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Press kit // EXHIBITION BEIDAOUI(es) / C. MATET

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Press datas Exhibition Beidaoui'es) / 20th nov 2015 Artist : Cedric Matet Place : Casablanca / Sofitel Tour Blanche Photography, ink

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Le port.Le port de New York.1834.C’est là que débarquent tous les naufragés du vieux monde. Les naufragés, les malheureux, les mécontents. Les hommes libres, les insoumis. Ceux qui ont eu des revers de fortune; ceux qui ont tout risqué pour une seule carte; ceux qu’une passion romantique a bouleversé...

L’or - La merveilleuse histoire du général Johann August SutterBLaise CeNdrars

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Ce document est le résultat d’une sortie de résidence,le travail sur les textes issus des interviews ainsi que sur les imagesest un point d’étape.

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Ces 22 portraits sont 22 visages, 22 points de vue, 22 allures de la ville. avant tout Casablanca est mon sujet, cette ville mythique et vibrante, terre d’accueil, carrefour des cultures et monstre protéiforme.Cette galerie de portraits, icônes contemporaines, illustre ma découverte de l’espace, mon appropriation des lieux, le «genius loci». iLs sONT Les GeNies des LieUXils portent tous un nom, qualifiant la cité, ses envies, ses combats, ses faiblesses.

Un entretien préalable à la prise de vue m’a également permis de cerner mes sujets, de mieux comprendre cet environnement, ses sources, sans les juger. Ils sont venus à moi habités par leur espace, c’est «ce que mes yeux ont vu». Dans ce catalogue, j’ai restranscrit quelques extraits de ces entretiens.

BEIDAOUI|ES| Allégories de Casablanca

Par Cédric MaTeT, Photographe plasticien

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« Ce que j’aime dans ce projet, c’est qu’il nécessite beaucoup de temps, de patience vis-à-vis des modèles et des conditions de création. Malgré un protocole de création que j’ai voulu assez rigide, je découvre à chaque étape de nouveaux moyens, de nouveaux points de vue très enthousiasmant qui me guident vers une forme de justesse dans la narration … »

sUPPOrT TeCHNiQUesreVeLaTiON

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LE PROJETCHRONIQUES PHOTOGRAPHIQUEs ET ALLégoriques

LES EFFRONTés

BEIDAOUI ES

Ce projet a pour but la production d’une vingtaine d’entretiens et de portraits de femmes et d’hommes casaouis. ils ont été choisis au gré de mes rencontres dans des milieux variés.

Le point commun entre ces personnages c’est précisemment que ce sont des personnages, des caractères, héros ordinaires et contemporains, engagés dans chacune de leurs pratiques, intel-letuelles, culturelles, artistiques, scientifiques. ils sont parties de la ville, ils sont son souffle, ils sont son futur et son patrimoine vivant au même titre que ses habitants, ses immeubles, son rythme.

Mes images seront construites en utilisant comme espace et plans successifs des éléments architecturaux, urbains et paysagers auxquels les modèles sont intimement attachés.

Ces 21 histoires ordinaires seront reliées par un contexte géographique et culturel.

elles formeront les chapitres d’un conte moderne ayant pour sujet la ville de Casablanca et l’identité marocaine, méditérranéenne, africaine. L’identité, le territoire, le mythe ...

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«La blanche», asphisxiée et grandiose eldorado d’aujourd’hui et d’hier.

elle est composée de ceux qui fabriquent le Maroc de demain et de ceux qui aspirent au rêve économique d’aujourd’hui.

Ce que mes yeux ont vu n’est pas la réallité mais ce sera une histoire racontée par ces portraits.

exotique et pourtant si proche, Casablanca se livre à moi, ...à travers ces allégories.

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LE PROJETCHRONIQUES PHOTOGRAPHIQUEs D'UNE VILLE monstre

la cité

BEIDAOUI ES

Les CiTes - CasaBLaNCa BeidaPoumon économique du Maroc, Casablanca représente l’espoir d’un avenir meilleur pour des milliers de familles qui chaque année s’y installent pour participer au miracle économique marocain. elle est également la ville choisie par le Protectorat francais pour en faire le port de liaison avec la Métropole. afin d’assurer ce rôle, le Mal Lyautey, gouverneur du Maroc y développa un urbanisme digne de ses ambitions, laissant en héritage une architecture art déco remarquable.

Casablanca est aujourd’hui la capitale économique d’un pays émergent en plein boom qui porte dans son adN cette histoire à la fois complexe et riche, en tension et résolument moderne.

Cette cité est le pont entre deux cultures qu’elle tente de syncrétiser.

Cette tension etntre modernité et tradition se ressent dans chacun des immeubles ou des carrefours de la ville et même jusque dans ses habitants qui sont le sujet de ce projet photographique

Les ideNTiTésC’est en me promenant à plusieurs reprises dans la cité, en essayant de me l’approprier, de la faire mienne que j’ai compris que la clef était dans les usages, dans la façon dont les gens l’exploitent et la subissent. Mon regard s’est alors orienté vers eux, les casaouis, les beïdaouis.au fil de ces rencontres, j’ai entrevu ce qui était invisible, ou ce qui méritait une lecture plus sociologique, moins descriptive. et là, une multitude d’univers me sont apparus, entourés des ces tours, de ces routes, bordés par l’océan. il me faut recréer l’espace, le consacrer.

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il est surprenant de voir Cédric Matet travailler. son engagement à son œuvre est presque sacerdotal.

sa vision d’artiste transcende les préjugés, et sa quête nous invite à regarder son jour dans notre nuit. il éclaire nos ignorances par le beau et la bienveillance avec une signature peu commune : la sincérité. Car, oui, Cédric, ne fait pas dans le maquillage, Cédric fait dans le forage. il ne fait que dévoiler la réalité à travers une image paradoxale : travaillée & authentique. Cedric nous invite peut être à redécouvrir que le nom de la rue qui relie le don et le talent est Persévérance.

sofitel Tour Blanche est heureux que Cedric Matet nous ait fait confiance dans l’accompagnement de cette exposition à Casablanca, pour Casablanca pour les Casaouis…

SOFITELMOT DU DIRECTEUR

THOMas GreGGOrY

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« aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours suivi la lumière, son trajet, ses percussions. et dès l’enfance je savais qu’elle ne me montrait que ce qu’elle voulait, alors je suis devenu déterminé à prendre, à chercher ce qu’elle m’offrait et ce qu’elle dissimulait … un peu comme une amie, solaire et secrète. »

L'ARTISTE Photographie, encre et composition

Cédric matet

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PORTRAITISTE CONTEMPORAINVERA ICONICA, L'IMAGE JUSTE

Cédric Matet commence son initiation au plastique très jeune à l’atelier de Joël Florkowski à Frontignan, ce qui l’amènera un peu plus tard à suivre et à assister au projet Q’ua’nt’on mené par le collectif d’artistes ZYZOMYs. il suivra une formation de design graphique à Montpellier, puis obtiendra à Paris son diplôme de l’école de l’image les GOBeLiNs.

Tour à tour, illustrateur, directeur artistique, scéno-graphe, consultant, il travaille entre Paris et sète au service de projets évènementiels en indépendant. en 2001, il s’associe à un projet d’édition de livre d’artistes, edith, dont il tirera une longue série de portrait, VERA ICONICA.

en 2009, il reprend ses études au Conservatoire des arts et métiers en aménagement du territoire, ce qui lui permet tant dans son métier de créatif que dans ses recherches artistiques d’explorer les notions de territoires et de comprendre la ville.

Parallèlement à ses recherches autour de l’architecture, du corps et de l’identité, il créera l’évènement populaire d’art contemporain Entre chien & loup dont la première édition a eu lieu en 2012. ses motivations dans ce projet sont liées à l’accessibilité à l’art contemporain et la richesse des échanges entre les différentes disciplines, qu’elles soient artistiques ou appliquées.

il met en 2013 son savoir-faire et ses connais-sances de la ville au service de la ville de sète et du programme de rénovation des quartiers anciens dégradés.

suite à sa rencontre avec Helen Martres en 2010, il se lance dans un projet autour du corps : L’étoffe même du corps. Leur sujet sera la corporéité, le corps et son rap-port au monde, à l’autre.

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EXTRAITSPortraits choisisTeXTe de BaHaa TraBeLsi

d’abord, il y a eu Casablanca. Mythique, complexe, plurielle, surprenante, dévo-rante, qui se veut symbole de la modernité. Je pense que c’est cette multi di-mension qui a fasciné Cédric Matet de prime abord et nourri son imaginaire. raconter Casablanca. en plusieurs portraits. sur ses toits. des portraits verticaux. Peut-être une tentative de contraindre cette ville prétentieuse et tentaculaire à se livrer ? de la représenter à dimension humaine ? d’exprimer sa diversité jusqu’au vertige des découvertes. L’ogresse en devient touchante. ici, il n’est pas question des failles, mais de sublimation.

Chaque portrait est une facette de la ville. La démarche est passionnante parce que la ville est le premier personnage du conte, un personnage schizophrénique et atta-chant. elle prend des formes différentes, s’adapte jusqu’à revêtir une nouvelle indi-vidualité, se redéployer à travers chaque icône. insolite, inattendue, multiple.

La première fois que j’ai rencontré Cédric, je l’avoue, je me suis sentie embarrassée de participer à cette aven-ture. Je ne comprenais pas vraiment. Mais, j’ai véritablement rencontré Cé-dric, nous avons parlé, j’ai entendu ses mots, été touchée par sa sensibilité et son intelligence de l’âme. J’ai été émue par sa pudeur, son empathie, et cette capacité qu’il a à vous écouter, vous observer et à comprendre. dès lors, j’ai su que nous étions entre de bonnes mains et Casablanca aussi. Flattée aussi de faire partie de la liste. Tous ces personnages pour qui j’ai de l’admiration. Certains d’entre eux sont mes amis. Quel bonheur alors de participer à cette ronde bariolée et à faire danser Casablanca, sous l’œil bienveillant de Cédric. et Casablanca a désormais une nouvelle identité, celle de l’universalité de l’art.

reCHerCHesPOrTraiTs issUs de La PreMière éTaPe dU PrOJeT

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ABDELLAH TAIAAUTEUR, Cinéaste

CASABLANCA L'eldorado

Casablanca est désormais ma ville au Maroc.Je la vois comme New-York: une très grande cité dans laquelle tous ceux qui n’ont plus d’attaches peuvent aller se réfugier, se retrouver, se réinven-ter. Casablanca accueille tous ceux qui sont dans l’errance, comme moi, dans des rêves impos-sibles, dans des désirs autres…. Cette ville est à la fois très dure, impitoyable même, mais en même temps tellement vivante, paradoxale, infer-nale, jouissive. et c’est justement tout cela qui fait qu’on s’attache à elle: son intensité folle et perma-nente, sa tendresse malgré tout.

Même si je vis à Paris depuis 15 ans, je sens que je deviens aussi de plus en plus casablancais.Petit, à salé, ma ville natale, Casablanca nous faisait peur: un monstre sans pitié, un labyrinthe pour les déchus. On disait qu’il fallait une force herculéenne pour pouvoir y vivre, y survivre. On ne l’aimait pas, cette ville des «gens pas bien».

Je n’ai osé aller pour la première fois de ma vie à Casablanca qu’à l’âge de 18 ans.

Pour voir un film: «L’impasse», de Brian de Palma, avec al Pacino qui sort de prison et se perd dans New York. Une sorte de suite de «scarface» en quelque sorte.

Pour réaliser mon premier long métrage, «L’armée du salut» (2014), je n’ai pas hésité très long-temps: c’est à Casablanca que l’essentiel du tour-nage devait avoir lieu. J’ai intégré cette ville à mes images, à mon univers, à mon histoire, à mes transgressions, à ma sensibilité et à mes guerres intimes et politiques.

Quand je suis à Casablanca j’ai envie de sortir tout le temps: être dans les rues, se fondre dans le rythme de la ville, voyager, découvrir, aimer, voler, baiser, aller au hammam, oublier, s’oublier, se re-trouver. et marcher, marcher, marcher... soudain me retrouver à derb sultan, un quartier dont je suis tombé totalement amoureux il y a conq ans au point d’imaginer une histoire, un film qui s’y passe. Je le tournerai, ce film, un jour, c’est sûr.

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AICHA EL BELOUIARTISTE VISUELLE ILLUSTRATRICE

CASABLANCA L'INSOUMISE

Je suis très casablancaise, issue des quartiers populaires, mais j’ai fréquenté des milieux sociaux très différents dans cette ville. Je pense par ailleurs que l’on est plus défini par le milieu social que par l’environnement géographique.

Les quartiers populaires où nous habitions avec mes parents, étaient pour eux un choix, de confort. C’était aussi un apprentissage, une prise de conscience pour nous des différents milieux, conditions humaines et sociales.

avant de faire mes études, je me sentais mal dans cette ville et je ne savais pas pourquoi. C’est pen-dant mes études d’architecture, que j’ai réellement pris conscience du patrimoine urbain, du trésor que pouvait être cette ville.après être partie de la ville, pour la Norvège, j’ai pris du recul sur la manière dont on la vit. Mais ça n’a jamais remis en question mon identité casaouie. Je sais juste maintenant pourquoi il y a des comportements, des attitudes que je n’ac-cepte plus.

Ces comportements ont été intériorisés, comme des blocages, des attitudes qui nous définissent mais sur lesquels on n’a souvent aucun recul.

C’est aussi une ville d’adaptation, de caméléons, c’est un défaut mais aussi une qualité.

C’est une ville-monstre, schizophrène, pleine de personnalités, d’humeurs. Cette ville est aussi malmenée, jeune mais avec un passé passion-nant. elle s’étale mais sans planification, sans lo-gique urbaine. Une ville étrange et fascinante.

Je crois aussi qu’en changeant mes habitudes, en marchant même si c’est parfois dangereux, en m’autorisant certaines choses qui serait interdites, je la dompte, je l’apprivoise. Je cherche moins à m’adapter mais à la vivre à ma façon.

Quand j’y pense j’ai l’impression de ne jamais m’être habituée à elle, même si elle me définit en partie.

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AYOUB AMRANIARTISTE PLASTICIEN

CASABLANCA LA métissée

Casablanca est une ville complexe, difficile à dé-finir, elle n’est pas une mais multiple, contradic-toire. J’ai du mal à imaginer une allégorie précise de la ville parce qu’elle serait insaisissable.

Cette ville me fait penser à la peintre Chaïbia dans ce qu’elle a de primitif, de sauvage et en même temps d’extrêmement sophistiqué.

il y a une complexité architecturale qui caractérise cette ville, la somme de différentes influences, de tout ce qui l’a traversé, de tout ce qu’elle a ac-cueilli.

Je suis casablancais mais je désire mon art plus universel, son langage est à la fois personnel, in-time et influencé, nourri de mes lectures et de mes recherches. il y a malgré tout à l’intérieur de mon expres-sion sans même que je m’en rende compte, des marques casablancaises, marocaines. J’en suis de plus en plus conscient, mais ce n’est pas une volonté. Je veux que cela reste spontané.

Ce que j’ai de commun avec ma ville c’est que pour travailler, pour créer, je m’empreigne des cultures qui m’intéressent, qui m’interrogent. J’essaie de les faire miennes en les adaptant comme la ville avec ses courants architecturaux et ses vagues d’immigrations.

La cité a des endroits emblématiques, évocateurs, des cartes postales, qui la décrivent très bien, mais ce n’est pas suffisant.selon où tu es et qui tu es, la ville peut te parler différemment, te faire un cadeau et te le reprendre. elle peut être douce et agressive, te faire perdre tes repères et t’en donner d’autres, c’est une ville qui se mérite, il faut la chercher.

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BAHAA TRABELSIAUTEUR

CASABLANCA LA LOUVE

Casablancaise, marocaine, africaine, orientale, je suis tout à la fois et rien de tout ça. Je ne veux être attachée à rien et en même temps ce sont évidemment des choses qui me définissent.Je suis toujours prête à partir, avide du monde, des autres, plus nomade que sédentaire.

Casablanca me ressemble, c’est une louve. elle est dévorante, multiple, quand j’y suis arrivée, j’avais l’impression que c’était une ville libre, dans laquelle tu peux te perdre, changer d’endroit et te réinventer. Très jeune j’ai aimé à la folie Ca-sablanca, j’ai bourlingué dans la ville de jour et de nuit, dans des endroits plus ou moins recom-mandables. Mais j’ai toujours été respectée, l’at-titude que tu peux avoir force les gens à t’adopter, à t’accepter. dans cette ville tu dois t’adapter et demander aussi à la ville de s’adapter à toi, créer ta légitimité à être partie de la ville.

Même dans les bars les plus glauques de Casa, j’ai toujours été traitée comme une princesse.

C’est aussi pour ça que j’ai aimé mettre en scène cette ville dans mes écrits, parce que c’est un ter-rain riche en expression et en comportement.

Ce que j’aime moins dans la Casablanca actuelle serait son manque d’optimisme, parfois elle n’est que condamnation et aliénation. Les espaces de liberté se rétrécissent.

Je vis la ville de l’intérieur et c’est un cadre pas-sionnant. On pourrait écrire des millions de bou-quins sur cette ville. L’écriture chez moi c’est un mécanisme qui se déclenche et vit tout seul, et ici ça fonctionne. La cité est un personnage en soit, ou un laboratoire géant autour de l’humain.J’ai besoin de vivre dans cet environnement-là, sauvage ...

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HICHAM LASRIcinéaste romancier

CASABLANCA, ville de ruptures

La ville pour moi est un peu immatérielle, elle est flottante, elle est changeante. elle se méta-morphose tous les jours, pour moi, Csablanca ce n’est pas les bâtiments, les murs, c’est une ambiance, un état d’esprit. rien n’est gravé ou immuable.C’est ma ville de naissance, j’y suis donc trés attaché. Mais la ville en elle même n’est pas in-téressante, c’est comment on peut la transformer, en parler, la grimer.

Je passe énormément de temps à travailler le son dans mes films et le son de Caxablanca est spécifique et indépendant du décor. si Casa est violente, agressive, le silence ici devient extraordi-naire, un personnage en soit.

C’est une ville dans laquelle on ne se mélange pas des masses. Un tournage par exemple représente différent niveaux de la société casaouie, c’est une micro société à l’intérieur de la société. Leur lan-gage, leur façon de vivre, leurs priorités sont diffé-rentes et ils ne se mélangent que peu.

ici ça se passe comme ça.

si je devais donner un instant révélateur de la ville, ce serait le feu rouge. au feu rouge tu peux voir se confronter tous ces univers, la femme riche dans son 4x4, le mendiant qui essaie de lui vendre ses mouchoirs, le piéton pressé qui leur passe devant , le voleur qui essaie de lui prendre son téléphone etc. Ce sont différentes fréquences qui se croisent mais ne communiquent pas forcément entre elles.

Comme la ville te propose tout, partout, elle donne aussi des ailes. Les gens les plus élégants, les plus consommateurs, sont parfois les plus pauvres. Ces différences de moyens et de monde créent dans la ville beaucoup d’envie et de vio-lence.J’ai une position d’observateur, de part mon mé-tier et ma nature et je prends ce que la ville et la société m’offrent à voir et à comprendre. J’ai be-soin de cette distance.

Casa, c’est une ville de castes, de ruptures.

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Layla chaouniéditrice

CASABLANCA l'exclusive

La première chose qui vient quand je pense à Ca-sablanca, c’est énorme. L’avantage et l’inconvé-nient de cette ville, c’est qu’on est perdu dans la masse. Je me suis sentie très longtemps exclue de la ville parce que mes origines étaient ailleurs, à rabat. donc pendant très longtemps, j’ai rejeté cette ville qui ne voulait pas de moi.

Lorsque je me suis associée au projet sur Casa-blanca, «Casablanca, fragments d’imaginaire», c’était une occasion pour moi de mieux connaitre cette ville, d’en faire partie.

Cette ville n’est pas anodine, elle est pleine d’his-toires, liées à la forme de la ville mais aussi à ses habitudes, ses habitants.suite à ce projet, après 20 ans de vie profession-nelle et personnelle à Casablanca, j’ai découvert des quartiers, des atmosphères ici que je n’aurais jamais pu deviner.C’est une ville dans laquelle il peut être difficile de circuler à pied, je le fais moi, mais me rends compte que c’est un milieu assez agressif, spécialement pour une femme.

en quelque sorte mes cheveux blancs et mon allure me rendent peut être plus respectable, et me protègent de ce genre d’agression, c’est très confortable pour moi.

Cette ville est un lieu de passages, de rencontres, humaines et culturelles. souvent les habitants et certains acteurs sont dans le déni de cette nature mixte, africaine, arabe, européenne en un sens.C’est pour moi ce qui fait l’intérêt social et profes-sionnel de cette cité.

La langue est un marqueur fort, l’écrit aussi, la lecture est évidemment pour moi à défendre, à valoriser et c’est peu fait ici.

Par exemple, certains auteurs, comme sony Labou Tansi, utilise la langue française en y in-cluant un rythme et un style qui leur sont vraiment propres, africain. et c’est résolument contempo-rain, témoin de ce que nous vivons ici.

il semblerait que cette ville est un livre, jamais fini et qui s’écrirait dans plusieurs langues.

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malek akhmissCOmédien acteur

CASABLANCA MON AMOUR

Casablanca est une ville cosmopolite. C’est ma ville de prédilection, une ville attachante. Les gens viennent à Casa la blanche de tous les horizons. ils sont à la recherche d’un travail, de la réussite, d’un conte de fée ...J’adore cette ville. je suis très attaché à elle, pour son intensité, son vacarme, son immensité, son désordre.

Mon quartier c’est derb sultane, je l’adore. C’est un quartier où toutes les couches socialessont présentes et se côtoient. Un quartier d’artistes, de malfrats, de résistants, de gens de lettres et d’intellectuels.J’aime beaucoup la simplicité de ses habitants, leur solidarité, leur symbiose. ils sont toujours là pour t’aider, te réconforter.

J’adore me mettre en terrasse de café, et contem-pler les gens, les regarder, les scruter, les admirer, discuter avec eux ...J’adore les micros espaces où beaucoup de gens passent ou restent parfois.

Casablanca est un jardin, une cours de récréation et un laboratoire géant.

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mehdi alaoui MdaGHrico.organisateur du Morocco Solar Festival

CASABLANCA L'éNERGIQUE

J’ai grandi dans un quartier périphérique de Casa-blanca, très vert qui a depuis beaucoup changé. J’ai donc un rapport un peu spécial à la ville et au centre-ville. Pour moi, c’est une ville agressive. Tu y subis toutes sortes de pollutions, dans l’air, sonore, visuelle.

Je pense que Casablanca est constituée d’une vraie pluralité, de langues, d’origines et d’his-toires. On ramène tous avec nous nos habitudes, nos identités et nos savoir-faire et c’est ce qui fait la ville, multiple et en constant mouvement.Beaucoup de gens qui sont à Casablanca y sont malgré eux parce que c’est un poumon écono-mique et un véritable pôle d’attraction pour le travail, les affaires etc. Cette mixité est une vraie qualité dans cette ville.aujourd’hui j’habite dans la ville mais je pourrais aussi bien m’installer plus loin. elle n’est pas né-cessaire pour moi.Cela dit Casablanca, de par son tissu associatif, professionnel, social, est un accélérateur de pro-jet. On peut facilement se nourrir de cette diversité et des occasions créées par la vile.

Ma façon d’être, de travailler, de m’engager et de vivre à Casablanca est beaucoup plus intense, on a besoin de beaucoup d’énergie car la ville en réclame. il peut y avoir une perte de recul et de réflexion dans ce contexte et c’est dangereux, tu es énergique mais parfois peu productif.

Les marocains et plus précisément les casa-blancais, de par leur histoire, leur milieu et leur langage sont très adaptables. Par exemple quand tu passes d’une langue à l’autre, tu changes de référentiel de manière de penser assez facilement.

il y a aussi dans cette ville une attention particu-lière à donner au développement durable. Ca ne signifie pas abandonner les contraintes urbaines économiques et les habitudes liées à ce milieu intense, mais simplement les prendre en consi-dération et y réfléchir de manière plus soutenable, intelligente.Ces contraintes environnementales qui sont aussi la richesse de notre pays devraient être considé-rées comme des opportunités.

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NOUREDDINE LAKHMARICinéaste Réalisateur

CASABLANCA casa negra

Casablanca, vue d’une petite ville et du point de vue d’une famille modeste comme l’était la mienne, c’est un rêve. Ma mère me disait, si tu as de bonnes notes, je t’amènerai voir «dar el-Bei-da», la maison blanche.Mon premier souvenir en rentrant dans la ville en bus était ces immeubles blancs, ses femmes en mini jupes, cette ouverture d’esprit qui m’ont fasciné. Casablanca, c’était mon Paris, mon New York à moi.Quand j’ai eu 18 ans, je voulais aller étudier et vivre dans cette ville, et mes parents m’ont dit, ce n’est plus «Casablanca» mais «Casa Negra», d’où le titre de mon film, c’est ma mère qui me l’a donné.

Je voulais dire aux marocains, aux casablancais, « ce que vous faites, ce que vous avez entre les mains, c’est vous ». C’est à nous de le sublimer, de le valoriser. Faire un travail sur notre identité, notre langue, notre architecture est nécessaire.

deux choses sont fondamentales pour moi, la ville, son visage architectural et social, et la langue, … ici la darija.

Casablanca c’est la dynamique actuelle du Maroc avec ses contradictions et ses forces.Ce dont je veux parler, c’est la rédemption, l’hu-main, le sentiment et éviter le folklore, l’image d’épinal de Casablanca et du Maroc. Mais nos problématiques sont les même que dans d’autres pays, elles n’ont rien de typique, elles nous sont justes propres, intimes.

C’est une ville difficile à filmer, à décrire. elle est dure, urbaine, agressive mais très généreuse. si tu l’aimes, elle le sent et t’aidera. Lorsque j’ai filmé dans des quartiers durs pour «Zéro», des gens autour du tournage nous ont aidé à filmer, à travailler dans de meilleures conditions. Certains d’entre eux travaillent aujourd’hui dans le cinéma. Tu deviens leur porte-parole sans le vouloir, je pense qu’il faut donner de l’espoir aux gens.

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oumchanteuse AUTEUR COMPOSITRICE

CASABLANCA la ville libre

Je suis devenue casablancaise comme tous les gens qui sont venu ici, c’est le New York maro-cain. On y arrive tous avec nos histoires, nos dé-sirs, nos rêves. il y a quelque chose en nous tous de Casablanca qu’il est difficile de décrire, c’est de l’ordre du ressenti.On ne connait jamais vraiment Casablanca, c’est tellement grand et multiple, que tu y connais ce que toi tu y a investi. C’est une ville agressive, chaotique mais elle envoie une image assez hon-nête de ce qu’elle contient.

Le quartier auquel je suis très attachée est autour du parc Murdoch, c’est là où j’habitais quand je me suis installée après mes études, pas loin du Palais royal. L’exception de ce parc en fait un mi-racle en fait. La vue est magnifique, j’’avais ces arbres très anciens et majestueux sous les yeux tous les matins et en même temps la ville autour, bruyante, dense et pleine de promesses.Mon identité, comme celle de la ville, serait un être vivant en évolution constante, en prise de conscience. elle est multiple, diverse, assumée.

Que ce soit pour mes costumes, ma musique ou la ville dans laquelle je vis, je m’épanouis pleine-ment dans des espaces de liberté, variés, riches.

Un souvenir fort pour moi lié à Casablanca, ce sont les attentats du 16 mai 2003. J’étais à l’époque étudiante en architecture et étais res-tée pour le weekend dans la ville. J’ai vécu les 5 déflagrations de très près et je me souviens très précisément de l’ambiance dans les rues le len-demain matin. Les casablancais de tous milieux et de toutes origines étaient descendus dans la rue, dans un calme et une paix rares. il y avait un sentiment de fraternité, d’amour très intense. Nous formions, avec les gens autour de moi, une entité soudée, pleine, qui semblait dire : «nous ne voulons pas de ça, ce n’est pas nous». a ce moment-là tu te sens casablancaise. C’était pour moi une autre vision des gens, nous sommes tous différents et en même temps tous les même.Le peuple casablancais est capable, sans am-bigüités, de témoignages d’amour et de liberté.

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merciUn grand merci à tous les modèles pour leur confiance, et leur accueilaux personnes m'ayant guidé et soutenu pendant ce long projet,à l'institut français et son équipeà l'institut du monde arabe & une pensée aux "beidaoui es" que je n'ai pas encore photographié

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BEIDAOUI|ES| Allégories de Casablanca

Par Cédric MaTeT, Photographe plasticien