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NORD COMPO — 03.20.41.40.01 — 125 x 192 — 22-12-08 12:54:55 137077YSJ - Fayard M&1 nuit - Prenons parti - Page 5 — Z37077$$$1 — Rev 18.02 Olivier Besancenot Daniel Bensaïd Prenons parti Pour un socialisme du XXI e siècle MILLE ET UNE NUITS

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Olivier BesancenotDaniel Bensaïd

Prenons parti

Pour un socialisme du XXIe siècle

M I L L E E T U N E N U I T S

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Conception de la couverture : Off, Paris.

© Mille et une nuits, département de la Librairie ArthèmeFayard, janvier 2009

ISBN : 978-2-75550-072-1

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Sommaire

Introduction .................................................................... 9

Première partie. PRENDRE PARTICONTRE LE CAPITALISME ................................. 27

1. Un système en crise ................................................... 292. Un monde affamé, une planète dévastée ................. 393. Pendant la crise, les profits continuent .................... 474. Pendant la crise, l’offfensive patronale continue.

Lettre à Mme Laurence Parisot, du Medef ................ 595. Un plan d’urgence pour sortir de la crise ................ 69

Deuxième partie. PRENDRE LE PARTI DES LUTTES 831. Lettre à ceux qui aimeraient y croire, mais .............. 852. La preuve des classes, c’est qu’elles luttent

Lettre à Mme Christine Lagarde, du Capital ............. 953. Briser le cercle vicieux de la domination ................. 1094. Révolutionner la société ............................................ 125

Troisième partie. VERS UN SOCIALISMEDU XXIe SIECLE ...................................................... 135

1. Pour une société sans violences ................................ 1372. Pour en finir avec les discriminations, l’égalité ....... 1533. Pour ne plus perdre sa vie à la gagner :

révolutionner le travailLettre à un chômeur qui ne comprend plus ................ 177

4. Pour une société solidaire : la solidarité,pas la charité ............................................................... 191

5. Pour une démocratie réellement participative– Radicaliser la démocratie ........................................ 201

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PRENONS PARTI8

6. Pour une démocratie autogestionnaire– Se réapproprier les richesses,reprendre le contrôle ................................................. 225

7. Pour une alternative économique – Ni despotismede marché, ni despotisme bureaucratique ................ 241

8. Pour une logique de bien commun– Etendre les services publics ................................... 249Lettre à M. le Président sur la santé .......................... 268Lettre à M. Xavier Darcos sur l’éducation ................. 277

9. Pour une autre Europe : sociale, solidaire,démocratiqueLettre à un camarade plombier polonais .................... 283

10. Pour changer le monde :– Un nouvel internationalismeLettre à Dominique Strauss-Kahn .............................. 299

11. Pour sauver la planète – Une alternative écosocialiste 313

Quatrième partie. C’EST PARTI !QUESTIONS SUR LE NPA .................................... 331

1. Une idée qui a fait son chemin ................................. 3332. Pourquoi maintenant ? .............................................. 3413. Mais pourquoi un parti ? .......................................... 3474. Militer autrement ....................................................... 3515. Haute surveillance

Lettre à M. Daniel Vaillant ........................................ 3576. Une gauche qui ne s’excuse pas d’être anticapitaliste ... 363

Repères1. Interdire les licenciements ......................................... 522. L’industrie automobile sous contrôle public ........... 743. Augmenter les salaires et les minima sociaux .......... 784. Un toit pour tous et toutes, c’est possible ............... 805. Pour une culture non marchande ............................. 1186. Pour un service public de l’emploi .......................... 1887. L’eau, bien commun non privatisable de l’humanité .... 2298. Pétrole cher : gratuité des transports en commun ! .... 2569. De la privatisation à l’abandon des services publics,

l’histoire des télécommunications ............................. 25810. Le temps de la recherche perdue ........................... 281

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UN PLAN D’URGENCE POUR SORTIR DE LA CRISE

La crise actuelle va donner lieu à de nouvelles régle-mentations. Les libéraux fanatiques s’effacent devantleurs rivaux hétérodoxes, Joseph Stiglitz, George Sorosou Paul Krugman, et tous les prêcheurs d’un New Deal,qui n’ont cessé de répéter que la maladie provenait dudérèglement et qu’une bonne régulation en serait leremède. C’est oublier un peu vite que la dérégulationlibérale n’était pas le fruit d’un caprice doctrinaire. Ellevisait à rétablir des profits érodés dans les années 1960et 1970 par les résistances et les conquêtes sociales. Reve-nir à l’Etat social et aux recettes keynésiennes consiste-rait à reconstruire ce qui a été détruit. Et si tant est quecela soit possible dans une économie mondialisée, celane ramènerait nos sociétés qu’à la case départ. Le capita-lisme n’aurait en rien réglé son problème insurmontable,celui de produire en surcapacité et de façon anarchique.Comme le dit fort bien Jean-Marie Harribey, coprési-dent d’Attac, « réguler n’est pas régler ».

Il est prévisible que les possédants agiront comme ilsl’ont toujours fait. Ils établiront et utiliseront les règlesquand ils en auront besoin. Ils les contourneront (entoute légalité) quand elles leur pèseront. Et ils les chan-geront à nouveau lorsque la situation s’y prêtera. Est-ilbesoin de rappeler que Roosevelt, président des Etats-Unis lors de la Grande Crise, fit adopter en 1933 le

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PRENDRE PARTI CONTRE LE CAPITALISME70

Glass-Steagall Act qui contraignait les banques à sépa-rer les activités de financement et d’investissement (lesbanques d’affaires) de celles de dépôt (les banquesdites « de détail »). En 1999, à la veille d’entrer dans levéritable age d’or des 2000 rugissantes, les banquiersl’ont fait abroger. Et les capitalistes ont applaudi desdeux mains à ce débouché financier offert aux profitstirés de la production.

Faut-il rappeler que la politique de New Deal deRoosevelt, qui consistait à lancer de grands travauxpublics et de grands chantiers pour relancer l’écono-mie, en refusant de remettre en cause un tant soit peules sacro-saints privilèges capitalistes n’a pas suffi àrelancer durablement l’économie et à éviter la guerre ?Si la population laborieuse a pu bénéficier alors denouveaux acquis sociaux pour les emplois et lessalaires, elle le dut d’abord à elle-même, à sa détermi-nation, à ses luttes victorieuses et à sa grève générale,notamment en 1934. Les mesures de Roosevelt, mythi-fiées par la gauche réformiste, n’ont pas stoppé larécession économique, qui en 1937 a abouti à une nou-velle dépression financière. En fait, plus que le NewDeal, c’est malheureusement la Seconde Guerre mon-diale qui, en relançant l’activité industrielle militaire, aremis d’aplomb l’économie des Etats-Unis.

Pour sortir de la crise en s’épargnant de nouvellesguerres, il faut donc s’attaquer au système et au cœurmême de la logique capitaliste : le pouvoir absolu dumarché, la course effrénée au profit, la propriété privéedes grands moyens de production et d’échange, et laconcurrence de tous contre tous. Dans les mesuresgouvernementales comme dans les propositions de lagauche de gouvernement, en France, on en est loin.

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UN PLAN D’URGENCE POUR SORTIR DE LA CRISE 71

En finir avec la libre circulation du capital financier

Limiter les parachutes dorés, revoir les normescomptables, revoir les critères et le statut des agencesde notation ? Ce serait la moindre des choses. Ce sontdes correctifs aux défauts les plus criants ou les plusscandaleux du système. Ces mesures ne vont même pas,comme la pétition lancée au printemps 2008 par deséconomistes critiques, jusqu’à l’abrogation de l’ar-ticle 56 du traité de Lisbonne interdisant toute restric-tion aux mouvements du capital financier. Ni àréclamer l’abrogation de l’article 48 du même traitéqui, au nom de la « liberté d’établissement », laisse aucapital la possibilité d’aller ou les conditions sont lesplus favorables, et aux institutions financières la libertéde trouver asile ou bon leur semble.

D’aucuns parlent du retour de l’Etat providence oude l’Etat social sous prétexte que des banques seraientnationalisées. Ce n’est pourtant pas le cas, loin s’enfaut. L’Etat n’aura même pas un droit de vote lors desconseils d’administration des établissements bancairesdans lesquels il détient une participation de 34 %. Pour-tant, le très libéral Nicolas Baverez définit la banquecomme un « bien public de la mondialisation » : « Sousle choc actuel de l’effondrement du crédit se profile unoligopole bancaire hautement rentable et assuré de sapérennité du fait de la présence forte des intérêts publicset d’une immunité illimitée contre le risque de défaut.Voilà pourquoi les banques demeurent le banc d’essaide la mondialisation. Du fait de leurs caractéristiques,elles ont la nature d’un bien public qui génère des gainsde productivité considérables pour l’économie en casde bon fonctionnement, et des destructions majeures

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PRENDRE PARTI CONTRE LE CAPITALISME72

en cas de dysfonctionnement. » On s’attend alors à ceque ce bien public revienne à une gestion publiquesous contrôle public, conforme à sa « nature ». Au prixd’un retournement de haute voltige, la conclusion estinverse : « D’ou la nécessité d’une régulation qui doitintégrer la dimension mondiale du risque et se frayerun chemin étroit entre les deux moyens les plus sûrsd’aboutir à un krach bancaire, la déréglementation et lanationalisation. » Pour cet économiste du juste milieu(libéral), l’Etat assure donc aux banques une « immu-nité illimitée » pour les pertes et une assurance tousrisques pour les profits.

Laurence Parisot s’est empressée de convoquer unG5 patronal pour préciser qu’il est bon que l’Etat joueson rôle en volant au secours de la finance, à la condi-tion que ce soit à titre provisoire et qu’il promette dese retirer gentiment dès que les affaires auront reprisleur cours lucratif. Autrement dit, de socialiser lespertes avant de reprivatiser les profits. Alors que cer-tains économistes héroïsent le capitalisme en lui attri-buant « une éthique du risque », l’Etat intervient enréalité temporairement comme l’assureur des banquiersmenacés de faillite. Le risque, c’est pour les autres,pour les travailleurs licenciés, précarisés, surendettés,qui ne bénéficient pas de la même indulgence ni desmêmes arrangements.

Un grand service bancaire public

S’attaquer réellement au système impliquerait deréunifier toutes les banques dans un seul service publicbancaire, en expropriant les intérêts privés, sans rachatni indemnités. Celui-ci aurait le monopole du créditafin de financer les priorités sociales, d’orienter l’inves-tissement vers la satisfaction des besoins, de financer

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de grands travaux de reconstruction et de rénovationdes services publics, d’impulser la transition énergé-tique. S’attaquer au système, ce serait placer ce servicepublic de crédit sous le contrôle des salariés et des usa-gers, lever le secret bancaire et l’anonymat de certainsplacements, établir un contrôle public et une taxationsur les mouvements de capitaux.

Solidarité internationale des peuples...

La brutalité de la crise va exacerber la lutte pour lepartage des territoires, le contrôle des ressources éner-gétiques, la sécurisation des voies d’acheminement,autrement dit renforcer la logique de guerre et de mili-tarisation, et ce d’autant plus qu’en période de réces-sion et d’inflation l’économie d’armement est unmoyen classique de soutien des Etats à l’industrie. Aulendemain du 11 septembre 2001, les Etats-Unis ontofficialisé la doctrine de la « guerre préventive »,s’émancipant ainsi des règles en vigueur du droit inter-national et s’autorisant à intervenir militairement, avecou sans la bénédiction de l’ONU, ou et quand ils leveulent. Le corollaire, c’est l’adoption, sous prétexted’antiterrorisme, de législations d’exception et de cri-minalisation préventive, dont le Patriot Act est lemodèle. Elles généralisent la présomption de culpabi-lité au détriment de la présomption d’innocence. La loide rétention de sûreté, la criminalisation des résistancessociales, la détection de la dangerosité dès l’age de troisans s’inscrivent dans cette logique.

Contre la mondialisation armée et les nouvellesguerres impériales, nous exigeons le retrait des troupesfrançaises d’Afghanistan et d’Afrique, le retrait définitifde la France de l’OTAN et le démantèlement de ses

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PRENDRE PARTI CONTRE LE CAPITALISME76

bases (contre lesquelles une manifestation européenneaura lieu à Strasbourg au printemps 2009), la destructionde toutes les armes de destruction massive, la réductiondes budgets militaires, la nationalisation des industriesd’armement et un plan pour leur reconversion.

La crise, les guerres, le changement climatique ris-quent d’amplifier les déplacements de population et lesmouvements migratoires. Le capitalisme va exploitercette misère pour diviser les travailleurs, opposer lesnations aux nations, les ethnies aux ethnies, attiser denouvelles guerres de religion. Il va exploiter la vulnéra-bilité des travailleurs sans papiers pour faire pressionsur les conditions de vie et de travail de tous. Plus quejamais, nous lui opposons la solidarité avec les travail-leurs immigrés, l’exigence de régularisation des sans-papiers et du droit de vote pour les immigrés, un prin-cipe de citoyenneté de résidence fondé sur un appro-fondissement du droit du sol.

Le bouclier social

S’attaquer au cœur du système, ce serait adopter unbouclier social pour protéger les travailleurs des dégatsde la crise : relever les salaires, les pensions et lesretraites ; annuler l’endettement des catégories socialesappauvries, interdire les licenciements boursiers, fairecesser les suppressions de postes dans la fonctionpublique, créer un fonds mutualisé pour la formationet la reconversion des salariés et garantir la pérennitéde leur revenu, adopter un plan de relance coordonnéau niveau européen. Il faudrait pour cela abroger letraité de Lisbonne, briser le carcan des critères deMaastricht et du pacte de stabilité, en finir avec l’indé-pendance de la Banque centrale européenne, réorienter

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UN PLAN D’URGENCE POUR SORTIR DE LA CRISE 77

radicalement la construction européenne en commen-çant par l’harmonisation des droits sociaux et du sys-tème fiscal et en ouvrant un réel processus constituant.

S’attaquer à la crise énergétique, climatique, alimen-taire, ce serait revoir radicalement le mode de vie etde développement. Les biens publics inaliénables (eau,air...) devraient être sanctuarisés et un plan de recon-version énergétique élaboré par les collectivités au lieud’être confié à la loi de la concurrence marchande.

Le « trou de la Sécu », les 1,5 milliard pour le RSA, les1,2 milliard de la Banque mondiale pour l’aide alimen-taire d’urgence, et même les 30 milliards annuels néces-saires selon la FAO pour nourrir les milliards d’êtreshumains victimes de la faim, apparaissent bien dérisoiresà côté des centaines de milliards que les gouvernementssortent soudain de leur chapeau. La vraie question,c’est de savoir qui va payer, du capital ou du travail ?Devinez ! Pour la France, l’augmentation du besoin definancement devrait atteindre 154 milliards d’euros en2009 pour couvrir le déficit budgétaire, le rembourse-ment d’emprunts arrivant à échéance, les nouveauxbesoins liés à la création du « fonds souverain à la fran-çaise » cher à M. Sarkozy. Ou les trouver ? En lançant denouveaux emprunts pour lesquels les investisseurs solli-cités seront plus exigeants que jamais, en soldant à labaisse ce qui reste à privatiser, en ponctionnant desacomptes (il est question de 2 milliards d’euros) sur lesrecettes des entreprises (encore) publiques, en puisantdans les réserves de la Caisse des dépôts 1 ?

Ce sont autant d’expédients aux effets provisoires etincertains. Ce sont donc forcément les travailleurs qui

1. La Tribune, 20 novembre 2008.

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UN PLAN D’URGENCE POUR SORTIR DE LA CRISE 79

paieront le gros de la note. Si ce n’est par l’augmenta-tion des impôts, ce sera par la compression salariale,par les coupes dans les budgets et les services publics,par le déremboursement des dépenses de santé, etc.C’est déjà le cas, et depuis trop longtemps.

Il s’agit maintenant d’inverser la tendance : par l’aug-mentation de tous les salaires, des pensions et desminima sociaux ; par le recul du chômage, la transfor-mation des heures supplémentaires et temps partielsen emplois véritables, qui économiserait des dépensessociales et renflouerait la Sécurité sociale ; par la sup-pression du bouclier et des niches fiscales (dont lemanque à gagner est évalué à 70 milliards par la com-mission des Finances de l’Assemblée nationale) ; par lerétablissement des cotisations sociales des entreprises,l’arrêt des subventions à ceux qui délocalisent, l’adop-tion d’un impôt fortement progressif sur le revenu etsur les profits ; par l’interdiction de l’évasion vers lesparadis fiscaux dont le préjudice est estimé à un mini-mum de 40 milliards ; par le plafonnement des divi-dendes (en 2007, les entreprises ont distribué endividendes 8,1 % de leur valeur ajoutée contre 3,2 %en 1982) et leur transfert à un fonds de mutualisationpour financer l’interdiction des licenciements 1.

On a beaucoup parlé de crise de confiance. Laconfiance va et vient, comme les cours capricieux de laBourse. La crise de croyance, elle, est durable. Lesdieux du marché, la foi en leur toute-puissance sontmorts. L’heure est venue d’un anticapitalisme aussidécomplexé que l’est le « pur capitalisme » prédateur.

1. Voir Michel Husson, « Un capitalisme toxique », Inprecorno 541-542, septembre-octobre 2008.