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EHESS Poétique du conte. Essai sur le conte de tradition orale by Nicole Belmont Review by: Jean Derive Études rurales, No. 155/156, Prégnance du droit coutumier (Jul. - Dec., 2000), pp. 314-318 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/20122847 . Accessed: 28/06/2014 19:09 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Études rurales. http://www.jstor.org This content downloaded from 193.0.147.17 on Sat, 28 Jun 2014 19:09:24 PM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Prégnance du droit coutumier || Poétique du conte. Essai sur le conte de tradition oraleby Nicole Belmont

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Poétique du conte. Essai sur le conte de tradition orale by Nicole BelmontReview by: Jean DeriveÉtudes rurales, No. 155/156, Prégnance du droit coutumier (Jul. - Dec., 2000), pp. 314-318Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/20122847 .

Accessed: 28/06/2014 19:09

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COMPTES RENDUS

314 Aujourd'hui l'impact du tourisme sur le

b?ti aboutit ? la reconstitution d'un habitat

traditionnel avec, en particulier, des int?rieurs

qui n'ont jamais exist?, ne serait-ce que par l'introduction d'un confort inconnu jadis ?

Soajo. En nous entra?nant dans des aller et retour

entre le pr?sent, un futur plus ou moins equiss? et un pass? plus ou moins ?loign? dans les m?

moires et dans les c urs, cet ouvrage sur Soajo nous fait parcourir les contradictions que le

passage ? la modernit? fait subir ? la plupart des soci?t?s rurales qui voudraient bien acc?

der au d?veloppement sans perdre leur ?me.

Claudine Friedberg

L?vi-Strauss et d'autres, expose et d?finit dans

une introduction substantielle. Ce premier stade

de la r?flexion lui permet d'?tablir la double

fonction, individuelle et collective, du conte. In

dividuelle dans la mesure o? elle parle ? chaque individu des pulsions fondamentales de son d?

veloppement psychique (oralit?, g?nitalit?...), et collective dans la mesure o? les r?solutions

propos?es sont socialement normatives.

La suite de l'essai ne fera que d?velopper, terme ? terme, certains des aspects qui ont ?t?

mis en place dans cette introduction. Dans le

premier chapitre, intitul? ?L'invention des

contes ?, le mot ? invention ? est ? prendre dans

le sens de d?couverte, ?comme l'on parle, nous dit l'auteur, de l'invention d'un tr?sor?. Il

s'agit, dans cette section, de montrer comment, ? travers les uvres de Boccace, de Marguerite de Navarre, de Staparole, puis, plus tard, celles

de Basile et de Perrault, et, enfin, des fr?res

Grimm (pour ne citer que les principaux re

p?res), le conte, objet de culture populaire

orale, s'est progressivement r?v?l? ? l'univers

litt?raire ?crit, plus savant. C'est ? partir des

fr?res Grimm que se d?veloppe en Europe une

fr?n?sie de collecte qui fait d?couvrir la forte

parent? transculturelle des contes. De l? com

mencent ? se faire ressentir et le besoin de

th?oriser sur le genre et sa fonction culturelle

par rapport au mythe et celui de b?tir un sys t?me de classification g?n?rale qui aboutira

d'un c?t? aux travaux de l'?cole finnoise, de

l'autre aux mod?les formalistes et structura

listes (Propp, Greimas...). Le conte est invent?

comme genre et peut devenir un v?ritable objet d'?tude.

Bien que les strat?gies de ces diff?rents

auteurs ne soient pas les m?mes -

certains,

Nicole Belmont, Po?tique du conte. Essai

sur le conte de tradition orale. Paris, NRF/

Gallimard, 1999.

Le projet de cet ouvrage, comme le dit

Nicole Belmont dans son introduction, est

double : d'une part faire d?couvrir au lecteur

l'int?r?t d'un r?pertoire souvent m?connu, voire

occult?, en France notamment, par le recueil de

Perrault qui, du fait de sa r?ussite litt?raire ex

ceptionnelle, lui fait ?cran; d'autre part aider ?

?clairer le processus de cr?ation et de transmis

sion de ce genre, ainsi que ses grandes fonctions

culturelles, en tant qu'il est le produit sp?cifique d'une culture orale relevant d'une ?po?tique?

particuli?re. Ce sont ces traits propres ? l'oralit?

du conte - mimesis, variabilit? due ? la recr?a

tion (plus ou moins consciente) de l'interpr?te ?

l'occasion de chaque ex?cution, contrainte ca

nonique -

que l'auteur, s'appuyant sur les tra

vaux de Jolies, Benjamin, Souvestre, Propp,

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COMPTES RENDUS

comme les fr?res Grimm, manifestant plus de

respect que d'autres ? l'?gard de leur mat?riau

d'origine -, N. Belmont s'attache ? mettre en

?vidence un paradoxe fondamental tenant au fait

que, ? mesure qu'il se r?v?le dans l'?criture, le

conte trahit sa nature et sa fonction essentielle.

Celles-ci deviennent alors closes et r?duites, ce

que l'auteur tend ? d?montrer, par exemple en

analysant de fa?on d?taill?e le cas de Barbe

bleue dont on compare la version de Perrault ?

plusieurs versions folkloriques connues. Ce

malentendu fondamental est d?, selon elle, ?

l'incapacit?, jusqu'? une ?poque tr?s r?cente, de

tous ceux qui ont produit des recueils de contes

?crits, ? penser la relation oralit?/?criture et leur

radicale opposition. Les tentatives de r??crire

les contes, que ce soit pour leur conf?rer un ca

ract?re litt?raire (Perrault) ou pour recr?er une

fiction d'oralit? (par le cadre narratif aussi bien

que par le style), sont, de son point de vue, toutes vou?es ? l'?chec puisque l'?criture fige absolument un processus en perp?tuelle ?volu

tion dans la culture orale. M?me les transcrip tions les plus fid?les sont, avant l'utilisation du

magn?tophone en tout cas, suspectes ? ses yeux dans la mesure o? la n?cessit? de transcrire mo

difie les conditions d'?nonciation du conteur.

Les autres chapitres du livre sont nourris

des travaux des grands folkloristes fran?ais collecteurs de contes tels Luzel, S?billot, Dela

rue, Seignolle, Pourrai, Marie-Louise Ten?ze, Genevi?ve Massignon, Ariane de F?lice, quel

quefois compl?t?s par l'incursion dans d'autres

aires en Europe (Mac Donald, Ecosse ; Vivian

Labrie, Canada). Ils sont tous con?us pour trai

ter de la po?tique du conte, en privil?giant une

ou plusieurs illustrations qui permettent de

donner un support concret ? la r?flexion.

C'est ainsi que le chapitre 2 s'intitule ?La

belle aux cheveux d'or? car c'est, entre autres,

? partir de plusieurs versions bretonnes re

cueillies par Luzel de ce conte type (AT 531) - ? une ?poque o? la notion m?me de conte

type n'existait pas encore - qu'est ?tudi? le

processus de cr?ation du conte en oralit?, de

puis son origine probl?matique, souvent plus ou moins mythifi?e par les conteurs et leur pu

blic, jusqu'aux derni?res interpr?tations col

lect?es. Reprenant les id?es de Bogatyrev et

Jakobson dans un c?l?bre article1, N. Belmont

analyse la variabilit?, entre stabilit? et change ment, pour, d'une part mettre en ?vidence

l'importance du public qui sanctionne et

oriente l' uvre en fonction de ses besoins; d'autre part faire appara?tre le processus de

m?morisation chez les conteurs qui privil?

gient, comme le montre Vivian Labrie, la m?

moire visuelle, s'appuyant sur l'itin?raire du

h?ros dans l'espace et dans le temps pour fixer

la trame narrative du conte. Cette section

aborde aussi la question du statut du conte

comme genre, notamment par rapport au

mythe : donn? comme mensonge (?Il faut

bien mentir puisque c'est pas la v?rit??, dit

l'exergue du chapitre, rapportant la formule

d'un conteur) alors que le mythe est pr?sent? comme v?rit? originelle, le conte op?re ce

passage du monde r?el ? celui de l'imaginaire

par des formules d'ouverture (qui font entrer

dans l'univers de la fiction) et de cl?ture (qui renvoient l'auditoire ? la r?alit?). ? la suite de

ces r?flexions, l'auteur conclut cette partie en

1. ? Le folklore, forme sp?cifique de cr?ation ?, publi? en

traduction fran?aise dans Questions de po?tique, Le

Seuil, 1973.

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COMPTES RENDUS

316 insistant sur le paradoxe qu'il y a ? vouloir

?tudier un conte ? partir du texte ?crit, d?fen

dant la th?se qu'une analyse valable ne peut se

faire qu'en se fondant sur une multiplicit? de

versions.

Le chapitre 3, dont le titre reprend aussi l'ex

pression d'un conteur recueillie par Ariane de

F?lice (?Les contes, il faut avoir le temps de les

r?ver?), explore les relations entre le r?ve et le

conte d'apr?s les th?ories de Freud et les r?

flexions de quelques autres psychanalystes ou

critiques se r?f?rant ? la psychanalyse (Rank et Sachs, Bellemin-No?l, Ka?s, Roheim,

Bachelard...). Reprenant les grands crit?res

selon lesquels Freud d?finit l'activit? onirique

(condensation, figuration, ?laboration secon

daire, d?placement), N. Belmont montre, en

s'appuyant essentiellement sur l'analyse de

quelques versions du conte de La s ur qui cherche ses fr?res, qu'on les retrouve effective

ment dans le conte, avec toutefois une place de

choix accord?e ? l'?laboration secondaire. Le

conte, comme le r?ve, est toujours un trajet vers

un autre monde, celui du ?il ?tait une fois? et

du mensonge annonc?. Mais pr?venir qu'on va

dire un mensonge, remarque l'auteur, ?c'est an

noncer d'une certaine fa?on qu'on va dire de la

v?rit?, sinon la v?rit?. Le mensonge annonc?

fait appel ? une v?rit? cach?e. Le m?canisme est

le m?me lorsqu'on raconte un r?ve et qu'on as

sure que telle figure du r?ve n'est pas telle per sonne. Pourquoi le dire si ce n'est pas le cas ? ?.

Le conte proc?de sans doute du r?ve et c'est ce

qui rend si importante la figuration ? l' uvre

dans le r?cit, qui est bien loin de se limiter ? une

fonction ornementale. Il ne doit toutefois pas se

confondre avec le r?ve, car il est fondamentale

ment un objet de ?communicabilit??.

Sur la base de ces acquis psychanalytiques du chapitre 3, l'auteur peut, dans la section sui

vante, poser la question des ?Sources d'en

fance du conte?. Dans quelle mesure peut-on dire que le conte est un genre pour enfants ? ?

ce propos, elle fait valoir qu'il y a souvent une

confusion entre ? enfantin ? et ? infantile ?, par tiellement sans doute ? cause de Perrault et des

fr?res Grimm. Pour elle, le conte n'est pas un

genre ?enfantin?, m?me si elle conc?de qu'il existe un r?pertoire plus sp?cifiquement enfan

tin, plut?t dit par les femmes, dont Tom Pouce

et ses multiples variantes pourrait constituer

l'un des mod?les significatifs. Elle montre que ce qui caract?rise ce type de conte, c'est qu'il fait appel au stade oral, anal et phallique sans

atteindre le stade g?nital. Alors que d'autres

contes, destin?s ? un public moins cibl?, d?

roulent les diff?rentes phases du d?veloppe ment psychique jusqu'au stade g?nital adulte.

Les contes ne sont donc pas destin?s aux en

fants parce qu'ils seraient ?na?fs?, mais on

peut leur reconna?tre une ?qualit? d'enfance?

du fait qu'ils int?ressent la travers?e des phases libidinales jusqu'? la constitution du Moi.

Le chapitre 5, ?Le h?ros et son Odyss?e?,

s'int?resse, quant ? lui, ? la typologie et ? la

structure du parcours du h?ros, en mettant en

exergue, ? la lumi?re de quelques types de

contes, tels Persillette, Raiponce, Jean le sot,

La b?te ? sept t?tes, et selon une double ap

proche psychanalytique et anthropologique,

que l'un des enjeux privil?gi?s du genre est de

faire accomplir au h?ros un itin?raire qui va

des liens de consanguinit? aux liens d'alliance, ce qui sera aussi confirm? ? propos des contes

?tudi?s dans les d?veloppements ult?rieurs. Ce

n'est certes pas une d?couverte et la chose a

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COMPTES RENDUS

d?j? ?t? aper?ue par bien des chercheurs, no

tamment ? propos du corpus africain (cf. par

exemple V G?r?g-Karady, L'univers familial dans les contes africains; liens de sang, liens

d'alliance, L'Harmattan, 1997, ou encore Le

mariage dans les contes africains, Karthala,

1994), mais sans doute n'?tait-il pas inutile de

le redire ? propos du corpus europ?en. Cet iti

n?raire ob?it ? la structure fondamentale mise

au jour par Greimas ; il est constitu? de trois

types d'?preuves successives : qualifiante,

principale et identificatoire, terme que N. Bel

mont, ? juste titre, pr?f?re ? celui d'?preuve

?glorifiante? utilis? par Greimas. G?n?ra

lement pr?sent? au d?part comme le plus d?

favoris?, le h?ros ?volue, en d?pit de son

apparence modeste, vers un univers de ? toute

puissance inconditionnelle?, suivant l'expres sion de Ferenczi, disant ainsi ?l'extr?me

fragilit? du petit d'homme et sa m?galomanie

compensatrice?.

Dans sa derni?re partie enfin, l'auteur re

vient sur ?la teneur mythique des contes?.

Bien que mythe et conte s'opposent comme

v?rit? et mensonge et que plusieurs chercheurs, tels Meletinski et L?vi-Strauss, se soient atta

ch?s ? les diff?rencier, les deux genres offrent

de multiples points de convergence autour de

la relation au surnaturel, surtout pour ce qui concerne le conte ?merveilleux?. Apr?s une

analyse du conte type de Cendrillon, en qui elle voit une figure mythique, et de celui de La

fille du diable, qui correspond, selon elle, ? une

structure narrative mythique qu'on peut mettre

en relation avec le mythe d'Orph?e car les pa rall?lismes et les oppositions sont patents,

N. Belmont d?finit le voyage relat? par les contes comme la m?taphore du ?Grand

Voyage? que tout humain doit accomplir au

terme de sa vie. Elle conclut que le conte,

certes, banalise le mythe et, substituant souvent

une fin heureuse ? une fin dramatique ou effa

?ant le tragique, r?duit son enjeu, mais que, tou

tefois, l'une des relations fondamentales entre

les deux genres est le d?ni de la mort et de l'ir

r?versibilit? du temps humain (on peut revenir

du Grand Voyage). Passant de Cendrillon ?

Peau d'?ne, elle montre que mythe et phan tasme s'entrelacent pour former la structure du

conte ; ainsi le conte serait-il un retournement

du mythe en phantasme. Dans sa conclusion g?n?rale, N. Belmont

r?capitule les acquis des grands points trait?s

dans l'?tude et d?finit ses th?ses personnelles dans l'ordre inverse de celui selon lequel les

questions ont ?t? abord?es : - ? propos de la relation entre conte et mythe, elle soutient que le conte n'est pas, contraire

ment ? une id?e r?pandue, l'enfant posthume et d?grad? du mythe. S'accordant aux vues de

Benjamin, elle le pense plut?t comme un

compl?ment n?cessaire. Alors que le mythe serait l'expression de la d?tresse humaine, le

conte, plus optimiste, serait une r?ponse ?

cette d?tresse ; - ? propos de la figuration, elle revient sur

le fait que celle-ci, dans le conte, loin d'?tre

ornementale, repr?sente la substance m?me du

r?cit, essentielle ? son sens ; - ? propos de l'enjeu des contes, elle rappelle

que le genre traite ?lectivement de la s?para tion in?luctable entre l'enfant et ses parents ;

- ? propos de ses modalit?s de cr?ation, elle in

siste une nouvelle fois sur le remodelage perp? tuel des uvres du genre dans la culture orale, ce qui fait qu'elles restent toujours ouvertes.

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COMPTES RENDUS

318 Elle termine par un plaidoyer pour une

??cologie du conte? qu'il faut respecter tel

qu'il est, sans tenter de l'adapter ? notre monde

contemporain, ce qui ne saurait manquer de le

trahir, le r?le du conte n'?tant pas de tenir un

discours sur une ?poque mais de parler de la

condition humaine dans son intemporalit?.

Certes, toutes les th?ses d?fendues ne sont

pas, au m?me degr?, des nouveaut?s et plu sieurs points m?riteraient sans doute d'?tre ?ga lement discut?s. Cette ?tude a cependant le

m?rite d'?tre tr?s document?e et de d?boucher ?

plusieurs reprises sur des critiques et des th?ses

clairement affirm?es, ce qui la rend ? la fois s?

duisante et stimulante, qu'on soit ou non d'ac

cord avec l'auteur dans le d?tail. Il me semble

que c'est notamment ? propos de l'analyse de la

fonction psychanalytique des contes, selon une

position r?solument freudienne, que la contri

bution m?me de N. Belmont, par rapport aux

travaux ant?rieurs consacr?s ? ce th?me parti culier (sp?cialement Bettelheim), est la plus convaincante et la plus originale, car elle ap

porte des ?clairages v?ritablement nouveaux.

Un petit regret n?anmoins : si elle a le droit, bien s?r, d'avoir sur la question un point de vue

freudien orthodoxe, droit que je lui conteste

d'autant moins queje me sens proche de ses po

sitions, il est toutefois dommage qu'elle ait

choisi d'ignorer - un peu trop superbement

peut-?tre - le point de vue jungien. Sans tenter

de faire une synth?se entre des conceptions sans

doute peu conciliables, elle aurait pu tout de

m?me situer ses propres th?ses psychanaly

tiques au regard de celles d'autres chercheurs

comme Luda Schnitzer (Ce que disent les

contes) ou Marie-Louise von Franz (L'interpr? tation des contes de f?es) qu'on peut s'?tonner

de ne pas voir cit?es dans cette ?tude, ne serait

ce ?ventuellement que pour les contester.

Compte tenu du titre g?n?ral de l'ouvrage,

Po?tique du conte. Essai sur le conte de tradition

orale, qui laisse entendre une approche large ment universelle, on peut aussi se sentir quelque

peu frustr? que le corpus explor? se limite au

seul domaine europ?en. ? peine y a-t-il, comme

en passant, de-ci de-l?, une allusion aux Mille et

une nuits ou aux contes africains ? partir de r?

flexions de Genevi?ve Calame-Griaule, Diana

Rey-Hulman ou Suzanne Lallemand. L'Afrique comme l'Inde ou l'Extr?me-Orient, sans parler des Indiens d'Am?rique, repr?sentent des aires

culturelles qui offrent un tr?s riche r?pertoire de

contes, aidant ? mieux saisir les parent?s ? l'int?

rieur du corpus universel, au-del? m?me de sa di

versit?. Il e?t ?t? d'autant plus int?ressant de les

convoquer ici que l'approche adopt?e dans l'ou

vrage pour d?finir la po?tique du genre ?conte?

entendait se fonder sur des consid?rations d'an

thropologie g?n?rale valables pour l'humanit?

dans son universalit?. On pourra m'objecter que N. Belmont est connue comme une sp?cialiste

d'anthropologie fran?aise et que la synth?se que

j'appelle de mes v ux implique un travail tita

nesque presque aussi impossible ? r?aliser que les fameuses t?ches impos?es aux h?ros des

contes dont il fut ? plusieurs reprises question dans ce recueil. Comme eux elle aurait pu s'en

tourer d'alli?s pour r?aliser pleinement les pro messes de son titre. ? d?faut, un titre plus

explicite aurait pu sugg?rer ce parti pris plus res

treint. Mais ces r?serves sont bien minimes face

? la qualit? d'analyse de l'ensemble de ce livre

qui enrichit, ? n'en pas douter, le champ de la re

cherche th?orique sur le conte.

Jean Derive

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