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Pour une histoire politique by René RÉMONDReview by: Danièle Hervieu-LégerArchives de sciences sociales des religions, 34e Année, No. 68.2 (octobre-décembre 1989), pp.286-287Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/41623576 .

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

65.329 PRUTER (Karl). Jewish Christians in the United States. A Bibliography. New York - Londres, Garland Pubi., 1987, 192 p.

Cette bibliographic (avec uniquement des titres en langue anglaise), comporte 1559 entrées classées en chapitres et sous-scctions ; un commentaire de l'auteur situe les diverses sections. Le thème des « Juifs messianiques » ou « judéo-chréticns » fascine aujourd'hui nombre de chercheurs non judéo-chréticns. Pourquoi ? Diverses indications suggèrent que le mouvement judéo-chrétien aux États- Unis est en expansion constante depuis quinze ans, avec de plus en plus de groupes organisés éparpillés à travers le pays. Ainsi les réalités sociologiques - familles et mariages mixtes, contexte global pluraliste, etc. - susci- tent des combinaisons religieuses qui font fi des oppositions millénaires, des antagonis- mes théologiques « irréductibles ».

L ouvrage de K.P. recense les innombrables tracts publiés par des missions judéo-chrc- tiennes, notamment ceux des Jews for Jesus, illustrés de caricatures fort drôles, qui à eux seuls mériteraient une étude ! Dépassant le thème proprement américain annoncé par son titre, le livre offre aussi une liste de travaux ďinspiration historique sur le judéo-christia- nisme des premiers siècles ; il signale les nombreuses biographies de convertis, des étu- des diverses envisageant le mouvement tant du point de vue chrétien, plus ou moins bien- veillant, que du point de vue juif, en général plus sévère. Le chapitre "Christian Denomi- nations and Jewish Missions" classe séparé- ment de nombreuses références (80) pour le catholicisme, d'autres pour les baptistes du sud, pour les assemblées de Dieu, etc. A pro- pos du catholicisme, l'A s'étend quelque peu, dans son commentaire, sur Edith Stein, juive allemande devenue carmélite, assassinée par les nazis, récemment béatifiée. Une Guilde Edith Stein, sise à New York, veut, très pru- demment, promouvoir une meilleure compré- hension entre Juifs et chrétiens. De précieuses références (articles de revues américaines peu connues) complètent cette brève présentation.

Cette bibliographie présente néanmoins une lacune : elle ne recense que rarement des reportages parfois importants, dans des jour- naux sériéux, sur des événements ou des inci- dents concernant tel ou tel groupe judéo- chrétien : ces articles comportent souvent des informations appréciables.

Il s'agit cependant d'un excellent instru- ment de travail ; il rendra certainement ser- vice aux chercheurs qui, à mon avis, vont continuer à s'intéresser à une réalité socio- religieuse diffuse, protéiforme, mais apparem- ment bien installée...

Jacques Gutwirth.

68. 330 RÉMOND (Rcnč), ód. Pour une histoire politique. Paris, Ed. du Seuil, 1989, 400 p., index.

En finir avec les caricatures d'une histoire politique, abusivement assimilée à « l'histoire événementielle » par quelques interprètes pa- resseux de la critique de l'histoire anccdoti- que et individualiste qu'a développée l'École des Annales, tel est le propos explicite de ce recueil, qui réunit, sous la direction de R.R., les signatures d'une douzaine de contcmpora- néistes français. Plutôt que d'un manifeste, il s'agit, selon ses AA., d'une « affirmation col- lective » visant un public intéressé par les déve- loppements du champ historique, et destinée à susciter des vocations nouvelles. Le retour en force de l'histoire politique, après une lon- gue période de déclin et d'effacement, tient largement aux métamorphoses de son objet, depuis la Seconde Guerre mondiale : la prise de conscience de la consistance propre du politique a suivi l'cxpéricncc des guerres et des crises et l'extension du domaine de l'action politique qui leur a fait suite. Contrairement à quelques idées reçues, la sensibilité de l'opi- nion à la dimension proprement politique de la vie collective, y compris sur le terrain le plus quotidien, n'a jamais été aussi forte. Cette réaffirmation du politique a rencontré et démultiplié les effets de rénovation interne que la critique de l'histoire événementielle et la confrontation avec d'autres sciences socia- les (la sociologie en particulier) avaient pro- duits dans le champ môme de l'histoire po- litique. C'est de ce renouveau que cet ouvrage entend témoigner, en dressant des bilans des recherches engagées en différents domaines : les élections, les partis, l'association en politi- que, la recherche biographique, l'opinion, les médias, les intellectuels, les idées politiques, le langage politique, les rapports entre politique intérieure et politique étrangère, la guerre etc. On doit à Aline Coutrot, dont la disparition en 1987 a endeuillé notre communauté scientifi- que, un chapitre sur la religion traitée du point de vue de l'histoire politique, à travers l'ana-

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BULLETIN DES OUVRAGES

lyse des rapports entre identité religieuse et attitudes politiques, l'étude des interventions de l'épiscopat en matière sociale et politique, le traitement des mouvements comme lieux de socialisation politique, l'identification du vote chrétien, l'examen de la presse confession- nelle, ou encore l'analyse de questions « sensi- bles », comme celle de l'école.

Daniele Hcrvicu-Légcr.

65.331 REYOR (Jean), éd. Pour un aboutissement de l'œuvre de René Guénon. Aperçus sur l'initiation. Milan, Arche, 1988, 307 p.

Sous ce titre fort clair, l'éditeur a réuni une trentaine d'articles publiés par Marcel Cla- vcllc sous le pseudonyme de J.R. entre 1950 et 1960 principalement. Peu de temps avant sa mort, R.G. poussé par les questions de ses lec- teurs avait donné une série d'articles sur l'ini- tiation et la réalisation spirituelle que son œuvre impliquait. Comment vivre cette rup- ture radicale avec les modes de pensée domi- nant dans la vie occidentale ? J.R. dirigea alors sa revue jusqu'au moment où Michel Valsan, en 1960, la tourna délibérément vers l'islam (il s'agit de la revue Études traditionnelles). Les explications et les compléments apportés par J.R. constituent donc la première exégèse des livres de Guénon.

Il tenta de donner réalité à l'affirmation de La Crise du monde moderne selon laquelle l'Église catholique et la franc-maçonnerie constituaient les seules organisations occi- dentales susceptibles d'être le point de départ et le cadre d'une renaissance de la tradition.

M. Clavcllc est mort le 3 juillet 1988 et les textes rassemblés ici sont une contribution importante pour la question de lcsotérismc chrétien.

Jean-Pierre Laurant.

65.332 RICCARDI (Andrea). Il Potere del papa da Pio XII a Paolo VI. Bari, Laterza, 1988, 390 p.

L'historien romain AR. est sans doute le meilleur guide pour conduire le lecteur à tra- vers la complexe géographie politique et théo- logique du Vatican. Il circule en effet dans un

demi-siècle de politique vaticane, allant des prises de position extérieures aux rapports de force internes au Saint-Siège. Il a choisi le prisme du pouvoir, au cœur selon lui de la théo- logie pontificale, et fournit, au moyen d'une étude serrée du style des pontifes, de leur manière de travailler, un examen du pouvoir pontifical et de ses limites, sous l'angle de l'histoire des trois pontificats successifs de 1939 à 1978, quarante années qui ont vu s'im- poser les plus grands changements dans le monde et dans l'Église catholique. La manière même d'exercer le pouvoir a changé : l'on est passé, notc-t-il, de l'exercice solitaire à l'af- firmation selon laquelle le primat s'affirme dans la collégialité.

Les différents papes sont étudiés. Pic XII d'abord, à propos duquel l'auteur reprend le mot de Jacques Maritain, « un romain d'ori- gine et d'esprit », pape d'une époque particu- lièrement difficile : le temps de la guerre et de la reconstruction, le temps aussi d'une Église triomphante, mais engagée dans la crise de la société occidentale. Pic XII apparaît comme le guide d'un catholicisme mobilisé, appelant constamment les catholiques au militantisme, fortement engagé dans le combat anti-com- muniste, ce nouvel islam, « produit pervers du modernisme », apparaissant ainsi, dans le nouveau contexte international bipolaire, comme un « patriarche d'Occident ». Le style de Pic XII est finement analysé : il s'occupe de tout, il est présent partout : « se révèle en lui l'anxiété de tout traiter avec son intelligence pessimiste et analytique comme dans un défi entre son énergie d'homme seul et la comple- xité du monde » ; est souligné l'isolement du pape au sein du Vatican traversé de multiples courants antagonistes, parcouru de multiples réseaux, et par rapport à une opinion publique qui voudrait un pape plus proche, « plus humain ». Est soulignée une réalité de crise à la fin du pontificat.

Jean XXIII devait répondre à cette crise d'image. La nomination de Mgr. Tardini comme Secrétaire d'État révèle sa volonté de combler un vide typique du système de gou- vernement de Pic XII qui n'avait jamais rem- placé Mgr. Maglione décédé en 1944 ; la Curie reprend avec le nouveau pape son fonctionne- ment traditionnel, sans être modernisée ni bouleversée. Plutôt que de s'attaquer à un instrument complexe dont la maîtrise lui échappe, il préfère affirmer le caractère pasto- ral du pontificat : ses paroles, ses gestes, son style, sa voix môme, suffisent à créer le chan-

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