Sommaire Préambule Résumé et mots clé Introduction Objet et demarche Structure de l’étude Chapitre IV Recommandations Conclusions Histoires de vie Communication du président du REMESS Annexes Bibliographie Chapitre I : contexte et historique Chapitre II : déroulement de la mission Chapitre III : synthèse et analyse

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Sommaire

Préambule

Résumé et mots clé

Introduction

Objet et demarche

Structure de l’étude

Chapitre IV Recommandations

Conclusions

Histoires de vie

Communication du président du REMESS

Annexes

Bibliographie

Chapitre I : contexte et historique

Chapitre II : déroulement de la mission

Chapitre III : synthèse et analyse

PREAMBULE

La finalité de cette étude

La finalité de cette étude préliminaire est de mieux comprendre la situation des femmes pour soutenir leur insertion socio-économique et donc valoriser leur travail et efforts. La valorisation économique du travail féminin aide à renforcer le positionnement de femmes dans la société et favorise un changement de mentalité. L’idée de cette étude est née du fait que pour la zone d’intervention (provinces d’Errachidia et Midelt) il n’y a pas suffisamment de documents, d’informations ou de données disponibles sur les conditions socio-économiques des femmes. Donc, pour améliorer la connaissance de la zone et pour assurer un travail de soutien aux organisations féminines, il est nécessaire de mener des études monographiques et de recherche-action sur les thématiques d’intérêt. Les sources d’inspiration pour cette étude ont été des publications produites au Maroc (ODCO sur le coopératives féminines et Amappe/Oxfam Québec sur les activités économiques potentielles dans certaines provinces du maroc). Bien que l’étude ait été menée avec des moyens limités, elle a déclenché des résultats importants à travers cette action de recherche : une dynamisation du tissu associatif, un intérêt ravivé des femmes rencontrées et une volonté croissante d’assurer un travail de continuité et suivi sur les thématiques traitées et dans la zone concernée. Oxfam Italia s’engage donc à donner continuité à ce travail et à favoriser la coordination et les synergies avec les partenaires agissant dans la zone d’intervention et au Maroc.

Francesca Gilli Représentante d’Oxfam Italia au Maroc

La coopérative : l’entreprise qui autonomise la femme.

Ma réponse à l’idée de réaliser une petite étude sur les coopératives et associations de femmes dans les provinces d’Errachidia et de Midelt que Francesca Gilli d’Oxfam Italia m’a proposée, est d’emblée, « allons-y ». Elle m’avait expliqué qu’elle disposait d’un budget limité et que nous pourrions trouver un appoint pour achever le travail et j’ai répondu « nous avons plus que l’argent, la volonté ». En effet, ma conviction que la coopérative constitue le cadre idoine pour l’autonomisation de la femme par l’économique remonte à une trentaine d’années. Je connaissais beaucoup de féministes qui se battaient dans des rencontres et à travers la presse pour rendre justice à la femme. Cependant, je me disais toujours que la dernière bataille passe incontestablement par l’instauration d’une démocratie économique. Le changement des mentalités, aussi bien des hommes que des femmes vis-à-vis de la question féminine, ne pourra se faire qu’à travers l’entreprise. Evidemment, il ne s’agit pas de l’entreprise classique, dans laquelle la femme est exploitée, manipulée par les syndicats et les partis politiques en période d’élection et harcelée par les hommes au sein de l’usine, à la sortie de l’usine et dans la rue. Dans les zones industrielles ou des activités économiques, on remarque que les ouvrières prenaient leur déjeuner de fortune en plein air à même le sol. À l’ombre d’un arbre quand il ne pleut pas ou à l’abri d’un mur quand il fait mauvais temps. Dans le monde rural ou dans les quartiers périurbains, des centaines, sinon des milliers de femmes et de jeunes filles sont transportées par des camions ou des charriots pour aller faire des cueillettes de légumes, de fruits ou encore d’autres travaux agricoles dans des fermes environnantes appartenant à des investisseurs, qui ne sont pas des agriculteurs, et ce sans aucune couverture ni prévention sociale. Ainsi, les femmes se trouvent en situation marginalisées. Beaucoup de déclarations d’intention sont faites aussi bien par les pouvoirs publics, les partis politiques, les organisations du système onu et les ong, mais les avancées restent insuffisantes. Durant mon parcours professionnel et para-professionnel, j’ai suivi l’évolution de l’intégration de la femme. Je voudrais rappeler ici quelques dates importantes: • En 1985, j’ai supervisé une note tirée sur stencil qui a fait le constat sur les

coopératives de femmes au Maroc, et a eu un écho favorable dans les différents milieux universitaires internationaux.

• En 1995, j’ai repris le même document, l’ai fait faire développer et l’ai publié. C’est ce travail qui a servi comme canevas pour la présente étude menée au niveau des provinces d’Errachidia et de Midelt,

• En 1995, (même année), j’ai apporté mon soutien à l’association Ibn Al Baytar pour l’accompagnement du premier groupe de femmes dans la constitution

d’une des premières coopératives de production d’huile d’argan. Cette première coopérative a été le fer de lance d’un processus de foisonnement de coopératives dans le domaine de l’argan (plus de 150 coopératives, 2 unions et 4 groupements d’intérêt economique de coopératives). Actuellement, l’association nationale des coopératives arganières (ANCA) est membre actif du Remess. Cette expérience ne pourrait-elle pas s’ériger en un modèle qui inspire d’autres filières?

Je me suis réjoui, à l’occasion de la journée internationale des coopératives, que les trois coopératives ayant obtenu les trois prix décernés lors du concours organisé à Rabat par le Remess et la fondation CDG le 7 juillet 2012, soient féminines, relevant des filières de l’arganier et de l’artisanat et venant de zones enclavées.

Ahmed AIT HADDOUT, Président du REMESS.

Le REMESS

Le Réseau Marocain de l’Economie Sociale et Solidaire - REMESS a été crée le 25 Février 2006 à partir d’un parterre d’une vingtaine d’associations agissant dans le domaine de l’économie sociale et solidaire. La création du réseau a eu ses origines à partir des rencontres avec le Réseau Intercontinental pour la Promotion de l’Economie Sociale et Solidaire (RIPESS) lors du Forum Social Mondial tenu à Porto Alegre en 2005. Elle a été renforcée par la rencontre de DAKAR 2005 sur l’Economie Sociale et Solidaire et par un appui d’Oxfam Québec. Le REMESS est membre du RIPESS et fait également partie d’un collectif de réseaux associatifs nationaux et internationaux.

Actuellement, le REMESS se compose de 9 pôles dans différentes régions du Maroc et de 52 Adhérents (Entreprises de l’Economie Sociale et Solidaire, associations, coopératives, GIE, mutuelles…) agissant dans le domaine de l’économie sociale et des activités génératrices de revenu et créatrices d’emploi.

Les Objectifs du REMESS sont :

• Promouvoir l’ économie sociale et solidaire (ESS) et sa territorialisation; • Développer le commerce équitable; • Promouvoir la finance solidaire; • Développer le tourisme durable; • Appuyer les initiatives locales de création d’activités économiques; • Sensibiliser les valeurs et les principes de l’économie sociale et solidaire; • Appuyer les initiatives locales de création d’activités économiques, notamment

par le biais de coopératives dans le monde rural;

Oxfam

La confédération d’Oxfam international est composée de 17 affiliés provenant de différents pays du monde. Ces affiliés travaillent dans plus de 90 pays avec 3000 partenaires. La confédération Oxfam représente la société civile dans des instances globales tellles que le comité de la sécurité alimentaire de la FAO ou bien les fonds globaux pour la lutte contre le SIDA. Oxfam travaille dans différents secteurs d’intervention (justice économique, services essentiels, justice de genre et droits en situation de crise). Les programmes d’Oxfam visent à trouver des solutions durables contre la pauvreté à travers des actions de développement et d’assistance humanitaire ainsi que à travers des campagnes globales d’information.

Oxfam Italia Oxfam Italia est née de l’expérience de Ucodep, une ONG italienne qui depuis 30 ans a été engagée avec passion et professionnalité dans la lutte contre la pauvreté et l’injustice pour améliorer les conditions de vie des personnes pauvres dans le monde. Depuis 2010, Oxfam Italia est l’affilié italien de la confédération d’Oxfam international, qui compte parmi les agences le plus importantes au monde spécialisées dans les projets de développement et aide humanitaire. Oxfam Italia a concentré principalement son travail dans les secteurs de la justice économique et de promotion de la gouvernance locale. Cette intervention est exécutée en partenariat avec une centaine d’institutions et associations. Environ deux-cents personnes travaillent avec Oxfam Italia, dans son siège ou dans une vingtaine de pays (Moyen Orient et Afrique du Nord, Afrique subsaharienne, Asie et Amérique latine). Oxfam Italia travaille au Maroc depuis 2008 dans le Haut Atlas Oriental (région de Meknès-Tafilalt) en partenariat avec l’association Adrar pour améliorer les conditions de vie des populations rurales de la zone et pour assurer la durabilité des interventions et la sauvegarde de ressources naturelles et de la biodiversité (financements fida et autres bailleurs privés). En 2013 Oxfam Italia a lancé un programme régional avec des partenaires maghrébins (REMADEL et REMESS) pour consolider la participation active et durable de la société civile du Maghreb, en faveur d’un milieu rural attrayant et dynamique et pour améliorer les conditions de vie des populations maghrébines défavorisées.

RÉSUMÉ

Cette étude est le résultat d’un travail réalisé entre le Réseau marocain de l’economie sociale et solidaire (REMESS) et Oxfam Italia pour intégrer les données (très rares) à disposition sur la thématique de l’insertion socio-économique des femmes dans les provinces d’Errachidia et Midelt au Maroc.

Le document se base sur des sources documentaires, des informations collectées préalablement par les partenaires et contextuellement aux visites faites sur le terrain. Ce travail de collecte des données qualitatives et d’analyse doit être vu comme un point de départ auquel il faudra donner continuité.

Le document présente des données générales sur la situation de la femme au Maroc ainsi que des informations sur la zone d’intervention et les conditions de vie et de travail des femmes.

Des recommandations générales ainsi que spécifiques à la zone d’intervention ont été formulées pour mieux identifier les axes prioritaires et les actions à réaliser afin de soutenir l’autonomisation socio-économiques de femmes, en particulier dans la zone ciblée par l’étude.

Mots clés: autonomisation socio-économique, insertion, femmes, Midelt, Errachidia, Maroc, REMESS, Oxfam,

INTRODUCTION

Ce travail a été realisé dans le cadre de l’initiative financée par «Fondazione Cariplo », « Regione Lombardia » et « Fondazione Zegna » à travers un partenariat entre l’ONG Oxfam Italia et le Réseau Marocain de l’Economie Sociale et Solidaire – REMESS. L’objectif à terme de l’étude est de contribuer à l’amélioration des connaissances sur les conditions socioéconomiques des femmes dans la province d’Errachidia et Midelt, par l’élaboration d’ un diagnostic rapide à partir d’un état des lieux. Avec ces données, on pourra procéder à une analyse des ces conditions pour établir certaines recommandations qui peuvent diriger les activités et méthodologies futures. L’étude s’inscrit dans le cadre d’une initiative « The Circle –Maroc » qui veut promouvoir l’insertion socio-économique des femmes. Elle est appuyée par Oxfam Italia et ses partenaires, notamment le REMESS (qui œuvre dans la région par le biais de son pôle RADOSE – Réseau des Associations de Développement des Oasis du Sud-Est), ainsi que par d’autres acteurs associatifs et institutionnels et par la participation de tous les acteurs locaux qui travaillent selon les principes et les valeurs de l’économie sociale et solidaire. Concernant le secteur associatif de la zone, il faut signaler le travail de proximité fait par l’association ADRAR dans les zones de montagne et dans les zones enclavées des provinces d’Errachidia et Midelt. Il faut en outre citer le partenariat entre le REMESS et l’ONG belge ECHOS Communication qui a permis l’introduction de la méthodologie du Coaching Territorial, une approche innovante qui veut améliorer la communication entre les acteurs d’un territoire et accompagner le processus de développement et changement. Cette étude est bâtie, en outre, sur les expériences précédentes et compétences des partenaires. Le choix de se focaliser sur les conditions socio-économiques de femmes est dicté par l’intérêt que le REMESS et Oxfam Italia portent aux thèmes de l’économie sociale et solidaire et par leur volonté d’assurer la justice économique pour femmes et hommes et pour lutter contre la pauvreté des populations vulnérables. Les choix de provinces a été fait pour capitaliser sur le travail précédent des partenaires et pour améliorer le travail de recherche sur la zone. Les études sur la zone cible, en effet, ne sont pas actualisées ou sont assez générales. Bien que probablement les conditions de vie n’ont pas connu d’évolutions significatives, il serait important de pouvoir faire des recherches plus approfondies et de systématiser les documents existants afin d’avoir des monographies sur les régions ciblées.

OBJET et DEMARCHE

Compte tenu de la nature de l’étude, inscrite dans un programme de recherche-action et qui veut être la première étape d’un travail de plus longue durée pour assurer le suivi et l’accompagnement des populations de la zone en ce qui concerne les questions de l’économie sociale et solidaire et développement local, la démarche adoptée revêt un caractère participatif et interactif. Elle cherche ainsi à atteindre un double objectif :

• approfondir la connaissance de la situation socio-économique des femmes et initier une analyse axée sur les normes et valeurs du développement humain et les principes de l’économie sociale et solidaire et qui soit sensible au genre ; • déclencher des synergies et proposer des recommandations pour les activités et projets futurs et pour améliorer les opportunités d’insertion socio-économique des femmes

L’étude ainsi réalisée est un outil mis à la disposition de tous les acteurs de développement, qui veut rassembler des informations utiles relatives aux conditions socioéconomiques des femmes dans la zone. A travers cette étude préliminaire, qui ressemble informations documentaires et observations collectées sur le terrain, on détectera des pistes de projets, des actions de renforcement des capacités et plaidoyer local au profit des femmes et des activités génératrices de revenus ; initiées par les femmes elles-mêmes, ou en partenariat avec des femmes ; selon les besoins exprimés par les populations rencontrées, féminines et masculines. Aussi, pour atteindre ce résultat, l’étude s’inscrit dans une démarche prospective et s’appuie sur l’analyse de l’état des lieux dans quelques sites précis, d’où l’importance accordée à une approche de proximité, allant plus loin dans l’observation et l’écoute, en adoptant l’approche du coaching territorial qui permet une analyse conduisant vers le renforcement des synergies sur un territoire déterminé.

Dans le cadre de cette étude nous utilisons les termes « approche de proximité » et « approche coaching territorial » avec cette signification :

Approche proximité : Par « approche de proximité » on entend, dans ce document, le type de travail qui est fait d’une façon quotidienne sur le terrain, en contact direct avec les communautés cibles. Les projets qui font appel à cette approche mettent les populations au cœur du processus de développement, de sorte à ce que les populations deviennent les

moteurs des actions. La proximité n’est pas seulement géographique mais aussi « organisationnelle » dans le sens où l’on favorise un accompagnement de près aux populations en renforçant les rapports et les relations. A travers cette approche, on assure l’implication active et réactive des populations et on favorise l’écoute des vrais besoins qui peuvent enfin être exprimés.

Approche coaching territorial : D’après l’ONG Echos Communication www.echoscommunication.org et ses partenaires marocains, le Coaching Territorial est un processus d’intervention en vue de l’identification, l’accompagnement et la valorisation de potentialités humaines organisées pour stimuler une dynamique de développement du territoire et sa meilleure performance à travers la mise en œuvre des démarches d’appropriation (ownership) et de responsabilisation (empowerment) au niveau des structures et des acteurs locaux. Le but du coaching territorial est d’accompagner les changements de comportement pour atteindre un développement humain plus approprié sur un territoire déterminé en mettant en connexion l’homme et son environnement. Il s’agit de déceler les points forts et les points faibles sur un territoire, de déceler également les résistances, les obstacles, les atouts, les ressources et surtout les liens existants ou inexistants entre les différents acteurs « agissants ». L’être humain reste au centre de la réflexion, car il a été constaté l’échec quasi-total des nombreux projets initiés auparavant par le financement de projets « clefs en main » où par injection de flux financiers, souvent utilisés à d’autres fins que celles prévues. Le coaching Territorial est donc un processus qui vise à accompagner les acteurs locaux d’un territoire dans l’aboutissement de leurs propres objectifs en utilisant des techniques et outils adaptés au contexte (comportementales, dynamique de groupe…). Le but final étant de créer des liens entre tous les acteurs locaux pour obtenir une vision commune du « projet de territoire » et une cohérence dans les activités de chaque acteur, dans une optique de développement global des individus dans le territoire. En ce sens, le Coach Territorial est une sorte de « Super Conseiller » mis à disposition pour les structures sur des territoires donnés afin de les accompagner à déterminer des objectifs concrets et à se donner les ressources nécessaires pour d’atteindre les résultats fixés et de booster leur savoir être et savoir-faire.”

Le rôle du coach est d’aider dans une neutralité absolue à: • Dynamiser les réunions vers l’excellence humaine • Amener les participants vers l’intelligence pour le Développement Durable • Dépasser les conflits • Amener un projet collectif partagé pour une mise en œuvre immédiate • Prendre des décisions • Développer des activités : fixer les objectifs, découvrir les freins et

obstacles… • Définir les besoins d’aujourd’hui et non les « désirs » • Envisager les solutions existantes en interne • Apprendre à s’entraider, coopérer, mutualiser les efforts et les ressources

pour mieux vivre.

Source : ONG Echos Communication

La jonction des deux approches (proximité et coaching territorial) a été une opportunité pour révéler les particularités locales et régionales et conduire à la compréhension de la diversité, tant des représentations interculturelles que des perceptions et ressentis des acteurs. Cela favorise un regard croisé sur les expériences des femmes et leur positionnement dans la société, leurs vécus et leurs pratiques locales, ainsi que sur les us et coutumes encore en vigueur où qui restent latentes. Ces approches de recherche et action sociales sont nécessaires pour compléter le matériel documentaire qui a été écrit sur le sujet au vu du fait qu’il n’y a pas assez de publications sur ce thème qui se focalisent sur cette zone d’intervention. En outre, en créant des synergies entre différentes approches, on évite des duplications et on optimise les ressources et le personnel.

STRUCTURE DE L’ÉTUDE

Cette étude est structurée en deux parties : • La première partie est descriptive. Elle veut donner un aperçu sur la situation de la femme au Maroc et sur le contexte de la région ciblée par l’étude (chapitre 1). En outre, cette partie relate le déroulement de la mission et le constat des états des lieux à travers les interviews effectués et les entretiens informels ainsi que les observations relevées et les données collectées (chapitre 2), • La deuxième partie se propose de faire une analyse de la situation et de la mission d’élaboration de l’étude. Dans le chapitre 3 le REMESS propose une synthèse de l’étude et des phases des élaboration et préparation du document. Le chapitre 4 présente les recommandations exprimées par les populations locales et les administrations pendant les focus group et les entretiens.

CHAPITRE I Contexte et historique

au Maroc et dans la zone d’intervention

La situation des femmes au Maroc Pour favoriser une meilleure compréhension du cadre de travail de la recherche, ce paragraphe offre des informations sur la situation de la femme au Maroc. Bien que dans le royaume on observe des grands décalages entre différentes régions, il est quand même intéressant et utile de présenter quelques repères généraux.

La situation de la femme au Maroc dans la dernière décennie a avancé et les conditions socio-économiques de vie se sont beaucoup améliorées. Parmi les facteurs qui ont contribué à l’amélioration du statut des femmes, on trouve de meilleures opportunités d’instruction et travail, c’est à dire de meilleures possibilités de participation socio-économique pour les femmes. L’opinion publique soutient de plus en plus l’insertion socio-économique de femmes ainsi que la participation féminine à la vie professionnelle. Un effort a été fourni de la part des institutions pour assurer l’intégration de genre dans tous les mécanismes de représentation et toutes les dynamiques de participation. Toutefois, les inégalités entre sexes sont encore fortes et le thème de l’insertion socio-économique des femmes est très controversé encore aujourd’hui. En outre, la grande disparité en terme de positions, statuts et opportunités qui persiste entre le Maroc urbain et le Maroc rural se fait toujours évidente. Plusieurs études et enquêtes ont été menées au niveau national sur la situation

de la femme au Maroc, et ce par différentes institutions et organisations. Plusieurs indicateurs de genre sont disponibles, mais différents problèmes se posent : Souvent les études ne sont pas actualisées et il n’y a pas d’enquêtes récentes. Toutefois, étant donné que les conditions de vie connaissent une évolution lente dans le temps, même les études qui ne sont pas récentes peuvent être considérées un référent important. Il y a des monographies ou des études portant sur le niveau local (par exemple les plans communaux de développement), toutefois ce type d’étude ne prend pas en considération les questions de genre ou les spécificités féminines. Il est encore difficile de trouver des données désagrégées par sexe pour les différentes régions du Maroc et pour les différents sujets d’enquête. Pour résoudre ce problème, il faudrait prévoir des enquêtes socio-économiques désagrégées par sexe dans les zones d’intervention.

Situation juridique de la femme :

Au Maroc, la signature et la ratification de la convention « CEDAW » (Convention on the Elimination of All Forms of Discrimination Against Women) sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard de la femme en 1981 a conduit à la réflexion sur le « Plan d’Intégration de la Femme ». promu en 1998 sous la conduite de Mohammed Said SAADI, secrétaire d’État aux Affaires Sociales, à l’Enfance et à la Famille auprès du Ministre du Développement Social, de la Solidarité, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, chargé de la protection sociale, de la famille et de l’enfance. M. Saadi a été soutenu également par d’autres personnalités et par des associations qui se sont battues pour cette démarche. Le plan a vu la résistance de certains courants politiques mais il a déclenché un débat à partir de 1999-2000 jusqu’à présent.

« Le Plan d’Intégration de la Femme au Développement » peut être considéré comme un tournant historique pour les femmes au Maroc parce qu’il a permis de déclencher le sursaut nécessaire à une réflexion plus avancée. Ce document de plus de 150 pages avait réunit les différentes revendications exprimées par la société civile et les recommandations émises lors des sommets internationaux relatifs à l’examen des conditions sociales de la femme. Il est certain que des avancées importantes ont été réalisées en faveur de l’amélioration de la situation de la femme marocaine dans plusieurs domaines, tant sur le plan juridique que sur le plan social et économique. Une mutation spécifique et un saut sans précédent ont caractérisé le processus d’intégration de la femme au Maroc, avec la mise en place du code de la famille (Moudawana) en février 2004, qui avait été annoncé par un discours royal

le 10 Octobre 2003, date désormais fixée comme la « journée nationale de la femme marocaine». Toutes ces dispositions ont été confirmées, à la suite du printemps arabe, par la nouvelle constitution de juillet 2011 qui a instauré la parité à travers l’article 19 qui stipule que : « L’homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civile, politique, économique, social, culturel et environnemental, énoncés en Titre 11, ainsi que dans les conventions et pactes internationaux dûment ratifié par le Maroc (…) L’Etat œuvre à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes. »

Situation socioculturelle de la femme:

Bien que la situation juridique soit assez avancée au Maroc par rapport à d’autres états de la région, il existe actuellement des résistances culturelles aux normes juridiques par certains comportements consacrés par les usages. L’enclavement social de l’espace rural particulièrement, les charges de la vie quotidienne, le fort taux d’analphabétisme, la division du travail selon le genre et la vulnérabilité économique sont autant de facteurs qui font encore obstacle à l’insertion socioéconomique de la femme et concourent à l’exclusion d’une proportion de la population féminine, à prédominance rurale. L’accès aux ressources naturelles et à la terre (ou bien l’impossibilité d’y accéder) sont aussi des facteurs qui concourent à maintenir la femme dans une situation de précarité économique. Comme le décrit Fatiha Daoudi 2: « La condition féminine est, à son tour, le résultat de phénomènes historiques et sociologiques . L’essai de Germaine Tillion, Le harem et les cousins (1966), est une illustration de cette dépendance. Dans ce qu’elle nomme « l’Ancien Monde » (le bassin de la Méditerranée, les rives d’Europe, d’Afrique et d’Asie), les causes et les conséquences sociales de la condition féminine y sont étudiées pour aboutir à la conclusion que l’aliénation des femmes dans ces régions n’est pas uniquement liée aux lois religieuses (juives, chrétiennes ou musulmanes) mais surtout à l’invention de l’agriculture et de l’élevage au début de l’ère néolithique. Dès lors, c’est la puissance économique du clan qui prévaut. Elle entraîne le refus de tout ce qui nuit au patrimoine familial, la pratique de l’endogamie (mariage entre cousins de la lignée paternelle), et institue ce que Germaine Tillion

1 Constitution de partis politiques, constitution d’organisations syndicales, garantie du droit d’e -pression et à l’opposition gouvernementale, la garantie d’élections libres, sincères et transparentes, liberté d’association de la société civile et organisation non gouvernementales ; droit de présenter des pétitions aux pouvoirs publics 2 « Droits fonciers des femmes au Maroc » Fatiha Daoudi / Etudes et essais du CJB 2011

appelle la « République des cousins ». Dans ces sociétés endogames, les femmes n’avaient pour rôle que la procréation d’une filiation patrilinéaire. Aucun autre droit ne leur était reconnu, à fortiori, la possession de la terre qui devait rester dans la famille du père. » Ces obstacles devront être contournés en assurant les droits socio-économiques des femmes et en renforçant les capacités des femmes par l’accompagnement, la formation et la création de projets socio-économiques, afin de faciliter l’insertion des femmes en leur permettant d’accéder à un niveau de vie qui puisse garantir le partage du pouvoir en faisant cesser les atteintes à la dignité humaine dont elles sont victimes. Mais le véritable travail pour améliorer les conditions socio-économiques des femmes au Maroc, en particulier en milieu rural, doit se faire surtout au niveau de la mentalité des personnes, hommes et femmes ensemble, car ils vivent à l’intérieur d’un groupe et les liens et rapports avec l’extérieur sont interdépendants.

Tableau d’indicateurs socio-économiques et indicateurs de genre au Maroc

Dans le tableau qui suit, nous avons collecté quelques indicateurs socio-économiques généraux, parfois agrégés pour toute la population et parfois désagrégés selon le genre, afin d’offrir au lecteur des informations quantitatives sur la situation socio-économique des femmes au Maroc. Même à partir de ces indicateurs, la disparité entre les conditions de vie des hommes et femmes est évidente. Il y a aussi un fort décalage entre le milieu rural et le milieu urbain, un décalage qui a des racines historiques qui ont favorisé l’existence de deux entités différentes dans le même pays: le Maroc rural dans le passé était appelé « Bled Siba » par les pouvoirs nationaux et « Maroc inutile » par le français, en opposition au « Bled el Makhzen » et au « Maroc utile » des côtes et des villes impériales. Le Maroc rural a été marginalisé et enclavé pendant des siècles et, bien que dans la dernière décennie les programmes de désenclavement et mise à niveau ont été nombreux et ont aussi donné des résultats importants, le décalage reste fort et doit être comblé avec des programmes qui fassent attention aux aspects de développement humain.

Les différentes vitesses du pays ont aussi un impact sur sa performance dans les rapports globaux qui mesurent le progrès en termes de développement socio-économique et les disparités entre rural/urbain ont aussi un impact sur les indicateurs socio-économiques de genre. Bien que la parité ne soit pas une réalité en milieu urbain, le niveau de performance socio-économique du Maroc est certainement réduit par les indicateurs socio-économiques du milieu rural : le haut taux d’analphabétisme (surtout féminin), la marginalisation des communautés, le déficit en infrastructures, etc.

La zone cible de l’étude : les provinces d’Errachidia et Midelt

Ce paragraphe veut donner un aperçu sur le contexte de la zone ciblée par l’étude et sur la situation des femmes dans les deux provinces. Comme signalé précédemment, il n’y a pas une documentation approfondie sur la région, en particulier en ce qui concerne les questions de genre. Ce chapitre donc a été composé sur la base de documents généraux et sur certaines observations collectées sur le terrain.

L’étude a été menée dans les provinces de‘Errachidia et Midelt qui font partie administrativement de la région de Meknès-Tafilalt. La zone ciblée (Tafilalt et montagnes) est un territoire assez sensible dans le sens où il s’agit d’une région très enclavée sur le plan géographique. Elle se situe entre les montagnes du coté de Midelt et le désert présaharien vers Errachidia avec une population, pour Midelt, bousculée par la création administrative de la province de Midelt et la présence de communautés non autochtones (nationaux d’autres régions ainsi qu’étrangers) et, pour Errachidia, une population fière de son passé et très attachée à ses usages et coutumes.

De même, on peut constater que l’histoire assez mouvementée de la zone (guerres tribales, confrontations avec les pouvoirs nationaux et coloniaux) laisse encore de nombreux stigmates sur le comportement des habitants sur les sites objet de recherche. La région ciblée, malgré la présence de zones de très hautes montagnes enclavées et de déserts inhospitaliers, a été, au cours de nombreux siècles, la porte principale du Sahara et le carrefour commercial entre les côtes maritimes et l’Afrique sub-saharienne. Du Tafilalet passaient les caravanes qui transportaient l>or et les épices. La région était un haut lieu de transit pour les êtres humains, y compris pour le trafic d’esclaves. Ces mouvements démographiques et commerciaux ont laissé un héritage ethnique et culturel important : on trouve, dans la région, des groupes ethnoculturels différents, tels que les amazighs, les arabes et les africains d’origine subsaharienne. Vu l’importance historique géostratégique du territoire, ainsi que les enjeux et inclinations des autorités du protectorat, ces dernières ont utilisé à des fins de domination coloniale les spécificités de la région, en vue de créer une dissidence à l’égard du pouvoir central connu sous le nom de « Makhzen ».

Il y a toujours eu une opposition et une résistance vers le pouvoir central. Ensuite, sous le protectorat, en plus de la promulgation du Dahir berbère de 19303 , les 3 Le Dahir Berbère de 16 mai 1930 réglait la justice et la vie quotidienne dans les zones berbères du Maroc. Ce Dahir suivait la politique de « Divide et Impera » de la France Coloniale et divisait le Maroc

autorités françaises ont également fait le pari pour une politique des grands caïds. Dans les années 1940, de puissants caïds berbères administraient cette immense région s’étalant d>une partie du Haut Atlas, jusqu’aux confins du désert ; autant dire que le protectorat leur laissait une complète liberté de manœuvre. Cette administration autonome a amené les populations du territoire à se méfier du pouvoir et à opposer une forte résistance aux représentants de ce pouvoir. Bien que la situation contemporaine soit différente, une difficulté de communication se maintient entre les populations locales et les administrations centrales. La résistance régionaliste, qui trouve son origine autant dans le Maroc précolonial divisé en Bled Siba et Bled Makhzen4 que dans la politique du protectorat, fait long feu.5 Si cette histoire n’est pas revisitée et les individus mis en confiance et que le ressenti de chacun vis à vis de son appartenance au groupe, au territoire et à la nation n’est pas décrypté, il sera très difficile de réaliser tout type de projets pour permettre une insertion socioéconomique de la femme. A tout cela s’ajoute le problème de la langue de communication car pendant un demi-siècle, pour des choix politiques, la langue amazighe n’était pas reconnue et l’obligation de parler la langue arabe (langue officielle unique) limitait la communication des populations qui ne pouvaient exprimer leurs besoins qu’à travers la parole et la traduction de tierces personnes. Il faut signaler que l’amazighe vient juste d’être reconnu comme langue officielle au Maroc par la nouvelle Constitution adoptée en juillet 2011, en son article 5 « […] L’amazighe constitue une langue officielle de l’Etat, en tant que patrimoine commun de tous les marocains sans exception». Ceci va permettre aux populations concernées de s’exprimer directement et sans le complexe de ne pas savoir parler en arabe. Cette reconnaissance de la langue est très importante dans la zone cible et elle va surtout permettre aux femmes de s’exprimer directement, car la majorité d’entre elles n’ont pas bénéficié de la en deux ethnies (Arabes et berbères), en causant une désagrégation sociale. Le Dahir a été mis en œuvre malgré avoir été reçu par une très forte opposition dans son application. 4 Bled SIba et Bled Makhzen sont des termes que l’on retrouve souvent dans les livres d’histoire du Maroc et qui sont utilisés aujourd’hui pour faire la différence, respectivement, entre le Maroc rural et le Maroc urbain. Bled Siba signifie littéralement « pays du chaos, de l’anarchie » et il représente la partie du pays non soumise au pouvoir central. La taxation était gérée directement par les grands caïds. C’était un territoire en dissidence, échappant au contrôle du sultan, par opposition au bled al makhzen Bled al Makhzen signifie littéralement « le pays de l’état ». Makhzen est utilisé dans le dialecte marocain pour nommer l’état et les institutions du Palais Royal. Le Bled al Makhzen était la partie du pays liée au pouvoir central. 5 Article paru dans la revue ZAMANE, janvier 2011: « Addi Ou Bihi où la révolte berbère », par So -leiman Bencheikh

scolarité et de l’alphabétisation et recourent à des traducteurs « informels », en particulier des membres de la famille, qui se font plutôt interprètes. Pour cette région, il faut nuancer entre milieu urbain et milieu rural. En milieu urbain, de nouvelles opportunités économiques et de travail sont parues dans les dernières décennies, dont les femmes peuvent aussi profiter. En milieu rural, la femme travaille dans tous les secteurs d’activité et de production, mais dans une économie agricole qui s’est transformée (par exemple industrie agricole de la pomme, filière lait, filière dattes). Parallèlement, dans certains villages entre Errachidia et Midelt (surtout vallées et montagnes), on observe encore une économie de subsistance qui ne permet pas la création de richesse et l’augmentation de revenu, en particulier pour les femmes. C’est pour cela que le travail de ces femmes, en milieu marginalisé n’est ni reconnu ni valorisé. C’est « juste un mal nécessaire » au regard des populations locales.

Quelques données et informations sur la zone cible Les provinces d’Errachidia et Midelt relèvent, donc, administrativement de la région Meknes-Tafilalt, une région très vaste qui a une extension de 79210 km et qui couvre environ le 10% du territoire du Royaume. La province d’Errachidia a été démembrée par décret en 2009 pour constituer la province de Midelt. Il y a une grande diversité de paysages dans les deux provinces : des oasis froides de montagne aux oasis présahariennes. Midelt se trouve entre les chaînes du Haut Atlas Oriental et le Moyen Atlas. Donc on passe des zones de montagne avec un climat très rigide l’hiver à des zones arides ou semi-arides. Le climat a un impact sur les conditions socio-économiques au vu du fait qu’il n’y a pas de grandes plaines mais plutôt des oasis (froides ou présahariennes). L’activité agricole est réalisée, dans la verdure des oasis ou au long des rivières, par de petits exploitants et il s’agit principalement d’une agriculture de subsistance et à caractère social pour les zones des montagnes. Les principales filières sont les céréales, l’arboriculture (Midelt est connue pour sa production de pommes et Errachidia pour les dattes), la culture maraichère, l’apiculture, l’oléiculture et les plantes aromatiques et médicinales. Dans les deux provinces, les autres secteurs économiques au-delà de l’agriculture sont l’élevage (ovins-caprins et apiculture) et l’artisanat (tissage de tapis, travail des minéraux). Il y a des exploitations minières (métaux et sel) et une exploitation commerciale des sources thermales. Comme dans le reste du Maroc, et en particulier des régions qui se trouvent au-delà de l’Atlas, cette zone n’a pas fait l’objet d’une politique d’industrialisation et mise à niveau. Par conséquent, on ne trouve pas une économie industrielle dans la région mais plutôt une économie primaire (agriculture et artisanat), avec quelques opportunités dans le tertiaire (tourisme, services) et dans l’administration publique. A Midelt et Errachidia on trouve les bureaux régionaux et locaux des ministères et des administrations nationales.

La zone présente des infrastructures touristiques importantes mais, en général, le potentiel de valorisation économique n’a pas encore été exploité, ce qui affaiblit l’économie locale. Sur le plan sociodémographique, avant le démembrement en deux provinces, la province d’Errachidia comptait une population de 556 612 habitants (RGPH 2004). Il faudra attendre le prochain recensement général en 2014 pour avoir des données plus précises sur la population des deux provinces. La population est en prévalence rurale, regroupée en ksours ou douars6 et la population urbaine est concentrée principalement dans les chef- lieux de Midelt et Errachidia. Selon la monographie sur la région « Au niveau régional, la population est composée de 49,1% d’hommes et de 50,9% de femmes. Presque les mêmes proportions sont enregistrées pour les deux sexes au niveau national. Lors du dernier recensement national effectué en 2004 par le Haut Commissariat au Plan, le Maroc comptait 29,9 millions d’habitants dont plus de 50% de femmes.»7 On peut estimer que des proportions similaires se présentent pour les deux provinces ciblées. Comme mentionné dans le paragraphe précédent, on trouve, dans la région, des communautés socioculturelles différentes (Amazighes, Arabes et sub-sahariennes) qui présentent des conditions socio-économiques et culturelles variées. La zone ciblée est très riche sur le plan sociolinguistique et cette caractéristique doit être prise en considération dans le cadre des programmes de développement et pour les services d’extension. Il se fait donc nécessaire d’assurer la présence d’animateurs berbérophones et arabophones. En ce qui concerne les aspects socio-économiques, les taux de pauvreté et de vulnérabilité dans la zone ciblée sont élevés et, pour certaines communes, ils sont assez sévères. Selon les données de la Carte de la Pauvreté8, le taux de pauvreté est du 27,8% au total et de 30,9% dans le rural. La sévérité de la pauvreté est de 9,4% au total et de 10,6% dans les communes rurales. Le taux de vulnérabilité est de 52,6% au total et de 56% au rural.

La dépense moyenne par tête est de 8000 dh par an dans les zones urbaines et 5000 dh dans les zones rurales.9 Dans certaines communes de la région, le taux 6 Anciennes structures d’habitation et de regroupements des foyers familiaux 7 Haut Commissariat au Plan «Monographie de la Région Meknes-Tafilalet » 2009 8 HCP « Carte de la pauvreté » 2007 L’enquête effectuée au niveau national a des données spéci -ques par régions, provinces et communes. Les données couvrent la province d’Errachidia parce que l’enquête a été faite avant le démembrement pour créer la province de Midelt. Comme les données sont aussi disponibles par communes, il s’agit d’un document important pour comprendre les condi-tions socio-économiques de la zone mêmesi les données ne sont pas désagrégées par sexe.

9 Selon le document du HCP « Pauvreté, développement humain et développement social au Maroc »

de pauvreté est de plus de 40% et le taux de vulnérabilité dépasse le 60%. Bien que la « Carte de la Pauvreté » soit un document assez important et très détaillé, elle ne présente pas de données désagrégées par sexe. On peut donc estimer que les conditions socio-économiques des femmes sont étroitement liées à la situation des ménages. Toutefois il faut signaler que, dans la pluspart des cas, le travail féminin dans la région n’est pas rémunéré et donc que la majorité des femmes ne dispose d’aucune autonomie économique. Selon le document du HCP sur les Dynamiques de la pauvreté au Maroc 1985 -2007, « le pays observe une lente tendance à la féminisation de la pauvreté. Les raisons en sont certainement liées au fait que la femme dispose de moins de capital humain et de ressources productives, en comparaison avec l’homme». On peut donc estimer que, aussi dans la région ciblée, les conditions socio-économiques des femmes sont moins bonnes par rapport à celles des chefs de ménage (principalement hommes).

En ce qui concerne les autres indicateurs sociaux, il faut signaler les forts taux d’analphabétisme, surtout féminin. Selon le document « Analphabétisme dans les provinces et régions du projet ALEF »10 publié en 2004, le taux d’analphabétisme de la province d’Errachidia était de 40%. Les chiffres varient selon la tranche d’âge, le sexe et le milieu rural ou urbain. Face à un taux d’analphabétisme masculin de 1,4% pour la tranche d’âge 10-14 en milieu rural, nous trouvons un taux d’analphabétisme de 97,9% pour les femmes âgées de plus de 50 ans résidantes en milieu rural. L’offre en infrastructures et en services sociaux s’est beaucoup améliorée dans la dernière décennie dans la zone ciblée, cependant les poches de vulnérabilité sociale restent très importantes. En ce qui concerne la participation à la force de travail, le travail féminin est un phénomène évident dans la région. Toutefois il s’agit d’un travail invisible « officiellement » parce qu’il s’agit d’un travail informel. Il s’agit d’un phénomène assez fréquent au Maroc, en particulier dans les campagnes: en effet, les femmes sont actives dans les secteurs de l’agriculture (dans les parcelles de la famille et parfois comme ouvrières saisonnières dans la région, pour la récolte de la pomme), dans l’élevage (race Dman) et l’artisanat (tissage de tapis). Elles ont la responsabilité des ménages du foyer, de rassembler le bois pour le chauffage et de 2004, les définitions de ces indicateurs sont les suivantes :« le taux de pauvreté représente le pourcentage des individus dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté relative »« l’indice de sévérité de la pauvreté mesure la profondeur de celle-ci, en accordant beaucoup plus de poids aux plus pauvres parmi les pauvres, dans la mesure de la pauvreté. Cet indice augmente parallèlement à l’augmentation de l’écart entre les niveaux de vie et le seuil de pauvreté »« le taux de vulnérabilité donne la proportion de la population vivant sous la menace de la pauvreté »

10 Le Projet Alef a été un projet de développement éducatif au Maroc, financé par l’USAID de 2006 à 2009.

l’eau pour la maison là ou il n’y a pas un réseau hydrique. Toutefois le travail féminin, la plus part du temps, n’est pas rémunéré. Il faut prendre en considération le peu d’informations et d’indicateurs de genre concernant cette zone et il faut soutenir la production de recherches et d’analyses sensibles au genre afin de pouvoir mieux systématiser les informations et territorialiser les approches d’intégration socio-économique des femmes. Dans le cadre des nouveaux projets de développement, il faudra se coordonner avec les administrations et les structures d’appui et d’extensions pour améliorer la récolte de donnés. C’est pour cette raison qu’il a été utile, en plus des recherches documentaires, de tenir deux visites sur le terrain pour collecter des informations directes et faire des estimations. A travers l’observation des comportements des femmes et des hommes, l’équipe du REMESS chargée de l’étude a relevé et diagnostiqué des réactions de blocage face aux propositions de certains projets publics. Bien que l’intérêt de ces projets soit certain pour le développement régional, cela n’est pas évident aux yeux des populations. Il faut toutefois signaler que l’approche participative est de plus en plus développée et intégrée dans la prise de décisions. La mémoire collective reproduit des réactions défensives qui aujourd’hui n’ont plus de raison d’être et qui sont des facteurs de blocage à toute innovation. Pour favoriser le changement de mentalité il est nécessaire de promouvoir une culture de dialogue et de partage en établissant un plan stratégique de communication entre les différents acteurs locaux en associant les populations aux décisions.

CHAPITRE II Déroulement de la mission

Ce chapitre est dédié à reporter le déroulement et les résultats de la mission Pour arrêter la méthodologie et fixer le programme de la mission qui s’avérait délicate, compte-tenu de la complexité des objectifs, l’étendue considérable de la zone à couvrir et les moyens matériels et humains limités mis à disposition, les partenaires (REMESS et Oxfam Italia) ont mis en commun leurs connaissances respectives et leur savoir-faire sur le terrain, en impliquant d’autres acteurs et personnes ressources de la région. L’étude s’est déroulée en plusieurs phases avec un travail de bureau ainsi qu’un travail de terrain. Les étapes principales ont été les suivantes :

• définition de la méthodologie, • récolte de données et documents, • deux visites de terrain, • phase de rédaction et d’échange (entre REMESS et Oxfam Italia)

Dans la phase de définition de la méthodologie deux réunions préparatoires ont été tenues et nombreux courriels échangés. Un travail préliminaire de collecte de données a été fait pour rassembler des informations générales et les premiers contacts sur le terrain on été pris. En outre, il a été convenu, conformément aux termes de référence, que deux visites sur le terrain seraient organisées, qu’un guide d’entretien serait utilisé lors des rencontres avec les populations cible et que deux ateliers (focus groupe) seraient organisés à Er-Rich (Midelt) et Aoufous (Errachidia) afin de collecter des données et des observations sur la situation sur le terrain pour combler le vide laissé par l’absence des recherches documentaires sensibles au genre sur la zone ciblée. Les investigations menées pour établir un état des lieux ont été initiées selon la méthode d’approche systémique et le processus initié du Coaching Territorial afin de fixer une feuille de route. Des questionnaires, des interviews, des rencontres, des visites sur les lieux de travail et également des visites aux domiciles des populations ont donc été les outils de bases utilisés. Les données collectées ont enfin été analysées, d’une façon qualitative, dans la deuxième partie du document. En ce qui concerne les visites de terrain, une équipe a été mobilisée pour ce travail. Dans un premier temps, c’était M. Karim El Kaddouri avec Mme Nadia Alaoui qui se sont déplacés sur le site pour une première visite sur le terrain pour coordonner avec les pôles RADOSE et l’association locale Adrar.

Lors de la seconde phase et de la deuxième visite, l’équipe précédente s’est vue renforcée par la présence de Mlle Kaoutar El Moustarhrfir et M. Abdessalam Elmoukket. Le REMESS a considéré utile d’impliquer le reste du personnel afin d’engager d’autres responsables de projet. En outre, l’expérience a prouvé être positive et les ateliers sur le rôle de la femme et l’insertion économique ont été organisés par le REMESS dans d’autres régions du Maroc. Nous avons jugé utile de transcrire les rapports des deux missions afin de donner un aperçu de la situation sur le terrain. Le travail de collecte des données documentaires et la phase de rédaction se sont déroulés à Rabat avant et après les deux missions sur le terrain. La phase de rédaction a été aussi importante que la phase préliminaire de collecte de données et la phase de travail sur le terrain parce que la rédaction a permis un échange et une réflexion entre les différents membres de l’équipe et entre les partenaires d’Oxfam Italia et de REMESS.

Rapport des visites de terrain

Première visite : du 12 au 16 septembre 2012

Le REMESS a envoyé deux personnes sur le terrain pour contacter les administrations concernées, rencontrer les fonctionnaires, les pôles et les personnes ressources ainsi que les associations et coopératives féminines qui travaillent pour l’insertion socio-économique des femmes. Les données communiquées par Oxfam Italia ont été complétées par le besoin exprimé ou ressenti sur le territoire. Plus de 20 rencontres informelles et officielles ont été organisées au cours de cette visite. Le départ a été pris à partir de Rabat le 12 septembre avec un arrêt dans la ville de Meknès pour faire le point avec les administrations locales dont le siège est à Meknès, telles que l’ODCO et l’ADS, et déposer auprès de la préfecture les avis de mission de l’équipe et son objet. A l’ODCO, l’équipe a été reçue par deux femmes cadres de l’office qui ont fourni les listes des coopératives relevant des provinces de Midelt et Errachidia. Comme il y avait un problème de connexion au réseau ’internet, l’attente a été très longue mais elle a permis d’échanger au sujet des coopératives de la région. La discussion était riche d’enseignement (deux heures et demie). Les cadres de l’office ont fait part de leurs sentiments à l’égard des coopératives en général et des coopératives de femmes en particulier. A leur sens, les coopératrices manquent de motivation et de vision à long terme. Elles pensent que ces femmes sont préoccupées par la satisfaction de besoins immédiats et que toutes les formations qui ont été dispensées et tous les budgets alloués n’ont pas donné les résultats escomptés. M. Karim El Kaddouri, en utilisant les outils et les méthodes en tant que coach

territorial, a diagnostiqué un malaise et une frustration chez les cadres en question, car elles ont beaucoup de responsabilité vu l’étendue de leur compétence territoriale (les provinces Midelt/Errachidia) et elles ont très peu de pouvoir d’intervention vu le manque de moyens financiers, matériels et humains. Ce ressenti a été détecté lors des visites faites aux différentes administrations citées (voir Tableau des acteurs institutionnels en annexe) à l’exception de l’ADS- coordination régionale de Meknès-Tafilalet- qui a accompagné le déroulement de l’étude par l’information et la présence à l’atelier participatif et de synergie du 5 octobre à Rich par la présence de Monsieur My Lekbir RACHIDI, responsable des projets. Sur le terrain et à travers les investigations menées auprès des coopératives et associations citées (liste en annexe), nous avons constaté que les documents remis par l’ODCO ne reflétaient pas la réalité actuelle du terrain : certaines coopératives ont cessé d’exister, les numéros de téléphone ne fonctionnaient pas toujours et d’autres coopératives ont été nouvellement créées. Quant aux associations. c’est par le site « Tanmia.ma » qu’il est possible de connaître l’activité de celles qui se sont enregistrées. Sinon, le ministère de l’Intérieur et les autres administrations locales (provinces, caïdats, mairies) auprès desquels sont déposés les avis de constitution d’association rassemblent les informations pèle mêle et non en fonction des activités. L’information est uniquement quantitative et n’est pas nonplus actualisée ; Quand à l’état des lieux dans la Province de Midelt, il nous a été facilité par les personnes ressources que nous avons contactées et rencontrées, en particulier Messieurs Hrou Abouchrif de l’association Adrar et Youssef Ait Lamkadem, tous deux très impliqués en tant qu’acteurs de la société civile. Monsieur Youssef Ait Lamkadem a de très nombreuses activités, il est également président du Centre d’Orientation Stratégique de Tourisme et il nous a accordé une longue interview sur les potentialités territoriales et les différents obstacles à leurs réalisations.

Accompagner la femme pour accéder aux postes d’élaboration de politiques publiques de développement communal.

Le professeur Ait Lamkadem est un acteur très dynamique de la société civile de sa région où il met tout son savoir-faire et les moyens dont il dispose à disposition pour travailler à l’insertion socioéconomique des femmes et des jeunes de son territoire. Il précise que toutes les activités de production économique sont assurées à la base par les femmes, dont le travail n’est pas pour autant reconnu. Selon Ait Lamkadem les populations ont un très fort attachement à leur territoire en illustrant ses propos par l’exemple concret des marocains résidants à l’étranger qui investissent leurs expériences et leurs économies dans le développement de leurs villages d’origine. Cela ne s’accomplit pas toujours d’une manière heureuse car ces derniers manquent de conseil et

d’accompagnement. A son sens, pour une évolution positive des mentalités qui se traduit ipso facto par un changement de comportement, les initiatives pour la création d’activités génératrices de revenus doivent cibler des groupes sociaux organisés telles les entreprises d’économie sociale et solidaire que forment les associations et les coopératives. En agissant auprès de groupes ciblés et en particulier auprès des femmes qui ont un effet levier dans le développement durable local, à travers les fonctions et l’influence qu’elles ont dans l’éducation de la jeunesse, on obtient systématiquement de très bons résultats. Pour ce faire, il demeure nécessaire de persévérer dans leur accompagnement et leur intégration progressive aux politiques sectorielles, notamment à travers les plans communaux de développement. Cette approche doit être maintenue pour lutter contre la discrimination qui a toujours défavorise les femmes depuis des temps anciens. La femme dans la province de Midelt travaille dur et œuvre dans tous les domaines d’activité.La question à laquelle il faut répondre est : de quoi cette femme a-t-elle besoin pour se réaliser et être un acteur citoyen pleinement productif ? Les femmes ont besoin d’avoir accès aux ressources naturelles telles que les ressources forestières et au domaine foncier que constituent les terres collectives des tribus mais qui sont gérées par la direction des affaires rurales œuvrant sous la tutelle du ministère de l’intérieur, ainsi que par des personnes étrangères au territoire. Il faut par conséquent renforcer les capacités des femmes en leur donnant l’occasion et les moyens intellectuels et de formation afin qu’elles puissent avoir accès aux fonctions de planification et de décision. C’est ainsi que la femme qui produit du miel, qui travaille dans le domaine des plantes médicinales et leurs dérivés ou encore dans celui de l’élevage ou du tourisme solidaire pourra jouir entièrement de sa liberté dans les processus de production, en cessant ainsi d’être à la merci des hommes et des intermédiaires. On finira par faire admettre aux populations autochtones, qui regardent le travail des femmes en dehors de leur foyer comme une extravagance, que le monde moderne impose ses règles de fonctionnement qui ont légitimé par ailleurs le travail de beaucoup de femmes qui occupent actuellement des postes importants en tant que fonctionnaires de l’etat.

Quant à Mr Hrou Abouchrif, membre actif de l’association Adrar et acteur associatif (AGR, produits du terroir, protection de la culture Amazigh etc…), il a facilité les contacts et a participé d’une manière active à l’organisation de la mission pour la province de Midelt ainsi qu’à l’organisation de l’atelier.

Les dates de cette première visite ont coïncidé avec le Moussem d’Imilchil, ce qui a été ressenti comme un inconvénient au départ mais qui finalement a présenté des avantages. Comme inconvénients dans cette première visite on peut citer le fait que nous n’avons pas pu rencontrer les responsables des administrations locales qui étaient présents sur le site d’Imilchil. Mais ce fut également un avantage, dans le sens où une foire d’exposition se tenait en même temps dans la ville de Midelt et réunissait de nombreuses coopératives et associations, ce qui nous a permis de voir leurs produits exposés et de discuter avec les présidentes et les membres.

Nous en avons profité pour les sensibiliser et les intéresser à la participation de l’atelier prévu pour le 5 octobre 2012 à la ville de Rich en leur expliquant que cela serait l’opportunité d’exprimer leurs besoins, leurs sentiments pour l’amélioration de leur situation socio-économique selon leur vision , leur approche, leur volontés et leurs besoins.

Durant cette première visite sur le terrain, sur le territoire de la Province de Midelt, ce qui nous a interpelés le plus est le cas de deux communes :la commune d’Itzer et la commune d’End.Nous voudrions donc rapporter l’histoire de ces deux communes au vu du fait qu’elles sont emblématiques de la situation de la région

Pour la commune d’Itzer : Nous avons relevé que deux coopératives ont été créées et qu’après une période de travail collectif, qui, selon les dires des interlocuteurs, n’a pas amélioré le revenu des personnes et a bien au contraire créé des situations de conflit humain entre les différents coopérateurs et coopératrices qui ont préféré retourner à un travail individuel. Par contre, l’association locale visitée recèle de grandes potentialités et créée des activités communautaires qui semblent être appréciées par les femmes qui y participent volontairement car elles leur permettent non seulement d’améliorer leur revenus mais également d’augmenter leurs connaissances, leur relationnel : « c’est une fenêtre sur le monde » comme elles l’expriment. Malheureusement, le cas de cette commune est courant sur l’ensemble du territoire concernant la forme de coopérative de l’entreprise sociale féminine.

Pour le village d’End (commune de Zaouiat Sidi Hamza) Cette commune se trouve juste avant la commune de Sidi Hamza et on y accède par une piste de plus de 5 Km dans des conditions de route très difficiles et qui deviennent presque impossibles et rendent le site inaccessible en période de pluie, sauf pour les véhicules équipés de quatre roues motrices. La situation diagnostiquée est l’existence de deux coopératives, l’une masculine et l’autre féminine travaillant sur le même produit Azir (espèce locale de Romarin sauvage). La coopérative masculine, qui s’occupe du ramassage de l’Azir, existait avant la création de la coopérative féminine qui a été créée dans le cadre du programme PRDME, géré par l‘ORMVAT (office régional de mise en valeur agricole - Tafilalt) financé par le FIDA (fonds international pour le développment agricole) pour la distillation de l’Azir et sa transformation en huile essentielle.A première vue, les deux coopératives ont été conçues pour faire deux activités

complémentaires qui devraient permettre de créer une synergie dans le douar en question et améliorer les revenus de tous. Le constat sur le terrain a démontré la nécessité d’accompagner et soutenir davantage la coordination et la complémentarité entre les deux coopératives. Il faudrait garantir un processus de mise en relation des deux entités et s’assurer qu’il y ait les conditions pour que les hommes aillent livrer la matière première à la coopérative féminine, afin de garantir une dynamique gagnante pour tout le village.La coopérative masculine, pour avoir accès à l’exploitation des ressources forestières ( l’Azir pour le cas présent), doit payer un droit d’exploitation au commissariat des eaux et forêts. La législation marocaine jusqu’à présent ne prévoit pas de dispositions spécifiques pour les entreprises d’economie sociale et solidaire (ESS) et, par conséquent, l’administration des eaux et forêts ne peut faire la différence entre une entreprise d’économie sociale et une entreprise commerciale du système classique. Elle applique donc les mêmes tarifs. C’est dans ce sens que la coopérative masculine a du trouver un entrepreneur étranger à la région qui paie ladite somme en lieux et place des coopérateurs qui lui livrent le produit Azir d’une manière exclusive. Les femmes ne possédant pas les moyens financiers pour se substituer à l’entrepreneur sont en quête de trouver d’autres terrains à exploiter pour faire la récolte elles mêmes et se procurer la matière première, car elles doivent respecter les dispositions de la législation en matière forestière. Le manque de synergie devient un comportement non efficace qui fait perdre au territoire une richesse locale dont bénéficie un entrepreneur pour son compte personnel et n’est pas réinvestie sur le territoire.

De ce manque de communication sont nées des frictions latentes entre les hommes et les femmes. On relève un état de tension et de stress qui s’engouffre dans les foyers car la plupart les coopérateurs et coopératrices sont des conjoints ou ont des relations dans la vie commune familiale. Ces investissement auraient pu favoriser davantage la complémentarité entre les hommes et les femmes du même douar en mettant en commun les moyens de production afin enrichir la population du douar, car les sommes en jeu sont très importantes. La création de la coopérative féminine est une initiative positive, mais il faut assurer le suivi et l’accompagnement pour réduire l’état de stress général qui conduit à un manque de confiance et de dialogue entre les hommes et les femmes, ce qui a donné lieu à un comportement qui bloque le développement dans le douar. De plus, le sentiment de précarité est ravivé chez les femmes car elles n’ont pas accès aux ressources locales et elles n’ont par conséquent aucun pouvoir de décision ni de contrôle.

Nous avons relevé d’autres exemples de coopératives sur la province d’Errachidia

Commune rurale d’El Khang. Ce Ksar présente un état de pauvreté et de précarité très avancé pour toute la population, mais qu’on qualifierait de dramatique pour les femmes, alors que de nombreux projets ont été réalisés à leur bénéfice, par l’attribution en outre d’ovins de race dite Dmane qui a la particularité de se reproduire rapidement. Cependant, l’étude environnementale du douar permet de comprendre que l’élévage est un projet complexe car l’alimentation pour le bétail est rare sur le terrain, d’autant plus que cela a été aggravé par la sécheresse qui sévit dans la région. Donc, dans ces conditions, le succès est difficilement assuré. Il ne faut pas perdre de vue que les femmes ne possèdent pas la terre. Les femmes bénéficiaires de ce projet ce sont retrouvées dans un état de pauvreté encore plus avancé qu’au départ selon leurs dires car elles avaient dû emprunter pour participer au projet, alors que les bêtes sont, soit mortes, soit vendues à des prix dérisoires, et il fallait rembourser les emprunts.

Heureusement il y a aussi des exemples de succès, moins nombreux que les échecs, mais qui seront intéressants à étudier pour aller vers l’excellence.

La Coopérative M’Daghra : A M’Daghra il y a un exemple de succès d’une coopérative pour l’engraissement des veaux qui a été créée par 9 jeunes diplômés universitaires dont 4 jeunes femmes et 5 jeunes hommes. De retour au Ksar, après avoir fini leurs études et devant la difficulté à trouver du travail, ils se sont réunis et ont décidé de monter une entreprise sous forme de coopérative en conjuguant leurs efforts pour satisfaire leurs besoins et mener une vie digne et décente. Dans le respect des principes démocratiques, ces jeunes ont mis en place toutes les recommandations se trouvant dans le discours du Roi du 25 mai 2008 relatif au développement humain.11

Cet exemple a été bénéfique dans le territoire car des coopérateurs plus âgés ont pris exemple et ont fait de même. Le succès de ces jeunes a eu un effet d’entraînement et d’engagement d’autres personnes du village et de la zone.

Village de Zouala Nous avons eu l’occasion de rencontrer Monsieur Moha Oukhouia à Zouala, trésorier de l’association APECTAF dont la structure accompagne de nombreuses 11 http://www.maroc.ma/PortailInst/Fr/MenuGauche/Institutions/Monarchie/ Les+discours+du+Roi/2008.htm

coopératives et initie de nombreux projets tels que : • Créer une laverie écologique qui va réduire le temps de travail des femmes en

les soulageant des corvées quotidiennes dans le respect de l’environnement. • Favoriser et encourager la vente directe des produits fabriqués par les

coopératives féminines à travers le circuit de tourisme solidaire par des vitrines d’expositions.

Deuxième visite : du 01 au 06 Octobre 2012

Les sites touchés sont les suivants : pour la province de Midelt : Zaouia Sidi Hamza - End -Itzer-Tounfite - Guir – Gourama- Amougoeur- Guers Taaliline-Amzizel-Azar- Nezala-Sidi Ayad.Pour la province d’Errachidia : Ait youssef- El Khang- Mdaghra- Aoufous- Er-Rteb- Douira- Ksar meski-Erfoud . Une équipe de 4 personnes du REMESS s’est rendue sur les lieux précédemment visités pour compléter et vérifier le contenu des premières interviews, en utilisant les méthodes initiées par l’approche Coaching Territorial de regroupement de l’information. Une mise au point de l’organisation des deux ateliers à Rich et Aoufous a été faite avec les pôles et les administrations locales. Trois personnes de l’équipe ont bénéficié de la formation de Coaching Territorial et la quatrième personne détient une longue expérience dans la société civile en matière de droits socio-économiques des femmes. L’idée d’élargir l’équipe était de favoriser le renforcement de celle-ci et de doubler la méthodologie de ces séances dans d’autres contextes. En outre, une équipe plus large a été nécessaire pour l’organisation des ateliers et la prise de notes. Il faut signaler que la même équipe a profité de l’expérience de cette visite et a reproduit l’initiative dans la province de Beni Mellal en décembre 2012.

L’Organisation de focus groupe (Atelier synergie)

Le lundi 1er Octobre 2012: fréquents arrêts sur la route pour remettre les invitations en main propre et insister auprès des administrations locales rencontrées lors de la première visite (ADS, ODCO, Wilaya de Midelt et Errachidia, ORMVA-TF, délégation artisanat d’Errachidia) pour qu’elles soient présentes à l’atelier.La majorité d’entre eux ont répondu que leurs supérieurs hiérarchiques n’avaient pas répondu à leurs courriers et que, de ce fait, ils ne pourraient pas être présents physiquement avec nous mais qu’ils étaient de là où ils sont à nous apporter l’aide

nécessaire. Mardi 2 Octobre: Réunion avec les membres du RADOSE (Réseau des Associations de Développement des Oasis du Sud-Est) à Errachidia pour faire le point sur l’organisation de l’atelier selon une méthode initiée dans le cadre du Coaching Territorial. Une feuille de route à été remise à M Ali Razok du RADOSE qui en sera l’animateur. (feuille de route en annexe).

Mercredi 3 Octobre: atelier organisé à Aoufous, province d’Errachidia.

L’atelier s’est tenu à l’auberge « La PALMERAIE » qui se trouve à 5km deAoufous au flanc de la vallée du Draa au milieu des Oasis. Le choix géographique de l’endroit est stratégique par sa situation centrale dans la province d’Errachidia. Quant à l’endroit lui-même, l’auberge fait partie du circuit du FITS (Forum International du Tourisme Solidaire, initiative qui a eu lieu au Maroc en octobre 2012), et se trouve sur le flanc de la Palmeraie du Ziz, noyée dans la verdure. L’atelier devait débuter à 9h30 pour laisser le temps aux différents participants d’arriver, car certains ont du faire plus de 100km pour arriver, dû à l’étendue de la province. Les travaux n’ont débuté que vers 10H30 car ils ont coïncidé avec le mouvement national de grève des transporteurs routiers et les participants ont eu du mal à trouver des moyens de transport. L’animateur de l’atelier était Monsieur Ali Razzok, directeur exécutif du RADOSE qui est un des pôles du REMESS. Ce choix se justifie par sa proximité avec les populations locales et sa connaissance du territoire. Quant au profil des participants et selon la feuille de présence annexée, étaient présents : 17 hommes et 11 femmes qui représentaient des associations, des coopératives ainsi que le directeur provincial de l’artisanat d’Errachidia, Khalil Trombati, et Monsieur Mohammed BAHOU, responsable des coopératives à l’artisanat également . Les participants représentaient une tranche d’âge de 25 à plus de 60 ans et sont venus de 8 communes différentes . L’atelier a débuté par une discussion informelle concernant le problème du jour qu’était la difficulté à trouver un moyen de transport pour arriver. Ce qui était intéressant à relever lors de ces discussions informelles sont les échangés entre les hommes et les femmes tels que: « Si les hommes conduisent pour la majorité des véhicules, en réalité ce sont les femmes qui les dirigent par leur « satellites ».

Lorsque l’animateur a commencé par annoncer les règles de bienséance pour mener à bien les discussions dans le respect de l’autre afin que chacun puisse exprimer ses besoins et ses aspirations, il a été demandé à tout le monde de mettre les téléphones sous silencieux. C’est ainsi que les participants ont partagé une anecdote en rappelant que « si autrefois le criquet annonçait l’arrivée des invités aujourd’hui il a été remplacé par la sonnerie du portable », car ils en ont tous au moins un.

On peut dire que dans une certaine mesure, ils acceptent l’introduction des nouvelles technologies quand elles font preuve de leur utilité. Le silence est revenu dans la salle et Monsieur Karim El Kaddouri du REMESS a présenté l’objet de la rencontre (mieux connaitre les conditions socio-économiques de femmes dans la zone), la démarche et la méthodologie qui seraient suivies (Coaching Territorial et rencontre de réflexion). Il a précisé qu’il n’y aurait pas de documentation distribuée ni de présentation des différentes structures présentes mais que le but était de réfléchir ensemble pour relever les blocages et de proposer des solutions alternatives conformes aux besoins des populations vivant sur le territoire. Les participants ont très bien accueilli la démarche en disant que ce n’est pas souvent qu’on les écoute et qu’ils ne sont généralement réunis que pour assister à des débats qui ne leur conviennent pas toujours. Les règles de conduite pendant la rencontre ont été écrites sur une feuille placardée au mur où ont été réunies, avec la participation de tous, les conditions pour pouvoir travailler dans le respect. Que devons nous faire pour travailler ensemble? • Mettre les téléphones sous silencieux; • Fixer le temps de la rencontre ; • Respecter le dialogue et écouter l’autre ; • Eviter les discussions en aparté; • Participer sans complexe au débat car personne n’est plus savant qu’un autre ; • Accepter les remarques et les points de vue différents.

Les règles ont été acceptées et validées par tous.

La parole est passée ensuite à l’animateur Ali RAZZOK, qui a commencé par reformuler la définition du thème en précisant ce que voulait dire le terme « insertion », il a insisté sur l’appellation en arabe (Idmaj) afin que tout le monde puisse comprendre l’importance de ce mot. Le déroulement de l’atelier à respecté le processus fixé précédemment à travers un feuille de route produite par les coachs territoriaux selon les expériences qu’ils ont vécues sur d’autres territoires et cela a permis à chacun de s’exprimer et de créer une synergie entre les acteurs locaux. Des questions ont été posées et un débat s’est déroulé ensuite : 1. Le premier thème initié par l’animateur a été de lister ensemble les activités

de la femme dans ses activités quotidiennes. Un grand nombre d’activités a été liste, passant de la gestion du foyer et l’éducation des enfants au travail agricole (ramassage des dattes) , tissage et, actuellement, le travail au sein de coopératives et associations.

2. La deuxième question a été : Pensez-vous que les femmes sont rétribuées

d’une manière équitable pour tous les efforts fournis et la participation active à la production? Au début, les hommes sont restés silencieux se regardant les uns les autres comme s’ils se voyaient pour la première fois. Mais l’occasion était trop alléchante pour que les femmes la laissent passer; l’une d’entre elles a dit : “laissez-moi parler car mon cœur est “plein”, il déborde. Les femmes sont donc intervenues pour dire qu’en fin de compte, malgré les tâches innombrables, elles restent dépendantes des hommes et n’ont pas de revenus personnels, même l’argent pour aller au bain publique (Hammam) .

3. La troisième question a été: Si le travail des femmes devait être fait par des personnes étrangères, cela coûterait combien? Les hommes ont répondu que, bien sûr, ils reconnaissent l’effort fourni par les femmes mais qu’ils n’avaient pas conscience de ce que cela rapportait en réalité. Donc il fallait réfléchir ensemble et voir comment insérer leurs efforts dans un processus de production rentable pour elles-mêmes et générateur de revenus pour la famille et le douar afin d’améliorer le développement local. Mais un problème de taille surgit alors : « cela ne dépend pas de nous qui sommes là présents répliquent alors hommes et femmes, nous voulons aller de l’avant puisque nous sommes là! Mais notre société et nos traditions, nos usages et coutumes ne permettent pas un tel comportement, et les femmes ne sont pas préparées à faire face aux problèmes extérieurs. Les blocages viennent d’un niveau d’instruction souvent très bas chez les femmes et d’autres (des prédateurs selon le terme utilisé par le publique) profitent de cet état des choses pour les exploiter sous couvert de les orienter et les accompagner ».

Beaucoup de programmes de formation ont été réalisés au profit des populations porteuses de projets. Pourtant, le taux de réussite de ces projets ainsi que le retour sur l’investissement des sommes avancées reste très faible selon les participants. Certes des formations techniques, souvent assez pointues, ont été dispensées telles que la gestion administrative et financière des coopératives et autres entreprises ; le montage de projets ; les techniques d’élevage et de tissage, ect. Cependant en ce qui concerne le développement des individus qu’a-t-il été entrepris dans ce sens ? Aussi, il apparaît nécessaire aujourd’hui de prévoir des programmes en vue du renforcement des capacités humaines, tels que la formation. Celle-ci conduit les personnes à avoir confiance en elles, avoir de l’estime de soi, à la prise de conscience de l’interdépendance entre les personnes. Elle apprend aux personnes à s’écouter entre elles, à dialoguer, à séparer leurs besoins de leurs désirs en identifiant leurs priorités. Il faut rétablir la culture du partage et de la solidarité dans l’intérêt commun en sauvegardant ses propres intérêts.

Ce type de formations existe actuellement et permet l’individu de mieux s’orienter pour un avenir meilleur dans des délais relativement raisonnables. Tant que ce type de formation ne sera pas mis en œuvre et aucun budget et aucune subvention ne seront accordés, on ne pourra pas débloquer la situation car c’est un problème de mentalité que les uns et les autres se rejettent ou rejettent sur la société qui fait blocage : il faut chasser les vieux démons ! Le responsable de l’artisanat a pris la parole pour expliquer que son département était à l’écoute et qu’il serait heureux de recevoir toute personne qui voudrait avoir des renseignements sur les programmes prévus. Il a dit qu’il fallait être vigilant car il y a des savoir-faire qui sont en train de disparaître car les jeunes filles ne veulent plus passer du temps à faire des activités qui ne rapportent pas d’argent. Pour conclure, l’atelier a été utile parce que beaucoup de remarques très intéressantes ont été exprimées, des liens se sont tissés, les personnes présentes ont échangé leurs numéros de téléphone et se sont invitées les uns et les autres à visiter leur lieux respectifs de travail (administration, associations, coopératives). Les problèmes, les besoins et les potentialités des femmes ont été exprimés spontanément et des idées de projets sont nées au cours de l’atelier. Les participants ont également conclu que la situation économique de l’homme est liée au travail de la femme pour la production des biens et services mais c’est presque toujours l’homme qui a le pouvoir de décision. Ils estiment que, si les femmes participent à la prise de décision, la situation va s’améliorer, mais que les vrais obstacles sont inhérents à la société et aux mentalités. La séance de travail a pris fin vers 15h, un repas préparé par l’aubergiste à été servi aux participants qui ont profité de cet instant de partage autour d’un tagine pour faire plus ample connaissance.En effet de nombreux échanges se sont fait et des relations se sont tissées pour se faciliter la tâche les uns les autres, se compléter. Des invitations également ont été lancées pour visiter les lieux de travail. Et la magie a fonctionnée: la connexion s’est établie entre les participants et, comme dit Monsieur El Kaddouri du REMESS: “nous avons installé la ligne fixe”, nous pouvons partir sereins. C’est à dire que l’objectif a été atteint; la synergie entre les différents acteurs locaux présents a été initiée. En travaillant de la même manière autour de thèmes et projets différents avec d’autres participants et en impliquant davantage les administrations qui seront présentes, vu l’écho produit par la rencontre qui nous est parvenu, les comportements vont changer et les mentalités vont bouger.

Jeudi 4 Octobre : En direction la Province de Midelt, de fréquents arrêts pour visiter administrations et certaines coopératives qui ont participé à l’atelier et qui nous ont invités à voir leurs produits. En répondant à leurs invitations, nous valorisons leur travail et renforçons le sentiment d’estime dont ils ont besoin pour aller de l’avant.

Vendredi 5 Octobre Atelier organisé à Rich, province de Midelt

Nous avons eu du mal à trouver un endroit décent pour dormir près d’Er-Rich, pourtant les thermes d’El Hammat sont proches et reçoivent beaucoup de visiteurs. Il existe une seule auberge dans laquelle nous avions dormi lors de la première phase de la mission et nous voulions voir ce que la région pouvait présenter d’autre pour le visiteur. Nous sommes arrivés à 9 h; L’atelier a pour objectif de contribuer à l’amélioration des connaissances sur les conditions socio-économiques des femmes dans la province de Midelt en vue de leur insertion dans la dynamique de développement local. L’atelier s’est tenu au centre de mise en valeur de l’ORMVAT dans la ville de Rich. Le choix de l’endroit est stratégique par sa situation centrale dans la province de Midelt. Quant à l’endroit lui-même, le centre des travaux agricoles est dirigé par l’ORMVAT qui est l’un des principaux acteurs institutionnels dans la région . L’atelier a débuté à 9h30, les différents participants sont arrivés avec un petit peu de retard à cause des distances à parcourir d’une part et d’autre part à cause de la grève des transporteurs qui se poursuivait. Le choix de l’animateur, Monsieur Mohamed BAHHOU, responsable des coopératives et association à l’artisanat, se justifie par sa proximité avec les populations locales et sa connaissance profonde du territoire, ainsi que par sa connaissance de la langue Amazighe. Etaient présents 10 hommes et 16 femmes qui représentaient des associationset des coopératives, ainsi que le responsable des projets de l’ADS Mr Rachidi Moulay El Kbir pour les deux provinces d’Errachidia, Midelt. Les participants représentaient des tranches d’âge de 25 à plus de 60ans et sont venus de plus de 8 communes de la province de Midelt . (voir annexe). La méthode initiée par l’animateur qui possédait également la feuille de route préparée par le REMESS suivant la méthodologie du Coaching Territorial était quelque peu différente de la méthode utilisée à Aoufous mais elle a permis d’obtenir des résultats similaires. Mr Bahhou a commencé en rappelant les règles de bienséance à respecter pendant l’atelier. Il a opté pour la méthode du brainstorming.

Il a commencé par poser des questions : • « comment avez-vous été informés par la tenue de cet atelier ? « • « et pourquoi avez-vous fait le déplacement ? » • « quelles sont vos attentes ? »

Après,Monsieur Karim El Kaddouri du REMESS a présenté la démarche et la méthodologie qui serait suivie pendant la rencontre. Il a précisé qu’il n’y aurait pas de documentation distribuée ni de présentation des différentes structures présentes mais que le but était de réfléchir ensemble pour relever les blocages et proposer des solutions alternatives conformes aux besoins des populations vivant sur le territoire. La parole est passée ensuite à l’animateur, Mr Bahhou, qui à listé les attentes sur les flip-chart. Le déroulement de l’atelier à respecté le processus fixé précédemment par les coachs territoriaux selon les expériences qu’ils ont vécu sur d’autres territoires et permet à chacun de s’exprimer et de créer une synergie entre les acteurs locaux. Après avoir listé toutes les activités entreprises par les femmes en milieu rural et elles ont convenu ensemble qu’elles sont nombreuses et souvent délicates. L’ensemble des participants reconnaissent aisément que, malgré toutes les tâches et travaux réalisés, les femmes n’ont pas de revenu personnel et quand bien même elles arrivent à une autosubsistance cela ne leur permet pas d’accéder à l’autonomie économique . Pour celles qui se sont engagées dans les associations et les coopératives et qui ont améliorée leurs revenus, le pouvoir de décider ne suit pas d’une manière automatique. Certaines ont dit qu’elles devaient attendre la tombée de la nuit pour pouvoir prendre le car quand elles doivent se rendre à une foire d’exposition où se déplacer pour des raisons de travail car les mauvaises langues allaient se délier et dire qu’elles sortent pour des mauvaises actions. Quand l’animateur leur a demandé si elles savaient pourquoi cela se passait ainsi, elles ont répondu: “tout simplement parce qu’on est des femmes et qu’il n’y a pas d’explication logique.” Et il a encore posé la question de savoir si les femmes fonctionnaires de l’Etat subissaient les mêmes pressions sociales? Tous le monde, hommes et femmes, a répliqué que non car leur travail était pris plus au sérieux puisque toutes les fins de mois elles ont un salaire fixe et garanti. C’est le travail dans le cadre coopératif et associatif qui n’est pas valorisé et la plupart des gens disent que c’est une perte de temps puisque cela ne donne aucune indépendance matérielle aux femmes qui s’y prêtent.

Les autres problèmes classiques ont été soulevés comme suit:

• le manque d’information et de formation ; • la difficulté à faire face au règlement des droits et taxes à payer à

l’Administration des Eaux et Forêts pour bénéficier des ressources en tant qu’entreprise sociale et solidaire;

• le problème des entrepreneurs qui paient en lieux et place des femmes qui se retrouvent salariées pour une somme modique dans leurs propres coopératives ;

• Les présidentes analphabètes des coopératives et associations qui sont soumises à la bonne volonté des personnes lettrées et pas toujours honnêtes.

Enfin, pendant le repas qui a été préparé par une coopérative locale de femmes, les personnes participantes ont discuté entre elles. Elles ont fait connaissance et, pour la plupart, ont mis un visage sur les noms. Ils ont décidé de commencer à se rencontrer pour discuter de leurs problèmes et de leurs projets entre eux . Tous, hommes et femmes, se plaignent et disent que la région souffre d’un fort clientélisme. Ils signalent aussi que la communication avec les administrations pourrait être plus efficace bien qu’ils n’ont pas assez de ressources et moyens mais ils sont prêts pour être à l’écoute. Il règne un stress général et un manque de confiance absolu. De nombreuses recommandations ont été listées après le repas car tout le monde voulait continuer à débattre.12 Ils ont tous confirmé qu’ils étaient heureux d’être enfin réunis pour s’exprimer au lieu d’avoir à entendre toujours les mêmes discours: “nous avons besoin de parler et d’exprimer nos besoins sans avoir à crier devant les portes des administrations où dans la rue”.

6 Octobre, fin de mission. Les visites de terrain ont été utiles pour l’équipe pour mieux approfondir la connaissance de la situation de la région, ainsi que pour comprendre les disparités entre les différentes communes et communautés. Les deux visites ont permis de collecter, bien que informellement au vu du manque des documents officiels, des données pour faire des observations sur la région. Des pistes de travail ont été suggérées par les populations aux cours des deux ateliers de travail et serviront de base pour les recommandations de cette étude. Suite aux visites de terrain il y a eu la phase de rédaction et systématisation de l’information collectée. La capitalisation des documents disponibles sur les conditions socio-économiques des femmes (et des hommes) au Maroc est très importante pour 12 Pour les recommandations voir chapitre 4

créer un cadre documentaire clair, une base de travail et un référentiel pour l’avenir. Il y a eu aussi plusieurs séances de partage entre le REMESS et Oxfam Italia afin d’échanger des réflexions sur la recherche et l’évaluation des visites de terrain.

Le travail de collecte de documents, les visites sur le terrain et les séances de réflexion ont été essentiels pour développer la deuxième partie d’analyse et recommandations. Mais le travail a été fonctionnel surtout pour entamer une réflexion sur la nécessite, dans l’avenir, d’approfondir, d’une façon scientifique, les connaissances sur les zones d’intervention à travers des méthodes de recherche qualitative et quantitative.

CHAPITRE III Synthèse et Analyse de la situation (données, entretiens, rencontres

collectives)

Cette étude a été facilitée grâce au travail initié par le pôle du REMESS en l’occurrence le RADOSE (Réseau Associatif de Développement des Oasis du Sud-Est) pour le site d’Errachidia à travers un travail intitulé « Guide de la Gouvernance Locale ». Ce guide du RADOSE va dans le même sens que l’objectif de cette étude (sans cibler les femmes en particulier mais la population en général), car il tend à créer les conditions idoines à travers la formation et l’accompagnement pour renforcer les compétences des acteurs locaux afin d’accélérer le processus dans une approche de développement durable. Il s’agit de créer une synergie entre les différents intervenants sur le territoire afin qu’ils contribuent de manière efficace au développement durable grâce à une gestion effective selon les concepts reconnus d’une bonne gouvernance locale. De ce dialogue et échanges avec la population en général et les femmes en particulier, le REMESS peut d’ores et déjà dresser un constat tel qu’il apparaît à travers les informations récoltées sur le terrain. C’est ainsi qu’à l’occasion de la tenue des ateliers, nous avons constaté qu’il y a eu un échange immédiat des connaissances et des informations entre les différents participants. Une synergie a été déclenchée à cette occasion et les femmes se sont exprimées librement et clairement. La méthode utilisée qui a consisté, d’une part, à éviter les présentations classiques et les discours de présentation des uns et des autres et d’autre part, à donner la parole directement aux participants autour d’un thème précis à permis à chacun d’exprimer son point de vue, ses échecs, ses réussites et surtout d’exposer ses attentes en matière de développement local. Selon les dires des participants, c’était la première fois qu’une telle rencontre a été organisée et qui a permis aux acteurs des entreprises d’économie sociale de discuter entre eux de sujets communs sans contraintes. C’est ainsi qu’une synergie a été créée à l’issue des ces rencontres entre les acteurs des entreprises de l’économie sociale et solidaire entre eux et avec les acteurs institutionnels présents. Tous les problèmes, les soucis, les incompréhensions ont été évoqués autour du thème de l’insertion socio-économique des femmes. Les femmes présentes ont également exprimé qu’elles souhaiteraient être accompagnées dans ce qu’elles savent faire en vue d’améliorer les techniques de production et de gestion. La nature des projets qui leur sont proposés et parfois dictés est différente de leur savoir-faire local. C’est dans ce sens qu’une résistance est née, souvent inconsciente, à participer à la capitalisation des investissements réalisés dans le cadre de projets réfléchis en dehors de la participation effective des

femmes qui ne se sentent pas impliquées. Il a été relevé par les membres de l’équipe en charge de l’étude et de la collecte d’informations que la mentalité de mutualité et de partage n’a pas intégré la structure des coopératives et des entreprises d’économie sociale rencontrées, qui sont souvent initiées par des tiers et non pas par les coopératrices elles mêmes. C’est une dynamique exogène qui est souvent à l’initiative de la création des coopératives et parfois même de la gestion administrative et financière est assurée par des personnes externes à l’entreprise, sous le prétexte réel que les présidentes et les membres sont souvent illettrés. De ce fait, les responsabilités qui incombent aux femmes dirigeantes sont très importantes sans qu’elles n’aient le pouvoir réel de prise des décisions. L’intention des tierces personnes qui interviennent dans la gestion et la direction n’est pas toujours mauvaise mais cela ne contribue pas à consolider le sentiment d’appartenance à l’entité et de développer « l’affectio societatis » nécessaire à la bonne marche de toute entreprise économique, quel que soit son type. Durant les rencontres individuelles et collectives, les membres de l’équipe ont collecté et inventorié beaucoup de remarques sur les moyens d’existence, les besoins et les difficultés que rencontrent les populations. Certaines observations sont générales et d’autres sont spécifiques aux problèmes des femmes.

Nous pouvons classer les remarques récoltées en 7 grandes catégories

1 Problèmes liés à l’infrastructure a. Infrastructure routière (enclavement et état des routes);b. Infrastructure administrative (éloignement des administrations, relations réduites et communication limitée entre les administrés et les fonctionnaires sur place); c. Accès difficile des populations aux besoins élémentaires tels que l’accès aux soins de santé, l’accès aux écoles et à la formation/instruction, l’accès à l’eau ; d. Accès au foncier et accès au financement pour un logement pour fonder un foyer

2 Problèmes liés aux défiances d’opportunités d’investissement a. Pas d’installation d’usines de production ou transformation en agroalimentaire ; b. Manque de grands chantiers ; c. Financements limités pour faire des investissements dans l’industrie touristique

3 Problèmes liés aux faibles capacités, qui doivent être comblées à travers la formation et le renforcement du savoir-faire local

a. Le fort taux d’analphabétisme est un élément d’entrave du développementb. Les projets initiés n’ont pas pris en considération l’existant (c’est-à-dire ce que savent faire les femmes dans l’intérêt de leur localité) c. Parfois, les très nombreuses formations réalisées ne répondaient pas à des besoins exprimés, ou bien le suivi n’a pas été assuré pour en garantir le bénéfice.

4 Problèmes liés aux modes de financement et gestion a. relation avec les bailleurs de fonds tels que les banques et les sociétés de crédit (non connaissance des principes de bases et des instruments- chèques / cartes/lettre de change etc.) ; b. Difficulté d’accès à des modes de financement appropriés, spécifiques et organisés par les femmes et pour les femmes ; c. Le travail coopératif et en général les entreprises de l’économie sociale et solidaire sont vus comme non rentables et peu efficients.

5 Problèmes liés à la gestion du domaine forestier a. Difficulté pour les populations (féminines en particulier) d’y avoir accèsb. Relation paternaliste des acteurs de développement à l’égard des femmes dans le souci de veiller à l’exécution des programmes

6 Problèmes liés à l’accès au foncier a. Terres collectives et système aléatoire d’exploitation, en particulier pour les femmes ( à signaler que le Plan Maroc Vert veut cibler ce problème) b. Non affectations des terrains aux femmes qui restent la pluspart du temps sous le contrôle des hommes de la famille.

7 Le problème majeur lié aux mentalités/traditions a. Les fonctions et tâches classiques attribuées aux femmes dans un système patriarcal b. La vision du rôle des femmes dans l’espace public (dans la rue, les souks et leur relation avec les hommes).

C’est en posant certaines questions à un moment donné de la réflexion par rapport aux faits constatés, et surtout en essayant d’y répondre, que nous pouvons diagnostiquer les causes susceptibles d’expliquer les freins au développement et à l’intégration socio-économique des femmes.

L’analyse de la société humaine à travers ses problèmes et ses échecs nous conduit à fixer de nouvelles perspectives pour une nouvelle vision de la gouvernance et ainsi pouvoir relancer la dynamique.

• Pourquoi n’avons-nous pas atteint les objectifs fixés ? • Qu’est ce qui a créé les déviances et les dérives qui ont bloqué le processus

de développement ? • Pourquoi nos comportements humains restent-ils figés ? • Pourquoi l’être humain résiste-t-il chaque fois qu’il se trouve devant un

croisement de routes ? Quel chemin doit-il prendre ?

Ces questions sont encore plus importantes quand les populations ciblées sont les femmes et l’objectif est l’amélioration des leurs conditions socio-économiques. De ces constats, ainsi que des révélations faites par les personnes rencontrées, de nombreuses sollicitations et recommandations ont été exprimées par les populations vivant sur le territoire à l’occasion des visites sur le terrain. L’état des lieux a révélé qu’elles ont toutes un dénominateur commun, et ceci quel que soit le domaine d’activité évoqué. Qu’il soit économique, culturel ou social, nous pouvons dire qu’il y a un besoin chez les populations d’être écoutées. Ce besoin peut se résumer et s’exprimer à travers la phrase suivante : « ECOUTEZ-NOUS ET ACCOMPAGNEZ-NOUS DANS NOS BESOINS ET PAS SELON VOS DESIRS». Il y avait beaucoup d’agressivité qui se dégageait des propos et paroles tenus au début des rencontres avec les personnes avant la tenue des débats lors des ateliers. Il est apparu par la suite que ces réactions sont dues à un sentiment de frustration qui est né d’une mauvaise communication entre les différents intervenants locaux. Ce sentiment bloquait l’instauration d’un dialogue basé sur l’écoute respective et le respect du point de vue de l’autre. Les populations de la société civile disent qu’elles se sentent infantilisées et menées vers des chemins qu’elles n’ont pas envie de prendre. Les femmes ont exprimé leur volonté d’autonomie et de responsabilisation sociale en dehors de leurs foyers par une implication dans la vie de la commune et de la cité. Elles demandent à être réellement consultées et que leur avis soit pris en considération pour assurer la durabilité des projets. Elles demandent d’être impliquées dans leur suivi. Elles disent se sentir souvent utilisées pour les besoins d’un moment et très vite rejetées aux oubliettes après la fin des « festivités » ; elles se sentent flouées ! Cependant, lorsque la parole est donnée aux acteurs de développement qui travaillent sur ledit territoire, nous relevons surtout un sentiment d’impuissance devant l’ampleur du travail à réaliser pour accompagner les populations. Ils disent que les personnes touchées dans le cadre des projets initiés pour activer le développement local ne pensent qu’à recevoir des aides sans rien vouloir investir.

Les femmes ne pensent, toujours à leurs dires, qu’à bénéficier de l’argent des subventions pour l’utiliser à des fins de consommation immédiate. Effectivement, et selon les résultats des programmes financés au profit des populations locales tels qu’ils sont présentés dans les rapports, on ne peut que confirmer le point de vue avancé par les différents acteurs de développement. Néanmoins, entre les deux catégories d’acteurs locaux (associations locales et acteurs de développement), nous trouvons de nombreuses associations-relais de proximité qui tentent de jouer le rôle de médiateur et facilitateur. On ne peut parler de réinsertion économique de la femme sans avoir analysé la situation économique, politique et sociale d’un territoire. Il s’agissait alors de déceler les différents types de comportements entravant l’insertion économique des femmes dans un système existant, qui fonctionne selon des normes établies par des personnes de genre masculin en fonction de leurs propres besoins.De cette étude, il ressort que les concepts de l’économie sociale et solidaire méritent d’être véhiculés au sein de la population des territoires visités, car leur mise en œuvre permettra aux populations d’entrer par la grande porte dans le développement durable qui place l’homme au cœur de toutes les stratégies. Il faut à l’occurrence impliquer les hommes qui sont déjà dans le circuit économique et certaines femmes qui sont également présentes sur le front des activités liées au développement (en particulier on peut parler des femmes ressources qui revêtent un rôle de valeur : présidentes d’associations et coopératives, conseillères communales, institutrices etc.). Il faut ensuite impliquer les autres femmes (membres d’associations et coopératives) à travers des entraînements et des encadrements nécessaires. C’est ainsi que nous devons réfléchir en permettant aux femmes de prendre en charge les mesures nécessaires pour répondre à « La Crise Economique ». Tous et toutes luttons côte à côte contre la pauvreté et la précarité qui empêchent l’être humain de vivre dignement. C’est dans ce sens que les grandes orientations de l’Etat arrêtent les stratégies globales et sectorielles pour un développement durable à travers différents programmes. Les plus importants sont :

• l’Initiative Nationale pour le Développement Humain : INDH Si l’on se réfère au discours du Roi Mohammed VI du 18 Mai 2005 qui a lancé l’Initiative Nationale du Développement Humain (INDH), nous trouvons la plateforme nécessaire, institutionnelle et idéale pour faire des entreprises de l’ESS le socle des alternatives pour palier aux insuffisances du système libéral classique de production. Faire de l’élément humain le centre et la finalité fondamentale des initiatives de développement à travers des projets et des programmes. » (Discours du Roi 18 mai 2005)

• Les Plans Communaux de Développement : PCD L’objectif fixé à travers les PCD est de renforcer la place institutionnelle de la

commune, la crédibilisation de la régionalisation et la réhabilitation du travail politique local. C’est une approche participative qui associe toutes les sensibilités politiques locales, les opérateurs socio-économiques et les populations. Ce programme place la Commune et la société civile, non pas comme associées uniquement, mais au centre du processus de développement.

• Le Plan Maroc Vert : PMV C’est un programme de développement sectoriel et régional qui cherche la mise en valeur de l’ensemble du potentiel agricole territorial. Il s’articule autour de 2 piliers. Le pilier I vise le développement accéléré d’une agriculture moderne adaptée aux règles du marché. Le pilier II vise la mise à niveau des acteurs fragiles et la lutte contre la pauvreté à travers l’amélioration du revenu agricole en s’appuyant sur le tissu des opérateurs sociaux (Coopératives, Associations, GIE, ONG). A travers l’état des lieux réalisé par l’équipe sur le terrain et malgré l’arsenal institutionnel pour le développement mis en place, la situation de la femme sur le territoire diagnostiqué semble, à quelques exceptions près, ne pas avoir encore bénéficié de toutes les mesures initiées par l’Etat : pourquoi ?

Comme REMESS nous nous demandons comment contribuer à la mise en place des programmes envisagés et comment favoriser et assurer l’application des concepts et pratiques de l’ESS dans les grands chantiers nationaux, qui visent à améliorer les conditions de vie et le développement socio-économique, et comment garantir l’insertion des femmes dans ces programmes nationaux. Malgré toutes ces initiatives et les programmes engagés, c’est au niveau des comportements humains qui se trouve le blocage (difficulté de dialogue, manque de communication, coordination mauvaise ou absente parmi les différents acteurs) ainsi qu’au niveau du fort manque de connaissances et de vulgarisation. En effet, la plupart des projets initiés se situent dans une stratégie commune de développement du territoire, cependant l’initiative est généralement prise en dehors de la participation effective des populations. Il ne s’agit pas uniquement d’impliquer les acteurs locaux par des financements et des formations et à travers des vulgarisations en favorisant l’accès à l’information. Il s’agirait plutôt de travailler d’abord à l’éveil d’une conscience collective d’appartenance au territoire. Toutes et tous doivent se sentir concernés et prendre conscience qu’il existe une relation d’interdépendance entre tous les acteurs, promoteurs et administrations locales pour faire aboutir tout type de projet. Aussi, les entreprises d’économie sociale et solidaire, sur lesquelles s’appuie le pilier

II du programme du PMV, ont la particularité de produire des biens et des services en poursuivant des finalités à la fois économiques et sociales. C’est grâce à la dimension sociale que les projets peuvent être viables, durables et ainsi assurer la pérennité des ressources, quelle que soit leur nature. Les entreprises d’économie sociale et solidaire offrent des services qui mettent en place un mécanisme de partage des risques et de mutualisation des efforts. Ce sont des structures basées sur la solidarité des membres et elles sont caractérisées par la volonté des individus et des groupes de se mettre ensemble pour répondre à des besoins ressentis identifiés par eux-mêmes. Nous comprenons alors les réactions des femmes sur les deux territoires diagnostiqués lorsque celles-ci ne se sentent pas concernées et utilisent les fonds qui leurs sont alloués pour répondre à des besoins basiques de consommation et non d’investissement. Lorsque les femmes et les hommes que l’équipe a rencontrés au cours de l’étude-diagnostique ont été interpellés sur le système social dans lequel ils ont grandi et évolué. Ils en gardent une vague nostalgie en disant que c’était mieux avant. Mais en posant la question « Comment cela se passait-il avant ? » ils répondent seulement que leurs ascendants étaient plus heureux et plus sereins. Ils affirment que les anciens ont vécu et sont survécu dans ce relief difficile, accidenté ou désertique, et dans ce climat rude grâce à l’entraide qui existait dans le système social des Ksars et des douars. De cette entraide et participation collective, ils en connaissent les principes et en reconnaissent les valeurs, mais ils pensent que cela appartient à un passé révolu. La mission du REMESS et de ses partenaires se situe à ce niveau : il faudrait veiller, lors de l’initiation des projets de développement, à travailler en ayant recours aux méthodes et outils développés comme le Coaching Territorial et les principes de la bonne gouvernance locale. Il faudrait en outre valoriser le système d’entraide traditionnel en l’adaptant aux temps modernes. Il faut travailler sur l’élément humain en réveillant les souvenirs enfouis, les principes oubliés (comme les concepts de mutualité et solidarité traditionnelle) et les savoirs-faire endormis pour déclencher une volonté de faire et d’agir qui existent chez les populations et dont elles n’ ont plus conscience. Aussi, l’action à initier auprès des femmes pour faciliter leur insertion socio-économique gagnerait beaucoup si un travail pour réveiller les consciences était fait préalablement. Il faut faire disparaître les peurs héritées qui n’ont plus aucune raison d’être par des techniques appropriées et dont le REMESS possède les expertises. Il faut inciter les femmes à reconnaître toutes leur capacité existantes qu’elles omettent d’actionner et pour cela il faut travailler pour leur redonner confiance en elles-mêmes. C’est à ce prix là, en faisant un travail de fonds sur la personne et, comme lors de la construction d’un bâtiment, en commençant par se préoccuper de l’état des fondations sur lequel va reposer

l’édifice, il s’agit de travailler à renforcer d’une manière permanente « les fondations humaines » sur lesquelles l’édifice du développement va être bâti pour pouvoir faire un travail de renforcement sur des fondations solides qui supporteront le poids des les renforcer sur ses bases.

Nous pouvons donc dire que nous devrions travailler sur le développement et la conceptualisation d’un indice de bien-être en vue de faire aboutir les projets.

CHAPITRE IV Recommandations des personnes rencontrées (population, administrations)

et du REMESS

La vision empathique de l’organisation de la société à travers le regard féminin et selon les besoins réels et exprimés de ces dernières permettra, sans doute, de contribuer au développement durable car les femmes se sentiront impliquées. Tant que les hommes penseront pour elles, en supposant qu’ils les protègent contre les aléas de la vie ; les femmes n’auront pas l’occasion de contribuer au développement en mettant leurs potentialités et leurs capacités au service de la communauté. Il faut noter qu’à travers les nombreuses propositions de projets à réaliser et selon le nombre d’activités diagnostiquées on ne peut que confirmer que la région regorge de potentialités aussi bien en ressources naturelles qu’en ressources humaines. Sachant que les principes de l’économie sociale et solidaire placent l’homme au centre des préoccupations de toute initiative pour le développement, il faudrait veiller à la mise en place de Centres d’incubation auprès des collectivités territoriales et des régions pour regrouper et capitaliser les moyens mis à la disposition des populations à travers les différents programmes existants où à venir. Il y a actuellement une dispersion des efforts et des financements. Pour que les entreprises d’économie sociale et solidaire réussissent, il est impératif que le besoin de se regrouper vienne des coopératrices et des coopérateurs. Dans ce sens, il semblerait opportun de travailler avec les populations en amont de la création des entités économiques avant de commencer l’accompagnement purement technique et de gestion. Il faudrait prévoir un accompagnement, non pas uniquement technique, mais aussi sur la gestion et la gouvernance afin de faire un travail sur les comportements, les mentalités et les facteurs de blocage pour assurer la réalisation des projets concrets ayant été proposés par les populations. De nombreuses recommandations ont été listées au cours des rencontres et dont les principales sont les suivantes : Dans une vision globale : • Les femmes souhaitent être accompagnées pour la réalisation de projets

dont elles ont le savoir-faire ou pour des projets en lien avec les ressources naturelles qui existent sur leur territoire ;

• Elles souhaiteraient en outre la valorisation des Ksars. Ceci qui permettrait, d’une part, de développer le tourisme dans la localité, de servir de vitrine de vente pour les produits locaux et de trouver des habitations pour leurs enfants qui cherchent à loger dans la ville de Errachidia ou de Midelt ;

• Les femmes souhaitent avoir un environnement adapté en matière de santé,

d’enseignement, d’éducation et de sécurité ; • Elles désirent avoir accès à des financements spécifiques qui prennent en

considération leur situation de précarité en dehors du système de microcrédit qu’elles connaissent déjà ;

• Elles veulent avoir accès au foncier et aux ressources forestières en instaurant une procédure spéciale pour les femmes avec les administrations et les collectivités et en particulier avec l’ORMVAT;

• Elles veulent être consultées pour la gestion collective du douar ou du Ksar à travers des comités où la femme aura sa place.

• Elles souhaitent que le travail qu’elles exécutent pour le compte de la famille dans les champs, le tissage, la traite des vaches etc. soit reconnu et rétribué (par la famille et par l’Etat-cotisations sociales etc.).

Si on résume donc les indications, on peut signaler un besoin de : soutien financier, de services d’extension, de valorisation des atouts du territoire (patrimoine, produits terroir), de création de comités féminins qui puissent influencer les dynamiques et les politiques territoriales, des quotas effectifs pour assurer la participation féminine à la vie politique et socio-économique.

Dans une vision spécifique des recommandations précises ont été émises pour la réalisation d’objectifs déjà identifiés: • Accompagnement et médiation pour améliorer la relation entre les deux

coopératives du village de End (commune de Zaouia Sidi Hamza), afin que leur travail puisse bénéficier le village entier ;

• Création d’une coopérative de tourisme solidaire « Dar Diafa à Rich » entre les diplômés chômeurs et les femmes pour améliorer le service et l’offre au vu du fait que la demande est intéressant et se dirige vers les villes avoisinantes ;

• Proposition du président d’une coopérative de l’huile d’olive d’accompagner les femmes dans le travail et dans l’emballage du produit ;

• Formations proposées par la délégation d’artisanat pour protéger le savoir faire local afin qu’il ne disparaisse pas ;

• Création d’un centre de formation continue pour les associations et les coopératives ;

• Mise à disposition de locaux existants pour la formation et la domiciliation des associations ;

• Demande d’organisation d’ateliers de sensibilisation sur l’insertion socio-économique des femmes organisés de la même manière dans les autres douars ;

• Favoriser le changement de comportement des « entrepreneurs et intermédiaires » et des acteurs externes ;

• Soutenir le dialogue et améliorer la communication entre les administrations et les populations car il y a une relation d’interdépendance très forte entre les activités ;

D’autres recommandations doivent être tenues en compte dans l’élaboration et l’exécution d’activités futures. On peut en citer certaines qui sont ressorties dans la phase d’échange entre les partenaires, suite aux visites de terrain : • Favoriser la récolte des données générales et désagrégées par genre auprès

des administrations, des institutions et des associations ; • Développer un système et des mécanismes de collecte des données qui

puissent être gérés d’une façon simple par les acteurs locaux ; • Promouvoir la culture des coopératives et des associations. Faire connaitre la

différence entre les deux types d’organisations, leurs atouts et leurs limites ; • Assurer l’organisation de séances de coordination et vulgarisation, ainsi que

d’écoute des instances des populations ; • Promouvoir une culture de partage et de reproduction des bonnes pratiques

et des expériences réussites à travers un recueil de cas (par ex laverie écologique de Zouala) et des visites d’échanges ;

• Assurer des services d’extension qui prennent en considération les caractéristiques du territoire (langue amazighe, besoin d’accompagnement et renforcement des capacités) ;

• Favoriser un changement de mentalité et de comportement en assurant des services d’appui, de conseil et d’accompagnement.

CONCLUSIONS

Cette étude nous a permis de mieux connaître la zone et de mieux comprendre les dynamiques territoriales. Il s’agit d’un travail qui n’est pas figé mais qui devra être alimenté en continu grâce aux activités sur le terrain. Il était important d’arrêter noir sur blanc une photographie de la zone pour commencer à développer une bibliographie qui se focalise sur la région et sur la thématique. Toutefois, plusieurs sont encore les enjeux qui nous attendent et il faut assurer la continuité de ce travail à travers des enquêtes quantitatives et qualitatives sur la région et sur les conditions des femmes. On donnera continuité et durabilité au travail tout en intégrant les recommandations des populations et des acteurs de développement rencontrés. Les recommandations livrées par les acteurs locaux vont permettre de renforcer le statut social encore fragile de la femme qui reste une entrave réelle à l’expression de son rôle pivot dans des domaines aussi fondamentaux que l’éducation, la santé, le bien-être des individus et des communautés, et le développement humain et socio-économique. Il est nécessaire de prévoir la conception de mesures appropriées et focalisées sur les causes structurelles qui handicapent le processus d’intégration de la femme à l’investissement dans le capital humain et, corrélativement, aux facteurs de revenu, à l’activité économique, à la prise de décision au niveau familial et communautaire et aux aptitudes d’autoprotection durable contre les divers dénuements. Pour atteindre cet objectif il faudra soutenir un processus de dialogue parmi les acteurs de développement de la région, assurer la continuité des programmes de développement et il faudra, en outre, prendre en considération les leçons tirées de cette étude : respect des intérêts des populations, nécessité d’initiatives d’enquête, d’information et de développement, travail préliminaire et continu de collecte des données, travail d’accompagnement et suivi. La responsabilité des partenaires sera d’opérationnaliser et diffuser les recommandations et les leçons tirées.

HISTOIRES DE VIE

L’équipe de travail a sélectionné cinq coopératives pour illustration, en réalisant une histoire de vie. L’objectif est de marquer la situation et l’état de la coopérative au moment de la réalisation de l’enquête, afin de pouvoir évaluer par la suite l’évolution et le développement qui serait atteint. Le choix a été effectué au niveau des communes suivantes Mdaghra et Aoufous (Errachidia), Kerrandou, Midelt (Midelt)

I – COOPERATIVE DU HAIK M’DAGHRI Ksar Ait Massaouda, jamaâte Chourafa M’daghra

Province Errachidia

Cette coopérative a été constituée en 1994 pour la protection du savoir faire du « Haik M’daghri » et pour assurer sa pérennité en l’actualisant aux gout de la mode actuelle en y apportant les nouvelles techniques de tissage et en gardant son authenticité pour le valoriser. Cette coopérative a joué un rôle important dans l’autonomisation de la femme en instituant une tradition de tissage en tant qu’activité génératrice de revenu dans le Ksar Avant la création de cette coopérative, les femmes travaillaient dans un cadre informel au détriment de leurs droits économiques et de toute reconnaissance sociale en tant qu’agent participant au développement local. Depuis la constitution de cette coopérative les femmes ont pu commercialiser leur produit non seulement au niveau local mais également sur tout le territoire national et l’ont fait connaitre à l’échelon international en participant à des foires commerciales aussi bien au Maroc qu’à l’étranger. La réussite de cette coopérative tient dans sa longévité d’une part et d’autre part et elle a pu atteindre l’objectif fixé qui est celui de préserver le « Haik M’daghri » dans le patrimoine vestimentaire, culturel de la région et du Maroc.

II- COOPERATIVE « BISMILLAH LINASSIJ et les PRODUITS FEMININS» KERRANDOU

Cette coopérative a été créée en 2011 à l’initiative de femmes veuves et divorcées sans revenus fixes dans le but d’améliorer leur condition socioéconomique. Dans ses débuts, la coopérative a connu des problèmes financiers très importants du à l’état de précarité des coopératrices qui étaient au nombre de 24. Cependant comme toutes les femmes membres se connaissaient bien et avaient confiance en elles mêmes et entre elles, elles ont pleinement joué le rôle de la

solidarité et de la coopération en créant une caisse commune afin d’acheter la matière première pour faire face à la production. Devant un tel engagement, la population locale s’est solidarisée avec elles à travers l’association ENNASR qui leur a fournit un local. Par la qualité des produits fabriqués, la coopérative a participé à de nombreuses foires commerciales (Khénifra, Kerandou, Meknès..) et a également réussit à instauré de point fixes de vente l’un à Kerrandou et l’autre à Rich qui sont visité par de nombreuses personnes attirées par la qualité des produits proposés. Elle a pu développer des partenariats avec la Direction régionale de l’agriculture et l’organisation américaine des corps de la paix.

III- COOPERATIVE ATLAS PROFESSIONNELLE Jamaâte ITZER

Province de Midelt

Cette coopérative a été créée en 1999 par 15 femmes membres et en compte actuellement 30 pour le tissage et la fabrication de Tapis. La date de création de cette coopérative correspond à un moment au Maroc où il n’était pas aisé de constituer un cadre formel dans les centres urbains alors à plus forte raison dans le milieu rural au fin fond des montagnes de l’Atlas de la part d’un groupe de femmes. Ceci est rappelé pour rendre hommage à la volonté et à la détermination de ces femmes qui ont porté le projet et qui l’ont défendu afin d’améliorer leur condition de vie socioéconomiques et se faire une place honorable dans une société réticente au travail des femmes à l’extérieur de leur foyer. Aussi pour permettre aux coopératrices d’avoir un revenu par la force de leur travail et éviter de se compromettre socialement et préserver leur réputation certaines d’entre elles préfèrent travailler dans leur domicile et remettre les produits finis à la coopérative sans se rendre au siège régulièrement et de cette manière elles s’imposent et s’intègrent progressivement dans le paysage économique et social de leur territoire. Cette coopérative a bénéficié à l’occasion d’un partenariat avec le ministère du travail en 2002 qui aduré trois années de la possibilité d’acquérir le matériel nécessaire pour faciliter leur tâche et les 9 membres du bureau ont pu se rendre et participer à de nombreuses foires commerciales sur le territoire du Royaume.

IV- Coopérative Féminine AL OUAHAAoufous

Cette coopérative a été fondée ayant pour objectif de valoriser la filière de production des dates et produits dérivés.Cette coopérative comprend 80 membres dont 68 femmes.Cette coopérative est considérée comme pionnière dans la l’emballage des dates et leurs transformation.Elle a bénéficié de nombreuses formations techniques et dans le domaine de la gestion et a pu ainsi en l’espace de 5 ans se positionner sur le marché des dattes et dérivés. Elle a profité des expériences marocaines et étrangères pour valoriser ses produits.Grace à l’appui inconditionnel de l’ORMVAT, la coopérative s’est affirmée non seulement sur le territoire national mais également sur le plan international.A travers un partenariat constructif avec « MAROC TASWIK » la coopérative commercialise ses produits au Maroc à travers les grandes surfaces et à l’Etranger.Elle a également remporté un prix lors du Salon International de l’Agriculture de Meknès.Elle remplit actuellement le rôle de moteur de développement à Aoufous et dans toute la région servant d’exemple de réussite à suivre pour les autres petits producteurs de dates dans le cadre de l’Economie sociale et solidaire.

V- Coopérative Mdaghra Histoire de la coopérative M’DAGHRA de développement agricole

Nom de la coopérative : Coopérative Ksibia de développement agricole-Ksar Ksibia

Secteur : agriculture Filière : production de viande rouge( engraissement de veaux) Adresse : Ksar Ksibia –Commune Chorfa M’DAGHRA Errachidia Commune : Commune Chorfa M’DAGHRA Adresse électronique : [email protected] Téléphone : 0675471544 Nom du responsable : Omar Hassouni

La coopérative M’DAGHRA a été créée en 2008 par un groupe de jeunes diplômés (9 personnes dont 4 filles et 5 garçons), et ce après avoir abandonné l’idée d’être fonctionnaires et avoir eu la conviction de s’engager dans la création d’une petite entreprise d’auto-emploi.

Selon les membres fondateurs les facteurs qui ont contribué à la réussite de la coopérative sont principalement liées à la volonté et la détermination qui « nous ont permis comme groupe d’atteindre notre objectif d’autonomisation économique et d’améliorer la confiance en soi et le développement personnel qui sont déterminée par l’existence sociale.»

Dans ce sens le groupe a contribué à persévérer et à avoir confiance dans le projet et à promouvoir un esprit de solidarité inconditionnelle, ce qui a facilité le processus d’intégration et d’harmonie au sein du groupe, et a grandement contribué à la réussite de la coopérative,. En outre il faut citer la conscience collective du problème de «chômage» commun, sans perdre de vue le rôle fondamental de revenu, qui a créé dans le groupe un sens de satisfaction, et c’est une indication de la réussite du défi et de la voie qui a été choisie, à savoir l’auto-emploi, malgré l’opposition des habitants du village au début de l’expérience de la coopérative parce que la culture des habitants du village dans la plupart ne prévoit pas les cas de quelqu’un qui détient un certificat et qui travaille dans l’agriculture alors qu’il pourrait travailler dans la fonction publique. Pour référence, après la création de la coopérative et grâce à sa réussite elle a commencé à jouer un rôle de moteur de développement local à travers la valorisation et la commercialisation des produits locaux et a créé un nouveau domaine de la concurrence. Par des moyens novateurs elle a favorisé la création de points de vente dans le cœur de Errachidia et a favorisé l’accès aux marchés locaux. La coopérative est devenue un modèle de réussite, pour les personnes âgées et pour les jeunes, elle est devenue célèbre au-delà de son groupe restreint pour d’autres coopératives et associations d’autres zones qui ont rendu visite à la coopérative afin de connaitre son expérience de succès et afin de promouvoir l’échange d’expériences. Ce qui a joué un rôle en outre ont été le travail de accompagnement et coaching pour ceux qui voulaient créer d’autres coopératives dans la région ainsi que la formation et l’encadrement. La réussite de la coopérative a été assure en outre par la collaboration avec des acteurs locaux et internationaux qui ont établi des partenariats (INDH, JICA et autres) et ont financé des projets (production henné, engraissement veaux etc). Finalement ce qui a permis de réaliser des choses qui semblaient impossibles ont été la volonté, la détermination, l’envie d’atteindre un niveau de vie digne et ‘adoption des valeurs de gouvernance interne. Les mots d’ordre de la coopérative sont : esprit de coopération, sacrifice, patience, détermination de l’objectif pour atteindre la réussite.

Communication du président du REMESS sur le renforcement des capacités des femmes tenue à Missour le 11 mai 2013

ROLE DE LA SOCIETE CIVILE DANS LE RENFORCEMENT DES CAPACITES DES FEMMES.

La nouvelle constitution marocaine a reconnu à la Société Civile le rôle qu’elle joue dans le développement. Les Associations de développement, les Réseaux de l’Economie Sociale et Solidaire, les Fondations et autres organisations non gouvernementale jouent un rôle important dans le développement. Les politiques publiques et les stratégies de beaucoup d’acteurs dédient des programmes et des actions visant l’autonomisation de la femme. Le Réseau Marocain de l’Economie Sociale et Solidaire (REMESS) n’est pas en reste. Il accorde un intérêt particulier à la promotion des coopératives de femmes au niveau des territoires, par un accompagnement des AGR.

ACCOMPAGNEMENT DES COOPERATIVES DE FEMMES De l’AGR à la coopérative multifonctionnelle

Les femmes ont besoin d’un accompagnement approprié pour développer des Activités Génératrices de Revenus et les agréger dans des coopératives de services. Le choix des activités doit être en liaison avec les savoirs faires des femmes et des besoins réels du marché. Le démarrage doit être fait à partir de petites activités que maitrisent les femmes. Ainsi, dans le monde rural, les activités de petit élevage : élevage de poules, élevage ovin ou caprin, maraichage, Plantes Aromatique et Médicinales. La constitution de la coopérative autour d’une première activité. Après le démarrage de la coopérative autour d’une activité , les fonctions peuvent être étendues à d’autres domaines. La porte ouverte est l’un des principes de la coopération. Ainsi, il est nécessaire de sensibiliser les membres d’une coopérative à l’utilité de chercher à renforcer leurs rangs par l’accueil d’autres femmes en vue de constituer une force sociale vis-à-vis des acteurs. Avec un grand nombre de membres, il est possible de constituer une couverture et prévention sociale dans le cadre d’une mutuelle communautaire de santé.

De la Coopérative à un GIE Deux coopératives ou plus peuvent constituer un Groupement d’Intérêt Economique qui pourrait s’occuper de la fonction de commercialisation. Il est facile de comprendre qu’aujourd’hui, la commercialisation est une fonction qui doit revenir à des techniciens et cadres ayant acquis le savoir et la qualification requis. Aussi, l’adhésion à un GIE opérationnel est conseillée aux coopératives pour qui se pose le problème de commercialisation de produits ou même de services. L’adhésion des femmes à des coopératives en vue d’organiser la production par la collecte, la valorisation, le stockage et la distribution des produits, leur permet de se prendre en charge et d’apprendre à gérer une entreprise collective. En tant que membre d’une coopérative la femme a la possibilité d’accéder à la responsabilité en tant qu’administrateur.

L’IMPLICATION DES FEMMES DANS DES ORGANISATIONS PROFESSIONNELLES En tant que membre d’une coopérative, la femme remplie la condition pour s’inscrire dans les chambres professionnelles : Chambres d’Agriculture, Chambres d’Artisanat, Chambres de Commerce, d’Industrie et de Services. Les action s de sensibilisation visant à accompagner les femmes pour leur autonomisation, doivent viser à les conscientiser à une stratégie de « squatter » les chambres professionnelles. Une campagne de proximité une direction des femmes que ce soit dans le monde rural ou dans les villes pourrait « éveiller » les femmes pour s’inscrire les chambres, ce qui leur donne le droit d’élire et d’être élu aux femmes . Les femmes doivent également investir les syndicats professionnels : commerçants, artisanes. L’adhésion des femmes, en masse, aux associations, syndicats professionnel et chambre professionnelle leur permet de s’imprégner de la gestion et la direction des affaires collectives et publiques les prédisposent à investir la politique à travers les partis politiques. Cependant, il ne faut pas que les partis politiques soient plus intéressés par les voix des femmes que par le renforcement de leurs capacités et leur autonomisation

TREMPLIN POUR IMPLIQUER LA FEMME DANS LA POLITIQUE

Les femmes intégrées professionnellement et économiquement sont à même de s’engager pleinement dans la politique, en adhérant volontairement et consciemment à des partis politique de leur choix. L’implication peut se faire essentiellement au niveau du territoire (commune). Les femmes méritent d’être accompagnées et préparées par des sessions d’information, de formation et de suivi en vue de présenter des candidates aux élections communales et de voter pour elles. Nous pensons, sincèrement, que le développement ne peut se faire que par le bas, c’est-à-dire à partir des territoires (communes). Cela passe forcément par le changement des comportements et l’engagement de la femme. Si la Société Civile œuvre pour renforcer la capacité des femmes en vue de leur autonomisation par l’économique, les partis politiques ont le devoir de s’acquitter de leur mission en dédiant des programmes appropriés et concertés aux femmes dans le rural et le périurbain. Je pense que la bonne fois des partis politiques peut être démontrée par un programme d’éradication de l’analphabétisme au sein de tous ses adhérents, femmes et hommes.

Missour samedi 11 mai 2013 Ahmed AIT HADDOU

Annexes : 1. Note méthodologique 2. Outils de recherche : guide d’entretien utilisé et guide focus groups 3. Listes de présence 4. Cv de l’équipe de travail

1 Note méthodologique Cette note a été préparée par l’équipe de Remess dans la phase de définition de la méthodologie et a été validée au cours d’une réunion entre REMESS et Oxfam Italia. Etude diagnostique pour l’insertion socioéconomique de la femme rurale.

Provinces Midelt /Errachidia

NOTE METHODOLOGIQUE Remess Introduction

Au Maroc les femmes représentent un peu plus de cinquante pour cent de la population nationale. Malgré les améliorations enregistrées ces dernières années elles constituent les catégories les plus vulnérables en raison de leur rôle dans la société (foyer, travail informel etc.). En effet les différents indicateurs socioéconomiques par sexe confirment cette tendance. Car si les femmes travaillent à l’extérieur de leur foyer et particulièrement dans le monde rural leurs activités sont souvent occultées, oubliées et peu valorisées. L’enclavement social de l’espace rural, les normes socioculturelles, les résistances presque naturelles à tout changement consacrées par l’usage, les charges de la vie quotidienne et la vulnérabilité économique sont autant de facteurs qui concourent à l’exclusion d’une proportion de la population féminine et à sa marginalisation. C’est en renforçant les capacités humaines et en favorisant l’autonomisation de l’individu dans la société que nous pouvons atteindre l’objectif du développement durable sur le territoire. Pour contribuer à améliorer la situation, la démarche pour la réalisation de cette étude par REMESS s’inscrit dans une approche adoptée qui est celle de l’insertion économique et sociale des couches les plus défavorisées et les plus vulnérables, dont les femmes rurales constituent le noyau central. Ainsi à travers la promotion et le renforcement des principes et valeurs de l’économie sociale et solidaire. cette étude s’attachera mettre la lumière sur une zone défavorisée du pays ( Errachidia – Midelt ) dont 70% des emplois sont encore assurés par

le secteur primaire et où la pauvreté touche plus de 35% des ménages selon les statistiques officielles .

MÉTHODOLOGIE I-Objectif global : Dresser un diagnostic de la situation socioéconomique de la femme rurale dans la zone Midelt Errachidia

II-Objectifs spécifiques : 1-Identifier ce qui peut favoriser et/ou entraver l’insertion socioéconomique des femmes dans la région en analysant les facteurs environnementaux, économiques, culturels ,sociaux , institutionnels et historiques.2- Comprendre les moyens d’existence des femmes de la région ainsi que les besoins et les difficultés qui y sont liées. Relever les points forts qui peuvent servir de levier de développement à la région. 3-Dégager des pistes de projets de l’ESS permettant l’Insertion socioéconomique des femmes en favorisant leur autonomisation et leur participation pleine et entière au processus de bonne gouvernance locale.

III-Cadre théorique La méthodologie suivie pour la présente étude aura recours à des outils du cadre d’analyse socioéconomique selon le genre dans la réalisation d’un diagnostic rapide sur le terrain , avec les cartes ressources des femmes dans certains villages ,les transepts pour les activités économiques ,les infrastructures et les opportunités économiques . Le recours aux outils de l’approche genre proprement dite, dans les entretiens et le questionnaire, sera aussi nécessaire et particulièrement le « cadre d’analyse Harvard ». Ces approches qui se complètent et leurs outils, seront conjugués pour faire cette étude .Quant aux problèmes des besoins des femmes l’approche participative guidera les focus groupes prévus selon la méthodologie et le processus du coaching territorial tel qu’il a été initié et mise en place par REMESS et son partenaire Echos-communication (association Belge). La méthodologie consistera dans le cadre du diagnostic rapide en des enquêtes individuelles, des entretiens de groupe et des visites de sites de projets auprès des responsables et des acteurs d’une part et d’autre part des bénéficiaires et des associations et coopératives féminines dans la zone de Midelt Errachidia.

IV-l’état des lieux Les fonds documentaires et références bibliographiques disponibles, études ; seront consultés ainsi que les informations disponibles sur les associations et coopératives féminines actives dans la zone. A partir de ces données et de l’expérience de la responsable d’Oxfam Italia en

concertation avec l’équipe du REMESS, des questionnaires seront élaborés pour guider les entretiens semi-directifs et la liste des associations et personnes ressources à contacter.

V- Analyse Macro :Les leaders et les politiques publiques Des entretiens à réaliser avec des leaders d’associations et d’organisation féminines nationales, des agences de coopération bilatérales et des bailleurs de fonds internationaux sur : - La place de la femme dans le monde rural et le plan Maroc Vert - Les politiques publiques et les femmes rurales, (Enseignement, santé,artisanat) - La société civile et la femme rurale - La place des femmes dans les ONG internationales et bailleurs de fonds - Le régime foncier et la femme rurale

VI- Analyse Meso :Entretiens et témoignages Des entretiens et des témoignages individuels ou en groupe des responsables régionaux adhérents et bénéficiaires des associations à Midelt et Errachidia contactées - Des visites des projets structurants en cours de réalisation ou réalisés - Des entretiens avec les acteurs institutionnels de la région et des collectivités locales

VII- Analyse Micro : une enquête qualitative Les principaux outils méthodologiques utilisés relèvent de l’enquête qualitative grâce à: -La réalisation d’entretiens semi directifs à partir d’un guide d’entretien. Il s’agit d’un outil suffisamment flexible qui permet d’adapter l’entretien en fonction du profil de l’interlocutrice et d’obtenir le maximum d’information. Les entretiens semi-directifs seront dirigés vers différents membres de différentes associations, coopératives, élues (aussi bien dirigeantes et cadres associatifs qu’adhérents et bénéficiaires). -Des entretiens seront réalisés individuellement avec des femmes chefs de ménage -La Cherche de « succès story » à présenter et à discuter dans les focus groupes Le guide du questionnaire sera axé sur les 5 points suivants : A- Le ressenti de la femme par rapport à la division des tâches et la gestion du ménage Qui fait quoi ?, pour qui ? (Activités) Comment, (Moyens)? Qui possède, qui contrôle quoi ?(ressources) Qui décide de quoi? (pouvoir)

Qui est responsable de quoi ?(obligations) Qui gagne quoi ?(revenus) Qui dépense quoi ? (dépenses) Qui a droit à quoi ? (droits, normes) Qui jouit des bénéfices ? B- Le savoir et savoir faire de la femme Analphabète Niveau d’étude Diplôme qualifiant Savoir- faire traditionnel Activités sociales

C- Le ressenti par rapport aux solidarités traditionnelles existantes Qui se solidarise avec qui ? Pourquoi ? Comment ? Ces Solidarités progressent elles ou reculent elles ?

D- La volonté de travailler collectivement avec d’autres femmes /ou d’autres hommes Travailler collectivement avec qui ? Comment ?avec quel degré de confiance ? Les contraintes ?les risques ?

E- les organisations préférées pour valoriser le savoir faire et le travail Coopérative ? Association ? Autre

VII-Focus groupes Avec des groupes de femmes bénéficiaires de projets, membres d’associations de coopératives et autres femmes chefs de ménage , l’objectif de ces ateliers participatifs sera de : connaître les modes de vie de cette population féminine ainsi que leurs attentes, aussi bien au niveau du projet associatif dont elles sont bénéficiaires et coopératives actives ou en projet que de façon général leurs expectatives en matière d’emploi, d’études, perspectives d’avenir et d’insertion sociale…). Phase 1 : Dégager par un brain storming les différents problèmes Phase 2 : Prioriser les problèmes Phase 3 : Définir la meilleure solution possible ou stratégie à chaque problème Phase 4 : Indiquer les actions à mener pour concrétiser chacune de ces solutions Phase 5: Définir les responsabilités par rapport à chaque action à mener Phase 6: Définir les indicateurs de réalisation des actions à mener pour concrétiser chacune de ces solutions Phase 7: Définir les suppositions ou facteurs de blocage éventuels

Le choix des personnes interviewées obéira au souci de diversifier les sources d’information et d’obtenir aussi des témoignages contrastés sur le même sujet. Le travail de terrain sera accompagné d’un processus parallèle de collecte de

données et de compléments d’information. La Triangulation qui est un moyen de garantir des résultats aussi exacts que possible, en vérifiant les informations par recoupement sera utilisée .Nous pensons envisager tous les problèmes sous le plus grand nombre d’angles possibles, trois au moins permettant ainsi de vérifier la véracité des données et informations obtenues par questionnaires et par les entretiens auprès des mêmes associations coopératives et regroupements féminins. Enfin d’autres sources d’information seront consultées : des experts et professeurs universitaires.

Septembre 2012

2 Outils de recherche et travail

Questionnaire/guide d’entretien

Au cours des visites sur le terrain l’équipe a fait recours à un questionnaire/guide d’entretien pour les rencontres et interviews. Les informations collectées ont été résumées dans la synthèse et dans les recommandations. Selon la disponibilité de l’interlocuteur le questionnaire a été rempli ou bien il a été utilise comme guide d’entretien. Il faut souligner l’importance d’élaborer et utiliser des instruments de recherche simples (max 2 pages) pour éviter de mal disposer les interlocuteurs.

A. IdentitéNom de l’interviewé :ProfessionDate et lieu de naissance :Date d’habitation au douar ou kSAR Situation matrimoniale :Nombre d’enfants :Niveau d’instruction :Contacts : mail et téléphoneDénomination de la coopérative/association Siège social :TEL :Adresse EMAILSite :Circonscription territoriale :Date de création :Date d’agrément :Nombre adhérents et à la création : Préciser h et f (si mixte)Nombre adhérents actuels

Préciser h et f (si mixte) Est-ce que vous avez une liste des adhérents qui peut être partagée ?

B. Activités Nature de la production (coopérative):Production végétaleProduction animale

ArtisanaleAutres Nature de l’activité (association) :Œuvres socialesDéveloppementAGR

C. Assemblé générale et gestion Date de la dernière assemblée générale : Date de l’avant dernière assemblée : Y-a-t il un PV ?Taux de participation ?La coopérative a-t-elle un directeur Oui Non Si oui payé par qui :

Ministère de tutelle coopératives Autres

- Degré de satisfaction du déroulement des assemblées généralesTrès satisfait satisfait peu satisfait Le conseil d’administration tient-il régulièrement ses réunions ? OUI NON Degré de satisfaction du déroulement des réunions du conseil d’administration ? Très satisfait Satisfait peu satisfait

D. Ressources et Compétences

- Le capital social de la coopérative a-t-il : Augmenté Stagné Baisse La cotisation de l’association est payé régulièrement ? - Les humaines au niveau de la coopérative /association sont-elles ressources Compétentes Satisfaisante peu satisfaisante Avez-vous des partenaires institutionnels ou autres Oui non Si oui Lequels : Sinon pourquoi : Le local de la coopérative/association : Propriétaire ou locataire Les bénéfices réalisés : augmentent ils ou Baissent Ils ? La coopérative/association a-t-elle organisé/beneficié

des formations au profit des adhérents Oui lesquelles ? Non pourquoi ? La coopérative a-t-elle organisé /beneficié des voyages Initiatique au profit des adhérents Oui : Ou et quand . Non : pourquoi ? Votre coopérative/association a-t-elle participé à des foires expositions oui non Oui : lesquelles Non ; pourquoi

E. Autonomie des adhérents Votre travail à la coopérative/association vous rapproche t-il plus de : Votre savoir faire oui non Des autres femmes oui non De votre famille (ménage) oui non Votre travail à la coopérative/association a-t-il amélioré le revenu familial Beaucoup assez peu Votre travail à la coopérative/association a-t-il amélioré votre position dans la famille au niveau

Des prises de décision beaucoup peu pas du tout La gestion du budget familial beaucoup peu pas du tout

Votre charge de travail domestique beaucoup peu pas du tout

F. Blocages et perspectives d’avenirPour la création des associations et coopératives et leur développement êtes-vous : Satisfait de la loi en vigueur Oui Si non ou souhaiteriez vous un changement ? : Procédure administrative Nombre d’adhérent capital social autres Si vous faites partie d’une association est-ce que vous avez discuté de créér une cooperative ? Votre coopérative est- elle membre d’une union de coopératives Oui Laquelle Si non le souhaiteriez –vous ? Avez vous entendu parler du programme Maroc Taswik ? Oui Non

Si oui avez-vous signé la convention relative à ce programme ? Avez vous entendu parler du plan Maroc Vert ? Oui Non Si oui avez-vous beneficié d’un projet ?Les difficultés de la association/ coopérative par ordre sont :Le manque de solidarité entre les membres

Le manque de compétence (gestion, production) Problème de trésorerie/financement Les approvisionnements La commercialisation des produits Avez –vous des projets en cours OUI NON Si oui lesquels, si non pourquoi Comment vous voyez l’avenir de votre association/coopérative ? Que suggérez vous pour aller à l’avant ?

Guide du focus group sous le thème : « L’insertion socioéconomique de la femme rurale dans le développement

local à la province Midelt et Errachidia »

L’équipe en outre a préparé une feuille de route méthodologique pour l’organisation des deux ateliers organisés lors de la deuxième visite sur le terrain. Bien que le guide du focus group est un instrument souple il veut dégager des réflexions importantes à travers ses principales questions. Il serait important de pouvoir répondre à ces questions avec des recherches et des programmes de plus long durée. Il serait aussi utile de pouvoir partager ces réflexions avec les acteurs de développement locaux et nationaux pour permettre une meilleure insertion socio-économique des femmes dans la région d’intervention et au Maroc.

Contexte

Au Maroc les femmes représentent un peu plus de cinquante pour cent de la population nationale. Malgré les améliorations enregistrées ces dernières années elles constituent les catégories les plus vulnérables en raison de leurs positions dans la société (foyer, travail etc.). En effet des différents indicateurs socioéconomiques par sexe confirment cette tendance. Car si les femmes travaillent et ont toujours travaillé particulièrement dans le monde rural – c’est une évidence –leurs activités sont souvent rendues invisibles, oubliées et peu valorisées. L’enclavement social de l’espace rural, les normes, les résistances culturelles consacrées par l’usage, les charges de la vie quotidienne, la division du travail selon le genre et la vulnérabilité économique sont autant de facteurs qui concourent à l’exclusion d’une proportion de la population féminine à prédominance rurale de l’accès aux capacités humaines; source de renforcement du rôle et de l’autonomisation de l’individu dans la société et du développement territorial durable. Pour contribuer à améliorer cette situation, la démarche du REMESS s’inscrit dans les territoires. L’approche adoptée par notre institution est celle de l’insertion économique et sociale des couches les plus défavorisées et les plus vulnérables, dont les femmes rurales constituent le noyau dur ; par la promotion de l’économie sociale et solidaire par tous les outils dans les différents territoires.

Groupe cible Groupes de femmes bénéficiaires de projets, membres d’associations de coopératives et autres femmes chefs de ménage.

Participant(e)s : Membres de coopératives, associations et certains acteurs institutionnels. Animateur : Atelier1 Aoufouss le mercredi 3 octobre 2012 : RADODE Atelier 2 Rich le vendredi 5 octobre 2012 : M Bahhou (délégation de l’artisanat Midelt)

Rapporteur : Atelier1 Aoufouss le mercredi 3 octobre 2012 : Mme Alaoui Nadia Atelier 2 Rich le vendredi 5 octobre 2012 : Kaoutar El Moustarhfir

Observateurs : Atelier1 Aoufouss le mercredi 3 octobre 2012 : Karim El kaddouri, Abdesselam El mouket et Kaoutar El moustarhfir Atelier 2 Rich le vendredi 5 octobre 2012 : Karim El kaddouri, Abdesselam El mouket

Objectif : Connaître les modes de vie de cette population féminine ainsi que leurs attentes, Aussi bien au niveau du projet associatif dont elles sont bénéficiaires et coopératives actives ou en projet que de façon général leurs expectatives en matière d’emploi, d’études, perspectives d’avenir…).

Déroulement :

Phase 1 : Dégager par un brainstorming les différents problèmes Phase 2 : Prioriser les problèmes Phase 3 : Définir la meilleure solution possible ou stratégie à chaque problème Phase 4 : Indiquer les actions à mener pour concrétiser chacune de ces solutions Phase 5: Définir les responsabilités par rapport à chaque action à mener Phase 6: Définir les indicateurs de réalisation des actions à mener pour concrétiser chacune de ces solutions Phase 7: Définir les suppositions ou facteurs de blocage éventuels

Principales questions • Comment voyez vous le travail de la femme en général dans votre

territoire ? • Quel type de difficultés rencontrez-vous dans l’exercice de votre

activité ? (quelle est l’origine de ces difficultés ?) • Qui pensez-vous pouvoir vous aider à surmonter ces difficultés ? • Quels sont les acteurs que vous sollicitez dans le cadre de vos

activités ? • Quel type d’activités voudriez-vous développer dans votre

territoire ?(produits de terroir ?) • Y a-t-il des coopératives qui ont su surmonter les difficultés

rencontrées ?(que pensez vous des voyages d’échanges ?) • L’insertion socio économique de la femme rurale peut-elle être liée

uniquement au développement des AGR ?• Pensez vous que les formations liées au comportement peuvent elles

booster le développement de votre territoire ?

3 - Listes de présence et tableaux personnes rencontrées

L’équipe a préparé les tableaux suivants pour donner dans un coup d’œil un aperçu sur les personnes rencontrées et les activités faites. DATE: Du Mercredi 12 au Dimanche 16 Septembre 2012.Equipe de travail : Nadia ALAOUI Expert consultanteKarim EL KADDOURI CoordinateurRésultats réalisés : 22 (vingt deux) entretiens réalisés ;

4 -Répartition des entretiens et personnes rencontrées :

Les tableaux ci-dessus présentent la répartition des entretiens :

Equipe de travail

L’équipe de travail qui a contribué à cette étude a été

Pour le REMESS : Nadia Alaoui Karim Kaddouri Kaoutar Moustarhfir Abdesselam EL MOUEKT Alla el Ayachi Laura Jorba

Pour Oxfam Italia : Francesca Gilli Laura Bassetti

BIBLIOGRAPHIE

Cette bibliographie ne veut pas être exhaustive mais elle a l’objectif de signaler certaines publications qui peuvent être utilisées par d’autres chercheurs et acteurs associatifs

• Amappe/Oxfam Quebec « Etude d’identification d’activités économiques poten-tielles pour les femmes au Maroc – étude pilote dans les provinces de Tetouan, Chefchaouen et Ifrane » 2001

• Amappe/Oxfam Quebec « contribution à l’étude des activités économiques potentielles pour les femmes des provinces de Sefrou et Boulemane » 2006

• Belarbi Aicha / collectif Approches « Femmes rurales », éditions le Fennec,1995

• Collectif 95 Maghreb – Egalité, « Le travail des Maghrébines , l’autre enjeu » Marsam 2006

• Daoud Zakia « Le plan d>intégration de la femme. Une affaire révélatrice, un débat virtuel » dans Annuaire de l>Afrique du Nord, tome XXXT>III, CNRS ÉDITIONS, 1999

• Daoudi Fatiha « Droits fonciers des femmes au Maroc Entre complexité du système foncier et discrimination », Les Etudes et Essais du Centre Jacques Berque, N° 4 – Octobre 2011

• Droy Isabelle, « Femmes et développement rural » Karthala, 1990 • El Khayat Rita, « Le Maghreb des femmes, le défis du XXI siècle » Edition

Marsam, 2001 • Freedom House « WOMEN’S FREEDOM IN FOCUS: MOROCCO » 2004 • Haut commissariat au plan « Carte de la pauvreté », 2007 • Haut commissariat au plan « Dynamiques de la pauvreté au Maroc », 2007 • Haut commissariat au plan « Enquête nationale auprès des Institutions Sans

But Lucratif (ISBL) », 2011 • Haut commissariat au plan « Enquête nationale sur la prévalence de la vio-

lence à l’égard des femmes au Maroc » 2009• Haut commissariat au plan « ENQUETE NATIONALE SUR LES REVENUS

ET LES NIVEAUX DE VIE DES MENAGES 2006/2007 », 2007 • Haut commissariat au plan « Evolution des niveaux de vie, des inégalités et de

la pauvreté au Maroc », papier du 14 décembre 2009 • Haut commissariat au plan « La LA FEMME MAROCAINE SOUS LE RE-

GARD DE SON ENVIRONNEMENT SOCIAL », 2006 • Haut commissariat au plan « les indicateurs sociaux du Maroc » , 2009

• Haut Commissariat au Plan «Monographie de la Région Meknes-Tafilalet » , 2009

• Haut commissariat au plan « PAUVRETE, DEVELOPPEMENT HUMAIN ET DEVELOPPEMENT SOCIAL AU MAROC - Données cartographiques et statis-tiques », 2004

• Haut commissariat au plan « RECENSEMENT GENERAL DE LA POPU-LATION ET DE L’HABITAT DE 2004 - CARACTERISTIQUES DEMOGRA-PHIQUES ET SOCIO-ECONOMIQUES SERIE REGIONALE REGION DE MEKNÈS-TAFILALET - DIRECTION REGIONALE DE MEKNÈS-TAFILALET » 2006

• Haut commissariat au plan « Recensement des équipements communaux : Enquête sur la base de données communales », 2000

• INsea, « femme et environnement : la femme rurale face aux problèmes de l’eau et de l’énergie », 2001

• ODCO, « les coopératives de femmes au Maroc – Etat de lieux », 1999 • Ormva- Tafilalt, « etude socio-économique sur la femme rurale dans la zone

d’action de l’ORMVA du Tafilalt, 1993 • Planet Finance « Social Mapping – Morocco » , 2005 • PNUD – Maroc « Manuel d’intégration systématique de l’approche genre »

2006 • Royaume du Maroc « Objectifs du millénaire pour le développement – rapport

national 2009 », mars 2010 • Royaume du Maroc, Premier ministre, ministère chargé de la population « Fa-

mille au Maroc: les réseaux de la solidarité familiale », 1995 • Royaume du Maroc, Premier ministre, ministère de la prévision économique

et du plan « Condition socio-économique de la femme au Maroc. Enquête nationale sur le budget temps des femmes 1997_98 » , 1999

• Royaume du Maroc, Premier ministre, ministère de la prévision économique et du plan « LES EMPLOIS DU TEMPS DE LA FEMME AU MAROC ENQUETE NATIONALE SUR LE BUDGET TEMPS DES FEMMES 1997/98 », 1999

• Royaume du Maroc, Ministère de l’économie et des finances « Tableau de bord social », 2011

• Royaume du Maroc, Ministère de l’économie et des finances, UNIFEM « Exa-men exhaustif des statistiques sensibles au genre au Maroc », 2006

• USAID « Analphabétisme dans les provinces et régions du projet ALEF », 2004 • World Bank « Gender and Development in the Middle East and North Africa -

Women in the Public Sphere », 2004 • World Economic Forum « The Global Gender Gap Index 2012 », 2012