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Prévention et traitement des moisissures dans les collections des bibliothèques, notamment en climat tropical : une étude RAMP Programme général d'information et UNISIST Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture PGI-88/WS/9 Paris, 1988

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Prévention et traitement des moisissures dans les collections des bibliothèques, notamment en climat tropical : une étude R A M P

Programme général d'information et UNISIST

Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture

PGI-88 /WS/9

Paris, 1988

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PGI-88/WS/9 PARIS, juin 1988 Original anglais

PREVENTION ET TRAITEMENT DES MOISISSURES DANS LES COLLECTIONS DES BIBLIOTHEQUES, NOTAMMENT EN CLIMAT TROPICAL :

UNE ETUDE RAMP

préparée par

Mary Wood Lee

Programme général d'information et UNISIST

Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture

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Notice recommandée pour le catalogue :

Wood Lee, Mary Prévention et traitement des moisissures dans les collections des bibliothèques, notamment en climat tropical : une étude RAMP / préparée par Mary Wood Lee [pour le] Programme général d'information et UNISIST. - Paris : Unesco, 1988 - 56 p. ; 30 cm. - (PGI-88/WS/9)

I. Titre II. Unesco. Programme général d'information et UNISIST III. Programme de gestion des documents et archives (RAMP)

© Unesco, 1988

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PREFACE

Afin de mieux répondre aux besoins des Etats membres, et plus particulièrement des pays en développement, dans ce domaine spécialisé qu'est la gestion des documents et l'administration des archives, la Division du Programme général d'information de l'Unesco a mis au point un programme à long terme, le Programme de gestion des documents et des archives (Records and Archives Management Programme, RAMP).

Les grands éléments du programme RAMP correspondent aux thèmes généraux du Programme général d'information et contribuent à sa réalisation. Aussi le RAMP comporte-t-il des projets, études et autres activités visant à :

- élaborer des normes, règles, méthodes et autres instruments normatifs pour le traitement et le transfert de l'information spécialisée et la création de systèmes d'information compatibles ;

- permettre aux pays en développement de créer leurs propres bases de données et d'accéder à celles qui existent déjà de par le monde de façon à intensifier l'échange et la circulation de l'information par la mise en oeuvre des technologies modernes ;

- promouvoir la mise en place de réseaux régionaux spécialisés d'information ;

- contribuer au développement harmonieux de services et systèmes internationaux d'information compatibles ;

- créer des systèmes nationaux d'information et améliorer les divers éléments de ces systèmes ;

- formuler des politiques et des plans de développement dans ce domaine ;

- former les spécialistes et les utilisateurs de l'information et développer le potentiel national et régional d'éducation et de formation en sciences de l'information, en bibliothéconomie et en archivistique.

Il est question, dans la présente étude, non seulement des moisissures - de ce qu'elles sont et des milieux propices à leur prolifération - mais aussi de leur action sur les documents conservés dans les bibliothèques. L'auteur y insiste sur l'importance que revêtent d'une part la prévention et les méthodes de traitement et, d'autre part, le matériel pour ce faire. L'étude comporte, en outre, une série d'illustrations et un choix abondant de références bibliographiques.

Prière d'adresser commentaires et suggestions concernant cette étude - qui seront les bienvenus - à la Division du Programme général d'information, Unesco, 7 Place de Fontenoy, 75700 Paris, France. Il est possible d'obtenir, en les demandant à cette même adresse, d'autres études également faites dans le cadre du Programme RAMP.

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TABLE DES MATIERES

Page

I. INTRODUCTION 1

Climat 1 Matériaux 3 Modification de l'environnement 3

II. LES MOISISSURES 5

Structure des moisissures 5 Rôle des facteurs environnementaux et nutritionnels dans le développement et la survie des moisissures 9

Température 10 Humidité 10 Substances nutritives 11

III. EFFETS DES MOISISSURES SUR LES OUVRAGES CONSERVES DANS LES BIBLIOTHEQUES 12

Vulnérabilité des matériaux 12

Papier - cellulose, encollages et matériaux de couchage . . . 13 Toile à reliure 13 Cuir 14 Colles 14 Pellicules et autres produits photographiques 15

Facteurs environnementaux 15

Circulation de l'air 15 Humidité relative 16 Température 17

IV. PREVENTION 18

Conception et réaménagement des bâtiments 18

Situation 18 Architecture et modification des conditions ambiantes . . . . 19 Température 19 Ventilation 20

Modification des aménagements intérieurs 21

Emplacement des zones de rangement et de stockage 21 Disposition des rayonnages 21 Modification localisée de l'atmosphère ambiante 22 Surveillance des conditions climatiques 22 Climatisation individuelle 23 Déshumidification 23 Création de microclimats dans les armoires et les vitrines . 24

Entretien des rayonnages 25

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(iv)

Page

DESINFECTANTS LIQUIDES ET GAZEUX 27

Les fongicides 27 La désinfection par fumigation 28 La toxicité des produits utilisés pour les fumigations 29

TRAITEMENT 32

Attaques de faible envergure - taux d'humidité relative élevé dans un secteur circonscrit 33

Livres 34 Articles non reliés (documents, cartes, oeuvres d'art sur papier) 35

Photographies, négatifs et microfilms 37 Traitement général de la zone contaminée 38

Attaques de gravité moyenne - périodes prolongées de forte humidité ou inondations mineures 38

Articles secs porteurs de moisissures 38 Documents mouillés 38 Livres 39 Papiers non reliés 39 Photographies, négatifs et microfilms 40 Traitement général de la zone touchée 41

Attaques majeures - inondations de grande ampleur et expositions prolongées 41

Priorités et préparation 41 Prévention des moisissures in situ 42 Congélation 43 Séchage 43

MATERIEL ET FOURNITURES 45

Matériel de mesure 45 Prévention 46 Traitement 47 Traitement d'urgence 50

BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE 52

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(v)

LISTE DES ILLUSTRATIONS

Page

1. Aspergillus (grossi environ 200 fois) 6

2. Aspergillus (grossi environ 500 fois) 6

3. Une moisissure qui se développe en surface peut produire des taches à l'intérieur du papier 8

4. Détail d'une planche botanique parsemée de rousseurs 9

5. Matériel et outils élémentaires pour le nettoyage des moisissures . . . 33

6. Estampe du naturaliste John James Audubon entièrement envahie par les moisissures 36

7. Détail d'un portrait au pastel envahi de moisissures et partiellement nettoyé 36

8. Aspirateur de laboratoire 49

REMERCIEMENTS DE L'AUTEUR

J'aimerais remercier ici Bonnie Jo Cullison, de la Newberry Library, Robert Weinberg, de la Graphie Conservation, et Gary Frost qui ont lu les versions successives du manuscrit : les suggestions et les encouragements qu'ils m'ont prodigués m'ont aidé à aller jusqu'au bout de la tâche que j'avais entreprise.

Mes remerciements vont également à Lynne Gilliland, de la Smithsonian Institution for micro-photographs, ainsi qu'au personnel et aux institutions membres du Pacific Regional Conservation Center : c'est d'eux que me vient ma passion pour les champignons.

Je remercie tout particulièrement Merrily Smith, de la Library of Congress de n'avoir donné l'occasion d'effectuer cette étude et d'avoir fait preuve d'une grande indulgence pour mes nombreux retards.

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I. INTRODUCTION

La présente étude est d'abord un guide pratique de lutte préventive et curative contre les attaques de moisissures dans les climats tropicaux où l'installation d'un système de régulation climatique, couramment appelé climati­sation, n'est pas toujours possible à l'échelle de toute une bibliothèque et où l'on voit périodiquement réapparaître les moisissures. Dans les climats plus tempérés, d'ailleurs, il arrive aussi que des moisissures fassent irruption à la suite d'inondations ou bien de problèmes localisés dus à des défauts de régulation climatique. Face à la préoccupation croissante que suscite la toxicité d'un grand nombre de substances classiquement utilisées comme désinfectants, les biblio­thèques et les musées ont entrepris de revoir leurs stratégies actuelles qui reposent essentiellement sur la lutte chimique contre les moisissures installées. Il est de plus en plus évident qu'il faut travailler davantage sur la prévention et les autres modes de traitement si l'on veut protéger non seulement les collec­tions mais aussi le personnel et le public.

Or, s'occuper de la préservation des documents en climat tropical signifie étudier :

. le climat

. les incidences de celui-ci sur les différentes catégories de documents

. le plus large éventail possible de solutions permettant de modifier les conditions ambiantes.

CLIMAT

On dénombre, sur la base des précipitations annuelles et de la température, cinq types principaux de climat divisés en sous-types correspondant à des varia­tions de ces paramètres. Il existe des formules qui, en quelques lettres, décrivent sommairement les principales caractéristiques des différents climats. Dans la classification de Trewartha (1), le A majuscule désigne l'ensemble des climats tropicaux humides. Dans les climats de Type A. la hauteur annuelle des précipitations est toujours supérieure à 60 pouces (environ 1,525 m) et dépasse communément les 100 pouces, soit environ les 2,50 m. Dans certaines régions, elle va même au-delà de 400 pouces (environ 10,65 m). Les températures dont la moyenne varie entre 70 à 85°F (environ 21 à 30°C) ne dépassent guère 90°F (32°C) et tombent rarement au-dessous de 64°F (18°C). Les climats du Type A, qui forment le groupe climatique le plus étendu, régnent sur environ 36 % de la surface de la planète. Situées à l'intérieur d'une frange irrégulière qui va du tropique du Cancer, dans l'hémisphère Nord, à des latitudes inférieures à celle du tropique du Capricorne dans l'hémisphère Sud, les régions tropicales humides comprennent à la fois des masses continentales et des îles. Dans la plupart des régions, l'humidité relative est élevée tout au long de l'année, aussi le développement de moisissures dans les fonds et collections des bibliothèques et des archives est-il un problème permanent.

A l'intérieur des régions tropicales humides (Ty_p_e_A) > on distingue plusieurs types climatiques. Ceux-ci comprennent la forêt tropicale (Af) (dite aussi ombrophile), la forêt de mousson (Am) et la savane tropicale (As ou Aw). Chaque type de climat appelle des techniques spécifiques d'assainissement de l'environ­nement si l'on veut éviter les moisissures.

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Dans les zones de forêt tropicale (Af)> il n'y a pas de vraie saison sèche. Les pluies abondantes se répartissent de façon régulière tout au long de l'année. La température annuelle moyenne est comprise entre 77 et 80°F (soit environ 25 et 27°C). Si cette température moyenne n'est pas excessivement élevée, elle est par contre tout à fait constante avec des écarts saisonniers d'environ 3 degrés centi­grades des écarts diurnes d'environ 5 à 14 degrés centigrades. L'écart entre les températures diurnes et les températures nocturnes, qui sont plus basses, est suffisant pour provoquer une condensation de l'humidité de l'air au point que le brouillard et la rosée sont des phénomènes fréquents. Les vents, dans les climats de type Af, sont de faibles à inexistants, les régions concernées se situant, d'ordinaire, dans les franges de calme comprises entre les latitudes où soufflent les vents alizés. Vu la très faible circulation de l'air, l'intensité de la lumière et le degré élevé d'humidité, le refroidissement naturel est très faible.

Dans les zones de forêt de mousson (Am), les précipitations annuelles, quoique abondantes, sont saisonnières et il existe des saisons sèches et des saisons humides nettement marquées. Les climats du type Am sont ordinairement des climats de régions littorales et une partie des précipitations résulte de l'inci­dence thermique des montagnes côtières. Cette remarque vaut également pour un grand nombre d'îles situées sous les tropiques. Les vents y sont plus forts et plus réguliers que dans les régions à climat de type Af, et les gammes de tempé­rature plus étendues, accusant des écarts annuels de 12 à 14 degrés F (6,6 à 7,7°C).

Dans la savane tropicale (As ou Aw), on distingue trois saisons en fonction de la température : une saison sèche plus fraîche (températures moyennes d'environ 80°F c'est-à-dire approximativement 27°C ; une saison sèche plus chaude (tempé­ratures parfois supérieures à 100°F (environ 38°C), qui précède immédiatement la saison des pluies ; enfin, une saison chaude et humide des pluies. Les symboles s (summer - été) ou w (winter - hiver) sont utilisés selon que la saison sèche intervient durant l'été ou l'hiver. Le vent, la température et la pluviosité sont autant de paramètres qui varient en fonction de la saison.

Le meilleur outil de base pour comprendre le climat d'une région donnée est un bon atlas où l'on trouve généralement de nombreuses cartes spécialisées des régions climatiques du monde, avec des tableaux détaillés indiquant la température et l'humidité relative en fonction de la saison. Les agences météorologiques locales et nationales disposent de renseignements plus précis.

En climat tropical, la conformité aux normes si largement préconisées en Europe et aux Etats-Unis (température comprise entre 68° et 72°F (soit entre 20 et 22°C) ; humidité relative égale à 50 % + 5 %) est difficile pour ne pas dire impossible à réaliser et à maintenir. L'architecture des bâtiments existants, le coût élevé de l'énergie, les difficultés auxquelles on se heurte dès qu'il faut acquérir et entretenir du matériel, enfin les conditions météorologiques extrêmes qui régnent tout au long de l'année sont autant de raisons qui expliquent pourquoi il est difficile de maintenir la température et l'humidité relative dans les limites préconisées. Dans la plupart des cas, la climatisation générale, autrement dit une régulation totale des conditions climatiques - température, humidité, qualité de l'air, lumière - n'est possible que si elle est prévue dès le départ, au stade de la conception architecturale du bâtiment et à condition qu'on ait la volonté d'assurer la maintenance du système.

Garry Thomson, l'un des plus éminents spécialistes de la climatisation générale des musées, déclarait, dans un exposé présenté lors de 1'Asia-Pacific Seminar on Conservation of cultural Property (Séminaire sur la conservation des biens culturels en Asie et dans le Pacifique), tenu à New Delhi en 1972 : "On nous objecte que les musées ne peuvent pas s'offrir le luxe de la climatisation. C'est une absurdité lorsqu'il s'agit de musées importants situés dans des pays où fourmillent hôtels et bureaux équipés de coûteux systèmes de climatisation (2)." Si l'on parle de planification et d'objectifs à long terme, c'est Thomson qui est dans le vrai. Tous les conservateurs de bibliothèques et les directeurs d'archives

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devraient se fixer comme objectif à long terme la maîtrise totale des conditions d'environnement. Malheureusement, c'est faire peu de cas des réalités économiques et politiques au milieu desquelles se débattent les bibliothèques et musées des pays en développement. En attendant qu'une telle maîtrise devienne possible, force est de recourir à des méthodes moins radicales pour modifier les environnements existants.

MATERIAUX

Bien évidemment, les ouvrages conservés dans les bibliothèques qui sont, pour l'essentiel, fabriqués à partir de matériaux d'origine organique supportent très mal les températures et les taux d'humidité relative particulièrement élevés, d'autant que la détérioration chimique, biologique et microbiologique va très souvent de pair avec ces conditions climatiques. Cela dit, une bonne compréhension des facteurs de détérioration, doublée d'une planification réfléchie, peut compenser de façon appréciable l'incidence négative d'un mauvais environnement. Les directeurs de bibliothèque doivent impérativement tirer parti de toutes les ressources dont ils disposent et appliquer des solutions sur mesure pour résoudre les problèmes d'environnement auxquels ils sont confrontés. Des choix peu judi­cieux ou encore un excès de confiance dans les solutions technologiques peuvent même se solder par la détérioration d'une situation déjà difficile.

Pendant la deuxième guerre mondiale et durant la période de l'après-guerre, on s'est beaucoup intéressé à l'effet du climat tropical sur toutes sortes de matériaux (3). Alarmés par l'extrême détérioration du papier, du cuir, des textiles et des métaux sur les fronts de l'Asie et du Pacifique, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne ont consacré pas mal d'argent et d'efforts à l'étude des causes des dégradations liées à l'environnement et des moyens de les prévenir. A l'époque, les recherches avaient essentiellement porté sur la mise au point d'agents protecteurs dont l'application sur les matériaux en question, aurait atténué les effets des conditions climatiques, les méthodes qui auraient permis d'agir directement sur ces conditions intéressant beaucoup moins les chercheurs. Au milieu des années 50, les pouvoirs publics cessaient dans l'ensemble de financer ces recherches sur les matériaux, la prévention et le traitement et celles-ci, de ce fait, accusaient un ralentissement. Malheureusement, on le sait aujourd'hui, la plupart des fongicides et des biocides naguère recommandés sont toxiques non seulement pour les moisissures et autres nuisibles mais aussi pour l'être humain. En outre, la recherche actuelle est largement orientée vers la mise au point de systèmes de régulation climatique toujours plus sophistiqués, ce qui limite évidemment leur applicabilité. Ceux qui s'occupent aujourd'hui de la préservation des biens culturels conservés dans les musées, les bibliothèques ou les archives n'ont souvent pas d'autre solution réaliste que la modification de 1'environnement.

MODIFICATION DE L•ENVIRONNEMENT

Il n'est peut-être pas inutile de définir deux expressions qui sont employées tout au long de la présente étude et qui ne doivent pas être considérées comme synonymes.

On parle de régulation climatique ou de climatisation quand est installé un système qui surveille et régule la température et l'humidité relative et main­tient entre elles un équilibre constant, conformément à des critères préalablement définis.

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On parle de modification de l'environnement climatique quand on agit sur une ou plusieurs variables de l'environnement. Aucun dispositif de surveillance auto­matique n'est installé dans ce cas et l'on doit sans cesse procéder à des réglages pour maintenir l'équilibre souhaité. Les climatisateurs individuels dits clima­tiseurs de fenêtre, les déshumidificateurs portatifs et les ventilateurs relèvent tous de la modification de l'environnement et non de la régulation climatique.

Tout en nous proposant d'examiner ici un éventail très complet de modalités de régulation, de modification des conditions climatiques et les traitements à appliquer en cas d'urgence, nous nous attarderons surtout sur les mesures qui n'exigent ni installations complexes de climatisation générale, ni vastes opéra­tions de désinfection, ni d'imposants traitements de conservation des documents sérieusement endommagés. Les plans et méthodes d'intervention en cas de sinistre sont examinés ici dans le seul cadre de la prévention et du traitement des moisissures.

OUVRAGES CITES :

1. Glen T. Trewartha. An Introduction to Weather and Climate. New York, McGraw-Hill, 1943.

2. Garry Thomson. "Climate and the Museum in the Tropics," Conservation in the Tropics : Proceedings of the Asia-Pacific Seminar on Conservation of Cultural PropertyT February 7-16f 1972. Ouvrage publié sous la direction d'O.P. Agrawal, Rome, Centre international pour la conservation et la restauration des biens culturels, p. 42.

3. Glenn A. Greathouse and Carl J. Wessel, dir. publ. Deterioration of Materialsf Causes and Preventive Techniques. New York, Reinhold, 1954.

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II. LES MOISISSURES

Le lecteur retirera peut-être des pages qui suivent l'impression que nous nous attardons plus que de raison à la structure et à la nature des moisissures. Puisque l'on sait depuis si longtemps s'en défaire par la fumigation, il paraît superflu aux yeux de certains de s'informer sur l'organisme lui-même. En outre, les bibliothécaires sont - on les comprend - exaspérés par ces articles qui les invitent à consulter des microbiologistes ou des entomologistes pour identifier les espèces qui s'attaquent à leurs collections. Pourtant, s'il est assez vrai qu'il n'est pas nécessaire d'identifier une moisissure avec précision pour la traiter, il n'en reste pas moins indispensable, pour analyser les problèmes soulevés par le développement de moisissures et choisir le traitement approprié d'avoir une certaine connaissance de l'organisme en cause. Dans la plupart des cas, comme le note Allsopp, il n'est pas nécessaire d'être spécialiste pour déterminer les risques que représente un organisme. Après tout, n'importe qui peut "observer une souris ou un oiseau et affirmer en toute certitude que l'animal est mort ou vivant. Les organismes de ce type sont visibles et identifiables ; il est facile de repérer les signes permettant de dire s'ils sont morts ou vivants. Il est rare qu'une souris vivante reste étendue sur le dos, rigide, inanimée, les pattes en l'air. Quand il s'agit de micro-organismes, les réponses sont moins évidentes..." (1).

Comme la nature des moisissures est très mal connue, leur apparition provoque souvent des inquiétudes et des démarches disproportionnées ; on va réclamer à corps et à cris la désinfection de l'ensemble des locaux et la création de commissions d'étude pour finalement, bien souvent, ne rien faire. Beaucoup de vieux ouvrages et certaines publications récentes recommandent soit d'isoler les objets atteints dans des sacs en plastique, en attendant de les désinfecter ou de les soumettre à un autre traitement, soit d'éliminer les moisissures de la surface de l'objet par brossage. Si l'on se représente clairement la structure des moisis­sures et si on a une idée des raisons de sa présence et de son développement, on est plus à même de juger du bien-fondé des recommandations contenues dans la littérature et de choisir en connaissance de cause le traitement approprié. Un exemple : dans le cas évoqué plus haut, l'isolation d'un objet dans un sac en plastique au premier signe visible de moisissure va tout simplement se solder par la création d'un microclimat qui risque d'accélérer le développement des colonies et donc de provoquer de sérieux dégâts cependant qu'on attend un traitement ou qu'on en discute. Le simple brossage n'élimine que la partie visible des moisis­sures, disperse les spores et enfonce l'appareil végétatif, qui ne se voit pas dans l'épaisseur de l'objet infecté. Nous reviendrons plus loin de façon détaillée sur les techniques de traitement ; contentons-nous ici de les évoquer pour bien montrer l'importance de ce chapitre et du suivant. A eux deux, ils permettent de prendre des décisions avisées. Il faut avoir des idées claires sur l'organisme que constitue la moisissure, car la nature de celle-ci, les raisons de sa présence et le stade de développement auquel elle est parvenue dictent à la fois le traitement spécifique qu'il convient d'appliquer et le temps dont on dispose pour agir.

STRUCTURE DES MOISISSURES

Le mot moisissure est communément employé pour désigner des champignons microscopiques dont la propagation se fait au moyen de spores. La prévention du développement de moisissures par élimination des spores présentes dans l'environ­nement est irréalisable. Les spores, qui causent les moisissures, sont en effet pratiquement présentes dans tous les environnements et la distribution des espèces est relativement uniforme dans le monde entier. La détérioration d'origine micro­biologique revêt certes des proportions extrêmes dans les climats tropicaux et nettement plus modérées dans des climats tempérés ; mais toute la différence tient à l'envergure du phénomène et non à sa nature. La chose qui joue en faveur des moisissures, sous les tropiques, c'est l'existence non pas de souches exception­nelles (ou particulièrement virulentes) mais bien plutôt de conditions idéales.

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Illustr. 1

Aspergillus (grossi environ 200 fois). A l'oeil nu, la moisissure présente l'aspect d'un tapis feutré ; le grossissement du microscope permet de distinguer nettement des individus ; les conidiophores ont l'apparence de sphères flottant au-dessus de la surface de l'objet infecté.

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Illustr. 2

Aspergillus (grossi environ 500 fois). Avec un microscope grossissant environ 500 fois, il devient possible de voir le stipe et le sommet des conidiophoresf

chaque organisme portant des milliers de phialides et de conidies ou spores externes qui sont les éléments reproducteurs.

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Parmi les très nombreux champignons isolés et identifiés sous les tropiques, il ne s'est pas trouvé un seul genre dont on puisse dire qu'il soit typiquement tropical ou uniquement présent dans les régions tropicales (2).

La plupart des moisissures qui intéressent les bibliothécaires et les archi­vistes comportent deux structures différentes, l'une végétative, l'autre reproduc­trice. L'appareil végétatif se caractérise par une ramification de filaments incolores appelés hyphes. Ces hyphes. dont l'ensemble constitue le mycélium, poussent leurs ramifications à travers le papier ou tout autre substrat et sont absolument invisibles à l'oeil nu. Ils constituent le système végétatif du champignon. Leur présence précède le développement visible de la moisissure. Une fois le mycélium étalé, la moisissure se reproduit au moyen des spores externes qui apparaissent sur les hyphes. Dans le cas de la plupart des moisissures qui intéressent les bibliothécaires, l'hyphe produit des tiges connues sous le nom de conidiophores. qui produisent à leur tour des phialides, lesquels sont les éléments colorés de la moisissure. Il s'agit là de l'appareil reproducteur de la moisissure.

Les moisissures ont été admirablement équipées par la nature pour survivre. Les spores produites se classent en deux grandes catégories. La première est celle des spores qui se produisent vite et en grandes quantités, mais qui résistent très mal au dessèchement, à la lumière du soleil et autres facteurs climatiques défavo­rables. Elles permettent le développement rapide des colonies lorsque les condi­tions sont favorables. L'autre type est celui des spores qui résistent beaucoup mieux aux conditions défavorables. Ces spores sont capables de demeurer dormantes et permettent à l'organisme de traverser sans disparaître de longues périodes d'adversité climatique (3).

Dans le cas de nombreuses moisissures, le stade de la sporulation mis en évidence par l'apparition des Phialides colorés est précédé par la croissance d'une substance duveleuse, grise, visible à l'oeil nu. Si l'on élimine la moisissure à ce stade, avant le début de la sporulation et de détériorations très graves pour le substrat, on voit rarement apparaître des taches de moisissures. Cela ne veut pas dire que le substrat ne subira pas de dégâts, mais du moins ceux-ci ont-ils des chances d'être grandement atténués.

La cause exacte des taches, souvent décelées après élimination des moisis­sures, ou encore dans des colonies mortes ou dormantes de même que le délai d'apparition de ces taches sont difficiles à déterminer. Les taches semblent généralement produites par des colonies mûres qui ont pu bénéficier d'un développement prolongé ; cependant, certaines moisissures sont des chromogènes connus et peuvent produire des modifications étendues de la couleur du substrat, lors même que leur développement est limité (4). Belyakova a identifié de nombreux genres de champignons qui produisent des taches sur le papier, que celui-ci soit pénétré par le mycélium ou par les pigments que produit le champignon. La couleur des taches ne suffit pas pour déterminer avec exactitude le type de moisissure qui les a provoquées. Par exemple, Pénicillium freauentans produit des taches qui sont jaunes dans certains cas et roses dans d'autres (5). Il reste beaucoup de recherches à faire pour être à même de déterminer si les moisissures provoquent l'apparition de taches par digestion des éléments nutritifs contenus dans le substrat et évacuation des déchets, sous l'effet d'acides libérés durant l'hydro­lyse de la cellulose, comme certains auteurs inclinent à le penser, ou tout simplement par la présence de chromogènes à l'intérieur des cellules de la moisissure proprement dite.

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Illustr. 3

Une moisissure qui se développe en surface peut produire des taches à l'intérieur du papier. Ce sont les taches que l'on voit à droite de la colonie, là où les moi­sissures présentes ont été éliminées. Les taches ne peuvent être éliminées que par des traitements chimiques dont l'applica­tion doit être confiée à des spécialistes de la conservation.

Outre les champignons microscopiques, qui nous intéressent particulièrement dans la présente étude, il existe deux autres types de moisissures qui peuvent endommager les ouvrages de bibliothèque. Les taches de rouille ou rousseurs, expression couramment employée pour désigner les petites taches brunâtres que l'on voit sur les vieux papiers, demeurent un mystère. Leur nature et leur cause exactes nous échappent encore. Dard Hunter, observant qu'avant 1501 on ne voyait guère de rousseurs sur les papiers d'édition, attribue leur apparition à partir de cette date à l'augmentation de la demande de papier qui va amener les papetiers à réduire la quantité d'eau utilisée et ne leur laissera plus suffisamment de temps pour "épurer suffisamment les fibres" (6). Dans les années 1920, Beckwith constatait que les rousseurs étaient d'ordinaire associées à la présence de fer dans le papier (7), induisant chez d'autres auteurs la conviction que les rousseurs s'expliquaient par la présence de métaux demeurés à l'intérieur du papier pendant sa fabrication et que l'apparition du phénomène coïncidait avec l'invention de la pile raffineuse ou pile hollandaise, à la fin du XVIIe siècle. Il se peut que la présence de fer à l'état de trace soit un élément nécessaire à la rousseur ; néanmoins, l'existence de rousseurs, appelées hoshi (étoiles), dans de très vieux papiers japonais dont les fabricants avaient utilisé des procédés traditionnels pour le raffinage des fibres et la mise en feuilles du papier, tendrait à indiquer que la présence de fer demeuré à l'intérieur du papier du fait de l'utilisation de procédés de fabrication occidentaux ne suffit pas à expliquer le phénomène. Si l'on n'a pas encore réussi à produire des rousseurs en laboratoire, nombre de spécialistes sont aujourd'hui convaincus que leur présence est due à un phénomène de nature microbiologique. En 1984, un chercheur japonais, armé d'un microscope à balayage électronique, a réussi à isoler et à identifier les champignons Aspergillus glaucus et Aspergillus restrictus qui, selon lui, seraient la cause des rousseurs (8). Quelle que soit au demeurant la cause de ce phénomène, il paraît acquis que son incidence est accrue par trois facteurs : une température élevée, un taux d'humidité élevé et la présence à proximité de matériaux de mauvaise qualité. En tout cas, le fait qu'en cours de restauration, les papiers piqués de rousseurs réagissent de façon caractéristique, selon le mode de mouillage ou d'humectage subi, le prouve à l'évidence.

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Illustr. 4

Détail d'une planche botanique parsemée de rousseurs. Les rousseurs, comme les taches de moisissure, sont à l'intérieur du papier et ne peuvent donc être éliminées que par des traitements chimiques. Les bibliothécaires devraient apprendre à distinguer les rousseurs des moisissures, actives ou dormantes, lesquelles peuvent et doivent être éliminées.

Les moisissures visqueuses, relativement rares sur les ouvrages dont la confection est achevée, apparaissent le plus communément durant la phase de fabri­cation du papier. Ces organismes sont généralement détruits par divers agents chimiques et par la chaleur de la phase de séchage. Leur présence peut néanmoins avoir pour effet d'affaiblir le papier et d'en augmenter le risque de détério­ration si, à un stade ultérieur, il se trouve par surcroît placé dans des condi­tions environnementales défavorables.

ROLE DES FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX ET NUTRITIONNELS DANS LE DEVELOPPEMENT ET LA SURVIE DES MOISISSURES

Nos connaissances sur l'apparition et le développement des moisissures proviennent, pour la plupart, de l'étude de cultures faites en laboratoire et non d'observations réalisées in situ. Elles ne sont donc pas toujours applicables à la présence et au développement du même organisme dans les conditions environne­mentales d'une bibliothèque. Il est toutefois possible d'affirmer que trois facteurs sont essentiels à l'apparition et à la survie des moisissures : une certaine température ; une certaine humidité ; les substances nutritives adéquates. On croit à tort, relève St George (9), que la lumière est nécessaire au développement des moisissures. A la différence de la plupart des végétaux, la quasi-totalité des moisissures ne contiennent pas de chlorophylle de sorte que la lumière ne joue aucun rôle dans leur développement. Les colonies prospèrent dans l'obscurité, au point que, pour certaines variétés, une exposition à la lumière ultra-violette est dommageable, voire létale (10).

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TEMPERATURE

Il y a trois températures critiques pour les moisissures : celle au-dessous de laquelle aucune moisissure ne se développe ; celle au-dessus de laquelle aucune moisissure ne se développe ; celle à laquelle on observe le développement le plus rapide. La plupart des formes microbiennes se développent dans une gamme de températures comprises entre 59° et 95°F (c'est-à-dire 15° à 35°C), encore que certaines formes puissent se développer à une température voisine du point de congélation et que d'autres prospèrent à une température supérieure à 150°F (soit environ 65,5°C). La plupart des auteurs estiment que la température idéale pour le développement des moisissures se situe autour de 86°F (30°C). La température optimale pour le développement d'une moisissure déterminée est difficile à définir, à la fois parce d'autres facteurs environnementaux entrent en jeu et parce qu'il y a vraiment très peu de points communs entre la culture d'organismes en laboratoire et le développement de ces mêmes organismes au sein d'un milieu plus naturel.

Il convient de noter que la température au-dessous de laquelle la prolifé­ration des moisissures est stopée n'est pas celle à laquelle leurs possibilités de développement sont détruites. Beaucoup de moisissures peuvent survivre à des séjours de plusieurs mois, à des températures très basses, mais résistent moins bien lorsque la température oscille, étant tantôt inférieure, tantôt supérieure au point de congélation (11).

Sykes écrit, à propos des bactéries :

La réfrigération à basse température . .. est communément considérée comme fatale à toute forme de vie. Cette remarque est peut-être valable pour les organismes de grande taille ; elle ne l'est certainement pas dans le cas des végétaux de petite taille, notamment la microvégétation ... Parfois le taux de mortalité atteint 99 %, mais une fois l'organisme congelé à une tempé­rature suffisamment basse, les cellules qui survivent peuvent se conserver durant de longues périodes (12).

Etant donné l'existence de spores "mise en réserve", cette remarque vaut certainement aussi pour les moisissures.

HUMIDITE

La quantité d'humidité nécessaire pour le développement des moisissures est un sujet rarement abordé dans la littérature microbiologique. En laboratoire, les moisissures sont cultivées dans des milieux à forte teneur en eau, mais il est rare que les comptes rendus fournissent des chiffres précis. Dans une boîte de pétri, fermée par son couvercle, il se crée un microclimat où la moisissure peut sporuler en toute tranquillité. S'agissant du développement des moisissures ailleurs qu'en laboratoire, certains auteurs sont bel et bien d'avis que l'hygro-scopicité des matériaux a une incidence sur le développement des moisissures. Les matériaux qui absorbent et retiennent la vapeur d'eau contenue dans l'air néces­sitent, dans l'atmosphère ambiante, un taux d'humidité relative plus faible que ceux dont l'hygroscopicité est moindre. Par conséquent, hors du laboratoire, les moisissures ont à leur disposition deux sources d'alimentation en eau : l'humidité de l'air ambiant ; l'humidité de l'objet concerné.

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SUBSTANCES NUTRITIVES

Les éléments nutritifs nécessaires au développement des champignons sont le carbone, l'hydrogène, l'oxygène, l'azote, le souffre, le potassium et le magné­sium. Des éléments à l'état de trace tels que le fer, le zinc, le cuivre, le manganèse et, dans certains cas, le calcium, peuvent également être nécessaires, ainsi que certaines vitamines. La plupart des composés naturels peuvent être utilisés par les champignons comme sources de carbone et d'énergie. La cellulose fournit un grand nombre de ces éléments, de même d'ailleurs que les graisses animales et végétales ainsi que leurs composants acides et la glycérine (13).

OUVRAGES CITES EN REFERENCE :

1. Dennis Allsopp. "Biology and Growth Requirements of Mould and Other Deterio-genic Fungi". Journal of Society of Archivists. Vol. 7:8, October de 1985, p. 530.

2. R.A. St. George et al. "Biological Agents of Deterioration". Deterioration of Materials, Greathouse & Wessel, p. 179.

3. St. George, p. 183.

4. T.D. Beckwith et al. "Deterioration of Paper : The Cause and Effect of Foxing". UCLA Publications in the Biological Sciences. Vol. 1:13, 1940, p. 331.

5. L.A. Belyakova. "The Mold Species and Their Injurious Effects on Various Book Materials". Collection of Materials on the Preservation of Library Resourcesf No 2 & 3. Translated from Russian, National Science Foundation and Council on Library Resources, 1964, p. 183-184.

6. Dard Hunter. Papermaking. the History and Technique of an Ancient Craft. New York, Dover, 1978, p. 154.

7. Beckwith, p. 299-300.

8. Hideo Asai. "Etudes microbiologiques sur la conservation du papier et des biens culturels de nature voisine : Partie I "Etudes sur la conservation, n° 23, mars, 1984, p. 33-39. En japonais. Résumé analytique en anglais publié in Art and Archaeology Technical Abstracts.

9. St. George, p. 186.

10. Belyakova, p. 73.

11. St. George, p. 186.

12. G. Sykes. Disinfection and Sterilization. Londres, Spon., p. 183.

13. St. George, p. 186-187.

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III. EFFETS DES MOISISSURES SUR LES OUVRAGES CONSERVES DANS LES BIBLIOTHEQUES

Presque tous les matériaux d'origine organique sont susceptibles d'être attaqués par une espèce de moisissure ou une autre et donc de servir de substrat à leur développement. Les matériaux d'origine organique entrant dans la composition des articles conservés dans des bibliothèques sont principalement : les fibres cellulosiques ; les encollages, charges et apprêts à base d'amidon, de caséïne et de gélatine ; les colles naturelles d'origine végétale comme les colles à l'amidon ou d'origine animale comme les colles de peau ; certaines colles synthétiques ; le cuir ; enfin la gélatine des négatifs et des épreuves photographiques. La poussière et la crasse viennent, le cas échéant, compléter l'apport en éléments nutritifs nécessaires aux moisissures. Tous ces matériaux sont dits hygro-scopiques, ce qui veut dire qu'ils attirent l'eau et la retiennent.

Sur ce fond de vulnérabilité générale, un certain nombre de facteurs vont intervenir pour permettre le développement effectif de moisissures dans les collections des bibliothèques. Certains matériaux - papiers, cuirs, toiles à reliure et colles - sont plus susceptibles que d'autres d'être attaqués par des moisissures. Dans la plupart des cas, le bibliothécaire ne peut guère agir sur la composition des ouvrages détenus dans sa bibliothèque. Toutefois, il a besoin d'en connaître la nature afin de pouvoir déterminer, en toute connaissance de cause, les raisons de l'infection, de choisir le traitement à appliquer aux documents visiblement infectés ou d'apprécier la plus ou moins grande probabilité que l'attaque s'étende à l'ensemble des collections.

Par exemple :

- l'apparition de moisissures sur les seuls livres reliés en cuir indique que les spores actives ont des besoins en éléments nutritifs spécifiques. Etant donné que les moisissures sont sélectives, s'il n'y a pas à proxi­mité immédiate de livres reliés pleine toile ou de livres brochés qui soient atteints, il est possible de traiter d'urgence les seuls volumes reliés en cuir ;

- si les moisissures se développent uniquement autour de la coiffe supé­rieure ou sur les tranches au voisinage des remplés sur les cartons, il est probable qu'elles puisent leur nourriture dans la colle utilisée pour la reliure ;

- si les moisissures n'affectent que quelques rayonnages ou quelques secteurs du magasin, on a très probablement à faire à un problème de microclimat. En ce cas, il est possible d'évacuer les pièces infectées et de prendre des mesures pour modifier le seul environnement de la zone atteinte.

Nous pourrions multiplier les exemples à l'infini ; l'important est de savoir que la connaissance des matériaux, l'analyse de la nature du problème et la compréhension de leur interaction peuvent grandement contribuer à réduire les risques de dégâts.

VULNERABILITE DES MATERIAUX

Pour empêcher les moisissures d'apparaître et les traiter avec efficacité une fois qu'elles se sont développées, il n'est pas nécessaire de déterminer, parmi des milliers de genres, à quel type on a affaire. Il est cependant néces­saire de comprendre la structure de base de l'organisme agresseur et la façon dont il tire partie de conditions qui lui sont favorables. Cela signifie que l'un des devoirs des bibliothécaires est de posséder une connaissance étendue des matérieux entrant dans la composition des ouvrages qu'ils conservent et des dangers qui les guettent afin de choisir en toute connaissance de cause les traitements appropriés.

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Papier - cellulose, encollages et matériaux de couchage

En 1940, Beckwith et ses collaborateurs avaient isolé 55 cultures de moisis­sures différentes prélevées sur de vieux papiers d'édition et dénombré 11 genres dont les plus fréquents étaient Pénicillium et Aspergillus (1). Dans cette expé­rience, les spores prélevées sur les papiers étaient plongées dans un milieu de culture où l'on observait leur développement en laboratoire. Cela ne veut pas dire que toutes les moisissures auraient pu utiliser le papier comme milieu de culture, mais certaines souches d'Aspergillus et de Pénicillium pouvaient sans doute attaquer la cellulose ou l'un des nombreux additifs : charges, encollages ou matériaux de couchage. On connaît au moins 180 genres ou espèces de moisissures qui détruisent la cellulose, autrement dit qui utilisent sa fibre comme élément nutritif (2).

D'autres moisissures, qui ne consomment pas de cellulose, peuvent endommager le papier en affaiblissant la tenue des fibres parce qu'elles se nourrissent d'autres matériaux entrant dans la composition du papier. Les charges en collage et matériaux de couchage ajoutés au papier en cours de fabrication pour en améliorer 1'imprimabilité, la texture, la couleur ou le facteur de reflectance dans le bleu brillant sont une source potentielle d'éléments nutritifs et peuvent comporter de l'amidon, de la gélatine et de la casé'ine. Beckwith s'est aperçu que la colophane empêchait le développement des champignons (3) ; malheureusement, la colophane est une substance acide dont on a constaté qu'elle accélère la détério­ration chimique du papier ; sa présence n'est donc nullement bénéfique. On ne sait pas grand-chose des divers encollages synthétiques, car une grande partie des recherches effectuées sur les agents de collage l'ont été avant que l'usage des synthétiques se répande.

Le papier des volumes reliés risque moins de souffrir d'un taux élevé d'humi­dité relative de l'air. Les moisissures apparaissent rarement à l'intérieur de volumes protégés par une reliure ; elles se développent plutôt sur les reliures ou sur les feuilles de papier non reliées qui sont exposées à l'humidité durant des périodes prolongées. Inversement, le corps d'ouvrage est souvent rousselé.

En cas d'inondations ou d'autres expositions graves à l'humidité, le papier d'édition peut être considéré comme plus fragile dans la mesure où l'épaisseur du livre et la compression du papier au dos du livre allongent considérablement le temps de séchage.

Toile à reliure

Un grand nombre de toiles à reliure, y compris le coton et le lin, sont de nature cellulosique et risquent, de ce fait, d'être attaquées par les mêmes types de moisissures que le papier. Comme dans le cas du papier, les apprêts et les enduits ajoutés en cours de fabrication fournissent un apport supplémentaire d'éléments nutritifs. Le tissu non encollé, qui est souvent utilisé pour relier les ouvrages en Inde et en Asie du Sud-Est, est particulièrement fragile. Comme il est souvent très mince, la colle utilisée pour fixer la toile sur les plats pénètre fréquemment la trame, ce qui permet aux moisissures de se développer en surface. Le bougran amidonné, qui est couramment utilisé dans les climats plus tempérés, est lui aussi une excellente source d'éléments nutritifs. Les fibres synthétiques ou les fibres naturelles enduites de résines synthétiques, par exemple les toiles enduites de peroxylin et le bougran enduit d'acrylique résistent mieux aux moisissures sans en être entièrement protégés. Il n'existe pas à notre connaissance d'ouvrages traitant de l'incidence des colorants sur le développement des moisissures ; mais on sait que les colorants modifient la résis­tance des textiles à l'action photochimique (certains accélèrent la détério­ration ; d'autres assurent une protection) (4).

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Cuir

Le cuir tanné résiste mieux au développement des moisissures. Les cuirs tannés au chrome sont relativement inattaquables ; les cuirs tannés avec des substances végétales le sont nettement moins. Les cuirs utilisés dans la confec­tion des livres sont malheureusement tannés avec des substances végétales, les cuirs tannés au chrome étant surtout utilisés pour la confection des chaussures, des bagages et autres articles de maroquinerie.

Les recherches menées dans ce domaine montrent que les moisissures n'attaquent pas le cuir de la même manière qu'elles attaquent la cellulose. Les moisissures n'attaquent apparemment pas le complexe cuir-tanin proprement dit.

Barghoorn a démontré que les agrégats de collagène qui constituent la peau ignorent l'infection et la destruction par les moisissures ; quant à Hyde, Musgrave et Mitton, ils ont établi que les cuirs tannés à l'aide de produits végétaux sont étonnamment peu endommagés par les moisissures même en cas de prolifération relativement abondante et prolongée. Les expériences montrent que la principale cause de détérioration du cuir sous les tropiques est la rupture hydrolytique provoquée par une humidité atmosphérique et une tempé­rature élevées, avec leur incidence sur la lubrification entre fibres, la gravité de la rupture étant fonction du pH du cuir (5).

Il semble, par conséquent, que les composants du cuir qui favorisent le développement de moisissures soient les lubrifiants, les apprêts et les produits de finissage. Selon les auteurs cités plus haut, il semble que, dans les climats tropicaux, la détérioration du cuir soit principalement due au taux élevé d'humi­dité relative de l'atmosphère et non aux moissures.

Le graissage des cuirs, où nombre de bibliothécaires ont surtout vu un moyen d'embellissement, pourrait bien être le mode de protection du cuir le plus commode en milieu tropical. Certaines bibliothèques construites dans des climats tropicaux ont évité d'employer les "leather dressings" c'est-à-dire les emulsions ou solu­tions de graisse qui servent à l'entretien du cuir de crainte que les huiles et les lubrifiants ne favorisent le développement des moisissures. En réalité puisque les attaques de moisissures dues à l'utilisation de tels produits sont toujours superficielles et n'endommagent aucunement la structure du cuir, et puisque l'application d'une formule grasse de ce genre permet de prévenir la rupture hydrolytique qui est la principale cause de détérioration, l'utilisation de formules judicieusement choisies devrait être considérée comme bénéfique pour le cuir.

En ce qui concerne le choix de la formule grasse à employer, l'expérience des climats tropicaux montre qu'une très mince couche d'huile de pied de boeuf et de lanoline qu'on laisse sécher pendant 24 heures et qu'on frotte ensuite avec un chiffon doux donne de bons résultats. Les produits à base de cire, même celui mis au point par le British Museum, ne parviennent pas à durcir comme il faut en climat humide et chaud et les reliures ont tendance à coller les unes aux autres une fois les ouvrages ainsi traités replacés sur leurs rayonnages.

Colles

Les colles végétales (à l'amidon), les colles animales et les gommes (faites à partir de résines végétales) sont toutes plus ou moins exposées aux attaques de moisissures. L'utilisation de quantités excessives de colle peut être un facteur favorable au développement de moisissures. En la matière, le mieux est parfois l'ennemi du bien.

Les colles synthétiques, y compris les emulsions d'acétate de polyvinyle (dites "colles blanches", dont la composition et les propriétés varient énormé­ment), les produits piézo sensibles des étiquettes autocollantes et des rubans adhésifs, les adhésifs thermocollants comme ceux que l'on utilise dans les papiers

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laminés à chaud et les adhésifs pulvérisés sous forme d'aérosols sont plus résistants aux moisissures sans être entièrement à l'abri de leurs attaques. Comme ils sont à base de solvants, ils sèchent rapidement. Mais le fait qu'ils se dégradent en vieillisant et qu'il faille employer des solvants pour les enlever, interdit de les utiliser pour réparer le papier déchiré ou endommagé.

Même si elles peuvent favoriser le développement de moisissures, les colles végétales et les gommes sont recommandées pour réparer le papier, en raison de leur réversibilité. La meilleure des protections est celle qu'assurent une application correcte et un séchage parfait de la couche de colle. Les produits qui donnent les meilleurs résultats dans la réparation des reliures sont peut-être les acétates de polyvinyles de bonne qualité.

Pellicules et autres produits photographiques

Tous les produits photographiques ont un point en commun : ils comportent une couche de gélatine qui forme le support de 1'emulsion de particules d'halogénure d'argent productrices de l'image. Tout support d'image, qu'il soit à base de nitrate, d'acétate, de polyester, de verre ou de papier, et qu'il s'agisse d'un négatif, d'une photographie ou d'un rouleau de microfilms, comporte une couche de gélatine. Tout comme la gélatine employée pour encoller le papier, la gélatine photographique fournit un milieu nutritif propice au développement des moisissures qui peuvent aller jusqu'à pénétrer la couche d'emulsion et à détériorer ainsi l'image. Les polymères dont sont faites les pellicules modernes sont généralement très résistants aux attaques fongiques (6) ; par contre, les supports de papier et de verre sont très fragiles. Le verre des plaques négatives peut être rayé par les champignons comme par la pointe sèche d'un graveur et ces dégâts, qui s'ajoutent aux détériorations subies par la couche d'halogénure d'argent, risquent de rendre le négatif totalement inutilisable.

La gélatine est relativement stable, tant qu'elle reste sèche. En cas de forte humidité, elle commence à gonfler ; si l'exposition se prolonge, elle devient poisseuse. Il suffit, pour que ce phénomène se produise, d'un taux d'humidité relative de 60 % (7).

FACTEURS EHVIRONNEMENTAUX

Les cinq facteurs qui sont déterminants pour l'apparition et le développement des moisissures dans les collections des bibliothèques sont les suivants :

- la présence de spores de moisissures - l'existence d'une source d'éléments nutritifs - une humidité suffisante - une température convenable pour une certaine variété de moisissures - une faible circulation d'air.

Les bibliothécaires sont évidemment impuissants à contrôler les deux premiers facteurs. La présence de spores et d'éléments nutritifs appropriés sont inévi­tables dans les bibliothèques. On ne peut donc agir que sur les trois derniers facteurs pour prévenir l'apparition de moisissures.

Circulation de l'air

De ces trois facteurs, la circulation de l'air est à la fois le plus fonda­mental et celui auquel on prête le moins d'attention. Les publications font souvent une allusion rapide à l'importance d'une bonne circulation de l'air, sans relever toute l'importance de ce facteur, en particulier lorsqu'il n'y a pas de climatisation générale des locaux. C'est la circulation de l'air qui provoque l'évaporation de l'eau et fait ainsi baisser la température superficielle. Le phénomène est évident pour quiconque a éprouvé l'effet rafraîchissant d'une brise

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soudaine par une chaude journée sans le moindre souffle d'air. Dans une biblio­thèque, une bonne circulation de l'air favorise 1'evaporation de l'eau et l'abais­sement de la température superficielle, ce qui modifie deux facteurs environne­mentaux déterminants pour le développement de moisissures.

Il est généralement beaucoup moins coûteux de faire circuler l'air ambiant et de modifier ainsi la température et le degré hygrométrique que d'amener artifi­ciellement un autre air qui présentera des caractéristiques radicalement diffé­rentes de celles de l'air environnant. Une bonne circulation d'air peut grandement contribuer à atténuer les problèmes liés à l'absence de régulation des facteurs trois et quatre.

Humidité relative

Le papier, la toile et le cuir sont des matériaux hygroscopiques ; autrement dit, ils absorbent l'humidité de l'air et la retiennent. Par conséquent, dans les climats humides, la plupart des ouvrages abrités dans les bibliothèques contiennent un pourcentage d'eau relativement élevé. Dans ces conditions, il suffit d'une augmentation même légère de l'humidité relative ambiante pour qu'un article serve de substrat au développement de moisissures, dès lors que les autres conditions sont réunies.

Il y a plusieurs façons de mesurer la teneur de l'air en vapeur d'eau. L'humidité absolue est le poids de vapeur d'eau contenue dans un volume d'air donné (g/m^). L'humidité d'un corps ou teneur en vapeur d'eau est (en poids) la proportion d'eau contenue dans ce corps (kg/kg). Ces deux types de mesure sont variables : l'air chaud peut contenir plus de vapeur d'eau que l'air froid et la teneur en vapeur d'eau d'un corps varie en fonction de l'humidité absolue de l'air ambiant. Ni l'humidité absolue ni la teneur en vapeur d'eau ne peuvent être correctement déterminées dans une bibliothèque. Par conséquent, la seule mesure utile pour la sauvegarde des collections est celle de l'humidité relative. L'humidité relative est le rapport entre la quantité d'eau contenue dans un volume d'air donné et la quantité maximale d'eau que l'air peut contenir à une tempé­rature donnée ; elle se note HR et s'exprime sous la forme d'un pourcentage.

En se refroidissant, l'air perd une partie de son contenu en vapeur d'eau. La vapeur d'eau se condense à la surface des corps ou est absorbée par eux s'ils sont de nature hygroscopique. Si, par exemple, HR est de 50 % à 70°F (environ 21°C), il suffit que la température diminue de 10° (environ 5,5°C) pour que HR s'élève à 70 %. Le livre de Plenderleith et Werner (8) contient un graphique dont les courbes donnent l'augmentation de l'humidité relative en fonction de la baisse de température. Sous les climats tropicaux humides, une baisse de température sans réduction de l'humidité relative peut se traduire par une prolifération exubérante de moisissures : nombre d'institutions en ont fait l'amère expérience pour avoir tenté d'améliorer l'atmosphère ambiante par l'installation de toute une série de climatiseurs individuels encastrés dans les fenêtres. Si ce genre d'appareils absorbent effectivement une partie de la vapeur d'eau présente dans l'air et donne en général de bons résultats dans un environnement tempéré où l'humidité relative ambiante est naturellement plus faible dans les climats tropicaux où le taux d'humidité relative se situe tout au long de l'année entre 80 et 90 %, ils ne permettent pas d'éliminer de l'air suffisamment de vapeur d'eau pour empêcher l'air ainsi refroidi d'atteindre le point de saturation ou point de rosée.

La littérature abonde en recommandations quant aux niveaux d'humidité relative à maintenir pour empêcher le développement de moisissures. Ces niveaux se situent dans une fourchette allant de 60 % à 45 % et, année après année, les auteurs semblent vouloir baisser les seuils. En 1940, Beckwith avait constaté qu'aucune des moisissures sur lesquelles portait son expérience ne pouvait se développer lorsque l'humidité relative se situait au-dessous de 75 %, même s'il enrichissait le milieu de culture par un apport supplémentaire de substances nutritives (9). Cette constatation, qui n'est pas à prendre pour parole d'évan­gile, pourrait néanmoins aider à comprendre pourquoi les bibliothèques et les

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musées des régions tropicales (où l'humidité relative descend rarement au-dessous de 60 %, et moins encore au-dessous de 45 %) ne sont pas en permanence tapissées de moisissures. De toute évidence, le risque est d'autant moindre que l'humidité relative est plus faible ; mais tout porte à penser que l'incidence des moisis­sures peut être réduite même lorsque l'humidité atteint des taux nettement plus élevés.

Etant donné que l'humidité relative dépend beaucoup de la température, tous les chiffres sont relatifs et fonction de nombreuses variables. On l'a vu, il suffit que l'une change pour que l'autre change également de sorte que le plus difficile est de parvenir à un juste équilibre.

Température

La tentation est souvent grande de chercher à modifier l'environnement uniquement en agissant sur la température, en partie parce que c'est le facteur auquel les êtres humains sont le plus sensibles. Les températures élevées ont bel et bien un effet nocif sur les pièces conservées dans les bibliothèques, et les auteurs qui traitent de la question ont tellement insisté sur le facteur thermique qu'on ne s'est pas assez intéressé à ce qui se passe lorsque l'on abaisse la température sans tenir compte de l'humidité relative. Presque toujours, quand on s'attaque à des problèmes d'environnement, l'application de mesures faciles et passe-partout aboutit souvent à ce que le remède devienne à la longue pire que le mal.

OUVRAGES CITES EN REFERENCE

1. St. George, p. 179.

2. Belyakova, p. 184.

3. Beckwith, p. 307.

4. Carl J. Wessel. "Textiles and Cordage". Deterioration of Materials, Greathouse & Wessel, p. 474-479.

5. Robert M. Lollar. "Leather". Deterioration of Materials. Greathouse & Wessel, p. 152-153.

6. Charleston C. Baird and David F. Kopperl. "Treating Insect and Micro-organism Infestation of Photographic Collections". Second International Symposium : The Stability and Preservation of Photographic Images. August 15-28r 1985. Springfield, VA., Society of Photographic Scientists and Engineers, p. 53.

7. Fleming, p. 363.

8. H.J. Plenderleith and A.E.A. Werner. The Conservation of Antiquities and Works of Art. 2nd éd., Londres, Oxford University Press, 1971, p. 6.

9. Beckwith, p. 331.

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IV. PREVENTION

Il est incontestablement beaucoup plus facile de prévenir la formation de moisissures dans les bibliothèques dont l'atmosphère est régulée, mais les frais d'installation et de fonctionnement d'un véritable système de climatisation sont lourds. Bien que moins onéreuse, la modification des conditions ambiantes n'est pas non plus entièrement donnée, mais l'entretien des fonds et collections des bibliothèques et des archives compte tout autant que leur acquisition et leur classement et doit être prévu à leur budget. A défaut de panacée, il existe un certain nombre de possibilités de modifier le milieu ambiant qui permettent de réduire les risques de détérioration des collections par les moisissures.

CONCEPTION ET REAMENAGEMENT DES BATIMENTS

Ceux qui ont la chance de participer à la conception d'un nouveau bâtiment équipé d'un système complet et moderne de climatisation trouveront le sujet largement traité dans les publications consacrées aux bibliothèques et aux musées, à commencer par l'excellent ouvrage de Garry Thomson "The Museum Environment" (1), dans lequel les bibliothécaires puiseront une aide inestimable. Nous ne cherche­rons donc pas à revenir ici sur cette question. Nous nous intéresserons ici uni­quement au réaménagement des bâtiments existants et à la conception des bâtiments nouveaux sans système central de climatisation.

Remarquons d'entrée de jeu qu'il faut se garder de croire, en construisant un édifice, qu'on pourra l'équiper ultérieurement d'un système général de climati­sation. En effet, un bâtiment conçu de manière à pouvoir être doté par la suite de dispositifs de régulation climatique efficaces et économiques aurait toutes chances dans l'intervalle d'être aussi inconfortable pour les utilisateurs que dangereux pour les collections. Les faibles hauteurs sous plafond et les pièces fermées indispensables à la régulation climatique créent des conditions aussi néfastes que possible sous les tropiques. Réciproquement, un édifice conçu pour exploiter la ventilation naturelle rend l'installation d'un système complet de climatisation pratiquement impossible et de toute façon hors de prix. Il faut donc que la décision soit arrêtée une fois pour toutes dès les premières phases des études.

Même en l'absence de climatisation générale, un bon projet peut faire beau­coup pour réduire les inconvénients du climat local. Il existe étonnamment peu de publications sur l'architecture tropicale. La bibliographie de Vance (2) contient à peine une quinzaine de pages de références à des ouvrages dont beaucoup remontent d'ailleurs à 20 ou 30 ans. Il n'empêche qu'en unissant leurs efforts, le bibliothécaire et l'architecte peuvent concevoir un bâtiment capable d'abriter les collections en toute sécurité. Il importe pour cela de tenir compte du type parti­culier de climat tropical qui règne dans la région considérée, car les éléments du programme architectural seront, à quelques exceptions près, différents dans chaque cas.

Situation

Le climat de la région (il a été question de différents types climatiques dans l'introduction) est important quand on établit le programme architectural concernant un bâtiment neuf comme lorsqu'on cherche les meilleures méthodes à utiliser pour modifier l'atmosphère dans un édifice existant. On trouvera dans l'ouvrage de Fry et Drew (3) des informations complémentaires sur les différences de climat entre les sites continentaux et insulaires auxquelles on pourra se référer utilement si l'on doit envisager des modifications d'ambiance dans un bâtiment. Nous nous contenterons ici de donner quelques indications générales.

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Dans les climats de forêt tropicale (Af ) > où les conditions sont relativement uniformes tout au long de l'année, les températures rarement très élevées (elles sont d'ordinaire inférieures à 90°F soit environ 32°C) et le vent léger, quand il y en a, l'essentiel des efforts devrait viser à améliorer la ventilation et à abaisser le taux d'humidité relative.

Dans les climats de mousson (Am), il est possible de mettre à profit les vents généralement plus forts pour améliorer la ventilation et de consacrer davan­tage de ressources à la réduction du taux d'humidité relative, en particulier pendant les mois humides.

Dans les savanes tropicales (As ou Aw), qui comptent trois saisons dis­tinctes, il peut être nécessaire de recourir à des systèmes plus complexes. Pendant la saison sèche et chaude, la poussière et la saleté posent un problème particulier. Il faut alors que l'on puisse fermer les locaux pour les protéger de la poussière, tout en maintenant une ventilation suffisante pour éviter une élévation de la température à l'intérieur. Compte tenu des problèmes qu'entraînent les très hautes températures, la poussière et la sécheresse, la climatisation peut devenir le meilleur moyen de préserver les collections. Comme il y a deux saisons sèches et une saison humide relativement brève, le problème des moisissures ne se pose que pendant une petite partie de l'année ou pas du tout. Il importe de faire le maximum pour empêcher l'humidité relative de varier trop fortement d'une saison à l'autre. En climat de savane, la ventilation naturelle ne s'utilise pas comme dans les climats Af et Am. Oakley (4) propose un certain nombre de schémas utiles concernant les possibilités de ventilation naturelle sous les climats As et Aw.

Architecture et modification des conditions ambiantes

Il est possible d'influer directement sur la température et la ventilation par des aménagements de caractère architectural. L'humidité relative ne peut quant à elle être modifiée qu'indirectement, grâce soit à une utilisation judicieuse de la ventilation naturelle, soit à un système de régulation artificielle dont il sera question plus loin.

Température

Les murs orientés à l'est et à l'ouest, qui reçoivent le plus fort du soleil du matin et de l'après-midi, doivent être protégés et isolés, de manière à ce que la chaleur ne se transmette pas à l'intérieur de l'édifice. Le toit, qui est très exposé au soleil de midi, doit réfléchir la chaleur ; il faut en outre que le reste du bâtiment en soit isolé par des combles ou un espace de ventilation.

Les murs à double paroi constituent un excellent moyen d'isoler les édifices dans les régions tropicales. L'air est un bon isolant qui empêche la chaleur emmagasinée dans la paroi extérieure de pénétrer à l'intérieur des locaux. Sous les tropiques, le parpaing creux de ciment est en maints endroits le matériau de construction de base. Bien que d'un effet en général peu esthétique, il permet d'obtenir une bonne isolation à peu de frais. Les doubles parois véritables sont plus efficaces, mais elles reviennent beaucoup plus cher. Ces dernières sont également utilisées avec profit sous les climats tempérés où l'on est amené, compte tenu des températures extrêmes d'hiver et d'été, à prêter un maximum d'attention au coût de fonctionnement, sur le long terme, d'un système de climatisation générale.

Le brise soleil est une variante du mur à double paroi. Il peut être prévu au stade de la conception du bâtiment ou bien installé sur la façade de bâtiments existants. Bien qu'il ne soit pas aussi efficace que les murs à double paroi, il assure une certaine protection en absorbant le rayonnement primaire du soleil. Il réduit également la luminosité à l'intérieur des locaux en protégeant les fenêtres, qu'il permet de laisser ouvertes, même en saison humide. Il peut couvrir toute la longueur ou simplement une partie des murs, ou encore dans certains cas, uniquement les fenêtres, encore que cette dernière solution soit nettement moins efficace.

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Il est possible, pour créer de l'ombre sur les murs exposés, de recourir à un certain nombre d'autres formules, entre autres, planter le terrain alentour d'arbres et de buissons, prolonger l'avancée du toit, ou installer des auvents. Les stores intérieurs, rideaux ou persiennes peuvent également réduire la trans­mission de la chaleur à travers les vitres des fenêtres. On trouvera dans l'ouvrage de Kukreja (5) un tableau de l'efficacité relative de différents dispo­sitifs de protection du soleil, évaluée en fonction de la réduction du gain total de chaleur que ceux-ci permettent d'obtenir, de leur aptitude à assurer la venti­lation transversale des locaux et du pourcentage de lumière naturelle qu'ils laissent passer.

Le verre a la propriété non seulement de transmettre, mais aussi d'intensi­fier la chaleur. Sous les climats tropicaux, les grandes fenêtres peuvent accroître sensiblement la température intérieure, ce qui n'empêche que beaucoup d'immmeubles en sont dotés pour des raisons esthétiques. Il existe des films plastiques absorbant les ultraviolets et la chaleur qui remplissent assez bien cet office sans pour autant obscurcir la vue ou réduire par trop la luminosité.

Les grandes hauteurs sous plafond, habituelles dans les immeubles anciens des tropiques, constituent un moyen efficace d'évacuation de la chaleur intérieure. L'air chaud s'élevant, il peut être évacué des locaux par des ventilateurs installés dans les plafonds ou sous les combles ou encore par des fenêtres placées directement au-dessous de l'avancée du toit.

Ventilation

D'une manière générale, sous les climats tropicaux, il convient d'orienter les édifices de manière à tirer parti des vents dominants et de les aménager de telle sorte que la ventilation transversale y soit partout possible.

Même les locaux conçus pour utiliser la ventilation naturelle exigent des systèmes auxiliaires de ventilation mécanique pour les périodes durant lesquelles les vents dominants tombent ou changent de direction.

La disposition des fenêtres joue un rôle majeur dans l'établissement d'une bonne aération, une fois l'orientation de l'édifice déterminée. L'ouvrage de Kukreja (16) contient d'excellents schémas de la circulation intérieure de l'air résultant de différents types de disposition de ces ouvertures. On s'y reportera avec profit lors de l'établissement des plans ou du réaménagement d'un édifice, mais ils seront aussi utiles pour décider de la disposition des rayonnages et prévoir les éventuels problèmes qui pourraient se poser. Kukreja note qu'une seule fenêtre est sans effet du point de vue de la ventilation et qu'en cas de modifi­cation, c'est en perçant des ouvertures dans des murs qui se font face pour assurer une ventilation transversale que l'on obtient les meilleurs résultats. L'agrandissement de la fenêtre d'évacuation se traduit par une nette accélération de la circulation intérieure de l'air, même si l'on ne touche pas à la fenêtre d'admission. Il est possible d'autre part, lorsque les ouvertures d'admission et d'évacuation sont étroites, d'améliorer sensiblement la circulation en en augmen­tant la hauteur. Il met également en parallèle les taux de circulation établis pour différents rapports, superficie des ouvertures/surface de planches, démon­trant ainsi que la circulation de l'air est maximale lorsque, dans un volume, les ouvertures des fenêtres représentent 25 % de la surface de planchers.

Les fenêtres à claire-voie, très répandues sous les tropiques, permettent une excellente ventilation, mais ne protègent guère contre la pluie et les insectes et il convient de leur associer d'autres dispositifs. Toutes les ouvertures de ce type doivent être protégées au moyen de moustiquaires de fibre de verre à maille fine parfaitement ajustées dans le dormant. Il est bon d'installer les mousti­quaires sur la face intérieure des fenêtres, ce qui en facilite la dépose pour entretien, en particulier si les parois extérieures sont munies d'un pare-soleil.

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Dans les immeubles où les pièces sont hautes, l'installation de ventilateurs au plafond représente un excellent investissement. Il est possible, en leur associant des ventilateurs sur pied ou encastrés dans les fenêtres, d'entretenir une circulation suffisante à relativement peu de frais, même dans les climats Af» où il y a très peu de vent.

MODIFICATION DES AMENAGEMENTS INTERIEURS

Outre les modifications qui peuvent être apportées à l'architecture des bâtiments pour réduire les phénomènes de transmission et de rétention de la chaleur et de l'humidité, il est possible de réaménager les zones de rangement et de stockage pour le plus grand bien des collections.

Emplacement des zones de rangement et de stockage

Comme, sous les climats tropicaux, le niveau de la nappe phréatique est généralement élevé, les édifices y sont d'ordinaire dépourvus des sous-sols courants sous les climats tempérés. Si d'aventure le bâtiment auquel on a affaire possède un ou plusieurs étages en sous-sol, il faut à tout prix éviter d'y installer des rayonnages ou d'y entreposer les collections inutilisées. Les pièces enterrées sont difficiles, voire impossibles à étanchéifier convenablement et l'humidité du sol finit toujours par filtrer à travers les murs. Qui plus est, quand ceux-ci sont revêtus d'un enduit hydrofuge, l'humidité et les sels ont tendance à s'accumuler sous la couche d'enduit, jusqu'au moment où la surface du mur et l'enduit lui-même commencent à s'écailler, ce qui a pour effet de mettre à nu la partie interne du mur et de faciliter la pénétration de l'humidité. Il est difficile en outre d'y entretenir une ventilation adéquate, d'où une atmosphère chaude, humide et stagnante qui est on ne peut plus propice au développement des moisissures.

Même si les zones enterrées ne sont pas utilisées à des fins de stockage, il importe d'en étanchéifier les murs et les sols aussi parfaitement que possible afin d'empêcher une élévation de l'humidité relative dans l'ensemble des locaux. De fréquentes inspections permettront de surveiller l'état de ces zones et les points vulnérables de l'édifice seront signalés au personnel.

On évitera en outre de créer des pièces aveugles, à moins d'être en mesure de les doter de systèmes mécaniques de régulation de la température et de l'humidité relative. Ces locaux aveugles feront l'objet d'une surveillance régulière. Dans les bâtiments qui en possèdent, il est possible d'obtenir une meilleure aération en remplaçant les parois intérieures pleines par des claustras pour ménager une ventilation transversale, naturelle ou forcée.

Disposition des rayonnages

Les rayonnages ne doivent pas être placés directement contre les murs exté­rieurs, car c'est là que les transferts de chaleur et d'humidité sont le plus intenses et cette disposition entraverait considérablement la circulation de l'air. Un espace d'une trentaine de centimètres entre le mur et les rayonnages suffira à améliorer cette dernière et à empêcher que la condensation de l'humidité sur le mur ne provoque l'apparition d'un micro-climat.

Les rayonnages doivent être disposés dans le même sens que le courant d'air, de manière à ce que ce dernier circule perpendiculairement au dos des livres rangés sur les étagères. Jamais les rayonnages ne doivent faire obstacle au flux d'air venant des fenêtres ou des ventilateurs.

Les rayonnages, en particulier lorsqu'ils sont en épis doubles, doivent être ouverts à l'arrière, ce qui aura pour effet d'améliorer la ventilation tout autour des volumes. Si l'on a des doutes quant à leur robustesse ou à leur stabilité,

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mieux vaut les entretoiser que les consolider à l'aide des panneaux pleins fournis avec la plupart des étagères du commerce. Si enviables que puissent paraître les économies d'espace qu'ils permettent de réaliser, les rayonnages denses sont à déconseiller sous les tropiques, cela en raison surtout du microclimat dont ils risquent de favoriser l'apparition lorsqu'ils sont en position rapprochée. Qui plus est, les mécanismes servant à les déplacer tendent à se gripper avec l'humidité.

Il convient d'éviter le plus possible les armoires fermées. Si elles sont indispensables pour le stockage de microfilms ou de livres sous écrin fermé, il faut les ventiler à l'avant et à l'arrière ou bien y créer un microclimat favorable, afin de combattre l'humidité relative.

Modification localisée de l'atmosphère ambiante

En dehors des méthodes permettant de tirer parti des conditions naturelles pour agir sur les conditions atmosphériques dans l'ensemble d'un édifice, il existe différents moyens techniques pour modifier l'environnement dans des zones circonscrites. La plupart des collections comportent des documents - souvent des ouvrages rares et précieux ou bien des pièces présentant un intérêt historique particulier - qui exigent une protection renforcée. D'où l'idée d'aménager à l'intérieur des bibliothèques des zones spéciales où ces documents peuvent être conservés en sécurité dans un milieu plus proche de l'idéal. On peut dans ce cas, en plus des mesures citées plus haut, procéder à des modifications localisées de l'environnement où ces documents sont placés, mais il ne faudrait pas croire qu'elles puissent remplacer la modification générale du climat de l'édifice.

Surveillance des conditions climatiques

Avant de tenter de modifier en quoi que ce soit l'environnement dans un lieu donné, il est indispensable de bien connaître les conditions régnant dans les locaux. Il faut faire des relevés très complexes de l'existant en divers endroits à toutes les heures de la journée et pour toutes les saisons de l'année. Si l'on prévoit d'installer des appareils individuels de climatisation, il importe de s'assurer que l'abaissement de la température ne se traduira pas par une élévation excessive du taux d'humidité relative, sur le champ ou plus tard, au changement de saison.

L'appareil le plus efficace de surveillance de la température et de l'humi­dité relative est l'hygrothermographe enregistreurr qui produit une courbe continue 24 heures sur 24 et sept jours durant. Il est nécessaire de disposer de plusieurs appareils de ce type et de les déplacer d'un endroit à l'autre suivant un calendrier préétabli, de manière à obtenir des informations concernant toutes les saisons et toutes les parties de la bibliothèque. Relativement peu coûteux - 300 à 500 dollars des Etats-Unis - ces instruments sont d'un bon rapport coût-efficacité sur la longue période. Il est possible également de recourir à des appareils de mesure sans dispositif enregistreur, fixes ou portatifs. Les thermo­mètres, les hygromètres et les hygrothermographes mesurent respectivement la température, l'humidité et l'une et l'autre à la fois, mais ils ne produisent pas de graphiques, de sorte que, pour obtenir un état général de la situation, il faut relever régulièrement les mesures, ce qui exige beaucoup de temps du personnel. Ces mesures doivent être opérées en divers endroits, relevées à des heures précises du jour (et de la nuit), puis notées de manière à ce que l'on puisse établir une courbe exacte pour chacun des emplacements choisis.

Il est nécessaire de disposer de psvchromètres à bandoulière ou motorisés pour calibrer les autres appareils de mesure et, le cas échéant, procéder à des mesures instantanées dans les zones où se posent des problèmes.

Les bandes de papier indicateur d'humidité ne présentent guère d'utilité sous les climats véritablement tropicaux. Elles se maintiennent presque toujours dans la gamme des roses (humide) et n'indiquent le plus souvent que les variations

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extrêmement importantes de l'humidité relative. C'est probablement dans les boîtes fermées où l'on a créé un microclimat plus sec que leur emploi est le plus indiqué, mais il faut, pour les utiliser avec profit, les contrôler régulièrement.

Le matériel recommandé plus haut pour faire l'état de la situation avant de procéder à une modification localisée de l'environnement est également indispen­sable pour entretenir le climat voulu, éviter qu'il ne -fluctue et déterminer, le cas échéant, la cause des moisissures. L'achat et la maintenance de ces appareils de mesure sont donc à considérer comme un investissement à long terme propre à assurer la conservation des collections.

Climatisation individuelle

On entend, dans la présente étude, par "climatisation individuelle" l'emploi d'appareils mécaniques individuels pour rafraîchir et filtrer l'air dans certains espaces d'un bâtiment. Les systèmes de climatisation centrale servant à réguler l'atmosphère de tout un édifice sortent du cadre de notre travail. Les appareils individuels de climatisation se répartissent en deux grandes catégories suivant leur principe de fonctionnement : le refroidissement par evaporation et le refroi­dissement à l'eau réfrigérée.

Le refroidissement par evaporation est le système le plus simple et le moins coûteux, mais il ne convient généralement pas pour les régions où les températures et les taux d'humidité relative sont élevés toute l'année.

Les appareils de refroidissement à l'eau réfrigérée comportent un dispositif de réfrigération qui abaissent la température de l'air et un système de chauffage qui le réchauffe peu avant qu'il ne pénètre dans la pièce. Sous les climats tropicaux humides, ce procédé est d'un d'emploi délicat, car il faut que l'air introduit dans les locaux soit au-dessus du point de rosée, sans quoi l'humidité relative augmente dans des proportions inacceptables. Il suffit en effet d'une variation de 1°F (à peine plus de 0,5°C) de la température pour modifier de 3 % le taux d'humidité relative. Les instruments qui régulent ce processus sont donc d'une extrême importance. Il en existe différentes sortes, au nombre desquels les dispositifs à thermomètres sec et mouillé du type employé dans les psychromètres et les hygromètres à cheveu, analogues à ceux qui sont utilisés dans les hygro-thermographes (7). Le prix d'un appareil à réfrigération peut atteindre jusqu'à deux fois celui d'un appareil à evaporation et il consomme beaucoup plus d'énergie. On a souvent tendance à réduire les frais de fonctionnement en arrêtant l'élément chauffant, ce qui entraîne inévitablement de graves problèmes d'ambiance. Si l'on opte pour un modèle fonctionnant par refroidissement à l'eau réfrigérée, il faut absolument en respecter le mode d'emploi.

Le type de filtrage choisi et le degré de recyclage souhaitable dépendent très largement des conditions locales. Il est indispensable, pour que le système fonctionne efficacement et économiquement, de nettoyer ou de changer régulièrement les filtres. Les systèmes électrostatiques sont à éviter, car ils dégagent de l'ozone, qui peut endommager les matérieux organiques (8).

Il est un autre facteur dont il convient de tenir compte quand on a recours à des climatiseurs. Tout comme l'eau, l'air introduit dans un local se stabilise à un certain niveau : l'air froid qui entre au ras ou au voisinage du sol reste là où il est, tandis que l'air chaud s'établit plus haut. Il faut donc installer les climatiseurs aussi haut que possible dans les murs et les fenêtres, de manière à obtenir une circulation maximale dans la zone concernée. Les rayonnages et les armoires doivent être placés de manière à ne pas entraver la circulation de l'air.

Déshumidification

Sous les climats tropicaux humides, c'est peut-être la déshumidification qui est la meilleure des protections contre les moisissures. Son seul véritable concurrent est une bonne circulation de l'air, et non la climatisation indivi­duelle. Comme nous l'avons noté plus haut, cette dernière peut en effet rendre la

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déshumidifixation plus nécessaire encore. Une bibliothèque doit toujours être équipée de déshumidificateurs portatifs, voire parfois d'une installation à demeure.

Les appareils mécaniques à absorption, qui sont les plus largement répandus, ne sont en général utilisés que dans les installations fixes de dimensions relati­vement importantes. Très performants et d'un entretien relativement facile, ils constituent une solution intéressante pour les institutions qui sont constamment en butte à de graves problèmes d'humidité. L'un des systèmes décrits par Gates a un débit d'air de 1.500 pieds cubes (42 m3) et extrait jusqu'à 20 livres (9 kg) d'eau à l'heure (10). Les systèmes de déshumidification à l'air chaud ne conviennent en général pas aux climats tropicaux et, sur les trois types exis­tants, sont ceux dont l'usage revient le plus cher.

Les systèmes les plus efficaces et les plus économiques sous les climats chauds sont les appareils agissant par réfrigération, qui extraient l'humidité de l'air par condensation sur des serpentins réfrigérés. Il en existe des versions portatives qui fonctionnent suivant le même principe, consomment peu d'énergie et exigent un minimum d'entretien. La plupart comportent des dispositifs de contrôle très simples et peuvent se régler de manière à maintenir un taux d'humidité relative donné.

L'un des grands avantages des systèmes de déshumidification tient au fait qu'ils ne nécessitent pas d'importants réseaux de tuyauteries comme les systèmes de climatisation. D'après Gates, la vapeur d'eau tend à migrer vers le point de l'atmosphère où la teneur en humidité est la plus faible (11). Il n'est donc pas nécessaire, même lorsque les appareils sont portatifs, de les déplacer pour déshumidifier convenablement une pièce. Dans les locaux de grandes dimensions, il convient de prévoir plusieurs appareils.

Création de microclimats dans les armoires et les vitrines

On dit qu'il s'est créé un microclimat chaque fois que dans une zone restreinte la température et l'humidité relative diffèrent de celles qui régnent alentour. Un microclimat peut être bénéfique ou nocif et apparaître de lui-même ou être artificiellement induit et entretenu.

Il est parfois nécessaire de créer un microclimat dans une portion de bâtiment, soit que le type de documents à y conserver l'exige, soit que l'on ait à protéger des documents précieux ou que l'on veuille faire passer des articles entreposés en milieu climatisé dans des espaces d'exposition qui ne le sont pas. En milieu très humide, les microfilms, les cartes géographiques et les documents rangés dans des tiroirs de classeurs sont tout naturellement les premiers à devoir bénéficier d'un microclimat. Alors qu'il est possible de réduire le risque d'attaques de moisissures dans l'ensemble des fonds et collections grâce à une amélioration de la circulation d'air, les classeurs métalliques fermés conçus pour le stockage des microfilms, des cartes et des documents ont l'inconvénient de retenir l'humidité, surtout lorsqu'ils sont rarement utilisés. On peut, en abaissant artificiellement l'humidité relative de l'air qu'ils contiennent, y ménager un microclimat bénéfique.

Il est possible, pour réduire l'humidité à l'intérieur d'un classeur fermé, d'utiliser des substances hygroscopiques qui absorbent l'humdité de l'air. Les deux produits de ce type qui sont les plus faciles à se procurer sont le gel de silice (disponible en plusieurs qualités), qui est très largement répandu aux Etats-Unis et en Europe, et les pastilles Nikka (également appelées Kaken Gel), en usage au Japon et en Extrême-Orient. Il est établi que par des taux d'humidité supérieurs à 60 %, les pastilles Nikka sont plus efficaces que le gel de silice (12). Ce dernier contient souvent un réactif teinté qui vire du bleu au rose au fur et à mesure que le gel s'imprègne d'humidité et indique le moment où celui-ci parvient à saturation et doit être reconditionné.

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Avant usage, la substance hygroscopique doit être portée à 0 % d'humidité relative, ce qui se fait en chauffant le matériau dans un four. Les pastilles ou cristaux peuvent être reconditionnés et réutilisés à de multiples reprises sans perdre de leur pouvoir d'absorption. Une fois conditionné, le produit est placé dans les armoires, soit sur des plateaux déposés dans le bas du meuble, soit dans de petits sacs d'étoffe disposés dans chaque tiroir. Si le produit utilisé ne contient pas de réactif teinté, ou placera en outre dans l'armoire un hygromètre ou des bandes de papier indicateur d'humidité pour déterminer le moment où le reconditionnement deviendra nécessaire. Une fois que le taux voulu d'humidité est atteint et qu'un équilibre s'est établi à l'intérieur de l'armoire, le produit n'a plus besoin d'être reconditionné aussi fréquemment, sauf si les ouvertures de l'armoire sont fréquentes. Plus grandes sont les quantités de produit employées, plus longs sont les intervalles entre deux opérations de reconditionnement.

Les articles et études sur la question des microclimats ne manquent pas en rapport surtout avec l'installation des vitrines d'exposition et l'emballage et le transport des oeuvres d'art ; cependant, dans la quasi-totalité des cas, ils ont trait au maintien de conditions climatiques inoffensives dans les armoires fermées et autres lieux fixes. On trouvera dans le récent ouvrage (13) de Stolow des informations sur les dernières techniques dans ce domaine.

ENTRETIEN DES RAYONNAGES

Le nettoyage et l'entretien de routine n'ont la vedette dans aucune biblio­thèque ; il n'empêche qu'ils jouent un rôle particulièrement important dans les locaux non climatisés. Lorsque la circulation de l'air est assurée par une venti­lation naturelle, la saleté et la poussière constituent en permanence un problème. Comme ces particules sont hygroscopiques, c'est-à-dire qu'elles attirent et retiennent l'humidité de l'air, et comme elles contiennent souvent des substances dont se nourrissent les moisissures, des nettoyages fréquents et réguliers des espaces de rangement sont indispensables sous les climats tropicaux. Le passage de l'aspirateur réduira en outre, fût-ce temporairement, le nombre des spores présentes sur les ouvrages. Dans les climats de savane, un nettoyage à fond avant le début de la saison des pluies peut éviter totalement l'apparition des moisissures.

On établira un calendrier pour le nettoyage à l'aspirateur de tous les livres en rayon au rythme d'une fois par an (ou aussi fréquemment que possible), et on le respectera. Il importe en outre de soumettre les magasins, et en particulier les sections peu fréquentées et les zones de stockage mort, à de fréquentes inspections.

OUVRAGES CITES

1. Thomson, Garry. The Museum Environment, Londres, Butterworths, 1978.

2. Vance, Mary. "Tropical Architecture : A Bibliography", Vance Bibliographies Architectural Series i=t A 738. 1982.

3. Fry Maxwell et Drew, Jane. Tropical Architecture in the Humid Zoner New York, Reinhold, 1956, p. 34-36.

4. Oakley, David. Tropical Houses ; A Guide to their Design. Londres, Batsfor, 1961, p. 119.

5. Kukreja, C.P. Tropical Architecture. New Delhi, Tata McGraw-Hill, 1978, p. 74.

6. Kukreja, p. 96-98.

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7. Howarth, F. Hugh. "An approach to air-conditioning", Contributions to the London Conference on Museum Climatology. Thomson Garry (dir. publ.), Londres, International Institute for Conservation, 1968, p. 173-180.

8. Brommell, N.S. "Conservation of Museum Objects in the Tropics", Conference on Museum Climatology, Thomson, Garry (dir. publ.), Londres, International Institute for Conservation, 1986, p. 145.

9. The Dehumidification Handbook, Amesbury, Mass., Cargocaire Engineering Corp., 6e éd., 1987.

10. Gates, Albert S. et al.r "Dehumidification", Deterioration of Materials, Greathouse and Wessel, p. 726.

11. Gates, p. 728.

12. Cassar, May. "Checklist for the Establishement of a Microclimate", Canadian Conservation Institute, 1984.

13. Stolow, Nathan. Conservation and Exhibitions, Londres, Butterworths, 1987.

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V. DESINFECTANTS LIQUIDES ET GAZEUX

La plupart des bibliothécaires, des archivistes et des conservateurs de musées sont également convaincus qu'il faut tuer les moisissures. En fait, il est sans doute plus indiqué et plus efficace de s'employer en premier lieu à en prévenir et en inhiber le développement et à les enlever. Comme nous l'avons noté plus haut, les moisissures sont admirablement équipées pour survivre. A supposer que l'on parvienne à en tuer 99 %, cela représente "une perte à peu près insigni­fiante pour un champignon dont une petite colonie constituée à partir d'une seule et unique spore peut produire des centaines de milliers de spores" (1). Or les désinfectants liquides et gazeux qui ont un spectre suffisamment large et sont assez puissants pour occasionner une mortalité de 99 % chez les champignons, sont, on le sait à présent, également toxiques pour l'homme. D'où il découle que lorsque l'on envisage d'y recourir pour prévenir ou stopper le développement des moisis­sures, il faut tenir compte de deux faits essentiels :

- tous les biocides sont des réactifs chimiques, ce qui veut dire qu'ils sont capables de réagir au contact des matériaux sur lesquels ils sont appliqués et de les altérer ;

- tous les biocides sont, à des degrés divers, toxiques pour les mammifères (2).

Les méthodes chimiques traditionnelles de lutte contre les détériorations d'origine biologique mettent en oeuvre l'un ou l'autre des principes suivants : le premier, qui procède par fumigation, vise à entraver les fonctions vitales de l'organisme ; le second, qui consiste à appliquer localement des fongicides sur les objets à traiter, vise à contrecarrer l'action de l'organisme, c'est-à-dire les réactions chimiques intervenant entre cet organisme et son substrat. Les composés actuellement utilisés sont relativement peu nombreux. Ils comprennent un certain nombre de dérivés métalliques, des substances organiques (surtout des phénols) et des composés organo-métalliques (3). Certaines techniques plus sophistiquées comme l'irradiation et l'utilisation de l'ozone font, il est vrai, l'objet d'études et de travaux d'expérimentation, mais "nous ne devons pas trop compter sur la découverte de biocides inédits pour résoudre le problème" (4). Les irradiations et l'ozone se sont révélées nuisibles dans certains cas.

On notera que le premier mode d'action, qui consiste à entraver les fonctions vitales de l'organisme, n'impose pas nécessairement l'application d'un traitement chimique. La modification des conditions d'ambiance nécessaires au développement des moisissures est pour le moins aussi efficace que les méthodes chimiques et à coup sûr bien moins dangereuse pour le personnel et pour les ouvrages.

LES FONGICIDES

On entend ici par "fongicide", les biocides liquides qui s'appliquent direc­tement sur la surface des objects infectés. L'opération peut être pratiquée à titre soit préventif soit curatif. La plupart des fongicides conseillés dans les publications spécialisées se sont révélés incapables d'assurer une protection durable et même nocifs pour les documents traités. On sait à présent que ceux qui ont effectivement un certain degré de toxicité résiduelle sont dangereux pour le personnel et les lecteurs qui peuvent être ultérieurement amenés à manipuler les documents. Ces produits agissent sur l'organisme par inhalation, ingestion ou adsorption par la peau. Il importe de respecter rigoureusement les précautions d'emploi recommandées en ce qui concerne aussi bien l'application à proprement parler des biocides que leurs éventuels effets résiduels.

Beckwith, Swanson et Iliams ont établi, lors d'une série complète d'essais sur des biocides utilisés pour le protection du papier, que 28 fongicides généra­lement conseillés étaient soit impuissants à tuer les moisissures, soit dangereux

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pour le papier. Au nombre de ces produits, figuraient le chlorure mercurique, le chloroforme et le formaldehyde (15). Or, ces deux dernières substances ont encore été recommandées en 1971 dans une brochure du British Museum sur les biocides pour archives et bibliothèques (6).

On recommande souvent les cristaux de thymol et d'orthophenylphénol dissous dans l'alcool comme fongicides topiques. Et de fait, ces deux produits ont jusqu'à ces derniers temps été d'un emploi très répandu pour la conservation des docu­ments. Mais un coup d'arrêt a été porté à leur utilisation depuis que de récentes études ont montré qu'ils peuvent attaquer les yeux et les voies respiratoires supérieures. Le plus toxique des deux serait le thymol, qui affecterait aussi le foie, les reins, le système nerveux central et le système circulatoire (7).

Parmi les fongicides recommandés dans les ouvrages spécialisés, seuls l'alcool et 1'orthophonylphenol, aux degrés de concentration courants dans les produits de nettoyage ménagers comme le Lysol, sont indiqués pour les applications topiques et encore faut-il y recourir avec prudence. Tant qu'on n'en saura pas davantage sur la toxicité de l'orthophénylphénol, mieux vaut éviter de l'utiliser sous forme de cristaux dissous dans l'alcool. Il convient d'observer un certain scepticisme à l'égard de tous les conseils donnés dans les publications remontant à plus de quelques années, dans la mesure où l'on n'a commencé qu'assez récemment à étudier la toxicité de toute une série de biocides. Les recherches visant à établir avec précision les niveaux d'exposition tolerables se poursuivent encore.

C'est un principe établi de longue date en médecine que l'on doit traiter la maladie et non les symptômes. L'application de fongicides topiques sur les documents qui présentent des moisissures constitue un exemple typique de trai­tement des symptômes et n'attaque pas le mal à sa racine. Les pièces replacées dans les conditions qui ont occasionné l'apparition des moisissures après avoir été ainsi traitées risquent fort de se retrouver un jour ou l'autre victime des mêmes symptômes.

LA DESINFECTION PAR FUMIGATION

Le terme "fumigation", tel qu'il est utilisé dans la présente étude, désigne tout traitement consistant à exposer les moisissures dont on veut se débarrasser à la fumée ou à la vapeur produite par une substance biocide. L'idée de fumigation présente un attrait certain pour la plupart des bibliothécaires et archivistes. Ce type de traitement a en effet l'avantage de ne pas obliger à manipuler chaque pièce individuellement et d'être par conséquent peu coûteux en termes de temps de travail. Il permet les traitements de masse, soit en chambre de fumigation, soit sur place en fermant hermétiquement certaines zones du bâtiment pour désinfecter des collections entières. Mais la réalité est bien moins attrayante, si l'on considère l'efficacité douteuse du traitement, l'absence de protection résiduelle qu'il procure, les altérations ou les dommages qu'il peut infliger aux ouvrages ainsi que sa toxicité pour le personnel et les lecteurs.

Les méthodes de fumigation

La fumigation peut se pratiquer de diverses manières et au moyen de diffé­rents produits, dont certains sont meilleurs que d'autres, mais qui sont tous dangereux. Au cas où ce type de traitement s'avère nécessaire, il doit être, autant que possible, confié à des professionnels agréés.

Parmi les chambres de fumigation d'usage courant, les plus efficaces contre les moisissures sont celles qui fonctionnent sous vide. Le vide permet une pénétration plus profonde des vapeurs et il n'est pas exclu qu'il ait aussi des effets délétères sur la structure des moisissures, dans la mesure où il prive celle-ci de l'oxygène dont elles ont besoin pour se développer et où il peut même faire éclater les spores. Les chambres à vide sont toutefois extrêmement coûteuses

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à l'achat comme à l'installation. L'oxyde d'ethylene, qui est le produit le plus fréquemment employé dans les chambres à vide, exige une salle supplémentaire, pour aérer les ouvrages après traitement afin de débarrasser les matérieux organiques des toxines résiduelles. On utilise aussi dans ce type d'installation le fluorure de sulfuryle pour détruire les insectes. Ce produit est sans action fongicide et sa toxicité comme ses effets sur les matériaux organiques n'ont encore fait l'objet que de très peu de tests.

Les produits les plus souvent utilisés dans les chambres de fumigation ordinaires sont le thymol et 1'orthophénylphénol. Beaucoup d'institutions possèdent de petites armoires permettant de traiter un nombre restreint de pièces. Ces armoires de fumigation sont souvent bricolées à partir de vieux réfrigérateurs ou d'armoires métalliques conçues à de toutes autres fins. Ces installations improvisées sont particulièrement dangereuses pour le personnel qui les utilise régulièrement. Il est parfois conseillé dans les publications de pratiquer des fumigations dans des sacs en plastique. Or il faut savoir que les sacs de plastique couramment utilisés pour les ordures ménagères ne sont pas étanches au gaz et ne peuvent retenir convenablement les vapeurs de fumigation.

La fumigation de parties entières de bâtiments est le plus souvent confiée à des entreprises de désinfection spécialisées ; ce type de traitement ne doit en aucun cas être tenté par du personnel non qualifié et non autorisé. Si un tel traitement s'avère indispensable, il faut que les bibliothécaires sachent exacte­ment quel est le gaz utilisé et respectent scrupuleusement toutes les précautions recommandées concernant l'accès à la zone considérée et l'aération des locaux. Les matériaux organiques pouvant retenir les vapeurs toxiques, il convient de s'in­former des dangers menaçant le personnel et les utilisateurs auprès de l'entre­prise de désinfection.

LA TOXICITE DES PRODUITS UTILISES POUR LES FUMIGATIONS

Nous donnons ci-après des informations générales destinées à permettre aux bibliothécaires et archivistes de mieux évaluer les dangers relatifs des diffé­rents produits éventuellement utilisés dans leur institution.

L'oxyde d'ethylene

L'oxyde d'ethylene a été mis au point en 1859. Vers la fin des années 20, il était couramment utilisé pour la fumigation des céréales et son usage s'est large­ment répandu dans les musées, les bibliothèques et les archives dès les années 50. L'ouvrage de Ballard et Baer (8) contient une excellente étude de l'histoire, de l'emploi, de l'efficacité et des dangers de cette substance.

En 1984, la Occupational Safety and Health Administration (OSHA) a publié une nouvelle norme limitant le taux d'exposition à l'oxyde d'ethylene à 1 ppm. Sur la base d'observations recueillies sur les animaux et les humains, l'OSHA a établi que l'oxyde d'ethylene est un agent "cancérigène, mutagène et génotoxique, qui constitue un danger au niveau de la reproduction et du système neurologique et présente des risques de sensibilisation" (9). Un certain nombre de précautions s'imposent donc lorsque l'on utilise ce gaz : méthodes de limitation du taux d'exposition, équipements de protection pour le personnel, mesure du taux d'expo­sition, formation à l'utilisation du gaz (une licence est souvent exigée à cette fin), surveillance médicale, étiquetage, zones protégées, consignes à suivre en cas d'accident, tenue de registres et autres. Il est impossible aux êtres humains de détecter la présence d'oxyde d'ethylene sans l'aide d'instruents de mesure, à moins que celui-ci n'atteigne une concentration de 300 ppm, ce qui est très largement supérieur au seuil fixé par l'OSHA (10).

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L'oxyde d'ethylene est connu également sous toute une série d'autres noms, au nombre desquels : oxyde de diméthyle, Carboxide, Eposythane-1,2, Oxyfume, Pennagas et Oxlrane. Il est extrêmement inflammable et s'utilise habituellement en concen­tration de 10 % dans un gaz porteur.

Le bromure de méthvle

Le bromure de méthyle est utilisé le plus souvent en fumigation contre les insectes, en particulier les coléoptères, et occasionnellement contre les moisis­sures, bien qu'il ne soit pas particulièrement efficace dans ce dernier cas. C'est un gaz incolore, transparent et aisément liquéfiable. Son odeur forte, qui rappelle celle du chloroforme, permet de le détecter facilement. Il est extrême­ment toxique, qu'il soit ingéré, inhalé ou absorbé par la peau. Le seuil de tolé­rance fixé par l'OSHA est de 5 ppm. Le bromure de méthyle attaque le système nerveux central, les voies respiratoires, la peau et les yeux. L'empoisonnement par cette substance occasionne l'apparition, en général dans un délai de 30 minutes à six heures, de symptômes aigus qui peuvent prendre la forme de convulsions, suivies par le décès par asphyxie et/ou arrêt cardiaque. Les séquelles d'empoisonnement sont habituellement localisées sur le système nerveux central : douleurs musculaires, troubles visuels, sensoriels et de la parole ainsi que confusion mentale.

Le bromure de méthyle ne doit en aucun cas être utilisé pour la désinfection des matériaux à base de protéines, car il en détériore gravement la structure. Le cuir, par exemple, noircit à son contact noir et devient cassant.

Le bromure de méthyle se trouve également sour les marques Brom-0-Gas, Brozone, MeBr, Meth-0-Gas et Terr-0-Gas.

Le fluorure de sulfurvle

Sous les tropiques, le fluorure de sulfuryle sert le plus souvent à combattre les termites qui attaquent les ossatures et charpentes des bâtiments. Il a un très fort pouvoir de pénétration, même à la pression normale. Comme le bromure de méthyle, il est occasionnellement utilisé pour lutter contre les moisissures, bien qu'il ne soit pas réputé pour être efficace dans ce cas. C'est un gaz inodore, incolore et sans saveur, qui n'est en général vendu qu'aux entreprises de désin­fection agréées. La norme de l'OSHA est de 5 ppm. Le fluorure de sulfuryle n'a pas encore fait l'objet d'essais très poussés et l'on ignore s'il est cancérigène et facteur de stérilité. Il peut être absorbé par inhalation ou à travers la peau. Son absorption peut provoquer des symptômes aigus, au nombre desquels des nausées, des vomissements et des douleurs abdominales, et laisser, entre autres séquelles, une détérioration des os et des dents ; on a en outre observé des atteintes pulmonaires et rénales chez les animaux.

Le fluorure de sulfuryle se trouve le plus souvent sous la marque Vikane.

Le thymol

Le thymol se présente sous la forme de cristaux blancs qui ont une odeur et un goût aromatiques caractéristiques. Extrait de l'essence de thym, il peut être utilisé en mélange avec du camphre en cristaux. Son absorption par ingestion ou inhalation a des effets moyennement toxiques. Les études effectuées à ce jour ont montré que l'exposition aux vapeurs de thymol peut porter atteinte au système nerveux central et aux voies respiratoires, mais aucun seuil précis d'exposition n'a encore été établi.

Le thymol est parfois utilisé .sous sa forme gazeuse (que l'on obtient en chauffant des cristaux pour provoquer un dégagement de vapeurs) pour désinfecter par fumigation de petites quantités de pièces. Après le traitement, celles-ci doivent, pour pouvoir être manipulées sans danger, être aérées, de préférence sous une hotte. Cela supprime toute protection résiduelle contre les moisissures, mais

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aussi tout risque pour le personnel et les usagers. Les personnels ayant à mani­puler des pièces immédiatement après leur désinfection ou ayant à travailler dans le voisinage de la chambre de fumigation, doivent porter des masques agréés de protection contre produits chimiques organiques. Il convient en outre, pour retirer des pièces d'une chambre de fumigation, de porter des lunettes de protec­tion et des gants épais en matériau imperméable aux vapeurs.

L'orthophénylphénol

L'orthophénylphénol passe pour légèrement moins toxique que le thymol. D'après l'Index Merk, c'est un "irritant légèrement toxique" lorsqu'il est inhalé. Il est toutefois moyennement toxique lorsqu'il est ingéré. Sous sa forme cristal­line, il présente une couleur blanche ou crème et est soluble dans l'alcool. Plusieurs sources conseillent d'utiliser 1'orthophénylphénol de préférence au thymol, à chaque fois que ce dernier est recommandé. Relativement peu d'expé­riences ont été consacrées à la toxicité de ce produit et aucun seuil d'exposition n'a été fixé.

Au cours de leurs expériences sur 1'orthophénylphénol, Haines et Kohler ont établi que celui-ci n'était pas très efficace comme désinfectant. Pratiquée sur sept champignons différents, la fumigation à 1'orthophénylphénol n'a pas réussi à en stopper complètement le développement, même après 10 jours d'exposition continue dans des conditions contrôlées (11).

OUVRAGES CITES :

1. Haines, John H. et Kohler, Stuart A. "An Evaluation of Orthophenyl phenol as a fungicidal fumigant for Archives and Libraries", Journal of the American Institute for Conservation, vol. 25, n° 1, printemps 1986, p. 54.

2. Baines-Cope, A. "The Choice of biocides for Library and Archival Material", Biodeterioration of Materials, Walters et Hueck-Van der Plas, dir. publ., p. 392.

3. Van der Kerk, G.J.M. "The Chemical Approach to Diodeterioration Prevention : Retrospects and Prospects", Biodeterioration of Materials, Walters et Hueck-Van der Plas, dir. publ., p. 3-4.

4. Van der Kerk, p. 10.

5. Wessel, Carl J. "Paper", Deterioration of Materialsf Greathouse and Wessel, p. 375.

6. Baines-Cope, p. 383.

7. Barton, John P. et Wellheiser, Johanna G., dir. pub., An Ounce of Prevention. Ontario, Toronto Area Archives Group Education Foundation, 1985, p. 63.

8. Ballard, Mary W. et Baer, Norbert S. "Ethylene Oxide Fumigation : Results and Risk Assessment", Restauratorf vol. 7, 1986, p. 143-168.

9. OSHA, Federation Register. Occupational Exposure to Ethylene Oxide. Final Standard 29CFR Part 1910 (June 22. 1984)r Washington, D.C., Ministère du travail, 1984.

10. McGriffin, Robert F. "A Current Status Report on Fumigation in Museums and Historical Agencies", Technical Report 4. Nashville, Tenn., American Asso­ciation for State and Local History, 1985.

11. Haines and Kohler, p. 49-55.

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VI. TRAITEMENT

Le traitement le plus efficace, sauf dans les cas vraiment extrêmes, réside dans la modification de l'environnement et l'élimination des moisissures qui se sont développées sur l'article infecté. La plupart des attaques de moisissures peuvent, si l'on intervient rapidement, être stoppées sans qu'il faille utiliser de biocides. On ne devrait avoir recours à la fumigation que dans les cas tout à fait graves, par exemple lorsqu'à la suite d'un sinistre catastrophique, on a beaucoup tardé à entreprendre un traitement. Même dans ce cas, qui est l'hypothèse la plus défavorable, on peut se passer entièrement des désinfectants gazeux pour peu que l'on dispose d'installations permettant de recourir à des procédés comme la congélation.

Le choix du traitement adéquat nécessite une analyse préalable du problème et de la nature des pièces endommagées. La méthode à employer variera avec celle-ci ; quant à l'intensité du traitement, elle dépendra évidemment de l'ampleur de l'atteinte.

Nous allons passer en revue quantité de traitements ; beaucoup d'entre eux comportent une étape de passage à l'aspirateur. En effet, l'aspirateur est sans doute l'un des outils les plus précieux pour prévenir et stopper le développement des moisissures sous les climats tropicaux. L'utilisation d'aspirateurs pour éliminer les moisissures de la surface des pièces infectées est, selon l'auteur, préférable aux autres traitements actuellement possibles. L'aspiration ôte de l'article contaminé tous les éléments de la colonie (spores, conidiophores, mycélium) et les envoie bien proprement dans un sac à jeter. C'est un procédé dépourvu de toxicité qui, correctement utilisé, ne porte atteinte ni aux propriétés mécaniques ni à la composition chimique de l'article traité. On trouve partout des aspirateurs et leur utilisation est économique. Lors même qu'on manque d'électricité, on peut les faire fonctionner sur piles. Le principal inconvénient du passage à l'aspirateur c'est qu'il oblige à manipuler les livres un par un, ce qui exige beaucoup de main-d'oeuvre.

Le matériel nécessaire pour éliminer les moisissures selon les méthodes recommandées par l'auteur de la présente étude est tout à fait élémentaire ; il doit être facile de se le procurer dans la plupart des régions. Il comporte :

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Illustr. 5

Matériel et outils élémentaires pour le nettoyage des moisissures. (1) Aspi­rateur à main avec tuyau souple et suceur plat permettant d'ôter les moisis­sures de la couverture des livres. (2) Aspirateur miniature à utiliser pour éliminer les moisissures de la surface des papiers. (3) Poudre de gomme à dessin pour nettoyer la surface des papiers trop friables pour supporter un passage à l'aspirateur. (4) Pinceaux à poils doux pour ôter la poudre de gomme de la surface des papiers. (5) Pinceaux à aquarelle à pointe fine pour ôter les moisissures des pastels et autres surfaces fragiles. (6) Pince chirurgicale à extrémités fines, également utilisables pour éliminer les moisissures de la surface de matériaux délicats.

Le présent chapitre décrit la façon de traiter les attaques de moisissures selon qu'elles sont faibles, moyennes ou importantes et fournit des suggestions pour traiter aussi bien des catégories spécifiques d'objets - livres, papiers non reliés ou documents photographiques - que la totalité de la zone atteinte. Le lecteur aura intérêt à compléter ces informations en consultant les ouvrages cités en référence à propos des méthodes d'intervention en cas de sinistre de grande ampleur.

ATTAQUES DE FAIBLE ENVERGURE - TAUX D'HUMIDITE RELATIVE ELEVE DANS UN SECTEUR CIRCONSCRIT

Par attaque de faible envergure, nous entendons ici l'apparition de moisis­sures sur quelques centaines d'articles tout au plus. En pareil cas, les moisis­sures n'affectent que certains articles ou une zone déterminée du bâtiment, les pièces à traiter ne sont pas mouillées ; le développement des moisissures résulte de changements survenus dans l'environnement (il s'agit en général d'une augmenta­tion de l'humidité relative dans l'atmosphère ambiante).

Le traitement des objets infectés et la modification de l'environnement doivent être entrepris dès la détection des moisissures. Tout retard, fût-il de quelques jours, risque de transformer une atteinte mineure, portant sur quelques centaines d'articles seulement en attaque de moyenne envergure portant sur quelques milliers d'articles.

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Livres

Dans les invasions de faible envergure, les atteintes d'ouvrages reliés se limitent généralement aux couvertures. Le plus souvent, les moisissures attaquent d'abord le dos des livres, puis plus rarement les plats et les abords des remplis. Pour traiter les moisissures qui se développent à la surface de pages de livres, on procédera conformément aux recommandations formulées plus loin à propos des papiers non reliés.

Les moisissures sont à éliminer des couvertures de livres par aspiration, au moyen d'aspirateurs miniatures ou de petits aspirateurs portatifs (que l'on tient à la main) munis de tuyaux souples. Il est recommandé d'utiliser, en fait d'acces­soires, non pas la brosse à tentures qui est ronde et à manche court mais le suceur long et plat qui sert à nettoyer les fentes. La brosse est déconseillée car ses poils vont fixer les spores, les conidiophores et le mycélium, les empêchant ainsi d'être aspirés. Le suceur plat destiné au nettoyage des fentes éliminera plus sûrement les moisissures en concentrant l'effet d'attraction par le vide sur une surface relativement restreinte. Mieux vaut ne pas utiliser un aspirateur trop puissant. Une puissance de 750 à 1.000 watts est largement suffisante. Eviter les gros aspirateurs industriels et les aspirateurs liquides/poussière pour le traite­ment article par article.

D'une manière générale, il est recommandé de procéder aux différentes opéra­tions dans l'ordre suivant :

- examen des livres atteints et de la zone environnante afin de déterminer ceux qui sont atteints et la raison de l'atteinte ;

- mesures de la température et de l'humidité relative dans la zone même où s'est produit l'atteinte. Comparaison des chiffres obtenus avec les chiffres relevés auparavant dans cette même zone de façon à déceler tout changement. En l'absence de relevés antérieurs, effectuer des mesures dans des zones proches qui ont échappé aux moisissures. Dès que la nature des problèmes est déterminée, prendre des dispositions pour modifier l'environnement ;

- enlèvement des livres atteints des rayonnages en les manipulant le moins possible. En effet, en touchant les moisissures, le manipulateur va se mettre des spores sur les mains et, par pression, faire pénétrer le mycélium plus profondément à l'intérieur du livre. Les livres devraient être mis sur un chariot à livres, et placés verticalement comme ils l'étaient sur les étagères. Ils ne devraient être ni empilés ni portés à la main car, à procéder ainsi, on risque de disperser les spores et de rendre plus denses les colonies de moisissures ;

- traitement des livres infectés, de préférence dans un atelier pourvu d'un éclairage suffisant pour pouvoir examiner les livres de près. Dès qu'un livre est enlevé du chariot, en passer la surface à l'aspirateur pour éliminer les moisissures. Le livre entier est à nettoyer avec soin. Le mycélium peut être présent dans une zone où il n'est pas visible à l'oeil nu ;

- si le livre a un dos brisé, il convient d'examiner la partie postérieure du corps d'ouvrage de façon à déterminer si des moisissures se sont déve­loppées entre le dos et le corps d'ouvrage. Une lampe-stylo permettra d'examiner y compris le milieu de la cavité. Si l'on décèle un dévelop­pement de moisissures à l'intérieur du dos ou sur la colle, on nettoiera l'intérieur de la couverture et le dos du corps d'ouvrage à l'aide d'alcool ou d'un fongicide léger comme le Lysol (qui contient de 1'orthophényl-phénol. On appliquera le fongicide à l'aide d'un tampon de coton monté à l'extrémité d'une longue baguette (par exemple une de ces brochettes en bois ou en bambou utilisées pour les grillades au feu de bois). Ensuite, le livre devrait être immédiatement ouvert et posé verticalement afin qu'il

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puisse sécher complètement avant d'être refermé et replacé sur les étagères. L'application d'alcool ou de Lysol sur l'extérieur de la couver­ture du livre est déconseillée. Ces produits tachent, altèrent la couleur de la toile et abîment la dorure. Pour éliminer les moisissures qui se sont développées sur les parties extérieures des volumes, il est préférable d'utiliser l'aspirateur ;

- continuer à surveiller les conditions qui régnent dans la zone infectée à l'aide soit d'un psychromètre, soit d'un hygrothermographe enregistreur jusqu'à ce qu'il soit établi que le problème est réglé et que les condi­tions sont revenues à la normale. Eviter de replacer les objets traités sur les rayonnages tant que l'environnement n'est pas redevenu correct.

Articles non reliés (documents, cartesf oeuvres d'art sur papier)

Il peut y avoir des moisissures sur des feuilles de papier non reliées exposées à une forte humidité relative de l'air ambiant ou encore sur des articles conservés dans des espaces clos (tels qu'armoires ou sous-verre), à l'intérieur desquels s'est développé un micro-climat. Les pages d'ouvrages reliés risquent moins d'être attaquées par des moisissures sauf si elles ont été ou sont mouillées.

Etant donné qu'une feuille volante n'est pas suffisamment résistante pour subir sans dommages l'attraction exercée par un aspirateur moyennement puissant, il faut adapter les procédés décrits dans ce qui précède. Les aspirateurs miniature qui servent à nettoyer les appareils photographiques, électroniques et autres matériels délicats peuvent s'utiliser pour éliminer les moisissures de la surface des documents sans endommager le papier. A défaut d'aspirateur miniature, il reste la possibilité de fabriquer soi-même un aspirateur de laboratoire (Cf. Section VII. Matériel et fournitures).

Il est recommandé de procéder comme suit :

- évacuer les articles atteints pour les traiter en atelier. S'il s'agit de dossiers, les chemises contenant ces dossiers seront placées en position verticale à l'intérieur de boîtes ouvertes pour le déménagement ;

- appliquer les méthodes dé surveillance de l'environnement décrites dans ce qui précède ;

- sortir les objets encadrés de leur cadre et jeter passe-partout et cartons de fond. Toute indication figurant sur les passe-partout ou les fonds sera recopiée et conservée. Le verre sera nettoyé à fond à l'aide d'un produit à vitre ou d'une solution aqueuse d'ammoniaque à usage ménager. Quant au cadre, il sera soigneusement passé à l'aspirateur avant qu'il soit procédé au réencadrement ;

- nettoyer les oeuvres d'art sur papier, les documents et les cartes avec un aspirateur miniature ou de laboratoire. Le recto et le verso des articles de ce type doivent être nettoyés. Après passage à l'aspirateur, on net­toiera la surface de l'article avec de la gomme à dessin en poudre. Les résidus de gomme devront ensuite être éliminés par brossage de la surface puis aspirés avec l'appareil à main utilisé pour les nettoyages ordinaires ;

- éviter de passer à l'aspirateur la surface d'un article qui s'effrite. Renversant l'enchaînement des opérations décrit plus haut, on utilisera de la gomme à dessin pulvérisée pour la nettoyer. Pour cette opération de nettoyage, on procédera en partant du milieu de l'oeuvre et en progressant peu à peu vers les bords dans les quatre directions. Les résidus de poudre de gomme seront éliminés par brossage puis aspirés. On n'obtiendra pas avec cette technique un nettoyage aussi complet que si l'on utilisait un aspi­rateur, mais le procédé permettra au moins d'enlever la plupart des spores et l'essentiel du mycélium ;

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». •.••4W

Illustr. 6

Estampe du naturaliste John James Audubon entièrement en­vahie par les moisissures. Il arrive que des moisissures se développent à la surface d'oeuvres encadrées. On les éliminera à l'aide d'un aspi­rateur miniature ou de labora­toire si la surface du papier est solide et si les encres et pigments employés sont stables. Une intervention rapide réduit le risque de taches.

- ne passer en aucun cas à l'aspirateur les oeuvres d'art exécutées avec des pastels, des craies et autres pigments peu solides. Ce qu'il faut, c'est soulever les moisissures de façon à les détacher de la surface de l'oeuvre au moyen d'un pinceau fin à poils durs. Il est recommandé d'utiliser une loupe, frontale ou autre, pour s'assurer de l'élimination complète des moisissures et préserver les caractéristiques mécaniques de la surface. Les moisissures prélevées à l'aide d'un pinceau doivent être ôtées des poils du pinceau après chaque nettoyage d'une zone de l'objet ; on se servira, pour cela, d'un aspirateur à main ou d'un aspirateur miniature. Des pinces chirurgicales à extrémités très fines peuvent également s'utiliser pour prélever les moisissures de la surface d'objets délicats ;

Illustr. 7

Détail d'un portrait au pastel envahi de moisissures et par­tiellement nettoyé. Les moisis­sures sont sélectives et, dans le cas de l'oeuvre reproduite ici, elles ne se sont déve­loppées que sur le pigment noir qui a servi à représenter les cheveux, les sourcils et les yeux. L'élimination des moisis­sures s'est faite à l'aide d'un pinceau fin qui a permis de préserver les caractéristiques physiques de la surface de 1'image.

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- si les moisissures n'ont attaqué que les bords de documents faisant partie de dossiers conservés dans une armoire, les aspirer à l'aide du suceur plat décrit plus haut. Si au contraire elles ont envahi une surface étendue, il faut changer les chemises. Les renseignements figurant sur les chemises doivent être récopiés et conservés avec les documents traités. Les chemises à éliminer doivent être évacuées de la zone contaminée dans des sacs poubelles en plastique. Il faut opérer avec soin pour obtenir l'élimination complète des moisissures. Si l'on a le moindre doute sur l'étendue de l'infection par les moisissures, il faut nettoyer les feuilles une par une à l'aide de l'aspirateur miniature selon le procédé décrit plus loin ;

- si des moisissures se sont développées dans des tiroirs, des armoires ou tout autre espace clos, il faut faire baisser l'humidité relative avant de remettre les articles traités à leur place. Pour abaisser le taux d'humi­dité relative, on peut ouvrir les tiroirs et les armoires puis en sécher l'intérieur au moyen de ventilateurs. On peut aussi dans le même but placer des produits hygroscopiques sur des plateaux posés en bas des armoires. Dans ce cas, on surveillera les produits desséchants de façon à les reconditionner en temps utile. Si les attaques menacent de récidiver, il faudra peut-être maintenir les mesures prises pour créer des conditions d'environnement plus propices. Les produits hygroscopiques offrent le moyen le plus efficace de maintenir, une fois qu'on l'a obtenu, un taux acceptable d'humidité relative dans les armoires et les tiroirs.

Photographies, négatifs et microfilms

Il est fort difficile de nettoyer des documents photographiques sans abîmer l'image, en raison de la fragilité de 1'emulsion. Il est par conséquent d'autant plus important de s'efforcer d'empêcher qu'ils se couvrent de moisissures. Dans la plupart des cas, le développement des moisissures sur les pellicules et papiers photographiques résulte d'un microclimat, et ce sont donc les conditions d'am­biance qu'il faut améliorer, selon les méthodes précédemment décrites. Si l'on doit traiter des articles individuels, on distinguera les documents contemporains des anciens. On évitera d'appliquer aux archives anciennes les préparations spéciales vendues dans le commerce pour le nettoyage ou la prévention des moisissures.

- L'application de mesures de contrôle et de modification des paramètres d'environnement doit être immédiate.

- Les boîtes ou pochettes de rangement attaquées par les moisissures seront nettoyées à fond à l'aspirateur ou remplacées si l'infection est trop étendue.

- Il faut nettoyer en premier la face du support - papier, matière plastique ou verre - qui ne porte pas 1'emulsion. Le papier des tirages photogra­phiques est à nettoyer à l'aspirateur en se conformant aux instructions données pour les oeuvres d'art sur papier. Les pellicules modernes en matière plastique, y compris les microfilms, se nettoient à l'alcool à l'aide d'un tampon de coton ou d'un produit spécial de nettoyage que l'on trouve dans le commerce en se conformant aux instructions du fabricant. Les négatifs sur plaque de verre se nettoient soit à l'alcool soit avec une solution ammoniacale en prenant soin de ne pas en répandre sur la face porteuse de 1'emulsion.

- Pour nettoyer 1'emulsion sur un négatif, il faut de préférence s'installer sur une table lumineuse. On soulève les moisissures à l'aide du pinceau à pointe fine décrit plus haut, comme on l'a fait pour les pastels et les dessins à la craie. Si le nettoyage comporte le moindre risque d'aggraver les dégâts subis par 1'emulsion, mieux vaut laisser la moisissure qui s'est développée en surface et se contenter d'en stopper la prolifération en asséchant à l'aide de ventialteurs l'air ambiant et la surface du document.

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- S'agisant de photographies récentes, la face porteuse de 1'emulsion peut être nettoyée à l'aide de produits spéciaux vendus pour le nettoyage des pellicules. Pour les photographies anciennes, on se conformera aux instruc­tions concernant le nettoyage des oeuvres d'art sur papier. Eviter à tout prix d'appliquer des solutions aqueuses sur les emulsions des photographies endommagées. Pour peu que le champignon ait amolli 1'emulsion, l'eau déta­chera celle-ci de son support.

Traitement général de la zone contaminée

En cas d'invasion mineure, il suffit généralement d'améliorer la circulation de l'air pour faire abaisser le taux de l'humidité relative et la température dans la zone directement touchée. Ce résultat peut s'obtenir en utilisant des venti­lateurs soit seuls soit associés à des déshumidificateurs. En cas d'attaques réci­divantes, il est possible qu'il faille réaménager la zone de façon à y améliorer la circulation de l'air. La nature exacte des mesures à prendre pour résoudre un problème de microclimat est fonction de la situation au moment de l'apparition des moisissures, situation qu'il convient d'analyser.

ATTAQUES DE GRAVITE MOYENNE - PERIODES PROLONGEES DE FORTE HUMIDITE OU INONDATIONS MINEURES

Par attaque de gravité moyenne, nous entendons ici une attaque qui touche quelques centaines d'articles mouillés ou quelques milliers d'articles secs mais moisis, à travers tout le bâtiment. Les deux méthodes recommandées ici dépendent des circonstances.

Articles secs porteurs de moisissures

Pour traiter les moisissures qui résultent de périodes prolongées d'humidité élevée et affectent des parties importantes des collections de la bibliothèque touchée, la formule la plus commode est celle qui consiste à faire baisser la température et l'humidité relative en améliorant la circulation de l'air. Les livres infectés doivent être passés à l'aspirateur sur place si leur nombre interdit de songer à les évacuer pour les traiter ailleurs. Les armoires et les tiroirs doivent être ouverts et leur contenu passé à l'aspirateur. Ils doivent rester ouverts jusqu'à ce que le taux d'humidité relative soit retombé à un niveau acceptable et que les choses soient rentrées dans l'ordre. Il faut surveiller les conditions qui régnent dans toutes les parties de la bibliothèque où des dégâts ont été constatés. Tout article dont on estime qu'il mérite un traitement particulier recevra les soins décrits ci-dessus au chapitre consacré aux attaques mineures.

Documents mouillés

Les méthodes à suivre pour le sauvetage en masse de documents mouillés ont été décrites dans le détail dans de nombreuses publications. Deux ouvrages sont spécialement recommandés : Procedures for Salvage of Water-Damaged Materials (1) et An Ounce of Prevention (2). Il y a intérêt à suivre les conseils qu'ils donnent pour la manipulation et le traitement des articles mouillés. Les recommandations qui suivent ont trait aux moyens d'éviter le développement de moisissures durant la phase de traitement et de séchage des articles mouillés au cours d'une inon­dation circonscrite.

Une telle inondation peut être consécutive à l'éclatement d'une conduite d'eau, à des fuites à travers les plafonds, les murs ou les fenêtres, l'engorge­ment de tuyaux d'évacuation ou à une inondation dans les sous-sols du bâtiment. Si l'eau en question provient d'une rivière ou d'un tuyau d'évacuation, il y a lieu de prendre des précautions pour protéger les personnels chargés des opérations de sauvetage contre les risques d'infection et de maladie.

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Livres

Les recommandations qui suivent sont des conseils d'ordre général.

- La toute première mesure à prendre est d'évacuer dans les meilleurs délais les articles mouillés de la zone inondée. Cela fait, on asséchera les locaux ; y laisser des eaux résiduelles contribuerait à maintenir un taux élevé d'humidité relative dans l'ensemble de la zone qui pourrait faire moisir des pièces jusqu'alors indemnes. Pour éliminer l'eau, on se servira selon le cas de pompes d'aspirateurs liquides/poussière, de serpillières et de seaux. Des ventilateurs aideront à abaisser le taux d'humidité relative et à assurer une bonne circulation d'air.

- Les livres mouillés seront déménagés dans un vaste local sec où l'on puisse faire fonctionner des ventilateurs 24 heures sur 24 afin d'accélérer le séchage et de réduire le risque d'apparition des moisissures.

- Les livres à sécher seront disposés sur des tables. On évitera de les placer à même le sol car c'est à ce niveau que l'air circule le moins. Si de plus les opérations de séchage durent plusieurs jours, c'est à même le plancher que les objets risquent le plus d'être attaqués par les insectes, sans compter que les personnels seront moins à l'aise pour manipuler les articles et circuler.

- La surveillance des ouvrages endommagés doit être permanente durant toute la phase de séchage. On tournera les pages et on remplacera fréquemment les buvards placés entre les pages afin d'obtenir un séchage relativement uniforme. Après utilisation, on suspendra les buvards pour les faire sécher, si l'on compte les réemployer. Dans le cas contraire, on les enfermera, pour les jeter, dans des sacs de plastique qu'on sortira aussitôt du local de travail.

- Dès qu'un livre est parfaitement sec, ce dont on s'assurera avec le plus grand soin, on 1'évacuera de l'atelier de traitement vers un local de stockage.

- Si des moisissures se sont développées, il faut attendre, pour passer les livres à l'aspirateur, qu'ils soient relativement secs. On s'abstiendra de passer à l'aspirateur des articles très humides.

- Si les ouvrages à manipuler sont très nombreux et le personnel trop réduit proportionnellement ou si l'on ne peut pas, pour une raison ou une autre, entreprendre immédiatement de faire sécher certains ouvrages, une solution est de les congeler.

Papiers non reliés

- Les articles mouillés doivent être transportés dans les locaux de séchage le plus tôt possible. On séparera les lieux de séchage des papiers non reliés de ceux prévus pour les ouvrages reliés. L'espace sera mieux utilisé et le séchage accéléré.

- Les passe-partout seront enlevés s'il est possible de procéder à cette opération sans endommager la pièce à traiter (3) et jetés. Les informations utiles qui y figureraient seront recopiées et conservées avec l'article. Si le document à traiter est monté bord à bord sur le carton de fond on s'interdira de l'ôter de ce support, à moins d'avoir la certitude que la colle employée pour le montage est soluble à l'eau et que le document est déjà partiellement détaché. En ce cas, le support doit être ôté couche par couche. Ne tenter en aucun cas de soulever le document pour le détacher de son support. Tout article laissé en place sur son carton de fond durant le séchage doit être surveillé de très près, étant donné qu'il va mettre plus de temps à sécher et que la colle peut aggraver le risque de moisissure.

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- Les papiers non reliés doivent être mis à sécher sur des tables et retournés fréquemment dès qu'ils sont suffisamment secs pour être manipulés sans risque. Si l'on manque d'espace, il y a la solution de construire des claies en fibre de verre sur armature en bois et de les empiler, sous réserve de laisser entre elles suffisamment d'espace pour que l'air puisse circuler.

- Les rouleaux doivent être déroulés avec précaution après le transport dans la zone de séchage. Lorsque plusieurs pièces ont été roulées en un seul et même rouleau, il faut les séparer avec précaution pour les faire sécher.

- L'emplacement et la position des ventilateurs sont à choisir de façon judicieuse. Il faut, en effet, ménager une bonne circulation de l'air sans pour autant l'envoyer directement sur les articles mis à sécher. Des papiers partiellement secs peuvent être soulevés et déchirés par le courant d'air produit par un ventilateur mal placé. L'air doit circuler en perma­nence à la fois au-dessus et au-dessous des articles, sans jamais les frapper directement.

- Les papiers rangés dans des chemises peuvent être séchés directement dans celles-ci dans le cas où seuls les bords supérieurs de la chemise sont humides. Si c'est la chemise tout entière ou le bas de celle-ci qui est humide, il faut l'ouvrir et étaler les pièces qu'elle contient pour les faire sécher.

- Les documents doivent être retirés de l'atelier de séchage dès qu'ils sont entièrement secs. Si l'on constate qu'il reste des traces de boue ou qu'apparaissent des signes indiquant un développement de moisissures, il faut nettoyer les documents avec l'aspirateur miniature et de la poudre de gomme à dessin, selon le procédé décrit dans ce qui précède.

La congélation ne s'impose généralement pas dans le cas de papiers non reliés trempés lors d'une inondation. Comme ils sèchent assez vite, on peut s'en occuper immédiatement et réserver la congélation pour ceux dont le séchage va demander des jours, voire des semaines. On pourra par la suite, à mesure que des locaux et du personnel se libéreront, faire sécher les documents congelés par petits lots.

Photographiesf négatifs et microfims

L'emulsion à base de gélatine des documents photographiques est particulière­ment sensible à l'eau. Sur les épreuves et les négatifs en noir et blanc, elle peut supporter environ trois jours d'immersion avant de commencer à se détacher de son support. Dans le cas des épreuves et des négatifs couleur, 1'emulsion commence à se détacher au bout de 48 heures seulement (4). A l'instar des papiers non reliés, ces pièces sont à traiter en priorité ; il faut en particulier se hâter de les évacuer des secteurs inondés.

- Les documents photographiques mouillés doivent être retirés des boîtes ou pochettes de rangement le plus vite possible. Celles-ci doivent être séchées à part ou jetées une fois que l'on a recopié les renseignements pertinents qui sont inscrits dessus.

- La boue ou les débris qui se sont déposés sur les documents photographiques sont à éliminer par rinçage à l'eau claire avant séchage. Il ne faut en aucun cas tenter d'essuyer ou de brosser les résidus déposés sur des emulsions humides.

- Les microfilms doivent être déroulés et ôtés de leurs bobines puis fixés sur une corde par l'amorce à l'aide d'une pince pour sécher. On procédera de même pour les films négatifs souples.

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- Les tirages comme les négatifs sur plaque de verre doivent sécher à l'air après avoir été posés à plat, la face porteuse de 1'emulsion sur le dessus. S'abstenir de les poser à l'envers ou de les retourner tant que 1'emulsion n'est pas entièrement sèche.

Traitement général de la zone touchée

En cas d'inondation circonscrite, il suffit souvent de pomper et d'éponger l'eau résiduelle et de faire fonctionner des ventilateurs pour que tout rentre dans l'ordre. On contrôlera avec soin tous les paramètres et l'on veillera à ne pas remettre en place les articles entreposés dans la zone avant que le taux d'HR soit revenu à un niveau acceptable. Les documents feront l'objet de vérifications fréquentes au cours des semaines qui suivront leur réinstallation dans la zone inondée de façon à détecter le moindre signe de développement de moisissures qui pourraient apparaître sur des pièces incomplètement sèches.

Rayonnages et armoires peuvent être passés à l'alcool ou au Lysol si l'on trouve des indices de moisissure sur leurs surfaces. La stérilisation de la zone s'impose uniquement si l'on soupçonne l'eau d'avoir été contaminée par des eaux usées. En ce cas, elle doit être confiée à une entreprise de désinfection spécia­lisée ; le personnel et les lecteurs ne seront pas autorisés à pénétrer à nouveau dans la zone inondée tant que celle-ci n'aura pas été aérée à fond.

ATTAQUES MAJEURES - INONDATIONS DE GRANDE AMPLEUR ET EXPOSITIONS PROLONGEES

Les attaques importantes de moisissures sont généralement consécutives, même dans les régions tropicales, à une catastrophe naturelle, tremblement de terre, cyclone ou autre. En ce cas, le bâtiment est souvent endommagé et isolé, privé notamment d'eau et d'électricité. Cette situation peut retarder de plusieurs jours voire de plusieurs semaines la mise en route des opérations de sauvetage. Un plan d'intervention bien compris offrira aux bâtiments et collections qui ont été endommagés les meilleures chances de sauvetage. Il est impératif de prendre contact avec les personnes et les sociétés qui peuvent fournir les matériels et services nécessaires avant qu'une catastrophe se produise ; sinon, il est prati­quement inutile d'espérer les obtenir le moment venu. Il faut noter les numéros de téléphone ou les adresses où l'on peut joindre ces personnes et ces entreprises, y compris de nuit ou durant le week-end, car les malheurs se produisent rarement aux heures de bureau. Rien ne peut remplacer un plan bien conçu d'intervention en cas de sinistre.

Priorités et préparation

Il faut décider à l'avance quelles parties des collections doivent être sauvées en priorité. Il est conseillé de sacrifier les pièces remplaçables afin de pouvoir s'occuper de celles qui sont irremplaçables. Sont généralement considérés comme prioritaires les manuscrits inédits, les articles ayant une valeur historique ou marchande appréciable et les documents présentant un intérêt particulier pour la localité ou la région. Les périodiques récents, les ouvrages détenus par nombre d'autres établissements et les collections d'intérêt marginal par rapport à la mission de l'institution peuvent être considérés comme soit remplaçables soit non indispensables. L'expérience a montré que les décisions de ce type ne sauraient être prises au moment du sinistre, lorsque personnel et direction sont catastrophés. Un plan d'intervention en cas de sinistre exposant de façon détaillée le degré de priorité assigné aux différentes parties des collections permet de sauvegarder les ouvrages ou articles les plus importants, y compris dans les pires circonstances.

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Un tel plan doit indiquer :

- les parties des collections qui sont à sauver et à traiter en priorité et l'ordre dans lequel il faut les évacuer de la zone sinistrée ;

- la méthode de remise en état adaptée à chaque cas, séchage à l'air, congé­lation, lyophilisation ;

- la personne à qui incombe la supervision des opérations de sauvetage pour chaque partie des collections.

L'ensemble du personnel devrait être exercé et entraîné à surveiller les volontaires qui viendront prêter main forte au moment des opérations de sauve­tage ; il faut également déterminer à l'avance les voies hiérarchiques et les canaux de communication. Dans toute la mesure du possible, la bibliothèque devrait détenir le matériel et les fournitures nécessaires, notamment un ou plusieurs générateurs, des ventilateurs, des casiers à légumes en plastique et des plateaux pour emporter les objets mouillés ainsi qu'une réserve de claies en matière plastique dure et fibre de verre et de papier absorbant comme des serviettes en papier ou du papier journal non imprimé.

Doivent également figurer sur le plan d'intervention en cas de sinistre les adresses où se procurer des fournitures et des appareils supplémentaires ; un certain nombre de cadres de l'établissement devraient posséder ces informations. Des exemplaires du plan devraient être conservés en plusieurs endroits, à l'extérieur de l'établissement.

Chaque fois que possible, les opérations de premier secours - séchage à l'air et traitement préliminaire - devraient être appliquées sur place. Difficile à mettre en oeuvre, le transport en masse d'objets humides augmente le risque de dégâts matériels et réduit le nombre de personnes disponibles sur place pour faire face aux imprévus. Si le bâtiment a subi des dégâts considérables et qu'il n'y a plus d'endroit couvert relativement sec, alors et alors seulement, on envisagera un déménagement dans d'autres locaux. Il est utile d'avoir un plan de rechange indiquant les modalités d'accès à un autre local, tout en sachant qu'on n'y aura recours qu'en cas d'absolue nécessité.

Dès qu'il est possible d'accéder à l'édifice abritant la bibliothèque, il faut procéder à l'évacuation des objets en respectant l'ordre de priorité préalablement fixé. On suivra pour l'évacuation des objets vers la zone de séchage à l'air ou les installations frigorifiques les conseils fournis dans les ouvrages qui traitent de la question. Nous nous contenterons dans ce qui suit d'indiquer les mesures à prendre pour empêcher le développement de moisissures sur les ouvrages ou documents en instance d'évacuation pour traitement.

Prévention des moisissures in situ

- Les ouvrages de ce secteur de la bibliothèque qui n'ont pas été atteints par l'inondation doivent être évacués dans la mesure du possible. On les empilera, sans trop les tasser, dans des casiers à légumes en plastique qu'on stockera dans un local sec et bien ventilé. Il ne faut en aucun cas les placer dans des conteneurs fermés car ils ont nécessairement absorbé une partie de la vapeur d'eau contenue dans l'air et risquent alors de moisir.

- L'eau doit être évacuée de tout le bâtiment et ce dans les meilleurs délais.

- Des ventilateurs seront mis en service dès que les lieux seront suffisamment secs pour qu'il n'y ait plus de risque électrique ; ils devront fonctionner en permanence durant toute la durée des opérations de sauvetage. Si l'on dispose de déshumidificateurs, il est bon d'ajouter leur action à celle des ventilateurs.

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- Si des documents intacts doivent demeurer sur leurs rayonnages habituels, il faut, dès que les ventilateurs sont en service, les espacer les uns des autres de manière à faciliter la circulation de l'air et à accélérer 1'eva­poration de l'humidité qu'ils ont nécessairement absorbée.

- Les tapis, rideaux et tentures, qui retiennent l'eau et contribuent à main­tenir un taux élevé d'humidité relative, sont à évacuer.

- Si le bâtiment est conçu pour se ventiler naturellement, on ouvrira les fenêtres dès que faire se peut pour intensifier la circulation de l'air à travers tout le bâtiment.

- Le bâtiment et les objets feront l'objet d'inspections fréquentes destinées à déceler le moindre signe de développement de moisissures. Si l'on découvre des moisissures, on mettra tout en oeuvre pour améliorer la circu­lation de l'air dans la zone contaminée et faire baisser la température ainsi que le taux d'humidité relative.

La nébulisation de produits désinfectants n'est à envisager qu'en dernier ressort. Rien ne garantit qu'elle prévienne le développement de moisissures dans les livres et documents ; de plus le recours à la seule nébulisation peut donner un sentiment trompeur de sécurité. D'ailleurs ce procédé peut se révéler ultérieu­rement dangereux pour le personnel appelé à manipuler les objets traités durant les phases postérieures de remise en état.

Congélation

En cas de sinistre majeur, le séchage à l'air peut n'être pas réalisable pour toutes les pièces atteintes, faute de temps, d'espace et de personnel. La congéla­tion fournit la meilleure protection pour les articles mouillés qui ne peuvent pas être mis à sécher dans des délais raisonnables. Les livres et papiers peuvent rester congelés pendant des mois, si cela est nécessaire, en attendant que des décisions soient prises au sujet des modalités de séchage et de traitement. S'ils ont été emballés un à un, le rythme de décongélation et de séchage à l'air sera fonction des disponibilités en personnel et en locaux. Des conteneurs réfrigérés comme en utilisent les transporteurs internationaux peuvent être amenés sur place et alimentés par des générateurs extérieurs aussi longtemps que cela sera néces­saire. L'utilisation d'entrepôts frigorifiques locaux est également une possibi­lité, à condition toutefois que les règlements sanitaires n'interdisent pas d'utiliser à cet effet des locaux ordinairement affectés au stockage de produits alimentaires.

Séchage

On ne dispose actuellement que de trois méthodes ayant fait leurs preuves pour sécher de grandes quantités de documents mouillés : le séchage à l'afr, la lyophilisation et le séchage par le vide. Chacune présente des avantages et des inconvénients ; d'ordinaire, il faut associer les trois méthodes pour régler le grave problème des suites d'un sinistre important. Des expériences de séchage par micro-ondes ou par d'autres méthodes non traditionnelles ont abouti à des résultats qui sont tout sauf satisfaisants, des dégâts supplémentaires ayant souvent été infligés aux livres et papiers traités.

Le séchage à l'air est manifestement efficace, à condition que l'on dispose d'un espace suffisant, d'un environnement adéquat et du personnel nécessaire, mais c'est un procédé relativement lent et qui demande beaucoup de main-d'oeuvre. Les ouvrages humides doivent faire l'objet d'une surveillance et de soins constants si l'on veut qu'ils sèchent complètement et dans les meilleurs délais. L'humidité relative de l'air ambiant doit être inférieure à celle des pièces traitées et la circulation de l'air suffisante pour permettre un séchage efficace. Lorsque le séchage à l'air est possible, il est recommandé de l'appliquer aux pièces à traiter en toute première priorité. Il n'est généralement pas possible de sécher à

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l'air la totalité des articles touchés par un sinistre majeur de sorte qu'il faut parfois congeler l'essentiel des documents mouillés en attendant de pouvoir s'occuper d'eux.

La lyophilisation est une méthode coûteuse qui requiert un matériel spécial. Toutefois, elle présente l'avantage d'éliminer l'eau des objets qui avaient été préalablement congelés sans qu'il faille les décongeler, atténuant ainsi les déformations et le risque de développement de moisissures. Par sublimation, l'eau passe directement de l'état solide à l'état gazeux et est évaporée par la vide. Cette méthode est la plus efficace pour sécher de grandes quantités de livres et papiers mouillés. Lorsque des bibliothécaires ou des archivistes établissent leurs plans d'intervention en cas de sinistre, ils ont intérêt à vérifier l'existence à proximité d'installations utilisables pour la lyophilisation et à s'entendre, si faire se peut, avec la société ou l'organisme compétent pour pouvoir les utiliser en cas de besoin. Comme les installations de lyophilisation dépendent généralement d'une usine de transformation de denrées alimentaires, il se peut qu'il faille demander une autorisation spéciale au Ministère de la santé pour pouvoir les utiliser.

Le séchage sous vide élimine l'eau à l'état liquide et décongèle partielle­ment les objets préalablement congelés. Le procédé consiste à envoyer par pompage de l'air sec et chaud dans une chambre à vide, le vide faisant évaporer l'eau. Ce procédé, considérablement plus lent que la lyophilisation, comporte en outre quelque risque de développement de moisissures sans compter qu'il expose à d'autres dégâts les matérieux solubles dans l'eau. Le séchage sous vide provoque également des déformations beaucoup plus sérieuses que la lyophilisation.

OUVRAGES CITES EN REFERENCE :

1. Peter Water. Procedures for the Salvage of Water-Damaged Library Materials. 2e édition. Washington, Library of Congress, 1979.

2. John P. Barton and Johanna G. Wellheiser, eds. An Ounce of Prevention. Ontario, Toronto Area Archivists Group Education Foundation, 1985.

3. Marilyn Kemp Weidner. Instructions on Hov to Unframe Wet Prints. Cooperstown, N.Y., New York State Historial Association Library, 1973.

4. Barton and Wellheiser, p. 69.

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VII. MATERIEL ET FOURNITURES

La liste de matériel et de fournitures qui suit est bien entendu indicative. Une bonne partie du matériel énuméré sert pour l'entretien courant des collections tout en étant utile en cas de crise. Il s'agit donc d'articles à acheter et à avoir en permanence à portée de la main dans l'établissement. Les autres articles ne serviront qu'exceptionnellement et peuvent être simplement loués. Les institutions ont intérêt à ajouter à leur plan d'intervention en cas de sinistre une liste de fournisseurs locaux de matériel et de fournitures. L'annuaire des abonnés au téléphone par professions est une excellente source d'information à cet effet.

MATERIEL DE MESURE

Les appareils de mesure de la température et de l'humidité relative font partie du matériel que toute bibliothèque doit normalement posséder. Le nombre et le type des appareils nécessaires dépendent des dimensions et des besoins spéci­fiques de chaque établissement. S'il n'est possible d'acheter qu'un nombre limité d'instruments de mesure, il faut choisir des modèles portatifs et établir un calendrier des opérations régulières de contrôle à effectuer dans chaque secteur de l'édifice. Un psychromètre est nécessaire pour étalonner les autres instruments et doit dans tous les cas faire partie du matériel considéré comme indispensable.

Psychromètres

Les psychromètres mesurent la température et l'humidité relative à l'aide d'un système alliant un thermomètre mouillé et un thermomètre sec. Ce dernier indique la température ambiante, tandis que le taux d'humidité relative est donné par la différence entre les mesures enregistrées par le thermomètre mouillé et le thermomètre sec. Il en existe des modèles manuels et motorisés.

Hygromètres

Les hygromètres ne mesurent que l'humidité relative. Ils n'enregistrent pas les mesures, qui doivent donc être relevées régulièrement par le personnel. Ils existent en modèles muraux et en modèles portatifs.

Hygrothermographes

Les hygrothermographes mesurent la température et l'humidité relative, mais n'enregistrent pas les mesures qui doivent donc être régulièrement notées par le personnel. Ils existent également en modèles muraux et en modèles portatifs.

Hygrothermographes enregistreurs

L'hygrothermographe enregistreur mesure la température et l'humidité relative et les enregistre sur une feuille de papier millimétré amovible. La durée d'enre­gistrement peut être de 24 heures, de sept jours ou d'un mois. L'hygrothermographe enregistreur existe en modèles muraux et en modèles portatifs.

Voir, dans l'annuaire par professions, les rubriques :

Laboratoires (appareils, matériel et fournitures pour)

Mesure, contrôle et régulation (appareils de)

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PREVENTION

La plupart des matériels nécessaires pour lutter préventivement contre les moisissures sont en principe faciles à se procurer chez différents fournisseurs.

Ventilateurs

On peut avoir besoin de plusieurs modèles différents de ventilateurs pour réussir à changer les conditions ambiantes et entretenir une circulation d'air et une ventilation adéquates. Les appareils fixes montés dans les murs, les plafonds et les fenêtres doivent être complétés par des ventilateurs portatifs que l'on peut transporter dans les zones à problèmes de l'édifice au gré des besoins. Il faut également des ventilateurs pour les cas d'urgence, à la fois pour faire circuler l'air dans les zones de séchage et de traitement et pour accélérer cette circulation dans les zones inondées, pendant les opérations d'évacuation des ouvrages endommagés par l'eau. En pays tropical, il n'y a jamais trop de venti­lateurs dans une bibliothèque.

Voir, dans l'annuaire par professions, les rubriques :

Ventilateurs

Aération et ventilation

Aspirateurs

Pour le nettoyage et l'entretien courant des collections, il est recommandé d'utiliser des petits aspirateurs à main munis d'un tuyau souple et d'un certain nombre d'accessoires. Pour le nettoyage général, on peut se servir de la brosse, tandis que pour enlever les moisissures, il est recommandé d'employer le suceur plat. Les appareils utilisés pour nettoyer les ouvrages de bibliothèques doivent avoir une puissance de 750 à 1.000 W tout au plus.

Déshumidificateurs

Les déshumidificateurs peuvent être soit fixes soit portatifs. Les instal­lations fixes sont en général plus performantes et d'un bon rapport qualité-prix mais leur coût initial est plus élevé. Les appareils portatifs sont utiles pour remédier à des problèmes localisés et dans les situations exceptionnelles. Le choix du modèle dépendra du climat prévalant dans l'édifice ; on aura donc intérêt à en déterminer les caractéristiques avant l'achat au moyen d'une série de contrôles.

Voir, dans l'annuaire par professions, les rubriques :

Déshydratation

Climatisation

Produits hygroscopiaues

Les substances hygroscopiques sont utiles sous les climats tropicaux humides pour entretenir un microclimat à l'intérieur des boîtes et des armoires. Il en existe différents types à pouvoir d'absorption variable, que l'on trouve chez les fournisseurs de matériel scientifique et de produits chimiques. Le gel de silice est d'un usage très répandu aux Etats-Unis d'Amérique et en Europe. En Asie, il est plus facile de se procurer des pastilles Nikka. Les produits hygroscopiques ne doivent pas être placés en contact direct avec les ouvrages ou les documents. Il convient de les disposer dans des coupelles ou dans des sacs de toile fine.

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Voir, dans l'annuaire par professions, les rubriques :

Déshydratation

Produits chimiques

Climatiseurs

Il est bon de maintenir les collections à une température plus basse que la température normale du lieu car cela prolonge la vie du papier et autres matériaux entrant dans la fabrication des livres ; mais il peut en résulter des problèmes dans les zones où l'humidité relative est élevée. Avant d'installer des clima­tiseurs, il faut effectuer des contrôles systématiques des conditions ambiantes pour s'assurer que le taux d'humidité relative ne risque pas d'atteindre des niveaux par trop élevés. On consultera les spécialistes régionaux de génie climatique pour déterminer quels sont, parmi les matériels disponibles, ceux qui donneront les meilleurs résultats en ce qui concerne à la fois la température et l'humidité relative.

Voir, dans l'annuaire par professions, les rubriques :

Climatisation (étudesf installations)

Aération et ventilation

Qualité de l'air

L'élimination par filtrage des particulers en suspension dans l'air peut rendre le problème des moisissures moins aigu, mais non le faire disparaître. Il convient de consulter les spécialistes locaux de la ventilation, afin d'obtenir le filtrage le plus efficace possible sans pour autant entraver la circulation de l'air.

Si la désinfection par fumigation est pratiquée sur place, il faut des instruments capables de donner une mesure précise des quantités de vapeurs toxiques restant dans l'atmosphère ou dans les documents après l'opération.

Voir, dans l'annuaire par professions, les rubriques :

Dépoussiérage (matériel et installations')

Fûtes à air

TRAITEMENT

Toute institution située sous les tropiques doit acheter et entretenir en état de marche le matériel nécessaire pour éliminer les moisissures. Elle doit compter dans son personnel au moins une personne, formée, qui se charge de toutes les opérations de traitement ainsi que de la supervision des interventions des autres membres du personnel en cas d'attaques de gravité moyenne ou majeure.

Aspirateurs

Il convient d'employer des aspirateurs à main de faible puissance pour enlever les moisissures de la couverture des livres. Comme accessoire, on utilisera le suceur plat de préférence à la brosse. Les modèles choisis doivent être équipés de sacs à poussière en papier jetables, et non d'un sac en tissu à vider. Voir plus haut, sous le titre Prévention.

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Aspirateurs miniatures

Les aspirateurs miniatures servent à ôter les moisissures de la surface du papier. Ils sont utiles surtout lorsque les moisissures sont peu fréquentes. La plupart des modèles fonctionnent aussi bien sur le secteur que sur piles. Ils se trouvent chez les fournisseurs de matériel photographique et électronique.

Aspirateurs de laboratoire

Comme les aspirateurs miniatures, ces appareils sont utilisés pour enlever les colonies de moisissures de la surface des livres et des papiers. Plus effi­caces qu'eux, ils représentent un investissement intéressant dans les institu­tions où le problème des moisissures n'est jamais définitivement réglé.

Il est relativement facile de construire un aspirateur de laboratoire. Il faut pour cela :

1. une petite pompe à vide avec un régulateur ;

2. trois pieds (environ 90 cm) de tuyau plastique transparent de diamètre intérieur suffisant pour s'adapter à embout d'admission de la pompe à vide ;

3. deux tubes de verre de 1/4 de pouce (0,635 mm) de diamètre intérieur et d'environ 8 et 4 pouces de long (20 et 10 cm) respectivement ;

4. un erlenmeyer de 1.000 ml ;

5. un bouchon en caoutchouc de diamètre correspondant à celui du col de 1'erlenmeyer, percé de deux trous ;

6. 5 pieds, soit environ 150 cm, de tuyau transparent du diamètre voulu pour s'adapter aux tubes de verre.

7. un compte-gouttes dépouillé de son capuchon de caoutchouc.

Il est préférable d'utiliser des tuyaux de plastique transparent, car on peut ainsi surveiller l'éventuelle apparition de spores sur leur paroi intérieure et les changer, si nécessaire. A défaut de tuyau transparent, on utilisera du tuyau de caoutchouc ou de plastique opaque. Si les tubes de verre et l'embout d'admis­sion de l'air sont de diamètre différent, on pourra toujours résoudre le problème de la liaison entre les deux tuyaux à l'aide de raccords en plastique.

Pour monter l'apirateur, on branche le tuyau de plastique de 90 cm de long, d'un côté, sur la valve d'admission du régulateur de la pompe à vide, et de l'autre, sur le tube de verre de 10 cm de long, que l'on insère dans l'un des trous du bouchon de caoutchouc. On ajuste le tuyau de plastique de 1,50 m de long sur le tube de verre de 20 cm, que l'on insère dans l'autre trou du bouchon de caoutchouc, avec lequel on bouche 1'erlenmeyer. On insère ensuite l'extrémité la plus large du compte-gouttes dans l'extrémité libre du tuyau de plastique de 1,50 m et l'on obtient ainsi un minuscule aspirateur. Les moisissures aspirées à l'aide de cet appareil sont recueillies dans 1'erlenmeyer. L'extrémité fine du compte-gouttes doit être parfaitement lisse et peut être poncée au papier émeri, si elle présente des irrégularités. Une fois la pompe à vide branchée, la puis­sance d'aspiration se règle à l'aide de la valve d'admission.

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Illustr. 8

Aspirateur de laboratoire. A gauche : la pompe à vide ; au centre : le régu­lateur ; à droite : l'erlenmeyer avec ses tubes et le tuyau muni du compte-gouttes.

Lors d'un sinistre, le courant peut manquer pendant des jours ou des semaines ; il est alors possible d'improviser un aspirateur de laboratoire fonc­tionnant à l'aide de l'eau du robinet. Il faut équiper le robinet d'un éjecteur hydraulique, que l'on peut se procurer auprès d'un fournisseur de matériel pour laboratoires de chimie. Le passage de l'eau dans le robinet crée un vide, dont l'intensité peut être réglée par accroissement ou diminution du débit d'eau. Il suffit de brancher le tuyau transparent de 90 cm d'un côté, sur l'ouverture latérale de l'éjecteur hydraulique et, de l'autre, sur l'erlenmeyer de la manière décrite plus haut. On pourra demander, si besoin est pour le montage, l'aide du département de chimie de l'université la plus proche ou même des professeurs de chimie du lycée voisin. Ce type d'appareil est très facile à monter et à utiliser, il l'est moins à décrire.

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Laboratoires (appareilsr matériel et fournitures pour)

Loupes

On aura avantage, pour retirer le maximum de moisissures, à s'aider d'une loupe. La meilleure solution consiste à utiliser un microscope de dissection à platine réglable équipé d'un long bras, mais la plupart des bibliothèques ne possèdent pas ce genre d'instrument. Les loupes frontales offrent un degré de magnification acceptable et permettent de garder les deux mains libres. On peut aussi, faute d'instruments plus perfectionnés, utiliser des loupes ordinaires.

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Optique

Dessin et peinture d'art (fournitures pour)

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Brosses et pinceaux

On aura besoin d'un assortiment de brosses et de pinceaux. Pour ôter les moisissures de la surface des pastels et autres couleurs fragiles, on utilisera des pinceaux à aquarelle fins et pointus. Pour le nettoyage courant et l'élimina­tion des restes de gomme à dessin pulvérisée, on se servira de larges brosses à épousseter en poil de lapin. Ces dernières ne seront pas utilisées pour enlever les moisissures.

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Dessin et peinture d'art (fournitures pour)

Gomme à dessin pulvérisée

Il est recommandé d'utiliser de la gomme à dessin pulvérisée pour ôter les moisissures de la surface des papiers fragiles. On en trouve dans la plupart des magasins d'articles de dessin. Sinon, il est possible d'en fabriquer en coupant des gommes à dessin à petits cubes puis en les réduisant en poudre plus ou moins fine dans un hachoir électrique ménager. On utilisera tout d'abord de la poudre à grain relativement grossier pour enlever le mycélium du papier, puis de la poudre fine pour débarrasser celui-ci des spores restantes.

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Dessin et peinture d'art (fournitures pour)

Pinces

Il est possible d'utiliser des pinces à dissection ou chirurgicales très fines et pointues pour détacher les moisissures des surfaces fragiles et des pastels.

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Laboratoires (appareilsf matériel et fournitures pour)

Matériel et instruments médico-chirurgicaux

TRAITEMENT D'URGENCE

Il importe de dresser à l'avance une liste des entreprises et personnes à contacter pour se procurer du matériel en cas d'urgence ; on en établira plusieurs exemplaires à placer dans des endroits différents, à l'intérieur et à l'extérieur de la bibliothèque.

Pompes et matériel d'évacuation des eaux

On emploiera pour évacuer les eaux résiduelles après une inondation des pompes et des aspirateurs mixtes liquides/poussière. Il est parfois possible de louer ces appareils et on notera l'adresse des entreprises susceptibles d'en louer dans le plan d'intervention.

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Location de matériel pour entrepreneurs

et les rubriques correspondant aux appareils recherchés - location

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Installations de congélation et entrepôts frigorifiques

On peut, en cas de sinistre, s'adresser à des entrepôts frigorifiques, mais outre qu'il vaut mieux avoir noué des relations avec eux bien avant, rien ne dit que les entrepôts seront vides et disponibles le moment venu. Il est souvent plus expédient de congeler et stocker les pièces endommagées par l'eau dans des conteneurs frigorifiques.

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Entrepôts frigorifiques

Conteneurs

Transports et camionnage

Location de camions

Equipements pour camions frigorifiques

Matériel de lyophilisation et de séchage par le froid

Seules les usines de transformation de denrées alimentaires possèdent, en général, ce type de matériel, mais il ne s'en trouve pas dans toutes les régions. Lorsque le nombre des ouvrages à traiter est relativement réduit (moins d'un millier), il est possible d'utiliser des congélateurs domestiques à dégivrage automatique. Il est possible également de se servir de congélateurs à dégivrage automatique professionnels, de plus grandes dimensions.

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Produits alimentaires

Installations frigorifiques

Electroménager.

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VIII. BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

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