos actions,encore une fois pour être plus pertinents et mobilisés autour de cettequestion difficile de l'insertion professionnelle des personnes handica-pées mais pour laquelle je crois que l'on peut compter sur beaucoupd'énergie dans la région. Je vous remercie.

M. Franck Daumas

Y Merci Christian Ville. Vous restez avec nous puisque vous serez là en finde journée pour nous donner votre vision des choses et rendre comptedes travaux qui auront été réalisés et de ce qui aura été dit tout au longde la journée. Je vais maintenant passer la parole à Anne-MarieComparini, Présidente du Conseil régional Rhône-Alpes et Députée duRhône. Madame Comparini bonjour.

"Notre région a su depuis longtemps se préoccuper de l'insertiondes personnes handicapées"

Mme Anne-Marie CompariniPrésidente du Conseil régional Rhône-Alpes et Députée du Rhône

Y Bonjour. Je voudrais également me joindre à Monsieur Ville pour saluerMonsieur Simon, Président du Comité national de l'Année européennedes personnes handicapées, Madame Goelen, Madame Buisson ettoutes les personnalités qui sont ici et qui se mobilisent pour aider lespersonnes handicapées. C'est vrai que lorsque nous avons évoqué cesateliers départementaux et cette journée de synthèse, je m'en suis féli-citée comme vous tous. On aurait pu penser que l'ouverture prochainede l'Année européenne des personnes handicapées suffisait à justifiercette démarche de mobilisation, mais je crois également que si cetteréunion de synthèse a lieu en Rhône-Alpes, c'est parce que notre régiona su depuis longtemps se préoccuper de l'insertion des personnes handicapées, et qu'elle a su devenir pilote dans des domaines extrê-mement concrets en matière d'accompagnement des personnes han-dicapées. C'est toujours important, lorsqu'il y a des actions concrètes,que l'on puisse les mutualiser pour les uns et les autres et aller plusloin. Je voudrais très brièvement rappeler ce que le Conseil régional fait,même s'il ne s'agit pas pour nous d'une compétence obligatoire. Nousavons voulu, de manière volontaire, qu'il y ait un accompagnement etque cet accompagnement soit une préoccupation transversale à toutesnos politiques. Je suis, tout comme vous, convaincue que l'homme estla principale richesse de notre économie, une conviction qui motive lapriorité donnée dans notre budget à la formation, et qui nous conduità envisager le développement de notre région comme bénéfique àtous, sans qu'un handicap puisse en être une barrière et dans tous les aspects de la vie quotidienne. Évoquant tous les aspects de la viequotidienne et retenant le thème qui est le vôtre : l'emploi, je croisqu'on ne peut négliger, c'est important de le résumer brièvement, lefait que l'accès à la formation est le point où tout se joue.

"Nous avons voulu qu'il y ait un accompagnement et que cetaccompagnement soit une préoccupation transversale à toutesnos politiques"

Y C'est pourquoi nous avons souhaité, à la Région, qu'à la fois dans notrecompétence concernant les lycées et le programme triennal des lycées

qui consacre chaque année 150 millions d'euros pour une cinquan-taine de chantiers dans les lycées, ce plan intègre dans les construc-tions nouvelles ou les réhabilitations, des mesures relatives à l'acces-sibilité des établissements scolaires, que ce soit dans la mise auxnormes ou les aménagements spécifiques pour les jeunes handica-pés. Aujourd'hui, tous nos lycées neufs en Rhône-Alpes sont auxnormes, les anciens sont progressivement adaptés et la Région acréé, avec l'Agefiph, une cellule d'animation et de coordination, dontl'objectif est de promouvoir l'accès des jeunes handicapés à l'appren-tissage dans les CFA en adaptant l'équipement. De plus, nous avonségalement souhaité que soit amélioré le confort des handicapés enmilieu universitaire. Tous ceux qui sont de Lyon connaissent le projetGuidance, à Lyon I, ainsi que l'action du service d'accueil universitairepour les étudiants handicapés. Nous avons également des fiches et un CD-ROM baptisé "Vivre ensemble à l'université", qui permetde bien identifier ces adaptations. Pour moi, il est important que,dès la formation, on songe bien à tout ce qu'on doit faire pour les personnes handicapées. On doit pouvoir concilier ce développementpersonnel des personnes handicapées, acquis dans les établis-sements scolaires, avec le développement professionnel au mêmetitre que tous les Rhônalpins. De ce fait, la politique régionale s'est progressivement concentrée sur leur emploi dans les structuresde travail protégé, que nous faisons avec l'État, mais également parl'accès au milieu ordinaire du travail et la prévention de la perted'emploi pour cause d'accident ou de maladie invalidante.

En complément, là encore, de l'action de l'Agefiph pour accroître la capacité d'insertion dans les entreprises, la Région finance la prospection de postes compatibles avec le placement des personnesen situation d'exclusion professionnelle. Nous veillons à ce que nosdispositifs tels que "Mille et un talents" ou autres, soient ouverts à l'ensemble des Rhônalpins et donc des personnes handicapées. On le voit également dans notre propre fonctionnement à la RégionRhône-Alpes. Nous avons, en effet, un taux d'emploi occupé par deshandicapés de 6,1 %, c'est bien. Grâce à cette présence de personneshandicapées, nous avons eu l'idée de mettre en place une aide à l'insertion professionnelle des travailleurs handicapés. Cela permetaux handicapés qui viennent chez nous chaque année, d'avoir une sorte de tremplin pour démarrer et reprendre une activité professionnelle.

On peut tous donner des exemples fort utiles aux industriels pouraider à faciliter ce passage à l'activité économique, et il n'y a, en fin decompte, aucune différence avec les autres personnes qui cherchent unemploi. C'est une forme de tutorat, de parrainage. J'évoquais la forma-tion et l'emploi. Je le vois bien avec des amis qui sont au CAT, boulevarddes Etats-Unis : pour travailler il faut pouvoir se rendre sur son lieu detravail et utiliser tout le potentiel d'une ville.

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"La Région s'attache à ce que les personnes handicapées puissent bénéficier de tous les potentiels que compte notrerégion"

Y À côté de ces mesures concernant directement la vie professionnelle, laRégion s'attache donc à ce que les personnes handicapées puissentbénéficier de tous les potentiels que compte notre région. Cela com-prend l'adaptation de logements aux handicaps ; nous avons réussi àadapter trois mille logements en quatre ans. Le chiffre peut paraîtrefaible, on doit le garder à l'esprit et continuer à aller plus loin, parcequ’il est important de pouvoir assurer un logement aux handicapés.Par ailleurs, nous veillons à l'accessibilité du réseau TER grâce à l'achatd’un matériel roulant neuf directement accessible dès le quai. Avec l'État, nous modernisons chaque année douze gares pour les mettreaux normes. Et nous allons plus loin puisque nous nous sommes également dit que la vie, les pratiques culturelles ou sportives sont desvecteurs puissants d'intégration dans la société. Pour les pratiques culturelles en Région Rhône-Alpes, nous sommes en train de mettre en place une signalisation des sites culturels adaptés. Tout cela seraaccessible sur le site de Handica en lien avec celui de la Région Rhône-Alpes, concernant le guide culturel en Région Rhône-Alpes. Dans lechèque-culture, sont indiqués les sites culturels accessibles aux per-sonnes handicapées. De même pour le sport, dont la pratique enRhône-Alpes est la plus forte de France. S'agissant des personnes han-dicapées, vous le savez, nous aidons trois organisations qui s'occupentde sport adapté ; nous aidons également chaque année une douzainede sportifs handicapés de haut niveau à acquérir une formation pro-fessionnelle. Comme je le dis toujours à tous les sportifs de hautniveau, il y a un moment où les médailles n'apportent plus d'espècestrébuchantes et il est bon d'être bien prêt. C'est le cas pour les dix sportifs de haut niveau handicapés aidés par la Région Rhône-Alpes.On voit bien que tout cela paie lorsque l’on regarde les résultats des 8e jeux paralympiques de Salt Lake City, puisque l'on a eu treizemédaillés Rhônalpins. C’est un bel exemple, puisqu’en 2003, le chèqued'incitation aux pratiques sportives sera généralisé, et d'un seul coup,trois cent mille jeunes Rhônalpins auront accès à ce chèque. Là encore,des jeunes avec un handicap pourront avoir envie de suivre leursgrands aînés sportifs de haut niveau.

Voilà ce que je voulais vous indiquer : aujourd'hui nous parlons de l'emploi, mais il ne faut pas oublier ce qui permet d'aller vers l'emploi,la formation, la culture, le sport, qui nous donnent à tous l'envie degagner. Il ne faut pas oublier non plus, -il me semble que le texte doitêtre soumis au Conseil régional au mois de novembre-, que, dans notrerégion, il nous faut peut-être essayer, puisque grâce à vous tous noussommes allés loin, de lancer cette politique de tourisme adapté, pouraméliorer l'accès aux vacances et aux loisirs de tous ceux qui ont unhandicap. C'est une proposition que nous allons faire tant au point devue des équipements que celui des animations, la Région Rhône-Alpessouhaitant promouvoir cette notion de territoire, de séjour touristiqueadapté. Le monde de l'hôtellerie nous aide, le monde de l'animationsportive également, et je crois que puisque nous recherchons touscomment mieux faire, voilà un domaine dans lequel on peut aller plusloin. Il y a une partie des réticences à insérer les personnes handicapéesqui repose sur une méconnaissance des réalités du handicap et sur cejoli travail qui est fait par toute la vie associative. Faire le point surl'existant, sur les éléments qui peuvent être transférés à des collectivi-tés locales, pour qu'on essaie d'aller plus loin, me paraît une choseexcellente, avant l'année 2003 qui sera cette Année européenne duhandicap et il ne faut pas oublier nos collègues d'autres pays euro-péens qui, je le sais, ont développé de belles pistes de réflexion. Merci.

M. Franck Daumas

Y Merci Anne-Marie Comparini, Présidente du Conseil régional Rhône-Alpes et Députée du Rhône. On le rappelle, ces 1ères Rencontres Régionalessont un partenariat tripartite entre l'État, l’Agefiph et la Région Rhône-Alpes et c'est effectivement une véritable prise de position de la Régionsur cette problématique. Je vais passer la parole maintenant à WallisGoelen, Chef d'Unité pour l'intégration des personnes handicapées dela Commission européenne. Wallis Goelen, bonjour et merci de nousavoir rejoints à Lyon. Vous êtes ici chez vous !

"La Commission européenne a pour mission de contribuer audéveloppement d'un modèle social européen moderne, basé à lafois sur la création d'emplois plus nombreux mais également demeilleure qualité, et sur le développement d'une société fondéesur l'intégration et l'égalité des chances"

Mme Wallis GoelenChef d'Unité pour l'intégration des personnes handicapées de laCommission européenne

Y Merci infiniment pour ces mots d'accueil qui me vont droit au cœur.Madame la Présidente, Monsieur le Président de la Coordination del'Année européenne en France, Mesdames et Messieurs, c'est avec ungrand plaisir et un grand intérêt très sincère que je suis parmi vousaujourd'hui, pour effectuer et participer à la synthèse des travaux etréflexions menés en région Rhône-Alpes sur l'intégration profession-nelle des personnes handicapées. Et permettez-moi à cet égard de vousféliciter au nom de la Commission européenne, pour les initiatives quevous prenez dans ce domaine, à commencer par celle qui nous réunitaujourd'hui même.

Je suis effectivement responsable des travaux et des politiques menéspar une unité de la Commission européenne au sein de la DirectionGénérale Emploi et Affaires sociales, qui est spécifiquement respon-sable de l'intégration des personnes handicapées au sein de la sociétéet de l'économie européenne. J'ai pris mes fonctions il y a six semainestrès exactement, et c'est avec un plaisir très personnel que je reviensaujourd'hui en France, dans mon pays d'origine, pour avoir des contactsdirects, sur le terrain, avec les personnes handicapées et avec tous lespartenaires qui œuvrent à leur participation dans notre société et dansce qui sera une Europe pour tous, je l'espère très prochainement. C’esten tout état de cause l’un des objectifs majeurs de l'Année européennequi va s'ouvrir en 2003, et d'ailleurs je vois avec plaisir que le logo del'Année européenne figure sur le visuel de cette manifestation.

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"Mon travail m'a fait prendre conscience, et j'espère que ce serale cas aussi dans la plus grande partie des entreprises euro-péennes, des compétences et du potentiel général des personnes“dites handicapées”. Je dis bien “dites handicapées” parce que laplupart du temps, c'est notre société qui crée le handicap"

Y Dans la gestion quotidienne de mon unité, qui réunit treize collabora-teurs, je dois avouer que la problématique de l'insertion des personneshandicapées m’interpelle quotidiennement. D'une part, bien entendu,du fait des politiques et des travaux pour lesquels nous sommes responsables au sein de la Commission européenne et j'y ferai référencedans quelques instants, mais également et je crois que c'est une expé-rience que je voudrais partager avec vous, parce qu'au sein de monunité travaillent deux personnes handicapées, non-voyantes. L'une estrédactrice et l'autre est une stagiaire post-universitaire. Je dois dire quemon travail avec ces deux personnes m'a fait prendre concrètementconscience et j'espère que ce sera le cas aussi dans la plus grande partie des entreprises européennes, des compétences et du potentielgénéral des personnes dites "handicapées". Je dis bien dites "handica-pées" parce que la plupart du temps en fait, c'est notre environnement,notre société, qui crée le problème et qui crée le handicap, et ce n'est pas tellement le handicap en tant que tel qui crée un quelconqueproblème.Bien entendu, ce travail quotidien avec ces personnes handicapées mefait également percevoir un certain nombre de difficultés qu'ellesvivent de façon très concrète, très réelle, mais je perçois également lafaçon dont elles compensent ces difficultés, les dépassent et les com-battent. Dans ces circonstances, je tends à considérer que l'initiativedes rencontres que vous avez prises en Région Rhône-Alpes sur lethème de l'insertion professionnelle des personnes handicapées, desjeunes handicapés notamment, ne peut être que vivement encouragéeet suivie de près par les services de la Commission européenne. À cetégard, pour illustrer ce propos, et ce n'est pas simplement un propospolitique, je voudrais partager avec vous un certain nombre de statis-tiques que j'ai réunies lorsque j'ai pris mes fonctions, pour me rendrecompte de l'importance de la problématique. Il y a effectivement unpeu plus de 17 % de la population européenne en âge de travailler quiprésente une forme de handicap. Et il y a un peu plus de 50 % de lapopulation des personnes dites "handicapées" qui se retrouvent endehors du marché du travail, en dehors de la force de travail, alors quepour la population restante, ce chiffre tombe à 25 %. Je crois que cesdeux chiffres sont particulièrement révélateurs de la problématiquequi nous occupe aujourd'hui, et illustrent parfaitement bien la taille dudéfi que nous entendons relever tous ensemble.

"17 % de la population européenne en âge de travailler présenteune forme de handicap"

Y Mais si vous voulez bien, je voudrais commencer par situer la problé-matique de l'insertion professionnelle des personnes handicapéesdans le contexte de l'Année européenne des personnes handicapées2003, et je voudrais expliquer brièvement quelle est l'approche concep-tuelle qui, au niveau européen, sous-tend cette année 2003, notam-ment afin de souligner l'importance que la Commission européenneattache aux initiatives très concrètes comme celles prises aujourd'huidans votre Région. En effet, en dépit des progrès réalisés à ce jour, et jecrois que Monsieur Simon est bien placé pour en témoigner parce quece sont des problématiques qu'il a suivies depuis fort longtemps, nousen discutions encore hier soir, il reste encore beaucoup à faire, en vued'assurer la participation pleine et entière des personnes handicapéesdans notre société et dans notre économie européennes. Mais à monavis, ce n'est pas simplement une question de nouvelles dispositionslégales, législatives ou de moyens financiers additionnels. En tout état

de cause, le tout premier problème que nous devons surmonter estcelui des attitudes à l'égard des personnes handicapées. Et nousdevons essayer de stimuler un certain changement d'attitude à cetégard. Une telle modification ne peut pas s'opérer et ne s'opérera niautomatiquement, ni spontanément. Il s'agit en fait d'un processussociétal complexe et qui au niveau gouvernemental requiert des poli-tiques coordonnées et intégrées à tous les niveaux de la société. Avecen tête deux objectifs : sensibiliser d’une part le grand public, mais également les acteurs économiques à la problématique des personnesdites handicapées, et supprimer, d'autre part, les obstacles sociaux etenvironnementaux qui s'opposent encore en trop grand nombre à laparticipation des personnes handicapées à la vie de la collectivité, de lacité et à son économie. Au niveau de la Commission européenne,l'expérience d'Années européennes antérieures nous a démontréqu'une mobilisation concertée dans tous les États membres a, en fait,la capacité d'attirer une attention considérable sur les questions quiconstituent un défi. Et de telles Années européennes sont également àmême, d'après notre expérience, de stimuler des développements qui,dans d'autres circonstances, n'auraient pas vu le jour. Les Années euro-péennes permettent effectivement entre autres de stimuler ce qu'on al'habitude d'appeler la volonté politique, et, bien entendu, la volontépolitique à cet égard est tout à fait primordiale. Et je crois qu’autant auniveau de la Commission européenne qu'au niveau des autorités fran-çaises, la volonté politique est indéniablement là, la présence de votrePrésidente de Région le démontre amplement ainsi que celle deMonsieur Simon. De mon point de vue, cette Année européenne despersonnes handicapées qui va se dérouler tout au long de l'année 2003ne saurait donc être qu'un catalyseur du changement social, mais viseavant tout à contribuer à déclencher des processus qui pourront sepoursuivre bien après la clôture officielle de cette Année européenneen décembre 2003. Cette année ne saurait donc rester une simple campagne éphémère de sensibilisation ou d'action. À cet égard, nousavons l'intention tout au long de l'Année européenne, de faire passerdes messages relativement forts, notamment en ce qui concerne l’une de nos priorités qui est celle d'agir au niveau européen, tout enresponsabilisant l'ensemble des acteurs concernés, y compris lesacteurs économiques et les partenaires sociaux.

"Il reste encore beaucoup à faire en vue d'assurer la participationpleine et entière des personnes handicapées dans notre société.Ce n'est pas simplement une question de nouvelles dispositionslégislatives ou de moyens financiers additionnels. Le toutpremier problème que nous devons surmonter est celui des attitudes à l'égard des personnes handicapées"

Y J'ai un deuxième message également à vous faire passer aujourd'hui.La Commission européenne entend poursuivre sa réflexion et dévelop-per ses politiques en faveur de la participation et de l'intégration despersonnes handicapées tant sur le marché du travail qu'au niveau de lasociété dans son intégralité, par le biais d'une nouvelle communicationqui devrait être publiée d'ici à la fin de l'Année européenne 2003 et quicontribuera, par une étape supplémentaire, à l'articulation de cetteAnnée européenne. Communication dans laquelle nous entendonsfaire un certain nombre de nouvelles propositions en ce qui concerne lapoursuite des politiques positives en faveur des personnes handica-pées, tant au niveau européen qu'au niveau des États membres. En toutétat de cause, nous avons d'ores et déjà prévu de stimuler toutes lesconclusions qui vont émerger de l'Année européenne et d'en assurer lesuivi au niveau des politiques tant européennes, transversales et hori-zontales qu'au niveau des États membres. Au total, la Communautéeuropéenne va investir un budget de douze millions d'euros dans cetteAnnée européenne pour favoriser la sensibilisation et l'intégration despersonnes handicapées. Et le budget qui sera dévolu au cofinancement

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d'activités et de projets menés en France est de l'ordre de huit centmille euros. Il sera piloté par Monsieur Simon, qui est votreCoordonnateur national pour cette Année européenne. En tout état decause, la Commission européenne ne créera pas directement les évé-nements qui auront lieu chez vous, mais nous les encouragerons partous les moyens à notre disposition, et notamment en travaillant avecles États membres et leurs partenaires nationaux, régionaux et locaux.Un petit mot de conclusion en ce qui concerne ce chapitre extrême-ment important de l'Année européenne : notre but est que ce soitl'année des personnes handicapées elles-mêmes, et que les actionsmenées le soient vers les personnes handicapées, les associationsqu'elles représentent et qui les représentent. La Commission euro-péenne, à cet égard, se considère plutôt comme un partenaire, un facilitateur, un promoteur d'activités et d'initiatives. Et c'est ainsi quede nombreux micro-projets seront mis en valeur et rapportés tantauprès du grand public que des acteurs économiques et sociaux.

"L'approche européenne d'ensemble des problématiques despersonnes handicapées se veut intégrée et inclusive"

Y Je souhaiterais maintenant, si vous le permettez, expliquer brièvementl'approche européenne d'ensemble des problématiques des personneshandicapées. Cette approche se veut intégrée et inclusive. La Com-mission européenne a, en fait, pour mission de contribuer au dévelop-pement d'un modèle social européen moderne, basé à la fois sur lacréation d'emplois plus nombreux mais également de meilleure qualité, et sur le développement d'une société fondée sur l'intégrationet l'égalité des chances. Voilà les principes qui sous-tendent toutes nosactivités dans le domaine de la politique sociale. Et notre politique àl'égard des personnes handicapées s'inscrit pleinement dans cetteambition globale, car ses objectifs spécifiques sont tout à fait similairesaux objectifs globaux. La participation des personnes handicapées à lasociété est, de notre point de vue, un facteur d'inclusion et donc dedémocratie vivante et effective. Nous considérons également que lehandicap suppose de la part des systèmes de protection sociale qu'ilsassurent aux personnes concernées une sécurité sans faille, tout enfavorisant la participation à l'emploi, et c'est là l’un des défis majeurs àrelever. Enfin, l'objectif de plein-emploi qui s'impose à nous, nécessitela mise en œuvre de politiques actives visant à l'intégration du plusgrand nombre sur le marché du travail. La mise en œuvre de ces objectifs en ce qui concerne le modèle social européen engage parconséquent l'ensemble des services de la Commission européenne -etnotamment ceux de la Direction Générale et ma propre unité-, qu'ils'agisse des services qui s'occupent de la politique de l'emploi, de lalutte contre les discriminations, de la santé, de la sécurité au travail, dela protection sociale ou de la lutte contre l'exclusion sociale. Et j'ajou-terai, pour clore ce chapitre, que cette démarche inclusive déborde

largement le domaine de la politique sociale communautaire à propre-ment parler. Elle concerne également l'éducation, le transport, larecherche, les nouvelles technologies. Tous ces aspects nécessaires àune politique globale font l'objet d'une coordination horizontaleréunissant plus de trente services de la Commission européenne. Notrebut est donc de sortir les personnes handicapées de la sphère qui a étéprésentée par moult observateurs comme étant celle de l'assistanat oude l'inutilité sociale. Un nombre important de personnes handicapéessont d'ailleurs aujourd'hui actives à tous les niveaux, mais la questionest de savoir à quel prix. Combien de difficultés doivent-elles surmon-ter au quotidien pour faire partie de la société dite active ? Et ce mêmesi un grand nombre d'efforts et d'initiatives sont développés au niveaulocal pour les aider à devenir des êtres actifs à part entière. LaCommission européenne se penche donc également sur la question dela qualité de vie au travail et hors travail des personnes souffrant d'unhandicap. Mais elle se penche également sur des actions de promotionportant sur l'accès aux lieux publics, aux nouvelles technologies decommunication et d'information et aux technologies assistives. À cesujet, je souhaiterais vous faire part d'une expérience que je viens defaire, il y a une dizaine de jours, en visitant une grande foire allemandeconsacrée aux technologies assistives. Je me suis rendu compte en visitant cette foire qu'il n'y avait pas encore de véritable notion de mar-ché intérieur en ce qui concerne les technologies assistives et qu'en faitl'accès à cette dite technologie demeure tout à fait restreint dans l’ensemble de nos États membres. Le marché est extrêmement frag-menté, il y a une multitude de petites et moyennes entreprises qui sontproductives de technologies parfaitement innovatrices, parfaitementcompétitives, mais qui malheureusement ne se développent que surdes marchés considérés comme des niches et strictement au niveaulocal, régional, voire national dans le meilleur des cas.

"Nous allons très prochainement lancer un programme de valo-risation des entreprises et des initiatives porteuses en matièred'intégration sociale et professionnelle"

Y Mon unité vient de lancer une étude concernant l'analyse de ces marchés extrêmement fragmentés, de manière à faire des propositionsà l'ensemble des services de la Commission européenne ainsi qu'auxÉtats membres, pour essayer de stimuler la mise en place d'un véritablemarché intérieur des technologies assistives dans l'Union européenne,de manière à assurer à toutes les personnes concernées un meilleuraccès à ces technologies. Il y a un certain nombre d'autres exemplesconcrets, bien entendu non limitatifs, je ne peux pas tous les énuméreraujourd'hui, qui méritent d'être soulignés brièvement dans le cadre de vos journées régionales. Au niveau européen et dans le contexte de cette Année européenne des personnes handicapées, nous allonstrès prochainement lancer un programme de valorisation des entre-prises et des initiatives porteuses en matière d'intégration sociale etprofessionnelle. Et ce programme sera ensuite lancé dans chaque État membre, et nous encouragerons très vivement la participation laplus grande possible des entreprises européennes à cette Année despersonnes handicapées. En outre, un bus accompagnera la Marcheeuropéenne des personnes handicapées tout au long de l’année 2003.Il sera ouvert tant au grand public qu'aux acteurs économiques etaux partenaires sociaux. Et ce bus présentera notamment les outilsspécifiques et concrets qui permettent aux personnes handicapées de se servir des nouveaux moyens de communication, tels que labureautique actuelle utilisée dans tous les milieux du travail, y comprispar les personnes handicapées.

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"S'il existe un dénominateur commun aux orientations poli-tiques relatives aux personnes handicapées dans les quinzeÉtats membres de l'Union européenne, c'est bien la prioritéaccordée à une politique active en faveur de l'insertion socio-professionnelle des personnes handicapées"

Y Venons-en maintenant si vous le voulez bien au dernier point de la présentation que je souhaiterais aborder, et qui concerne très spécifi-quement et très précisément celui de l'intégration des personnes handicapées sur le marché du travail. Vous n'êtes pas sans savoir quedepuis le Sommet Européen de Luxembourg, il y a quelques années,l'emploi est devenu la préoccupation première de l'Union européenneen tant que telle et à ce niveau. Et depuis le traité d'Amsterdam, la luttecontre le chômage a enfin acquis sa place sur la scène politique euro-péenne, et ce développement est aussi particulièrement crucial pourles personnes handicapées elles-mêmes. En effet, s'il existe un déno-minateur commun aux orientations politiques relatives aux personneshandicapées dans les quinze États membres de l'Union européenne,c'est bien la priorité à accorder et qui est déjà accordée, à une politiqueactive en faveur de l'insertion socio-professionnelle des personnes han-dicapées, telles que le démontrent d'ailleurs vos ateliers ou votre confé-rence d’aujourd’hui. Et c'est bien sûr également le souhait des premiersconcernés, à savoir les personnes handicapées elles-mêmes, qu'unetelle priorité soit effectivement respectée. L'importance de l'emploipour les personnes handicapées ne peut être remise en cause. Aucunesociété humaine n’est envisageable sans travail, aucun type d'activitén'assure l'insertion dans la société comme le fait la participation au travail. Les études qui ont été récemment effectuées sur le chômageont d'ailleurs mis en évidence quatre facteurs fondamentaux qui sontdirectement corrélés à ce chômage : la réduction des contacts sociaux,l'absence de participation à des objectifs collectifs, l'inexistence d'unstatut reconnu avec toutes ses conséquences pour l'identité de l'indivi-du, et l'absence d'une activité régulière. C'est la raison pour laquelle,peut-être plus encore que pour d'autres groupes, les personnes handi-capées ont particulièrement besoin de travail.Toutefois, je souhaiteraispréciser pour éviter tout malentendu qu'il ne peut en aucun cas s'agirde vouloir intégrer contre leur gré toutes les personnes handicapéesdans le processus social du travail, mais uniquement de leur préserverdes chances égales de participer à ce processus. En outre, et c'est unpoint fondamental que je souhaiterais mettre en valeur aujourd'hui, laquestion de l'emploi des personnes handicapées n'est pas à résoudreen termes de conjoncture économique. L'approche adéquate est cellemotivée par la volonté de prévenir l'exclusion et la marginalisation, etde promouvoir l'égalité des chances et de traitement de tous lescitoyens sur la base du principe de non-discrimination qui a d'ailleursété inscrit dans les traités constitutifs de l'Union européenne elle-même. Bien entendu, ceci va dans le sens des intérêts macro-écono-miques de la société tout entière, car l'exclusion coûte cher, plus cherque probablement l'ensemble des programmes en faveur de l'insertionprofessionnelle des personnes handicapées. Et bien qu'un taux élevéde croissance économique et de croissance de l'emploi soit indispen-sable pour garantir des perspectives d'emploi suffisantes aux per-sonnes handicapées, il est aussi urgent de fournir les compétences adé-quates et d'aménager un environnement adapté qui permettront auxpersonnes handicapées d'exploiter leur potentiel, de trouver et deconserver des emplois appropriés et de qualité. Étant donné que lespersonnes handicapées sont aujourd'hui confrontées à de nombreuxproblèmes et obstacles sur le marché de l'emploi, une approche volon-tariste et pluridimensionnelle nous apparaît indispensable pour traitercette question. Une fois de plus, l'initiative que vous avez prise aujour-d'hui de ces journées Rhône-Alpes démontre parfaitement que cettevolonté est partagée également par les États membres, et entre autrespar la France. Il est d'ailleurs indéniable que le processus politique en

tant que tel a suscité dans nos nombreux États membres une relancedes stratégies consacrées à l'emploi des personnes handicapées. Maisde notre côté, à notre niveau, nous disposons également de plusieursoutils pour influencer la politique de l'emploi des personnes handica-pées dans les États membres, et c'est là quelque chose qui malheureu-sement reste très souvent ignoré ou invisible.

"L'examen que nous effectuons annuellement des plans d'actionnationaux pour l’emploi révèle que les personnes handicapéesfigurent clairement parmi les priorités de la quasi-totalité desÉtats membres"

Y Et je voudrais juste si vous me le permettez conclure ma présentationen insistant sur les outils dont nous disposons à la Commission euro-péenne, pour encourager concrètement l'emploi des personnes handi-capées.En premier lieu, il y a cette nouvelle directive européenne dont vousavez vraisemblablement entendu parler sur l'égalité de traitement enmatière de travail et d'emploi, dont la transposition dans la législationdes États membres devrait en principe s'achever en décembre 2003. Lechamp d'application de cette nouvelle directive, qui a été adoptée ennovembre 2000, couvre l'accès à l'emploi, l'accès aux formations pro-fessionnelles de perfectionnement et de reconversion, ainsi que lesconditions d'emploi, de travail et l'accessibilité au lieu de travail. LaCommission européenne veille à la transposition et à la mise en œuvrede cette directive et, tout au long de l'Année européenne 2003, assis-tera, notamment par le biais d'une assistance juridique, tous les Étatsmembres pour assurer la transposition de cette directive en droit natio-nal. Et nous envisageons également de lancer une campagne d'infor-mation à l'attention des parties concernées, notamment les acteurséconomiques et les partenaires sociaux, pour faciliter l'application decette directive.

Parallèlement, la stratégie européenne de l'emploi, décidée au sommetde Lisbonne, permet à l'Union européenne de promouvoir la coordina-tion des politiques nationales de l'emploi, compte tenu des priorités etdes intérêts qui sont partagés par tous les États membres, à savoir stimuler l'employabilité et accroître l'adaptabilité de toutes les personnes sur le marché du travail. À cet égard, je souhaiterais souli-gner en particulier que les États membres se doivent maintenant deremettre, chaque année, un Plan National d'Action pour l'emploi, repo-sant sur des lignes directrices qui sont définies au niveau européen.L’une de ces lignes directrices concerne spécifiquement l'intégrationdes personnes handicapées sur le marché du travail. L'examen quenous effectuons annuellement de ces plans d'action nationaux révèle,en effet, que les personnes handicapées figurent maintenant claire-ment parmi les priorités de la quasi-totalité des États membres, et ils'avère que ceux-ci prennent un grand nombre de mesures et se mon-trent prêts à rechercher et essayer de nouvelles stratégies pour réduirele chômage des personnes handicapées.

Enfin, le dernier instrument sur lequel je voudrais m'arrêter quelquessecondes est le programme Equal, qui permet à la Commission euro-péenne de financer des projets visant à favoriser l'égalité des chancesen matière d'emploi. Grâce à ce programme, grâce à ces financementseuropéens, des projets innovants voient le jour et permettent de diffu-ser des exemples de bonnes pratiques. L'objectif de ce programmeétant en fait de réunir des partenaires sur base géographique ou sectorielle et de les inciter à réfléchir ensemble pour expérimenter denouveaux moyens de lutter contre les discriminations et les inégalités,en particulier celles dont sont victimes les personnes handicapées surle marché du travail. J'en arrive maintenant à ma conclusion et je souhaiterais vous dire que, limitées peut-être, a priori par la perte d'un

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sens ou d'une faculté, les personnes handicapées peuvent compenserce manque et apporter beaucoup aux autres, au social, à l'économie, auculturel, au politique. Bien entendu, il ne faut pas se voiler la face, pourles entreprises, les personnes handicapées constituent également unmarché, une force productrice, créatrice et sociale, et il ne saurait êtrequestion de les mettre à l'écart d'une vie active parce qu'elles n'ont pastous leurs sens. Des moyens technologiques et humains sont possiblespour compenser le handicap. On peut les accroître et les faire connaîtredavantage. L'Année européenne est un premier pas qui, je l'espère,pourra aboutir à une dynamique plus active et plus responsable encore des acteurs tant handicapés que non handicapés. Nous devonsagir et réfléchir ensemble et les travaux menés en région Rhône-Alpessont fort intéressants dans cette perspective. Je me réjouis d'enentendre aujourd'hui la synthèse, et de participer aux débats qui serontmenés lors des tables rondes de cet après-midi. Je vous remercie de votre attention et demeure à votre disposition pour répondre àd'éventuelles questions. Merci.

M. Franck Daumas

Y Merci Wallis Goelen. Merci pour la position de l'Europe, la voix del'Europe en quelque sorte, que nous allons tâcher de suivre évidem-ment tout au long de l'année 2003. Je vais maintenant passer la paro-le à Claudie Buisson, Directeur général de l'Agefiph. Mme Buisson bon-jour et bienvenue à Lyon !

"Quand je vois la densité du partenariat, des échanges et la multiplicité des institutions, organismes et collectivité, je meréjouis de constater que tout le monde se sent concerné"

Mme Claudie BuissonDirecteur général de l'Agefiph

Y Bonjour, bienvenue à vous dans cette maison que François Atger aréservée pour accueillir une journée de synthèse après de longs travauxqui se sont déroulés dans les différents départements de cette Région.Je vais commencer par saluer Madame la Présidente du Conseil régional, Madame la Représentante de la Commission européenne,Monsieur Jean-Luc Simon, et Monsieur le Directeur régional du travailet de l’emploi. Je vais simplement dire que je suis très heureuse de vousaccueillir aux côtés de l'équipe de François Atger, Délégué régional del'Agefiph, qui a contribué à organiser cette journée. Cette journée clôtles 1ères Rencontres Régionales en Rhône-Alpes sur l'insertion des per-sonnes handicapées, et c'est la première fois que cette conférence sedéroulait sous cette forme. C'est une grande première, pour l'Agefiph

en Rhône-Alpes, et pour moi parce que je suis Directeur général del'Agefiph depuis seulement huit semaines et c'est ma premièreConférence régionale. C’est effectivement une grande première dansune région dans laquelle j'ai quelques attaches personnelles puisquej'y ai fait mes études.Je suis donc très contente d'être parmi vous et je disais que c'était unegrande première parce que j'ai déjà appris un grand nombre d'ensei-gnements simplement à la lecture des synthèses des différentes journées de travail que vous avez eues précédemment, et je suis frap-pée d'abord par la densité des échanges. J'ai appris que plus de millepersonnes avaient, à un moment ou à un autre, participé à ces huitjournées sur l'ensemble du territoire de la région. Je vous avoue quelorsque j'ai appris ce chiffre ce matin, j'en ai vraiment été surprise etcela m'a donné quelques idées pour nos autres régions.Le deuxième élément que j'ai retiré de la lecture de ces synthèses, c'estla densité du partenariat. Quand je vois la multiplicité des institutions,organismes, collectivités, qui ont participé à ces réflexions, je me disque nous sommes en train de bâtir quelque chose qui me semble avoirun goût un peu nouveau, que tout le monde se sent concerné, chacunà sa manière et chacun au nom de son institution ou de son groupe, ycompris, bien entendu, les entreprises, et je crois que c'est très riched'enseignements.Le troisième élément que j'ai identifié, c'est la puissance de l'initiativelocale.

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... travail, et donc les tranches d'âge élevées dans la population active,des personnes handicapées, sont plus importantes. Or ces tranchesd'âge vont être touchées plus rapidement que la population activetotale par le vieillissement de la population. On va donc se retrouverdans une situation où malgré tous les efforts que nous pourrons fairepour accompagner individuellement les entreprises et les personneshandicapées demandeurs d'emploi, nous assisterons à une chute auto-matique du taux d'emploi de la personne handicapée, quelle que soitla nature et le volume des efforts que nous ferons. Il faut donc réagirdès maintenant en anticipant cette situation, en anticipant ce risque eten se mettant dès maintenant en position de proposer aux personneshandicapées souhaitant rejoindre l'emploi, soit des formations leurpermettant d'entrer durablement dans un emploi stable, soit des'adresser aux entreprises en leur demandant de faire connaître defaçon explicite leurs besoins ultérieurs à échéance de trois, quatre ans,et d'essayer d'amener un certain nombre de personnes handicapéesvolontaires sur des formations amenant à des filières professionnel-lement durables. Et ça, pour l'instant, nous ne savons pas le faire enémettant des programmes nationaux. C'est le troisième défi que nousavons à relever. On ne résoudra pas des questions de cette nature uni-quement avec des programmes nationaux. On arrivera à les résoudreen travaillant au plus près du terrain, au plus près des bassins d'emploi,au plus près des collectivités territoriales pour identifier de façon finedes personnes handicapées présentes sur un bassin d'emploi et lesbesoins des entreprises présentes sur ces bassins d'emploi. C'est, jecrois, ces trois défis nouveaux que nous avons à relever qui nous amè-nent à réfléchir à un programme d'activités de l'Agefiph qui soit peut-être à nouveau pour partie expérimental, pro-actif, n'attendant pas quela demande s'adresse à nous, mais essayant aller au-devant desbesoins des entreprises et des personnes handicapées. Voilà, je croisque la qualité du partenariat qui a été construit en Rhône-Alpes nousfournit finalement un bon terrain d'expériences et peut me permettred'avoir foi dans ce que je viens de vous dire, parce que j'ai l'impressionqu'à partir du moment où l'on écoute ce qui se passe sur le terrain, onrevient dans son bureau parisien avec énormément d'idées, et beau-coup d'énergie. Merci.

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M. Franck Daumas

Y Merci Claudie Buisson. Ce soir, vous repartirez avec davantage d’idées,pour montrer qu'en Région on peut faire de grandes choses, et les ateliers et la journée d'aujourd'hui en sont la preuve. Je vais passer laparole enfin à Jean-Luc Simon, Président du Comité national de l'Annéeeuropéenne des personnes handicapées. Vous avez pu remarquer, qu’ily a effectivement ce logo 2003, c'est un petit peu en quelque sorte uneavant-première que nous vivons aujourd'hui, que nous vivons depuisseptembre, depuis que ces ateliers ont commencé. Monsieur Simonbonjour et bienvenue.

"Les personnes handicapées attendent leur participation à l'élaboration, à la construction de la société. Ce sont des personnes citoyennes qui demandent d'abord les moyens demettre en œuvre leur citoyenneté"

M. Jean-Luc SimonPrésident du Comité national de l'Année européenne des personneshandicapées

Y Bonjour. Merci, Madame la Présidente, Madame la Représentante de laCommission européenne, Madame la Délégué de l'Agefiph, MonsieurVille, de la DRTEFP. Mesdames et Messieurs, chers amis, merci de medonner l'occasion de cette première intervention publique d'annoncede l'Année européenne des personnes handicapées, en tout cas de l'action française, qui prend corps et qui présage d'un programme relativement riche et, en tout cas, aussi riche, je l'espère que ce qui estfait en Rhône-Alpes. Je dois avouer que la région Rhône-Alpes est pourl'instant la région de France qui s'est montrée la plus dynamique entermes de projets pour l'Année européenne des personnes handica-pées, et qui se montre la plus dynamique en général pour sa politiqueen direction des personnes handicapées. Je voudrais lancer un appel àd'autres régions de France et à d'autres collectivités territoriales poursuivre cet exemple et à l'occasion de l'Année européenne, s'engager etengager leurs responsabilités pour faire que cette société-là, toute lasociété puisse être plus accessible. Plus accessible et plus inclusive auxpersonnes handicapées. Quels sont les objectifs tracés par l'Annéeeuropéenne des personnes handicapées ? Madame Goelen en a tracéles objectifs européens : la non-discrimination évidemment, le main-streaming, un mot un peu barbare, mais c'est-à-dire que dans chaqueplan, dans chaque étude, dans chaque projet de société, quel que soitson niveau, puisse être comprise aussi la problématique des personneshandicapées. Nous avons insisté particulièrement en France dans cecadre-là, sur la nécessaire participation des personnes handicapées, etnous nous appuyons pour cela sur l'article 8 de la déclaration deMadrid, texte cadre de cette Année européenne, adopté par les personnes handicapées d'Europe à l'occasion de la conférence deMadrid en mars dernier, organisée par la présidence espagnole. Undocument-clé que vous devez connaître pour percevoir les objectifs tracés par les personnes handicapées, ce qu'elles attendent. Elles atten-dent effectivement leur participation à l'élaboration, à la constructionde la société. Ce sont des personnes citoyennes qui demandent d'abordles moyens de mettre en œuvre leur citoyenneté et je crois que c'est çadont il s'agit quand on parle d'inclusion, de participation, d'insertiondes personnes handicapées : essayer de savoir comment les personneshandicapées pourront mettre en œuvre leur citoyenneté, et je diraiscomment elles pourront contribuer à faire une société plus riche. J'enarrive ici au slogan, dont je n'ai pas la finalisation, mais dont je peuxvous dévoiler l'idée, la thématique retenue par le Comité de coordina-tion française, c'est vraiment de dire "Ce qui est bon pour les personnes

handicapées, ce qui améliore la vie des personnes handicapées à uneconséquence positive sur l'ensemble de la population". Vous pouvezl'expérimenter tous les jours, tous les soirs, à chaque fois que vous pre-nez votre télécommande pour allumer votre télévision, vous bénéficiezd'une recherche qui a été faite à l'origine pour les personnes handica-pées, comme à chaque fois que vous prenez le métro ou le RER plusfacilement avec vos colis, vos poussettes, vous bénéficierez d’une avan-cée initiée au départ par les personnes handicapées.

"Essayer de savoir comment les personnes handicapées pourrontmettre en œuvre leur citoyenneté, et je dirais comment ellespourront contribuer à faire une société plus riche"

Y Ce que nous voulons dans cette Année européenne, c'est que cetapport positif de l'intégration des personnes handicapées au dévelop-pement général soit connu. Dans le cadre des discussions d'aujour-d'hui, qui concernent beaucoup les entreprises, je voudrais insister surcet aspect positif de l'intégration des personnes handicapées dans leurdynamique de développement. Je ne prendrai qu'un seul exemple quej'utilise souvent parce qu'il représente un caractère économique ; celuidu tramway de Grenoble, construit il y a quelques années avec unevolonté d'accessibilité, sous la pression des nombreuses personneshandicapées qui se sont installées à Grenoble, qui voulaient se déplacerlibrement, et par la politique active de la mairie de Grenoble. Ce tramway a été le premier en France à être conçu dans cette optique-là.Ce qui m'a frappé, c'est d’apprendre qu’une des premières conclusionsa été de noter une augmentation de la rentabilité de 13 %, tout simple-ment parce que le fait d'être accessible a permis à tous les usagers demonter et de descendre plus facilement, donc de raccourcir le temps dechargement et de déchargement, donc de mettre une rame de plus àl'heure et donc d'avoir une rentabilité supérieure. L'exemple nousmontre ainsi que l'intégration des personnes handicapées, quelquechose qui est fait pour faciliter la participation et l'inclusion des personnes handicapées a une conséquence positive sur le système engénéral, sur la rentabilité économique. J'encourage donc les entreprisesà aller de l'avant, parce que je nous vois, nous les personnes handica-pées, comme les défricheurs de la société de demain. C'est particulière-ment vrai en termes d'emploi. Cela fait de longues années que les personnes handicapées demandent, exigent, souhaitent, et on pourraitutiliser plusieurs adjectifs ou verbes pour définir ce qu'elles revendi-quent en général, disposer de possibilités plus adaptées à leurs capa-cités pour pouvoir travailler et participer activement la société. Celaveut dire demander le temps choisi, le temps partagé, pouvoir travaillerà temps partiel, un peu à la demande, un peu en fonction de leurs possibilités. Je suis quelqu'un qui, à travers son action associative,secteur d'activité qui a été le mien ces vingt dernières années, reven-dique que si une personne ne peut travailler qu'une demi-journée par semaine, il faut qu'elle puisse le faire. J'ai rencontré beaucoup depersonnes traumatisées crâniennes, qui avaient cette possibilité-là.

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Et je suis frappé de voir maintenant que la société en général, -on l'a vu avec les 35 heures, on va le voir, je pense, dans l’avenir et c'est une problématique qui restera d'actualité- je pense qu'il n'y aura pas une solution mais des solutions, pour que le temps de travail soit mieux choisi et plus partagé. Cela nous montre bien que les exigences etdemandes des personnes handicapées sont des choses auxquelles lasociété arrivera demain.

"Je nous vois, nous les personnes handicapées, comme les défricheurs de la société de demain"

Y Donc je dis souvent aux personnes handicapées : ayez confiance, soyezfiers de ce que vous êtes, parce que vous êtes en train de défricher et depréfigurer ce que sera l'avenir de la société. Nous sommes porteursd'un certain avenir de la société, et je suis assez fier de dire aux per-sonnes handicapées, avec une phrase provocatrice : vous êtes l'avenirde la société, nous représentons un certain avenir de la société, enayant un discours véritablement optimiste, c'est-à-dire une société oùchacun aura sa place, où chacun pourra contribuer, et où tout le mondey trouvera un mieux-être. Je crois que le terme de qualité de vie esteffectivement au cœur de ces problématiques-là, et qu’améliorer laqualité de vie des personnes handicapées, c'est améliorer la qualité devie de l'ensemble de la population. Il est vrai que l'accessibilité estquelque chose de parlant et de voyant. Les villes accessibles sont desendroits conviviaux où les gens circulent plus facilement, communi-quent plus facilement, parce que l'accessibilité n'est pas uniquementmatérielle. Je reste frappé par des exemples que j'ai rencontrés notam-ment à travers un certain nombre de voyages internationaux que j'aieffectués dans le cadre de mes actions associatives. Je me souviens parexemple du métro de Mexico, où pour répondre aux besoins de nom-breuses personnes illettrées, le nom des stations de métro, la guidancedans le métro a été faite par symboles et non par des lettres. Il y a unestation avec une image de Pachacamac ou je ne sais quelle cité histo-rique, et les gens peuvent s'y retrouver, évidemment les personneshandicapées mentales également beaucoup plus, et c'est ce que nousrevendiquons pour les personnes handicapées mentales, qu'il y ait uneaccessibilité plus facilement décodable. Et ce sera pour le bien de tous,parce que les touristes étrangers que nous accueillons pourront mieuxs'y retrouver. Si vous avez la chance d'aller à Mexico, vous pourrezreconnaître plus facilement les stations sans parler l'espagnol. Et c'estvrai pour tous les secteurs d'activité. Il est évident qu'à chaque foisqu'on fera quelque chose pour faciliter la vie des personnes handica-pées, ce sont les mamans avec les poussettes qui prendront plus facile-ment le train et le bus, ce sont les personnes âgées qui ne se casserontplus la figure en descendant du TGV, comme j'ai pu en voir quelques-unes le faire, c'est vous tous qui y trouverez un bénéfice à moment oùun autre de votre vie, le jour vous aurez une jambe cassée parce quevous revenez du ski avec une jambe dans le plâtre. À ce moment-là,l'intégration des personnes handicapées vous concernera et les effortsque nous aurons fait durant cette année seront passés dans les mœurs.Maintenant, je pourrais être beaucoup plus bavard, je crois que letemps nous presse un peu, donc je vais essayer de conclure.

"La région Rhône-Alpes est la région de France qui s'est montréela plus dynamique en termes de projets pour l'Année européennedes personnes handicapées, et qui se montre la plus dynamiquepour sa politique en faveur des personnes handicapées"

Y J'aurais évidemment beaucoup d'autres choses à dire. En ce qui concernela région Rhône-Alpes, je souhaite dire que la région Rhône-Alpes estune région qui sera un pôle important de l'Année européenne des per-sonnes handicapées, un forum y sera organisé, le bus de la tournéeeuropéenne dont parlait Madame Goelen s'y arrêtera, notamment au

salon Handica, je pense que le Festival du film handicapé du salon seraaussi un moment fort de l’Année européenne, il y aura d'autres tempsforts. Je tiens à saluer l'énergie et la préoccupation de la région Rhône-Alpes qui s'inclut tout à fait dans une dynamique européenne, et jecrois que les échanges avec les régions européennes qui ont été évoqués sont très porteurs d'avenir pour la région. Je souhaite quecette Année européenne soit un vrai succès. Nous avons deux publicsprioritaires et j'en terminerai ici : c'est évidemment la société en géné-ral, et les personnes handicapées. En direction du grand public et de lasociété nous devons essayer de délivrer un message d'ouverture defaçon à ce que cette société s'ouvre plus, et en direction des personneshandicapées qu'elles soient plus fortes, plus en confiance pour atta-quer l'insertion, même si le terme est un peu guerrier et ne me plaîtpas. Mais il faut savoir que l'intégration est difficile, le handicap estdifficile, il faut que nous prenions tous conscience de cela. Et c'est ceque nous demandons dans cette Année européenne, que les chargessoient un peu réparties, car vivre le handicap est difficile, il ne faut passe le cacher. C'est une situation souvent inacceptable, il ne faut pas sele cacher non plus. Vivre avec le handicap est difficile et vivre avec lespersonnes handicapées est difficile, il ne faut pas se le masquer nonplus parce qu'il n'y a qu'en prenant conscience de cette difficulté quenous arriverons à la surmonter et donc à retrouver une force. Je suisfrappé quand je m'entends dire, par exemple, que c'est formidable ceque je fais, alors que je ne fais que me déplacer. Eh bien, devenez formidables, vivez avec les personnes handicapées, ça vous promet desdifficultés, je ne vous le cacherai pas, mais qui sont surmontables. Nousparlons par expérience, parce que les personnes handicapées qui onttraversé ces épreuves, en ressortent souvent grandies, souvent plusfortes,parce qu'elles ont surmonté quelque chose. Intégrez les personneshandicapées,nous en sortirons une société plus forte,plus enrichie, parcequ'elle aura surmonté quelque chose avec nous, et qu'une société parti-cipative avec les personnes handicapées sera une société où toutes lespersonnes qui ont des faiblesses, des manques ou subissent des discri-minations seront plus participantes et contribueront à la constructiond'une société plus forte, parce que plus unie tout simplement.

"Je souhaite que cette Année européenne soit un vrai succèsenvers nos publics : la société en général, et les personnes handi-capées"

Y Je suis frappé de voir, on a parlé tout à l'heure du problème du taux de formation des personnes handicapées, qui est souvent très bas, c'est unproblème. Mais il y a aussi un autre aspect : c'est un taux de formation très haut. On a les deux extrêmes. Il y a des personnes handicapées qui passent leur vie à se former et à accumuler des doctorats et des maîtrises, des personnes qui deviennent quasiment inemployablesparce que trop formées, donc trop chères. On a donc ces deuxextrêmes-là. Je suis frappé de voir que ce potentiel, cette énergie, cescompétences ne sont souvent pas mises en œuvre. Il faut absolumentque nous mettions en œuvre toutes ces compétences, de façon à ceque nous soyons tous ensemble plus forts, et que cette citoyenneté soitla nôtre à tous. Je vous donne donc rendez-vous en 2003 à différentesoccasions, en espérant surtout y rencontrer de nombreuses personneshandicapées, qu'elles soient là, présentes, et qu'elles fassent entendreleur voix, qu'elles fassent valoir leur action pour notre bien à tous. Jevous remercie.

M. Franck Daumas

Y Merci, Jean-Luc Simon. On aura bien sûr l'occasion d'en parler tout aulong de l'année 2003.

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Restitution des tablesrondes

Personnalités présentes :

Madame Christine Bergeron, CRDI Rhône-AlpesMonsieur Daniel Closon, Medef Rhône-AlpesMadame Annie Gratier, Coordinatrice du PDITH de Haute-Savoie

M. Franck Daumas

Y Nous assisterons à la restitution de ces trois tables rondes, à l’issue delaquelle on vous proposera de prendre la parole s’il y a des sujets surlesquels vous voulez intervenir. Ensuite nous écouterons l’interventiondes grands témoins : Thierry Bourgeron, du groupe Casino, AntoineMartin, du groupe Danone, des personnes spécialisées dans les ressources humaines ; Guy Tisserant, salarié handicapé, qui viendra luiaussi témoigner et Mohamed Brihmat, créateur d’entreprise handicapé,qui nous fera l’honneur d’être des nôtres. On verra quelle est leur visiondes différentes problématiques et leur manière d’y répondre. Ensuite,nous écouterons l’intervention de Henri-Jacques Stiker, Directeur deRecherche au Laboratoire d’Histoire et Civilisation des SociétésOccidentales à l’Université Diderot Paris VII, qui nous présentera unevision un peu plus académique en prenant un petit peu de hauteur parrapport aux problématiques rencontrées. Après cette intervention, nousassisterons à la clôture de cette réunion avec François Atger, ChristianVille, Dominique Chambon, Vice-président du Conseil régional, Jean-LucSimon ainsi que Robert Paris, Président du Medef Rhône-Alpes.Nous verrons alors la vision d’ensemble que vous avez à la fois du problème et de ce que vous pouvez retirer de cette après-midi. Sansplus attendre, nous allons donc commencer avec les rapporteurs destables rondes ; je vais inviter Christine Bergeron, du CRDI Rhône-Alpes,à me rejoindre, Madame Bergeron bonjour.

"Aujourd’hui, l’insertion professionnelle devient l’insertion.Parce que nous tous, professionnels, sommes d’accord sur le faitque l’insertion professionnelle ne peut avoir lieu que si l’onprend en compte la globalité de la personne"

Mme Christine BergeronCRDI Rhône-Alpes

Y Bonjour, je vais donc vous rapporter les éléments échangés lors de latable ronde n°1 qui portait sur les problématiques développées dans lesateliers 1, 4 et 5. L’atelier 1 avait pour titre "L’insertion professionnelledes jeunes handicapés en milieu ordinaire", l’atelier 4 "Insertion profes-sionnelle et compensation des déficiences et incapacités", l’atelier 5"L’accès à la formation professionnelle des adultes handicapés", cestrois ateliers étaient regroupés au sein d’une table ronde intitulée "Enamont de l’insertion". Vous ne trouvez pas que ce titre est un peucourt ? "En amont de l’insertion" ? Pourquoi n’a-t-on pas complété parl’adjectif "professionnelle" ? C’est effectivement ce à quoi on aurait pus’attendre, il y a quelques années. Aujourd’hui, l’insertion profession-nelle devient l’insertion. Pourquoi ? Parce que nous tous, professionnelsaujourd’hui, sommes d’accord sur le fait que l’insertion professionnellene peut avoir lieu que si l’on prend en compte la globalité de la personne.Cela a été dit dans les ateliers ce matin et dans les ateliers que je vousai cités tout à l’heure. L’insertion professionnelle ne peut donc être réalisée sans l’insertion stricto sensu.

"La personne handicapée doit se déterminer et déterminer queltype d’insertion professionnelle elle souhaite pour elle-même"

Y Pour en revenir aux échanges plus précis de ce matin et à la restitutiondes trois ateliers, nous avons tous été frappés par le fait que certainsmots sont revenus régulièrement, et de façon transversale à ces troisateliers. Je vous livre ces termes, pêle-mêle : "information", "richesse","complexité", "milieu dispositif ordinaire", "milieu dispositif spécialisé","repérage", "mise en réseau", "outils", "transparence" et "choix". Ce sontles principaux, bien évidemment. Je vais commencer par le mot "choix".Qui revendique, ou pour qui revendique-t-on ce choix ? La personnehandicapée, bien évidemment, et cela a été dit ce matin, qui doit resterau centre des préoccupations. Le droit au choix, mais à un choix éclairé.Premier élément, le choix éclairé, c’est le choix d’une insertion profes-sionnelle ou de ne pas rechercher d’insertion professionnelle. Il a également été rappelé qu’il appartient à la personne handicapée de sedéterminer et de déterminer quel type d’insertion professionnelle ellesouhaite pour elle-même. Choix d’une orientation et prise en compteglobale de la personne, on y revient encore. Cette prise en compte globale de la personne est sous-tendue par la concertation des mul-tiples partenaires : médecins de la Cotorep, IME, IMPRO quand on parledes jeunes, Cap Emploi, centres de formation etc. Je ne les cite pas tous,la liste est très longue. Il faut donc une concertation de ces partenairespour qu’il y ait une réelle prise en compte de la personne. Les profes-sionnels doivent collaborer et faire fonctionner les réseaux. Les réseauxexistent, sont plus ou moins structurés, on doit travailler à les fairefonctionner encore davantage. Le choix de l’orientation est aussi déter-miné par l’information. Mais l’information qu’on peut apporter à lapersonne handicapée, doit-elle, peut-elle être accessible directementaux personnes handicapées ? On a souvent entendu dans les ateliersque c’était complexe, foisonnant, qu’on avait du mal à s’y repérer. C’estencore pire pour la personne handicapée, qui se retrouve brutalementconfrontée à une multitude d’informations, et qui fait parfois les mau-vais choix parce qu’on ne l’a pas guidée dans son orientation. Ou biencette information doit-elle passer par la médiation professionnelle ? La réponse actée dans les ateliers est "oui" aux deux questions. La personne handicapée doit avoir un certain niveau d’information, on luidoit, certains revendiquent une autonomie et ils ont raison, mais ils nepeuvent pas avoir accès à toute l’information, parce que c’est très complexe. Il faut donc que l’information portée par les professionnels soitplus précise et plus pointue. Ce qui veut dire, et cela a été revendiqué parles professionnels ce matin et dans les ateliers, que ces professionnels du dispositif ordinaire par exemple des Missions locales,des PLI mais éga-lement du dispositif spécialisé que sont les Cotorep doivent être formés.Ils revendiquent une information, de la communication pour pouvoirmieux orienter et mieux répondre aux problématiques des personnes.

"L’information portée par les professionnels doit être plus précise et plus pointue"

Y Le choix peut être également le droit de se tromper, le droit à l’erreur, ledroit au tâtonnement, et cela a été clairement affirmé, notammentdans l’atelier n°1 sur l’insertion professionnelle des jeunes handicapés.Quand on dit jeune handicapé, on a deux mots qui sont excessivementimportants, on a "jeune", je ne sais pas si vous avez été confrontés à la problématique des jeunes qui doivent choisir une orientation, maisc’est compliqué pour eux. Ils sont à une phase de leur vie qui estdifficile, et les jeunes handicapés ont cette double difficulté d’être à lafois jeunes et d’être handicapés. Ils ont droit à une orientation, mais ilsont également le droit de tâtonner, de revenir sur leurs choix. Le choixdoit donc être guidé. Un choix guidé, cela veut dire qu’effectivement,les entreprises aujourd’hui ont des besoins, ont des attentes, ont despostes à pourvoir, recherchent des compétences.

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Mais il ne faut pas que la personne handicapée soit sur un rail et qu’ellen’ait absolument aucun choix. Il faut effectivement que ce choix soit enrelation avec les besoins des entreprises, mais aussi en relation avec ses envies, ses attentes et ses besoins. Je citerai une personne d’un desateliers qui disait : "aujourd’hui je suis handicapé, j’ai fait plusieursannées un métier que je n’avais pas choisi. Aujourd’hui j’ai réfléchi, j’aienvie de faire ce que j’ai eu envie de faire toute ma vie et que je n’ai pas pu réaliser jusqu’à maintenant. Le handicap a été une rupture, et cetterupture me permet de me remettre en question et de me dire que fina-lement la vie ne vaut d’être vécue que si on fait ce qu’on a envie defaire." Ce choix, il faut donc le laisser à la personne handicapée.

"Donner les moyens au dispositif ordinaire d’accueillir les per-sonnes handicapées dans de bonnes conditions"

Y C’est aussi le choix d’aller dans le milieu ordinaire ou dans le milieuspécifique. Et pas seulement l’un ou l’autre, mais peut-être l’un etl’autre. Que veut dire ce choix du milieu ordinaire ou protégé ? Celaveut dire qu’il faut qu’on donne les moyens au dispositif ordinaire d’accueillir les personnes handicapées dans de bonnes conditions. C’estce qui a été mis en place notamment dans le cadre du Schéma Régionalde la Formation Professionnelle, avec la formation à l’accueil des personnes handicapées dans chaque organisme. Mais c’est égalementla formation que l’on peut donner à l’ensemble des partenaires du dispositif ordinaire. On s’est aperçu que les secteurs professionnels spécialisés jouaient bien ce jeu de la transmission d’information et desavoir. Le dispositif ordinaire doit être accueillant pour les personneshandicapées et prendre en compte leurs difficultés. C’est aussi le rôlede tout ce qui est de l’ordre de l’assistance technique. On l’a vu dans

l’atelier 4, l’assistance technique peut permettre à la personne handi-capée d’aller dans un dispositif ordinaire de formation et d’emploi.Encore faut-il que des professionnels puissent faire un bon diagnosticet puissent ensuite apporter une réponse adaptée. Le choix de la solu-tion de compensation doit donc être la plus adaptée à la probléma-tique de la personne. C’est effectivement bien le problème du diagnos-tic comme je vous l’évoquais, mais aussi le problème du financement etdu délai. Combien de projets n’aboutissent pas ou n’aboutissentqu’avec des délais très longs, parce que les dossiers sont lents à monter.Ces problèmes de délais et de cohérence entre les différentes interven-tions que rencontrent les personnes sont vraiment une difficulté. Pouravoir le choix, il faut également pouvoir choisir le moment, et cela aégalement été évoqué lors des ateliers. Certaines personnes handica-pées ont besoin, dès la fin de leur rééducation fonctionnelle, de rebon-dir. Elles ne veulent pas rester dans une attente, et ont besoin d’infor-mation. Il a été souhaité ce matin, et évoqué dans les ateliers, que lesprofessionnels du secteur médical puissent donner le premier "petitbout de la pelote" que va tirer la personne handicapée pour avoir l’information. Il ne faut pas faire des professionnels du secteur médical

des personnes ressources extrêmement renseignées, mais donner les premières indications pour que la personne handicapée puisse,ensuite, très rapidement contacter un professionnel qui va lui permet-tre de l’aider dans son projet de reconversion.

"Il faut travailler pour que les professionnels que nous sommessoient des relais efficaces auprès des personnes handicapées,travaillant chacun à clarifier nos actions, à déterminer les limitesde nos interventions, à travailler à la mise en réseau de nos compétences, et au juste dosage entre réflexion, concertation et action"

Y Quelqu’un disait ce matin : "il faut que le repli sur soi soit le plus courtpossible. Ce repli sur soi est nécessaire, les personnes handicapéesl’éprouvent et ont besoin, mais il doit être le plus court possible".Comme le disait un médecin ce matin, pour avoir le choix, il fautconnaître les différentes solutions. Mais le handicap est complexe, lesréponses sont complexes et le resteront. Elles resteront complexes,c’est illusoire et utopique de vouloir simplifier. Que nous reste-t-il àfaire, nous, professionnels ? Il faut travailler pour que les profession-nels que nous sommes, que vous êtes, soient des relais efficacesauprès des personnes handicapées, travaillant chacun à clarifier nosactions, à déterminer les limites de nos interventions, à travailler à la mise en réseau de nos compétences, et au juste dosage entreréflexion, concertation et action. Et comme l’a dit l’un des partici-pants ce matin, parler, cela ne fait pas cuire le riz, donc agissons.Les institutionnels sont également interpellés à ce niveau, non paspour faire cuire le riz, rassurez-vous, mais pour que le foisonnementque l’on a constaté dans les ateliers ne devienne pas une jungle maisplutôt un parcours balisé.

M. Franck Daumas

Y Merci Christine Bergeron. Nous allons passer maintenant la parole àDaniel Closon du Medef Rhône-Alpes, mais ce n’est pas au nom duMedef, vous l’avez compris que Daniel Closon va intervenir pour la tableronde n°2.

"Chaque année, en France, 700 000 personnes ont une inap-titude totale ou partielle, soit environ 5 % de la population salariée"

M. Daniel ClosonMedef Rhône-Alpes

Y Notre table ronde traitait de l’insertion dans l’entreprise et reprenaittrois ateliers, l’un sur la création d’activité, l’autre sur l’aménagementdes situations de travail et le troisième sur le maintien en emploi. Je lesreprendrai dans l’autre sens en commençant par le maintien en emploi.C’était l’atelier n°1 qui a eu lieu à Saint-Étienne animé par MichelBouteille du Cap Emploi de Saint-Étienne et qui faisait remarquerqu’un travail conséquent avait été réalisé en amont de cet atelier parun groupe important puisqu’au total, cent quatre-vingts personnes ontassisté à cette table ronde. Il rappelait l'importance des enjeux dumaintien en emploi, puisqu'il y a chaque année 700 000 personnes enFrance qui ont une inaptitude totale ou partielle, soit à peu près 5 % dela population salariée, et que 20 000 personnes ont été licenciées en2001 pour inaptitude. Cela représente donc un coût humain et écono-mique très important.

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"Il faut réfléchir à l'aptitude du poste à la personne, et non uniquement à l'adéquation de la personne au poste"

Y La question qui vient donc naturellement est : comment éviter les ruptures du fait des accidents et des inaptitudes ? La première desconditions est celle de la précocité. Plus vite on s'y prend, mieux on peutréussir. La deuxième, c'est que c'est une action partenariale, et de plusen plus partenariale. La troisième voie de solution, c'est la compensa-tion, et on rappelait que le statut du travailleur handicapé, dès lors qu'ilest pris suffisamment en amont, est un statut protecteur. Enfin, onpourrait ajouter un quatrième facteur, mais que nous avons vu aprèscoup, qui est celui de la rapidité de la mise en œuvre des solutions.Quelques remarques : la remise au travail du salarié inapte est fonctionassez fortement de la qualité de sa relation à son travail. On notaitégalement que c'est un savoir-faire collectif nouveau, un diagnosticpartagé aussi bien médical que social, parce que le salarié a une vie horsde l'entreprise. Et qu'il y a toute une chaîne d'acteurs, où le médecin dutravail joue un rôle important, la CRAM également, en matière de pré-vention, et, on l'a souligné, le CHSCT. Quelques questions sont restéessans réponse à cet atelier de Saint-Étienne. Le maintien facilite-t-il l'em-bauche d'autres personnes handicapées dans l'entreprise, ou le défavori-se-t-il ? L'aménagement des postes ouvre-t-il à l'embauche d'autres per-sonnes handicapées ? Et la conclusion, reprise par l'ensemble de notregroupe, était qu'il fallait réfléchir à l'aptitude du poste à la personne, etnon uniquement à l'adéquation de la personne au poste. L'inaptitude ensoi n'est pas un absolu. On rappelait que la notion d'aptitude est néeaprès la guerre de 14-18, lorsque les mines du Nord et de Lorraine, faisantappel à un grand nombre de travailleurs immigrés,avaient fixé des condi-tions d'aptitude pour pouvoir travailler dans la mine.

"L’aménagement des situations de travail est en fort dévelop-pement : 350 postes aménagés en 1991, 2 100 en 2001"

Y Tout naturellement, nous passons donc du maintien à l'aménagementdes situations de travail, thème de l'atelier nº3 qui a eu lieu àChambéry, et dont la présentation était faite par Madame ChristineGesse, de la mission ALGOE sur l'ergonomie. Elle notait que l'aménage-ment des situations de travail est en fort développement. Deux chiffresen témoignent : en 1991, 350 postes aménagés, financés par l'Agefiph,en 2001, 2 100. On a presque multiplié par sept. 80 % de ces postes sontindividuels, 66 % sont une réponse à un problème de maintien. Le déve-loppement de l'action d'aménagement des situations de travail estnotamment marquée, dans notre région, par la création d'une plate-forme ergonomie pilotée par le CRDI Rhône-Alpes, qui regroupe neufcabinets d'ergonomie répartis sur la région, à qui l’on peut faire appeldès que le besoin se fait jour, avec un financement de 1,5 millions d’euros. En 2001, sur 630 postes aménagés, il y a eu cinq cents inter-ventions ergonomiques. L’ergonomie est au service de l'insertion despersonnes handicapées en entreprise, elle est également au service dumaintien et donc de l'insertion. Pour les nouveaux embauchés, l'amé-nagement d'un poste est un facteur de réussite de l'embauche d'unepersonne handicapée. Soit on arrive à aménager rapidement le poste,car une embauche, c'est toujours urgent, et à ce moment-là, on multi-plie les chances d'embauche de cette personne handicapée, soit celaprend du temps, et il y a alors un risque important que l'on n’embauchejamais ladite personne handicapée. De plus, l'aménagement du posteconduit à une stabilité beaucoup plus forte dans l'emploi. On a puconstater le rôle très positif qu'a joué, pour l'embauche des personneshandicapées en entreprise et leur adaptation de poste, la plate-formeergonomie pilotée par le CRDI. L'ergonomie est aussi, bien évidem-ment, au service du maintien. On a noté la croissance des besoins, letaux des accidents du travail a augmenté en 2001, la croissance du TMS,du stress, les maladies professionnelles (+ 20 % en 2001).

"L’ergonomie est au service de l'insertion des personnes handi-capées en entreprise, elle est également au service du maintienet donc de l'insertion"

Y Alors permettez, c’est une observation du rapporteur, de vous rappelerles conclusions de Karl Marx sur l’empiriocriticisme, bien connu des sta-tisticiens, qui note que tout phénomène se déforme au fur et à mesurequ’on l’observe. Il faut donc toujours être attentif à la manière dont onutilise les statistiques. D’autant plus que si l’on ajoute des maladies professionnelles, les taux peuvent augmenter. Je ferme ma parenthèse. Ily a des phénomènes nouveaux, comme celui de l’amiante, qui se déclen-chent dans le temps. Cela me fait penser à la silicose d’autrefois, desinistre mémoire. Là encore, on note l’efficacité de l’intervention de laplate-forme ergonomique,qui a permis de favoriser le maintien en poste.Enfin, le développement de l’ergonomie dans le cadre du maintien ou del’insertion fait passer du curatif au préventif. Et du même coup, commeon le disait tout à l’heure, elle a fait travailler ensemble de multiplesacteurs, médecins du travail, CRAM, psychiatres et CHSCT. Et j’ajouterais,à titre personnel, le chef d’entreprise, parce que je crois que la responsa-bilité première est d’abord celle du chef d’entreprise. Cette adjonctiond’acteurs pose bien sûr la question de leur complémentarité, de leur juxtaposition, voire de leur concurrence. Et l’on nous rappelait, dans la discussion, qu’il était important de respecter le rôle de chacun pour quechacun puisse être efficace. Enfin un débat a conclu cette réflexion surdes thèmes familiers à certains : changer le travail, quel modèle de déve-loppement voulons-nous ? Le vieillissement est-il une inaptitude ou unedéficience ? Ce sont les conditions de travail qui créent les handicaps. Lereprésentant des employeurs que je suis hésiterait quand même à systé-matiser certaines de ces conclusions, même si globalement elles sontbien évidemment tout à fait intéressantes, et j’oserai simplement vousrappeler cet aphorisme de Jules Romains : "Toute personne apte est uninapte qui s’ignore".

"La création d’entreprise est un moteur durable du dévelop-pement"

Y Création ou reprise d’entreprise ou d’activité, c’est peut-être là uneréponse à la question de savoir qui, du poste ou de la personne, s’adapteà l’autre. Là, c’est la personne qui crée son emploi. L’Agefiph et particuliè-rement l’Agefiph Rhône-Alpes, a beaucoup travaillé sur la question de lacréation ou de la reprise d’entreprise ou d’activité. C’était le sujet de l’atelier n°2 à Bourg-en-Bresse, animé par Monsieur Lavina, Déléguérégional adjoint de l’Agefiph. On sait combien le problème de la créationd’entreprise est un enjeu pour l’État, la Région, les organisations profes-sionnelles. C’est un moteur durable du développement. L’Agefiph propo-se une subvention plafonnée à 10 675 euros, en fonction des apports etdes besoins. Elle apporte une aide technique de conseiller pendant deuxà trois ans,qui représente pour chaque créateur trente heures de conseils.

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Conseils au niveau de l’accueil, de l’accompagnement, du montage dedossier et du suivi post-création. On peut noter que 78 % des créationsainsi faites vont conduire à une entreprise de zéro salarié, alors que lamoyenne française est de 71 %. 4 % des créations aidées par l’Agefiphauront plus de deux salariés contre 9 % pour la moyenne française. 36% des entreprises créées le seront dans le commerce, alors que lamoyenne française est de 25 %. Enfin l’âge moyen des créateurs est de39 ans, alors qu’il est en moyenne de 36 ans en France. Les handicapésqui créent des entreprises sont à 56 % des handicapés physiques, et 10% reconnus Cotorep. Au total, depuis la création de l’Agefiph, quinzemille créateurs ont été aidés, et cela représente chaque année 2 % descréations d’emploi. Il y a eu en 2001, 2 250 créateurs aidés, représentant24 millions d’euros, soit 6 % du budget de l’Agefiph. On voit bien quec’est une action importante, avec une efficacité extrêmement forte. Jevous donne ce dernier chiffre, qui est le chiffre habituel quand on étu-die les créations d’emploi, concernant la pérennité des entreprisescréées. Cinq ans après leur création, 50 % des entreprises existent enco-re. Pour l’Agefiph, cinq ans après, 60 % existent encore. On a donc untaux supérieur à la moyenne, lié certainement aux soins avec lesquelselles ont été anticipées, accompagnées et suivies. Ce que nous souhai-tons toujours, c’est que l’on puisse passer du syndrome du handicapéau milieu ordinaire, qui mieux que la création d’entreprise, à ce niveau-là, témoigne du passage à une activité normale et réussie. En conclu-sion, l’ensemble des intervenants a noté l’importance du chemin par-couru en treize ans dans le maintien et l’engagement des différentsacteurs (médecin du travail, l’ARAPT, l’ANACT et la CRAM). Nous nousfélicitons donc de ce travail et nous espérons que les dix années quiviennent nous permettront encore de l’accroître.

M. Franck Daumas

Y Merci, Daniel Closon. Je vais maintenant inviter Annie Gratier,Coordinatrice du PDITH de Haute-Savoie, à nous rejoindre pour l’ateliern°3.

"L’intégration de la personne handicapée doit s’effectuer avecune approche globale de la personne, et par la mise en placed’un parcours personnalisé"

Mme Annie GratierCoordinatrice du PDITH de Haute-Savoie

Y Bonjour à tous. J'ai donc la tâche de vous rendre compte des débats quise sont déroulés dans les ateliers 6 et 8 ; l’atelier 6 concernant le thème"Territoire et insertion", l'atelier huit "Parcours vers l'emploi". J'avoueque s'il m'avait été demandé de remplir cette tâche avant que j'assisteaux deux ateliers, je ne suis pas sûre que j'aurais accepté, car je nevoyais pas forcément les liens qui existaient entre les deux. Et force estde constater qu'il y a un nombre important de points qui se rejoignent,et que j'ai d'ailleurs également entendus dans les autres ateliers ettables rondes. Pour commencer, je vais simplement reprendre la lecturedes deux problématiques et des méthodes de travail qui ont été choi-sies dans les ateliers, pour ensuite vous présenter les points communset, comment s’est posé le rôle et la place des principaux acteurs de l'insertion des personnes handicapées dans les débats pour enfin pointer les questions et les interrogations qui restent aujourd'hui ensuspens.La problématique de l’atelier 6 était la suivante : "le mouvement com-biné de décentralisation et de déconcentration marque l’avènement de

la dimension territoriale dans la mise en œuvre de l’action publique enmatière d’emploi. Concernant les travailleurs handicapés, comment laprise en compte de cette nouvelle dimension, vient-elle modifier lesmodes d’intervention publique auprès de cette population ? À l’échelonterritorial, face à la multiplicité des acteurs et à la complexité des dispositifs, quelles sont les logiques d’intervention et de mise en œuvrequi apparaissent comme des réponses efficaces et adaptées à cepublic ?"

L’atelier 8 a posé la problématique suivante : "l’emploi est l’un des axesmoteurs de l’insertion. L’emploi reste cependant une cible souventdifficile à atteindre pour les personnes handicapées, malgré l’existencede multiples aides et mesures pour favoriser leur insertion profession-nelle. L’objectif de cet atelier est de permettre aux professionnels,opérationnels, institutionnels qui interviennent dans le champ de cesaides et mesures de croiser leurs expériences, pratiques et convictions,pour tirer un meilleur parti des partenariats et identifier d’éventuellescarences pédagogiques, administratives et financières.

Cet atelier 6 pose la question de l’impact de la territorialisation sur lesmodes d’intervention publique concernant l’insertion des personneshandicapées ; et à l’échelon territorial, quelle logique d’intervention etde mise en œuvre est nécessaire pour obtenir une réponse efficace etadaptée au public handicapé.

En ce sens, l’atelier 8, dans la notion de parcours à l’emploi, constitue unélément de réponse, avec le constat fort que l’emploi est difficile àatteindre pour les personnes handicapées. D’ailleurs, si je devais don-ner finalement un titre à cette synthèse, ce serait, d’une façon trèssimple mais à mon avis très réaliste, "De la mise en œuvre des poli-tiques publiques à l’emploi, en passant par les parcours vers l’emploi etles initiatives locales". La conclusion de Monsieur Bessière, Directeurdépartemental du travail et de l’emploi, sur le Rhône, m’a d’ailleurs permis de faire le lien entre les deux ateliers. Si je le cite, il nous a ditque l’intégration de la personne handicapée doit s’effectuer au niveaudu bénéficiaire, avec une approche globale de la personne, et par lamise en place d’un parcours personnalisé. J’ai été extrêmement frap-pée par cette phrase, parce que la personne a toujours été au centre etau cœur des débats, et cela me paraît fondamental. Cela a encore étéredit ce matin dans notre table ronde, et je crois que ça mérite d’être ditet redit encore.

En ce qui concerne les points de rencontre, j’en ai noté six en particulier,que je vais reprendre. Le premier concerne la territorialisation, qui trouveson origine dans la décentralisation et la déconcentration, avec lanotion et la recherche de territoires pertinents. Le deuxième point, c’estla multiplicité des acteurs et la complexité des dispositifs. En troisièmepoint, la nécessité de construire des réponses efficaces et adaptées, oùl’on trouve des mesures, des actions et des outils qui appartiennent audroit commun, au dispositif public, du spécifique, dédié à l’insertiondes personnes handicapées, et des expérimentations. Le quatrièmepoint, c’est la nécessité d’articuler des complémentarités et de créerdes processus de régulation, avec un besoin de professionnaliser et dedéterminer les performances des outils spécifiques. Le cinquièmepoint, c’est la prise en compte de l’approche globale de la personne etle parcours individuel de la personne. Le sixième point enfin, c’estl’intégration des parcours dans le circuit économique, qui a été vraiment pointé dans l’atelier 8, et enrichi par les réflexions del’atelier 6 qui dit aussi qu’il ne faut pas se situer uniquement dans lesecteur marchand, mais être aussi dans la dimension du tissu associatifet dans l’économie sociale et solidaire. Enfin, la question du temps, dela temporalité, a été largement évoquée, tout comme la nécessité demettre en œuvre des tableaux de bord de suivi et d’évaluation.

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"L’enjeu en faveur de l’emploi ne se limite pas simplement auxmodalités de déclinaison de l’action publique sur un territoire,mais aussi par le soutien des initiatives locales et des stratégiesterritoriales"

Y Concernant le premier point, la décentralisation, la déconcentration, larelation à la territorialisation et la notion de territoire pertinent qui aété plus largement débattu dans l’atelier 6, cela nous a permis deconstater qu’il y avait effectivement deux points importants : la phasede diagnostic et celle du plan d’action, qui permettent de travailler surdes publics identifiés, et de mettre en œuvre des mesures d’impact,d’analyse statistique du territoire, et de mise en œuvre de partenariats.Avec trois principes qui prévalent à la territorialisation : la déconcen-tration, la globalisation et l’individualisation des parcours. Mais cesconstats posent également un certain nombre de questions qui sontrestées ouvertes notamment de savoir si l’on n’est pas non plus dansune logique de rationalisation budgétaire. Concernant les plans d’ac-tion locaux, quelle est leur valeur ajoutée par rapport à la sommed’énergie dépensée ? Une autre question est celle de la fongibilité desmesures qui reste, selon certains, tout à fait relative ; la constructionpartagée d’un plan d’action en regard des stratégies collectives poseaujourd’hui la question des enjeux partagés. Enfin quelle synergieentre la territorialisation, les contrats de pays, la politique de la ville,l’Europe et l’équipe locale du SPE, donc, l’échelon du bassin. Ce qui a étépointé de façon très importante dans cet atelier, c’était que l’enjeu enfaveur de l’emploi ne se limite pas simplement aux modalités de décli-naison de l’action publique sur un territoire, mais aussi par le soutiendes initiatives locales et des stratégies territoriales. C’est vrai que l’on atoujours été, dans les débats, dans ce lien entre le cadre de l’interven-tion publique et les initiatives locales, comment ceux-ci se rencontrentet dans quel cadre. Autour de cela, nous avons évoqué l’idée d’unedémarche de projet concertée entre l’ensemble des acteurs concernéssur un territoire, et abordé la question de méthodologie de projet deterritoire, basé sur le diagnostic local et qui pourra être mise en œuvreau sein des PDITH.

"Il n’est pas possible de construire une réponse unique au règlement de toutes les situations, de toutes les problématiquesrencontrées. Il y a un vrai risque à complexifier à l’infini"

Y Le deuxième point abordé, c’est la complexité des dispositifs, lamultiplicité des acteurs. Les avis ont été assez communs aux deuxateliers, et on a pointé le fait que l’on était dans un cadre qui mobili-sait des niveaux territoriaux différenciés, impliquant nécessairementune multiplicité d’intervenants et d’interventions, mais que cela permettait de dégager des marges de manœuvre et apportait de larichesse. Il y a cependant un pendant négatif à cela, c’est lorsqu’on se situe dans une réponse à la complexité des situations des personnes handicapées. Bien évidemment, cette complexité rend difficile l’appropriation de son parcours par l’individu. Il y a un risqueà complexifier à l’infini, mais il n’est pas pour autant possible deconstruire une réponse unique, globale, en termes d’approche tech-nique, au règlement de toutes les situations, de toutes les probléma-tiques rencontrées. Il y a forcément multiplication des intervenantsporteurs de compétences techniques spécifiques. Ce matin, nousavons par exemple abordé le cas de la maladie mentale, qui nécessited’autres façons d’aborder les choses et d’autres outils que pour la plupart des handicaps. De cette complexité des dispositifs et de lamultiplicité des acteurs, on a également mis en avant que c’était ladynamique propre du secteur qui faisait qu’on avait ce constat, etque cette dynamique entre l’intervention publique et l’interventionprivée, nécessitait une coordination qui avait forcément un coût.Nous avons également abordé cette question de la multiplicité des

acteurs et de la complexité des dispositifs en mettant en regard lesdifférents niveaux d’outils d’intervention et d’action, à savoir le droitcommun, le tout public, le spécifique, et les phases d’expérimenta-tion. À la suite de cela, a été évoqué la nécessité d’articuler les complémentarités, de mettre en œuvre des processus de régulation,et s’est notamment posé la question du PDITH, des Programmesdépartementaux d’insertion des travailleurs handicapés, comme partie intégrante de ces processus de régulation.

"Il est nécessaire d’organiser les réponses, souvent plus, que deconstruire ou d’apporter de nouvelles réponses"

Y Concernant la relation entre droits commun et spécifique, il a été ditdans l’atelier 6 que ceux-ci n’apparaissaient pas comme ayant desobjectifs contradictoires, mais qu’ils impliquaient l’identification d’unacteur qui apporte des garanties et qui les fasse converger. Dans l’atelier 8, il a été pointé qu’il fallait puiser dans l’ensemble des outilspour construire un parcours, et n’en retenir que ceux qui sont adaptés.Il faut dépasser cette préoccupation du "droit commun ou spécifique" ;parfois les expérimentations sont nécessaires parce qu’elles comblentles vides ou les impasses, même si elles dérogent un petit peu à la règleet sont parfois à la limite du cadre législatif et institutionnel. Il estnécessaire d’organiser les réponses, souvent plus que de construire oud’apporter de nouvelles réponses, et la création de nouveaux outils etcircuits doivent permettre la médiation entre l’offre et la demande detravail. Il a également été dit que l’intervention publique de l’Etat et del’Agefiph pouvait être comparable au prêt-à-porter dont il faudrait fairedu sur-mesure pour répondre à la problématique de l’insertion des personnes handicapées.

Concernant la notion de parcours individuel, il faut absolumentpromouvoir cette approche globale de la personne. On ne peut passimplement travailler sur l’une des composantes de la problématiquede la personne, mais il est absolument nécessaire d’avoir cette visionglobale et une réponse qui intègre cette vision globale. Cela impliqueparfois la présence de toutes les institutions chargées de la politiquesur l’une ou l’autre des composantes de ces problématiques. On l’a ditet je le répète, le projet professionnel doit s’intégrer au projet de viede la personne. Par rapport à la prise en compte du parcours indivi-duel, on a pointé effectivement la nécessité de prendre du temps, deprendre en compte l’ensemble des composantes de la problématiquede la personne, de tenir compte de la diversité des handicaps et desdéficiences, et de mettre en œuvre des coopérations inter-insti-tutionnelles et de synergie pour avancer. Par rapport à la notion demise en œuvre de parcours, il est nécessaire d’avoir un ancrage dans le circuit économique marchand, et cette idée a été élargie àl’économie sociale et solidaire et au tissu associatif, qui sont porteurde richesses.

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"Le projet professionnel doit s’intégrer au projet de vie de la personne"

Y Sur la notion de temporalité, il a été noté que le temps était partout,qu’il fallait du temps de concertation, d’harmonisation des pratiques,mais également savoir gérer les urgences, et faire attention à ne pastravailler trop vite et ne pas sacrifier le temps au profit de l’écono-mique.Enfin concernant les tableaux de bord, les outils de suivi et d’évalua-tion, il y a un enjeu fort, c’est tout ce qui concerne la connaissance despublics : savoir faire un diagnostic, savoir ce qu’on doit identifier dansle diagnostic et se donner les moyens d’évaluer tant individuellementla qualité du service rendu à la personne, que les dispositifs dans leurglobalité, en mesurant la valeur ajouté des dispositifs. Voilà pour cettepremière partie.Ensuite ont été évoqués tout au long des débats, le rôle et la place desacteurs classiques de l’insertion des personnes handicapées. On a évoqué le rôle de la Cotorep, présenté comme le pilote d’un système, auniveau départemental, pour assurer une plus forte cohérence des fonc-tions de diagnostic, d’orientation et de suivi des personnes. La Cotoreppermet d’avoir une vision des publics concernés par les dispositifs etconstitue une colonne vertébrale qui serait le socle de l’actionpublique, et qui serait nécessaire dans un environnement dynamiquedivers, militant et associatif. Les PDITH ont été présentés comme l’espace où pouvait être mise en œuvre une méthodologie de projet deterritoire ; se posait la question de la dimension territoriale pertinentepour la réflexion sur l’insertion des personnes handicapées, et commelieu de synthèse et un cadre de régulation. Cap Emploi a été présentécomme étant au cœur de la problématique de parcours vers l’emploi,mais ce matin, il a été dit qu’il fallait être prudent lorsqu’on présentaitles choses parce qu’il existe un grand nombre d’interventions etd’initiatives locales en matière d’insertion professionnelle et qu’il nefaudrait pas uniquement mettre en avant le seul acteur Cap emploi. Ona abordé la question des modalités de coopération pour l’insertion destravailleurs handicapés entre le SPE et les collectivités territoriales,ainsi que la question de l’implication, de l’engagement des élus, dumaillage partenarial et de projet politique. Le tissu associatif a été présenté comme producteur de richesses et tout au long des débats, ila été dit que le travail d’innovation entrepris par l’Agefiph dans le cadredu PEX devait se poursuivre, être dans ce mouvement d’évolution permanente. Il a également été relevé que l’Agefiph avait su intégrer lapolitique territoriale dans sa contribution à la politique de l’emploiconduite par l’Etat, et susciter du partenariat. Il a également été ditqu’il était nécessaire d’associer les entreprises en permanence et le

plus tôt possible, pour valider, par exemple, les capacités et projets professionnels. Enfin, les organisations syndicales et représentants dupersonnel ont été présentés comme des acteurs non négligeables,notamment sur les questions du maintien, même si je synthétise endisant cela.

"Concernant les outils de suivi et d’évaluation, il y a un enjeufort, c’est tout ce qui concerne la connaissance des publics"

Y Au niveau des questionnements et des interrogations, j’ai été très trèsfrappée par une phrase d’Alain Blanc, Directeur du département socio-logie à l’Université de Grenoble, qui a abordé la question du temps endisant que les personnes handicapées avaient le droit à l’erreur, notam-ment parce que le handicap pouvait freiner les apprentissages. L’autrepoint qui m’a frappée dans cette intervention, c’est cette phrase : "il nefaut pas préjuger de ce que la personne fera de sa déficience, et les dispositifs d’insertion ne doivent pas récuser a priori quiconque de cefait". À partir de là, s’est posée la question de se mettre à la place de lapersonne, d’entendre et de comprendre ses difficultés, et de savoir ce que l’on en faisait. Il y a toute une série de réponses qui existent,mais il faut également que le profil des personnes entre dans ces dispositifs, mais que fait-on quand les réponses n’existent pas ? Savoirdire non, c’est déroger à la règle ou construire, se mettre dans cesdémarches de réflexion, de recherche et de construction ? Sur lesenjeux de la territorialisation, en regard de l’insertion des personneshandicapées, plusieurs scénarii ont été évoqués, mais celui qui sembleavoir eu le plus de force dans les débats est celui du projet collectif de territoires, avec un enjeu d’efficacité dans la recherche de l’échelonterritorial pertinent.

Excusez-moi pour la longueur, c’était peut-être toute la difficulté del’exercice devant la richesse des débats. En conclusion, je dirais que cequi est ressorti, c’est que l’on était dans de grands principes, et qu’il yavait peut-être une certaine frustration de ne pas avoir évoqué deréponses concrètes. J’ai vraiment le sentiment que l’on est dans untrain en marche, que les rencontres n’ont fait qu’ouvrir le débat etqu’aujourd’hui, c’est au sein de nos échelons propres qu’il convient detravailler pour mettre en œuvre ces réponses.

M. Franck Daumas

Y Merci Annie Gratier.

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Interventions des partenaires et de grands témoins

Personnalités présentes :

Monsieur Thierry Bourgeron, Directeur des ressources humaines dugroupe CasinoMonsieur Antoine Martin, Président de l’Agence nationale de luttecontre l’illettrismeMonsieur Guy Tisserant, salarié handicapéMonsieur Mohamed Brihmat, créateur d’entreprise handicapéMadame Wallis Goelen, Chef d'Unité pour l'intégration des personneshandicapées de la Commission européenne,Monsieur François Atger, Délégué régional de l’Agefiph Rhône-AlpesMonsieur Christian Ville, Directeur régional du travail, de l’emploi et dela formation professionnelle Rhône-AlpesMonsieur Dominique Chambon, Vice-président du Conseil régionalRhône-AlpesMonsieur Jean-Luc Simon, Président du Comité national de l'Annéeeuropéenne des personnes handicapéesMonsieur Henri-Jacques Stiker, Directeur de recherche au laboratoireHistoire et Civilisation des sociétés occidentales, Université DiderotParis VII.

M. Franck Daumas

Y Je vais prier Thierry Bourgeron, Directeur des ressources humaines dugroupe Casino, Antoine Martin, des ressources humaines de Danone denous rejoindre ainsi que Guy Tisserant et Mohamed Brihmat. Je vaiségalement inviter Wallis Goelen à nous rejoindre ainsi que FrançoisAtger, Christian Ville, Dominique Chambon, Jean-Luc Simon et RobertParis, Président du Medef Rhône-Alpes pour cette petite partied’échanges, avant l’intervention de Henri-Jacques Stiker qui nous don-nera son point de vue d’universitaire sur ce qu’il a entendu. Il manqueJean-Claude Mélis. Il a été longuement question tout à l’heure du CRDI,vous en êtes le Vice-président, le Président est Robert Klein, j’ai vu queMonsieur Klein était également avec nous cette après-midi. On vapeut-être commencer avec Guy Tisserant et Mohamed Brihmat. Vousêtes tous les deux travailleurs handicapés. Mohamed Brihmat, vousêtes créateur et chef d’entreprise, pouvez-vous nous parler de votreparcours en quelques mots ?

M. Mohamed Brihmat

Y Bonjour. J’étais conducteur d’engins dans les travaux publics, et j’ai euun accident du travail. Je me suis fait opérer d’une hernie discale etsuite à cela, on m’a licencié pour cause de maladie parce qu’il n’y avaitpas de poste à pourvoir avec mon handicap. Je me suis donc retrouvéau chômage et je suis resté sans travail pendant trois ans. Quand jecherchais du travail, on me demandait pourquoi je ne travaillais pas, etquand je leur annonçais mon handicap, on ne m’embauchait pas.Ensuite j’ai donc caché mon handicap et j’ai trouvé un emploi dans laplomberie. J’ai travaillé quelques mois dans la plomberie et j’ai eu unnouvel accident du travail. J’ai été opéré de deux hernies discales et laCotorep m’a alors pris en charge et m’a proposé une formation encomptabilité de deux ans dans le centre Laennec. À l’issue de cette formation, j’ai pu créer mon entreprise et j’ai aujourd’hui trois salariés.

M. Franck Daumas

Y Ce qui paraît assez étonnant dans votre parcours, je l’avais noté, c’estfinalement le rôle de la formation dans votre entreprise, c’est impor-tant. Qu’est-ce que vous faites finalement, dites-nous un peu ?

"La formation a été très importante pour moi. J’ai pu créer monentreprise et j’ai aujourd’hui trois salariés"

M. Mohamed Brihmat

Y La formation a été très importante pour moi. J’ai pu créer une entrepri-se de transports en messagerie, je fais ma propre comptabilité, j’aiembauché du personnel, je gère mon entreprise, je démarche mesclients. La formation a été bénéfique, on m’a tout appris : la comptabi-lité, le secrétariat, comment démarcher des clients…

M. Franck Daumas

Y On peut dire que vous êtes parti de rien. Vous n’aviez aucune notion decomptabilité ?

M. Mohamed Brihmat

Y Non, j’étais dans le bâtiment, donc rien à voir avec le tertiaire. C’est vraique pendant ces deux années au cours desquelles j’étais au chômage,je voulais m’en sortir. Donc je m’y suis mis à fond pendant deux ans, j’aitravaillé pratiquement jour et nuit, je me suis beaucoup investi, et celaa porté ses fruits.

M. Franck Daumas

Y On dit souvent, je vais me retourner également vers les élus, mais éga-lement tous ceux qui sont avec nous, que l’un des moyens d’insertionpour un travailleur handicapé, c’est également de créer son emploi.Alors ce n’est pas toujours vrai, ce n’est pas toujours par la créationd’entreprise que l’on peut se réinsérer, on l’a vu tout à l’heure, 60 % -c’est cela François Atger ? - d’entreprises qui ont été créées par des tra-vailleurs handicapés existent encore aujourd’hui.

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M. François Atger

Y Oui, c’est le résultat qui a été donné par une étude faite par le cabinetTMO Régions, sur les entreprises créées par des créateurs aidés parl’Agefiph. Et la région Rhône-Alpes a été l’une des régions qui a fait l’ob-jet d’un zoom particulier et ces chiffres sortent de cette étude en effet.

M. Franck Daumas

Y C’est assez édifiant. Guy Tisserant, vous êtes salarié handicapé, pouvez-vous nous parler, dans les grandes lignes, de votre parcours ?

M. Guy Tisserant

Y Oui, j’ai 41 ans, je suis marié, j’ai trois enfants, j’ai une formation scien-tifique puisque j’ai un bac C. J’ai ensuite fait une première année de facde science, mais cela a été assez compliqué parce que la fac n’était pasdu tout accessible aux personnes en fauteuil. Et comme j’avais étéinterne pendant de nombreuses années dans un centre spécialisé, lapremière année après le bac, j’ai eu envie de vivre autre chose que lesétudes, donc j’ai pris un peu de bon temps. Ensuite, j’ai fait un IUT degénie chimique, là aussi ça a été assez compliqué en termes de struc-ture, puisque la logistique, il y a vingt ans, n’était pas très adaptée,aujourd’hui elle l’est déjà plus. Ce n’est pas encore parfait partout, maisbeaucoup de progrès ont été réalisés. À l’issue de cet IUT, je me suis retrouvé à l’Ecole Nationale Supérieure d’Electrochimie etd’Electrométallurgie de Grenoble, qui est une école de l’INPG. À l’issuede ces trois ans d’études, les grandes entreprises de la chimie sontvenues faire le marché aux étudiants, et sont venues vendre leur entre-prise en nous demandant de venir chez elles. J’ai posé la question suivante : "Pour ce qui me concerne personnellement, quel type deposte pourriez-vous me proposer ?" Et là, je suis un peu tombé de hautpuisqu’on m’a dit : "si on vous embauche, déjà il faut qu’on vousembauche, on ne vous fera pas faire de production, ni de commercial,on vous fera faire du labo". Je n’avais pas du tout envie de faire cela,donc j’étais un peu déçu et j’ai eu un petit moment de blues. Puis je mesuis dit : "je ne peux pas rester sur cette situation", donc j’ai un petit peucherché à droite à gauche et j’ai pu découvrir qu’à partir du moment oùl’on a un diplôme d’ingénieur, on peut assez facilement partir sur uneautre école, et avoir une spécialisation dans une autre discipline.

"À partir du moment où j’ai pu me déplacer, le handicap n’a jamais vraiment été un problème dans mon activité profes-sionnelle"

Y J’ai donc fait une année de spécialisation en informatique à l’ENSIMAG.J’ai ensuite cherché du travail, et dans le domaine de l’informatique, ilfaut reconnaître que le problème du handicap est moins crucial quedans d’autres. J’ai donc trouvé assez facilement du travail d’abord surParis, dans une société de service où j’étais technico-commercial, puisau bout d’un an et demi j’ai intégré la Lyonnaise de Banque, à Lyoncomme chef de projet. J’y suis depuis janvier 88 et maintenant je suisresponsable d’un service de quarante informaticiens, chefs de projet,développeurs. Mon handicap en l’occurrence n’a jamais vraiment poséproblème. Comme je suis en mesure de prendre le train et l’avion à peuprès tout seul, avec l’aide de la SNCF et d’Air France, je peux me dépla-cer assez facilement. Et comme mon travail m’amène souvent à medéplacer, à partir du moment où j’ai pu me déplacer, le handicap n’ajamais vraiment été un problème dans mon activité professionnelle.

M. Franck Daumas

Y C’est ce qu’on disait tout à l’heure,c’est toujours la difficulté,une fois qu’ona réussi, qu’on est finalement dans ce que l’on aime faire et qu’on le faitbien,on a un peu tendance à oublier les côtés un peu difficiles du parcours,les endroits qui pêchent, un petit peu. Quelles ont été ces difficultés ?

"La plus grosse difficulté que j’ai personnellement rencontréec’est l’accès aux écoles et aux universités"

M. Guy Tisserant

Y Je pense que la plus grosse difficulté que j’ai personnellement rencon-trée et que rencontrent la plupart des personnes handicapées phy-siques, c’est l’accès aux écoles et aux universités. C’est vrai que cela abeaucoup évolué, mais le problème est qu’il y a un certain nombre demétiers qui nous sont interdits d’emblée. Je ne me vois pas déména-geur ou plombier. Et donc, cela veut dire que la majorité des métiers quinous sont ouverts sont des métiers à forte valeur ajoutée. On a plus dechance de trouver du travail si on a une grosse formation que si l’on enn’a pas. En fait tous les métiers à petite formation sont plus difficilesd’accès pour les personnes souffrant d’un handicap physique. Ce quifait que la formation est encore plus importante pour les personneshandicapées que pour les personnes valides. Et l’accès à la formationest plus compliqué pour les personnes handicapées que pour les per-sonnes valides, ce qui est illogique.

"Il y a un certain nombre de métiers qui nous sont interditsd’emblée. Je ne me vois pas déménageur ou plombier"

Y C’est le poids de l’histoire bien sûr, mais je pense que là où il faut faire leplus gros effort, c’est dans le domaine de la formation. Parce qu’à partir du moment où notre formation nous permet d’occuper un posteau même titre qu’une personne valide, avec l’importante évolution desmentalités des dernières années, je pense que la prise de conscience desentreprises est forte sur les dix dernières années, la problématique duhandicap devient relativement mineure à partir du moment où l’on estcapable de s’intégrer dans le poste de travail. L’Agefiph aide l’aménage-ment de poste de travail, donc quand on peut postuler à un emploi où lehandicap n’est pas pénalisant, les entreprises ne posent pas spéciale-ment de problème, voire ont peut-être une démarche plus volontaristepour embaucher. C’est presque une discrimination positive. Je pense quec’est vraiment au niveau de la formation qu’il faut faire des efforts.

"Dès que notre formation nous permet d’occuper un poste aumême titre qu’une personne valide, la problématique du handi-cap devient relativement mineure"

Y Je vais juste vous raconter une anecdote, et je pense que ce genre dechose ne pourrait plus se produire aujourd’hui. Pour mon premierposte, j’ai rencontré trois personnes, et j’ai été embauché sans problème.Quelques temps plus tard, j’ai eu accès à mon dossier, et j’ai lu le com-mentaire d’une des personnes que j’avais rencontrées, et j’avoue que jesuis restée un peu coi. J’ai lu que j’étais un candidat très intéressant,mais qu’il y avait un risque à m’embaucher parce que si un jour il fallaitme licencier, on aurait des problèmes. Je suis resté un peu surpris parceque lorsqu’on embauche quelqu’un ce n’est pas en pensant immédia-tement à le licencier. Mais c’est vrai qu’à l’époque, la mentalité des gensétait : "je fais du social". Alors qu’en l’occurrence, quand on travaille, lesocial, ça n’existe pas. Si on faisait du social, je n’occuperais pas ceposte-là.

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M. Franck Daumas

Y Merci, merci Guy Tisserant, vous restez avec nous bien sûr, MohamedBrihmat, je vois que vous prenez le micro, quelles sont les zonesd’ombre, quelles sont les petites choses qui vous dérangent auxentournures ?

M. Mohamed BrihmatY Je le rejoins tout à fait sur ce qu’il a dit, c’est vrai que j’ai également ren-

contré des problèmes, à savoir que j’étais intéressant, mais qu’à causede mon handicap, on ne pouvait pas prendre le risque de m’embaucher.Je tiens à souligner que la formation est très très importante pournous.

M. Franck Daumas

Y Vous vous êtes installé à votre compte ; est-ce par dépit parce que vousne trouviez rien d’autre ? Ou est-ce l’envie de réaliser quelque chose parvous-même et finalement de dire : "je vais m’en sortir tout seul" ? Est-ce que c’est parce qu’il fallait impérativement faire quelque chose ouest-ce que c’est un choix que vous avez fait délibérément ?

M. Mohamed Brihmat

Y Il y a un peu les deux. C’est vrai que j’avais l’envie, je voulais m’en sortir,mais je voulais m’en sortir bien, faire quelque chose d’intéressantet travailler pour moi. Mon but était donc de créer mon entreprise,d’embaucher du personnel, voire des handicapés comme moi, que lespersonnes ne subissent pas ce que j’ai moi-même subi. C’est pour çaque je me suis lancé dans cette entreprise. C’est vrai que j’ai bénéficiéde l’aide à la création d’entreprise de l’Agefiph, ce qui m’a beaucoupaidé, parce que je suis parti de rien. Sans ces formations, je n’aurais pasréussi, mais j’ai rencontré beaucoup de barrières.

M. Franck Daumas

Y Aujourd’hui, combien de salariés compte votre société ?

M. Mohamed Brihmat

Y À l’heure actuelle, j’ai trois salariés, et là je m’apprête à en embaucherun quatrième. Je vais faire des démarches auprès des organismes pourembaucher une personne handicapée.

M. Franck Daumas

Y Et la formation, ce n’est pas terminé, je crois que vous êtes un peu obligé de vous former en permanence dans votre métier ?

M. Mohamed Brihmat

Y Tout à fait. J’ai fait deux formations, obligatoires dans le transport. J’aipassé mon permis poids lourds et la FIMO, une formation initiale mini-male obligatoire pour pouvoir faire rouler des poids lourds. J’ai égale-ment passé la capacité de transport et j’attends les résultats. Je veuxaller de l’avant, je veux réussir. Je ne veux plus revenir en arrière.

M. Franck Daumas

Y On l’a bien compris, on a là des battants. Pensez-vous que l’on est plusbattant qu’un autre salarié ? Qui peut me répondre ? Y a-t-il unehargne, quelque chose qui fait que l’on a plus envie de s’en sortir mal-gré les difficultés ou qu’on n’a pas le choix et qu’il faut y arriver ?

"Ancien travailleur professionnel du handicap, licencié pourcause de handicap"

M. Jean-Luc Simon

Y Je crois que cela dépend un peu de son histoire. Je crois que l’histoireest différente, simplement si on est porteur d’une déficience dès sanaissance, ou si c’est un traumatisme en cours de vie. Ce que j’ai puremarquer, c’est que les personnes qui sont handicapées de naissancesont généralement moins révoltées, plus soumises à ce qui est établi.Les personnes traumatisées en cours de vie portent en elles une révoltepermanente contre ce qui leur est arrivé, contre le sort. Avec unehargne continuelle pour essayer de s’en sortir, pour essayer de faire ensorte que ce ne soit qu’un accident et non une fin.

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Je pense qu’il y a une hargne qui vient également de l’histoire. Il y a la rupture personnelle parce qu’une déficience en cours de vie fait chan-ger d’identité, fait changer un certain nombre de choses, et arrive souvent à une perte d’emploi. Pour vous raconter un peu une part demon histoire personnelle, je suis un ancien travailleur professionnel duhandicap, licencié pour cause de handicap. Vous voyez donc un peu lescontradictions que cela porte. Et cela fait vingt ans que j’agis dans lemilieu associatif pour essayer de restaurer une histoire personnelle, deremettre les pendules à l’heure. Pour moi, cela veut dire m’attaquer àun système, à une façon de fonctionner, à une culture en général, la culture dominante, qui a une perception des personnes handicapées etune réaction par rapport aux personnes handicapées. Je dis souventque je suis venu au monde du handicap dans la contradiction de la douleur, ou en tout cas dans la douleur de la contradiction. Lorsque l’onest professionnel du handicap, être licencié pour cause de handicap,c’est quand même marquant. J’ai donc repris des études universitaires,et j’ai eu par la suite l’occasion, à travers l’action associative, d’agir endirection de mes pairs, des personnes qui arrivaient handicapées, pouressayer de les faire profiter de mon expérience, à la fois professionnelleet personnelle. Je me suis rendu compte qu’on me demandait d’inter-venir bénévolement dans les hôpitaux. Je me disais : "comment est-ilpossible qu’à moi, professionnel, chargé maintenant d’une expériencepersonnelle, on me demande d’intervenir bénévolement alors quemon collègue infirmier est salarié ?" On fait appel à notre solidarité, ànos sentiments de soutien d’une façon un petit peu anachronique. J’aiété frappé, par exemple, lors de mon parcours hospitalier, de ne pasrencontrer des professionnels eux-mêmes handicapés. J’ai rencontré lemasseur aveugle de l’hôpital, le réparateur de fauteuils roulants del’hôpital, mais aucun infirmier, aucun médecin, aucun psychologue quisoit lui-même en situation de handicap. J’ai, par ailleurs, une amie quia un doctorat de psychologie, à qui l’on a refusé de postuler à un emploide psychologue dans cet hôpital de rééducation.

"J’ai cherché à comprendre pourquoi la loi de 75,qui donne des objec-tifs d’intégration,n’est toujours pas appliquée trente ans après"

Y J’ai été tout de suite frappé par cette contradiction qui existe au niveaude l’emploi et de la loi. J’ai cherché à comprendre pourquoi la loi de 75,qui donne des objectifs d’intégration, n’est toujours pas appliquéetrente ans après. J’ai cherché à comprendre pourquoi existait cettecontradiction flagrante entre le discours conscient et ce qui est donnéen termes d’intégration des personnes handicapées. Je crois que notresociété, et c’est tout à son honneur, affiche une volonté d’intégrationdes personnes handicapées, mais j’ai pu remarquer, que dans le quoti-dien, on voit surtout les résistances à cette intégration-là. C’est commes’il y avait une contradiction entre le discours donné et la réalité, qui aplutôt tendance à écarter les personnes handicapées. J’ai pu le com-prendre à travers un certain nombre de recherches. Il est évident que sinous, personnes handicapées, nous avions la possibilité de poser notredéficience dans un placard, on le ferait tout de suite, et la société ne faitpas autre chose que cela. Quelque part, elle a autant de mal à vivre avecles personnes handicapées, que nous de vivre avec notre déficience, etelle est face aux mêmes difficultés. Seulement la société, les autres ontla possibilité de s’en échapper. Nous, nous n’avons pas cette possibilité,nous sommes obligés de nous adapter, la société non, et c’est pour celaque je reconnais une grande valeur à ceux qui font le choix de vivreavec moi, parce qu’ils font le choix de partager les contraintes du handicap. L’intégration des personnes handicapées, cela veut dire fairele choix de la difficulté. Ce n’est pas faire le choix uniquement de dire,on va intégrer des personnes handicapées parce que c’est un objectif,cela correspond à nos valeurs, mais c’est d’abord faire consciemment lechoix d’une difficulté, parce que si on fait ce choix en disant que cela vaêtre facile, que l’on va y arriver, on fait fausse route tout de suite. Il faut

bien avoir conscience des difficultés, elles seront à surmonter. Nousn’avons pas le choix, vous avez le choix, nous vous demandons simple-ment, avec ce choix-là, de le faire quand même.

M. Franck Daumas

Y Merci Monsieur Simon. On a des responsables de ressources humainesqui sont avec nous, on va voir comment eux voient cela de leur côté,dans des grandes entreprises, pour le groupe Casino, par exemple.Thierry Bourgeron, vous êtes DRH ?

M. Thierry Bourgeron

Y Oui, bonjour à tous, je suis le DRH du groupe Casino.

M. Franck Daumas

Y Combien de salariés compte le groupe Casino ?

"Il faut passer d’une logique d’expertise sociale sur les handi-capés, à une logique de gestion des ressources humaines"

M. Thierry Bourgeron

Y Dans le monde, cent cinquante mille environ. En France, c’est trèsvariable parce qu’il y a des sociétés qu’on ne consolide pas, mais bref,cinquante mille personnes. J’ai écouté avec beaucoup d’intérêt cequ’a dit Monsieur Simon, et son prédécesseur. Je crois que la vraiemotivation, ce n’est pas de faire du social. Il faut toujours connaître ceque j’appelle les motivations négatives. Alors bien sûr, on a tous unepartie de bonne conscience dans nos têtes, et cela nous pousse. Jepense qu’il faut passer d’une logique d’expertise sociale sur les han-dicapés, à une logique de gestion des ressources humaines, c’est ceque vous souligniez un peu. Autrement dit, on sait que c’est difficile,on sait que c’est complexe, on ne va pas revenir sur ce qui a été ditcette après-midi, mais il faut aider les gens qui décident, il faut qu’onleur trouve un révélateur. Et ce révélateur, c’est Annie Ayel qui en atout le mérite. Elle a imaginé un guide pour l’embauche et le main-tien dans l’emploi des travailleurs handicapés. Pourquoi je parle de ceguide ? Ce n’est pas seulement un guide. On a parlé tout à l’heure de jungle, c’est une boussole, d’ailleurs ça commence par : "Commentutiliser ce guide ? Cette boussole vous indiquera le cheminement àsuivre". Et concrètement, nos motivations sont diverses dans l’entre-prise. Il y a quand même un engagement social du groupe. Notremétier est au cœur de la ville et de la vie, puisque les courses, à tortou à raison, sont une partie importante de sa vie. Pas toute sa vie heureusement, et je crois que si l’on veut passer de cette logique d’expertise sociale en disant "je viens te voir, je t’appelle, tu es dans unmagasin, toi tu es mon relais local pour embaucher des handicapés",là aussi on fera appel à la bonne conscience. Cela ne sera pas naturel.Donc ce guide, pourquoi sert-il de révélateur ? J’ai pris un exemplepage 20, c’est un livre qui fait pratiquement 100 pages. Cas de figuren°7, je rencontre un problème de qualité du service rendu par un travailleur handicapé. Il y a l’analyse de la situation, ce ne sont que desfiches pour le moment, et en face, il y a les actions gagnantes.

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Qu’est-ce qui va me permettre, moi qui suis en capacité d’embaucherun travailleur handicapé, de résoudre concrètement un problèmeauquel je n’ai jamais été confronté ? Moi, je résouds des problèmes degestion des ressources humaines, de pointage, de trente-cinq heures,mais ça je ne connais pas, je ne sais pas. Donc le révélateur, c’est ça. C’estde faire en sorte que petit à petit, les gens se disent d’abord je franchisun tabou, c’est un sujet qu’il faut qu’on aborde, ce n’est pas seulementle sujet à un moment, une fois par an, que j’évoque, parce que, une foispar an, il faut embaucher un travailleur handicapé. C’est cela l’objectif,et c’est un peu cela la démarche du groupe Casino.

M. Franck Daumas

Y Alors le guide dont vous parlez, évidemment, il est issu d’Handipacte,c’est comme ça que vous l’appelez ?

M. Thierry Bourgeron

Y Absolument.

M. Franck Daumas

Y Comment a été créé Handipacte, comment est-il né ?

M. Thierry Bourgeron

Y Annie Ayel répondra mieux que moi là-dessus.

M. Franck Daumas

Y Si j’ai bien compris, c’est Annie Ayel qui est la boussole du guide, et quiindique toujours le nord. Annie, bonjour, et merci de nous avoir rejoints,comment est né Handipacte ?

Mme Annie Ayel

Y Handipacte est né d’une première expérience menée dans le départe-ment de la Loire, puisque fin 95 il avait été décidé de mener une actionpilote dans un département, afin de voir si on pouvait arriver à intégrerdes personnes handicapées. Et comme nous y sommes parvenus,c’était un accord sur trois ans, il a ensuite été décidé d’étendre cettepolitique à l’ensemble des magasins, hypermarchés, supermarchés,entrepôts et sièges sociaux.

M. Franck Daumas

Y Et comment est-ce né au sein de l’entreprise, quel a été le détonateurpour dire "il faut impérativement qu’on fasse quelque chose" ? Ce sontdes éléments extérieurs, ou c’est véritablement des éléments internes ?

Mme Annie Ayel

Y Il y a plusieurs facteurs. Le premier d’entre eux, c’est que cette idée areçu un accueil favorable de la direction. Il faut savoir, pour rendre àCésar ce qui est à César, que c’est l’action de Cap emploi de la Loire, enla personne de Monsieur Bouteille, qui nous a démarché à plusieursreprise, en disant "mais pourquoi ne pas signer un accord d’entre-prise ?". Voilà comment toute cette réflexion s’est déroulée dans lesannées 1994, 1995.

M. Franck Daumas

Y Merci Annie Ayel. Donc maintenant, Handipacte est national. Est-ce unmoyen, pour le DRH que vous êtes, de communiquer également eninterne ? Est-ce qu’à ce moment-là, c’est un moyen de communicationinterne de dire "vous êtes dans une entreprise de cent cinquante millesalariés, cela fait beaucoup, mais on s’occupe aussi de chacun" ? Est-ceun moyen de communication interne, au même titre que la certifica-tion dans certaines entreprises de motiver, de remotiver, vers un cœurde métier ? Est-ce que l’Handipacte Casino, au même titre qu’une certification, est un moyen de dire aux gens, "on s’occupe aussi de votrevoisin, de vous tous ?"

"En 2001, nous avons embauché 250 personnes handicapées, etnous avons fait 94 maintiens dans l’emploi"

M. Thierry Bourgeron

Y Je pense que de manière générale, pour le groupe Casino, l’insertion estun vecteur important pour les personnes éloignées du travail, les han-dicapés, les marginalisés, les précarisés, etc. Donc je pense qu’au-delàde cela, c’est vraiment une démarche globale avec la conviction quel’insertion est un outil important, je crois qu’Annie l’a écrit, pour aplanirle fossé entre ces gens éloignés du travail et les entreprises. Mais on nefait pas cocorico tous les matins. Il y a eu la grande mode des entre-prises citoyennes, dans les années 90, on en parlera peut-être, noussommes très méfiants sur ce sujet. Les gens les plus sensibilisés sontceux qui ont des parents, des connaissances qui sont handicapés.Éventuellement ils nous en parlent, mais je ne peux pas dire, pour êtrehonnête, que ce soit au cœur du quotidien des gens. D’ailleurs, il ne faudrait pas que ça le soit, parce que cela voudrait dire, que l’on aatteint tous nos objectifs, ce qui est loin d’être le cas.

"Nous avons la conviction que l’insertion est un outil importantpour aplanir le fossé entre ces gens éloignés du travail et lesentreprises. Mais on ne fait pas cocorico tous les matins"

Y Pour donner une idée, en 2001 nous avons embauché environ 250 per-sonnes comme travailleurs handicapés, la moitié en CDI l’autre moitiéen CDD, et l’on a fait, je crois, 94 maintiens dans l’emploi, mais on aencore une marge de manœuvre. On a également écrit que c’est unvecteur de dialogue social, oui, mais il ne faut pas non plus se gargari-ser avec cela. Mais honnêtement, ce n’est pas une critique, les syndicatssont plus tendus vers d’autres objectifs, c’est logique, dans cettedémarche d’expertise, de spécialistes des gens handicapés.Bien sûr, en faisant mieux en termes quantitatif, je pense que l’accordest bien. On peut l’ajuster ici ou là, maintenant je vois bien quand j’enparle aux DRH des branches, ils me disent tous que c’est bien, maisensuite, on devient amnésique.

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L’intérêt du guide, c’est que celui qui va recruter le handicapé puisse sedire s’il ne l’a jamais fait, que c’est un peu inquiétant, incertain commedémarche d’embauche, vous l’avez dit vous-même. En faisant ce guide,on sécurise un peu les gens. On les aide en tout cas. On en revient àl’idée de la boussole ou de l’orientation qu’on va pouvoir donner demanière précise à cette embauche.

M. Franck Daumas

Y Merci Thierry Bourgeron, vous restez avec nous bien sûr, vous pouvezintervenir comme chacune des personnes qui sont à mes côtés. Je verrai tout à l’heure avec Wallis Goelen ses réactions ; je demanderaiégalement à Dominique Chambon sa position, sans entrer évidem-ment dans les conclusions que vous ferez ensuite bien sûr, permettez-moi juste avant de vous interpeller, de laisser la parole à AntoineMartin. Sur ma fiche, j’ai "ex-Danone", cela veut dire que vous n’êtesplus dans les laitages ?

M. Antoine MartinY Oui, vous aviez dit Danone, là vous vous trompiez sur la marchandise.

La date de péremption est dépassée de sept ans. On ne va plus en parler, d’autant plus que je n’ai pas tellement l’habitude de me retour-ner vers le passé. Vous vous demandez ce que je fais là ?Disons simplement que je viens en voisin, puisque j’ai juste eu à traverser la rue, et que mes activités aujourd’hui m’orientent vers lalutte contre l’illettrisme, l’agence est juste de l’autre côté, et j’en présidele Conseil d’administration. La commande qui m’a été passée, ce n’estpas tellement de parler de ce qui a été dit tout de suite, j’ai envie de nerien ajouter derrière les trois témoignages, mais bien plus d’essayer de porter un regard sur ce qui s’est passé depuis ce matin, oùje n’ai pas dit un mot. C’est dur de ne pas parler, mais j’ai écouté attenti-vement ce que vous avez dit. Alors, ce qui m’a poussé à accepter, c’estque je me suis remis en mémoire un colloque sur l’exclusion qui avait eulieu au Conseil régional, certains d’entre vous y étaient peut-être, et ATDQuart Monde avait amené des jeunes pour témoigner. Un ou deux onttémoigné, puis il y en a un troisième que je connaissais, à qui l’on adonné la parole, la bouche s’est ouverte, aucun son ne sortait. Il a parlépendant quelques temps sans que personne n’entende. Il y a eu ungrand silence, une minute, une minute et demie, c’est long croyez-moi,l’animateur a voulu venir à son secours, et avant même qu’il intervienne,la salle a applaudi et certains se sont levés. Pour moi, ça a été une vraieleçon, et c’est ce que j’ai retenu de ce colloque. Ce qui distingue l’homme de l’animal, c’est la parole, mais le non-verbal a parfois son

importance. C’est pour ça que je ne suis pas capable de parler après vousavoir entendus, sur le fond de ce qui a été dit, mais je voudrais dire deuxtrois choses sur la forme. Quelques petits coups de patte,peut-être,maisne voyez aucune agressivité, ce ne sont que des paroles d’amitié.

"Ce qui m’a séduit, c’est de voir qu’il y a d’abord eu ces débatsdans chaque département, qu’aujourd’hui il y a une synthèserégionale, et que demain il y aura des rencontres nationales eteuropéennes. C’est fondamental, alors que jusqu’à présent dansce pays, tout tombe du haut de la pyramide"

Y Ce qui me paraît très positif, à la fois dans la lecture des documents quevous m’avez présentés, mais aussi dans ce qui s’est passé, c’est que pourune fois vous avez mis la pyramide à l’envers. Ce qui m’a séduit, c’est devoir qu’il y a d’abord eu ces débats dans chaque département, et qu’au-jourd’hui il y a une synthèse, demain il y aura au niveau du pays oud’autres régions des rencontres, et il y aura la dimension européenne.Ça, c’est fondamental, alors que jusqu’à présent dans ce pays, tout nousvient d’en haut, tout tombe du haut de la pyramide. Donc c’est l’unedes règles qu’on se donne, c’est d’aller du local au global, mais de reve-nir au local. Ce qui m’a également frappé en entrant ce matin, c’est quela première personne que j’ai vue et qui m’a accueillie est une personnehandicapée, et en entrant dans la salle, j’ai vu à la tribune cet ami surson fauteuil. Dans le carrefour où j’étais, il y a un non-voyant créateurd’entreprise qui est intervenu avec quelque véhémence, j’y reviendraitout à l’heure. C’est une respiration de voir que ce ne sont pas desexperts qui parlent du problème des autres, mais ceux qui sont inté-ressés et présents pour prendre la parole. On est là dans un sujetsérieux, qui peut être grave, que nos amis rendent léger peut-être. Et jesuis frappé de voir qu’il y a toujours cette mondanité que je trouvedétestable, au début des colloques, où l’on dit Madame la présidente,Monsieur le Président, Monsieur le Directeur, alors quand on veut pré-senter Christian Ville, il faut prendre sa respiration et l’on ne va pas toujours au bout parce que le titre est long ; qu’ensuite l’animateur présente toujours par son titre Madame la Présidente, deux fois. Jetrouve que ces choses-là, que l’on connaît moins dans l’entreprise, sontun peu insupportables, et qu’il faudrait arriver un peu à dépoussiérer.Quand tu étais venu me voir, j’avais accepté parce que j’avais cru comprendre d’après le titre, qu’il y aurait là sinon des chefs d’entreprises,des représentants de l’entreprise. Et c’est finalement ce que je sais fairede mieux, étant donné que j’y ai passé quarante ans, m’adresser à d’anciens collègues, essayer de leur taper un peu dans le dos, de leurréchauffer les mains et de dire "allez-y". De fait, j’ai regardé, bien sûr lepatronat est représenté par d’éminents représentants du Medef que jesalue ici, c’est important, mais n’est pas décisif et j’ai quand mêmel’impression que vous tous qui êtes ici êtes de la grande famille.D’ailleurs, ce matin, en vous voyant vous rencontrer dans le hall, il yavait le milieu associatif, l’administration, on se connaissait, on se pratiquait, etc. On est entre experts, on est bien, mais tous les acteursne sont pas là, et, une fois de plus, je suis amené à le regretter. Je l’aivécu encore la semaine dernière, il faudrait qu’on prenne les moyens decommuniquer suffisamment avec les acteurs de l’économie pour qu’ilssoient plus présents, les patrons mais les syndicats également, qui ontleur mot à dire, qui siègent dans les instances de l’entreprise, au niveaudes commissions de formation, qu’ils soient présents et actifs.

M. Franck Daumas

Y Pour information, Antoine, vous permettez que je vous appelleAntoine, Jean-Claude Mélis, représentant la CGT, a été présent à prati-quement tous les ateliers.

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M. Antoine Martin

Y Ah mais on se connaît depuis longtemps ! Toujours concernant lesentreprises, je voudrais apporter un témoignage. Tant que j’ai été enusine, j’ai eu souvent la visite d’ateliers protégés qui venaient me solli-citer pour faire de la sous-traitance. Dès que j’ai eu des fonctions à ladirection générale au siège à Paris, je n’ai jamais vu personne. Je n’aijamais eu la visite ni de l’Agefiph, ni de l’ANPE, ni de personne, c’est levide complet. Cela manque parce dans l’entreprise, on a besoin d’êtreinterpellé aux différents niveaux, et une direction générale peut don-ner un certain nombre de directives qui pourraient faciliter le problè-me. En dix ans de direction générale, il y a deux personnes qui m’onttrouvé sur des terrains proches des vôtres, c’est Coluche quand il a lancéles Restos du Cœur, et qu’il m’a dit "il me faudrait de la bouffe", il estvenu avec sa salopette voir mon Président, et j’y étais. Le deuxième,c’est Platini, quand il a lancé sa fondation pour les drogués. Essayez defaire un effort pour interpeller les directions au plus haut niveau, de lamême manière que vous le faites au niveau du terrain.

"Interpellez les directions au plus haut niveau, de la mêmemanière que vous le faites au niveau du terrain"

Y Enfin dernier point, c’est vrai qu’on a beaucoup prononcé le mot de par-tenariat, c’est bien, c’est comme ça que ça se passe. Il a failli y avoir desquerelles de sémantique entre réseaux et partenariats. Dernièrement,j’avais un colloque sur l’illettrisme avec des experts, l’un a dit : "c’estscandaleux qu’à notre époque on parle encore de faute d’orthographe,parce que cela a une connotation de péché judéo-chrétienne qui estinadmissible, il faut parler d’erreur d’orthographe". Là encore, je sentaisqu’on allait se lancer dans le débat sur "est-on partenaire ou dans leréseau ?" C’est peut-être intéressant, moi ça ne m’intéresse pas beau-coup. Le problème à mon avis, mais c’est ce que vous avez déjà faitdepuis longtemps, c’est de se mettre en route, de prendre le chemin. Etbien souvent, le chemin est plus important que le but. Voilà je vousremercie.

M. Franck Daumas

Y Merci Monsieur Martin… Avant de repasser la parole ici sur scène, jevais me tourner vers vous en salle. Est-ce que par rapport à ce que vousavez entendu, vécu, par rapport à ce que vous avez pu observer tout aulong de ces ateliers, et même ce que vous avez entendu à l’instant,avez-vous des réactions, des remarques, des propositions ? Jean-ClaudeMélis.

M. Jean-Claude Mélis

Y Oui, je pense que ce que vient de dire notre ami Martin est tout à faitfrappé du bon sens. Je voulais justement dire deux ou trois mots. Je suisresponsable régional de la CGT, j’ai en charge ces questions d’emploides travailleurs handicapés et je rencontre, au fil de l’année, entrequatre cents et cinq cents élus d’entreprises pour parler avec eux desproblématiques de l’emploi des travailleurs handicapés et du maintiendans l’emploi. Je sais que ce sont des questions pour lesquelles ils sont,comme peut-être les employeurs, en difficulté, parce que ce n’est pas sisimple d’aborder les problèmes du handicap. Ils sont, eux aussi, face àdes problèmes de représentation, face à des peurs, à des difficultés,qu’il faut les aider à surmonter, ce n’est pas si simple. Je crois donc qu’ily a un gros travail à faire sur ce terrain-là. Et je pense que les rencontres

ont été un grand moment, fort, entre des acteurs avec qui nous avonsbesoin de travailler. Je dirai simplement qu’il faut peut-être aussi queles professionnels fassent davantage d’efforts pour associer les parte-naires sociaux, parce que pour eux ce n’est pas simple non plus, ni naturel d’aborder des problèmes où l’on est confronté à ces normes, àces représentations que Jean-Luc Simon a si bien dépeintes. Je ne veuxpas revenir dessus, mais je voudrais quand même rappeler, parce qu’ona vu de très bons exemples, très beaux, magnifiques. Mais je dirai queles acteurs rencontrent d’autres interlocuteurs qui n’ont pas tout à faitle même profil que ceux qu’on a vus. Je voudrais le dire très simple-ment. Et qu’à vouloir trop bien faire, je pense qu’on risque de passer àcôté de l’essentiel.

"La réalité de la discrimination est pérenne, et malgré toutes lesaides, malgré l’efficacité des acteurs, il y a encore une réelleexclusion des travailleurs handicapés dans notre société"

Y Je voudrais rajouter deux chiffres à ce qu’a dit Monsieur Ville, ce matinquand il a parlé du taux d’emploi. Et pour ceux qui auront le bonheurde regarder dans l’Atlas, très bien fait par le CRDI, vous retrouverez dansles chiffres de l’emploi des travailleurs handicapés, un chiffre particulierque je vous demande de regarder. Lorsqu’on parle du taux d’emploi, onparle toujours en unités bénéficiaires, tout le monde ici sait ce que çaveut dire, mais quand on regarde en termes d’emplois physiques, dansnotre région, on est à 3 %. Donc voyez qu’il y a encore de la marge, et jepense que cette première rencontre a encore de l’avenir, si on veutconstruire une réponse plus efficace encore, parce que je crois qu’il y ades outils efficaces sur ce plan-là.

"On a besoin d’avoir une plus grande exigence vis-à-vis de l’ensemble des acteurs, et en particulier des acteurs écono-miques. Il y a un tiers des entreprises qui n’ont aucun travailleurhandicapé. Ce n’est pas acceptable. Il faut faire évoluer la loi de87 pour qu’elle soit plus contraignante"

Y Je crois qu’il faut se dire qu’il y a encore beaucoup à faire parce que laréalité de la discrimination est pérenne, et que malgré toutes lesaides, malgré l’efficacité des acteurs, il y a encore une réelle exclusionde fait des travailleurs handicapés dans notre société. C’est un problème certes marginal, mais important qui reflète toute uneréponse de la société. Pour terminer, j’aurais deux idées à proposerparce que je pense qu’après une telle rencontre, on a besoin de tracerdes perspectives. J’en ai une. On a besoin d’avoir une plus grande exigence vis-à-vis de l’ensemble des acteurs, et en particulier desacteurs économiques. Il y a un tiers des entreprises qui n’ont aucuntravailleur handicapé. Ce n’est pas acceptable. À mon avis, il faut doncfaire évoluer la loi de 87, pour qu’elle soit plus contraignante, notam-ment envers les entreprises qui ne font aucun effort. Celles qui sontprésentes dans nos colloques, dans nos rencontres tentent de jouerun rôle positif en la matière. Mais je reviens à ce que disait notre amiMartin, il y a beaucoup d’absents et qui ne font rien. Il faut doncmodifier cette loi pour que les contributions soient plus progressives,plus contraignantes, et qu’elles incitent un peu plus réellement à passer de cette espèce de solidarité passive à une solidarité un peuplus active.

"Il faudra aussi adapter le travail à l’homme, dans toutes sesfacettes et dans toutes les déficiences qu’il peut avoir, qu’il soitpetit, grand ou travailleur handicapé"

Y Dernier point, je pense qu’une des questions posée de plus en plus et qui est venue dans les débats, est qu’on demande toujours aux personnes handicapées de s’adapter au travail.

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Je pense et c’est venu un peu dans les conclusions de Monsieur Closon,qu’il faudra bien aussi adapter le travail à l’homme, dans toutes sesfacettes et dans toutes les déficiences qu’il peut avoir, qu’il soit petit,grand ou travailleur handicapé. En tout cas, je pense que c’est deuxaxes forts qu’il faudra retenir si on veut faire évoluer les choses.

M. Franck Daumas

Y Merci Jean-Claude Mélis. Alors des réactions, on en a parce que c’estvrai que vous amenez exactement la question que j’allais poser, endisant maintenant on fait quoi ? On est à la fin de la démarche, en toutcas au début de la réflexion peut-être et de ce que l’on va pouvoir faireaprès. Je serais tenté de dire que fait-on maintenant ? Alors je vaisd’abord passer la parole à Monsieur Guy Tisserant.

"Pourquoi y a-t-il autant d’entreprises qui n’embauchent pas depersonnes handicapées ? Elles n’embauchent pas parce qu’ellesont peur de la différence"

M. Guy Tisserant

Y Je vous remercie, parce que c’est la première fois que quelqu’un dansune salle me dit que je suis beau, donc j’apprécie énormément. Plussérieusement, je pense que la problématique que vous évoquez est uneproblématique importante. Pourquoi y a-t-il autant d’entreprises quin’embauchent pas de personnes handicapées ? Elles n’embauchent pasparce qu’elles ont peur de la différence comme vous le disiez, parce queles délégués syndicaux, par exemple, ont également des difficultéspour s’occuper de ce problème, parce qu’ils ne connaissent pas le sujet ;les entreprises, c’est pareil. La deuxième raison, c’est le fait que lesentreprises en question ne trouvent pas forcément de personnes handicapées qui ont le profil en termes de formation, et je reviens auproblème de la formation, parce que moi je connais des entreprises quivoudraient embaucher des personnes handicapées et qui n’y arriventpas, parce qu’elles ne trouvent pas de personnes formées. Et je pensequ’on est là au cœur du problème. Parce qu’en fait on ne peut pas, jereviens à ce que disait Monsieur Bourgeron tout à l’heure, aujourd’huidire que les entreprises vont faire du social et embaucher des handica-pés pour embaucher des handicapés. C’est une mauvaise solution. Sielles font ça, on est sûr qu’elles vont se planter. C’est-à-dire que l’entre-prise va se tromper, le salarié va se tromper, et au bout de quelquesmois ça va être un loupé complet. Il faut donc absolument qu’il y aitadéquation entre le besoin de l’entreprise et l’attente du salarié.

"Il faut absolument qu’il y ait adéquation entre le besoin de l’entreprise et l’attente du salarié"

Y J’ai participé plusieurs fois à la Semaine pour l’emploi des personneshandicapées et j’ai entendu des conversations un peu surréalistes. J’aivu des personnes handicapées arriver là le matin, et à midi n’ayant pastrouvé de travail dire : "ce n’est pas possible, à quoi ça sert, je n’ai pastrouvé de boulot". Mais il y a aussi un problème de formation, d’étatd’esprit des personnes handicapées. Il faut aussi que de leur proprecôté, elles ne se voient pas de manière différente. Si elle veulent avoirune position différente des personnes valides, ça ne fonctionnera pas.Donc, je pense qu’il faut vraiment faire un effort énorme sur la forma-tion et que les personnes handicapées puissent bénéficier un tout petitpeu d’une discrimination positive, que j’évoquais tout à l’heure. C’estclair, vous posiez tout à l’heure la question de savoir si le fait d’être han-

dicapé donne des atouts ? D’une certaine manière ça peut donnerquelques atouts, on a peut-être par moments un peu plus vécu dechoses difficiles, donc on a peut-être un petit peu plus de répondant,mais globalement, il ne faut pas qu’on se démarque. Il faut qu’on soitconsidéré comme des salariés à part entière, et pour autant, la seulechose à faire, c’est qu’on soit prêt, quand on arrive dans l’entreprise, àêtre embauché.

M. Franck Daumas

Y Merci, je vais passer la parole à Monsieur Proudhom, bonjour.

"Notre handicap n’est pas un moins, mais je considère que c’estun “plus"

M. Philippe Proudhom

Y Bonjour, je suis Monsieur Proudhom, créateur d’entreprise non-voyantà Annecy. J’ai créé mon entreprise l’année dernière. Avant tout je voudrais m’excuser si ce matin, dans l’atelier, mon ton a un petit peugêné, j’ai parlé avec un petit peu de véhémence, mais comme je suisquelqu’un qui vit tout avec passion, j’ai parlé peut-être avec un petitpeu trop de passion. Si cela a dérangé, ne le prenez surtout pas pour del’agressivité, mais c’est parce que je suis quelqu’un d’excessivementpassionné, et tout part comme ça en éclats, mais dans le bon sens duterme bien sûr. Je voulais intervenir par rapport à trois points, mais jevais être bref, j’ai promis que je ferais court. D’abord, je voudraism’adresser à Guy et Mohamed pour dire que vous êtes en train de meréconforter dans ce que je pense des handicaps. En fin de compte, notrehandicap n’est pas un moins, mais je considère que c’est un plus, c’estun avantage que les autres n’ont pas, parce qu’on perçoit une quantitéde choses, on arrive, quand on en a la capacité, à s’intégrer, à se sur-passer et à démontrer qu’on est aussi bon que les autres voire parfoismeilleurs. Ça c’est le premier point.

"Accompagner la personne handicapée, c’est bien, mais elle doitégalement faire la démarche elle-même. Il ne faut pas que toutvienne des autres sinon ce n’est pas de l’intégration"

Y Le deuxième point sur lequel je voulais aussi intervenir, c’est que j’aientendu dans l’exposé des rapporteurs un fait qui me gêne un peu,c’est qu’on dit "oui, il ne faut pas donner trop d’explications". Alors je nesuis pas convaincu qu’il ne faille pas en donner beaucoup, d’explica-tions, parce que c’est peut-être là où la personne handicapée qui estentourée, on ne lui tient pas la main, on l’accompagne, mais elle doitégalement faire la démarche elle-même. Il ne faut pas que tout viennedes autres sinon ce n’est pas de l’intégration. Si on ne dit pas les réalitésde façon claire, précise, est-ce qu’on n’aura pas le sentiment à unmoment donné, d’être un petit peu abandonné par les organismes, quece soit Cap Emploi ou l’Agefiph, ce qui crée ensuite des malentendus,et parfois des colères inutiles. Ou des réflexions inutiles. Ça c’est ledeuxième point.Et troisième point, je crois que c’est Monsieur Martin qui disait que ce qu’il trouvait dommage aujourd’hui, c’est qu’il n’y avait pas d’employeur, qu’il y avait effectivement des représentants du Medefmais pas d’employeur. Alors vous savez, je ne suis pas très étonné de cetétat de fait. Je voudrais prendre juste deux minutes, si vous m’autorisezpour vous raconter une petite histoire. Étant quelqu’un de très intéres-sé et m’investissant dans beaucoup de choses, et entre autres dans

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l’insertion, j’ai pris une initiative, après en avoir parlé dans mon entou-rage, d’écrire en septembre dernier à une dizaine de radios et de journaux sur Annecy, pour me présenter et leur dire qu’étant donnéque l’insertion des personnes handicapées est une priorité duPrésident de la République, je trouve qu’il serait bon que cela concernetout le monde, pas seulement les handicapés, et qu’il serait peut-êtreintéressant qu’on se rencontre pour mettre en place une rubrique dansles journaux, ou une petite émission hebdomadaire à la radio pour permettre aux personnes handicapées de s’exprimer, de dire ce qu’ellesont à dire, parce que nous avons beaucoup de choses à dire. Les personnes qui sont là aujourd’hui le savent, mais tout le monde ne lesait pas. J’ai donc écrit début septembre, nous sommes aujourd’hui le 5 novembre, je n’ai reçu aucune réponse. Alors voyez à quel point il y aquand même dans notre société, un désintérêt total des handicapés dela part de personnes pourtant bien placées et qui pourraient faire deschoses.

M. Franck Daumas

Y Merci Monsieur Proudhom. Pour information, pour ceux qui n’ont pasencore découvert le "Dix ans dix vies" de l’Agefiph, vous êtes à l’inté-rieur, votre parcours y est détaillé précisément, ça permettra à chacunde connaître un petit peu votre parcours, comment vous en êtes arrivélà, et puis ne vous inquiétez pas pour l’atelier, votre intervention ne m’apas choqué, elle est plutôt bien tombée.Wallis Goelen, vous venez d’entendre et d’écouter, quelle est votre réaction à chaud ? Vous avez vu que vous avez bien fait de venir à Lyon,on va peut-être vous garder d’ailleurs.

"Il y a ici un formidable exemple de dialogue avec la société civile qui se développe"

Mme Wallis Goelen

Y Volontiers, vous avez une région extrêmement active, et je suis parfai-tement heureuse aujourd’hui, à la fin de cette journée, de constaterqu’il y a ici un formidable exemple de dialogue avec la société civile quise développe, et je pense que c’est par ce dialogue que les autoritéspubliques pourront davantage encourager l’intégration des personneshandicapées dans la société et dans l’économie. À cet égard, je souhai-terais faire un certain nombre de remarques après tout ce que j’aientendu aujourd’hui, et dont je ferai rapport à mes autorités àBruxelles, parce que vos propos ont été absolument exceptionnels.C’est une magnifique initiative que vous avez prise, et qui devrait, jecrois, faire boule de neige en Europe et inspirer d’autres régions,d’autres autorités locales. J’ai d’ailleurs invité les représentants de larégion Rhône-Alpes à contacter le Comité des Régions installé àBruxelles, qui est l’une des institutions européennes, de manière à cequ’on puisse un petit peu "publiciser" votre initiative, pour ensuite procéder à des échanges de bonnes pratiques, notamment dans lecadre de l’Année européenne. J’ai écouté avec beaucoup d’intérêt etd’attention ce qu’a dit le représentant de la CGT, et vous avez dit quevous vouliez tracer des perspectives, et qu’il était temps d’adapter letravail à l’homme. Je crois qu’en tout état de cause, la Commissioneuropéenne a déjà fait le premier pas dans ce domaine, et je voudraisvous rappeler à tous, et notamment aux chefs d’entreprises ici présents, que la Commission européenne a fait adopter par le Conseilen novembre 2000, une directive qui crée une obligation juridiqued’aménagement raisonnable du lieu de travail, notamment pour les

personnes handicapées. Pendant l’Année européenne, nous serons trèsattentifs à voir comment les états membres vont traduire cette obliga-tion juridique en droit national. C’est l’un des objectifs fondamentauxde l’Année européenne, tant pour les autorités de la Commission euro-péenne, que pour un certain nombre de ministères en France, d’assurerle monitoring de cette directive. Je pense que les chefs d’entreprisesauront leur mot à dire, ou en tout état de cause feront des commen-taires à cet égard.

"La population des personnes handicapées dans l’Europe desquinze, représente trente-sept millions de consommateurs, soitsept fois la population du Danemark, quatre fois la populationde la Belgique, et je ne suis pas encore tout à fait certaine que lesentreprises aient conscience que c’était un formidable marchéqui peut s’ouvrir à elles"

Y Mais je souhaiterais avant tout restituer le débat de la journée d’aujourd’hui dans une perspective plus macro-économique. À laCommission européenne, nous sommes absolument convaincusqu’une société productive est une société qui investit dans tous sesmembres et y compris les personnes handicapées. À cet égard, lapopulation des personnes handicapées dans l’Europe des quinze,représente trente-sept millions de consommateurs, soit sept fois lapopulation du Danemark, quatre fois la population de la Belgique, etje ne suis pas encore tout à fait certaine que les entreprises aientconscience que c’est un formidable marché qui peut s’ouvrir à elles,et qu’en offrant un emploi aux personnes handicapées, on leur permettait également d’accroître leur pouvoir d’achat. À laCommission européenne, la conclusion à laquelle nous avons aboutiétait qu’il était temps de dépasser la politique sociale proprementdite, pour lui faire rejoindre des considérations de politique macro-économique et micro-économique, au niveau de la gestion des entre-prises. Je souhaiterais d’ailleurs faire un nombre de propositions quipourraient fort bien être développées au niveau local, régional, etdans le cadre de l’Année européenne, qui serait d’essayer de diffusertous les résultats de vos expériences réussies. Ce que nous appelonsen Anglais des "success stories". Les faire partager, les faire connaître,en démonter les mécanismes de manière à ce que tous les parte-naires puissent en tirer un certain nombre de leçons et les transposerà leur niveau.

"Dans le cadre de l’Année européenne, je souhaiterais diffusertous les résultats de vos expériences réussies"

Y J’ai reçu avant-hier, dans mon bureau à Bruxelles, une agence d’intérimqui s’est lancée en Belgique dans un projet pilote visant à promouvoirl’intégration des personnes handicapées dans les entreprises par lebiais de l’intérim, parce que très souvent les entreprises ont effective-ment une certaine peur ou des difficultés à intégrer les personnes handicapées. Ce qui a été révélé dans certains dossiers est tout à faitparlant puisque la préoccupation des directeurs des ressourceshumaines aujourd’hui est de recruter la bonne personne au bonmoment et au bon endroit. Et cette société d’intérim se charge d’établir des profils, de faire en sorte qu’ils rejoignent la demande desentreprises, veille à accompagner l’insertion des personnes handica-pées dans l’entreprise, avec le résultat suivant : aujourd’hui pour cettesociété d’intérim, le taux de recrutement définitif des personnes handicapées en intérim dépasse le taux de recrutement définitif despersonnes non-handicapées. C’est un formidable succès, et peut-êtreun créneau qui n’a pas encore été complètement exploité. Maintenant,en matière de formation professionnelle et d’éducation, je crois qu’effectivement, c’est là le cœur et le nœud du problème comme l’ontdit plusieurs des intervenants aujourd’hui, il faut mettre l’accent sur

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tout ce qui est formation professionnelle, mais également dévelop-pement de carrière des personnes handicapées, de manière à assurerleur formation continue et à faire en sorte, étant donné qu’elles ont parnature une très grande capacité d’adaptabilité, qu’elles continuent às’adapter au marché du travail dans un monde de globalisation où lesconditions et l’environnement économique changent très rapidement.Tout dernier point, en ce qui concerne les questions de travail etd’emploi. J’ai rencontré dans un séminaire de la Présidence danoise àCopenhague, des représentants des familles d’enfants handicapés qui m’ont dit être les très grands oubliés des politiques en matièred’emploi des personnes handicapées, parce que très souvent l’un desdeux membres du foyer doit renoncer à son emploi pour s’occuper d’unenfant handicapé alors qu’éventuellement des solutions d’emploi àtemps partiel, à temps adapté et autres, pourraient être tout à faitbénéfiques à l’insertion de l’ensemble des personnes concernées parun handicap dans une famille.

M. Franck Daumas

Y Merci Wallis Goelen, vous reviendrez évidemment tout à l’heure pournous dire quelle est la bonne parole de la région Rhône-Alpes que vousporterez à Bruxelles. Vous avez à côté de vous le Vice-président de laRégion, Dominique Chambon, même exercice, sans faire de conclusion,parce que vous aurez la parole pour conclure tout à l’heure, quel estvotre ressenti par rapport à ce que vous venez d’entendre autour de latable, les expériences qu’on vous a montrées, qui sont des expériencesréussies, même si tout n’est pas rose bien sûr.

"Il ne faut pas faire d’angélisme, parce que je crois que lorsquel’on parle d’insertion sociale et professionnelle dans le monde dutravail, on sait tous que c’est compliqué"

M. Dominique Chambon

Y Oui, en réaction, parce que c’est difficile de ne pas conclure et de "demi-conclure", mais ce que je voudrais exprimer, c’est qu’il ne faut pas faired’angélisme. Il est très facile aujourd’hui dans une première rencontrerégionale Rhône-Alpes, parce que l’Agefiph est un acteur particulière-ment important, de promouvoir de beaux exemples, et de dire tout vabien, tout est parfait dans le meilleur des mondes. Mais il ne faut pasfaire d’angélisme, parce que je crois que lorsque l’on parle d’insertionsociale et professionnelle dans le monde du travail, on sait tous quec’est compliqué. Et l’on sait tous aussi, pourquoi ne pas le dire officiel-lement, que des gens sans handicap ont aujourd’hui de grandes difficultés à s’insérer socialement dans le monde du travail. Quand desurcroît, on est handicapé sur son fauteuil, ou avec tout autre handicap,sans formation, c’est parfois très difficile de faire ce parcours et d’arri-ver à s’insérer. Je crois que c’est une chose qu’il faut réaffirmer trèsvolontiers et très fermement, parce que si on est tous là pour dire toutva bien, tout est merveilleux, on a fait les premières rencontres régio-nales, on a mis ça à l’honneur, cela a un effet bénéfique en termes decommunication, cela permet de faire passer le message qu’il y a desproblèmes et qu’il faut s’en occuper. Mais une fois que l’on a fait ça,c’est vrai que les employeurs ne sont peut-être pas tous là aujourd’hui,mais à la limite on peut comprendre qu’un employeur doit faire tour-ner une boutique et que lorsqu’il a des choix à faire, parfois il licencieou il recrute.

"Si toute personne a droit à une formation tout au long de la vie, il faut véritablement donner toutes ses chances à la personne handicapée"

Y Le discours exprimé ici me plait assez et c’est l’honneur des handicapés,on les recrute et ils sont insérés dans l’entreprise, dans la mesure où ilssont bons, ils sont très bons, et parfois meilleurs que les personneseffectivement dites valides. Ce que je trouve très bien, qui est bienexprimé par les deux témoins qui sont là, c’est effectivement la néces-sité de "mettre le paquet" sur la formation. C’est un droit à construireaujourd’hui. Pendant combien de temps va-t-on parler du droit à la formation continue tout au long de la vie ? J’ai vingt ans de viepublique, depuis vingt ans, j’entends parler de ça, chaque fois il y a unesecousse la veille des élections et rien qui se construit derrière.J’aimerais donc que l’on puisse véritablement bâtir, cela passe peut-être par une reconfiguration, une simplification, un transfert de com-pétences ou la décentralisation, pour passer en phase active sur desterrains comme cela. Parce que si toute personne a droit à une forma-tion tout au long de la vie, il faut véritablement donner à la personnehandicapée toutes ses chances, parce qu’elle sait qu’il va falloir compenser, parce que quand on est handicapé, il faut compenser. Et s’ilfaut compenser, il faut être bon, parfois meilleur que les autres pourjustement être reconnu et qu’il y ait cette discrimination positive qui aété un peu annoncée dans les propos.

M. Franck Daumas

Y Merci. On l’a vu, on l’a vécu et j’espère qu’on le vivra dans les années àvenir, pour ces premières rencontres Rhône-Alpes, on parlait tout àl’heure de réseau, de partenariat, c’est un véritable partenariat entrel’État, la Région et l’Agefiph qui est né de cette rencontre. Alors j’ima-gine évidemment qu’il y avait un partenariat auparavant, on ne va pasforcément dire que c’est l’avènement d’une nouvelle ère de partena-riat. Vous allez rester avec nous avant de passer aux conclusions ;Christian Ville, votre sentiment, là aussi je ne vous demande pas forcé-ment la conclusion mais votre sentiment par rapport à ce que vousvenez d’entendre, on passera la parole ensuite à Monsieur Stiker, qui luia une vision un peu plus universitaire de la chose.

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M. Christian Ville

Y Comme le dit Dominique Chambon, l’exercice que vous demandez estdifficile. Ce que je retiens de cette journée, c’est la formidable mobili-sation qui l’a précédée. Il y a, à l’image d’un certain nombre d’actionsqu’on mène dans le domaine de l’emploi, de la formation et de l’inser-tion professionnelle dans cette région, un partenariat avec la RégionRhône-Alpes, mais également avec les partenaires sociaux, puisque jerappelle que le volet 5 du Contrat de Plan État-Région, qui prévoit uneintervention en direction des personnes handicapées, et notammentpour l’insertion professionnelle des personnes handicapées, prévoitdans sa mise en œuvre le partenariat avec les partenaires sociaux.

"Cela ne doit pas être un point d’arrivée, c’est bien sûr un pointde départ, pour aller vers quels objectifs ? Ce serait bien présomptueux de le dire. Il faut qu’on y travailleensemble"

Y Je veux insister sur le parti-pris adopté ici, de se dire que sur les ques-tions de l’emploi, de la formation et de l’insertion, l’État avait bien sûrune responsabilité, le Conseil régional également, par la loi, mais lesentreprises et les partenaires sociaux au sein de ces entreprises ontégalement une responsabilité. Les huit ateliers qui ont précédés cetteréunion aujourd’hui participent de cette volonté de travailler ensemblepour résoudre cette difficile question, qui est celle de l’exclusion, ou del’inclusion pour employer des termes plus positifs aujourd’hui, d’ame-ner un certain nombre de personnes aujourd’hui en marge du marchédu travail à l’emploi et de le porter un peu collectivement. C’est, je crois,le fruit de ce travail qu’on récolte aujourd’hui. Cela ne doit pas être unpoint d’arrivée, c’est bien sûr un point de départ, pour aller vers quelsobjectifs ? Ce serait bien présomptueux de le dire, il faut qu’on y travaille ensemble. Ce n’est pas l’État seul qui peut donner des objec-tifs. Il a une politique, il l’appuie, mais il faut que cette politique ren-contre et on le voit bien aujourd’hui, la volonté d’un ensemble d’autresacteurs et notamment ceux qui sont sur le terrain, ceux qui ne sont pasdes experts. De temps en temps, il faut aussi une parole d’expert, si jepeux me placer comme un expert, bien évidemment, ce que vous mepardonnerez, mais cela permet aussi d’avoir un petit peu de recul, et detenter de prendre un peu de distance par rapport aux problèmes duquotidien. Et c’est dans cette interaction-là que la vérité, la voie idéale,peut être tracée, en étant face à ces problèmes. Quand on entend lespersonnes handicapées, ça nous ramène à des réalités qui ne sont plusbruxelloises, parisiennes ou lyonnaises mais qui sont quotidiennes, etc’est toutes ces paroles-là qu’il faut prendre en compte pour essayerd’avoir des actions pertinentes.

"Quand on entend les personnes handicapées, ça nous ramène à des réalités qui ne sont plus bruxelloises, parisiennes ou lyon-naises mais qui sont quotidiennes"

M. Franck Daumas

Y Merci, je vais maintenant passer la parole à Henri-Jacques Stiker,Directeur de recherche au laboratoire Histoire et Civilisation desSociétés Occidentales, de l’Université Diderot Paris VII. Bonsoir.

M. Henri-Jacques Stiker

Y Dites-moi combien de temps il est raisonnable de prendre, alors qu’ilest difficile en fin d’après-midi de remonter vers les concepts, vers unevue un peu plus universitaire, je me rends bien compte de la difficultéqu’il y a à cet exercice. J’aurais beaucoup de choses à dire sur bien dessujets, mais je vais répondre à la demande qui m’avait été faite, c’est-à-dire d’essayer de relier le travail effectué en Rhône-Alpes à desrecherches générales voire conceptuelles et à des évolutions de société.Ce que je vais dire est d’ailleurs contenu dans les propos qui ont ététenus. Je ne fais qu’une espèce d’élaboration de ce que vous avez dit,finalement. J’essaierai de ne pas m’engager dans des polémiquessémantiques, même si je fais un peu de conceptuel.

"Le handicap c’est bien sûr une déficience, mais c’est aussi toutce qui relève des facteurs personnels et des habitudes de vie, c’estaussi l’environnement social et physique, c’est la volonté ou lanon-volonté sociale et politique, et c’est enfin le sujet lui-mêmeavec son vécu"

Y Une des choses qui m’a frappée, c’est qu’il me semblait que tout un lot de propos revenait à situer une approche la plus exacte possible du handicap. On est passé dans les décennies cinquante, soixante,soixante-dix, avec la loi de 75, la première classification internationaledes handicaps de l’Organisation mondiale de la santé, à quelque chosequi mettait le phare sur la personne, l’individu et son attribut. C’étaitquelqu’un qui avait un attribut, c’est à partir de là qu’on définissait etque l’on concevait l’ensemble de l’action vis-à-vis des personnes handi-capées. Or, il faut mettre aujourd’hui beaucoup plus l’accent sur lasituation extrêmement complexe, car le handicap c’est bien sûr unedéficience, mais c’est aussi tout ce qui relève des facteurs personnels etdes habitudes de vie, c’est aussi l’environnement social et physique,c’est aussi la volonté ou la non-volonté sociale et politique, et c’estenfin le sujet lui-même avec son vécu. C’est tout ça le handicap. Et c'estune connexion extrêmement forte entre ces facteurs. C'est une rela-tion entre des facteurs de différents ordres. Et c'est toujours à ce point-là me semble-t-il, qu'il est important de se situer pour avoir la bonnevision. Il ne faut pas se braquer sur l’un des aspects, il faut toujoursconsidérer qu'il y a tous ces aspects, avec évidemment des pondéra-tions qui peuvent être différentes entre un polyhandicapé où certes ladéficience a un poids plus grand encore que l'environnement, à dessituations comme on a vu, où c'est essentiellement l'environnementqui est le facteur dominant. Mais il y aura quand même toujours l'ensemble des facteurs. Mais j'insiste bien là-dessus, je remarque quec'est très difficile pour des acteurs, ou même pour des penseurs de sesituer à ce point central de la complexité de la connexion, de la relationentre les facteurs. Voilà une première chose que je voulais dire.Évidemment on pourrait parler longuement de cela, mais je crois quec'est très important, et c'était plus ou moins dans vos propos.

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"Il y a mille et une barrières qui ne sont pas seulement phy-siques, quand on parle d'accessibilité"

Y Mais j'insisterai dans cette complexité et dans cette relation entre facteurs, sur trois points principaux, parce qu'ils ont été les plus oubliésdans le passé encore récent, c’est-à-dire ce que l'on appelle dans notrejargon de chercheurs le modèle social du handicap, c'est-à-dire les barrières sociales et environnementales qui sont sur la route des personnes. Les barrières ne sont pas d'ordre uniquement physique,évidemment, on en parle beaucoup, et puis on a un peu l'image type dela personne en fauteuil roulant. Il y a mille et une barrières qui ne sontpas seulement physiques, quand on parle d'accessibilité et de casser lesbarrières, il ne faut surtout pas penser uniquement, bien que ce soittrès important, à l'aspect architectural. Et aujourd'hui on n'a peut-êtrepas beaucoup parlé des handicapés qu'on appelle mentaux, même si jen'aime pas beaucoup cette expression, mais peu importe pour l'ins-tant, ou des handicapés dits psychiques, pour eux les barrières ne sontpas les mêmes. Et dans ces barrières, il y a un aspect très important queje voulais souligner, c'est les barrières représentationnelles, excusez-moi ce grand mot, les barrières qui tiennent à ce que nous avons dansla tête. En termes un peu savants, c'est ce qu'on appelle les représenta-tions sociales. C'est-à-dire des construits, des images, des blocsd’images construites socialement, et donc partagées. Elles ne nousappartiennent pas individuellement, mais circulent et font qu’on a uncertain nombre de représentations, d'images, et donc aussi un certainnombre d'attentes et de refus.C'est un problème très important qu’on n’ose pas trop aborder dansl'insertion professionnelle. On met souvent en avant les difficultéstechniques, les actions ergonomiques, extrêmement importantes,mais il faut savoir qu'un employeur, c'est monsieur tout le monde,comme vous et moi. C'est-à-dire qu'on émarge à des représentationssociales négatives la plupart du temps, il n'y a qu'à voir toutes lesétudes qui ont été faites sur ces sujets et que je vous passerai évidem-ment. Avec un mécanisme fondamental qu'il faut quand même relever,c'est quand on a en face de soi, de nous, une déficience, c'est une imagede moi qui m'est donnée, et c'est un miroir brisé, comme disent les psy-chologues ou les psychanalystes, et c’est fondamentalement ce qui estle plus difficile à accepter, et qui évidemment est fortement incons-cient. Cela n'apparaît pas comme ça, je ne peux pas l’exprimer commeça, quand je suis pris en flagrant délit de me regarder dans ce miroirbrisé. Et puis il y a le fait, plus simple que le handicap, Jean-Luc Simonl'a dit, c'est gênant, ce n'est pas marrant, pour employer un mot quin'est pas universitaire, celui-là. Il y a des phénomènes de surcharge dereprésentations, des stigmates, et tout un lot de choses qui jouent auniveau de l'insertion et de l'insertion professionnelle, et qui sont à monavis trop souvent gommées ou négligées. Et dans ce que j'ai appelé lemodèle social, quand on remet en équilibre des facteurs personnels etles autres facteurs, il me semble qu'il y a quelque chose de très impor-

tant, c'est le sujet avec son vécu, et là je rejoins tout à fait Jean-LucSimon. Il me semble qu'aujourd'hui, outre les barrières sociales, envi-ronnementales, représentationnelles, il y a désormais la parole des per-sonnes handicapées qui doit intervenir et qui va de plus en plus inter-venir. Il n'y a qu'à voir ce qui se passe au niveau international dans cer-tains mouvements de personnes handicapées, et ce qui se passe auniveau du nouveau discours des familles d'enfants handicapés parexemple.Il y a là toute une pression qui fait que désormais on ne pourra plus sepasser dans les décisions, dans les programmes, à tous les niveaux pos-sibles et imaginables, de la parole, de l’avis des personnes handicapées,ce qui ne rend pas absolument incompétents les autres, mais c'est unedimension extrêmement importante, qui a des bases à la fois démo-cratiques et historiques quand on regarde notamment à l'étrangerdans les mouvements récents.

"Il y a toute une pression qui fait que désormais on ne pourraplus se passer dans les décisions, dans les programmes, à tous lesniveaux possibles et imaginables, de la parole, de l’avis des personnes handicapées"

Y À partir de cette approche que j'ai appelée relationnelle du handicap,et donc que j'appelle situation de handicap pour la distinguer de l’at-tribut de handicap, quelques conséquences et diffractions de cetteapproche à différents niveaux. Le premier, c'est au niveau global etsociétal, il me semble que nous avons besoin d'une nouvelle législa-tion, parce que précisément, la législation de 75 se base essentielle-ment sur un modèle individuel, et qu'il faut aujourd'hui réaffirmernon seulement les droits essentiels des individus, mais également lesdevoirs de la société d'aménager l'espace social. Et quand je dis amé-nager l'espace social, encore une fois je ne parle pas qu'en termesphysiques, je parle aussi en termes psychiques, communicationnelsdans toutes les dimensions.

"La législation de 75 se base essentiellement sur un modèle individuel, et il faut aujourd'hui réaffirmer non seulement lesdroits essentiels des individus, mais également les devoirs de lasociété d'aménager l'espace social"

Y Je pense qu'il faut un nouveau texte législatif pour rétablir ce qui avaitété oublié dans les législations précédentes. À ce propos, je voudraisdire deux mots sur la spécificité et la non-spécificité du handicap.C'est toujours une question : faut-il traiter cela à part comme une ques-tion très spécifique ou faut-il la diluer dans ce qu'on appelle les pro-grammes communs, les législations, les institutions communes ? Jecrois qu'il y a deux principes sur lesquels il faut se baser et qu'on a tendance un petit peu à opposer au même niveau et d'une façon quin'est pas exacte sur le plan intellectuel, c'est le principe de non-discri-mination qui fait partie des droits de l'homme. Dans une société démo-cratique et qui respecte la dignité de tous les êtres humains venant ence monde, il est évident que la première concrétisation, c'est un prin-cipe de non-discrimination. Mais pour que le principe de non-discrimi-nation soit réel et efficace, il faut bien, derrière cela, avoir des pro-grammes, des dispositions, des dispositifs qui répondent à un certainnombre de situations particulières. Alors le mot de discrimination posi-tive, je ne l'aime pas, parce que justement il remet le mot de discrimi-nation, appelons ça des actions positives, spéciales.Je crois qu'il faudra toujours tenir compte que c'est bien dans la com-munauté, dans l'espace social que cela doit se passer le plus possible,mais que cet espace social, que cette communauté a besoin d'êtredotée des moyens nécessaires pour qu'elle puisse accueillir, faire vivre,développer les personnes qui présentent des différences, comme l'ondit. C’est, à mon avis, très important d'avoir les deux principes, mais de

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bien les situer à leur niveau philosophique et juridique, qui ne sont pasle même niveau d'une part, et de ne jamais oublier, c'est trop facile dedire : "on est comme tout le monde, il n'y a pas de différence". Au boutd'un moment, ce discours, je le soupçonne un peu. Non, il ne faut pasnier qu'il y a une spécificité, mais ce n'est pas parce qu'il y a cettespécificité qu'on ne doit pas la faire jouer avec les moyens nécessairesdans l'espace commun et dans l'espace public.

De même, tout à l'heure, quand j'ai parlé de barrières représentation-nelles, je pense qu'on a un peu gommé la prégnance éventuelle de cesreprésentations.

"Il y a évidemment, tant au niveau national qu’à tous les échelons régionaux, départementaux, communaux, un manqueterrible en France de cette inter-relation entre les instances quiont un mot à dire sur l’insertion et sur l’insertion professionnel-le en particulier "

Y Autre point en conséquence de cette approche du handicap, c'est alorsplus au niveau de la pratique. J'ai parlé au niveau général, sociétal, à travers une législation, et une législation encore une fois, je reviens untout petit peu en arrière, qui doit être spécifique, mais qui doit renvoyerà l'espace public, à l'espace commun et qui doit donc ouvrir des pro-grammes, des lois de programmation avec là, des échéances, des évaluations, et pas uniquement affirmer les principes. Au niveau de lapratique, il y a deux choses que je voudrais souligner, mais encore unefois ça a été dit dans la journée, c’est autour de l'idée générale, le motn'est pas très bon, mais je n'en ai pas beaucoup d'autres pour l'instant,de ce que j’appellerais l’interministérialité. C’est-à-dire que pour appro-cher la situation de handicap telle que je l’ai très rapidement évoquée,et pour mettre en route une législation telle que je la préfigure, il fautévidemment changer les pratiques et il faut une interministérialité.C’est-à-dire qu’il faut que tous les secteurs, on peut appeler ça le partenariat, mais j’aime mieux parler d’interpartenariat, ou d’intermi-nistérialité, de décloisonnement, et quand on dit inter, ça ne veut pasdire l’un à côté de l’autre, ça veut dire que chacun va sur le terrain del’autre, non pas pour prendre sa place et pour faire croire qu’il a la com-pétence de l’autre, mais pour interroger l’autre sur son terrain, sur sespossibilités, sur tout ce qu’il peut encore faire comme l’interdisciplina-rité. C’est comme les cercles si vous voulez, il y a des parties qui serecoupent, on n’est pas l’un à côté de l’autre. Il y a évidemment, tant auniveau national qu’à tous les échelons régionaux, départementaux,communaux, un manque terrible en France de cette inter-relationentre les instances qui ont un mot à dire sur l’insertion et sur l’insertionprofessionnelle en particulier.

Alors évidemment on a montré le très mauvais exemple au plus hautniveau puisque pendant longtemps, les Secrétariats d’état aux per-sonnes handicapées étaient à la Santé, donc ça médicalisait et ça indi-vidualisait le problème. De temps en temps c’est parti aux affairessociales, mais pas sous la forme d’un Secrétariat d’état. On a créé, il y aquelques années un délégué interministériel, mais comme je l’avais ditd’ailleurs à celui qui avait le poste à l’époque, Patrick Segal, vous êtestout sauf interministériel, c’est-à-dire que vous êtes situé dans unministère donné et que vous ne pouvez pas interpeller et travailler avecles autres ministères, vous êtes claquemuré dans un ministère. Alorssous les mêmes mots, on met parfois des choses très différentes, maisau plus haut niveau, il faudrait arriver à décloisonner, à faire de l’inter-ministériel.

D’ailleurs je fais remarquer que dans la loi du 30 juin 75, il y avait l’obli-gation d’un comité interministériel qui n’a jamais fonctionné. Mais lelégislateur à l’époque avait quand même bien vu la chose.

"Je pense qu’un grand progrès à réaliser dans le monde du han-dicap, c’est de faire que le milieu spécialisé et les spécialistesdéplacent leurs compétences pour spécialiser le milieu ordinaire,le milieu commun"

Y Mais au niveau local, départemental, il faudrait arriver à faire des tablesrondes pour résoudre un certain nombre de questions, où chaque instance, chaque compétence accepte d’être interrogée par les autres, etde provoquer, c’est très important. Vous allez me dire que cela se faitaujourd’hui, c’est un peu le cas. Mais je vous assure que quand on le faittrès concrètement, mais je parle à des convaincus et à des professionnelsbien plus sur le terrain que moi, mais enfin j’ai quand même l’occasion assez souvent de monter des programmes pour des handica-pés mentaux par exemple ou pour des handicapés psychiques, faire qu’ily ait cette inter-relation et ce travail pour résoudre ensemble le problème.Je vous assure que ce n’est pas facile, parce que chacun est emprisonnédans ses prérogatives, voire ses stratégies, et c’est la même chosed’ailleurs pour le monde associatif. Et justement, la deuxième chose quiserait importante pour la pratique, c’est l’interaction des institutions, desacteurs, pas uniquement des instances. Je pense qu’un grand progrès àréaliser dans le monde du handicap, c’est de faire que le milieu spécialiséet les spécialistes déplacent leurs compétences pour spécialiser le milieuordinaire, le milieu commun.C’est-à-dire qu’au lieu d’avoir une logique deséparation institutionnelle et des services, il faudrait de plus en plus quetoute cette compétence, toute cette attention aux personnes qui a étéacquise dans les circuits et dans les institutions spécialisés se mette auservice du monde ordinaire.Alors l'Agefiph, par sa position législative, est assez bien positionnée là-dessus, mais ce n'est pas trop de le redire quand même et de faire quedes gens le provoquent. Je prends souvent l’image, de l'osmose, c'est-à-dire qu'il y a bien des milieux séparés comme en chimie, mais la paroiest si poreuse que les éléments passent de l'un à l'autre et transfor-ment chacun des deux milieux. C’est une image, ce n'est pas unconcept, mais je crois que c'est un petit peu l’une des directions àprendre, et l’on est loin du compte, même s'il y a beaucoup de petitesréalisations qui vont dans ce sens.

"On ne peut pas dire aujourd'hui que notre société est exclusive,mais on ne peut pas dire non plus qu'elle est inclusive.Finalement, on ne sait pas trop, alors on laisse les personneshandicapées dans une espèce de seuil. Robert Murphy appelaitcela la liminalité, c'est-à-dire que les handicapés ne sont plus àl'extérieur de la société, mais ils ne sont pas vraiment encorededans. Ils sont souvent dans le vestibule"

Y J’en termine avec quelque chose sur la fonction de tiers, il me sembleque c'est très très important l'insertion et que dans l'insertion profes-sionnelle il y ait une fonction de tiers. Alors les Cap emploi et d'autressont positionnés comme des tiers, mais je crois que l'entreprise devraitelle aussi bien comprendre qu'il lui faut assez souvent un tiers, c'estd'ailleurs une chose élémentaire de sociologie et de psychologie, quandil y a seulement un face-à-face, il faut souvent une fonction de tierspour élargir le problème, pour décontracter, pour résoudre le conflit,l'indifférence ou l’incompréhension.Mais je voudrais terminer sur ce qu'avait dit Jean-Luc Simon. Il me sembleque la version qu'il a proposée est une idée très riche, à savoir que les personnes handicapées étaient des défricheurs, des inaugurateurs de la société. Je reprendrai assez facilement cette idée mais un peu sous une autre forme, c'est-à-dire que dans toutes les politiques publiques,même celles qui n'ont rien à voir avec le problème du handicap, il faudraitque ce problème figure comme un problème qui parfois peut être exem-plaire de ce qu'il faut faire dans ce cadre des politiques publiques,même qui ne concernent pas directement les personnes handicapées.

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Et je crois que cela ferait également sortir de leur bois le monde spécia-lisé handicapé ; que dans les débats de société, même quand cela ne les concerne pas directement les personnes handicapées ou leurs représentants soient là pour participer au débat et où leur expérience,leur situation peut être un éclairage, pas nécessairement un exemple,évidemment, mais peut-être un éclairage et une façon de faire réfléchirautrement les décideurs. Je crois que ce serait très très important. Enfin,je termine par le fait que si on a quand même toute cette difficulté,cette ambivalence, cette ambiguïté souvent vis-à-vis des personneshandicapées, on ne sait quand même pas trop bien les situer, et se situersoi-même par rapport à elles et elles aussi se situer par rapport à nous.C'est parce qu'au fond, nous sommes dans une société, je reprendrai là

l'expression d'un anthropologue américain qui était lui-même devenutétraplégique, Robert Murphy, qui disait : "au fond, notre société aujour-d'hui, on ne peut pas dire qu'elle est exclusive, mais on ne peut pas direnon plus qu'elle est inclusive. Finalement, on ne sait pas trop, alors on laisse les personnes handicapées dans une espèce de seuil. Il appelait celad'un mot très savant, la liminalité, c'est-à-dire le caractère liminaire : leshandicapés ne sont plus à l'extérieur de la société, mais ils ne sont pas vraiment encore dedans. Ils sont souvent dans le vestibule, dans le narthex,prenez n'importe quelle image, mais je crois que très très fréquemment,et dans notre tête aussi finalement, on ne les exclut pas mais on ne leurpermet pas non plus de vraiment reprendre ou prendre le statut plein etentier de citoyens.Voilà quelques réflexions que je voulais vous faire.

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Synthèse finale et conclusion

Personnalités présentes :

Madame Wallis Goelen, Chef d'Unité pour l'intégration des personneshandicapées de la Commission européenne,Monsieur Jean-Luc Simon, Président du Comité national de l'Annéeeuropéenne des personnes handicapées.Monsieur Dominique Chambon, Vice-président du Conseil régionalRhône-AlpesMonsieur Daniel Closon, MEDEF Rhône-AlpesMonsieur François Atger, Délégué régional de l’Agefiph Rhône-AlpesMonsieur Christian Ville, Directeur régional du travail, de l’emploi et dela formation professionnelle Rhône-Alpes

M. Franck DaumasJe vais maintenant prier l'ensemble des intervenants qui nous ont rejointsde nous dire leurs trois grands faits marquants. C'était très riche aujour-d'hui. Je vais donc demander à chacun et chacune réagir en trois points.Je vais commencer donc par Wallis Goelen qui doit donc nous quitter rapidement. On vous écoute.

"Nous avons encore un long chemin à parcourir ensemble, demanière à faire en sorte que les personnes handicapées fassentpleinement partie de notre société et de notre économie"

Mme Wallis Goelen

Y Merci de me donner la parole en premier. Tout simplement, ce que jevoudrais faire en rentrant à Bruxelles, c'est un rapport à mes autorités,à ma Commissaire Madame Anna Diamantopoulos, responsable despolitiques d'intégration des personnes handicapées, sur les travaux quiont été menés en région Rhône-Alpes d'une manière tout à fait inten-sive et exemplaire ces dernières semaines. La deuxième chose que jevoudrais faire dans mon unité, c'est mettre l'accent sur les questions deformation professionnelle. On a parlé amplement de ce sujet aujour-d'hui, et je crois qu'au niveau de l'Union européenne, nous n'avons pasde compétences spécifiques dans le domaine de l'éducation, c'est unsujet un peu difficile pour nous, mais nous pourrions aider à encou-rager des formations, à proposer des schémas, à partager des pratiqueset autres. Je souhaiterais pouvoir également mettre à la disposition des personnes handicapées, des entreprises recrutrices de personneshandicapées, des informations détaillées en ce qui concerne l'accès àdes programmes ou à des projets spécifiques qui sont financés à partirdu budget communautaire, parce que je crois que ce n'est pas encoretrès visible au niveau local.

"Une série d'instruments légaux et juridiques est à notre dispo-sition, et le gros problème est en fait celui des mentalités et desreprésentations"

Y Et la troisième dimension d'aujourd'hui, est celle sur laquelle a insistéle dernier intervenant universitaire, est l'aspect de la non-discrimina-tion. Je crois que des progrès extrêmement importants ont été accom-plis ces dernières années, y compris dans le domaine de la législationanti-discrimination, tout simplement parce que dans le traitéd'Amsterdam constitutif de l'Union européenne, nous avons maintenantun article qui concerne la non-discrimination, et parce que laCommission a fait usage de cette base légale qui lui permet de légiférer

et a produit une directive anti-discrimination sur le lieu de travail dontj'ai amplement parlé tout à l'heure. Mais je crois que maintenant, etc'est le message que je voudrais faire passer aujourd'hui, une séried'instruments légaux et juridiques est à notre disposition, et le grosproblème est en fait celui des mentalités et des représentations. Parconséquent, j'espère que l'Année européenne va permettre de faire unbond en avant dans ce domaine. Il ne faudra pas nous arrêter ou arrê-ter nos efforts une fois que l'Année européenne sera close en 2003,nous avons encore un long chemin à parcourir ensemble, de manière àfaire en sorte que les personnes handicapées sortent du narthexcomme vous l'avez qualifié, et fassent pleinement partie de notresociété et de notre économie. Voilà mes trois points, merci.

M. Franck Daumas

Y Merci, merci Wallis Goelen, merci de votre présence, c'était un véritablehonneur, et on l'a bien compris, vous allez porter la bonne parole deRhône-Alpes en disant finalement il y a une région là-bas, où d'irréduc-tibles Gaulois se battent ! Merci, je crois qu'on peut vous applaudir bienfort, rendez-vous est pris pour 2003. Je vais maintenant passer la paroleà Jean-Luc Simon, du Comité national de l'Année européenne des personnes handicapées. Même exercice, en trois points, trois ou quatrepoints ?

"Ce que nous essaierons de faire dans l'Année européenne, cesera de bien secouer le prunier pour provoquer une espèce d'électrochoc culturel. C'est-à-dire que plus jamais après 2003on ne regarde les personnes handicapées avec condescendance,avec pitié, avec charité, mais simplement comme des êtreshumains et des citoyens qui nous sont égaux"

M. Jean-Luc Simon

Y Les trois points, je vais avoir du mal à les trouver immédiatement.Peut-être, juste dire des choses un peu glanées, pour répondre àMonsieur Mélis, rectifier quelque chose qui a été dit durant le colloqueet signaler que les entreprises qui respectent le mieux les quotas sontcelles qui ne sont pas soumises, c'est-à-dire celles qui ont moins devingt salariés. La loi ne résout donc pas tout, et c'est d'abord la bonnevolonté du chef d'entreprise qui fait les choses.

"Les entreprises qui respectent le mieux les quotas sont celles quine sont pas soumises, c'est-à-dire celles qui ont moins de vingtsalariés. La loi ne résout donc pas tout"

Y Que dire d'autre, maintenant que cette réunion se termine. Je crois que ce n’est pas une finalité mais un premier coup qu'il va falloir repro-duire, notamment à l'occasion de l'Année européenne, car comme l'adit Madame Goelen, c'est d'abord une histoire de mentalités. L'objectifde l'Année européenne, c'est d'abord de transformer les mentalités.Alors je voudrais dire que ce n'est pas un objectif que nous atteindronsdemain. Ce que nous espérons dans l'Année européenne, ce que nousessaierons de faire, ce sera de bien secouer le prunier pour provoquerune espèce d'électrochoc culturel comme je l'appelle. C'est-à-dire queplus jamais après 2003 on ne regarde les personnes handicapées aveccondescendance, avec pitié, avec charité, mais simplement comme desêtres humains et des citoyens qui nous sont égaux, même si ça nousest difficile, parce qu'effectivement comme l’a dit Henri-Jacques Stiker,dans ce que me propose l'autre avec sa déficience, ce que je vois, ce que

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je perçois, c'est un miroir brisé qui me renvoie à mes propres manqueset à mes propres déficiences, dont nous sommes tous porteurs. Et c'estbien le problème du handicap, c'est que les personnes handicapéesnous font reconnaître en nous nos propres déficiences que nous savonssi bien cacher habituellement et que nous n'aimons pas ramener ànotre conscience. C'est l’une des grandes difficultés, pour travailler avecles personnes handicapées, il faut être convaincu du résultat. Et je vou-drais simplement demander à tous les participants s'ils ont bienmangé, s'ils ont été bien servis, bien accueillis dans cette manifesta-tion, parce que tout ça a été réalisé par des personnes handicapées, etje pense qu'on peut les applaudir, parce que nous avons été bien servis,bien nourris, bien accueillis. Je vous remercie.

M. Franck Daumas

Y Merci Jean-Luc Simon. Je vais maintenant me retourner versDominique Chambon, Vice-président du Conseil régional, MonsieurChambon, quels sont les trois grands axes, les trois grandes lignes quevous avez relevées. On a eu la chance d’avoir Anne-Marie Comparinipour l’ouverture, on a la chance d’avoir le Vice-président pour la clôture,je crois qu’il y a là un engagement certain de la région !

"Le premier des droits pour la personne handicapée, c'est l'accèsau droit commun. Réaffirmer ces principes est quelque chose detrès important"

M. Dominique Chambon

Y Oui, bien entendu, la région Rhône-Alpes est sur cette compétenceentre guillemets spécifique, parce que je vais vous expliquer que je nesuis pas du tout d'accord avec cette approche du handicap comme unepolitique que nous avons voulu faire émerger au niveau régional. Jepense que le grand principe premier qu'il faut revendiquer haut et fort,c'est que le premier des droits pour la personne handicapée, c'estl'accès au droit commun. C'est-à-dire que le droit commun doit servir etêtre ouvert aux personnes handicapées. Pour aborder un sujet récur-rent, et parce qu'il y a un éminent responsable qui travaille sur l'illet-trisme, je travaille personnellement beaucoup avec les ADAPEI, lesURAPEI, les CAT, j’entends ces familles de handicapés qui revendiquentun droit fondamental qui est inscrit dans la constitution, qui est toutsimplement le droit à l'accès à l'enseignement initial, primaire etélémentaire pour tous leurs enfants. Un droit qui gouvernement aprèsgouvernement, quelle que soit d'ailleurs la couleur politique, estbafoué de façon continue et récurrente. Réaffirmer ces principes, ledroit commun pour tout le monde et notamment pour les handicapés,est quelque chose de très important. Il ne faut pas traiter le handicapet le handicapé de façon sectorielle parce qu'effectivement on arrive àcette espèce de "ghettoïsation" dans les politiques publiques. Ce quenous essayons de faire au Conseil régional, c'est de traiter le handicapde façon transversale. C'est-à-dire que l'on traite le handicap dans lapolitique de l'accessibilité au lycée, de l'accessibilité aux transports, auxTER ; on traite l'accessibilité du handicapé dans les politiques de formation, ou quand on essaie de promouvoir, comme on va essayer dele faire au cours de l'année 2003, l’accessibilité à l’espace public pour sedéplacer de façon normale et continue, quand on est par exemple dansun fauteuil roulant. C'est une façon, bien entendu, de ne pas "ghettoï-ser" le phénomène du handicap. Voilà l'idée forte que je voudraisémettre.

"Attention à ne pas cumuler, dès lors que l’on traite du handicap,du jargonnage, de la technocratie et une multiplication desintervenants. On se retrouve alors face à un public encore plushandicapé, parce qu’il n'y a pas de porte d'entrée claire, lisible, etde politique publique accessible"

Y La deuxième idée, c'est qu'il faut effectivement, et je vais être un peudur, c'était peut-être la caricature du rapport des trois ateliers, direattention à ne pas cumuler, dès lors que l’on traite du handicap, du jargonnage, de la technocratie, de la multiplication des intervenants,qui fait qu'on se retrouve avec un public handicapé qui est encore plushandicapé, parce qu’il n'y a pas de porte d'entrée claire, lisible, et depolitique publique accessible. Attention, parce que tout le monde partde bonne volonté, mais il faut absolument simplifier, et ça c'est uneffort de crédibilité de l'intervention publique, et de ce point de vue, enRégion Rhône-Alpes, on est assez content d'avoir aidé par exemple lepôle ressources, piloté par le CRDI à Valence, organisme monté enconcertation avec les partenaires sociaux. Un portail et un pôle res-source qui fait que le handicapé chez lui peut, via Internet, accéder àtoute une série d'informations qui jusque-là étaient un peu parcel-lisées. Tous les acteurs qui sont réunis dans cette rencontre régionale,doivent avoir constamment à l'esprit, Monsieur le Directeur régional del'emploi, le service public de l'emploi et autres, et nous aussi, dans nospolitiques publiques au niveau de la collectivité territoriale qu'est laRégion, de simplifier et de rendre nos politiques publiques lisibles. C'estle deuxième point.

"La Région est bien placée pour organiser, fédérer, discuter avecles partenaires sociaux, avec les organismes collecteurs, avec unorganisme comme l’Agefiph, pour mettre en place des politiquesde formation les plus performantes possibles en direction, bienentendu des personnes dites "valides", mais également en direc-tion des personnes handicapées"

Y Et le troisième point, c'est effectivement ce qui a été dit, je le répète ànouveau, je crois beaucoup à ce droit à la formation. En Région Rhône-Alpes, dans le cadre de ce débat national sur la décentralisation, jepense que la Présidente n’a pas eu l'occasion d'en parler ce matin, maisje tiens à le dire, nous revendiquons modestement deux blocs de com-pétences. On ne veut pas faire la fable de la grenouille qui veut toutavaler, on veut faire des métiers que l’on connaît un petit peu. Noscœurs de métier, c’est justement la formation. Une partie nous a déjàété transférée par le législateur, et nous pensons sincèrement que l’onpeut apporter une performance supplémentaire à l’action publique surle terrain de la formation, que la Région est placée non pas pour toutfaire elle-même, mais pour organiser, fédérer, discuter avec les parte-naires sociaux, avec les organismes collecteurs, avec un organismecomme l’Agefiph, pour mettre en place des politiques de formation lesplus performantes possibles en direction, bien entendu des personnesdites "valides", mais également en direction des personnes handica-pées. On sait que c’est là l’enjeu majeur pour demain, le capital humain,les ressources humaines. La Région peut véritablement apporterquelque chose. Le deuxième bloc de compétences, mais je le cite pourmémoire, c’est effectivement être organisateur et chef d’orchestre entermes de développement économique, donc en direction du mondede l’entreprise, pour simplifier un peu ces procédures. Aussi je terminelà-dessus, ce souci de simplification qui fait que dès lors que l’on est surdes financements croisés, multiples, complexes et divers, on se retrouvedans de multiples instructions, multiples intervenants, et on n’arrivepas toujours à se connecter pour avoir une bonne vision d’ensemble dudossier. C’est pour ça que sur le sujet de l’insertion sociale et profes-sionnelle des handicapés, l’Agefiph, organisme collecteur spécialisé surdes politiques très précises d’adaptabilité au poste de travail, en

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concertation effectivement avec l’entreprise, parce qu’il faut bien unlieu de travail pour insérer professionnellement les personnes qui sontaccueillies, il faut effectivement avoir des moyens financiers pouraccompagner cela. Si on veut philosopher, on le dit comme l’auraientdit peut-être certains humoristes, on est tous quelque part un peu handicapé. Quand il y a un handicap, je crois qu’il faut compenser. Lespolitiques publiques doivent aller plus loin, parce ce qui nous réunittous, c’est une vision d’une société humaine solidaire où effectivementles uns et les autres, handicapés ou non handicapés, on puisse arriver à vivre ensemble et en tout cas à faire que chacun puisse s’épanouirpersonnellement dans son insertion sociale et professionnelle.

M. Franck Daumas

Y Merci Dominique Chambon, je vais maintenant passer la parole àDaniel Closon qui parlera au nom de Monsieur Paris Président duMedef Rhône-Alpes. Monsieur Closon, même exercice, en trois points,votre sentiment ?

"L’entreprise est un lieu privilégié pour l’insertion et la recon-naissance des personnes handicapées"

M. Daniel Closon

Y Il m’est apparu comme une évidence que l’entreprise était un lieu privilégié pour l’insertion, la reconnaissance des personnes handica-pées. Et ce que je peux dire, c’est qu’en Rhône-Alpes, les entreprises, entout cas nous qui les représentons, voulons continuer à nous engagerfortement. La région Rhône-Alpes, avec 4,1 % de taux de personnel handicapé, est je crois l’une des plus en avance en France, ce qui veutdire que s’il faut encore aller plus loin, ce n’est pas forcément plussimple. J’indique deux pistes qui me paraissent essentielles. Il y en aune qui a déjà été beaucoup dite, c’est celle de la formation. Je pense àla formation en milieu ordinaire, et notamment, dans tous les centresd’apprentissage où nous sommes en train de travailler avec l’Agefiph,pour petit à petit faire que l’apprentissage soit ouvert aussi aux per-sonnes handicapées, peut-être à leur mesure, mais avec les autresapprentis, pas à part. Deuxième piste, le maintien, la prise en compte dumaintien précoce par les entreprises, ce qui veut dire que nous pensonsque l’organisation professionnelle a toujours un rôle auprès de l’Agefiph,auprès des entreprises, parce que nous sommes du même sang que lesentreprises, nous sommes un de ces tiers dont parlait Monsieur Stiker.Enfin, troisième piste qui a été indiquée ici ou là mais qui me paraîtessentielle, étant un acteur parmi d’autres, c’est de poursuivre et renfor-cer la coopération de tous les acteurs, dans la clarté du rôle de chacun.

M. Franck Daumas

Y Merci Daniel Closon, pour le Medef Rhône-Alpes. Je vais maintenantpasser la parole à François Atger, Délégué régional de l’Agefiph.

M. François Atger

Y Je voudrais donc dire, puisque la consigne est de tenir trois points, jevais en rajouter un petit quatrième, c’est qu’au cours des huit ateliers,

j’ai pu les suivre tous à l’exception d’un seul, j’ai constaté que notrerégion était relativement déjà bien dotée en dispositifs.

"Notre secteur est nécessairement composé de multiples com-pétences différentes et un enchevêtrement de compétences institutionnelles et administratives nombreuses. Sa lisibilité parles personnes handicapées et par les entreprises n’est pas aisé"

Y Ces douze années de l’activité de l’Agefiph ont amené à ce qu’avec nospartenaires de l’État et de la Région, on puisse effectivement couvrir àpeu près l’essentiel des compartiments d’outils nécessaires pour l’in-sertion professionnelle des personnes handicapées. Et je constate, lorsdes réunions nationales entre délégués régionaux de l’Agefiph, sous lahoulette de Najiba Fradin, Directeur de l’animation des politiques terri-toriales, ici présente et qui anime ces réunions, que notre région de cepoint de vue est effectivement positionnée de manière intéressante,même s’il y a effectivement encore un certain nombre de progrès à réaliser. Toutefois, je pense que l’essentiel est fait. Par contre, ce que jeconstate aussi dans ces ateliers et dans les comptes-rendus qui ont étéfaits aujourd’hui, c’est que justement parce qu’il y a beaucoup de com-pétences qui sont développées, que notre secteur est nécessairementcomposé de multiples compétences différentes et un enchevêtrementde compétences institutionnelles et administratives nombreuses, lalisibilité de ce monde par les personnes handicapées et par les entre-prises est quelque chose qui n’est pas aisé. Et qu’ainsi, je rejoins tout àfait le propos de Dominique Chambon,qui est que collectivement, dansnos différents comités de pilotage, dans nos différents comités techniques et autres, nous devons travailler sans vouloir forcémentmodifier le monde et l’ordre des choses, de telle sorte que l’ensemblede ces dispositifs extrêmement riches qui existent soit déployé demanière cohérente et lisible pour leurs utilisateurs.

"La question de la communication est extrêmement importantepour faire connaître cette offre de service, cette gamme de pres-tations très nombreuses qui sont à la disposition des entrepriseset des personnes handicapées"

Y L’autre point que je voulais souligner, c’est qu’il me semble que dans lapériode qui vient, la question de la communication est extrêmementimportante, justement pour faire connaître cette offre de service, cettegamme de prestations très nombreuses qui sont à la disposition desentreprises et des personnes handicapées, et de communiquer de lamanière la plus précise pour que les entreprises et les personnes han-dicapées aient accès à ces différentes possibilités. Je crois qu’il estégalement un aspect qu’il ne faut pas négliger, cela a été dit plusieursfois aujourd’hui, que l’information portée aux personnes handicapéesdoit tenir compte de la globalité de la situation que les personnes handicapées vivent, qu’elles résolvent leurs problèmes d’emploi en

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même temps qu’elles résolvent un certain nombre d’autres problèmesdans leur vie, et que l’information apportée aux personnes handica-pées ne doit pas être coupée des autres questions.En direction des entreprises, je voudrais dire à Monsieur Martin qu’il araison, les entreprises ne sont pas suffisamment nombreuses ici avecnous aujourd’hui, mais notre rencontre aujourd’hui se tient dans lecontexte de la Semaine pour l’emploi des personnes handicapées.Nousavons donné rendez-vous à plusieurs dizaines d’entreprises à cetteoccasion, et le temps leur étant compté, il leur est difficile d’être pré-sentes dans une même semaine à deux événements.

"Il faut que cette méthode de concertation et de dialogue qui aréuni mille trois cents personnes sur la région Rhône-Alpes soitpoursuivie de telle sorte que la production du dispositif d’inser-tion soit partagée par l’ensemble de ces acteurs"

Y Dernier point, c’est qu’en même temps qu’on rend lisibles les dispositifspour leurs usagers, il s’agit également de savoir les objectiver, les sou-mettre à une évaluation permanente de leurs résultats, de telle sorteque l’on puisse effectivement les ajuster au plus près des besoins, parceque les moyens ne sont pas éternellement extensibles, et qu’en effet, ilest nécessaire de pouvoir objectiver l’ensemble de ces moyens. Je croisque la production de l’atlas qui a été faite par le CRDI en collaborationavec l’ensemble des organismes et institutions qui pouvaient fournirdes données est un pas supplémentaire très important dans ce domaine,parce qu’il permet effectivement de fonder dans toute la clarté les politiques que l’on mène. Pour conclure je crois que le dernier point,c’est qu’effectivement la méthode que nous avons déployée au coursde ces rencontres Rhône-Alpes, intitulées 1ères rencontres, ce qui laissesupposer qu’on en organisera d’autres dans les années à venir, quecette méthode de concertation et de dialogue qui a réuni mille troiscents personnes sur la région Rhône-Alpes au cours des mois de septembre octobre, soit poursuivie de telle sorte qu’effectivement laproduction du dispositif d’insertion soit la production partagée de l’ensemble de ces acteurs.

M. Franck Daumas

Y Merci François Atger, je passe maintenant la parole à Christian Ville,Directeur régional du travail, de l’emploi et de la formation professionnelle.

"On travaille aux côtés de personnes qui ont une histoire, unprojet professionnel. il faut que ces personnes soient actrices etsujets et non pas objets des politiques qui leur sont adressées"

M. Christian Ville

Y C’est un exercice redoutable qui m’est demandé, car il est difficile desynthétiser en quelques mots l’ensemble des enseignements de cettejournée.Toutefois, et sans aucun souci d’exhaustivité, il me semble que lesdébats d’aujourd’hui, centrés sur les personnes handicapées et leurinsertion professionnelle, viennent conforter trois grandes certitudestirées de trente années de lutte contre l’exclusion, ou en faveur de l’inclusion pour parler le langage de l’Europe.

La première, c’est qu’il ne faut jamais perdre de vue que l‘on s’adresse àdes personnes. Ce qui est central ce ne sont pas les outils, les mesuresà mettre en place et à consommer. On intervient au bénéfice de personnes qui ont une histoire et qu’il s’agit de rendre acteur de leurprojet. Cela emporte trois conséquences :

- réduire la complexité des dispositifs : penser simplifier les dispositifsest un espoir louable, mais comme je le soulignais ce matin, on risquede s’y essouffler.L’enjeu est d’organiser, de coordonner les intervenants dans une offrede service cohérente au profit de la personne. C’est de rendre transpa-rente pour elle la complexité, de la faire gérer par les institutions et paspar les personnes en insertion ;

- c’est aussi calibrer l’accompagnement de la personne, veiller à cequ’elle reste acteur de son parcours : ne pas faire à sa place mais être àses côtés pour amortir les conséquences des échecs ;

- c’est sans doute aussi, et j’aurai peut-être dû commencer par là,inscrire la construction des parcours d’insertion dans une approcheglobale des problèmes de la personne, car on l’a appris depuis long-temps, la résolution des problèmes sociaux va de pair avec celle de laqualification, si l’on veut réussir l’insertion professionnelle.

La deuxième certitude, c’est que l’accès à l’emploi des personnes han-dicapées, comme celle de toutes personnes en difficulté par rapport àl’accès au marché du travail, nécessite un travail en double proximité.

- proximité à l’égard des personnes, je l’ai évoquée, et le SPE a depuismaintenant une dizaine d’années, beaucoup amélioré son approchedes problèmes individuels constituant des freins à l’emploi ;

- proximité à l’égard des entreprises pour partir de leur besoin en com-pétence, car c’est bien de là qui il faut partir pour être efficace.

Partir du besoin de l’entreprise, repérer les dimensions du poste,travailler sur son contenu, proposer les aménagements nécessaires,préparer le collectif dans lequel la personne va travailler. C’est un travaildifficile. Il faut développer là une véritable démarche d’ingénierie del’emploi.

Troisième certitude : la prise en charge des personnes en difficulté etparticulièrement bien sûr des personnes handicapées est un enjeu depolitique publique, et tous les débats d’aujourd’hui en ont montré lesdifférentes dimensions.

Mais la table ronde de ce soir a bien montré aussi qu’il s’agissait égale-ment d’un enjeu de dialogue social, au niveau de la branche et auniveau de l’entreprise. On l’a vu lorsqu’a été évoquée la question dumaintien dans l’emploi avec la question de l’aménagement des postesde travail ou celles des modifications d’organisation pour faciliter lesreclassements.On le voit aussi dans les conditions à réunir pour faciliter l’acceptationpar les autres salariés de la personne handicapée. On le voit encoredans la gestion des embauches et du respect du taux d’emploi, ou cellede la formation et du maintien des compétences.Voilà quels ont été pour moi les principaux enseignements de cettejournée.

Merci à tous ceux qui ont contribué à son succès.

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2003-2006, treize prioritéspour l´insertion professionnelle des personnes handicapées

Y DES LIGNES DE FORCE POUR UNE POLITIQUE RÉGIONALE CONCERTÉEEN FAVEUR DE L’EMPLOI DES TRAVAILLEURS HANDICAPÉS

Le Conseil de l’Union européenne a proclamé l’année 2003 "Annéeeuropéenne des personnes handicapées".La manifestation tenue en Rhône-Alpes en fin d’année 2002, et dont ilest rendu compte dans le présent document, avait pour objectif, d’unepart, de synthétiser les travaux d’ateliers tenus sur l’ensemble du ter-ritoire régional en 2003 et d’autre part, permettre de donner à partir deceux-ci, un cadre d’objectifs communs pour l’ensemble des acteursconcernés.L’accès au marché du travail pour les personnes handicapées reste difficile quelle que soit par ailleurs la situation de l’emploi. Il nécessiteune mobilisation de chaque instant que les initiatives des institutionseuropéennes et nationales aident à entretenir. La clarification desobjectifs, la construction d’un langage commun, la création de relationsdurables entre les institutions et les acteurs, sont indispensables à l’efficacité de l’action.Les ateliers organisés en Rhône-Alpes sur l’année 2002 et la journéerégionale de synthèse ont permis de dégager des lignes de force pourune politique régionale concertée en faveur de l’emploi des travailleurshandicapés.Elles croisent assez largement celles relatives à l’action entreprise endirection des autres publics en difficulté, tout en identifiant bien lesspécificités du public handicapé :

1 - Action d’orientation et d’évaluation favorisant la construction deprojets professionnels dont les personnes handicapées seront les pre-miers acteurs,

2 - Action d’accompagnement vers l’emploi appuyée le plus possiblesur les dispositifs de droit commun,

3 - Action facilitant le passage du milieu protégé au milieu ordinaire etvalorisation de la fonction qualifiante des structures de travail protégé,

4 - Action de prévention en facilitant le maintien dans l’emploi des per-sonnes atteintes de handicap.

Il y a autour des ces orientations des enjeux lourds sur lesquels leService public de l’emploi souhaite, avec ses partenaires, notammentde la Région et de l’Agefiph, construire des réponses durables.

Christian Ville, Directeur régional du Travail, de l’emploi et de laformation professionnelle

Y FAVORISER L’INTÉGRATION SOCIALE ET PROFESSIONNELLEDE LA PERSONNE HANDICAPÉE À TRAVERS L’ENSEMBLEDE SES POLITIQUES DE DROIT COMMUN

L’accompagnement de la personne handicapée est une constante enRhône-Alpes depuis plus d’un demi-siècle. Toutes les associationsnationales sont implantées dans la région, souvent depuis leur origine.Ainsi, la région a vu naître, en 1947, la première association d’enfantssouffrant d’un handicap mental de France, et le premier Centre d’Aidepar le Travail, en 1960, à Lyon. La tenue en Rhône-Alpes, des Premièresrencontres régionales pour l’insertion professionnelle des personneshandicapées atteste du dynamisme du partenariat institutionnel etassociatif régional ainsi que du choix des Rhônalpins, d’un dévelop-pement régional solidaire.Le Conseil régional souhaite favoriser l’intégration sociale etprofessionnelle de la personne handicapée à travers l’ensemble de ses politiques de droit commun. L’année européenne des personnes handi-capées, dont l’annonce nationale a été faite à Lyon, dans le cadre desPremières rencontres régionales pour l’insertion professionnelle despersonnes handicapées, a été l’occasion pour la Région d’intensifier sonapproche intégrée du handicap, en vue de promouvoir l’égal accès detous les citoyens, valides ou handicapés, à la vie éducative, sociale etprofessionnelle, en toute autonomie.L’insertion des jeunes, la création d’activité, la formation… Autant dethèmes abordés par les acteurs de l’accompagnement du handicap,lors des rencontres régionales, et qui sont au centre des priorités régio-nales. Des différents ateliers régionaux, qui se sont déroulés dans lesterritoires, je retiendrai quatre grandes orientations :

1 - L’accès au milieu ordinaire de formation. La mise en œuvre du schéma régional pour la formation professionnelle permet déjà aux personnes handicapées qui le désirent, de bénéficier d’une offre de formation renouvelée et élargie, en vue d’accéder à une insertion profes-sionnelle durable en milieu ordinaire de travail. Ce dispositif d’ouvertureet d’accompagnement du droit commun, doit encore être renforcé.

2 - L’accès à un parcours d’insertion individualisé. L’application du prin-cipe de non-discrimination suppose que la réponse soit adaptée àchaque déficience. Ainsi, le dispositif SPASE (Service personnalisé d’accompagnement et de suivi dans l’emploi) prend en charge les dif-ficultés spécifiques des personnes atteintes de lésions cérébrales.L’effort de personnalisation des parcours doit être poursuivi.

3 - L’accès des jeunes à une insertion professionnelle durable. La ques-tion de l’orientation des jeunes se pose avec une plus grande acuités’agissant des jeunes handicapés. Aussi, l’action publique doit êtreintensifiée en faveur des publics les plus fragiles, qui cumulent les difficultés inhérentes à la jeunesse et à la situation de handicap.

4 - L’accès à une offre de services, harmonisée et coordonnée. La diversité des acteurs et des compétences, telle qu’elle existe en Rhône-Alpes, est un atout majeur pour notre Région. Toutefois, afin d’assurerune égale efficience des politiques d’insertion des personnes handica-pées, sur l’ensemble du territoire régional, le travail partenarial destructuration et de coordination des acteurs de l’insertion, tel qu’il adéjà été confié avec succès au Centre de ressources documentaires etd’informations, doit être confirmé et amplifié.Outre la richesse et la qualité des échanges, les éléments de prospec-tive issus des premières rencontres régionales témoignent, d’uneaction collective et concertée, telle que nous la souhaitons avec nospartenaires de l’État et de l’Agefiph.

La Présidente du Conseil régional Rhône-Alpes

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Y LES CONCLUSIONS DE CES RENCONTRES, DÉSORMAIS EN LIGNE,SONT POSITIVES ; ELLES MONTRENT UNE VOLONTÉ D’ENGAGEMENTET UN SENS DU SERVICE PARTAGÉS PAR TOUS

La période qui s’ouvre est, pour notre secteur, marquée par des inter-rogations sur l’avenir. Citons pour mémoire : la refonte prévue des loisde 1975 et 1987, la place de la décentralisation, la renégociation en find’année des grandes conventions organisant les relations entre l’Etat,l’Agefiph, l’ANPE et les Cap emploi, et les missions respectives des cesacteurs. En bref, le paysage risque doute d’évoluer quelque peu… Maiscela ne changera pas la certitude qui anime l’Agefiph et ses partenairesconcernant la justesse d’un objectif qu’ils ont su faire commun : réussirl’insertion des travailleurs handicapés.

En plus de 10 ans d’existence désormais, la délégation régionale Rhône-Alpes de l’Agefiph a toujours gardé cet objectif au cœur de son action.Elle a grandi, s’est structurée, a proposé des services et contribué à lamise en place des dispositifs sur l’ensemble du territoire régional. C’estaujourd’hui une délégation de 25 collaborateurs, gérant annuellementprès de 5 200 dossiers d’intervention correspondant à 50 millions d’euros. C’est le financement de 340 équivalents temps plein de professionnels consacrés aux nombreuses facettes de l’insertion professionnelle des personnes handicapées.

C’est le produit de cette activité, menée à l’unisson de nos partenairesde l’État et du Conseil régional, que les Premières rencontres régionalespour l’insertion professionnelle des personnes handicapées qui se sontdéroulées à l’automne dernier ont mis en perspective.Premier événement de ce genre en France, ces rencontres ont permis àla majeure partie des professionnels et associatifs œuvrant dans lechamp de l’insertion des personnes handicapées de se rencontrer,d’échanger, de travailler en commun sur des thèmes précis comme l’insertion des jeunes, l’accès à la formation professionnelle, le reclas-sement précoce et le maintien dans l’emploi… Et les conclusions de cesrencontres, désormais en ligne, sont positives ; elles montrent unevolonté d’engagement et un sens du service partagés par tous. Ellesfont apparaître des perspectives d’actions concrètes, souvent trèsproches d’ailleurs de celles souhaitées par les co-organisateurs.

Cinq grandes priorités pour les trois années à venir nous semblentémerger des échanges très riches qui ont eu lieu lors de ces rencontres.

1 - En tout premier lieu : se rapprocher de l’entreprise. Commeemployeur, et comme contributrice au Fonds pour l’Insertion des personnes handicapées, elle est au cœur de notre stratégie. Dans unepériode économique qui s’annonce difficile pour l’emploi, une offre de

services globale, mais aussi adaptée au plus juste des spécificités, entermes d’insertion, de maintien, de compensation (voire de préven-tion), doit pouvoir être proposée aux entreprises quels que soient leurstailles, secteurs d’activité ou localisations géographiques.

2 - Ce principe d’une offre de services cohérente s’adresse aussi aux personnes handicapées qui doivent pouvoir, à moyen terme, bénéficierd’une même possibilité d’accès aux types de prestations et de disposi-tifs offerts, quelles que soient leurs domiciliations géographiques dansle territoire régional. Ainsi, le maillage du territoire doit se renforcer,s’homogénéiser.

3 - Cet égal accès sera assurément l’un des éléments permettant de se rapprocher du troisième objectif, améliorer la qualification et la formation des personnes handicapées. Un important progrès a déjà été atteint en Rhône-Alpes avec la mise en œuvre du schéma régionalde formation à travers ses deux volets : formation continue et appren-tissage. Cet effort doit être encore renforcé.

4 - De même, nous aurons à veiller à être au plus proche des handicapsà caractère professionnels vécus par les personnes en fonction de leurpathologie et des modalités de sa compensation. Une déficience intel-lectuelle n’influence pas un parcours d’insertion de la même manièrequ’un handicap sensoriel, un handicap physique n’a pas les mêmesconséquences qu’une maladie mentale, etc. La généralisation des possibilités de traitement des situations de handicaps spécifiques doitse poursuivre sur le territoire de la région.

5 - Pour conclure, dans l’esprit qui a présidé à ces rencontres, nous mettons le partenariat entre les acteurs au centre de toutes les ques-tions. Notre secteur est à la croisée de multiples compétences : institu-tionnelles, administratives, ou disciplinaires. Il met en relation deschamps professionnels multiples : formateurs, techniciens de l’emploi,ergonomes, travailleurs sociaux, juristes, etc. Tout ceci demande de coordonner en amont les actions de chacun, mais aussi une plusgrande familiarité avec le travail en réseau au quotidien, et un suivi pertinent des actions et dispositifs. Tout travail collectif de cetteampleur doit se référer à des repères partagés, au moyen d’une communication claire, précise et vivante. C’est tout le sens de la mission confiée au CRDI : être le pôle ressources, d’information etd’observation de l’avancement de notre travail en commun.

Un objectif, 5 priorités, le tout avec au cœur, une préoccupation,l’efficacité. En quelque sorte, réussir mieux, pour réussir plus.

François Atger, Délégué régional de l’Agefiph Rhône-Alpes

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