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Présentation In: Communications, 4, 1964. pp. 1-3. Citer ce document / Cite this document : Présentation. In: Communications, 4, 1964. pp. 1-3. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1964_num_4_1_2189

Présentation (1964) - Communications

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PrésentationIn: Communications, 4, 1964. pp. 1-3.

Citer ce document / Cite this document :

Présentation. In: Communications, 4, 1964. pp. 1-3.

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/comm_0588-8018_1964_num_4_1_2189

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  résentation

Voilà un certain temps déjà que quelques chercheurs du Centre d études des

communications

de masse se sont orientés

vers

Vanalyse des significations.

Communications

leur

donne aujourd hui la parole : c est donc un

numéro

« sémiologique » que nous présentons aux

lecteurs.

Sémiologie :

le

mot est

proposé ici

dans

un

esprit de

confiance, mais aussi

de retenue. Dans son sens actuel et du moins pour

nous,

européens, il date de

Saussure : «

On

peut concevoir une

science

qui

étudie

la vie

des signes

au

sein de

la vie

sociale...

;

nous

la

nommerons

sémiologie.

»

Prospectivement —

puisqu elle n est pas encore constituée — la

sémiologie

a donc pour

objet

tout

système

de signes, quelle qu en

soit la

substance, quelles qu en soient les limites

:

les images, les gestes, les

sons

mélodiques, les objets et les complexes de

ces

substances que l on

retrouve dans des rites, des

protocoles ou

des spectacles

constituent, sinon des « langages », du

moins

des systèmes de signification.

Il

est

certain

que

le

développement des

communications

de

masse

donne

aujour

d hui ne très grande actualité à ce champ immense de la signification (encore

qu il

ne faille pas confondre communication et signification^, au moment

même où

le succès de

disciplines

comme la linguistique, la

théorie

de

l info

rmation

la logique

formelle

et l anthropologie

structurale fournit à

l analyse

sémantique des

moyens

nouveaux. Il y a aujourd hui une sollicitation sémio

logique issue, non de la fantaisie

de quelques chercheurs, mais de

l histoire

même du monde

moderne.

Cependant,

le

mot

n est

pas sans inconfort,

celui-là

même d un

projet

qu on

affirme

sans

cesse

et

qu on

accomplit

difficilement :

il

y

a

beaucoup

de

danger à programmer

une science avant

quelle

soit

constituée, c est-à-dire

en somme,

enseignée; et c est un fait, la

sémiologie

se

cherche lentement.

La

raison en est peut-être simple. Saussure, repris par les

principaux

sémio-

logues,

pensait

que la linguistique n était qu une partie de la science générale

des signes. Or il n est pas du tout sûr qu il existe dans

la

vie sociale de notre

temps des

systèmes

de

signes

d une certaine ampleur, autres que le langage

humain. La sémiologie

n a eu

jusqu ici à

traiter

que de codes d intérêt déri

soire

tels le code routier; dès que l on passe à des ensembles

doués

d une

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Présentation

véritable

profondeur

sociologique, on

rencontre

de nouveau le langage.

Certes,

objets, images, comportements peuvent signifier, et ils le font abondamment,

mais ce n est

jamais

d une façon autonome; tout système sémiologique se mêle

de langage.

La

substance

visuelle, par exemple, confirme

ses

significations

en

se

faisant

doubler

par

un

message linguistique

(c est

le

cas

du

cinéma,

de

la publicité,

des comics, de

la photographie de presse,

etc.), en sorte

qu au

moins une

partie

du message iconique est dans un

rapport structural

de

redon

dance

de relève avec le

système

de la

langue;

quant aux ensembles d objets

(vêtement, nourriture), ils n accèdent au statut

de systèmes qu en

passant

par

le

relai de

la

langue, qui en découpe les signifiants (sous

forme

de nomenc

latures) et en nomme les signifiés (sous forme d usages ou de raisons) :

nous

sommes, bien plus qu autrefois et en dépit de

l envahissement

des images,

une

civilisation de l écriture.

Enfin d une manière beaucoup

plus

générale,

il

parait de plus

en

plus

difficile

de

concevoir

un

système

d images

ou

d objets

dont les

signifiés puissent exister en dehors du

langage

:

percevoir ce qu une

substance signifie, c est fatalement

recourir

au découpage de

la langue

:

il

n y

a

de sens que nommé, et le monde des signifiés n est

autre

que celui du langage.

Ainsi, quoique travaillant au départ sur des substances

non-linguistiques,

le

sémiologue des sociétés

contemporaines (pour

nous en tenir

au champ

des

communications de masse) est

appelé

à trouver tôt ou

tard le langage (le

« vrai j>)

sur

son

chemin,

non seulement à titre de modèle, mais aussi à titre

de composant,

de relai

ou de

signifié. Toutefois,

ce

langage-là n est plus

tout à fait celui des

linguistes

: c est un

langage

second,

dont

les

unités

ne sont

plus

les

monèmes

ou

les

phonèmes,

mais

des

fragments

plus

étendus

du

discours

renvoyant

à des objets

ou

des épisodes qui signifient

sous

le langage, mais

jamais sans lui.

La

sémiologie

est

donc peut-être appelée à s absorber dans

une trans-linguistique,

dont

la

matière

sera tantôt

le

mythe,

le

récit, l article

de presse,

bref

tous les ensembles signifiants

dont

la

substance

première

est

le

langage

articulé, tantôt les

objets

de notre civilisation, pour autant qu ils sont

parlés (à travers la presse, le prospectus, l interview, la conversation et peut-

être même

le langage

intérieur, d ordre

fantasmatique) Il faut en

somme

admettre dès

maintenant la possibilité

de

renverser un jour la

proposition

de

Saussure

:

la

linguistique

n est

pas

une

partie, même

privilégiée,

de

la

science

générale des signes,

c est

la

sémiologie qui est une

partie de la linguistique :

très

précisément cette partie

qui

prendrait

en charge les grandes

unités signi

fiantes du discours; de

la

sorte apparaîtrait l unité des

recherches

qui se

mènent actuellement en

anthropologie,

en

sociologie,

en psychanalyse et en

stylistique autour du

concept

de

signification.

Bien

que chaque chercheur se trouve en face de difficultés particulières,

cet avenir de la

sémiologie

se

dessine déjà à

travers deux directions

de recherches

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Présentation

qui ne peuvent trouver

leur

unité qu au sein de cette linguistique

seconde

dont

on vient

de parler; Vune, d ordre syntagmatique,

est V analyse

structurale

du

message narratif; Vautre, d ordre paradigmatique, est le

classement

des

unités de connotation

:

le message

(œuvre ou objet)

est toujours

à

la

croisée

de

ces

deux grands

axes,

reconnus

autrefois

par

Saussure.

Cependant,

nous

sommes encore loin de

cette

unité; il

nous

faut d abord

lever

un certain nombre

d hypothèques, décider sous quelles conditions

le

sens est possible. Consacré

à cette exploration préliminaire,

ce

numéro de Communications

est

essentiell

ementn numéro de

travail,

pour la

raison

très simple que les

textes

qui

le

composent

s appuient

sur des recherches en cours

dont on

donne ici, en quelque

sorte, le préalable. Nous sommes

encore

peu nombreux,

nos

moyens sont

modestes,

chacun

doit

souvent faire face à plusieurs

tâches

à la fois. En exposant

nos

difficultés

et nos espoirs,

en mettant la sémiologie

à

l épreuve

au moment

même

nous acceptons son

vocabulaire

et

ses

méthodes,

nous souhaitons

mettre à jour les raisons de son retard et les voies, de

son

progrès — voire,

comme on l a

dit, de

sa transformation. Ceci

n est,

si

l on

peut dire, qu un

bilan

de

départ;

progressant

désormais dans des travaux

concrets,

nous

espérons

élargir

peu

à peu l étude des communications de masse, rejoindre d autres

recherches,

contribuer avec elles

à développer une analyse

générale

de

l intel

ligible humain.

R.

B.