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Présentation du film Bienvenue dans la vraie vie des femmes est un documentaire dune durée de 75 minutes qui présente tous les aspects de la question des inégalités entre hommes et femmes dans la société française contemporaine. Au cours du siècle dernier, les conditions et les droits des femmes ont progressé à grands pas : accès à léducation, obtention du droit de vote, légalisation de lavortement, apparition et généralisation de la contraception, égalité dans le couple et dans la famille, etc. Cependant, si légalité entre les hommes et les femmes est bien présente aujourdhui dans les esprits comme un idéal à atteindre, les inégalités perdurent dans tous les domaines : dans le monde du travail, avec des salaires plus faibles et des conditions demploi moins favorables que les hommes dans la famille, avec une répartition des tâches domestiques et des responsabilités parentales toujours très inégales et dans la sphère politique où les femmes sont encore très minoritaires. De plus, les femmes sont soumises à des normes et des contraintes très fortes, avec lobligation de se conformer à un idéal physique inatteignable. Ces inégalités trouvent leur source dans une socialisation qui reste fortement différenciée selon le sexe des enfants. Le documentaire dAgnès Poirier et de Virginie Lovisone illustre tous ces points avec des données statistiques marquantes, de nombreux documents (extraits de publicités, livres pour enfants, coupures de presse, etc.) et lintervention de nombreux témoins (jeunes femmes interrogées sur lavenir dans lequel elles se projettent, femme politique, chefs dentreprises, directrice de crèche, jeune père, etc.). La présentation des faits alterne avec lintervention de chercheurs qui éclairent les mécanismes à l’œuvre dans la construction et le maintien des inégalités. Les sociologues interrogés (Dominique Méda, Christian Baudelot, Marie Duru-Bellat, Éric Fassin, Éric Macé, Catherine Marry, Margaret Maruani, Jean-Claude Kaufmann) présentent ainsi les grands apports de la sociologie du genre. Ce documentaire pourra être utilisé à tous les niveaux denseignement des sciences économiques et sociales car il traite dune question transversale dans les programmes de SES. Il peut être mobilisé pour aborder la question des inégalités entre hommes et femmes pour elle- même mais aussi pour illustrer de nombreuses notions et problématiques de la discipline : inégalités, justice sociale, socialisation, culture, normes, valeurs, rôles, statuts, représentation politique, mutations de lemploi, etc. Le livret daccompagnement propose plusieurs pistes pédagogiques pour utiliser ce documentaire en classe ainsi que des documents, textes et statistiques, qui permettront de compléter et de préciser les informations données dans le film.

Présentation du film - APSES€¦ · Présentation du film Bienvenue dans la vraie vie des femmes est un documentaire d’une durée de 75 minutes qui présente tous les aspects

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Présentation du film Bienvenue dans la vraie vie des femmes est un documentaire d’une durée de 75 minutes qui présente tous les aspects de la question des inégalités entre hommes et femmes dans la société française contemporaine. Au cours du siècle dernier, les conditions et les droits des femmes ont progressé à grands pas : accès à l’éducation, obtention du droit de vote, légalisation de l’avortement, apparition et généralisation de la contraception, égalité dans le couple et dans la famille, etc. Cependant, si l’égalité entre les hommes et les femmes est bien présente aujourd’hui dans les esprits comme un idéal à atteindre, les inégalités perdurent dans tous les domaines : dans le monde du travail, avec des salaires plus faibles et des conditions d’emploi moins favorables que les hommes dans la famille, avec une répartition des tâches domestiques et des responsabilités parentales toujours très inégales et dans la sphère politique où les femmes sont encore très minoritaires. De plus, les femmes sont soumises à des normes et des contraintes très fortes, avec l’obligation de se conformer à un idéal physique inatteignable. Ces inégalités trouvent leur source dans une socialisation qui reste fortement différenciée selon le sexe des enfants. Le documentaire d’Agnès Poirier et de Virginie Lovisone illustre tous ces points avec des données statistiques marquantes, de nombreux documents (extraits de publicités, livres pour enfants, coupures de presse, etc.) et l’intervention de nombreux témoins (jeunes femmes interrogées sur l’avenir dans lequel elles se projettent, femme politique, chefs d’entreprises, directrice de crèche, jeune père, etc.). La présentation des faits alterne avec l’intervention de chercheurs qui éclairent les mécanismes à l’œuvre dans la construction et le maintien des inégalités. Les sociologues interrogés (Dominique Méda, Christian Baudelot, Marie Duru-Bellat, Éric Fassin, Éric Macé, Catherine Marry, Margaret Maruani, Jean-Claude Kaufmann) présentent ainsi les grands apports de la sociologie du genre. Ce documentaire pourra être utilisé à tous les niveaux d’enseignement des sciences économiques et sociales car il traite d’une question transversale dans les programmes de SES. Il peut être mobilisé pour aborder la question des inégalités entre hommes et femmes pour elle-même mais aussi pour illustrer de nombreuses notions et problématiques de la discipline : inégalités, justice sociale, socialisation, culture, normes, valeurs, rôles, statuts, représentation politique, mutations de l’emploi, etc. Le livret d’accompagnement propose plusieurs pistes pédagogiques pour utiliser ce documentaire en classe ainsi que des documents, textes et statistiques, qui permettront de compléter et de préciser les informations données dans le film.

Découpage en chapitres

Chapitre 1. Des talents gaspillés (durée : 12 min 40 s) En introduction, le documentaire montre le décalage entre les représentations et la réalité : les jeunes filles qui sont interrogées imaginent un avenir où elles seront libres de leurs choix et les égales des hommes ; dans la réalité, les inégalités sont encore fortes. Jean-Claude Kaufmann souligne le fait que les choses ont davantage évolué dans les esprits que dans la réalité. Ensuite, cette séquence présente le paradoxe entre la très bonne réussite scolaire des femmes et leur situation défavorable sur le marché du travail. Bien que les femmes soient de plus en plus diplômées, elles sont minoritaires dans les postes à responsabilités et sont moins bien rémunérées. Christian Baudelot précise que les filles réussissent mieux à l’école que les garçons et sont majoritaires parmi les bacheliers. Cependant, elles représentent seulement un tiers des cadres ; elles sont minoritaires dans les conseils d’administration (environ 10 % des membres des conseils d’administration des plus grandes entreprises françaises) et la différence de salaires est de 25 % en moyenne. Marie Duru-Bellat souligne le gaspillage des talents des femmes, qui n’utilisent pas leur formation sur le marché du travail. En Norvège, depuis 2003, la loi stipule qu’il doit y avoir 40 % des femmes dans les conseils d’administration des entreprises. La ministre norvégienne explique cette loi par le constat de la difficulté des entreprises à donner leur chance aux femmes diplômées, ce qui les empêche de mobiliser ces talents. Catherine Marry présente les mécanismes d’exclusion des femmes des postes les plus prestigieux et les mieux rémunérés. Le documentaire présente ensuite les difficultés que rencontrent les femmes qui atteignent des hauts niveaux de responsabilité, avec le témoignage de la vice-présidente d’Accenture (entreprise de conseil).

Chapitre 2. Femmes, média et politique (durée : 6 min 30 s) La commission Reiser a fait une étude sur l’image des femmes dans les médias qui montre que le vocabulaire utilisé pour parler des femmes est spécifique. Leur particularité de femme est mise en avant alors que lorsqu’il s’agit des hommes, il est avant tout fait référence à leur fonction. Par exemple, les femmes politiques sont parfois nommées par leur seul prénom. Une équipe de chercheuses a analysé en détail la radio, la presse, la publicité et les journaux télévisés sur toute une journée. Cette étude montre une nette dichotomie : les femmes sont mises en avant lorsqu’il s’agit de faire parler l’émotion alors que les hommes sont davantage présentés comme des acteurs qui ont prise sur la réalité. Même si le nombre de députées a augmenté avec la loi sur la parité de 2000, 82 % des députés sont des hommes. Réjane Sénac-Slawinski, chercheuse au CNRS, explique que les femmes doivent justifier leur place dans la sphère politique par le fait d’apporter une plus-value, elles ne sont pas regardées comme des hommes politiques mais vues sous l’angle de leur particularité. Les femmes politiques donnent par ailleurs lieu à de nombreux commentaires qui rappellent sans cesse qu’elles sont des femmes. Pour Éric Fassin, les femmes n’ont jamais le corps qu’il faut : elles sont soit trop féminines, soit pas assez. On a du mal à leur donner une place considérée comme naturelle, car elles ne sont pas dans la norme.

Chapitre 3. « Super-maman, superwoman, super-bombasse » ou les normes de la féminité (durée : 16 min 15 s) 82 % des femmes travaillent mais ont en même temps la charge d’une grande partie des tâches domestiques et des responsabilités parentales. En particulier, c’est à elles qu’incombe le souci du bien-être des enfants. Elles assurent aujourd’hui les deux tiers des tâches domestiques, à peine moins qu’il y a 35 ans. Le travail domestique des femmes est étudié en SES dans une classe de seconde. Les élèves qui interviennent ont une attitude plutôt conservatrice, se projetant dans une répartition des tâches inégalitaire. Éric Macé puis Jean-Claude Kaufmann expliquent que les femmes ont davantage d’exigences et de savoir-faire en ce qui concerne les tâches domestiques, en particulier pour l’entretien du linge, ce qui explique qu’elles les prennent en charge.

Les contraintes qui pèsent sur les femmes touchent aussi à leur physique. Éric Macé décrypte la publicité d’une marque de cosmétique qui montre que le corps des femmes est socialement déterminant. Ces dernières sont « bombardées d’injonctions normatives corporelles ». La presse féminine donne toutes les recettes pour atteindre les idéaux de beauté auxquelles les femmes doivent se conformer. Cette presse est décryptée par une classe de SES de terminale. Ensuite, la philosophe Michela Marzano met l’accent sur le fait que dans les représentations des magazines féminins, la femme doit se conformer aux attentes des hommes pour séduire. Éric Macé explique quant à lui que les injonctions que subissent les femmes sont contradictoires et donc inatteignables, ce qui conduit, pour elles, à une culpabilisation.

Chapitre 4. « Travaille et débrouille-toi ! » ou les contraintes de la maternité (durée : 13 min 35 s) Des jeunes femmes expliquent qu’elles souhaitent avoir une vie active et une vie de famille. Aujourd’hui, il est admis que les femmes travaillent mais la garde des enfants pose problème car le nombre de places en crèche est insuffisant : les deux tiers des enfants de moins de trois ans sont gardés à la maison. Dominique Méda explique que la naissance des enfants marque un choc dans la carrière des femmes qui va se ressentir tout au long de cette dernière ; les entreprises anticipent le fait qu’elles vont devoir s’occuper des enfants et les écartent souvent des postes à responsabilité. Ainsi, 40 % des femmes subissent un changement professionnel l’année de la naissance d’un enfant, contre 6 % des hommes. Un problème accru se pose pour les femmes qui ont des horaires décalés, qui sont de plus en plus nombreuses. Il existe une seule crèche en France qui fonctionne 24 h/24 : Baby-Loup. Cependant, les pères évoluent et s’occupent davantage des enfants qu’auparavant. Ces changements apparaissent notamment dans la publicité où l’on voit de plus en plus de pères s’occupant de leurs enfants. Cependant, cela reste présenté comme quelque chose d’exceptionnel, comme Éric Macé a pu l’analyser dans l’une d’entre elles. Pour Jean-Claude Kaufmann, il y a eu des changements dans les comportements des hommes, ce qui est illustré par le témoignage d’un « nouveau père » : un cadre qui aménage ses horaires de travail pour pouvoir s’occuper de son bébé.

Chapitre 5. Une socialisation différenciée (durée : 13 min 25 s) Dans les écoles maternelles suédoises, on incite les enfants à se libérer des rôles sexués par des activités qui stimulent les filles pour qu’elles s’affirment et les garçons pour qu’ils entrent en relation avec les autres. Les jouets proposés aux enfants diffèrent selon leur sexe. Une neurobiologiste explique qu’il n’y a pas de différence entre le cerveau des femmes et celui des hommes, le cerveau évoluant et s’adaptant en fonction de l’environnement. Éric Macé souligne l’importance de l’annonce du sexe de l’enfant pour les parents, qui projettent à ce moment-là une identité sexuée sur leur enfant et orientent leur comportement en fonction de cette donnée. Marie Duru-Bellat explique que les pères manient les garçons avec plus de vigueur, en faisant des jeux qui stimulent leur motricité alors que les filles sont davantage stimulées sur le langage. Les petits garçons connaissent le plan de leur quartier plus tôt que les filles tout simplement parce qu’on les envoie à l’école tous seuls plus tôt. Une psychologue présente l’étude qu’elle a faite sur les livres pour enfants. Ceux-ci jouent un rôle important dans la socialisation car les enfants les utilisent pour construire leur représentation du monde qui les entoure. Dans ces livres pour enfants, les petites filles sont le plus souvent à la maison alors que les garçons sont plus souvent à l’extérieur, et plus actifs. Dans les familles représentées, les pères travaillent mais pas les mères, souvent assignées aux tâches domestiques. Les évolutions de la société n’ont pas été prises en compte dans ces livres. Les enfants n’ont pas non plus la même appréciation de leurs résultats scolaires. Christian Baudelot explique qu’à notes égales, les garçons ont tendance à être plus satisfaits que les filles, qui pensent toujours qu’elles peuvent mieux faire, ce qui est parfaitement illustré par des témoignages. Cela signifie que les filles manquent de confiance en elles, ce qui se traduit par des ambitions scolaires plus modestes.

Chapitre 6. Les inégalités au travail (durée : 12 min 55 s) En introduction, une publicité rappelle les inégalités entre hommes et femmes sur le marché du travail. Des jeunes filles témoignent au sujet de l’avenir professionnel dans lequel elles se projettent. Elles ont tendance à anticiper leur rôle social futur et à avoir moins d’ambition. Pour Dominique Méda, ce sont les femmes qui jouent le rôle de variable d’ajustement, en faisant face aux difficultés de conciliation qui peuvent même les conduire à se retirer du marché du travail. Les femmes non-qualifiées sont tout en bas de l’échelle sociale, elles sont en particulier beaucoup plus touchées par la précarité et le temps partiel. En effet, 82 % des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes qui perçoivent alors de faibles salaires et cotisent peu pour leurs retraites (dont le montant est inférieur de 38 % à celui des hommes). Le temps partiel n’est pas toujours un choix : parmi les femmes concernées, une sur trois souhaite en effet travailler davantage. Margaret Maruani explique ainsi qu’il y a des centaines de milliers de femmes en sous-emploi qui ne parviennent pas à gagner leur vie. Les femmes sont payées en moyenne 25 % de moins que les hommes, malgré la multiplication de lois censées renforcer le principe de l’égalité salariale. Une femme sur trois estime qu’elle est victime de discrimination au travail mais les procédures sont rares. Un employeur a cependant été condamné à verser 35 000 euros à une de ses salariées pour rattraper l’écart de carrière qu’elle a subi par rapport à ses collègues masculins. Pour Margaret Maruani, seules des mesures volontaristes pourront faire bouger les choses, qui ne peuvent avancer d’elles-mêmes vers plus d’égalité. L’entreprise Accenture a mis en place des outils pour favoriser les carrières des femmes tels que le « coaching » et le « mentoring ». Dominique Méda se demande quels arguments peuvent être utilisés pour faire avancer l’égalité : celui de la justice ne fonctionne pas mais l’argument économique est plus entendu. La commission européenne et l’OCDE cherche à favoriser le travail des femmes pour des raisons économiques, comme clé de la croissance. La Stratégie de Lisbonne de 2000 s’est ainsi donné pour objectif un taux d’emploi de 60 % pour les femmes (cf. document complémentaire). En conclusion, le documentaire propose d’adopter les solutions d’autres pays pour aller vers plus d’égalité : donner plus de temps aux pères pour s’occuper de leurs enfants, proposer une place en crèche à chaque enfant qui vient de naître et favoriser l’accès des femmes aux postes à responsabilité.

Pistes pédagogiques Le film aborde tous les aspects des inégalités entre hommes et femmes et peut donc faire l’objet de diverses exploitations pédagogiques, à tous les niveaux des classes de lycée. Sont ici présentées plusieurs pistes d’utilisation du documentaire en classe. Pour certaines d’entre elles l’enseignant trouvera des fiches pédagogiques à proposer aux élèves et des documents complémentaires permettant de poursuivre l’analyse. Il est possible de présenter le film dans sa totalité ou bien d’en choisir un ou plusieurs chapitres pour n’étudier qu’un aspect du sujet.

Nature et culture, sexe et genre On pourra travailler avec les élèves sur les notions de nature et de culture. Le documentaire montre que les différences entre hommes et femmes relèvent pour l’essentiel d’une construction culturelle, ce qui permettra de différencier la notion de sexe, qui relève d’une différence naturelle ; de celle de genre, qui relève d’une différence liée à la culture. On utilisera pour cela en particulier le chapitre 5 : « Une socialisation différenciée ».

La socialisation des filles Le documentaire permet d’aborder la question de la socialisation différenciée entre les filles et les garçons. Au travers des exemples donnés dans le document, on pourra voir que les différences entre les genres sont produites par une socialisation spécifique qui prépare les petits garçons et les petites filles à leurs rôles d’hommes et de femmes (cf. Fiche pédagogique 1 : « On ne naît pas femme, on le devient »).

La représentation des genres et de la famille dans les livres pour enfants On pourra s’intéresser au rôle joué par les livres pour enfants dans la socialisation, en mettant l’accent sur les stéréotypes qu’ils véhiculent, en contradiction avec les évolutions de la société et l’idéal d’égalité. On s’appuiera sur le cinquième chapitre (« Une socialisation différenciée »).

La représentation des femmes dans les médias Dans le documentaire, on voit que lorsque l’on parle des femmes dans les médias, ce n’est pas de la même façon et avec le même vocabulaire que lorsqu’il s’agit des hommes. Les femmes politiques sont en effet présentées avant tout comme des femmes, leur féminité étant perçue comme une caractéristique essentielle tandis que l’intérêt porté à leurs homologues masculins s’attache moins à leur singularité. On pourra ainsi indiquer que les femmes sont le plus souvent vues sous l’angle du particulier alors que les hommes représentent davantage l’universel. On s’appuiera pour cela sur le deuxième chapitre « Femmes, média et politique ».

Les normes de la féminité Le documentaire permet de travailler sur les normes de la féminité, en montrant que les femmes sont soumises à des exigences très fortes. Elles doivent être de « bonnes » mères, de « bonnes » épouses, de « bonnes » travailleuses, avoir un corps « parfait ». Le document permet de comprendre comment s’exerce cette forte pression sociale sur les femmes, en particulier à travers la publicité et les magazines féminins (cf. Fiche pédagogique 2 : La féminité sous contrainte).

Parité et représentation politique La question de la représentation politique pourra être abordée au travers de la place des femmes dans le monde politique. Comment se justifie la loi sur la parité ? A-t-elle donné une véritable chance aux femmes d’accéder au pouvoir politique ? Les femmes doivent-elles être plus présentes dans le monde politique parce qu’elles apportent quelque chose de différent ? Les femmes peuvent-elles et doivent-elles être considérées comme des représentants politiques comme les autres ? (cf. Fiche pédagogique 3 : Les femmes sont-elles des hommes politiques comme les autres ?).

Les rôles dans la famille On pourra travailler sur le partage des rôles dans la famille au travers des tâches domestiques qui restent très sexuées et inégalement réparties (cf. Fiche pédagogique 4 : La répartition des tâches domestiques).

Les mutations de l’emploi : le temps partiel des femmes Le documentaire met en exergue le fait que les femmes sont fortement touchées par un temps partiel subi car elles servent de variable d’ajustement sur le marché du travail. Il permet à ce titre d’illustrer les effets négatifs des mutations de l’emploi. On utilisera pour cela le chapitre 6 : « Les inégalités au travail ».

Les inégalités sur le marché du travail Le dernier chapitre du film présente les différents aspects des inégalités entre hommes et femmes sur le marché du travail. On pourra donc aborder cette question et l’approfondir grâce aux documents d’accompagnement (cf. Fiche pédagogique 5 : Les inégalités sur le marché du travail).

Inégalités et justice sociale On pourra utiliser le documentaire pour traiter la question de la justice sociale, au travers en particulier de la loi sur la parité et de la question de la discrimination positive. On utilisera pour cela le chapitre 2 (« Femmes, média et politique »).

Inégalités et inefficacité économique La sous-exploitation des qualifications des femmes par le marché du travail produit des gaspillages. Les inégalités sont dans cet exemple un facteur d’inefficacité économique. On pourra ainsi présenter la notion de capital humain et montrer que celui des femmes n’est pas utilisé comme il le pourrait. On utilisera pour cela le premier chapitre : « Des talents gaspillés ».

Les aspects sociaux de la consommation Le documentaire montre le rôle des magazines féminins et de la publicité dans les « injonctions normatives » qui sont faites aux femmes. On pourra montrer comment se créent ainsi des besoins et des normes de consommation (cf. Fiche pédagogique 6 : Consommer pour être belle).

FICHE PEDAGOGIQUE 1 « ON NE NAIT PAS FEMME, ON LE DEVIENT »

Séquence utilisée Chapitre 5. Une socialisation différenciée (durée : 13 min 25 s) Objectif L’objectif de la séquence est de montrer que la différence des genres est construite par une socialisation spécifique selon le sexe des enfants et qu’elle n’est en aucun cas liée à une différence physiologique entre les sexes. Questions sur la séquence

À quoi sont encouragés les petites filles et les petits garçons dans les écoles suédoises ?

Petites filles Petits garçons

Quel est l’objectif des activités proposées dans les écoles suédoises ?

Quels en sont les effets sur les comportements des petites filles et des petits garçons ?

Petites filles Petits garçons

Relevez les jouets et les activités privilégiés par les enfants français selon leur genre.

Petites filles Petits garçons

Ces différences de goûts s’expliquent-elles par des différences physiologiques ?

Comment s’expliquent les différences que l’on pourrait constater entre un cerveau masculin et un cerveau féminin ?

Relevez les comportements que l’on encourage particulièrement pour les petites filles et les petits garçons.

Petites filles Petits garçons

Pourquoi les petits garçons connaissent-ils mieux le plan de leur quartier ?

Quel est le rôle des livres pour enfants dans la socialisation ?

Comment ces livres pour enfants représentent-ils les femmes et les hommes ?

Femmes/petites filles Hommes/petits garçons

Comment les petites filles jugent-elles leur travail scolaire ?

Qu’est-ce que cela signifie et quelles sont les conséquences de ce jugement sur elles-mêmes ?

Synthèse : Expliquez la citation de Simone de Beauvoir « On ne naît pas femme, on le devient. »

FICHE PEDAGOGIQUE 2 LA FEMINITE SOUS CONTRAINTE

Séquence utilisée Fin du Chapitre 3. « Super-maman, superwoman, super-bombasse » ou les normes de la féminité (de 25 min 38 s à 35 min 15 s - durée 9 min 77 s) Objectif Il s’agit de montrer que la féminité est un construit social qui exerce une forte contrainte sur les femmes en proie à des normes omniprésentes et inatteignables et sans cesse censées se conformer aux attentes des normes. Le document complémentaire, pourra être utilisé pour présenter l’analyse de Pierre Bourdieu pour qui les femmes sont obligées de se conformer aux attentes des hommes (ce que dit aussi la philosophe qui intervient dans le film). Questions sur la séquence

Que montre la publicité Dove ?

Pourquoi le corps des femmes est-il « socialement déterminant » ?

Quels stéréotypes sont véhiculés par les magazines féminins et la publicité ?

Le modèle proposé par les magazines féminins et la publicité est-il accessible ?

Pourquoi la publicité a-t-elle intérêt à présenter un modèle inaccessible ?

Selon Éric Macé, à quoi servent les magazines féminins pour les femmes ?

Dans le modèle proposé, que doivent faire les femmes pour être séduisantes ?

Qui crée les normes de la féminité ?

Synthèse : Qu’est-ce qu’être « féminine » ?

Document complémentaire

« [Les femmes] existent d’abord par et pour le regard des autres, c’est-à-dire en tant qu’objets accueillants, attrayants, disponibles. On attend qu’elles soient « féminines », c’est-à-dire souriantes, sympathiques, attentionnées, soumises, discrètes, retenues, voire effacées. Et la prétendue « féminité » n’est souvent pas autre chose qu’une forme de complaisance à l’égard des attentes masculines, réelles ou supposées, notamment en matière d’agrandissement de l’ego. En conséquence, le rapport de dépendance à l’égard des autres (et pas seulement des hommes) tend à devenir constitutif de leur être. »

Pierre Bourdieu, La Domination masculine, Éditions du Seuil, 1998, p. 94

FICHE PEDAGOGIQUE 3 LES FEMMES SONT-ELLES DES HOMMES POLITIQUES COMME LES AUTRES ?

Séquence utilisée Chapitre 2. Femmes, média et politique (durée : 6 min 30 s) Objectifs L’objectif de la séquence pédagogique est de montrer que les femmes politiques sont perçues davantage du point de vue de leur particularité de femme que de celui de leur statut de représentant politique. C’est ce qui est mis en relief dans la séquence proposée, qui s’appuie précisément sur la presse écrite pour montrer que les mots employés pour les femmes rappellent continuellement leur particularité. À partir des documents complémentaires proposés, on pourra approfondir la question de la loi sur la parité et de ses effets sur la présence des femmes en politique. On pourra aussi réfléchir à la question de la représentation politique des femmes à partir du débat entre féministes universalistes et féministes différencialistes. Questions sur la séquence

Quelle est la part des femmes à l’Assemblée nationale en France ?

Qu’est-ce que la loi sur la parité ? Permet-elle une réelle parité ?

Relevez les mots et expressions utilisés pour parler des hommes et des femmes politiques dans les médias.

Femmes politiques Hommes politiques

S’intéresse-t-on autant à la personnalité et à l’apparence physique des hommes politiques qu’à celles des femmes ?

Selon Réjane Sénac-Slawinski, comment les femmes doivent-elles justifier leur présence dans le monde politique ?

Pourquoi est-ce, selon elle, un danger ?

Pourquoi, selon Éric Fassin, les femmes attirent-elles autant l’attention par leur physique ou leur tenue vestimentaire ?

Synthèse : Les femmes peuvent-elles être des hommes politiques comme les autres ?

Documents complémentaires : la loi sur la parité Le retard français en ce qui concerne la place des femmes dans la sphère politique a plusieurs causes : le fonctionnement du système politique lui-même a tendance à exclure les femmes ; elles supportent de fortes contraintes familiales ; les mouvements féministes français se sont davantage centrés sur d’autres combats (Document 1). De plus, les femmes éprouvent des difficultés à se positionner en tant que femmes politiques (Document 2). Malgré une avancée législative et de nombreuses réformes favorisant la parité (Document 3), les femmes restent minoritaires dans les mandats électifs (Document 4). Bien que la volonté de favoriser l’accès des femmes au monde politique soit largement partagée, la loi sur la parité a fait l’objet de débats entre féministes universalistes et différencialistes (Documents 5 et 6). Pierre Bourdieu renvoie dos à dos les deux courants du féminisme car ils ignorent l’un et l’autre les effets de la domination masculine (Document 7). Document 1 – Les raisons du retard français Diverses raisons ont été avancées pour rendre compte de ce qu’il faut bien appeler « l’exception française ». La privation de mandats électifs que subissent les femmes dans notre pays s’inscrit dans une très longue tradition. Ainsi en France, contrairement à ce que l’on observe dans nombre de pays d’Europe, les femmes ont été exclues de la succession au trône. La loi salique, exhumée au XIV

e siècle, énonçait que la couronne ne pouvait revenir qu’à un individu mâle. La révolution de 1789, quant à elle, accordait le droit de suffrage (censitaire) aux hommes mais en privait les femmes, scellant l’exclusion politique de ces dernières. En 1848, n’était instauré, dans cette logique, que le suffrage semi-universel. On peut avancer aussi des raisons institutionnelles régulièrement évoquées comme le mode de scrutin majoritaire qui privilégie les notables, les sortants disposant de leur circonscription comme d’un fief, et s’y représentant sans fin puisqu’il n’y a pas d’âge de la retraite en politique. De même, le cumul des mandats, même s’il a été limité par la loi du 30 décembre 1985, demeure encore trop marqué aux yeux de certains et aboutit à ce que les principaux postes soient aux mains d’un nombre trop réduit de personnes. Une restriction de ce cumul permettrait d’agrandir le personnel politique et de l’ouvrir plus largement aux femmes, comme à des groupes encore peu représentés dans les assemblées élues. Mais la raison majeure aujourd’hui pour rendre compte des difficultés des femmes à obtenir des mandats électifs tient à la mauvaise volonté de nombre de partis politiques qui […] sont des cénacles masculins fonctionnant en circuit fermé, se reproduisant à l’identique, et n’étant pas prêts à retirer une place à un homme pour la donner à une femme. À quoi il faut ajouter les difficultés tenant au fait que les femmes sont encore largement en charge de la vie familiale, y compris lorsqu’elles ont une activité professionnelle. […] Cela ne crée pas les meilleures conditions pour que les femmes puissent exercer, en plus de tout le reste, des responsabilités politiques. Mais si la France accuse un tel retard en matière de représentation féminine lorsqu’on la compare aux pays du Nord, c’est aussi parce qu’au moment où il était le plus puissant, dans les années 1970, le mouvement féministe ne s’est pas soucié de revendiquer le pouvoir politique. Le combat a porté, entre autres, sur la libre disposition de soi, sur le travail domestique, sur l’égalité professionnelle mais l’action à visage « parlementaire » n’a pas suscité de luttes.

Janine Mossuz-Lavau, janvier 2001, www.diplomatie.gouv.fr Document 2 – Le « double blind » des femmes au pouvoir L’accès au pouvoir, quel qu’il soit, place les femmes en situation de « double blind » : si elles agissent comme des hommes, elles s’exposent à perdre les attributs obligés de la « féminité » et elles mettent en question le droit naturel des hommes aux positions de pouvoir ; si elles agissent comme des femmes, elles paraissent incapables et inadaptées à la situation.

Pierre Bourdieu, La Domination masculine, Éditions du Seuil, 1998, p. 96 Document 3 – Les réformes relatives à la parité

21 avril 1944 : L’ordonnance du 21 avril introduit le suffrage universel en permettant pour la première fois aux femmes de voter et d’être éligibles.

8 juillet 1999 : Les articles 3 et 4 de la Constitution de 1958 sont modifiés. Il est ajouté à l’art. 3 que la loi « favorise l’égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives », et précisé dans l’art. 4 que « les partis et groupements politiques contribuent à la mise en œuvre de ce principe ».

6 juin 2000 : La première loi dite « sur la parité » est promulguée. Elle contraint les partis politiques à présenter un nombre égal d’hommes et de femmes lors des scrutins de liste et prévoit une retenue sur la dotation financière des partis qui ne respecteront pas le principe de parité lors de la désignation des candidats pour les élections législatives.

10 juillet 2000 : Les départements élisant trois sénateurs et plus votent désormais par scrutin de liste (soit deux tiers des sénateurs). Le scrutin de liste ne concernait jusque-là que les départements élisant cinq sénateurs et plus.

11 avril 2003 : Les modes de scrutin des élections régionales et européennes sont réformés. L’alternance stricte entre hommes et femmes est instaurée pour les listes des élections régionales et confirmée pour les élections européennes. La loi introduit des sections départementales sur les listes régionales, et crée des euro-régions pour les européennes.

30 juillet 2003 : La réforme du mode de scrutin des sénatoriales réserve l’application de la proportionnelle aux départements élisant quatre sénateurs et plus. Le scrutin uninominal, ne comportant aucune obligation paritaire aux yeux de la loi, concerne désormais la moitié des sièges sénatoriaux.

31 janvier 2007 : La loi impose une alternance stricte femmes-hommes dans la composition des listes électorales municipales (de 3 500 habitants et plus) et introduit une obligation de parité dans les exécutifs régionaux et municipaux (de 3 500 habitants et plus). Elle augmente la pénalité financière encourue par les partis qui ne respectent pas la parité des investitures lors des élections législatives (75 % de l’écart à la moyenne) et contraint les candidat(e)s aux élections cantonales à se présenter au côté d’un(e) suppléant(e) de l’autre sexe.

Source : Observatoire de la parité (www.observatoire-parite.gouv.fr)

Document 4 – Les effets de la loi du 6 juin 2000

La loi dite « sur la parité » oblige les partis politiques à présenter un nombre égal d’hommes et de femmes pour les élections régionales et municipales, dans les communes de 3 500 habitants et plus. Les modes de scrutin des élections régionales et européennes sont modifiées en avril 2003. La loi introduit des sections départementales au sein des élections régionales et redessine la carte

électorale des européennes en 8 régions. Ces listes doivent comporter une stricte alternance entre hommes et femmes.

Source : Observatoire de la parité (www.observatoire-parite.gouv.fr) Document 5 – Universalisme et différencialisme, les débats autour de la parité La question de la parité a réactivé le clivage entre féminisme « universaliste » et féminisme « différencialiste ». Pour les différencialistes, les femmes sont différentes et complémentaires des hommes, et les deux sexes doivent être représentés de façon égale et séparée. La société est vue comme la cohabitation de deux sexes et les femmes doivent être présentes en tant que femmes. C’est ce courant qui a donc voulu la parité, en s’appuyant sur l’idée que les femmes ont quelque chose de particulier à apporter dans le monde politique. En 1996, dix femmes politiques de premier plan signent ainsi le Manifeste des dix qui se propose de « féminiser la République » car « le regard des femmes, leur expérience, leur culture manquent cruellement au moment de l’élaboration des lois » (« Le Manifeste des dix pour la parité » in L’express, 6 juin 1996). À l’opposé, les universalistes considèrent que les hommes et les femmes doivent avant tout être des égaux et que la mise en avant de la différence est un frein à cette égalité, un risque d’infériorisation des femmes. Pour eux, il faut surtout miser sur l’égalité des droits et donc refuser toute forme de discrimination positive. Pour Élisabeth Badinter, qui s’oppose au Manifeste des dix, celui-ci « entérine les caractéristiques féminines les plus éculée » en se prévalant « de faire de la politique autrement » (Élisabeth Badinter, « Non aux quotas de femmes » in Le Monde, 12 juin 1996).

Clarisse Guiraud, février 2010, Bienvenue dans la vraie vie des femmes, livret d’accompagnement-CNDP

Document 6 – La position des antiparitaires Pour justifier leur position, les antiparitaires mettent en avant l’universalisme que le projet de parité mettrait à mal. Rappelant les principes fondateurs de notre démocratie, ils énoncent que celle-ci ne connaîtrait que le citoyen abstrait, c’est-à-dire un être qui ne peut être défini par aucune caractéristique sociale, religieuse, culturelle ou sexuelle. Prendre en compte, pour sélectionner des représentants, un critère, quel qu’il soit, reviendrait à rompre avec la règle de la stricte égalité qui doit régner entre les citoyens et qui ne peut exister justement que si l’on ne reconnaît que des « individus abstraits ». Or, si l’on admet que seul puisse être légitimement reconnu cet individu abstrait, en quoi est-ce un problème que les assemblées soient presque exclusivement masculines ? Les représentants, quels qu’ils soient et seraient-ils tous des hommes, parleraient au nom de tous les représentés (femmes et hommes).

Janine Mossuz-Lavau, janvier 2001, www.diplomatie.gouv.fr

Document 7 – Les effets de la domination masculine Le féminisme dit universaliste, parce qu’il ignore les effets de domination, et tout ce que l’universalité apparente du dominant doit à sa relation avec le dominant – ici tout ce qui touche à la virilité – inscrit dans la définition universelle de l’être humain des propriétés historiques de l’homme viril, construit par opposition avec les femmes. Mais la vision dite différentialiste, parce qu’elle ignore, elle aussi, ce que la domination dominante doit à la relation historique de domination et à la recherche de la différence qui en est constitutive (qu’est-ce en définitive que la virilité sinon une non-féminité ?), n’échappe pas non plus, dans son souci de revaloriser l’expérience féminine, à une forme douce d’essentialisme.

Pierre Bourdieu, La Domination masculine, Éditions du Seuil, 1998, p. 90

FICHE PEDAGOGIQUE 4 LA REPARTITION DES TACHES DOMESTIQUES

Séquence utilisée Début du Chapitre 3. « Super-maman, superwoman, super-bombasse » ou les normes de la féminité (jusqu’à 25 min 38 s) Objectif Il s’agit de montrer que les femmes sont encore largement aujourd’hui assignées à un rôle de mère et de ménagère, ce qui s’explique en grande partie par leur socialisation, et de souligner que cela les empêche de jouer pleinement d’autres rôles dans la sphère publique. Questions sur la séquence

Quelle part du travail domestique les femmes assurent-elles ?

Qu’est-ce qui a permis de faire diminuer le temps consacré aux tâches domestiques ?

Quelle est la particularité des tâches qui sont le plus souvent à la charge des femmes ?

Les lycéens interrogés sont-ils favorables à une meilleure répartition ?

Comment les sociologues qui interviennent expliquent-ils le fait que les femmes font davantage de tâches domestiques que les hommes ?

Quel est le rôle de la socialisation dans le maintien d’une répartition traditionnelle des rôles dans la famille ?

Peut-on dire que les femmes consentent à l’inégale répartition des tâches domestiques ?

Quelles sont les conséquences de cette inégalité sur d’autres inégalités ?

Synthèse : À quel rôle les femmes sont-elles assignées ? En quoi cela les empêche-t-il d’avoir d’autres rôles ?

Document complémentaire

Évolution des temps sociaux quotidiens

Femmes Hommes

En heures et minutes 1986 1999 1986 1999

Temps physiologique 11 h 40 11 h 48 11 h 28 11 h 32

Travail, études, formation 3 h 16 3 h 27 5 h 47 5 h 30

Temps domestique 5 h 07 4 h 36 2 h 07 2 h 13

dont : Ménage, courses 4 h 10 3 h 40 1 h 10 1 h 15

Soins aux enfants 0 h 42 0 h 38 0 h 10 0 h 11

Jardinage, bricolage 0 h 15 0 h 18 0 h 47 0 h 47

Temps libre 3 h 13 3 h 31 3 h 53 4 h 09

Trajet 0 h 44 0 h 38 0 h 45 0 h 36

Ensemble 24 h 00 24 h 00 24 h 00 24 h 00

Champ : France métropolitaine, individus âgés de 15 ans à 60 ans, hors étudiants et retraités. Source : Insee, enquêtes Emploi du temps 1986 et 1999

FICHE PEDAGOGIQUE 5 LES INEGALITES SUR LE MARCHE DU TRAVAIL

Séquence utilisée Chapitre 6. Les inégalités au travail (durée : 12 min 55 s) Objectif Il s’agit de recenser et de quantifier les inégalités entre hommes et femmes sur le marché de l’emploi. Cette séquence pourra être en lien avec celle qui concerne les charges domestiques et familiales afin de montrer que la position des femmes dans la sphère productive résulte de leur place dans la sphère privée et des contraintes qui lui sont associées. Questions sur la séquence

Comment les jeunes femmes anticipent-elles leur avenir professionnel ?

Pourquoi peut-on dire que les femmes sont une « variable d’ajustement » sur le marché du travail ?

Quelle est la part des femmes dans les salariés à temps partiel ?

Quel est l’effet de ce temps partiel sur les revenus (salaires et retraites) des femmes ?

Ce temps partiel est-il choisi ?

Quel est l’écart de salaire entre les hommes et les femmes ?

Pourquoi la loi ne suffit-elle pas à réduire cet écart ?

Pourquoi l’entreprise Hispano-Suiza a-t-elle été condamnée ?

Quel est l’objectif de la Commission européenne et de l’OCDE lorsqu’elles préconisent une augmentation du taux d’emploi des femmes ?

Synthèse : Comment expliquer les inégalités entre hommes et femmes sur le marché du travail ? Que faire pour les réduire ?

Documents complémentaires

Les inégalités sur le marché du travail en France Document 1 – Écart de salaires mensuels nets entre les hommes et les femmes

en euros courants 2000 2005 2006 2007

Total 1 700 1 904 1 938 2 001

Hommes 1 825 2 037 2 075 2 145

Femmes 1 459 1 652 1 683 1 736

Différentiel F/H en % -20,0 -18,9 -18,9 -19,1

Champ : salariés du secteur privé et semi-public. Source : Insee, DADS, 2008

Document 2 – Évolution du taux de chômage par sexe (en %)

Champ : France métropolitaine, population des ménages, personnes de 15 ans ou plus (âge au 31 décembre).

Source : Insee, enquêtes Emploi, données corrigées de la rupture de série en 2002 Document 3 – Taux d’activité (en %) selon le sexe et la configuration familiale

Champ : France métropolitaine, population des ménages, personnes de 15 ans ou plus. Source : Insee, enquêtes Emploi du 1er au 4e trimestre 2008

Document 4 – Statut et type de contrat selon le sexe

en %, en 2008 Femmes Hommes Ensemble

Non salariés 7,3 13,4 10,5

Salariés 92,7 86,6 89,5

dont :

Intérimaires 1,4 2,8 2,1

Apprentis 0,9 1,7 1,3

Contrats à durée déterminée 10,8 6,0 8,3

Contrats à durée indéterminée 79,6 76,1 77,7

Ensemble des emplois 100,0 100,0 100,0

Lecture : en moyenne en 2008, 7,3 % des femmes ayant un emploi sont non-salariées. Champ : France métropolitaine, population des ménages, personnes en emploi de 15 ans ou plus.

Source : Insee, enquêtes Emploi du 1er au 4e trimestre 2008 Document 5 – Temps partiel selon le sexe et la durée du temps du travail

en %, en 2008 Femmes Hommes Ensemble Part des

femmes (en %)

Temps complet 70,6 94,2 83,1 40,2

Temps partiel 29,4 5,8 16,9 82,0

dont :

Moins de 15 heures 4,5 1,1 2,7 78,3

De 15 à 29 heures 15,8 3,1 9,1 82,0

30 heures ou plus 9,1 1,5 5,1 84,1

Ensemble 100,0 100,0 100,0 47,2

Lecture : en moyenne en 2008, 29,4 % des femmes ayant un emploi travaillent à temps partiel. 78,3 % des personnes travaillant moins de 15 heures par semaine sont des femmes. Champ : France métropolitaine, population des ménages, personnes en emploi de 15 ans ou plus.

Source : Insee, enquêtes Emploi du 1er au 4e trimestre 2008

Les inégalités sur le marché du travail en Europe

La Stratégie de Lisbonne Le Conseil européen de Lisbonne (mars 2000) a considéré que le but général de ces mesures était d’augmenter le taux d’emploi global de l’Union européenne à 70 % et le taux d’emploi des femmes à plus de 60 % d’ici 2010. Le Conseil européen de Stockholm (mars 2001) a ajouté deux objectifs intermédiaires : le taux d’emploi global et le taux d’emploi des femmes doivent atteindre respectivement 67 % et 57 % en 2005.

Source : http://europa.eu

Document 6 – Taux d’emploi en 2008 des hommes et des femmes dans l’union européenne

Taux d’emploi (en %)

Hommes Femmes

Allemagne 75,9 65,4

Autriche 78,5 65,8

Belgique 68,6 56,2

Bulgarie 68,5 59,5

Chypre 79,2 62,9

Danemark 81,9 74,3

Espagne 73,5 54,9

Estonie 73,6 66,3

Finlande 73,1 69,0

France 69,8 60,7

Grèce 75,0 48,7

Hongrie 63,0 50,6

Irlande 74,9 60,2

Italie 70,3 47,2

Lettonie 72,1 65,4

Lituanie 67,1 61,8

Luxembourg 71,5 55,1

Malte 72,5 37,4

Pays-Bas 83,2 71,1

Pologne 66,3 52,4

Portugal 74,0 62,5

République tchèque 75,4 57,6

Roumanie 65,7 52,5

Royaume-Uni 77,3 65,8

Slovaquie 70,0 54,6

Slovénie 72,7 64,2

Suède 76,7 71,8

Union européenne à 15 74,2 60,4

Union européenne à 27 72,8 59,1

Champ : population des ménages, personnes de 15 à 64 ans (âge au moment de l’enquête). Source : Eurostat, enquêtes sur les forces de travail

Le taux d’emploi est obtenu en divisant le nombre de personnes occupées âgées de 15 à 64 ans par la population totale de la même tranche d’âge. La population occupée comprend les personnes qui, durant la semaine de référence et pendant une heure au moins, ont accompli un travail pour une rémunération ou un profit (ou qui, n’ayant pas travaillé, avaient néanmoins un emploi dont elles étaient temporairement absentes). Document 7 – Part (en %) de la population travaillant à temps partiel dans les pays de l’Union européenne, par sexe, en 2008

Source : Eurostat Document 8 – Taux de chômage par sexe en 2008 dans les pays de l’Union européenne

Source : Eurostat

FICHE PEDAGOGIQUE 6 CONSOMMER POUR ETRE BELLE

Séquence utilisée Extrait du Chapitre 3. « Super-maman, superwoman, super-bombasse » ou les normes de la féminité (de 25 min 38 s à 32 min 28 s) Objectif Le film montre qu’il existe un marché de la beauté (des cosmétiques, des magazines, des vêtements, etc.) lié à l’impératif de perfection physique auquel les femmes sont soumises. Cet exemple peut être utilisé pour présenter l’influence des normes sociales, des médias et de la publicité sur les comportements en matière de consommation. Questions sur la séquence

Que dit la publicité Dove ?

Quel est l’objectif de cette publicité ?

En quoi est-elle différente de la plupart des publicités pour des cosmétiques ?

La femme présentée dans les publicités pour les parfums ou les cosmétiques existe-t-elle dans la réalité ?

Pourquoi, selon Éric Macé, le marché de la beauté est-il inépuisable ?

Énumérez les différents produits que les femmes achètent pour atteindre l’idéal qui leur est imposé.

Peut-on dire que ces produits permettent de satisfaire un besoin ?

Synthèse : Peut-on dire que la consommation est librement choisie ?

RESSOURCES

À lire

- « Les inégalités entre les femmes et les hommes : Les facteurs de précarité », rapport du ministère de la solidarité, La Documentation française, 2005.

- « L’égalité hommes/femmes au travail », Regards sur l’actualité n° 317, La Documentation française, janvier 2006.

- Bard Christine, Baudelot Christian, Mossuz-Lavaud Janine, Quand les femmes s'en mêlent. Genre et pouvoir, Éditions de la Martinière, 2004.

- Battagliola Françoise, Histoire du Travail des Femmes, La Découverte, Paris, 3e édition, 2008.

- Baudelot Christian et Establet Roger, Allez les filles !, Éditions du Seuil, Paris, 1992.

- Bihr Alain et Pfefferkorn Roland, Hommes, femmes : l’introuvable égalité, Éditions de l’Atelier, 1997.

- Bourdieu Pierre, La Domination masculine, Éditions du Seuil, 1998.

- De Beauvoir Simone, Le deuxième sexe, Gallimard, 1949.

- De Singly François, Fortune et infortune de la femme mariée, PUF, 1987.

- Duby Georges et Perrot Michelle, L’Histoire des femmes en Occident de l’antiquité à nos jours, 5 tomes, Plon, 1992.

- Duru-Bellat Marie, L’École des filles, quelle formation pour quels rôles sociaux ?, L’Harmattan, 1994.

- Ferrand Michèle, Féminin, masculin, La Découverte, coll. Repères, 2001.

- Fortino Sabine, La Mixité au travail, La Dispute, Paris, 2003.

- Fraisse Geneviève, Muse de la raison, la démocratie exclusive et la différence des sexes, Gallimard, 1995.

- Gianini-Belotti Éléna, Du côté des petites filles, Éditions des femmes, 1974.

- Goffman Erving, « La ritualisation de la féminité », Actes de la recherche en sciences sociales, 1977.

- Goffman Erving, L'arrangement des sexes, Paris, La Dispute, 2002.

- Héritier Françoise, Masculin/féminin, tome I : la pensée de la différence, Odile Jacob, 1996.

- Héritier Françoise, Masculin/féminin, tome II : dissoudre la hiérarchie, Odile Jacob, 2002.

- Kaufmann Jean-Claude, La Trame conjugale, analyse du couple par son linge, Nathan, 1992.

- Maruani Margaret (dir.), Femmes, genre et sociétés. L’état des savoirs, La découverte, 2005.

- Maruani Margaret, Travail et emploi des femmes, La Découverte, coll. Repères, 2006.

- Maruani Margaret (dir.), Les nouvelles frontières de l’inégalité. Hommes et Femmes sur le marché du travail, La Découverte, Paris, 2004.

- Méda Dominique, Le Temps des femmes : pour un nouveau partage des rôles, Flammarion, Paris, 2008.

À consulter Sites institutionnels

- www.observatoire-parite.gouv.fr : le site de l’observatoire de la parité

- http://ec.europa.eu : le rapport annuel de la Commission européenne sur les avancées dans le domaine de l’égalité entre les femmes et les hommes dans les États membres de l’Union

- www.travail-solidarite.gouv.fr : l’espace « Femme-égalité » du site du ministère du Travail

- www.senat.fr : la délégation du Sénat aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes

Pour trouver des données statistiques récentes

- www.inegalites.fr : l’Observatoire des inégalités

- www.ined.fr : le site officiel de l’Institut national d’études démographiques

- www.insee.fr : le site officiel de l’Institut national de la statistique et des études démographiques

Sites d’associations

- www.grandesecolesaufeminin.net : le site de l’association « Grandes écoles au féminin »

- www.mix-cite.org : le site de l’association « Mix-cité »