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17 Action dans le monde Préserver l’environnement Les ressources naturelles ne sont pas infinies et sont en voie de dégradation. Éduquer et contribuer à préserver ces ressources, aujourd’hui et à long terme, constituent un enjeu pour un nombre important de partenaires. Ils s’y emploient, souvent avec des volontaires DCC, en s’appuyant sur les principes de solidarité, de participation de chacun et de responsabilité. Père Léo Agbene Illah, supérieur de la congrégation du Saint Esprit aux Philippines Notre projet se fonde sur les principes de Justice, Paix et Intégrité de la Création qui embrassent les composantes du développement durable et visent au-delà. Chacun de ces principes est censé porter l’économique, le social, l’environnemental et la gouvernance. En particulier, le principe d’Intégrité, fondement du développement durable, vise à défendre la Terre par l’Homme, les deux piliers de la Création. Les Spiritains ont pour charisme d’aider les plus pauvres parmi les pauvres. À cette fin, nous mobilisons toutes les strates de la société, nous jetons des ponts entre riches et pauvres, civils et politiques. Aux Philippines, nous concentrons nos efforts sur l’éducation, par l’ouverture d’écoles et la création de réseaux d’aide aux écoliers et aux étudiants pauvres. Établis et actifs dans les villes comme dans les campagnes, nous soutenons les marginaux, les paysans pauvres, en sollicitant élites et laïcs engagés. Par exemple, à Iligan, nous avons ouvert une école et permis l’établissement de certificats de naissance au profit des Bajau, une communauté reléguée aux confins de la ville. C’est un travail de développement durable en matière sociale, car, apatrides dans leur propre pays, des Bajau recouvrent statut et dignité. Ils exerceront bientôt pleinement leurs droits et devoirs et contribueront à l’édification de la nation. Notre projet repose, pour son organisation, sur le principe de subsidiarité et, pour sa mise en œuvre, sur celui de l’autosuffisance. Ces deux principes valent pour le développement durable. Ils supposent rigueur et continuité dans la conduite de nos projets et une permanente recherche de sources de financement, si possible innovants. En matière éducative, notre approche holistique vise à la croissance de la personne dans toutes ses dimensions, physiques, intellectuelles et spirituelles, afin de semer en chaque élève la graine d’un futur citoyen responsable et charitable au sens fort. Tel est l’impact durable, sur plusieurs générations, de notre œuvre. Guillaume, coordinateur des activités durables Spiritan Formation Community Iligan city, Philippines Des élèves de l’école ouverte à Iligan DCC Le développement durable est une donnée fondamentale de l’économie et du mode de vie philippins. Créatifs et industrieux, les Philippins sont en effet les maîtres du recyclage. Ils inventent, fabriquent, vendent et utilisent quantité de produits, d’équipements et de véhicules à base de déchets et d’épaves. Cette économie des catacombes, toujours florissante, est l’expression spectaculaire d’un réemploi des ravages. Typhons, tremblements de terre, glissements de terrain, inondations : les Philippins font de leurs tragédies une énergie renouvelable. Le curé de Leyte illustre parfaitement cet état d’esprit : cet homme énergique et visionnaire a saisi « l’opportunité » du typhon Haiyan pour raser les ruines de son église et dresser les plans d’un édifice plus grand pour des fidèles plus nombreux.

Préserver l’environnement - france-volontaires.org · mise en place de cantines scolaires pilotes qui intégreront des plats à base de moringa sera un moyen de lutter contre la

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Action dans le monde

Préserver l’environnement

Les ressources naturelles ne sont pas infinies et sont en voie de dégradation. Éduquer et contribuer à préserver ces ressources, aujourd’hui et à long terme, constituent un enjeu pour un nombre important de partenaires. Ils s’y emploient, souvent avec des volontaires DCC, en s’appuyant sur les principes de solidarité, de participation de chacun et de responsabilité.

Père Léo Agbene Illah, supérieur de la congrégation du Saint Esprit aux Philippines

Notre projet se fonde sur les principes de Justice, Paix et Intégrité de la Création qui embrassent les composantes du développement durable et visent au-delà. Chacun de ces principes est censé porter l’économique, le social, l’environnemental et la gouvernance. En particulier, le principe d’Intégrité, fondement du développement durable, vise à défendre la Terre par l’Homme, les deux piliers de la Création.Les Spiritains ont pour charisme d’aider les plus pauvres parmi les pauvres. À cette fin, nous mobilisons toutes les strates de la société, nous jetons des ponts entre riches et pauvres, civils et politiques. Aux Philippines, nous concentrons nos efforts sur l’éducation, par l’ouverture d’écoles et la création de réseaux d’aide aux écoliers et aux étudiants pauvres. Établis et actifs dans les villes comme dans les campagnes, nous soutenons les marginaux, les paysans pauvres, en sollicitant élites et laïcs engagés. Par exemple, à Iligan, nous avons ouvert une école et permis l’établissement de certificats de naissance au profit des Bajau, une communauté reléguée aux confins de la ville. C’est un travail de développement durable en matière sociale, car, apatrides dans leur propre pays, des Bajau recouvrent statut et dignité. Ils exerceront bientôt pleinement leurs droits et devoirs et contribueront à l’édification de la nation.

Notre projet repose, pour son organisation, sur le principe de subsidiarité et, pour sa mise en œuvre, sur celui de l’autosuffisance. Ces deux principes valent pour le développement durable. Ils supposent rigueur et continuité dans la conduite de nos projets et une permanente recherche de sources de financement, si possible innovants. En matière éducative, notre approche holistique vise à la croissance de la personne dans toutes ses dimensions, physiques, intellectuelles et spirituelles, afin de semer en chaque élève la graine d’un futur citoyen responsable et charitable au sens fort. Tel est l’impact durable, sur plusieurs générations, de notre œuvre.

Guillaume, coordinateur des activités durablesSpiritan Formation CommunityIligan city, Philippines

Des élèves de l’école ouverte à Iligan

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Le développement durable est une donnée fondamentale de l’économie et du mode de vie philippins. Créatifs et industrieux, les Philippins sont en effet les maîtres du recyclage. Ils inventent, fabriquent, vendent et utilisent quantité de produits, d’équipements et de véhicules à base de déchets et d’épaves. Cette économie des catacombes, toujours florissante, est l’expression spectaculaire d’un réemploi des ravages. Typhons, tremblements de terre, glissements de terrain, inondations : les Philippins font de leurs tragédies une énergie renouvelable. Le curé de Leyte illustre parfaitement cet état d’esprit : cet homme énergique et visionnaire a saisi « l’opportunité » du typhon Haiyan pour raser les ruines de son église et dresser les plans d’un édifice plus grand pour des fidèles plus nombreux.

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Action dans le monde

Le Moringa oleifera est une plante originaire d’Inde qui dispose d’importantes vertus nutritionnelles et médicales et offre une large gamme de produits issus de la plante, du complément alimentaire jusqu’aux cosmétiques en passant par la fertilisation biologique des sols.

Le développement de la filière  de feuilles de moringa a été conçu, en amont, pour apporter un impact environnemental, économique et social fort et durable puisque notre approche consiste à faire de l’arbre une solution de développement humain et économique.

En matière d’environnement, la conservation de la biodiversité locale au travers du programme de reboisement du bassin versant (40 000 arbres plantés fin 2016) permettra de sécuriser les ressources en eau potable de la zone pour une population de 16 000 habitants tout en leur permettant de conserver des sols fertiles grâce au développement des systèmes agro-forestiers.

Sur l’aspect économique, la filière moringa permet de générer une augmentation des revenus pour l’ensemble des acteurs de la filière. Nous utilisons donc une approche intégrée, fondée sur une étude minutieuse de la chaîne de valeur. Ainsi, l’augmentation des revenus bénéficie à tous les acteurs de la filière, contrairement à une approche classique où grossistes et distributeurs engrangent la majeure partie des bénéfices.

L’aspect social est aussi fortement présent dans le projet élaboré par Amis de la Terre – Togo et Kinomé. L’intervention des Clubs des mères de la Croix-Rouge togolaise (1 500 groupements de femmes dans le pays intervenant dans les domaines de la santé) dans la commercialisation locale  va permettre une promotion de la plante et de son utilisation  ; les revenus créés permettront aux  mères d’être plus indépendantes et de consacrer encore plus de temps à leurs activités de prévention et de sensibilisation. D’autre part, la mise en place de cantines scolaires pilotes qui intégreront des

plats à base de moringa sera un moyen de lutter contre la malnutrition chez les jeunes enfants.

En plaçant les besoins des populations au centre du projet, celui-ci suscite un engouement auprès des bénéficiaires. Pour le programme de reboisement, la demande de la part des populations de la zone pour développer des systèmes agroforestiers innovants est si forte que nous avons triplé la capacité de la pépinière servant à approvisionner les producteurs. Les séances de sensibilisation et de formation dispensées offrent des garanties nettes quant à la poursuite des activités économiques et de reboisement sur zone. D’autre part, la mise en place de nouvelles filières a débuté pour l’apiculture ou est en cours d’étude, comme la production de cacao bio avec transformation par une chocolaterie locale.

Dans la mise en œuvre du projet, nous développons des approches multisectorielles favorisant la collaboration entre les grandes institutions publiques et universitaires, le secteur privé et la société civile. Dans un pays où il est très complexe de faire collaborer sur un même projet différentes organisations de la société civile, une avancée majeure de mon volontariat est d’avoir réussi à mettre en place les principes collaboratifs entre les différentes parties prenantes, et à les accompagner afin qu’elles trouvent un terrain d’entente en comprenant les contraintes propres à chacune d’elles.

Un travail important a été accompli dans la structuration et la professionnalisation des différents partenaires en matière de mise en place des activités, de suivi  et de reporting auprès des partenaires financiers. Ce processus d’autonomisation progressive me fait penser qu’à l’achèvement de ma mission chaque structure sera capable de poursuivre l’expansion des différents projets et d’en développer de nouveaux sans qu’il soit nécessaire de faire appel à des intervenants extérieurs.

Frédéric, chargé de suivi de projetsLes Amis de la Terre – TogoLomé, Togo

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Action dans le monde

Le développement rural ne peut se penser sans une mise en relation de toutes les composantes de la durabilité. Du point de vue économique, il faut trouver comment augmenter les revenus des agriculteurs de manière durable en cherchant par exemple de nouveaux marchés pour les produits ou en faisant des formations pour apprendre à valoriser les productions (agro-transformation locale…). Cela passe aussi par un renforcement de la capacité à commercialiser, qui nécessite de pouvoir répondre à des attentes précises en termes de quantité et de qualité. Les questions de gouvernance sont également au cœur de l’action avec le soutien aux organisations de producteurs et leur accompagnement vers l’autonomie. L’intégration des jeunes dans les comités, le renforcement de l’implication des membres au sein des comités sont des questions récurrentes. L’introduction de l’accès à des semences d’engrais verts dans le programme de micro-crédit porté par la principale association de producteurs est un indicateur positif de la prise en compte des questions écologiques. Le social, l’économique et l’environnemental, tout est imbriqué, sans oublier le spirituel !Bruno, chargé de projets agriculture responsable, Mission Solidaire au Paraguay

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Des femmes du groupement de transformatrices du village de Tchekpo Dédékpoé lors du pré-effeuillage des branches de moringa

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Préparation de plants de pois d’Angole avec les enfants du centre d’accueil infantile de San Ignacio.