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7 actualités Actualités pharmaceutiques n° 513 Février 2012 L e cancer est devenu la première cause de mortalité devant les maladies cardiovasculaires, à l’origine, en 2008, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de 7,6 millions de décès, soit 13 % de la morta- lité mondiale. Les métastases sont la principale cause de complications et de mortalité liées à cette maladie. Des scientifiques de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et de la Fondation Isrec, en Suisse également, ont effectué des tests sur des souris, démon- trant le rôle important d’une protéine, la périostine, dans la multiplication des cellules cancéreuses 1 . La périostine est une protéine de la matrice extracellulaire déjà connue pour son rôle dans la croissance osseuse, dans la régulation de la réac- tion inflammatoire allergique et dans l’asthme. Le processus métastatique est interrompu dès lors qu’elle est inactivée des cellules souches can- céreuses. Les chercheurs ont développé un anticorps, testé in vitro, adhérant à cette protéine et empêchant son fonctionnement. L’objectif est évidemment de transposer ces résultats à l’homme. Quelques réserves peuvent toutefois être émises car il semble difficile de décou- vrir un anticorps équivalent fonctionnant chez l’homme et des précautions semblent de rigueur quant aux éventuels effets secondaires. Cepen- dant, ces résultats pourraient ouvrir la voie à de nouvelles thérapies permettant de trai- ter les cancers avancés et de prévenir l’apparition de métas- tases chez l’homme. Stéphane Berthélémy Pharmacien, Royan (17) [email protected] Référence 1. Malanchi I, Santamaria-Martinez A, Susanto E, Peng H, Lehr HA, Delaye JF, Huelsken J. Interaction between cancer stem cells and their niche govern metastatic colonization. Nature. 2011 doi: 10.1038/Nature 10694 online 07 December 2011 Source Barraud E. Tuer les métastases dans leur nid. Actualités Mediacom, 8 décembre 2011. http://actu.epfl.ch/ news/tuer-les-metastases-dans-leur-nid/ L a Haute Autorité de santé (HAS) vient d’actuali- ser sa recommandation “Diagnostic et prise en charge de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées”. Publiée en mars 2008, cette dernière avait été retirée par la HAS en mai 2011. Dès septembre 2011, un nouveau groupe de travail composé de professionnels de santé d’horizons différents œuvrant dans le champ de la maladie d’Alzheimer (médecins généralistes, neurologues, géria- tres, psychiatres, infirmiers…) et de l’association France Alzhei- mer, s’est réuni afin d’en réaliser une actualisation. La nouvelle version, intitulée “Maladie d’Alzheimer et mala- dies apparentées : diagnostic et prise en charge” 1 , tient compte notamment des conclusions récentes de la Commission de la transparence de la HAS sur les traitements médicamenteux. La Commission, en charge de l’évaluation des médicaments, a, en effet, conclu, en octobre dernier, que les médicaments prescrits dans le cadre de la maladie d’Alzheimer présen- taient un intérêt thérapeutique faible. Elle recommande, de ce fait, de limiter leur prescription à un an, renouvelable sous conditions strictes, en concer- tation avec les professionnels de santé suivant le patient, ce dernier, si son état le permet, et les aidants. Forte de ces nouveaux éléments, la Haute Autorité de Santé insiste sur le fait que la prise en charge de la maladie doit être globale. La nouvelle recommandation définit également le parcours de soins des patients. Le méde- cin généraliste traitant est « le pilote de l’organisation des soins centrée sur le patient ». Il réalise l’évaluation initiale du patient présentant des troubles cognitifs auquel il recommande un suivi si aucune altération de la mémoire, du jugement, de la compréhension, etc., n’est diagnostiquée. Dans le cas contraire, il programme, en collaboration avec le spécialiste, des examens complémentaires. Dès lors que le diagnostic de la maladie d’Alzheimer est posé et annoncé par le spécialiste, le médecin traitant propose une prise en charge et met en œuvre les mesures d’accom- pagnement en lien avec les aidants. Élisa Derrien Référence 1. Haute Autorité de santé. Maladie d’Alzheimer et maladies apparentées : diagnostic et prise en charge. Recommandations. Décembre 2011. www.has-sante.fr/portail/upload/ docs/application/pdf/2011-12/ recommandation_maladie_d_alzheimer_ et_maladies_apparentees_diagnostic_ et_prsie_en_charge.pdf Alzheimer Prise en charge globale et parcours de soins au centre de la nouvelle recommandation de la HAS Cancérologie Une protéine offre de nouveaux espoirs © Fotolia.com/Starpics Des chercheurs ont réussi à tuer des métastases dans leur nid. © Fotolia.com/Dgrilla La prise en charge de la maladie d’Alzheimer doit être globale.

Prise en charge globale et parcours de soins au centre de la nouvelle recommandation de la HAS

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7 actualités

Actualités pharmaceutiques n° 513 Février 2012

Le cancer est devenu la première cause de mortalité devant les

maladies cardiovasculaires, à l’origine, en 2008, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de 7,6 millions de

décès, soit 13 % de la morta-li té mondiale. Les métastases sont la principale cause de complications et de mortalité liées à cette maladie. Des scientifiques de l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) et de la Fondation Isrec, en Suisse également, ont effectué des tests sur des souris, démon-trant le rôle important d’une protéine, la périostine, dans la multiplication des cellules cancéreuses1. La périostine est une protéine de la matrice extracellulaire déjà connue pour son rôle dans la croissance osseuse, dans la régulation de la réac-tion inflammatoire allergique et

dans l’asthme. Le processus métastatique est interrompu dès lors qu’elle est inactivée des cellules souches can-céreuses. Les chercheurs ont développé un anticorps, testé in vitro, adhérant à cette protéine et empêchant son fonctionnement.L’objectif est évidemment de transposer ces résultats à l’homme. Quelques réserves peuvent toutefois être émises car il semble difficile de décou-vrir un anticorps équivalent fonctionnant chez l’homme et des précautions semblent de rigueur quant aux éventuels effets secondaires. Cepen-dant, ces résultats pourraient ouvrir la voie à de nouvelles

thérapies permettant de trai-ter les cancers avancés et de prévenir l’apparition de métas-tases chez l’homme.

Stéphane Berthélémy

Pharmacien, Royan (17)

[email protected]

Référence1. Malanchi I, Santamaria-Martinez A,

Susanto E, Peng H, Lehr HA,

Delaye JF, Huelsken J. Interaction

between cancer stem cells and their

niche govern metastatic colonization.

Nature. 2011 doi: 10.1038/Nature

10694 online 07 December 2011

SourceBarraud E. Tuer les métastases

dans leur nid. Actualités Mediacom,

8 décembre 2011. http://actu.epfl.ch/

news/tuer-les-metastases-dans-leur-nid/

La Haute Autorité de santé (HAS) vient d’actuali-ser sa recommandation

“Diagnostic et prise en charge de la maladie d’Alzheimer et des maladies apparentées”. Publiée en mars 2008, cette dernière avait été retirée par la HAS en mai 2011. Dès septem bre 2011, un nouveau groupe de travail composé de professionnels de santé d’horizons différents œuvrant dans le champ de la maladie d’Alzheimer (médecins généralistes, neurologues, géria-tres, psychiatres, infirmiers…) et de l’association France Alzhei-mer, s’est réuni afin d’en réaliser une actualisation.La nouvelle version, intitulée “Maladie d’Alzheimer et mala-dies apparentées : diagnostic et

prise en charge”1, tient compte notamment des conclusions récentes de la Commission de la transparence de la HAS sur les traitements médicamenteux. La Commission, en charge de l’évaluation des médicaments, a, en effet, conclu, en octobre dernier, que les médicaments prescrits dans le cadre de la maladie d’Alzheimer présen-taient un intérêt thérapeutique faible. Elle recommande, de ce fait, de limiter leur prescription à un an, renouvelable sous conditions strictes, en concer-tation avec les professionnels de santé suivant le patient, ce dernier, si son état le permet, et les aidants. Forte de ces nouveaux éléments, la Haute Autorité de Santé insiste sur le

fait que la prise en charge de la maladie doit être globale.La nouvelle recommandation définit également le parcours de soins des patients. Le méde-cin généraliste traitant est « le pilote de l’organisation des soins centrée sur le patient ». Il réalise l’évaluation initiale du patient présentant des troubles cognitifs auquel il recommande un suivi si aucune altération de la mémoire, du jugement, de la compréhension, etc., n’est diagnostiquée. Dans le cas contraire, il programme, en colla bo ra tion avec le spécialiste, des examens complémentaires. Dès lors que le diagnostic de la maladie d’Alzheimer est posé et annoncé par le spécialiste, le médecin traitant propose

une prise en charge et met en œuvre les mesures d’accom-pagnement en lien avec les aidants.

Élisa Derrien

Référence 1. Haute Autorité de santé. Maladie

d’Alzheimer et maladies apparentées :

diagnostic et prise en charge.

Recommandations. Décembre 2011.

www.has-sante.fr/portail/upload/

docs/application/pdf/2011-12/

recommandation_maladie_d_alzheimer_

et_maladies_apparentees_diagnostic_

et_prsie_en_charge.pdf

Alzheimer

Prise en charge globale et parcours de soins

au centre de la nouvelle recommandation de la HAS

Cancérologie

Une protéine offre de nouveaux espoirs

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Des chercheurs ont réussi à tuer des métastases dans leur nid.

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La prise en charge de la maladie d’Alzheimer doit être globale.