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Pour le développement durable du papier et de l’imprimé N°27 / février-mars 2018 Colloque : Les modernités du papier 4ème Observatoire : Les Français et le papier Héloïse d’Ormesson Emmanuel Fabrègue Adèle Albano, MEDIAPOST Jean-François Louvieaux, Cyrillus Rencontres Géraldine Bannier, députée de la Mayenne Magazine Julie Mechali, photographe culinaire Le livre papier est une déconnexion Bussi Michel Grand témoin

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Pour le développement durable du papier et de l’imprimé N°27 / février-mars 2018

Colloque : Les modernités dupapier 4ème Observatoire : Les Français et le papier

Héloïse d’Ormesson Emmanuel Fabrègue Adèle Albano, MEDIAPOST Jean-François Louvieaux,Cyrillus

RencontresGéraldine Bannier, députée de la Mayenne

MagazineJulie Mechali, photographe culinaire

Le livre papier est une déconnexion

BussiMichel

Grand témoin

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Sources : Donnees Labelia Conseil pour l'empreinte carbone. Donnees European BREF pour le papier a fibres vierges.

RePrint Matt est un papier couché 2 faces,à très haute blancheur - fabriqué avec 60%de fibres recyclées au minimum.RePrint Matt est doté d’une excellente opacitéet d’une main remarquable. Sa matité et sasurface sans reflet en font un papier appropriépour l’impression de textes aussi bien que detrès beaux visuels.Reprint Matt, disponible chez Antalis du 80au 200g.

En utilisant RePrint Matt plutôt qu'un papier nonrecyclé, l’impact environnemental est réduit de :

Culture PapierLe magazine pour le développement durable du papier et de l'imprimé N°27 / février-mars 2018

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éditorial

On peut toujours compter sur le papierQualité et variété des intervenants, programmation exigeante,public venu nombreux : tous les ingrédients étaient présents pournotre 7ème Colloque annuel qui fut une belle réussite dont nouspouvons être fiers.

Ne boudons pas notre plaisir, et continuons à célébrer les atouts dupapier : la manière dont il nous séduit en s’adressant à nos sens et ànotre intelligence, qu’il s’agisse de l’étiquette d’un grand vin, de lacouverture d’un bon livre, de la qualité des photos d’un magazine.

Les conclusions publiées par le 4ème Observatoire à propos de la relationque les Français ont développé avec le papier sont claires : ceux-cicontinuent d’accorder la plus grande confiance au papier pour enregistreret conserver les documents qui comptent le plus dans leur existence.

Nos combats n’en demeurent pas moins essentiels, car à côté de cetteconfiance qui demeure envers le support, quantité de légendesconcernant le rôle néfaste que jouerait le papier sur le planenvironnemental continuent d’être véhiculées, et les consommateurs seposent des questions auxquelles il nous faut apporter de vraies réponses.

N’hésitez-pas à proposer des thématiques et des invités pour nospetits-déjeuners, à faire connaître l’association Culture Papier auprèsdes professionnels pour recruter de nouveaux membres.

Nous devons poursuivre ensemble le travail auprès des politiques,guetter chaque occasion pour leur proposer d’intégrer nosinformations et nos solutions dans leurs thématiques. Saluons labonne nouvelle de la création d’un groupe d’études à l’AssembléeNationale sur « l’économie du livre et l’économie du papier » et auSénat où la filière papier est légitime pour intervenir sur les enjeux de« l’économie circulaire ».

Enfin, tant auprès du monde scolaire, où se construit l’image que seferont du papier les prochaines générations, qu’auprès des médias,caisses de résonnance qui propagent notre image auprès de tousles publics, nous devons être présents et actifs avec les bonnesinformations et les bons messages sur les modernités du papier et del'imprimé, qui fut le thème de notre Colloque auquel ce magzaine estlargement dédié.

Je vous présente mes meilleurs vœux pour une année 2018 riche enbelles émotions.

Alain KouckPrésident de Culture Papier

sommaire

Colloque : Les Modernités du papier4-5 Grand Témoin : Michel Bussi, écrivain

6-7 Hommage à Jean d’Ormesson - 4ème

Baromètre Les Français et le papier

Responsabilité8 Emmanuel Fabrègue, FABREGUE Imprimeur

9 Grégoire Cousté, Délégué général, FIR - Le regard de Nicolas Jacquette, SI

10 Christine Prouin, Française des Jeux avec

Proximité11 Jean-Marc Gabouty, Sénateur de la Haute-

Vienne - Jacques Krabal, Député de l’Aisne

12-13 Sylvie Joseph, Groupe La Poste

14-15 Jean-François Louvieaux, Cyrillus

16-17 Le papier rajoute l’émotion à l’action : AdèleAlbano, MEDIAPOST

Vins&Papiers18-19 Inséparables alliés ? avec les résultats

Observatoire Culture Papier

20-21 Affinités électives

Rencontres23 Géraldine Bannier, Députée de la Mayenne

24 Valéry Leprévost, BD + Café à Lille

25 Agenda

Magazine27 Créateur de Papier : Julie Mechali, photographe

28 Lieux de papier : Ass. de la Régie Théâtrale (ART)

29 Bonnes adresses : Restaurants avec salons

30 Des livres et des idées

La Lettre Culture Papier N°27 - Février-Mars 2018

Culture Papier, 68 Bd Saint Marcel 75005 Paris / Directeur de la publication : Alain Kouck - [email protected] / Directeur de la rédaction :Olivier Le Guay - [email protected] / Rédactrice en chef : Patricia de Figueiredo - [email protected] / Rédacteur : Yoan Rivière /Pdf augmenté : www.pdfanimate.com / Studio de création : Vitamine-Z - www.vitamine-z.net / Extraits du colloque transcrits par Nicolas Brizé / Créditsphotos : Photo de couverture et sauf mentions contraires : David Marmier / Papier et impression : Magazine imprimé par Fabrègue Imprimeur -www.fabregueimprimeur.fr - sur papier Reprint Matt, écolabélisé, 60% recyclé, fabriqué en France par Arjowiggins Graphic et distribué par Antalis -www.antalis.fr Enveloppes : GPV / Routage : Nord Mailing / Hébergement de Culture Papier : UNIIC / Commission paritaire : 1012G90569 /ISSN : 2493-3511 / www.culture-papier.com

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Comment écrivez-vous ? À la main ou sur

ordinateur ?

C'est l'une des premières questions que l'onme pose toujours lors de mes interventionsen librairie ou médiathèque : « continuez-vous à écrire à la main ? » Je revois le crayonde Jean d'Ormesson qui symbolise l'écrivain.Pour ma part, j'écris uniquement sur

tablette, sur ordinateur. Je suis très épaté de

la façon dont des Victor Hugo, des Zola, ont

pu écrire des livres sans informatique. De

mémoire, ils arrivaient à retrouver le feuillet

pour changer le trait de caractère d'un

personnage, un nom ou un détail. J’ai com-

mencé à être édité à l'âge de 40 ans et par

contre je conserve dans des coffres mes

premiers manuscrits, mes vieilles notes surdes pages volantes rédigées sur du papier.C'est très amusant de les revoir. Aujourd'hui,j'ai de moins en moins de traces papierdirectes, mais tout ce qui me relie à moninspiration existe sous forme de papier, descarnets, des notes. Systématiquementj'imprime tout ce que j'écris. Quand j'aiterminé un chapitre ou quelque chose quime semble important, mon réflexe n'est pasde le sauvegarder sur un cloud dont je neconnais pas grand-chose, c'est de l'impri-mer. Avec ce format papier imprimé, je medis qu'il ne peut plus rien m'arriver. Çaexiste. C'est sans doute une illusion. Toutpeut toujours brûler, ou être volé.

Vous semblez entretenir une relationcharnelle ou tactile avec le papier ?

J'ai en permanence deux choses dans mespoches. Comme tout le monde, je suis accroau smartphone. Mais j'ai aussi un petitcarnet. C'est drôle, ils sont tous les deuxrouges et ont un peu la même forme. Je passemon temps à griffonner sur des papiers desbouts de notes, des réflexions, des choses quej'ai à faire. Mes enfants me disent que j'aimon iPhone, pourquoi j'utilise encore dupapier ? Je leur explique ce rapport que j’aiavec le papier. En relisant systématiquementtous les jours des feuilles de papier, j'ail'impression de ne rien oublier, que ça vaplus vite. Je suis toujours dans cette espèced'entre-deux. Ou peut-être que j'ai essayémoi-même d'optimiser les deux supports,numérique et papier.

Le livre papier, est une déconnexion

Grand témoin

Troisième auteur le plus vendu en France, Michel Bussi estun écrivain à plusieurs vies - professeur d’université, expert engéographie électorale. Romancier de brillants polars palpitants,son dernier opus « On la trouvait plutôt jolie » continue sur lamême veine, tout en revendiquant une dimension humaniste.Rencontre avec un auteur ancré dans son temps, très à l’aisepour optimiser le meilleur du numérique et du papier.

« J'ai essayé moi-mêmed'optimiser les deuxsupports, numérique et papier »

Michel Bussi

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Dans votre première vie, comme ensei-gnant-chercheur à l'université et directeurd'un laboratoire au CNRS, quelle utilisationfaisiez-vous du papier ?

L'université est une grande consommatricede papier. J'ai lu des dizaines de thèses, demémoires de recherche, de masters et autres.Tout cela s'accumulait, sans parler despublications scientifiques sur des colonnes etdes colonnes d'étagères, de bibliothèques,dans des bureaux d'enseignants. Pendantlongtemps j'ai refusé de lire sous formatnumérique. Le papier me permettait de liredans le train, partout, alors qu'un formatnumérique, il me fallait l'imprimer, ou je nepouvais travailler que sur tablette. À unmoment donné, j'ai craqué. Évidemment,vous receviez un fichier joint avec des tas dechoses à lire, qui s'accumulaient. J'ai vécu cepassage au numérique, où l'on s'est mis àrefuser tout format papier et tout respect dupapier. Tout s'est mis à être géré de façonnumérique, ce qui n'empêchait pas, le jour dela soutenance, d'imprimer les choses.

L’ère du livre papier s’achève-t-elle oules formats papier/numériques vont-ilscohabiter ?

La vie professionnelle est de plus en plusmarquée par des usages numériques. De cefait, si l'on considère que le roman est uneactivité de loisir, cela suppose une coupureavec l'écran. Chez un certain nombre de

personnes qui passent leur vie sur écran,pour travailler ou pour communiquer avecdes proches, le livre papier participe à cettecoupure. Une lectrice qui veut se mettre àlire le soir va décider de ne pas allumer latélé, de ne pas regarder son smartphone, dene pas répondre à ses mails. Prendre unroman est assez intime, assez personnel.Le support papier, et le livre papier en par-ticulier, participent à une distraction autre.Un peu comme marcher en forêt. Cela n'em-pêche pas à certaines personnes de lirebeaucoup sur tablette, dans le train ou envoyage par exemple. Le livre papier n'est pasque de la nostalgie. On ferme tout le reste.C'est une déconnexion, et en même temps,une connexion unique entre un livre et unlecteur. Le livre fonctionne pour l'essentielsur l'évasion.

Vous pensez que l'objet livre, notammentde poche, facilite un contact privilégiéavec le lecteur ?

D'un point de vue purement économique, unlivre de poche, à 7 ou 8 euros, est imbattable

pour 8 à 10 heures de distraction ! C'est peucher par rapport à tout le plaisir qu'il procure.En plus, c'est un produit quasiment inusable,incassable. Nul besoin de chargement, vouspouvez le prêter, le revendre, l'échanger. Il serange facilement. Je ne vois pas quel produittechnologique a autant d'avantages que lelivre de poche. On pourra créer toutes lestablettes et formats numériques, on n'obtien-dra jamais autant de maniabilité.

Les livres sont aussi des compagnonsdans la vie de chacun….

Je ne suis pas fétichiste. J'ai tendance àgriffonner sur mes livres, à les corner, lesemmener partout, les maltraiter. Aussi,j'aime beaucoup quand les lecteurs viennentavec des livres tout gondolés parce qu'ilsles ont lus dans le bain et que le livre esttombé. Ou avec des grains de sable quitombent encore. Le livre a vécu. Clairementc'est un objet. Les lecteurs sont de plus enplus nombreux à venir faire signer les livresdans les salons. Cela renvoie à la matérialitédu livre. La tablette n'est pas un objet quel'on peut personnaliser et dédicacer. Leslecteurs y sont attachés.

Extraits de l’ intervention au colloqueCulture Papier

MICHEL BUSSI

Le papier déclenche souventses histoires « Dans mes livres, reconnait Michel Bussi,il y a beaucoup de choses qui tournentautour du papier lui-même. Je me suissouvent retrouvé coincé entre le papier,l'importance du papier dans la vie, et lesnouveaux outils. Parfois dans mes romans,les amoureuses d'aujourd'hui regrettent

de ne pas avoir reçu de lettre d'amourparfumée, tamponnée, décorée, qu'ellespourraient conserver. Évidemment, ellesn'ont que des textos.

Dans « Un avion sans elle », tout le récitest basé sur des jeunes plutôt connectés, eten miroir, la lecture d'un cahier laissé parCrédule Grand-Duc, un détective privé quiécrit pendant dix-huit ans. Ce cahier de

papier, écrit, lu, dont on tourne les pages,est un élément de suspense dans mon récit.

Dans « N'oublier jamais », son hérosdécouvre une partie de l'histoire dont onl'accuse par des enveloppes qu'on luiremet, une enquête qui remonte à dix ans,et qu'il lit systématiquement.

Dans « Le temps est assassin », le journalintime d'une ado est lu trente ans plustard. Là encore, on alterne entre des adostrès connectés et cette lecture d'un journalintime.

Dans « On la trouvait plutôt jolie », unefemme a laissé un journal qu'elle a annotéquand elle était jeune et qui sera retrouvépar ses enfants.

Dans « Nymphéas noirs », mon héroïne,80 ans, la plus âgée, cherche des photosdans un vieux carton à chaussures. Elles'énerve, parce qu'elle ne les retrouve pas.Que serait-ce si elles étaient sur une minus-cule usb ?

« On pourra créer toutes les tablettes et formatsnumériques, on n'obtiendrajamais autant de maniabilitéque le livre de poche »

www.michel-bussi.fr

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L’attachement au papier :intouchable ?

Difficile dans ces conditions d’en revenir à desconsidérations plus terre à terre mais c’étaitbien la délicate mission d’Éric Trousset,

Directeur Général de Médiapost Publicité

que de restituer les tendances fortes de laquatrième édition de l’Observatoire CulturePapier, réorientant ainsi le débat sur desterrains plus statistico-pratiques. Si l’étuderéalisée par Médiapost est suffisammentfournie en données pour occuper potentiel-lement des heures d’échange, il ne seraquestion que d’en « survoler » les principauxenseignements. Le premier d’entre eux établitainsi à ce jour que « 71 % des Français décla-rent être attachés au papier », une très nette

majorité qui ne doit cependant pas venirocculter un recul important, puisque laprécédente vague évaluait ce même rapportà 83 %… Une chute de 12 points donc, qui netraduit cependant pas un bouleversementdes usages, plutôt stagnants : 89 % desFrançais affirment en effet avoir consulté aumoins une fois un prospectus durant les sixderniers mois, 87 % un catalogue, 85 % unlivre papier et 76 % disent avoir acheté aumoins un journal ou un magazine sur ce lapsde temps. Des niveaux d’engagement « trèsélevés » selon Eric Trousset, même si certainesbaisses trahissent des déclins ponctuels : ilsne sont plus en effet que 45 % à avoir envoyéune carte de vœux imprimée sur la périodeconsidérée et 35 % à avoir fait développerdes photos.

« Le papier était son armature », le témoi-gnage d’Héloïse d’Ormesson à son pèreMais le maître-mot de cette entame de colloquefut bien « l’émotion ». L’émotion d’une fille -Héloïse d’Ormesson - qui évoque les souvenirsencore si proches et vivaces d’un père viscéra-lement attaché au papier : « Les d’Ormessonétaient autrefois une famille d'imprimeurs. L'encreet le papier coulent dans nos veines de touteéternité. Mon père était un être de papier, de tousles papiers : papier journal, papier blanc, papierbible, papier à lettre... ». Certainement était-ilaussi un des rares écrivains encore incapablesd’appréhender l’écriture autrement qu’avec unstylo à la main. « Dès qu'il saisissait un papier,il le noircissait. L'essentiel pour lui était de

posséder ce support (…) Le papier était sonarmature, son support, sa colonne. Mon père atoujours écrit à la main des manuscrits qu'ilfaisait par la suite taper, et qu'il reprenait unnombre inlassable de fois, à la manière dePénélope et de sa tapisserie ». Une singularitéen perdition qui aujourd’hui s’apparente de plusen plus à une poétique incongruité, mais qu’ellerelate avec fierté et d’une voix chevrotante,gagnée pour de bon par l’émotion : « Je suisintimement convaincue que son écriture doitbeaucoup au fait qu'il avait un contact charnelavec le papier et avec la plume » insiste-t-elle,assurant dans un sanglot contenu qu’elle esteffectivement « émue mais pas triste ». Une salledebout et des applaudissements nourris témoigne-

ront de la contagion de l’émotion aux quelques150 personnes présentes pour ce colloque 2017déjà touchant, et donc bien lancé.

ColloqueCulture Papier

A sortir des sentiers battus, les chemins mènent toujours aupapier… S’il fallait toutefois dégager un fil conducteur à cetensemble de thématiques à priori hétéroclites, mais en réalité ô combien complémentaires, Yoan Rivière, rédacteur en chefdu magazine Acteurs de la filière Graphique, a choisi de retenir « ses modernités » parfois trop discrètes, trop souvent ignorées,aux côtés de celles du numérique et de l’Internet, sur lesquellesparie Alain Kouck, Président de l’association, non sans anticipercombien lesdites « modernités » donneront à s’observer autravers d’un programme riche, un brin inhabituel et doncd’autant plus intriguant…

Hommage à Jean d’Ormesson

Héloïse d’Ormesson évoque son père

Éric Trousset, Directeur Général de MEDIAPOST Publicité

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Pas de quoi cependant venir contrarier laprogression constante de l’idée selonlaquelle l’avenir est à la complémentarité dessupports, puisque 68 % des sondés disentmiser à terme sur une saine cohabitationprint/numérique quand moins de la moitié(31 %) pense encore que le papier est vouéà disparaître. Des chiffres qui semblent sou-ligner l’image consolidée de l’imprimé,même si des tiraillements perdurent etdoivent convaincre les professionnels dusecteur que les efforts de communication etde pédagogie sont à poursuivre.

Confusions, méconnais-sances & opportunitésInsistant plus spécifiquement sur la natureécoresponsable du support, cette nouvelleétude fait état de signaux partiellementcontradictoires, preuve que sur ce type de thé-matique, les doutes et les interrogations sontencore légion… « Si 45 % des sondés pensentque l'industrie du papier participe à l'entretiendes forêts, nous devons nous interroger surles 32 % qui affirment ne pas pouvoir seprononcer » rappelle notamment Alain Kouck,pointant là une frange importante de lapopulation en demande quasi-explicited’informations. Un champ d’investigation

d’autant moins négligeable que l’envie detraduire ses efforts par sa manière deconsommer gagne du terrain, au point que« 84 % des Français se disent prêts à préférerles marques ayant une démarche écorespon-sable », souligne Eric Trousset, ajoutant que« 90 % d’entre eux déclarent qu’il est importantd’utiliser du papier recyclé »…

Si l’on en reste certes là au stade du déclaratif -les pratiques pouvant évidement varier, voiren’en tenir que marginalement compte - laréalité d’un défaut de connaissance/recon-naissance des propriétés écoresponsables dupapier ne pourrait être ici que difficilementcontestée. Il devient même criant s’agissantdes logos et labels verts… Certains d’entre eux,comme les logos FSC, PEFC ou Triman, ne sonten effet pas identifiés par près de 80 % despersonnes interrogées, alors même qu’ils sontde précieux indices pour guider au mieux leconsommateur soucieux de s’auto-responsa-biliser. En marge de cela, l’étude relèveégalement quelques confusions, 70 % dessondés estimant par exemple - à tort - qu’unpapier se recycle indéfiniment, tandis queseuls 8 % sont en mesure de préciser qu’ilse recycle 5 à 7 fois.

Mais certainement faut-il voir là le verre àmoitié plein : « Presque tout le monde saitqu’un papier se recycle au moins une fois » faitobserver Eric Trousset, ce qui est une base à lafois positive et fertile pour parler à des gensqui ne demandent qu’à savoir…

COLLOQUE CULTURE PAPIER

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Démarches RSE : déjà desbases solides ?Comme le note Grégoire Cousté, déléguégénéral du Forum pour l’investissementresponsable (FIR), « Les logos qui marchentle moins sont ceux qui engagent la responsa-bilité du producteur », au contraire de ceux –plus impliquants – qui « poussent au gesteécoresponsable »… S’il y a certainement làquelque chose à creuser pour comprendrece qui vient valider le travail de sensibilisa-tion des consommateurs, les démarches RSE –encore tâtonnantes – tentent de trouver,selon leurs instigateurs et les circonstances,le juste équilibre.

Différentes expériences et points de vue sesuccédaient au cours d’une même table ronde,pour témoigner d’un effort volontaire queSébastien Calard, Directeur RSE GutenbergNetworks, estime encore mal perçu. S’il recon-naît effectivement le caractère naissant desinitiatives dites « RSE », qui ne dégagent encoreque peu – voire pas – de chiffre d’affairessupplémentaire, la volonté d’anticiper estréelle et traduit probablement ce que serontles (bonnes) habitudes de demain. Selon lespremiers baromètres lancés par GutenbergNetwoks sur le sujet, Sébastien Calard dit

même avoir été « agréablement surpris » parla proactivité d’un nombre significatif d’entre-prises : « Certaines entreprises se rapprochentd'une démarche régionale pour faire un bilancarbone, d'autres mutualisent leur effortspour aller collecter l'ensemble des déchets etles recycler, d'autres encore vont créer unpartenariat avec une école à proximité pourfaire venir des stagiaires et mieux fairedécouvrir le métier etc ».

Un sentiment partagé par EmmanuelFabrègue, gérant de l’imprimerie éponyme,pour qui les progrès effectués sans discon-tinuer par la profession depuis plus de 30 ansméritent d’être soulignés : « Nos processaujourd'hui sont sans commune mesure avecceux des années 80. Notre crédibilité n'a jamaisété aussi forte. Nous devons communiquer surtous ces efforts » insiste-t-il, sans cacher pourautant, avec une once de fatalisme, que chezune majorité de clients, le critère « prix »prévaut encore sur tout.

responsabilitéColloque Culture Papier

Pour une éthique environnementale et sociétalePour Emmanuel Fabregue, Pdg deFABREGUE Imprimeur, la crédibilitéenvironnementale des imprimeursn'a jamais été aussi forte mais ilplaide qu’elle doit aussi être associéeà une éthique sociétale.

On peut tout raconter, y compris defausses bonnes idées techniques. Parexemple, un appel d'offres publicdemande d'utiliser des plaques offsetsans chimie. Ça n'existe pas ! La chimiepasse d'un côté ou de l'autre. Si vousutilisez des développeuses avec desproduits chimiques, vous allez récupérerles produits chimiques qui vont êtreincinérés. Avec des plaques offset sanschimie, le développement de la plaque vase faire sur la machine offset, et dans cecas, c'est l'eau de mouillage que vousserez obligée de recycler. Donc c'est unfaux problème.

J'habite dans une ville de 7000 habitants,la terre est belle et l'on respecte le pay-sage autour de nous. On vit ensemble auquotidien, pas seulement sur notre lieude travail. Une peine individuelle devientune peine sociétale. C'est la différenceentre des territoires ruraux et des terri-toires périurbains.

Dans notre société, c'est l'économie quiprime. Il ne faut pas être hypocrite, direqu'on va favoriser des achats responsablesquand, à la fin, on regarde en bas du devis

Il faudra beaucoup travailler là-dessus.

Le client ne voit pas toujours nos per-formances environnementales

Sur la quantité de papier qu’un clientfinal commande, un pourcentage lié à descontraintes de production incompressi-bles n'arrivera jamais chez lui, mais serarecyclé par nos soins. À fin novembre2017, FABREGUE a imprimé 20 000tonnes de papier sur les 11 derniersmois. 15% de ces papiers soit 3 000tonnes ont été recyclés.

En savoir plus : www.fabregue.fr

suite Compte rendu de Yoan Rivière

Sébastien Calard, Directeur RSE Gutenberg Networks

« Dans notre société, c'est l'économie qui prime. Il ne faut pas être hypocrite,dire qu'on va favoriser desachats responsables quand,à la fin, on regarde en basdu devis ! Il faudra beaucouptravailler là-dessus. »

Emmanuel Fabrègue, Pdg de FABREGUE Imprimeur

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09COLLOQUE CULTURE PAPIER : RESPONSABILITÉ

L’investissement respon-sable, meilleure amie dela performance ?

Loin de partir de zéro, les métiers del’imprimerie ont donc déjà dépassé lafacette strictement environnementale deleur engagement écoresponsable, pourraisonner de manière plus complète. Carc’est probablement là l’enseignementmajeur à tirer des évolutions et ajuste-ments actuels : une démarche RSE nese conçoit plus que dans une approche« globale » qui souligne l’interdépendancede tous les piliers économico-stratégiquesde l’entreprise. Entre autres conséquences,telle interdépendance conduit à défendrel’idée selon laquelle il existe une corréla-

tion claire entre la capacité de l’entrepriseà investir de façon écoresponsable et saperformance financière. « Une entreprisebien équilibrée, qui traite bien ses salariéset qui respecte l'environnement est durableet performante. La recherche académiquel'a démontré : a minima, on ne perd pas devaleur en appliquant des filtres de typeenvironnemental, social et de bonnegouvernance » assure Grégoire Cousté,délégué général du Forum pour l’inves-tissement responsable (FIR).

S’appuyant sur 200 indicateurs (!) liés àla relation sociale dans l’entreprise, ladimension environnementale et les cri-tères de bonne gouvernance, le FIR seveut « exercer une pression positive sur lesentreprises, les émetteurs et toutes lessociétés dans lesquelles elle investit », pourcontrer l’idée reçue (et tenace) selon laquellel’engagement responsable représenteraitavant tout un coût.

D’autant qu’il existe une multitude dedémarches saines et profitables, dont lesplus en vue à ce jour concernent certaine-ment les « stratégies carbone » : il peuts’agir de « désinvestir en se retirant desecteurs nocifs et/ou polluants tels queles énergies fossiles ». Il peut s’agir de« décarboner son portefeuille » en refusantde traiter avec des entreprises elles-mêmes impliquées dans ces secteurs. Ilpeut s’agir de « développer l’engagementactionnarial », lequel consiste à accompa-gner la transformation de grands acteursde l’industrie. Et enfin, il peut s’agir d’en-courager les investissements dits « verts »,c’est-à-dire portés vers « les produitsrépondant aux grands enjeux climatiques ».Autant de pistes qui commencent à voirse formaliser des modèles concrets etétayés, chiffres à l’appui.

Quand le jeu s’écoresponsabilise…Pour Christine Prouin, Responsable pro-gramme RSE du Groupe Française desJeux, ces préoccupations n’ont rien de trèsneuf puisqu’elle l’assure : « Notre démarcheRSE est mise en œuvre depuis plus de 10 ans.Elle a commencé avec la problématique du jeuresponsable (lutte contre le jeu excessif et lejeu des mineurs), puis elle s'est élargie sur tousles sujets de responsabilité sociétale. » Uneaction qui s‘est tout particulièrement appli-quée à diminuer l’empreinte carbone desactivités de la FDJ…

Une analyse du cycle de vie des produits aensuite conduit l’héritière de la LoterieNationale Française à construire des plansd‘action prioritairement dédiés à la matièrepremière, c’est-à-dire au papier… Constam-ment peaufinée et ajustée, cette démarchen’ignore pas non plus l’importance de sensibi-liser les joueurs aux « bons gestes », enmettant notamment à disposition sur lespoints de vente des poubelles spécifiques et eny diffusant de courtes vidéos informatives surce que représente le label FSC. L’objectif est dedébarrasser enfin le ticket de grattage de cetteimage nocive de support qu’on jette noncha-lamment par terre… [voir présentation page 10]

Grégoire Cousté, délégué général du Forumpour l’investissement responsable (FIR).

Le regard d’un participant

L’interaction entre consommateur etproducteur est devenue l’un des enjeuxclés dans la dynamique d’éco-responsa-bilité et l’expertise de conseil de l’agence.Les excellents intervenants ont renducompte très justement des tenants subtils dumouvement de l’influence, sorte de tecto-nique des plaques de la consommation.Parmi les consommateurs et les produc-teurs, on trouve des groupes minoritairesde visionnaires/ influenceurs et de veil-leurs/développeurs. Les initiatives etcomportements des pre-miers modifient lesmentalités et les com-portements du grandpublic à un rythme trèslent, semblant sanseffets, mais préparantl’apparition de mouve-ments plus généralisés.Les producteurs de ce groupe qui diffusenttrop vite des concepts novateurs souffrentsouvent d’un manque d’adhésion du publicet se voient voler le succès par des membresdu second groupe qui n’ont pas de créativité,mais savent déduire de leur veille des ten-dances de fond, et lancer au bon moment lesidées novatrices pour leur assurer le succèsqu’elles n’ont pas obtenu plus tôt.

Sur le domaine de l’éco-responsabilité, lavague de fond chez le consommateurprend de l’ampleur. L’exigence éthiquedevient prépondérante et le développementdes initiatives gouvernementales et inter-nationales sur l’éco-responsabilité et leurmédiatisation (COPs et Accords de Paris,ODD 2030 de l’ONU, One Planet Summit

organisé par Macron, industrie 4.0), don-nent de sérieuses indications sur l’exigenceet la pression populaire qui s’exercent.D’où l’impériosité actuelle d’intégrerl’éco-responsabilité dans les modèles deproduction et de communication.

Ce paradigme impose de questionner larépartition des coûts de cette mutation, dedévelopper l’éducation des professionnelssur les dispositifs, leur mise en œuvre etleur rentabilité directe, souvent ignorée,la visibilité d’initiatives à fort potentield’adhésion du public mais peu valorisées,l’évolution des mentalités chez les consom-

mateurs et les clientsB2B, et la refontecomplète de certainsmodèles économiquesou industriels. Autantde défis à relever sansattendre.

Nicolas Jacquette, directeur de l’agence Si

Agence conseil en communication visuelle,éthique et écoresponsable

« Sur le domaine de l’éco-responsabilité,la vague de fond chez le consommateur prend de l’ampleur. »

www.studio-irresistible.com

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COLLOQUE CULTURE PAPIER : RESPONSABILITÉ10

Responsable programme RSE du

Groupe Française des Jeux depuis 10

ans, Christine Prouin partage son

expérience notamment sur la certifica-

tion et le recyclage de la matière papier.

Notre métier est de proposer du jeu récréatif,en luttant contre l'addiction, le jeu desmineurs et aussi en luttant contre la fraude,le blanchiment d'argent et contre le finance-ment du terrorisme.

Notre démarche RSE est mise en œuvredepuis plus de 10 ans. Elle a commencé avec

la problématique du jeu responsable (luttecontre le jeu excessif et le jeu des mineurs),puis elle s'est élargie sur tous les sujets de res-ponsabilité sociétale. La démarche volontaireet proactive de l'entreprise concerne notam-ment la diminution de son impact carbone.

Bilan Carbone ™

En réalisant la mesure des émissions de CO2des sites FDJ jusqu'aux points de vente, nousavons constaté que l'impact de nos émissionsse répartissait comme suit :

- un tiers sur nos sites d'exercice à Paris, enrégion parisienne et dans le sud de la France,

- un tiers dans les transports et déplacements,

- un tiers sur les supports de jeux, c'est-à-dire :les tickets de grattage, les bulletins de jeuxet les reçus de jeux, soit environ 8 000tonnes de papier par an.

Analyse du cycle de vie

Ensuite, nous avons réalisé une ACV sur tousnos supports de jeux En moyenne, il estapparu que l'amont et l'aval sont les étapesles plus émettrices de CO2 : la matière pre-mière papier et la fin de vie.

Plan d'actions

Nos actions ont donc porté sur la matière papieret sur la fin de vie en valorisant le recyclage.

Matière papier

• La certification FSC : Tous les supports dejeux sont certifiés FSC depuis 2012.

• Les pictogrammes : outre le logo FSC,les tickets à gratter portent au dos le pic-togramme TriMan et la mention 100%recyclable.

• Le papier recyclé : tous nos tickets degrattage sont en papier recyclé à hauteurde 20%. A ce jour, il est techniquementdifficile d'aller au-delà. (par ailleurs, eninterne, tous nos papiers administratifssont en papier 100% recyclé depuis 10 ans).

Sensibilisation sur le recyclage

• En interne, nous avons mené des actionsdurant la Semaine Européenne du Déve-loppement durable : journées de troc,upcycling, éco-gestes : les notions depapier recyclé / papier recyclable sonta priori connues.

• Au niveau des points de vente, afin desensibiliser les joueurs à ne plus jeterleurs tickets par terre, nous avons mis enplace les actions suivantes : des pou-belles spécifiques ; la diffusion de vidéostrès courtes : l'une, pour faire connaître lelabel FSC, l’autre pour sensibiliser lesjoueurs au geste de tri dans la poubelledédiée. Récemment, lors d'un salon annueldédié aux points de vente : Losangexpo,nous avons re-sensibilisé nos détaillantsavec la participation de la mascotte duWWF, le panda . Un nouveau projet decollecte et de recyclage avec la partici-pation des détaillants et les joueurs estprévu en 2018.

• 26 millions de joueurs, plus de 2 000 salariés, 31 000 points de vente.

•14 milliards d'eurosde chiffre d'affaires, dont 65%redistribués aux joueurs et 25% à l'Etat.

• Environ 200 millionnaires par an.

• Environ 50% des mises correspondentaux jeux de grattage, ces petits morceauxde papier cartonné, avec une zone enlatex grattable non toxique.

Christine Prouin, Responsable programme RSE duGroupe Française des Jeux

Française des Jeux - Chiffres clés :

Sensibilisation joueurs :

pictogrammes Triman / FSC au dos des reçus, bulletins et tickets.

La démarche RSE de FDJ a commencé avecle jeu responsable puis s'est élargie surtous les sujets de responsabilité sociétale.

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« Un centre-ville est une manière de vivre.C'est un lieu de proximitéet de personnalisation, sa redynamisation est essentielle »

Souvent décrit comme un outil de proximité,l’imprimé s’imbrique de fait pleinementdans la problématique de la revitalisationnécessaire des centres-villes, suite à ce queJean-Marc Gabouty, Vice-président duSénat et Sénateur de la Haute-Viennequalifie de « fuite d’attractivité vers les péri-phéries ». Mais si le constat est simple à faire,les arbitrages politiques et économiques quipourront rétablir l’intégrité d’un équilibremenacé, posent toujours question… « La France est d’abord un territoire ruralavec beaucoup de petites villes. C’est en trainde changer mais il ne faut pas perdre de vueles équilibres de proximité » résume en effetJacques Krabal, Député de l’Aisne. Nuldoute que la raréfaction du courrier papierau profit d’une communication dématériali-sée participerait – à son échelle et au-delàdes seules problématiques de couverturesréseau – de cette perte de proximité, maisgare toutefois aux fausses évidences surd’autres approches… « Interdire la voituredans certaines zones centrales et piétonnespeut entrainer une chute d’activité et doncd’attractivité » prévient en effet Jacques Krabal,qui formule une analogie potentiellement

surprenante : « Le centre-ville, comme lepapier, renferme une dimension culturelle.C’est là leur principal point commun. Cettedimension culturelle génère des émotions et ilnous faut les protéger contre des logiques decourt terme ». En d’autres termes, il convientde « comprendre » ce qui fait l’identité d’unlieu de vie, il faut connaître son passé et sonhistoire pour nourrir une vision juste etcohérente de la façon dont il doit évoluer.Or, peut-être qu’à l’image du papier lorsquedes prédictions précipitées ont promis ladématérialisation de tout, la déconstructiondu cœur des villes s’est faite trop vite et enméconnaissance de cause. Une certitude tou-tefois : nous assistons bel et bien à une formede retour en arrière (et à la raison) dans lesdeux cas. Et c’est bien parce que l’impriméjoue un rôle structurant absolumentmajeur que les plus spontanément enclinsà s’en débarrasser ont dû rétropédaler : « Le numérique favorise l’infobésité. On estsurinformés (…) On reçoit chaque jour l’équi-valent de 40 heures de vidéo alors que nousaccordons en moyenne 8 secondes à uneinformation » soupire Sylvie Joseph (chieftransformation officer, Groupe La Poste). « Le numérique permet d’avoir une mémoireaugmentée, il libère de la bande passantedans notre cerveau. Mais une altérité est fon-damentale pour se fonder socialement, c’est làle rôle prépondérant de la proximité du papier »conclue-t-elle, même si l’on pourrait complé-ter en avançant que si « retour au papier » ily a eu, l’efficacité brute du support en tantque moyen de communication figure sansconteste au premier rang de ses atouts.

11

proximitéColloque Culture Papier

suite Compte rendu de Yoan Rivière

« Le centre-ville, commele papier, renferme unedimension culturelle. C’est là leur principal point commun. »

Jean-Marc Gabouty, Vice-président du Sénat et Séna-teur de la Haute-Vienne

Jacques Krabal, Député de l'Aisne

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COLLOQUE CULTURE PAPIER : PROXIMITÉ12

A la mesure de l’émotion…

Si « l’émotion » était bien le maître-mot dedépart, il sera aussi celui de la conclusiond’un colloque profondément hétérogène,mais soucieux de retomber sur ses pieds.Car alors que « l’émotion » est souventinvoquée de manière plus ou moins abs-traite, certains ont quand même tenté de lamesurer… C’est le cas de Céline Pasquier,Directrice déléguée chez Iligo, qui dévoileles résultats de la première étude cognitivesur le média courrier, Paper Emotions [voirPrésentation p.16-17] : « Nous avons suivi desindividus chez eux, dans leurs gestes du quo-tidien, qui vont chercher leur courrier tous les

matins dans leur boîte aux lettres. Ces indi-vidus sont équipés de petites lunettespermettant de suivre automatiquement oùl'œil se porte, et d'un bracelet qui mesure lesémotions via les micro-chocs électriques. Aumoment de prendre leur courrier dans laboîte aux lettres, nous sommes capables devoir ce qu'ils regardent et si cela leur procurede l'émotion ». Premier enseignement dePaper Emotions : le simple fait d’ouvrirsa boite aux lettres génère de l’émotion,majoritairement positive, laquelle sevoit décuplée dès lors qu’un courriervéritablement ciblé nous est adressé.« Le courrier adressé est systématiquementvérifié. La trajectoire de l'œil le fixe longue-

ment et intensément » confirme Céline Pasquier,avant de détailler : « Lorsque le ciblage est lié àdu comportement ou à des préférences, lesémotions sont beaucoup plus importantes.Par exemple, une personne qui reçoit uncatalogue le feuillette assez vite, autour de 8secondes. Il ne se passe pas grand-chose entermes d'émotion. Elle repère un produit, etl'émotion augmente un peu. Soudain on voitque sur un produit de jardinage, l'émotionbooste... Cette personne était justement en trainde refaire son jardin. L'être est rationnel etémotionnel. Toutes les décisions sont majoritai-rement dirigées par de l'émotion. Ces élémentsd'analyse prouvent que le courrier va créer del'émotion auprès des individus, que ce soit desmarques ou des particuliers ».

Voilà qui vient, s’il en était besoin, validerce qui n’était encore concrètement qu’unesupposition, à savoir que l’imprimé, à conditiond’être ciblé et pertinent, porte en lui une plus-value émotionnelle qui justifie d’en vanter laspécificité. Mieux encore, c’est le support deconfiance par excellence, chose qui a sonimportance lorsqu’il s’agit en plus d’informer…« On n’a pas besoin d’être expert pour avoir desémotions » lâche en effet Adrien Tréchot,éditeur du guide « Vins et santé ». On a enrevanche besoin d’informations à la foisclaires et fiables, ce qui fait probablement à cejour du papier le meilleur allié du vin, majori-tairement acheté en grande surface (73 % dutemps selon le 4ème Baromètre Culture Papierproduit par Médiapost).

Pour Sylvie Joseph, chief

transformation officer, Groupe La Poste,

le numérique provoque quatre grands

changements dans nos comportements :

- dans notre relation au savoir :

on n'a plus besoin d'emmagasiner

autant de connaissances de façon

instantanée et durable ;

- dans notre relation à l’apprentissage :

ce monde d’apprentissage est

permanent ;

- il modifie notre fonction psychique ;

- et aussi notre relation à la

sociabilité, et donc à la proximité.

Papier et numérique :deux culturescomplémentaires

Entre la culture du papier physique et celle dudigital, il y a une différence, mais aussi unetrès grande complémentarité. Pour mieux lecomprendre, je vais m'arrêter sur le fonction-nement de notre cerveau, à partir des travauxde Serge Tisseron, psychiatre et docteur enpsychologie à Paris VII, et de Pierre-MarieLledo, neurobiologiste à l'Institut Pasteur. Le papier est Un, le numérique est par natureMultiple. Le papier a une temporalité et unemémoire profonde, la pensée est linéaire.

Avec le numérique, la pensée est spatialisée,propice à l'innovation et à la créativité. Enrevanche, l'attention est très dispersée.Le papier est verbal, on manipule des mots,tandis qu'avec le numérique, on manipuledes images.Le papier est un ferment, une construction dela sociabilité et d'une forme d'altérité, alors quele numérique nous projette dans des liens mul-tiples et mondialisés, fondés davantage sur lepartage d'intérêts que sur la socialisation.Le papier permet de s'approprier une his-toire, sa propre histoire, il inhibe la créativité.Le numérique est plus dans l'apprentissageface à l'imprévu, la spatio-temporalité. Parexemple, les jeux vidéos, qui sont très

Le numérique est assimilé auxtechnologies, à l'économieet rarement à l’humain

Céline Pasquier, Directrice déléguée chez Iligo

Adrien Tréchot, éditeur du guide « Vins et santé »

Suite Compte rendu de Yoan Rivière

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13COLLOQUE CULTURE PAPIER : PROXIMITÉ

décriés, apprennent aux jeunes générationsà faire face à l'imprévu et à rebondir. Enrevanche, ils effacent l'attention et ne per-mettent pas la conscience de soi.Face à l'infobésité (en un jour, on reçoitpar exemple chaque jour l'équivalent de40 heures de film vidéo), il faut compren-dre comment fonctionne le cerveau. Le papier nous offre une capacité de recul.L'infobésité est l'un des principaux facteursd'anxiété dans le monde. En moyenne, noussommes interrompus toutes les 12 minutes,notamment sur le lieu de travail. C'est trèscompliqué de réfléchir et de prendre durecul. Les jeunes accordent en moyenne 8secondes d'attention à une information, unetendance qui s'élargit à tous les publics.Pour info, l'intensité maximale de concentra-tion d'un poisson rouge est de 9 secondes.Le numérique nous libère de la bandepassante dans le cerveau, le tout étant deréinvestir cette mémoire augmentée à bonescient, notamment dans cequi nous fonde en tantqu'être humain : l'altérité etle lien social. Le cerveauhumain n'est rien moins quela chambre d'écho de l'autre.Nous nous construisonsdans le rapport à l'autre.C'est pourquoi le lien social,notamment dans les centres-villes, est fondamental. Etdonc varier les sources et lessupports d'information estaussi fondamental que deconserver la dynamique descentres-villes.Le papier est plus appropriépour conserver certainesinformations ou une natured'information multicanale,notamment quand on veutfaire appel aux capacités cog-

nitives de l'être humain, en particulier dansdes domaines qui exigent de la réflexion : lesinformations économiques, politiques etdémocratiques, l'information des marques,des informations complexes... Le supportpapier permet la comparaison, la visiond'ensemble et donc le choix objectivé.

Des facteurs augmentéspour répondre aux enjeuxde proximité

L'animation des centres-villes ne faitpas exception au métissage de ces deuxcultures, physiques et digitales, pourmaintenir cette présence physique,humaine, et ce lien social qui fait sens :le bien-vivre ensemble.Le Groupe La Poste croit en la présence phy-sique tout autant qu'au développement dunumérique. C'est pourquoi il développe de

nouveaux services pour maintenir notreprésence humaine, locale et territoriale, autravers des bureaux de poste et via notreréseau de facteurs. Les facteurs sont eux-mêmes « augmentés ».Grâce au smartphone, ils peuvent opérerdes services qui visent à maintenir et àdévelopper ce lien social : le courrier enri-chi, le courrier connecté, le retargeting,c'est-à-dire le recyblage en fonction de cequ'on apprend du comportement desconsommateurs et des clients, à la fois autravers du numérique et de ses déplace-ments physiques. Cela permet d'accompagnerle commerce et les collectivités localeset territoriales sur la dynamisation descentres-villes.

Augmenter la puissancedu commerce physique

À Aix-en-Provence, le coeur-de-ville est tota-lement piéton et fermé à la circulationautomobile à partir de midi. Bien que desparkings aient été organisés aux alentours,cela impacte le comportement d'achat et lafréquentation du centre. Le consommateurest plus ou moins paresseux, il aime bienstationner juste devant le magasin pour nepas avoir à porter ses paquets...C'est un enjeu fort pour le Groupe La Poste :accompagner le commerce traditionnel, lecommerce de centre-ville et le commercepiéton : par une extension de e-commerce,en mettant à disposition des plateformes demarché, si possibles françaises, confortéepar de la livraison propre, décarbonée. Decette façon, nous allons permettre aucitoyen et au consommateur de fréquenterces centres-villes piétons sans qu'ils n'aientplus à se préoccuper de leurs achats et deleur livraison.En conclusion, grâce au réseau physique etau digital, on peut augmenter la puissance

du commerce physique, mainte-nir cette activité en centre-ville, etdonc le lien social.Papier et digital, proximité phy-sique et numérique, sont complé-mentaires. Le Groupe La Poste yœuvre tous les jours. Le digitalest un formidable complémentet une extension du papier et duphysique qui aide à la réflexion.Le bon mélange des deux et cetteprésence humaine, c'est à la foisle salut des centres-villes, maisaussi le salut de notre cerveau.Le gardien de cette altérité ferapeut-être que nous ne devien-drons pas des robots.

Sylvie Joseph, chief transformation officer, Groupe La Poste

« L'infobésité est l'un desprincipaux facteursd'anxiété dans le monde. »

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Comment Cyrillus se positionne sur unmarché qui a diminué de 10% en 10 ans(entre 0,5 et 1% chaque année) ?

La marque a 40 ans d'existence et dégage 100millions € de chiffre d'affaires annuel. Nousdisposons de 60 magasins, 5 sites internet,une implantation dans 5 pays et une présenceinternationale totale grâce au site cyrillus.comqui livre partout dans le monde.

Nous produisons 6 collections : bébé, fille,

garçon, femme, homme, maison. Cyrillus se

positionne comme une marque multicanale

avec 60% de notre activité réalisés en

magasin et 40% en e-commerce, une

performance puisque chez un Retailer

classique le taux de e-commerce excède

rarement 10%. Le commerce multicanal

est dans notre ADN.

Quelle est votre stratégie papier dansvotre communication multicanale ?

Nous sortons 10 catalogues par an - 5 parsaison : du big book (136 pages) aux flyers derelance de 4 pages. Cyrillus compte en France600 000 clients actifs, 150 000 clients sontrecrutés chaque année.

Chaque cliente a un comportementdifférent et nous cherchons à délivrer lameilleure expérience de vente, uneexpérience globale on et offline. Notre basede données clients est segmentée : fullmagasin / full e-commerce / cross.

Une cliente cross canal qui achète en magasinet sur notre site internet, c'est 3 fois plus dechiffre d'affaires qu'une cliente monocanal.Dès lors la complémentarité s'impose.

L'enjeu est d'améliorer le retour surinvestissement, d'adapter notre gestionclientes aux segmentations, de personnaliserle parcours client, en digital et en print.

Vous revendiquez que le combat de labannière du full digital ou du full printest mort, qu’il faut rechercher lameilleure combinatoire entre lescatalogues, le site internet et le réseau demagasins, au service du client et durésultat de l'entreprise, bref valoriserune expérience globale de la marque.

Au niveau de son réseau de magasins,Cyrillus cherche à créer une expérience quele e-commerce ne peut pas proposer : lemagasin expérientiel. Un magasin n'est pasqu'un lieu d'achat, c'est aussi un lieu derencontres, un lieu de vie...

Il en va de même pour les centre-villes, ilsdoivent se recréer par rapport aux irritants

Le smartalog, un catalogue 100% papier,100% personnalisé

Plus d'acteurs, plus de surface commerciale, un rendement au mètre carré qui diminue, l’essor du e-commerce... Pour résoudre cette équation complexe, Jean-FrançoisLouvieaux, Directeur marketing et e-commerce de Cyrillustémoigne comment la marque a fait le choix de constamments'adapter et innover.

Chaque cliente a reçu un smartalog « sur mesure » quicontient les visuels des produits qui l'intéressent

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que l'on connaît tous dans les retail parket autres grands centres commerciaux. Unenjeu semble être de retrouver àl'intérieur du centre-ville la mêmeatmosphère que celle que nous cherchonsà créer dans nos magasins.

Cyrillus multiplie les parcours de vente pourses clientes, en leur donnant la possibilité : decommander online en magasin, de réserverun article sur le site et d'aller l’essayer etl’acheter en magasin, de commander en ligneet de se faire livrer en magasin. L'expériencedoit être globale, multicanale et multimédiaau service de la cliente.

Cette année, nous avons lancé un catalogue100% personnalisé : le « smartalog » . Leprincipe est simple : chaque cliente reçoit uncatalogue ‘sur mesure’ différent qui contientles visuels des produits qui l'intéressent.Grâce à l'impression numérique, à nos data etau moteur de recommandation, 80 000catalogues (16 pages) ont été imprimés. À lasortie, ils sont tous différents.

Ce projet aura duré 3 mois. En amont, il anécessité une recherche sur le comportementd'achat de chaque cliente sélectionnée selonnos critères de segmentation cliente (femme,enfant, etc.), les articles achetés en magasin et

on-line, la navigation sur le site. Notre moteurde recommandation digitale a intégré toutesces données.

Avez-vous mesuré l’impact de ce smartalogsur vos ventes ?

Le gain apporté est de + 5% de chiffre d'affairespar rapport au catalogue non personnalisé.

Pour comparer les résultats par rapportau catalogue classique, 100 000 clientesont été ciblées dans notre fichier : 80 000clientes ont reçu un catalogue personnaliséet 20 000 clientes ont reçu un cataloguenon personnalisé.

La campagne smartalog a reçu le PrixInnovation à la 7ème édition des Trophées duMédia Courrier de La Poste 2017 (Cyrillus,Naos publishing, Nuukik).

Le smartalog est une combinaison entre lemonde du digital et le bon vieux cataloguepapier. C'est une belle expérience. Elle prouveque le papier n'est pas mort, il faut arriver àle combiner pour en maîtriser les coûts ettrouver du rendement.

JEAN-FRANÇOIS LOUVIEAUX

Jean-François Louvieaux, Directeur marketing ete-commerce de Cyrillus

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Le papier rajoute

l’émotionà l’action

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La relation des marquesL'émotion du papier, c'est la découverte, c'estl'attention que l’on m'a portée. C'est lepartage, une notion que l'on voit aussi dansles calendriers de l'avent. La distributions'en est emparée pour créer une rencontrequotidienne avec le consommateur sur toutela période de l'Avent, avec la mise en avant depromotions.

Le papier n'est pas simplement générationnel.Ce qui est très important, c'est d'être en phaseavec l'attente du client. À l'instar des cataloguesCyrillus, qui sont adressés à des clientes jeunes,ou des catalogues de jouets, que les enfantscontinuent encore de découper.

Le catalogue ou les promotions créent uneattente. Au moment de Noël, les équipes deMEDIAPOST ont autant d'impatience que lesclients à recevoir des catalogues.

L'appétence pourl'imprimé publicitaireLe métier de MEDIAPOST est la communicationde proximité. Parler au plus grand nombre pourle compte de nos clients. Je peux témoigner del'importance du papier dans la relation desmarques avec le consommateur. Nous necommercialisons pas que du papier, nous

commercialisons toutes sortes de solutionspour créer du dynamisme, de la fréquentationdans les magasins. Jamais nous n'avons étéautant sollicités pour le papier.

La dernière étude IREP réalisée en matière deconsommation et de dépenses publicitairesmontre que : L'imprimé publicitaire resteaujourd'hui, parmi les médias traditionnels,celui qui se développe le plus. Son budget aaugmenté de + 2,8% sur les 9 premiers moisde l'année 2017.

Le média papier se consulte,il séduit, interpelle, il valorise la marque etcelui qui le reçoit.L'imprimé publicitaire amène de lafréquentation dans les magasins et sur lessites e-commerce. Il est également importantpour les collectivités territoriales et pour lespolitiques. Notre souhait est d'accompagnertous les commerces dans leur développement.De sa formule la plus simple à la plussophistiquée, le papier peut faire appel àd'autres sens tels que le goût ou l'odorat parexemple. Sa capacité à se renouveler, à être enadéquation complète, fait la différence etentraîne l'émotion.

La complémentarité est essentielle entre lesmédias historiques classiques, le papier, ledigital ou un mix entre les deux. Cyrillus a créédes catalogues personnalisés à partir de sesbases de données. On peut aussi créer de laréalité augmentée. On peut faire beaucoup dechoses avec le média papier.

Pour terminer, l’exemple du catalogue d'une-commerçant spécialisé dans les meublesdesign et la décoration. Il a opté pour uncatalogue papier distribué en imprimépublicitaire. D'une grande qualité de papier etd'un travail très soigné, ce catalogue estparfaitement complémentaire de sa stratégiedigitale qui est extrêmement forte pour doperses ventes de fin d'année. Ce catalogue visenotamment les jeunes actifs et les femmes.Même ce type de clients va vers le papier.

Nous pouvons être fiers de nos médias. Nousdevons tous ensemble continuer à promouvoirle papier, avec les autres médias. Je souhaiteporter haut les couleurs de nos médias. Avecle papier, nous rajoutons l'émotion à l'action !

Le témoignage d’Adèle Albano, Directrice Générale de Médiapost

Accompagner tous les commerces dans leur développement.

La mesure annuelle de MEDIAPOST tord lecoup à l'idée reçue selon laquelle les jeunes ne seraient plus attachés au média papier.

Chez les jeunes de 15-34 ans, il y a unregain d'intérêt :

• 6 jeunes sur 10 lisent au-moins un imprimé publicitaire par semaine.

• 1 sur 2 a téléchargé un ad-block.

La population des + 60 ans est très friande de tous types de courrier :

• le taux de lecture est très haut : 72%.

• le secteur caritatif est un secteur privilégié.

Les familles avec enfants sont trèsaccrochées au sport avec un taux delecture de 72%,

• Très connectées, les jeunes mamans (e-mums) continuent d'être attentives au catalogue

+ 71% des femmes, de tous âges, sontdes lectrices assidues.

Résultats de la mesure MEDIAPOST

Adèle Albano, Directrice Générale de Médiapost et Céline Pasquier, Directrice déléguéechez Iligo présente Papers Emotions

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17Présentation de la 1ère étude cognitive sur le média courrier, Paper Emotions

Le simple fait d'ouvrir la boîte aux lettres vacréer une émotion. L'état d'esprit est plutôtpositif, la curiosité attisée.

Les émotions suscitées sont plutôt positives.Les réponses au questionnaire mené surune dizaine de jours donnent en priorité : lacuriosité, le plaisir, la satisfaction, la sur-prise. En fin de liste, arrivent la colère, lapeur, le dégoût.

Ce qui crée le plus d'émotion : Les échan-tillons créent le plus d'émotion. C'est unesorte de « cadeau ». Le courrier adressé estsystématiquement vérifié. La trajectoire del'oeil les fixe longuement et intensément. Onchecke qu'il nous est bien adressé. Dans lecerveau, il y a tout de suite une appropria-tion du contenu, une « préférence », une « valorisation ». L'enveloppe : les individusmettent en avant un format d'enveloppespécifique, avec un cadre qui change.

Lorsque le ciblage est lié à du comporte-ment ou à des préférences, les émotionssont beaucoup plus importantes. Par exem-ple, quand une personne feuillette uncatalogue, même assez vite, dès lors qu’ellerepère un produit qui l’intéresse, l'émotionest immédiate et augmente.

Exemple : Lors du feuilletage d’un catalogue(imprimé sans adresse) quand soudain leregard se concentre sur un produit de jardi-nage, l’émotion est nette... Cette personneétait justement en train de refaire son jardinet ainsi fortement intéressée par les produits.

« Toutes les décisions sont majoritairementdirigées par de l'émotion. résume CélinePasquier, responsable de l’étude PapierEmotions. Ces éléments d'analyse prouventque le courrier va créer de l'émotion auprèsdes individus. En créant de l'émotion, on créede l'attachement aux marques, et donc c'estun business potentiel supplémentaire pour lesmarques. »

Un protocole d’étude en conditions réelles :Après avoir mis du courrier dans la boîteaux lettres des individus suivis, il leur étaitdemandé (sans qu’ils le sachent préalable-ment) d’aller relever leur courrier équipés delunettes pour filmer (eye tracking) et d’unbracelet pour mesurer leurs émotions. Aumoment de prendre son courrier dans la boîteaux lettres, iligo était capable de voir ce qu'ilregarde et si cela lui procure de l'émotion.Ensuite un questionnaire sur l’attention étaiteffectué. « Qu'est-ce que vous avez retenu ? »Ils ont été suivis pendant une dizaine de jourset interrogés sur leur relation quotidienneavec le courrier. « Qu'avez-vous retenu de votrecourrier ? Qu'est-ce qui vous a intéressé ?... » En savoir plus : présentation complète sur www.culture-papier.com

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Colloque Culture Papier

Vins et papiersinséparables alliés ?suite Compte rendu de Yoan Rivière

Si le « simple » amateur de vin se gardebien de se définir comme un spécialiste, iln’en sollicite que plus de conseils… « Ausein de l’étude que nous avons menée à lademande de Culture Papier sur le parcoursd’achat des Français pour le vin et le cham-pagne, 68 % des personnes interrogéesdisent avoir besoin de se renseigner. 12 % sedéclarent initiées et 1 % se déclarent experts »précise Eric Trousset.

Or, comme le note Alfred Laurent, direc-teur marketing et co-fondateur de « Twil »(The Wine I Love, plateforme d’e-commerce

spécialisée, ndlr), « Le papier rend crédiblel’information et traduit un engagement, déjàparce que l’imprimé suppose des coûts ». Et latendance n’est pas près de s’inverser, en destemps où le refus de consommer à l’aveuglesemble largement dépasser l’effet de mode,au point de faire des vins bio des succès quidurent. De là à dire que le phénomène estgénérationnel… « La Revue du Vin de France constate unregain des abonnements chez les personnesde moins de 35 ans. Il y a un véritable intérêtà savoir ce qu'il y a dans le verre, comment ila été fabriqué, etc. » confirme Thomas Her-son, éditeur délégué de La Revue du Vinde France.

Il serait toutefois réducteur de restreindrele papier à sa dimension strictement infor-mative et rassurante, qui plus est dans ununivers aussi hédoniste que celui du vin, choseque personne ne fera, et certainement pasVitalie Taittinger (Directrice communica-tion et marketing - Champagne Taittinger)

qui revient vite sur des notions de séduc-tion : « Le papier porte le récit et l'image.Il véhicule l'émotion qui doit toucher les genset les amener à aimer notre maison. Il estporteur d'une histoire, avec une dimensiontrès sensuelle. À travers l'image, l'impression,le grain de la photo, les mots vont raconter levin en entrant dans une dimension sensoriellequi fait largement écho à notre métier ». C’estévidemment l’étiquette qui porte en premiercette mission, en même temps qu’il lui fautbien sûr satisfaire à des exigences plusdescriptives.

Vitalie Taittinger, Directrice communication et marketing, Champagne Taittinger

Thomas Herson, éditeur délégué de La Revue du Vin de France.

Le guide "Vins et Santé® s'appuie sur les caractéristiques scientifiques du vin

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19COLLOQUE CULTURE PAPIER

Pour Jean-Bernard Magescas (journalistespécialisé pour L’Opinion, My Cuisine), lachose est même très sérieuse : « Je suis trèsà cheval sur l'étiquette. Elle participe du pou-voir de séduction du vin. Le Château Figeacpar exemple a changé ses étiquettes plusieursfois, mais de manière imperceptible. En lamodifiant petit à petit, ils ont su garderl'esprit, tant ils sont conscients du danger devouloir changer trop vite. La séduction, c'est

l'étiquette, et l'information, c'est la contre-étiquette. D'ailleurs on devrait codifier cescontre-étiquettes, avec les associations deconsommateurs, pour qu'on sache, de manièrescientifico-informative, ce qu'on va boire ».D’aucuns trouveront que cela fait beaucoupde travail et de responsabilités pour un sipetit espace d’expression et d’impression,mais le papier c’est aussi sûrement la culturedu détail, là où se niche toujours l’essentiel.

A sa façon, ce colloque 2017 abondant ensujets et digressions, en aura apporté unevivifiante démonstration.

Yoan Rivière, Rédacteur en chef du magazine Acteurs de la

filière Graphique

Observatoire Culture Papier 2017 : 2nd Volet

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Alain Kouck, Président de Culture Papieret d’Editis

Le plaisir du vin se décuple lorsqu'il s'ancredans le savoir, lorsqu'il se partage et secompare, et le papier participe à cettesublimation de mille manières. La sensationne devient plaisir qu'au fil d'opérationsmentales qui font appel aux souvenirs, à lacomparaison à des éléments appris. Uneaffaire de culture en quelque sorte.

Philippe Faure-Brac, Président de l'Unionde la Sommellerie Française (UDSF)

C'est compliqué quand on démarre dans le vinde savoir si un vin est bon. Je retiens qu'unetrès grande majorité de Français a besoin dese rassurer dans la démarche et dans l'achat.68% ont besoin de se renseigner, 1%s'estiment experts et 12% initiés.

Le contact direct de la parole est égalementtrès important. 46% des gens se renseignentauprès de leurs proches, 32% auprès desvendeurs, notamment pendant les foires auxvins ou chez un caviste.

On ne fait pas que goûter un vin, on goûteaussi une culture. Le papier permet de fairepasser cette information, et de la relire.

Georges Lepré, maître sommelier,responsable de la commission desmaîtres sommeliers à l'UDSF

Effectivement, la recherche d'informationsse situe au niveau de l'écrit, dans les guides,revues, magazines et journaux. Les jeunesdemandent à se cultiver sur ce sujet.

La consommation de vin a baissé de 50% parhabitant en 30 ans. Les consommateursdeviennent exigeants au plan qualitatif.Comme on n'est pas expert, on a besoin d'êtrerassuré. Le papier, la lecture, y contribuent.

Alfred Laurent, Directeur marketing, co-fondateur, Twil

Les Français font confiance au papier. Celaconfirme notre intuition chez Twil. Notreentreprise digitale a fait le pari de lancer lemagazine « Invincible ». Lors de nosdéplacements, on a remarqué que le côtéconcret du papier fait toujours son effet.Même pour lire un mail important, on atendance à l'imprimer. D'ailleurs, on peut levérifier à travers les succès d'entreprisescomme Cheerz (impression de photos enligne) ou Rosemood (design et impressionde faire-part sur internet). Le papier peutsurprendre de par toutes les possibilitésqu'il offre avec ses formats, ses reliefs, sescouleurs, tous les pliages possibles, etc.

Le papier rend crédible l'information. Descoûts sont engagés, on ne peut pas revenirdessus. Le message est crédibilisé.

Vins & papiersAffinités électives

Témoignages

Le vin et le papier ? le vin et la cellulose ? Le lien qui pouvaitsembler à première vue éloigné apparaît évident, en osmosemême. Papetiers, imprimeurs, éditeurs, journalistes, sommeliers,vignerons confirment qu’au-delà les analogies rapprochantdeux ressources naturelles, culture et viticulture, de nombreusessynergies nourrissent les deux filières industrielles.

Philippe Faure-Brac, Président de l'Union de la Sommellerie Française (UDSF) et Georges Lepré, maître sommelier,responsable de la commission des maîtres sommeliers à l'UDSF

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Adrien Tréchot, Editeur du guide « Vinset santé »

Pour les passionnés et les moins passionnés,le papier est un vecteur privilégié pourobtenir de l'information et se cultiver.

Le papier a besoin de se réinventer, dans lafaçon de le distribuer, le contact avec lelecteur... La vente par correspondance se faitdifficilement. Le contact avec le papier se faitailleurs. C'est souvent dans la façon devaloriser l'offre. Il y a un savoir-faire chezl'imprimeur, le façonnier, le papetier, quiéquivaut au savoir-faire d'un viticulteur. Laculture est très familiale, très paternaliste.Ces deux cultures se mélangent. 1% sedisent experts. Le papier doit pouvoirdémocratiser le vin, le rendre accessible.

Thomas Herson, éditeur délégué LaRevue des Vins de France

Les gens ont besoin de repères. Seulement1% s'estiment experts. En quoi le papierpeut-il contribuer à accompagner l'évolutionde la culture du vin et du comportement desconsommateurs ?

La Revue du Vin de France constate unregain des abonnements chez les personnesde moins de 35 ans. Il y a un véritable intérêtà savoir ce qu'il y a dans le verre, commentil a été fabriqué, etc.

Il n'est pas nécessaire de connaître un vinpour l'apprécier. C'est là où le papier doitagir : donner envie d'en savoir plus d'unpoint de vue émotionnel, et pas forcémenttechnique. Notre rôle, c'est d'autoriser lesgens à dire qu'ils aiment ou qu'ils n'aimentpas un vin.

Philippe Bidalon, rédacteur en chef,chroniqueur vins, L’Express

Très présent dans la littérature, le vin estune muse que beaucoup d'auteurs ontcouchée dans leurs œuvres. D'aprèsl'Observatoire Culture Papier, 12% desacheteurs durant les foires aux vinsdéclarent consulter les dossiers spéciauxdes magazines, 9% s'inspirent des guides et9% des articles de presse, soit un total de30%. Une bonne nouvelle.

Robert Parker, le gourou américain du vin,est à mon sens un exemple de l'influence del'écrit sur le goût du consommateur. Ildiffusait ses fameuses notes et commentairesdans ses articles de journaux et ses guides.Il a littéralement formaté le goût desconsommateurs américains et français.

Nos écrits tentent de donner au lecteur lesclés de ce monde magique et merveilleuxdu vin. Mais ont-ils de l'influence ? Je croisque oui. Pour preuve, il y a une trentained'années, le consommateur français nevoyait que par le Bordeaux, le Bourgogneet le Champagne. Aujourd'hui, la presse, lesguides et tout ce qui contribue à aider leconsommateur, ont élargi sa vision versdes régions pionnières sur la qualitécomme le Languedoc.

Marie-Noëlle Marengo, Château Hourtin-Ducasse, Vinificatrice

Les guides spécialisés sont fondamentauxpour faire exister une petite marque commela nôtre. Nous sommes de nombreuxvignobles sans gros moyens marketing.Nous avons besoin d'une caution, que l'on vachercher chez des professionnels, que cesoit sur support papier ou sur internet.

Une étiquette doit être vraie et authentique.Elle ne doit pas survendre, ni racontern'importe quoi. Depuis le millésime 2015,nous avons rajouté un QR Code sur nosétiquettes. L'enregistrement vidéo racontetoute la campagne du millésime. Pourl'instant, les gens ne sont pas encore prêts àles scanner.

Jean-Bernard Magescas, journalisteL’Opinion, My Cuisine

J'ajoute un chiffre supplémentaire : 86% desachats de vin sont faits dans les 3 heuresprécédant la consommation de la bouteille.Cela ne veut pas dire que les acheteurs n'ontpas lu des ouvrages savants sur le sujet ouqu'ils ne lisent pas les contre-étiquettes.

Je suis très à cheval sur l'étiquette. Elleparticipe du pouvoir de séduction du vin. LeChâteau Figeac par exemple a changé sesétiquettes plusieurs fois, mais de manièreimperceptible. En la modifiant petit à petit,ils ont su garder l'esprit, tant ils sontconscients du danger de vouloir changertrop vite.

La séduction, c'est l'étiquette, et l'information,c'est la contre-étiquette. D'ailleurs on devraitcodifier ces contre-étiquettes, avec lesassociations de consommateur, pour qu'onsache, de manière scientifico-informative, cequ'on va boire.

Vitalie Taittinger, directricecommunication et marketing,Champagne Taittinger

Chez Taittinger, nous sommes très attentifsà ce qu'on écrit sur notre maison. Ce que jeretiens de l'Observatoire, c'est que la plupartdes papiers qui sont lus sur le vin et qui sontimportants pour guider le consommateurconcernent finalement la première lecturedes vins. Plus de 70% des gens vont lesacheter en grande surface.

Notre approche sur le papier est différente.Nous lui accordons une valeur plus forte. Lepapier porte le récit et l'image. Il doitvéhiculer l'émotion qui doit toucher les genset les amener à aimer notre maison. Il estporteur d'une histoire, avec une notion trèssensuelle. À travers l'image, l'impression, legrain de la photo, les mots vont raconter le vinen entrant dans une dimension sensoriellequi fait largement écho à notre métier.

L'intégralité des Actes du Colloque Lesmodernités du papier sera disponible surle site culturepapier.com

VIN & PAPIER : AFFINITÉS ÉLECTIVES

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Quels rapports entretenez-vous avec lesupport papier, tant d’un point de vuepersonnel que professionnel ?

Je suis agrégée de lettres alors que je suisissue d’une famille d’agriculteurs et d’éle-veurs de chevaux. Enfant, j’avais un rapportcompulsif à la lecture, je lisais énormémentde livres et également des journaux car mesparents étaient abonnés à Ouest-France.Professionnellement, je lis sur écran quandle texte est court mais pour des sujets longs,le contact avec le papier demeure bien plusconfortable.Les professeurs de collèges savent qu’ilsdoivent conserver leurs cours en deux ver-sions, une sur écran et une sur papier, carnous ne sommes pas à l’abri d’une panne,d’un bug. La complémentarité de l’écranavec le papier reste essentielle.

Quels enseignements tirez-vous de votreexpérience de professeure ?

J’ai été professeure au collège de la 6ème à la3ème. Les équipements numériques sont debons outils, mais tous les élèves en ruraliténe possèdent pas encore de tablettes et lafeuille et le crayon restent des équipementsincontournables. D’un point de vue sociétal,nous butons sur le problème de savoir sinous devons nous diriger vers une sociététout écran, toute la journée, avec les consé-quences médicales qui les accompagnent,sur les yeux, sur le cerveau,….

Sommes-nous faits pour vivre devant desécrans ?

La modernité offre de nombreux avantages,et nous ne pouvons pas l’occulter, mais toutest une question d’équilibre. Et en premier

lieu, il faut développer les compétences à lalecture et son apprentissage pour que lesélèves puissent utiliser l’informatique à bonescient. Les compétences de bases sontapportées par la lecture sur papier. Si lesenfants sont confrontés trop jeunes auxécrans, ils ne développeront pas les mêmescapacités neurologiques. Il est prouvé quenous mémorisons mieux surpapier que sur écran. Notrecapacité d’attention diminue.Même en politique, les longsdiscours ne captent plusl’attention mais certainspolitiques, notamment auniveau local, ne l’ont pasencore compris !

Vous êtes membre dans laCommission de la Cultureet de l’éducation et devenezprésidente du grouped’études « Livre, Économiedu livre et économie dupapier », comment abordez-vous cette fonction ?

Il faut prendre toutes lesdimensions culturelles de ceséconomies. Le rôle du groupesera d’organiser des auditionsde personnalités qualifiées,de rencontrer des acteurs deterrains, d’effectuer de visitesde sites, de privilégier certainesactions avec des associationscomme « Lire et Faire Lire »,de défendre les librairies etmarchands de presse deproximité. Nous allons étudierquelles sont les problématiques

et ce que nous pouvons faire pour eux. Les jeunes députés, dont je fais partie veu-lent agir et rénover le fonctionnement enprofondeur de l’Assemblée, mais ce n’estpas simple.

Propos recueillis par PdF et OLG

Parole d’élue Les économies du livreet du papier ont des

enjeux culturelsGéraldine Bannier, députée de la Mayenne

La députée qui devient présidente du groupe d’études « Livre, économie du livre, économie du papier » est unepassionnée des livres et de la presse. Issue d’un petit villagede 670 habitants, dont elle était maire, elle souhaiteapporter un regard nouveau à la mission de députée.

Rencontre

Géraldine Bannier, députée de la Mayenne

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3 questions àValéry Leprévost , Directeur du BD + Café à Lille

Le projet initial de ce temple lillois de laBD a-t-il évolué depuis sa création ?

Depuis plus de quinze ans, il s’agit d’animerun lieu de culture et d’échanges avec pourparticularisme d’être une des rares librai-ries de BD dotée d’un café convivial où l’onpeut consommer café, softs et alcools (entoute modération) avant ou après s’êtreattardé sur les milliers d’ouvrages présentsdans la librairie.

Comment bien conseiller vos clients quandil paraît plus de 4500 titres par an ?

Notre marché conserve son dynamismejusqu’à une certaine surchauffe. Il fautsavoir le canaliser sans perdre son âme.D'autant qu'Il intéresse désormais toutes lesstrates de la population avec une féminisa-tion du lectorat, phénomène récent et enaugmentation. Il s’agit pour nous dès lors

de mettre en avant nos coup de coeur,d'organiser nos rayons afin de les rendrelisibles et de prendre le temps avec nosclients afin de leur proposer une sélection laplus proche de leurs attentes.

La bande dessinée se numérise-t-elle entermes de diffusion ?

Plus que jamais la bande dessinée est vécuesur papier, un « objet » qui se collectionne ets’offre et dont le » format » s’adapte mal auxtablettes et autres smartphones. Nous avonsbien conscience d'être un peu le village gau-lois de l'offre éditoriale qui résiste auxarmées romaines de la numérisation!

Propos recueillis par Philippe Vallains, Responsable Culture Papier Hauts-de-Franceà l'occasion d'un after work.

www.bdpluscafe.fr/blog/

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pour imprimer

LA GALIOTE

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dasÉVÈNEMENTS CULTURE PAPIER

Salon All for content

13 février (12h-13h) NEW CAP Event Center 75015

Atelier « Cibler. Fidéliser. Séduire : comment le catalogue se réinvente dans une logique pluricanale »

Smart, soft et sensuel : le catalogue ne cesse de s’adapter aubesoin des marques de s’implanter dans les foyers à l’ère desbig data, des écrans omniprésents et des réseaux sociaux.Loin d’être obsolète, le feuilletage apporte une réponseémotionnelle et sensorielle dans une relation clientèle qui sedécline via tous les supports de la marque.

Livre Paris

16 mars (10h30-11h30) Parc des expositions de la Porte de Versailles Paris, 75015

Atelier « Plaire et toucher » Comment l'éditioncapte l'attention des lecteurs ?

Du papier à la couverture, de la couleur à l'illustration, laforce d'un livre ne tient plus seulement à son auteur, maisaussi à sa mise en scène comme objet de séduction.

Papetiers, Graphiste, Editeurs de romans, de beaux livres et delivres d'enfant, libraires viendront partager leurs expériences.

Partenaires Culture Papier

La Chambre syndicale de la Reliure Brochure Dorure (RBD) Jeudi 8 mars (8h30-10h) Chez Françoise, aérogare des Invalides :

Petit-déjeuner : « La finition, valeur ajoutée du print, étatdes lieux et perspectives »

www.uniic.org

AUTRES ÉVÉNEMENTS

La Nuit du Livre® célèbre la beauté dans les livres Mardi 20 mars - Théâtre de l’Odéon.

www.lanuitdulivre.com

2ème édition du Challenge Studyprint

Sous le Haut Patronage de l’UNIIC, le site Presseedition.frréunit pour la deuxième année un jury de professionnels desmédias, de l’édition, de la communication pour valoriser laqualité de l’enseignement, la communication imprimée, et letalent des élèves des écoles en imprimerie sous forme detravaux à une association caritative.

Le jury se réunira à Paris fin mai 2018 pour élire leslauréats, pour une proclamation des résultats en juin 2018.

Cette année, les élèves et l’établissement vainqueurs duChallenge StudyPrint imprimeront, au profit de laFédération Française des Associations de Chiens guidesd’aveugles FFAC, un flyer et un marque-pages.

En 2017, le 1er Prix est revenu au Lycée professionnelCoëtlogon, à Rennes.

Renseignements et candidatures :www.presseeditions.fr

Semaine de la langue française et de la francophoniedu 17 au 25 mars

Plus de 1 500 rendez-vous sont proposés partout en Franceet dans le monde.

www.semainelanguefrancaise.fr

Semaine de la presse et des médias dans l’école®

du 19 au 24 mars organisée par le CLEMI

www.education.gouv.fr

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Artiste contemporaine active, Julie Mechaliassociée avec la costumière Marie-CarolineBéhut (Black Baroque) a remporté le GrandPrix de la Photographie du Patrimoine Gas-tronomique, dans le cadre du 8ème FestivalInternational de la photographie culinaire(FIPC) 2018 dédié au thème « Gastronomieet Haute couture » avec pour parrains, lechef triplement étoilé Christian Le Squer etle couturier Franck Sorbier.

L’univers de cette photographe culinaireépicurienne explore les Sens et la matière ettrouve son épanouissement aussi bien dans

des expositions individuelles et collectivesque dans de multiples collaborations pourdes ouvrages aussi vifs que colorés. Pour elle« la photographie culinaire est l’art de dégus-ter du bout des cils : admirez, sentez, touchezdu bout des yeux ! »

Sensible à la beauté de l'instant, à l'exaltationdes sens et perfectionniste à l'extrême, cha-cune de ses œuvres symbolise ainsi une « Sacralisation de la Vie dans l'Instant ». PdF

Julie Mechali, photographe culinaire

Le Grand Prix, de la Photographie duPatrimoine Gastronomique

co-présidé par Olivier de Tilière,Directeur du Journal du Parlement etSecrétaire général de la CommissionMalraux, et Catherine Dumas, Sénatrice de Paris, Vice-présidente de la Commission de la Culture avec en partenariat avec le Club de la Table française et Culture Papier, récompense une vision patrimoniale de la photographie culinaire.

Autres prix du FIPC

Prix du Public : Thomas Delhemmes

Grand Prix de l’alimentation : YeonJu Chung

Prix coup de cœur haute couture :Amaury Voslion

Grand Prix du Festival : YeonJu Chung

Créateur de papier

www.festivalphotoculinaire.com

www.juliemechali.com

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« Historiquement, au 19ème siècle et au débutdu 20ème le rôle du metteur en scène n’existaitpas. explique Danielle Mathieu-Bouillon, saprésidente. C’étaient les régisseurs détenteursdu ’ Brigadier’ et les auteurs qui assuraientles mises en scène. L’association rassemblanttous théâtres de l’époque s’est créée pourpréserver leur mémoire. » Hébergés dans la Bibliothèque historique dela Ville de Paris au cœur du Marais, près de35 000 documents ont été ainsi répertoriés

et numérisés : relevés de mise en scène,affiches, maquettes de décors et costumesde théâtre… la recherche s’effectue par titre,auteur, metteur en scène, comédien, décora-teur, théâtre. Subventionnée par la ville de Paris et leFonds de soutien du théâtre privé, l’ARTconserve, en complément de la BnF, unemajorité de fonds venant de théâtres privés,notamment des directeurs : Jacques Crépi-neau, Jacqueline Cormier, Jean-Jacques

Bricaire… ou d’ acteurs telsSuzanne Flon ou OdetteLaure… Refusant les modes,l’association se veut une vigiepour les prochaines généra-tions : « Je n’ai pas le droitd’être sélective, je prends tout,je n’ai pas de critères, la pos-térité décidera » s’enflammeDanielle Mathieu-Bouillon.L’ART veille aussi à perpé-tuer le prix du Brigadier(le fameux bâton des troiscoups d’ouverture), qui depuis1960 récompense chaque

année « un professionnel désigné par lesprofessionnels ». Le prochain sera décerné le21 février et succédera à Catherine Hiegel(2016) ou Michel Fau (2015). PdF

Consultation à la Bibliothèque Historique dela Ville de Paris, Hôtel de Lamoignon24, rue Pavée 75004 PARIS Tel: 01 44 59 29 40

www.regietheatrale.com

Lieu de papierLa mémoire du théâtre

Fondée en 1911, Association de la Régie Théâtrale (ART) recueilleet conserve tous documents traitant du spectacle vivant –théâtre, opéra, music-hall, cirque…. – Une mine d’or pour tousles passionnés et les chercheurs.

Rencontre

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Rural by Marc Veyrat

La montagne savoignarde vient à Parisrevisitée par le chef multi-étoilé Marc Veyratet c’est une excellente nouvelle pour tous lesamateurs de produits authentiques et decuisine généreuse et goûteuse. Dans un décorde chalet reconstitué, bois et peaux demouton en prime, le célèbre chef au chapeaupropose des spécialités locales : Planches de

charcuteries, Pormonier (saucisse de porc)sauce des sous-bois, chou vert et polentacrémeuse, Pela de tartifle des Aravis et lesdesserts servis au buffet – tarte citron, tartepralin, myrtilles et pain de Savoie. Un servicecontinu permet de venir grignoter à toutesheures. Le rapport qualité-prix est de plustrès remarquable. Plusieurs endroits permettent de s’isoler enpetits ou grands groupes : « la table du chef »

pour 18 personnes, 30 personnes dans « l’espace convivial » et 60 personnes dans l’ «espace authentique ». Menus : 25€, 30€, 35€. Palais des Congrès, 2,place de la porte Maillot – 75017 Paris et 78Boulevard Gouvion Saint-Cyr – 75017 Paris.Tel : 01 72 69 03 03. www.rural-paris.com

Les bonnes adresses :Restaurants avec salons

Une signature de contrat, un dîner entre amis, un déjeuneraprès une réunion d’entreprise… les raisons de chercher dessalons privés ou des endroits privatifs dans les restaurantssont nombreuses. Une sélection de petits et grands spots.

www.lagaleriedesmillesimes.fr

Brasserie MollardAlors qu’elle vient de souffler ses 150 ansavec le diplôme d’honneur de la CommissionMalraux, la Brasserie Mollard, s’est refaitune beauté avec une toute nouvelle verrièrecentrale exécutée à l’identique au centre dela salle par l’architecte Philippe André.Témoin de l’avènement du chemin de fer etde la naissance de la Gare Saint-Lazare,l’établissement, qui n’était au départ qu’unsimple «bougnat » n’a pas cessé de seréinventer en préservant le superbe décorfait de fresques et de grands miroirs œuvre

de l’architecte Edouard Niermans. Mollard est l’une des toutes dernièresbrasseries à être fièrement indépendante.Avec seulement depuis ses débuts deuxfamilles aux commandes : Les Mollard et lesGauthier. Aujourd’hui, c’est le petit-neveu etpetit-fils des frères Gauthier, StéphaneMalchow qui perpétue la tradition. On y trouve le meilleur des fruits de mer, despoissons entiers ou cuisinés comme la lotteà l’armoricaine, et des plats « signature » àl’image de la bouillabaisse ou des rognonsde veau flambés au Cognac et champignonsde Paris. En dessert, l’omelette norvégienneest un incontournable. Les salons du fonddivisibles en deux peuvent contenir jusqu’à130 personnes. Dans la partie centrale, partiessemi-privées accueillent jusqu’à 24 personnes. Menus 33,50€ et 61,55 € autour du homard115 rue Saint-Lazare – 75008 Paris. Tel : 01 43 87 50 22. www.mollard.fr

Et aussi : Les Chouettes // En face du carreau du Temple, danscet ancien atelier de bijouterie et de jouets, au décor Eiffel et saverrière, plusieurs espaces sont privatisables au premier etdeuxième étage dont un évoque une bibliothèque. Délicieusecuisine moderne et colorée comme la poitrine de volaille crispy,crème au vin jaune, carottes au pain d’épices.23 rue de Picardie - 75003 Paris - Tel : 01 44 61 73 21 - www.restaurant-les-chouettes-paris.fr

Sans oublier : Pomze // Ici, c’est presque un principe de base, le restaurant, à la cuisineinventive et délicate, dédié à la pomme, possède 3 salons privatifs de 8 à 21 couverts.109 Bd Hausmann – 75008 Paris. Tel : 01 42 65 65 83. www.pomze.com

www.hourtin-ducasse.com

Restaurant Louis

Lauréat 2014 de la dotation « jeune talent»du Gault&Millau, le chef Stéphane Pitré aouvert l’année suivante son restaurant Louis,en hommage à son père et son grand-pèredans un décor bleu pétrole et gris, sobre etchic, après un parcours auprès de grandschefs, tel Banctel ou Senderens.Pas de carte fixe mais des propositions enfonction du marché. Mélange de saveurs etd’influences – bretonnes, asiatiques… - le chefs’amuse aussi avec les textures. A titred’exemple, on citera la betterave en gaspachoglacé, eau de tomate clarifiée wasabi ; turbotconfit au citron, ragoût de girolles à lacacahuète, crème de marron et crème doubled’Isigny sorbet au chocolat grand cru éclatsde meringues et caramel tiré au tabac. Un petit salon bonbonnière, tout en pierresapparentes en sous-sol, permet de réunir de4 à 5 personnes.Menus déjeuner 3 temps : 36€, 6 temps :Menus dîner : 6 temps : 58€, 8 temps : 74€23 rue de la Victoire – 75009 Paris. Tel : 01 55 07 86 52.

www.louis.paris.fr

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Alexandre Najjar Mimosaéditions Les Escales, 140 p. 14,90€. Récit

Dans cet hommage àsa mère, l’auteur liba-nais, Alexandre Najjarnous fait partager lavie de cette femmeexemplaire et coura-geuse, mère de six en-fants, du Liban d’avantla guerre à celui desconflits à répétition

entre attentats et bombes. Dans ce récit oùfleurit une certaine nostalgie d’une enfanceenvolée, l’écrivain pointe du doigt l’impor-tance de la transmission, de l’éducation etbien sûr de l’amour maternel. On aimeraittous avoir une mère comme Mimosa, quimême partie, demeure dans le cœur de sesenfants et un peu dans notre esprit.

Florence Braunstein etJean-François Pépin Culturissime, le grand récit de laculture généraleGallimard. 680 p, 30€, Essai

Spécialistes de la dé-mocratisation de laculture – notammentauteurs des bestsel-lers La Culture géné-rale pour les Nuls, et 1kilo de culture géné-rale- le duo, FlorenceBraunstein et Jean-François Pépin récidive

pour notre plus grande édification, avec uneambition intacte et un plaisir communicatif.Ce nouveau pavé, foisonnant retrace ni plusni moins que toute l’Histoire de l’Humanitéen 4 grandes périodes : l’Antiquité, le Moyen-Âge, le Monde moderne et l’Époque contem-poraine, à travers trois angles : les Hommes,les Courants de pensée et les Monuments. Au hasard de la lecture, les curieux découvri-ront la seule femme Empereur de Chine, WuZeitan (624-705) ; l’Haskala, un mouvementde pensée qui se développe dans les commu-nautés juives d’Europe Centrale et Orientaleentre la fin du XVIIIe et le XIXe ; le templeBorobudur à Java, un des monuments les plusimpressionnants jamais créés par l’homme…Complété d’une superbe iconographie, cetaiguillon de curiosités prouve que la Culturegénérale reste une corne d’abondances, etque le format papier grâce à une maquetteaérée et des textes stimulants peut encoretenir tête au digital.

François Cérésa L’une et l’autreEditions du Rocher, 224 p. 17€. Roman

Un couple, marié de-puis plus de trente ans,voit leur relation s’userdans le quotidien et lesreproches. Le soir d’un31 décembre, l’épouse,Mélinda, revient commeelle était à 30 ans « telle Jane Fonda dansLes Félins ». Marc, le

mari en retombe amoureux. Fantasme ouréalité ? Ils entreprennent un voyage pourpréparer un documentaire sur les liens entrelittérature, cinéma et lieux, dans toute l’Eu-rope : Cervantès en Espagne, Portier de nuità Vienne, Hergé, Franquin, Morris et la bandedessinée à Bruxelles, Les Maris, les femmes, lesamants sur l’île de Ré…Le roman, qui au départ semble être juste laglorification de la jeunesse, se révèle plus pro-fond, nous parle d’amour, de sexualité, de fidé-lité, de jalousie. Et si l‘amour durait toujours ?

Gilles Lipovetsky Plaire et toucher. Essai sur la société de séduction Gallimard, 480 p., 23€. Essai

« La principale règleest de plaire et de tou-cher : toutes les autressont faites que pourparvenir à cette pre-mière. » La suprématiede la séduction queRacine revendiquaitpour le théâtre en1670, se généralise

désormais, selon le philosophe Gilles Lipo-vetsky à l’ensemble de notre culture. L’èred’une « séduction tentaculaire » remplaceune esthétique de la séduction invariantedans toutes les sociétés humaines. Si les rituels de séduction ont toujoursexisté - l’auteur en retrace l’histoire : du flirtau site jadopteunmec.com - c’est la premièrefois qu’une machine consumérisme de fa-brication du désir s’engouffre partout : de« l’affectuel » à « l’expérientiel ». Avec son lotde frustrations (dans la relation à autrui),d’infantilisations et d’addictions. Si l’auteur se refuse à diaboliser la séduction,il en appelle via l’éducation et la culture « à pro-mouvoir une séduction augmentée impulsant lespassions riches et bonnes, celles qui permet-tent la progression de soi, l’enrichissementdes expériences et des facultés humaines. »

Matthieu Letourneux Fictions à la chaîneSeuil, 560 p. 30€ Essai

Matthieu Letourneuxentreprend une pas-sionnante histoire de la« poétique de la sérialité »issue de « la montée enpuissance d'une culturemédiatique, liée à desconventions produisantun imaginaire collectif,

et celle de la culture marchande et deconsommation, qui suppose de produire desbiens fabriqués en série. » Le développement des pratiques sériellescorrespond à une transformation de notreculture qui déplace le centre de gravité dutriangle formé par l’auteur - le texte- le lec-teur à celle de la relation médiatisée via desproduits dérivés et déclinés et l’imaginairequ’ils entretiennent. Pour réussir cettearchéologie de la pop culture et de nosimaginaires nourries par les industriesmédiatiques et culturelles, Letourneux jongleavec les concepts critiques les plus pointus(transtextualités, architexte, …) pour mieuxembrasser toutes les techniques d’éditionet de diffusion en la pensant dans leurensemble, sur le long terme, et dans unecirculation créative entre les médias.

Isabelle Sivan Dankala Serge Safran éditeur, 272 p., 19, 90 €, Roman

Au Dankala, petit paysd’Afrique imaginaire,où la chaleur écraseles corps et les esprits,la colonie françaiseoscille entre ennui et vaines occupations.Des meurtres de sol-dats français vont venirréveiller les peurs et

les inimitiés entre le consul Richemont et lecolonel Patte et ce sont tous les expatriésqui s’enflamment. Qui tire les ficelles ? Quelest le rôle d’Achille un mendiant de la ville ?Isabelle Sivan, qui écrit ici son premierroman, a vécu plusieurs années de sonenfance en Afrique. Elle nous transmet lesoleil brulant et la difficile cohabitationdes expatriés et des locaux. Un romanentre policier et comédie de mœurs.

livres des idéeset

Des30

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