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e pr6l&ement en milieu liquide apparait aujourd’hui comme une alternative fiable et productrice au frottis conventionnel de Papanicolaou ou Pap Test. Une nouvelle technique, developpee par la societe Autocyte et presentee en France par Microm, propose un protocole qui devrait permettre une meilleure exploitation du re- cueil cytologique, du fait de son originalite : la phase liquide. La qualite de la lame d’etalement envoyee au laboratoire d’anatomo-cytopathologie est 1’ preleveur-dependante ‘a. Sur la lame, le cytologiste peut constater une fixation incomplete, divers artefacts, voire un echan- tillon trop pauvre (en moyenne 18 O/oseule- ment de cellules prelevees) g&-rant I’interpre- tation, voire conduisant a des faux negatifs. Le protocole Autocyte peut etre resume en trois &apes : - prelevement de cellules a la brosse deta- chable du mandrin (type Cervex Brush), - separation de la brosse de son mandrin et immersion dans un flacon de solution de conservation, qui permet de conserver 100 O/o des cellules prelevees, - traitement de l’echantillon, soit automa- tique, soit semi-automatique, soit manuel pour en-voi au laboratoire. Un traitement de sedimentation a travers un gradient de densite permet de selectionner les cellules importantes pour la lecture. II est egalement possible de concentrer le recueil si l’echantillon est peu abon- dant (femme menopausee), ou d’en reduire la densite s’il est trop abondant. Le laboratoire, nanti d’un echantillon de qua- lit& effectue I’etalement avec une partie de celui-ci. L’autre partie peut etre conservee pour des analyses ulterieures, notamment recherche de HPV en cas de frottis suspect. Le protocole automatique comporte un eta- lement et une coloration automatiques des lames, placees sous le microscope avec agrandissement de I’image sur &ran et pos- sibilite de focalisation et d’interpretation d’un cliche suspect. Le protocole manuel offre un rapport coirtlefficacite interessant. arls I’air du temps De plus en plus d’etudes remettent en cause la fiabilite du Pap Test comme ~1 etalon-or 1). La proposition de technologies recentes pre- sentees comme des alternatives au frottis (( classique )) reveille en quelque sorte une querelle des Anciens et des Modernes. Ces derniers arguent d’une frequence elevee de faux negatifs (jusqu’a 15 % chez des femmes developpant un cancer dans les deux ans), d’artefacts, de lames sans cellules (jusqu’a un tiers), d’une trop grande incidence des ver- dicts d’ASCUS* (jusqu’a 40 O/ode resultats “ ambigus >>) ou d’AGUS*... Pour toutes ces raisons, le Pap Test est en desuetude en Suisse... Le versant economic de Sante est represente par la necessite de reconvocations (8 a 12 O/o)pour diagnostic incertain que la nou- velle technique se propose d’eviter, se pre- valant de diminuer la proportion d’ASCUS tout en proposant de detecter davantage de bas grades et de CIN et d’eviter les frottis non interpretables, de mauvaise qualite, non significatifs ou trop inflammatoires... Si le systeme Autocyte revient plus cher par test que le frottis traditionnel, il permet en fait des economies par une meilleure precision au diagnostic/depistage. Le debat est done engage sur le terrain de la Sante publique comme sur celui de I’econo- mie de Sante. J.-M. M. D’apr& une r&mion des laborato;res Microm : *r Le pr.&vement en milieu liquide, une alternative au frottis conventionnel =, avec /.e Pr A. Verhest (Institut Jules-Bordet, Bruxellesl et /es Drs F: Lavieille Igym- cologue, Libourne), P Vassilakos (UrGersit de GenBve) et J. Saurel fgy&copathologiste, Le Bouscatl. * ASCUS : atypical squamous cells of undetermined significance ; AGUS : atypical glandular cells of undetermined significance. Termes r&sew& aux cas 00 /es anomalies sent plus importantes que des 1651ons &actionnelles mais sont insuffisantes pour porter /e diagnostic de /&ion i&a-6ppith6Me pour /es ASCUS et d’ad&o-carcinome invasif pour /es AGUS (in ccRecommandations pour /a pratique cli- nique, conduite 1 tenir devant un frottis anormal du co/ de I’ut&us Jo, ANAES, septembfe 1998). ccident ischemique c6r6bral transitoire, perte d’autonomie du sujet Sg6 : deux thkmes de sant6 publique pratique 1 16 Dans le cadre du MEDEC 1999, les Editions Elsevier ont propose aux mede- tins visiteurs I’exposition de deux sujets majeurs de medecine pratique, consti- tuant deux des chapitres de I’Encyclo- pedie AKOS de formation medicale conti- nue : I’accident ischemique transitoire (AIT), par le Dr Didier Rougemont, neuro- logue liberal (Paris), et la perte d’autono- mie chez le sujet age, par le Dr Yves Kagan, gerontologue (Fondation Roths- child, Paris). Comme son nom I’indique, I’AIT se carac- terise par sa duree breve (24 h), qui pose deux problemes : la banalisation frequen- te de I’accident par le patient, qui ne consulte pas, et la necessite d’un diag- nostic differentiel, auquel doivent aider certains signes specifiques : perte de vision transitoire (un seul ceil) ou diplopie, fourmillement dans les membres, deficit neurologique sensitif ou moteur, paralysie unilaterale, perte transitoire de la parole, troubles de I’equilibre... Du a une baisse du debit sanguin cerebral dans une aire cerebrale - d’ou les deficits fonctionnels et/au sensoriels -, les causes de I’AIT sont soit throm- bogene (obstruction sur stenose carotidienne), soit circulatoire (dis- section carotidienne), soit cardiaque (fibrillation auriculaire avec for- mation de micro-caillots). Du fait de sa rapide resolution, I’AIT n’est pas une urgence... En revanche, ce qui I’est, c’est la recherche des facteurs de risque car- dio-cerebra-vasculaires, car 40 % des sujets frappes d’un AIT feront un accident vasculaire cerebral (AVC), accident majeur dont la sequelle la plus lourde est I’hemiplegie et dont le taux de mortalite n’est pas negligeable : 50 000 de&s sur 130 000 AVC environ chaque an&e. Les consequences de I’atherosclerose dominent les facteurs declen- chant (30 a 40 O/o des cas), devant les embolies d’origine cardiaque (20 O/o)... La survenue d’un AIT impose done une exploration physique et bio- logique, la premiere faisant appel a I’imagerie et a l’electrocardio- gramme, la seconde au dosage du cholesterol, de la glycemie et des parametres hemobiologiques essentiellement. Le traitement vise a normaliser les parametres du risque de recidive : hyperlipidemie, hyperglycemic, hemostase primaire et troubles de la coagulation, hypertension arterielle... Dans des cas precis, sur des preuves en imagerie, une intervention chirurgicale sur les stenoses carotidiennes sera proposee. Au total, malgre son caractere systematiquement resolutif, I’AIT necessite une evaluation biologique et une prise en charge thera- peutique du fait de son caractere de ‘1 signal d’alarme ‘1 mais egale- ment de revelateur d’une maladie cardio-cerebra-circulatoire deja constituee, avec ses risques de complications. Revue Franpisa des Laboratoires, luinl999, N” 314

Pour un renouveau du Pap Test

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e pr6l&ement en milieu liquide apparait aujourd’hui comme une alternative fiable

et productrice au frottis conventionnel de Papanicolaou ou Pap Test. Une nouvelle technique, developpee par la societe Autocyte et presentee en France par Microm, propose un protocole qui devrait permettre une meilleure exploitation du re- cueil cytologique, du fait de son originalite : la phase liquide. La qualite de la lame d’etalement envoyee au laboratoire d’anatomo-cytopathologie est 1’ preleveur-dependante ‘a. Sur la lame, le cytologiste peut constater une fixation incomplete, divers artefacts, voire un echan-

tillon trop pauvre (en moyenne 18 O/o seule- ment de cellules prelevees) g&-rant I’interpre-

tation, voire conduisant a des faux negatifs.

Le protocole Autocyte peut etre resume en trois &apes : - prelevement de cellules a la brosse deta- chable du mandrin (type Cervex Brush), - separation de la brosse de son mandrin et immersion dans un flacon de solution de conservation, qui permet de conserver 100 O/o des cellules prelevees, - traitement de l’echantillon, soit automa- tique, soit semi-automatique, soit manuel pour en-voi au laboratoire. Un traitement de sedimentation a travers un gradient de densite permet de selectionner les cellules importantes pour la lecture. II est egalement possible de concentrer le recueil

si l’echantillon est peu abon- dant (femme menopausee), ou d’en reduire la densite s’il est trop abondant.

Le laboratoire, nanti d’un echantillon de qua- lit& effectue I’etalement avec une partie de celui-ci. L’autre partie peut etre conservee pour des analyses ulterieures, notamment recherche de HPV en cas de frottis suspect. Le protocole automatique comporte un eta- lement et une coloration automatiques des lames, placees sous le microscope avec agrandissement de I’image sur &ran et pos- sibilite de focalisation et d’interpretation d’un cliche suspect. Le protocole manuel offre un rapport coirtlefficacite interessant.

arls I’air du temps

De plus en plus d’etudes remettent en cause la fiabilite du Pap Test comme ~1 etalon-or 1). La proposition de technologies recentes pre- sentees comme des alternatives au frottis (( classique )) reveille en quelque sorte une querelle des Anciens et des Modernes. Ces derniers arguent d’une frequence elevee de faux negatifs (jusqu’a 15 % chez des femmes developpant un cancer dans les deux ans), d’artefacts, de lames sans cellules (jusqu’a un tiers), d’une trop grande incidence des ver- dicts d’ASCUS* (jusqu’a 40 O/o de resultats “ ambigus >>) ou d’AGUS*... Pour toutes ces raisons, le Pap Test est en desuetude en Suisse... Le versant economic de Sante est represente par la necessite de reconvocations (8 a

12 O/o) pour diagnostic incertain que la nou- velle technique se propose d’eviter, se pre- valant de diminuer la proportion d’ASCUS tout en proposant de detecter davantage de bas grades et de CIN et d’eviter les frottis non interpretables, de mauvaise qualite, non significatifs ou trop inflammatoires... Si le systeme Autocyte revient plus cher par test que le frottis traditionnel, il permet en fait des economies par une meilleure precision au diagnostic/depistage. Le debat est done engage sur le terrain de la Sante publique comme sur celui de I’econo- mie de Sante.

J.-M. M.

D’apr& une r&mion des laborato;res Microm : *r Le pr.&vement en milieu liquide, une alternative au frottis conventionnel =, avec /.e Pr A. Verhest (Institut Jules-Bordet, Bruxellesl et /es Drs F: Lavieille Igym- cologue, Libourne), P Vassilakos (UrGersit de GenBve) et J. Saurel fgy&copathologiste, Le Bouscatl.

* ASCUS : atypical squamous cells of undetermined significance ; AGUS : atypical glandular cells of undetermined significance. Termes r&sew& aux cas 00 /es anomalies sent plus importantes que des 1651ons &actionnelles mais sont insuffisantes pour porter /e diagnostic de /&ion i&a-6ppith6Me pour /es ASCUS et d’ad&o-carcinome invasif pour /es AGUS (in cc Recommandations pour /a pratique cli- nique, conduite 1 tenir devant un frottis anormal du co/ de I’ut&us Jo, ANAES, septembfe 1998).

ccident ischemique c6r6bral transitoire, perte d’autonomie du sujet Sg6 :

deux thkmes de sant6 publique pratique 1

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Dans le cadre du MEDEC 1999, les Editions Elsevier ont propose aux mede- tins visiteurs I’exposition de deux sujets majeurs de medecine pratique, consti- tuant deux des chapitres de I’Encyclo- pedie AKOS de formation medicale conti- nue : I’accident ischemique transitoire (AIT), par le Dr Didier Rougemont, neuro- logue liberal (Paris), et la perte d’autono- mie chez le sujet age, par le Dr Yves Kagan, gerontologue (Fondation Roths- child, Paris).

Comme son nom I’indique, I’AIT se carac- terise par sa duree breve (24 h), qui pose deux problemes : la banalisation frequen- te de I’accident par le patient, qui ne consulte pas, et la necessite d’un diag- nostic differentiel, auquel doivent aider certains signes specifiques : perte de vision transitoire (un seul ceil) ou diplopie, fourmillement dans les membres, deficit neurologique sensitif ou moteur, paralysie unilaterale, perte transitoire de la parole, troubles de I’equilibre... Du a une baisse du debit sanguin cerebral dans une aire cerebrale - d’ou les deficits

fonctionnels et/au sensoriels -, les causes de I’AIT sont soit throm- bogene (obstruction sur stenose carotidienne), soit circulatoire (dis- section carotidienne), soit cardiaque (fibrillation auriculaire avec for- mation de micro-caillots). Du fait de sa rapide resolution, I’AIT n’est pas une urgence... En revanche, ce qui I’est, c’est la recherche des facteurs de risque car- dio-cerebra-vasculaires, car 40 % des sujets frappes d’un AIT feront un accident vasculaire cerebral (AVC), accident majeur dont la sequelle la plus lourde est I’hemiplegie et dont le taux de mortalite n’est pas negligeable : 50 000 de&s sur 130 000 AVC environ chaque an&e. Les consequences de I’atherosclerose dominent les facteurs declen- chant (30 a 40 O/o des cas), devant les embolies d’origine cardiaque (20 O/o)... La survenue d’un AIT impose done une exploration physique et bio- logique, la premiere faisant appel a I’imagerie et a l’electrocardio- gramme, la seconde au dosage du cholesterol, de la glycemie et des parametres hemobiologiques essentiellement. Le traitement vise a normaliser les parametres du risque de recidive : hyperlipidemie, hyperglycemic, hemostase primaire et troubles de la coagulation, hypertension arterielle... Dans des cas precis, sur des preuves en imagerie, une intervention chirurgicale sur les stenoses carotidiennes sera proposee. Au total, malgre son caractere systematiquement resolutif, I’AIT necessite une evaluation biologique et une prise en charge thera- peutique du fait de son caractere de ‘1 signal d’alarme ‘1 mais egale- ment de revelateur d’une maladie cardio-cerebra-circulatoire deja constituee, avec ses risques de complications.

Revue Franpisa des Laboratoires, luinl999, N” 314