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Date : Septembre 2019
Pays : FrancePériodicité : MensuelOJD : 169127
Journaliste : LAETITIA MOLLER
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EVOK 3960427500507Tous droits réservés à l'éditeur
REPERAGE
HÔTEL SINNER
Trinité arty
Dès le lobby, le ton est donné avec ce trio d'œuvres
d'art suggestives mettant en scène une Trinité très...
spirituelle. De gauche à droite : buste anachronique
de l'Espagnol Gerard Mas, sculpture tissée de
Nadine Altmayer, bloc de marbre de Carrare
traversé de flèches d'Anne-Cécile Surga.
Tentation forteNOUVEL OPUS DE L'ARCHITECTE
« PECHEUR », EN VF - DEPLOIE SA VISION
A PARIS. UN MIX MYSTIQUEET GRANDS ESPACES Q
'INTERIEUR TRISTAN AUER, LE SINNER
)U LUXE DECALE AU CŒUR DU HAUT-MARAIS,ENTRE DIABOLIQUES ALCOVES
J'ON DIRAIT BENIS. AMEN!
LAETITIA M0LLERJ PHOTOS ROMAIN RICARD
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Journaliste : LAETITIA MOLLER
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” ~~ "
Restaurant cathédrale
Dans cet espace aux poutres rectilignes
et aux arches romanes habillées
de miroirs déformants, le dîner prend
des airs de grand-messe profane !Lustre candélabre revisité par Tristan
Auer. Ensemble de chaises et table
au plateau de verre et piétement en nickel,dessiné par l'Américain Warrên Platner
dans les années 60. Gravures monotypes
de Léon Garraud de Mdihvilliers.
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REPERAGE HOTEL SINNER
Causeries chics
Abrité derrière un vitrail
géométrique, le bar encourage
au face-à-face dans un dégradé
de beige et de rose poudré.Alternance de tables d'appoint
en résine coulée (Tristan Auer) et
verre moulé ("Aiwa Deux",
de Sebastian Herkner pour Pulpo).
En file indienne, fauteuilspivotants "Adraga" en velours
(Branco sobre Branco).
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A la réception, un concierge en jupe-pantalon à la sobriété
monacale joue les hôtes d'accueil. Une lanterne à la main,
Esprit club
Revival des années Palace
avec ce grand paravent
en laque brillante, éclairé par
le sol, qui vientcoffrer la VIP room.
Ici, les tables basses ont été
nappées et les poufs en velours
(Tristan Auer) ou tissu ("Puck
pouf" de Estudi Manel Molina
pour Enea) se déplacentà
l'envi. Œuvre "Mutant" (fauteuil
ancien et corne d oryx) signée
par l'Autrichien Helmut Palla.
Confessions intimes
A la fois photo booth
et business center,
ce confessionnal tapissé de
velours mohaircache
un ordinateuren guise
de prêtre confesseur. Le sol
en terre mêlée des lobby,
bar et resta urantest inspiré
des abbayes cisterciennes.
il mène le client à sa chambre à travers un couloir sombre
ponctué de portes rouges à heurtoir. Le tout baigne dans
un parfum de bois et de pierre froide évoquant les nefs
d'église, doucement rythmé par une playlist aux accents
lascifs. L'atmosphère est mystique au Sinner, le nouvel hôtelparisien du groupe Evok (déjà propriétaire du Brach etdu
Nolinski). Auxmanettesd'une architecture intérieure mêlant
les inspirations-de l'ordre desTempliersau cinéaste David
Lynch, des années Palace à l'architecte catalan Ricardo
Bofill _, l'un des designers les plus en vue du moment :
Tristan Auer. Pour créer un lieu à l'identité forte et au luxe
décalé, le créateur a eu carte blanche et l'envie d'y glisser
quelque chose d'intime, ancré dans sessouvenirsetl'histoire
du Haut-Marais, à la croisée de la religion et de la fête.
Résultat ? Un mix savamment dosé, jouant l'association
des contraires. D'un côté, l'influence ecclésiastique quise décline à travers le mobilier— coin ordinateur amé
nagé dans un confessionnal, bénitiers vide-poches, bancs
d'église, cierges... - et les hauteurs sous plafond aux pro
portions cathédrale. De l'autre, l'insouciance profane desannées 80
, le clubbing et les sofas en velours rose invitant
aux poses alanguies. Toutvibre ici : la lumière chaude desbougies à travers les ouvertures ajourées évoquant aussi
bien la confession que le bas résille ; la laque rouge à l'esprit
Yves Saint Laurent créant des niches d'exubérance ;
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ou encore les miroirs brouillant les pistes en démultipliant
l'espace. Tristan Auer a conçu une scénographie nourrie
d'images inconscientesetdesensorialité. «J'ai avanttout
voulu créer un fond de scène. Un hôtel est un lieu où l'on
doit pouvoir s'abandonner, être soi-même, se permettre
deschoses qu'on ne s'autorise pastous les jours. L'essentiel,
c'est d'y être bien ensemble, de s'y dire " je t'aime" dans
tous les coins », commente-t-il.
Libre « comme on l'est rarement dans ce type de projet
hôtelier », le designer a poussé ici au plus loin son style
syncrétique, osant les mélanges dissonants. « En tant
qu'architecte d'intérieur, je suis censé être le maître du
confort. Je ne suis pourtant bien que dans l'inconfort, à
deux doigts de la faute de goût. » Çà et là, des pièces
1. Plongée dans les ténèbres
Peinte en noir, la suite Justine s'inspire
de l'appartementde Karl Lagerfeld.
Le salon en reproduitla moquette,
redessinée à l'identique. Tabouret
"Cryptogramme soft", 1969, de Roger
Talion (Sentou). Fauteuil "Quartet",
1965, de Mario Bellini (Cassina).Canapé "Togo" de Michel Ducaroy
(Ligne Roset). Buste XVIIIe en marbre.
Vinyles et livres d'art sont à disposition.
2. Bains hypnotiquesEffet renversant avec ce plafond
miroirqui duplique l'espace en parfaite
symétrie. Installée dans une niche
laquée en rouge, la baignoirecarrelée de tesselles se transforme en
boudoir chic etfantasmatique.
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Des œuvres contemporainescolorées enchantent le mobilier
d'inspiration ecclésiastique
de designers iconiques (Pierre Paulin, Roger Talion,
Mario Bellini...) ponctuent le décor mais la grandemajorité du mobilier a été dessinée par Tristan Auer
- jusqu'à la sculpture d'un couple réalisée quand
il avait 20 ans ! C'est Amélie du Chalard, fondatrice
de la galerie Amélie Maison d'Art, à Paris, qui a eu
pour mission de constituer une véritable collection : au
total, plus de 400 oeuvres — toiles contemporaines,
gravures érotiques du XVIIIe siècle, photographies,
moulages anciens-sontdisséminéesdans tout l'hôtel,
chambres comprises. Une bénédiction !«Rens. p. 156.
1. Matières à controverseLa chambre joue sur les
matières avec cette tête de lit
en terre cuite surlignée de noir.
L'applique d'angle, structuréepardescadreston surton mat
et brillant, soutient un moulage
ancien. Lampe "Kitta Ponn"en verre coloré et cuir (Aromas
del Campo).Tableauxempreints de couleurs de
Vincent Lemaitre.
2. Cabine de luxe
Ami-chemin entre le baldaquin
et la cabine de wagon-lit,le coffrage en bois sombre
dessiné parTristan Auer
transforme cette chambre
de 24 m2 en refuge classieux.Vide-poches creusé dans
une traverse de chemin
defer. Œuvres de Laure Carré
et Frédéric HeurlierCimolai.