PRIX SONY LABOU TANSI DOSSIER PÉDAGOGIQUE 2014- 2015 · Les Yeux du volcan. en 1988, Le Commencement des douleurs. en 1995) et assurant l’écriture et la mise en scène de la plupart

P R I X S O N Y L A B O U T A N S I D O S S I E R

P É D A G O G I Q U E

2 0 1 4 -2 0 1 5

Sony Labou Tansiprix

des lyceens

S O M M A I R E

5 P R É S E N T A T I O N G É N É R A L E

9 L E S O E U V R E S S É L E C T I O N N É E S

1 1 À P R O P O S D E . . . E T S I J E L E S T U A I S T O U S M A D A M E ? • Œ U V R E 1 11 Présentation de l’auteur

11 Cadre spatio-temporel

11 Résumé

12 Structure

12 Thématiques

12 Personnages

12 Langue

12 Éléments scéniques

12 Niveau de difficulté

12 Extraits significatifs

13 Liens utiles

14 Lexique

1 5 P R O P O S I T I O N S P É D A G O G I Q U E S • Œ U V R E 115 I. Quelques pistes pour faire entrer les élèves dans l’œuvre

16 II. Quelques pistes pour amener les élèves plus loin dans l’œuvre

16 A- La compréhension et la dimension théâtrale de l’œuvre

18 B- La construction d’un point de vue personnel sur l’œuvre

1 9 À P R O P O S D E . . . G E O R G E K A P L A N • Œ U V R E 2 19 Présentation de l’auteur


19 Résumé

20 Structure

20 Thématiques

21 Personnages

21 Langue




22 Liens utiles

23 Lexique



26 A- La compréhension de l’œuvre

26 B- La dimension théâtrale de l’œuvre

27 C- La construction d’un point de vue personnel sur l’œuvre

28 III. Sitographie

2 9 À P R O P O S D E . . . M O I , D A N S L E S R U I N E S R O U G E S D U S I È C L E • Œ U V R E 3 29 Propos de l’auteur

31 Présentation de l’auteur


31 Résumé

32 Structure

32 Thématiques

32 Personnages

33 Langue




34 Liens utiles

34 Lexique





41 C- La construction d’un point de vue personnel sur l’œuvre

4 3 À P R O P O S D E . . . N O U S V O I R N O U S • Œ U V R E 4 43 Propos de l’auteur



45 Résumé

45 Structure

46 Thématiques

46 Personnages

46 Langue




48 Liens utiles

48 Lexique



52 A- La compréhension et la dimension théâtrale de l’œuvre

53 B- La construction d’un point de vue personnel sur l’œuvre

5 5 À P R O P O S D E . . . Y U K O N S T Y L E • Œ U V R E 5 55 Propos de l’auteur



57 Résumé

58 Structure

58 Thématiques

58 Personnages

58 Langue




60 Liens utiles

61 Lexique





70 III. Synthèse

7 1 C R É D I T S D U D O S S I E R

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Cadre du prix Sony Labou Tansi

Le Prix Sony Labou Tansi des lycéens est l’une des actions menées par le Pôle de res-sources pour l’Éducation artistique et culturelle (PRÉAC) « Écritures contemporaines francophones et théâtre ».

Ce PRÉAC est encadré par une circulaire interministérielle, Éducation nationale et Culture. Il est né d’un partenariat entre le Rectorat de l’académie de Limoges et la Maison des auteurs du Festival des francophonies en Limousin. Il est soutenu par CANOPÉ, la Direction régionale des affaires culturelles (DRAC) du Limousin, le Conseil régional du Limousin, et la SNCF qui dote le prix.

Les missions principales de ce pôle de ressources sont de promouvoir la littérature contemporaine d’expression française - notamment dans le domaine du théâtre - de créer des ressources pédagogiques, de proposer des stages de formation spécifiques à cette thématique.

Lorsque nous parlons de « Francophonies » de quoi parlons-nous ?

La notion de Francophonies est prise ici dans son sens culturel et non plus uniquement du point de vue géographique ou historique.

La question de la langue habite le monde francophone, elle en est aussi le socle. La langue française est un patrimoine national offert à tous ceux qui la prennent pour créer, penser, communiquer, elle est aussi une langue internationale « cousine » des autres langues du monde francophone. La Francophonie culturelle est un moyen d’ap-procher un patrimoine ancien, des cultures cousines, de prendre conscience qu’il y a d’autres gens qui parlent notre langue, et que notre culture s’est nourrie au contact des autres cultures : son identité ne vient pas de son unicité mais de sa diversité.

Origine et spécificité du Prix Sony Labou Tansi

Ce prix littéraire créé en 2002 est le fruit de la complicité depuis de nombreuses années entre la mission académique art et culture de Limoges et le festival des Francophonies. Il est né du désir de faire découvrir aux élèves l’originalité, la diversité et la richesse des textes et des auteurs de théâtre contemporains francophones.

Présentation générale

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Mais quelle est la spécificité des textes dits « francophones » ? Qu’est-ce qu’un auteur « francophone » ? Vaste champ de réflexion. Tentons quelques pistes.

Pour s’en tenir à la définition qui est la plus communément admise, ce qui est franco-phone est souvent entendu comme ce qui est hors hexagone - comme on dit hors-champ - issu, de la colonisation et des indépendances.

Pour nous un auteur « francophone » est un auteur qui utilise le français et y introduit des mots venus de son propre espace culturel et géographique, de sa propre histoire, de sa propre langue, de son propre imaginaire. Mais n’est-ce pas tout simplement la définition d’un auteur ?

Le théâtre francophone est traversé par deux lignes de force : le travail de la langue et les tensions du monde. En effet ici la langue française se brode de « parlures » pour tis-ser une nouvelle langue poétique du théâtre. Les thématiques abordées s’inscrivent dans le monde d’aujourd’hui : la guerre, l’immigration, la pauvreté, la violence du monde contemporain, la mort, l’amour, la place des femmes... Rien que de très banal mais ce qui fait l’originalité de ces textes c’est la « couleur », le timbre de la voix frottée à cet « ailleurs » qui nous parle d’ici.

Objectifs du Prix

Ce prix n’est pas un concours, les participants ne gagnent rien, ils font gagner un texte et son auteur.Il permet aux lycéens de plusieurs pays de découvrir des œuvres théâtrales modernes, atypiques, incisives et pertinentes où l’acte de lire n’est plus seulement un rapport au texte mais aussi un rapport au monde. Il offre la possibilité d’exercer un esprit critique et un goût du partage en favorisant les échanges.Il contribue à former la réflexion et la responsabilité de chacun en suscitant la confron-tation des différents points de vue sur les œuvres proposées et en amenant les élèves à assumer leurs choix. Il n’y a pas de délégation de vote, chaque voix compte. Ainsi la lecture donne une légiti-mité et une responsabilité à chaque participant.Il s’agit moins d’être en concurrence que d’être solidaire pour faire gagner un texte que l’on aime et qui a été bien défendu par les autres élèves.

Depuis sa création, 68 auteurs différents ont vu leurs textes sélectionnés dans le cadre de ce prix, lesquels ont été publiés par une vingtaine de maisons d’édition de théâtre différentes. À travers ces auteurs, une trentaine de nationalités sont représentées parmi lesquelles la Belgique, le Canada, la Côté d’Ivoire, l’Algérie, le Bénin, le Congo, le Burkina Faso, la Suisse…

Plus de 7 000 lycéens français et étrangers ont ainsi découvert et ont pu s’approprier les 75 œuvres sélectionnées dans le cadre du prix depuis sa création.

Sony Labou Tansi

Ce prix porte le nom de Sony Labou Tansi (décédé en 1995), grand auteur congolais dont l’œuvre marque l’histoire de la littérature francophone et qui fut un compagnon du fes-tival des Francophonies en Limousin dès ses débuts.

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Non seulement Sony Labou Tansi est très lié aux Francophonies en Limousin et à Limoges dont une rue porte désormais son nom, mais il est un auteur reconnu qui a su parfaitement allier le renouveau de la langue et de la création tout en s’engageant dans des combats artistiques culturels et politiques qui ont ouvert la voix/voie à toute une génération d’écrivains.

Écoutons Bernard Magnier, http://www.babelio.com/auteur/Bernard-Magnier/94745, jour-naliste littéraire et Directeur de la collection « Afrique » aux éditions Actes Sud, parler en 1995 de Sony Labou Tansi.

« En 1979, la parution de La Vie et demie bouleversait la création romanesque africaine en langue française et allait faire de son auteur le leader incontesté d’une nouvelle génération d’écrivains. Né en 1947 au Zaïre, ancien professeur d’anglais, il n’était pas inconnu des milieux du théâtre et plusieurs de ces pièces avaient déjà été primées par les concours organisés par RFI.

Depuis, Sony n’a cessé de poursuivre ses activités de romancier et de dramaturge, publiant 6 romans (La Vie et demie en 1979, L’État honteux en 1981, L’Ante-peuple en 1983, Les Sept solitudes de Lorsa Lopez en 1985, Les Yeux du volcan en 1988, Le Commencement des douleurs en 1995) et assurant l’écriture et la mise en scène de la plupart des pièces représentées par sa troupe, créée à Brazzaville en 1979, le Rocado Zulu Théâtre.

Avec sa troupe, il a régulièrement présenté ses pièces, tant au Congo qu’en dehors du continent Africain, avec parfois, dans le cadre des Francophonies en Limousin, la com-plicité d’un autre metteur en scène (Pierre Vial pour La Rue des mouches, Daniel Mesguish pour Antoine m’a vendu son destin, Michel Rostain, pour Moi, veuve de l’em-pire, Jean-Pierre Klein pour Qui a mangé Madame d’Avoine Bergotha ?) tandis que d’autres metteurs en scène s’intéressaient à son théâtre (Guy Lenoir avec La Peau cas-sée, Gabriel Garran avec Je soussigné cardiaque, Sanvi Panou à Paris et Georges Wolfe à New-York avec La Parenthèse de sang, Tola Kokoui, etc.).

En marge de ses créations romanesques et dramaturgiques, la poésie a toujours eu une place essentielle, première. Qu’elle soit poésie, roman ou théâtre, l’œuvre de Sony Labou Tansi, pour s’ancrer dans une certaine vérité africaine, n’en trouve pas moins de nombreux échos universels. Provocante et déroutante, elle mêle le drame et le rire, confronte l’amour et la mort, dans un même jeu, celui d’un auteur qui savait, avec humour, donner force à sa fable, nous renvoyer notre image d’homme, pitoyable et baroque, tragique et cocasse, dans un immense élan fraternel, comme une maladresse timide. L’élan d’un écrivain qui déclarait « j’écris ou je crie pour forcer le monde à venir au monde » et qui souhaitait que « (son) écriture soit plutôt criée qu’écrite ».

http://fr.wikipedia.org/wiki/Sony_Labou_Tansi

http://www.lesfrancophonies.com/maison-des-auteurs/labou-tansi-sony

http://laboutansi.crdp-limousin.fr/-Sony-Labou-Tansi-5-.html

http://www.babelio.com/auteur/Bernard-Magnier/94745

http://fr.wikipedia.org/wiki/Sony_Labou_Tansi





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Organisation du Prix Sony Labou Tansi

Chaque année, La Maison des auteurs du Festival des Francophonies demande à des éditeurs de proposer des œuvres de théâtre pour des lycéens. Parmi des œuvres parues dans les cinq dernières années, deux comités de lecture - un composé de gens de théâtre puis un autre d’enseignants - choisissent 5 œuvres qui forment le corpus annuel du prix.

Les lycéens lisent, étudient, mettent en voix ou en jeu les textes ; ils peuvent rencon-trer des comédiens pour la lecture d’extraits et le partage d’idées ; ils posent des ques-tions par mél aux auteurs autour de leur texte, et, en fin d’année scolaire, ils attribuent le prix à une pièce de théâtre contemporaine francophone, choisie parmi la sélection. Les lycéens votent et chaque voix est comptabilisée : un lycéen = une voix.

Les enseignants sont libres de leurs démarches pédagogiques et, si les objectifs restent communs, les approches des textes du prix sont très ouvertes, l’essentiel étant que les élèves soient dans une démarche de lecture active, de découverte de l’écriture dramatique et d’expression de leurs choix.

Quelques étapes, en plus, dans l’académie de Limoges

n En décembre-janvier : des rencontres locales (une par département) d’une journée, sont organisées dans un théâtre, autour des textes et de leur lecture. Ces rencontres sont animées actuellement par la compagnie Méthylène Théâtre.

n En avril/mai : une journée académique, à Limoges, réunit toutes les classes inscrites au prix avec travaux communs, argumentation et vote. À l’issue de ces échanges les élèves votent pour l’œuvre de leur choix : un lycéen = une voix. L’ensemble des votes des lycéens de la région et des autres établissements en France et à l’étranger est col-lecté par l’académie de Limoges.

n En septembre : un stage de lecture de deux jours est proposé à des élèves volontaires parmi les participants de l’année précédente pour préparer une lecture publique. Il est encadré par la compagnie Méthylène Théâtre.

n En septembre-octobre, pendant le Festival des Francophonies, la lecture publique du texte primé, inscrite au programme du Festival, est ouverte au public et principalement aux nouveaux lycéens inscrits pour le prix de l’année scolaire en cours. Cette lecture est suivie de la remise du prix, en présence de l’auteur.

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Sélection de 2014-2015

Et si je les tuais tous madame ? Aristide TARNAGDA Burkina Faso Lansman Éditeur

George Kaplan Frédéric SONNTAG France Éditions Théâtrales

Moi, dans les ruines rouges du siècle Olivier KEMEID Canada Québec Éditions Léméac

Nous voir nous Guillaume CORBEIL Canada Québec Éditions Léméac

Yukonstyle Sarah BERTHIAUME Canada Québec Éditions Théâtrales

Les lauréats du Prix Sony Labou Tansi des lycéens

n Ahmed Ghazali Le Mouton et la baleine (éditions Théâtrales), en 2003

n Carole Fréchette et Wajdi Mouawad (ex æquo)

Le Collier d’Hélène (éditions Actes Sud-Papiers), en 2004

Incendies (éditions Actes Sud-Papiers), en 2004

n Moussa Konaté

Un Appel de nuit (éditions Lansman), en 2005

n Marie-Christine Lê-Huu

Jouliks, (éditions Lansman), en 2006

n Nasser Djemaï Une étoile pour Noël, ou l’ignominie de la bonté, (éditions Lansman), en 2007

n Ben Hamidou, Nacer Nafti, Gennaro Pitisci et Sam Touzani

Gembloux, à la recherche de l’armée oubliée, (éditions La Mesure du possible), en 2008

n Suzanne Lebeau

Le Bruit des os qui craquent (éditions Théâtrales), en 2009

n Vincent Zabus

Les Ombres (éditions Lansman, 2008), en 2010

n Manuel Antonio Pereira Mythmaker, ou l’obscénité marchande (éditions Espaces 34, 2010), en 2011

n Régis Duqué

Hors-la-loi, Lansman, en 2012

n Jean-Marie Piemme

Dialogue d’un chien avec son maître ou de la nécessité de mordre ses amis (Éditions Actes Sud-Papiers), en 2013

n David Paquet

2 h 14 (Éditions Léméac/Actes Sud-Papiers), en 2014

L E S Œ U V R E S S É L E C T I O N N É E S

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ET SI JE LES TUAIS TOUS MADAME ? • ŒUVRE 1

Présentation de l’auteurAristide Tarnagda est né en 1983, est burkinabé, et écrit depuis une dizaine d’années. Il est révélé par les Récréatrales 2004 de Ouagadougou, où son premier texte, Alors, tue-moi, est mis en espace. Il y rencontre Koffi Kwa-hulé qui le conforte dans sa vocation de dramaturge. Il développe de nombreux projets avec la metteuse en scène franco-ivoirienne Eva Doumbia, entre Afrique, Europe et Brésil, particulièrement autour du thème des migrations – tant de l’Afrique à l’Europe qu’intra-africaines.

h t t p : / / w w w. l e s f r a n c o p h o n i e s . c o m / m a i s o n - d e s - a u t e u r s /tarnagda-aristide

http://www.lesfrancophonies.fr/TARNAGDA-Aristide

Cadre spatio-temporelUne rue, un feu tricolore. Le feu est rouge. Le cadre est contemporain, mais pas situé plus précisément.

RésuméLa pièce se présente sous la forme d’un long discours de Lamine, seul personnage présent sur scène. Il raconte à une femme arrêtée au feu rouge sa détresse, et sa vie d’immigré. Son récit est entrecoupé de dialogues (souvenirs ? hallucinations ?) avec ses parents, ou son ami Robert. Misère, exil, abandon, rêves et désillusions, mais aussi irrépressible besoin d’aller de l’avant…sans doute jusqu’au crime, absurde et désespéré, à la fin de son monologue. Il est impossible de séparer souvenirs, situation présente, hallucinations et folie.

Par Aristide Tarnagda n Éditions Lansman, 2013

À P R O P O S D E . . .E T S I J E L E S T U A I S T O U S

M A D A M E ? n Œ U V R E 1

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PRIX SONY LABOU TANSI • DOSSIER PÉDAGOGIQUE 2014-2015

StructureIl n’y a pas de structure apparente, de découpage en scènes. Prose et « dialogues », les deux voix étant simplement séparées par des espaces. Les « autres voix » de Lamine apparaissent peu à peu, recouvrant l’adresse à la femme arrêtée au feu sous d’autres dialogues et interpel-lations imaginaires : avec sa femme, avec Robert. Ces dialogues font ressurgir des souvenirs de jeunesse et de bonheur. La voix du père puis celle de la mère, elles, font remonter à la surface la tension, la colère, avant que Robert et son instinct de violence ne prennent le dessus, dans les dernières pages, adressées à la femme au feu rouge.

ThématiquesL’immigration, la perte des racines et des repères. L’engrenage tragique de la délinquance et de la violence. L’aliénation du migrant, jusqu’à la folie.

PersonnagesLamine, très doux au début, devient de plus en plus véhément au fil du monologue, jusqu’à l’issue fatale. On découvre peu à peu son vécu, un père trop autoritaire, une mère aimante et effacée, un ami (imaginaire ? C’est une lecture possible, qui ferait de Lamine un schizophrène), Robert, voix intérieure qui le pousse au vol, à la violence, lui fait ressasser sa culpabilité d’avoir abandonné sa femme et son fils.

LanguePas de difficulté de compréhension, mais beaucoup d’images. Écriture très métaphorique.

Éléments scéniquesPas d’indications, sauf au début. Une allusion à une bande son discrète (peu de circulation).

Niveau de difficultéTexte accessible dès le niveau seconde ; les allusions aux réalités culturelles africaines sont compréhensibles. La dimension poétique de l’écriture, et aussi une certaine confusion dans l’identification des personnages « autres », à l’écrit, peuvent poser problème. Texte assez court (une vingtaine de pages).

Extraits significatifsAprès un dialogue imaginaire avec son père, c’est la figure maternelle qui s’impose à Lamine, le poussant un peu plus vers le désespoir, peu avant l’issue fatale…

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Maman ? Qu’est-ce que tu viens faire là maman ?T’amener.M‘amener ? Où ?Chez nous.Chez nous ?Oui chez nous.C’est où chez nous maman ?La maison de ton père. Ta maison.Je n’aime pas chez nous.Tu ne pourras être bien que chez nous mon fils.C’est vrai maman ?Mon fils, on t’a longtemps attendu.Attendu ?Oui attendu.Pourquoi m’avez-vous attendu maman ?On attend tous un jour. Tout le monde attend un bout de pain. Un bout de visage. Un bout de rêve. Un bout de soleil. Un bout de pluie. Un bout de terre. Un bout de paix. Un bout de caresse. Et quand ce qu‘on attend ne vient pas à nous, on va le chercher. Tout le monde attend mon fils. Tout le monde est attendu à la maison, au café, au resto, dans nos cœurs, dans nos sexes, au ciel... Et quand on attend que l’être attendu ne vient pas on s’impatiente on s’inquiète et les minutes passent et les jours passent et les mois passent et on se dit qu’on a déconné avec notre fils, notre femme, notre meilleur ami, qu’on aurait dû l’écouter un peu, être plus indulgent, plus compréhensif... On regrette de l’avoir traité de nul, de l’avoir jeté dans la rue comme s’il ne venait pas de notre chair…Je ne veux pas être attendu, maman, désolé, je ne peux pas attendre…C’est notre règle à tous Lamine.Moi j’en suis l’exception maman. Que personne ne m’attende, moi je n’attendrai personne, moi je pars, je pars ailleurs, un nouveau vent, un nouveau visage, quelque part où on n’attend rien de moi, où je n’at-tends rien de personne, pars maman parce que je ne viendrai pas, désolé maman mais c’est comme ça, je n’ai jamais aimé les règles tu sais, alors quand elle a dit comme ça, subitement comme ça, je n’ai plus mes règles, on était en août madame, j’ai eu peur de ses règles, de ses règles qui se mélangeaient à la pisse des anges du ciel d’août, quelqu’un m’attendait désormais dans son ventre…Non maman je en reviendrai pas, pourquoi m’attend-on ?Qu’attend-on de moi maman ?Attendre c’est espérer.Vous avez l’argent madame ?Je n’ai rien maman je te jure que je n’ai rien, pas d’espoir, pas de maison, pas de travail et pourtant j’ai cherché madame, mais tu sais comment ça se passe maman, plus de travail nulle part, à qui la faute, à la crise, mais qui est le père de la crise maman, le capital maman, le capital qui ne nous voit qu’en capi-tal et pas comme des espoirs attendus, des pères, des maris attendus, non maman.Donnez le sac madame !

Liens utilesn Une présentation de la pièce, des liens vers des extraits, un entretien avec l'auteur, une cri-tique :http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Et-si-je-les-tuais-tous-Madame/ensavoirplus/

n Un entretien avec l'auteur : http://www.theatre-video.net/video/Entretien-avec-Aristide-Tarnagda-pour-Et-si-je-les-tuais-tous-Madame-30e-Francophonies-en-Limousin?autostart

n Une présentation de la pièce :http://www.letarmac.fr/la-saison/spectacles/p_s-et-si-je-les-tuais-tous-madame-/spectacle-52/

http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Et-si-je-les-tuais-tous-Madame/ensavoirplus/

http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Et-si-je-les-tuais-tous-Madame/ensavoirplus/

http://www.theatre-video.net/video/Entretien-avec-Aristide-Tarnagda-pour-Et-si-je-les-tuais-tous-Madame-30e-Francophonies-en-Limousin?autostart



http://www.letarmac.fr/la-saison/spectacles/p_s-et-si-je-les-tuais-tous-madame-/spectacle-52/

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n Des extraits :http://www.theatre-video.net/video/Et-si-je-les-tuais-tous-Madame-extraits-67e-Festival-d-Avignon?autostart

Lexiquen Autochtones : personnes originaires du pays qu’elles habitent.

n Communautarisme : le communautarisme est une idéologie selon laquelle l’appartenance à un groupe ethnique, religieux, social, culturel… est prioritaire dans la formation et la vie d’un individu. L’appartenance à une communauté, voire le repli (dit « identitaire ») sur celle-ci, sont justifiées par cette idée contestée (aux États-Unis, et de plus en plus en Occident).

n Cynique : qui revendique, en la considérant comme naturelle, une conduite et des principes contraires aux conventions sociales, aux règles morales.

n Les Donsos : le terme « Donso » signifie « chasseur en bambara ». Mais les « donsos » sont en réalité détenteurs d’une somme de savoirs sur la santé, la défense, la protection… Ils sont les dépositaires d’un patrimoine culturel. Lien : http://www.dw.de/les-donsos-gardiens-des-traditions/a-17393779

n Dulcinée : femme aimée (connotation familière, souvent ironique).

n Éléphantiasis: augmentation importante du volume d’une partie du corps, liée à une infec-tion parasitaire.

n Lotus : genre d'herbes ou d'arbustes aux fleurs jaunes, rouges ou blanches, dont les espèces, au nombre de plus de cent, couvrent tout le globe sauf en régions équatoriales.

n Néo France Afrique : la « françafrique » est un terme forgé pour désigner l’influence fran-çaise en Afrique, à travers un système politique mis en place par De Gaulle. Ce système repo-sait sur des relations étroites, et secrètes, entre gouvernements francophones africains et gouvernement français, permettant à la France d’avoir une influence importante sur le devenir politique de ses anciennes colonies d’Afrique noire. Cette influence perdure de nos jours, mais davantage sous sa forme économique (multinationales et hommes d’affaire français, autour notamment du pétrole, des matières premières…), d’où le préfixe « néo ».

n Le palu : diminutif de paludisme ; malais parasitaire transmise par la piqûre du moustique anophèle. Dans sa forme cérébrale et résistante aux traitements existants, il peut être mortel. Il entraîne une fièvre importante.

n Walaï : je te jure (bambara).

http://www.theatre-video.net/video/Et-si-je-les-tuais-tous-Madame-extraits-67e-Festival-d-Avignon?autostart

http://www.theatre-video.net/video/Et-si-je-les-tuais-tous-Madame-extraits-67e-Festival-d-Avignon?autostart

http://www.dw.de/les-donsos-gardiens-des-traditions/a-17393779

http://seizieme.ca/wp-content/.../10/Ruines-rouges-dossier-pedagogique.pdf

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I. Quelques pistes pour faire entrer les élèves dans l’œuvre

La couverture, les dédicaces et les épigraphes1. Observez la couverture du livre, la posture des personnages et notamment celui du premierplan : qu’est-ce que cela évoque selon vous ?

2. Que pourriez-vous dire du titre ? Qu’a-t-il de paradoxal, d’intrigant ? Qu’est-ce que cela nousrévèle sur le personnage de la pièce ?

3. La dédicace : dans quelle mesure renvoie-t-elle indirectement au personnage ?

4. Lisez les deux épigraphes :- que nous révèlent-elles sur le sujet de la pièce ?- dans quelle mesure relèvent-elles d’un registre tragique ?

L’auteur Aristide Tarnagda • Éléments biographiqueshttp://www.lesfrancophonies.com/maison-des-auteurs/tarnagda-aristidehttp://www.lesfrancophonies.fr/TARNAGDA-Aristide1. En quoi ces informations sont-elles importantes pour la compréhension de la pièce ?

• Son œuvreVoici les références de sites sur d’autres pièces écrites avant celle-ci :Tarnagda a écrit une « tétralogie des migrants » avec Attitude clando, Tu ne traverseras pas le détroit et Enquête en zone d’attente, en plus d’Exils 4.Exils 4: http://www.africultures.com/php/index.php?nav=spectacle&no=458Veneem ou l’attachement : http://www.lesfrancophonies.com/festival-francophone/veenemIl nous faut des orgies : http://www.ccfbko.org.ml/ccf%20jan%202009.pdf (p. 10)2. Quels points communs retrouvez-vous avec Et si je les tuais tous madame ? Faites-en une syn-thèse en quelques lignes.

• Le contexte de l’immigration maliennehttp://afrique.apf-francophonie.org/IMG/pdf.2008_afrique_mali.pdf3. D’après les huit premières pages de ce document, quelles sont les sources historiques etsociales de l’immigration malienne ?

La représentation théâtraleEt si je les tuais tous madame a été plusieurs fois mis en scène. Voici les liens vers quelques cri-tiques :http://www.letarmac.fr/la-saison/spectacles/p_s-et-si-je-les-tuais-tous-madame-/spec-tacle-52/ (présentation et extrait)http://www.africultures.com/php/?nav=evenement&no=32079 (présentation)

P R O P O S I T I O N SP É D A G O Q I Q U E S n Œ U V R E 1

http://www.lesfrancophonies.com/maison-des-auteurs/tarnagda-aristide

http://www.lesfrancophonies.fr/TARNAGDA-Aristide

http://www.africultures.com/php/index.php?nav=spectacle&no=458

http://www.lesfrancophonies.com/festival-francophone/veenem

http://www.ccfbko.org.ml/ccf%20jan%202009.pdf

http://www.africultures.com/php/?nav=evenement&no=32079

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http://www.institutfrancais-senegal.com/ET-SI-JE-LES-TUAIS-TOUS-MADAME.html (présentation)4. Proposez votre propre présentation de la pièce.

http://www.theatre-video.net/video/Et-si-je-les-tuais-tous-Madame-extraits-67e-Festival-d-Avignon?autostart5. Analysez les choix de mise en scène dans ces extraits. Proposez une mise en scène alterna-tive pour l’un d’eux.6. Qu’est-ce que la musique apporte selon vous à la pièce ?

II. Quelques pistes pour amener les élèves plus loindans l’œuvre

A- la compréhension et la dimension théâtrale de l’œuvre

1. La structure : essayez de dégager les différents moments de la pièce et la progression desdialogues, en fonction des personnes auxquelles Lamine s’adresse.

2. Le cadre/le décor : comment est-il évoqué au début ? Comment le suggérer ou le mettre enscène ?

3. Les personnages : dressez un tableau récapitulatif des personnages évoqués dans la pièce,en étudiant leur place dans l’esprit de Lamine, et ce que leur parole nous révèle d’eux. Faites une fiche sur chacun comprenant leurs caractéristiques, ainsi que leurs liens avec Lamine en fonction de leur importance dans sa vie.

4. Dans quel ordre ces « fantômes » apparaissent-ils ? En quoi cela marque-t-il une évolutionde Lamine ?

5. Pouvez-vous imaginer la présence de certains de ces personnages sur scène ? Si oui, com-ment les représenter ? Essayez de mettre en scène la page 8, avec une seule voix, puis avec deux voix. Que préférez-vous et pourquoi ? Comparez votre mise en scène avec l’extrait de la mise en scène visible sur ce site (à 50 secondes du début de la vidéo) :http://www.lesfrancophonies.fr/ET-SI-JE-LES-TUAIS-TOUS-MADAME

6. La dame au feu rouge : intervient-elle ? Quel est son rôle ?

7. pp. 11-13 (de « Qu’est-ce que tu lui racontes » à « Je t’emmerde Robert ») : comment le senti-ment de culpabilité est-il exprimé ici ?

8. Quelles sont les aspirations contradictoires qui poussent Lamine vers la folie et la violence ?Pouvez-vous lui appliquer cette phrase de l’ethnopsychanalyste Marie-Rose Moro : « L’identité est un processus, avec une temporalité, des aller-retour, des moments où on est plus ceci, des moments où on est plus cela, tantôt plus près d’un monde, tantôt plus près de l’autre… On peut même le constater sur soi : on est une femme, on est un être humain, on reste un enfant alors qu’on est adulte… C’est vrai pour l’identité personnelle ou sexuelle, et pour l’identité culturelle encore plus. »Vous pouvez vous aider de la critique suivante de la pièce :http://www.theatreoracle.com/content/index. php?mact=CGBlog,cntnt01, detail, 0&cntnt01articleid=26&cntnt01returnid=57Vous pouvez également vous appuyer sur l’entretien suivant avec l’auteur :

http://www.institutfrancais-senegal.com/ET-SI-JE-LES-TUAIS-TOUS-MADAME.html

http://www.lesfrancophonies.fr/ET-SI-JE-LES-TUAIS-TOUS-MADAME

http://www.theatreoracle.com/content/index.php?mact=CGBlog,cntnt01,detail,0&cntnt01articleid=26&cntnt01returnid=57

http://www.theatreoracle.com/content/index.php?mact=CGBlog,cntnt01,detail,0&cntnt01articleid=26&cntnt01returnid=57

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http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Et-si-je-les-tuais-tous-Madame/entretiens/

L’écriture• Relisez le début de la pièce jusqu’à « …gonfler… » (page 8).1. Comment la situation de la dame et de Lamine est-elle évoquée ? Comment mettriez-vousLamine en scène pour commencer la pièce ?2. Qu’y a-t-il de particulier dans le rythme, l’écriture ? Comparez celle-ci avec la dernière page.Voyez-vous une évolution ?3. Comment justifier l’utilisation du registre familier ?

• Il y a dans toute l’œuvre des évocations et des métaphores animales (le caïman p. 7, chien,chiots, oiseaux, puces, termites p. 9, poissons p. 16, fourmis rouges et éléphant p. 21, poule et poussins, charognards p. 24…). 4. Qu’apportent-elles à la pièce ?5. Que révèlent-elles sur le personnage ?

• Travaux d’écriture6. pp. 11-13 (de « Qu’est-ce que tu lui racontes » à « Je t’emmerde Robert ») : réécrire le passagesous la forme d’un dialogue entre Lamine et Robert.7. pp. 22-23 (de « Lamine » à « Donnez le sac madame ») : imaginez les paroles de la mère dansle dialogue avec Lamine.8. p. 26 : « Votre point de vue, dites votre point de vue » : réécrire les pages 26-27 en imaginant que la dame dans la voiture répond à Lamine.

Le contexte historique et sociologique1. Faites une recherche sur la problématique des migrants dans le Mali contemporain, et lesdifficultés qu’ils rencontrent, par exemple à partir des sites suivants :http://ceriscope.sciences-po.fr/pauvrete/content/part2/migrations-et-pauvrete-essai-sur-la-situation-malienne?page=3http://www.migration4development.org/fr/node/10162. Faites une recherche sur les Donsos à partir du site suivant :http://www.dw.de/les-donsos-gardiens-des-traditions/a-17393779Pourquoi l’évocation des Donsos par Lamine est-elle révélatrice de sa situation ?

Bibliographie/vidéographie complémentaire : l’aliénation du migrant- Pièces du prix : un Appel de nuit de Moussa Konate, Une Étoile pour Noël de Nasser Djemaï , L’Invisible de Philippe Blasband, Bashir Lazhar d’E. de la Chenelière, Les Ombres de V. Zabus, Écrits pour la parole (première partie) de L. Miano.

- Autres œuvres : L’Aventure ambigüe de C.H. Kane, Nous, enfants de la tradition de Gaston-Paul Effa, Le Ventre de l’Atlantique (Fatou Diome)… C’est peut-être aujourd’hui l’œuvre de Léonora Miano qui questionne le plus directement la question de l’identité liée à l’immigration en France (www.leonoramiano.com).

- Films : La Noire de… (Sembene Ousmane), Le Cri du cœur (Idrissa Ouedraogo), l’Afrance (Alain Gomis),… Un film documentaire parmi beaucoup d’autres : La Vie sans Brahim (L. Chevallier).

- D’autres références sur ce thème :http://www.passeursdimages.fr/IMG/pdf/ddm.pdf

http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Et-si-je-les-tuais-tous-Madame/entretiens/

http://ceriscope.sciences-po.fr/pauvrete/content/part2/migrations-et-pauvrete-essai-sur-la-situation-malienne?page=3

http://ceriscope.sciences-po.fr/pauvrete/content/part2/migrations-et-pauvrete-essai-sur-la-situation-malienne?page=3

http://www.migration4development.org/fr/node/1016

http://www.dw.de/les-donsos-gardiens-des-traditions/a-17393779

http://www.leonoramiano.com

http://www.passeursdimages.fr/IMG/pdf/ddm.pdf

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B- la construction d’un point de vue personnel sur l’œuvre

Ce qui m’intéresse dans ce texte (et j’argumente)n Le thème/les thèmes traités/les personnages :

n L’action :

n Le plaisir de dire :

n La possibilité de créer un univers plastique, des images :

n Le plaisir de lire/la construction de la pièce :

n La réflexion sur le monde d’aujourd’hui :

n Francophonie : en quoi ce texte a-t-il un intérêt du point de vue de la langue ou/et de la culture de l’espace francophone d’où il est issu ?

n Autre :

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GEORGE KAPLAN • ŒUVRE 2

Présentation de l’auteurFrédéric Sonntag (né en 1978) est un auteur, metteur en scène et acteur français qui a obtenu de nombreux prix. Il crée en 2001 la compagnie AsaNIsiMAsa et travaille à la création de ses propres textes.

Il a écrit une douzaine de pièces traduites en plusieurs lan-gues : Disparu(e)(s), Intrusion, Des heures entières avant l’exil, Sous contrôle, etc. qu’il a présentées, dans ses propres mises en scène, dans différents théâtres et festivals. Depuis 2009, il participe à plusieurs manifestations internationales, tra-vaille également à la création de performances et mène un travail pédagogique sur les écritures théâtrales contempo-raines avec différents publics.http://www.editionstheatrales.fr/auteurs/frederic-sonntag-259.html

http://www.franceculture.fr/personne-frederic-sonntag

http://www.theatre-contemporain.net/biographies/Frederic- Sonntag/presentation/

Cadre spatio-temporelLe cadre de ce thriller théâtral, de cette pièce-puzzle reste indéterminé mais fait référence à la société actuelle. Les personnages évoluent à l’intérieur des lieux en huis clos.

RésuméFasciné par le personnage de George Kaplan dans La Mort aux trousses d’Hitchcock, Frédéric Sonntag a imaginé une comédie où l’on retrouve le fameux Kaplan dans trois histoires diffé-rentes qui semblent pourtant multiplier les indices, les dédoublements, les croisements. George Kaplan, être fantôme, paraît faire le lien entre un groupe clandestin d’activistes en pleine dissolution, une équipe de scénaristes en mal d’inspiration pour un projet de série télé ou de film et l’élément qui menace le gouvernement invisible d’une grande puissance.

Par Frédéric Sonntag n Éditions Théâtrales, 2012

À P R O P O S D E . . .G E O R G E K A P L A N n Œ U V R E 2

http://http://www.editionstheatrales.fr/auteurs/frederic-sonntag-259.html

http://http://www.franceculture.fr/personne-frederic-sonntag

http://http://www.theatre-contemporain.net/biographies/Frederic-Sonntag/presentation/

http://http://www.theatre-contemporain.net/biographies/Frederic-Sonntag/presentation/

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StructureRépliques et tirades constituent les prises de paroles qui se font parfois simultanément, se croisant, s’interrompant et se chevauchant (imbrications des voix indiquées par des tirets et des barres obliques).

L’œuvre se compose de 3 plans-séquences/3 parties numérotées, conçu(e)s comme des huis clos et des univers différents dont les multiples liens narratifs et la cohérence se font implici-tement, reliés par un seul nom, George Kaplan :1- Le GGK (une vingtaine de pages) : des activistes, dissimulés sous l’identité fantôme « George Kaplan » se réunissent pour décider de la définition, des activités et des revendications de leur groupe ;2- La Dream Team (une vingtaine de pages) : des scénaristes rassemblés par un mystérieux client se livrent à un brainstorming autour d’un scénario dont le héros se nomme « George Kaplan » ;3- Le gouvernement invisible (une dizaine de pages) : un groupe appartenant à une grande puissance tente d’édifier un plan pour faire face à un péril menaçant la sécurité intérieure de la nation, danger connu sous le nom de « George Kaplan ».

Plusieurs pistes de lectures se profilent, s’enrichissant les unes les autres : l’œuvre développe-t-elle trois variations sur un même thème ? S’agit-il de trois réalités parallèles appartenant à des mondes différents ? L’intrigue est-elle à saisir de façon linéaire ou relève-t-elle d’un autre ordre logique et temporel voire circulaire ? Quels sont les types de relation entre les trois par-ties : les 1re et ultime parties sont-elles des fictions de la 2e séquence consacrée à l’invention de scénario ? Les scénaristes de la 2e partie ont-ils été engagés par le gouvernement invisible dont il est question dans la dernière partie ? La menace évoquée dans la 3e partie renvoie-t-elle au groupe d’activistes du G.G.K. ? etc.

ThématiquesQuestion et sens de la démocratie, de la liberté et de la manipulation : dénonciation du story-telling dans la communication politique, de la guerre de l’information, des manœuvres d’as-cendance sur les foules voire d’endoctrinement des nations, mise en scène de l’information à des fins de manipulation.Satire comique de nos modes de fonctionnement, de nos paranoïas (théorie du complot), de nos réseaux de connexion et de surveillance, de nos techniques managériales modernes et de nos mécanismes de déshumanisation.

Réflexion sur les relations entre monde du pouvoir et monde du spectacle, entre fiction et politique, entre réel et fantasme, entre réalité et apparences sans imposer de frontières entre ces domaines.

Complexité de la représentation du réel et des apparences (mythe collectif) ; place de la fiction dans le monde actuel ; influence d’Hollywood sur les représentations géopolitiques du monde contemporain.

Construction et dissolution des identités ; rapports entre individualité et collectivité (respect et opposition, motivations personnelles et du groupe, …) ; difficultés de ralliement à une cause et à un projet.

Multiplication de l’identité du personnage de George Kaplan, du rôle de dramaturge/créateur en tant qu’initiateur de la fiction (mise en abyme).

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PersonnagesPièce pour 5 acteurs réduits à des lettres, répartis entre 3 tranches d’âge et jouant plusieurs rôles (A/A’/A’’ etc.) dans chacune des parties.

Omniprésence et inexistence de George Kaplan, personnage mythique d’Hitchcock.

LangueMélange de langue abstraite et concrète, de style courant et poétique, de sujets idéalistes et pragmatiques.

Échos internes avec effets de répétition et de parallèle (langue, style, situations) ce qui évoque à la fois les liens ténus entre les personnages, les prises de parole et les parties de la pièce.

Nombreux sous-entendus et humour subtil.

Éléments scéniquesPrésence de nombreuses didascalies différenciant les personnages et indiquant avec précision des éléments de jeu théâtral et de scénographie (volonté de donner des éléments rigoureux de mise en scène renvoyant au thème de la manipulation appliquée au dramaturge/metteur en scène qui tire les ficelles de la création).

Niveau de difficultéDes références culturelles à bien cerner.

Des difficultés de compréhension liées à une tendance à l’abstraction dans les discours, à la complexité de construction de la pièce, à sa présentation formelle et à l’absence de saisie immédiate de l’intrigue mais qui sont aussi autant de facteurs de jubilation intellectuelle.

À partir de la seconde.

Extraits significatifsDans la première partie, le GGK tente à plusieurs reprises de se définir : « A.- Nous, Groupe George Kaplan, avons le cœur sensible, l’époque nous sort par les yeux. Depuis longtemps, nous ne sommes plus que les fantômes de nos existences, nous hantons les territoires de nos désertions. Notre transparence à nous-mêmes et au monde n’étonne plus guère que les plus étourdis d’entre nous. (p. 9)B.- Nous ne serons donc personne, contre toutes les assignations à devenir quelqu’un, contre toutes les identités figées, séparées, délimitées, dans l’angoisse perpétuelle et asphyxiante de n’être plus rien, dans la panique permanente de risquer à tout moment de se fissurer […] Nous serons l’homme sans nom. Nous serons multiples et nous ne serons qu’un seul. Nous serons cet être anonyme parmi la foule, et nous ne serons pas seuls au plein cœur de notre solitude. Et nous nous étendrons, et nous serons rejoints. Nous serons cet être insaisissable et

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grandissant, cet être informe, cet invisible. Nous serons cette personne dont le nom sera par-tout et le corps nulle part, et le corps multiple, cette personne nombreuse, ce masque que cha-cun revêtira, ce fantôme que chacun deviendra tout à tout, ce spectre par lequel nous hanterons nos territoires, par lequel nous organiserons notre propre désertion. George Kaplan est cette personne. Nous appelons à nous rejoindre. Nous appelons à devenir George Kaplan. » (p. 27)

Dans la seconde partie, les scénaristes imaginent ce que peut être George Kaplan :« B’. - […] Et dans ce scénario, George Kaplan, c’est...D’.- C’est l’arme, c’est le nom de l’arme. L’arme de destruction s’appelle George Kaplan, le nom de code.B’. - George Kaplan est une arme. Je n’y avais pas pensé. C’est./C’est ingénieux.E’. - Une arme ? Mais. On n’a jamais parlé de ça, on n’a jamais parlé d’une arme. On n’a jamais dit que George Kaplan pouvait être autre chose qu’une personne.D’. - Ou alors, la poule. Peut-être la poule peut s’appeler George Kaplan. » (p. 46-47)

Dans la troisième partie, le danger national connu sous le nom « George Kaplan » est appré-hendé tel un phénomène de prolifération légendaire :« C’’.- Je pourrais multiplier les exemples d’apparitions de George Kaplan dans le domaine des arts mais comme je vois que notre temps est compté, je vais donc aller à l’essentiel. / Nous pouvons ainsi constater que George Kaplan semble être une référence commune, comment dire, oui, appartenir à une forme d’inconscient collectif. Un mythe, en quelque sorte, mais dont on ignorerait l’histoire, l’évolution, dont il nous manquerait le texte source, l’œuvre d’origine, c’est assez curieux je dois dire. » (p. 60)

Liens utilesn Vidéos associées à Frédéric Sonntag http://www.theatre-video.net/videos/artiste/Frederic-Sonntag

n Site de Frédéric Sonntag comportant la présentation de George Kaplan par son auteur, des photos et vidéos de mises en scènehttp://www.fredericsonntag.virb.com/picts

n Présentation du texte par la maison d’éditionhttp://www.editionstheatrales.fr/livres/george-kaplan-573.html

n Présentation de la pièce par l’auteur en vidéohttp://www.dailymotion.com/video/x153jb6_george-kaplan_creation

n Présentation de la pièce par l’auteur en vidéohttp://www.youtube.com/watch?v=pUeE9MCMn1Y

n Article de presse sur George Kaplan et Frédéric Sonntaghttp://www.editionsamandier.fr/images/30/revue_341 pdf?PHPSESSID=b1e8feedd38b34757798238892645dc2

n Enregistrement sonore d’une émission consacrée à la lecture du textehttp://www.franceculture.fr/emission-l-atelier-fiction-george-kaplan-2014-06-17

http://www.theatre-video.net/videos/artiste/Frederic-Sonntag

http://fredericsonntag.virb.com/picts

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Lexiquen Biométriques : relatif à la biométrie, ensemble des techniques permettant l’identification d’une personne à partir de données physiques.

n Blockbuster : à l’origine, terme du jargon théâtral américain qui qualifiait une pièce rempor-tant un succès important, qui mènerait tous les autres théâtres du voisinage à la banqueroute. Le terme a probablement été tiré du vocabulaire militaire renvoyant au nom de la plus puis-sante bombe utilisée par l’armée anglaise et américaine durant la Seconde Guerre Mondiale. Il qualifie au cinéma les films à gros budgets et à gros revenus.

n Catalyseur : élément qui provoque une réaction.

n Conjuration : complot, conspiration / demande, supplication.

n Dialectique : art de conduire un raisonnement.

n Émulation : compétition, concurrence, rivalité.

n Entité : abstraction considérée comme une réalité, essence d’un être, idée.

n Epsilon : 5e lettre de l’alphabet grec.

n Ex nihilo : expression latine signifiant « en partant de rien ».

n Fractal : se dit d’objets mathématiques dont la création ou la forme ne trouve ses règles que dans l’irrégularité ou la fragmentation / se dit des branches des mathématiques qui étudient de tels objets.

n Gallinacé : oiseau omnivore appartenant à la famille du coq.

n Géostratégique : étude de la fabrication des espaces par la guerre.

n Insurrection : agitation, soulèvement, révolte, révolution, mutinerie, rébellion.

n Log line : « ligne de journal », bref résumé d’une émission de TV, d’un film... et servant d’accroche.

n Métaphore : figure de rhétorique qui permet de créer une image fondée sur l’analogie, la res-semblance, la substitution.

n Mythe : récit relatant des faits imaginaires non consignés par l’histoire, transmis par la tra-dition et mettant en scène des êtres représentant symboliquement des forces physiques, des généralités d’ordre philosophique, métaphysique ou social / représentation traditionnelle, idéalisée et parfois fausse, concernant un fait, un homme, une idée, et à laquelle des individus isolés ou des groupes conforment leur manière de penser, leur comportement / construction de l’esprit, fruit de l’imagination, n’ayant aucun lien avec la réalité, mais qui donne confiance et incite à l’action.

n Nihilo-anarchistes ou anarcho-nihilistes : partisans d’un courant politique et philosophique qui prône des théories et des pratiques anti-autoritaires, libertaires et contestataires, d’autant plus que le monde est conçu dénué de tout sens et de tout but.

n Plan triennal : qui dure 3 ans.

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n Poétique d’Aristote : ouvrage d’Aristote (philosophe, logicien, scientifique grec) portant sur l’art poétique, c’est-à-dire sur l’ensemble des règles qui régissent la création d’une œuvre, et, plus particulièrement, sur les notions de tragédie, d’épopée et d’imitation. Il a été rédigé pro-bablement autour de 335 avant J.-C. Il a influencé la réflexion occidentale sur l’art pendant des siècles et a suscité de nombreux débats.

n Recrudescence : reprise accompagnée d’une augmentation de l’intensité ; progression, regain, augmentation ; aggravation ; multiplication.

n Rhizome : tige souterraine vivace, généralement à peu près horizontale, émettant chaque année des racines et des tiges aériennes.

n Spectralité : barbarisme qui fait référence à ce qui est spectral, fantomatique.

n The Philadelphia Story : adaptation cinématographique par George Cukor en 1940 d’une pièce de théâtre de Philip Barry. Cette comédie américaine réunit Katharine Hepburn, Cary Grant et James Stewart. L’histoire repose avant tout sur les intrigues amoureuses : Tracy Lord, figure de la haute société de Philadelphie, est sur le point de se remarier avec un homme d’affaires en vue. Elle devra composer avec la jalousie de C.K. Dexter Haven, son ex-époux et résister à son attirance pour Macaulay Connor, le journaliste venu couvrir l’événement pour le magazine Spy...

n Triolectique : logique ternaire.

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I. Quelques pistes pour faire entrer les élèves dans l’œuvreLa couverture, le titre et l’épigraphe1. Que vous inspire la 1re de couverture de George Kaplan ?2. Avant la lecture de l’œuvre, analysez son titre et vos attentes.3. Quels indices comporte la triple épigraphe sur le contenu du texte (p. 7) ?

L’auteur et l’œuvre1. À partir des informations contenues sur les sites consacrés à Frédéric Sonntag, sélectionnezles éléments principaux afin de construire la biographie de l’auteur.

Liste des sites à consulterhttp://www.editionstheatrales.fr/auteurs/frederic-sonntag-259.html


http://www.theatre-contemporain.net/biographies/Frederic-Sonntag/presentation/

2. Consultez les sites consacrés à la présentation de Georges Kaplan dont les liens vous sontindiqués ci-dessous et répondez aux questions suivantes :

a- Sur quels aspects insistent ces présentations ?b- À quel type de pièce de théâtre vous attendez-vous ?c- Ces présentations donnent-elles envie de lire et voir la pièce ? À justifier.d- À votre tour, rédigez une courte présentation de l’œuvre qui suscite la curiosité.

Liste des sites à consultern Présentation de l’œuvre par son auteur sur son site

http://fredericsonntag.virb.com/george-kaplan

n Présentation du texte par la maison d’édition

http://www.editionstheatrales.fr/livres/george-kaplan-573.html

n Présentation de la pièce par l’auteur en vidéo

http://www.dailymotion.com/video/x153jb6_george-kaplan_creation

n Présentation de la pièce par l’auteur en vidéo

http://www.youtube.com/watch?v=pUeE9MCMn1Y

3. Consultez la page suivante consacrée aux œuvres de Frédéric Sonntag :http://fredericsonntag.virb.com/textesDégagez les points communs, les thèmes et les éléments que l’on peut retrouver dans George Kaplan.

4. Avant de lire George Kaplan dans son intégralité aborder l’œuvre par des extraits choisis :lisez et/ou jouez les débuts de chacune des parties de la pièce (p. 9 à 12 ; p. 35 à 41 ; p. 53 à 57). Notez vos premières impressions, attentes et interprétations.Une fois le texte lu en entier, étudiez le titre de l’œuvre et confrontez cette analyse à vos appréciations initiales.

http://editionstheatrales.fr/auteurs/frederic-sonntag-259.html

http://franceculture.fr/personne-frederic-sonntag

http://theatre-contemporain.net/biographies/Frederic-Sonntag/presentation/

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A- la compréhension de l’œuvre

Les personnages1. Recherchez avec précision qui est Georges Kaplan initialement puis indiquez ensuite ce qu’ildésigne dans chacune des parties de l’œuvre de Frédéric Sonntag.2. Étudiez les personnages en fonction des indications sur leurs caractères, leurs relations,leurs portraits intellectuels et moraux dans chacune des séquences de l’œuvre.

La structure1. De quoi est-il question dans chacune des trois parties de George Kaplan ?2. Comment est structurée la pièce ? Y a-t-il plusieurs possibilités de lecture de son organisa-tion temporelle et logique ? Lesquelles ?3. Quels liens/échos/parallèles feriez-vous entre les trois parties de George Kaplan ?4. Dans quelle mesure peut-on parler de mise en abyme dans George Kaplan ?

La forme et le style du texte1. Que pouvez-vous dire de la mise en page du texte ? Quels effets suscite-t-elle ?2. Que dire de la place et de la fonction accordées aux didascalies ?3. En quoi consistent l’originalité et la singularité de la pièce ?

Le cadre et le contexte1. Montrez que chacune des parties de l’œuvre se déroule en huis clos.2. Relevez les éléments qui renvoient à des événements, des faits et des références de l’actua-lité ou de la réalité historique et sociale.

B- la dimension théâtrale de l’œuvre

Décor et scénographieEn vous appuyant sur le début de chacune des parties de l’œuvre, dessinez ou réalisez la maquette de la scénographie de George Kaplan.

Mises en scène1. Recherchez des vidéos de mises en scène de George Kaplan et indiquez quelles compagniesont choisi de monter cette pièce de théâtre.

2. À partir de la photographie de mise en scènede George Kaplan ci-contre, étudiez la position des acteurs, le choix des masques et les effets produits.

http://fredericsonntag.virb.com/picts#/id/i8407716/full


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3. Dites à quelle partie de l’œuvre peut faireréférence la photographie ci-contre. Étudiez les choix de mise en scène et leurs effets (décor, accessoires, position des personnages, lumière...).

Jeux théâtraux et jeux d’écriture1. Choisissez et jouez une scène de GeorgeKaplan, en répartissant les rôles en fonction du nombre de partenaires de jeu (un seul acteur pour A / A’ / A’’ ou 3 acteurs pour A / A’ / A’’). L’un d’entre vous peut aussi tenir le rôle du metteur en scène.

2. Relisez les pages 31-32 évoquant l’irruptiondes forces de défense nationale dans la maison où se réunit le GGK. Imaginez la prise de parole de l’un des membres de ce collectif s’adressant au chef du groupe d’intervention afin d’éviter leur arrestation.

3. À la fin de la 2e partie de l’œuvre (p. 50-51), le personnage C’ explique comment sa femme l’aquitté sans qu’il puisse répliquer quoi que ce soit. Réécrivez cette scène sous forme de dia-logue : la femme expliquera les raisons de son départ tandis que son mari cherchera à la reconquérir. Rédigez cet échange animé puis jouez-le.

Affiches1. Comparez les deuxaffiches de spectacles sur George Kaplan pro-posées ci-contre (com-position, nature de l’image, cadrage et angle de vue, couleurs, rapport texte/image, d é n o t é / c o n n o t é . . . ) . Laquelle préférez-vous ? Pourquoi ?

Avant la lecture de l’œuvre, on peut également demander aux élèves quelles sont leurs attentes et hypothèses sur George Kaplan d’après ces affiches. Après la lecture de l’œuvre, on peut interroger les élèves sur les relations entre affiches et texte.

2. Réalisez votre propre affiche de spectacle sur George Kaplan.

C- la construction d’un point de vue personnel sur l’œuvre

Recherches et réflexions1. En quoi le GGK peut-il faire penser aux Anonymous. Qui sont les Anonymous ? Que reven-diquent-ils ? À quel personnage historique font-ils mention ? En quoi cette référence enri-chit-elle le sens de l’œuvre ?

http://fredericsonntag.virb.com/picts#/id/i8407720/full




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2. Formulez un avis critique argumenté sur un résumé de George Kaplan issu du travail d’autresélèves ou de l’enseignant, de recherches etc.

3. Donnez votre propre avis argumenté sur Georges Kaplan en développant ce qui vous a plu etdéplu (langue, style, images, histoire...), ce qui vous a gêné dans la compréhension, ce qui vous a le plus marqué...

4. Après la lecture du texte, rédigez une préface à George Kaplan.

Échanges et débats1. L’auteur considère George Kaplan comme une « comédie policière » ou « comédie d’espion-nage ». Justifiez son propos.

2. Dans George Kaplan, les relations entre les personnages reposent souvent sur des opposi-tions. Selon vous, en quoi le théâtre est-il un genre efficace pour représenter tensions et conflits ?

3. Montrez que le thème de la dissimulation et de la manipulation est au centre de l’œuvre deFrédéric Sonntag. Pensez-vous que le théâtre en général soit un art du masque et du mensonge ?

III. SITOGRAPHIE

Biographie de l’auteur

http://www.editionstheatrales.fr/auteurs/frederic-sonntag-259.html


http://www.theatre-contemporain.net/biographies/Frederic-Sonntag/presentation/

Présentations et critiques de la pièce




http://www.editionsamandier.fr/images/30/revue_341.pdf?PHPSESSID=b1e8feedd38b34757798238892645dc2

Mises en scène, vidéos et enregistrement audio associés à george Kaplan




http://www.franceculture.fr/emission-l-atelier-fiction-george-kaplan-2014-06-17

http://editionstheatrales.fr/auteurs/frederic-sonntag-259.html






http://www.editionsamandier.fr/images/30/revue_341.pdf?PHPSESSID=b1e8feedd38b34757798238892645dc2




http://www.franceculture.fr/emission-l-atelier-fiction-george-kaplan-2014-06-17

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MOI, DANS LES RUINES ROUGES DU SIÈCLE • ŒUVRE 3

Par Olivier Kemeid n Éditions Leméac, 2013

Propos de l’auteur

Chers élèves, chers lecteurs,

Vous dire tout d’abord à quel point je me sens ému et honoré de compter parmi les

finalistes du Prix Sony Labou Tansi.

Lorsque j’écris du théâtre, je ne pense qu’à la date de première : premièrement, m’y rendre vivant et

en un seul morceau. Ensuite, finir la pièce à temps pour que les acteurs puissent avoir assez d’heures

de répétitions, de travail, qu’ils puissent s’approprier mon texte. Vient après la pensée pour le public :

va-t-il s’y retrouver ? Aimera-t-il le spectacle, sera-t-il ému, intrigué, provoqué, que sais-je encore ?

Mais déjà je commence à prendre du recul : si nous avons bien travaillé tous ensemble, la pièce est

devenu un objet artistique à part entière et ne m’appartient plus tout à fait…

Le temps le plus serein – et sans doute le plus riche – est celui du contact avec des lecteurs ou des

spectateurs après la création de la pièce. Parfois des années plus tard. L’auteur a enfin réussi à évacuer

sa panique reliée aux affres de la création, il n’est plus sous pression, il peut même avoir un semblant

de détachement (jamais tout à fait cela dit), il peut parler de son sujet de manière posée. C’est à ce

point que vous arrivez, c’est à ce point que je vous rencontre et j’en suis vraiment heureux. Cette

sélection représente donc un autre moment important sur la route si particulière de Moi, dans les ruines

rouges du siècle – oui, une route si particulière que je ne sais exactement où elle commence. Par ma

rencontre avec Sasha Samar, dont la vie est racontée dans la pièce ? En 2005 donc, quand il joue dans

l’une de mes pièces au Théâtre de Quat’Sous, à Montréal… Ou alors par son arrivée au Canada, en

1996 ? Ou par sa naissance en 1969, dans cette Ukraine soviétique aujourd’hui tristement sous les feux

des projecteurs ?

Peut-être le plus simple serait de remonter à cet automne très froid dans la très belle ville de Québec,

nous sommes en 2010, Sasha Samar est déjà mon ami depuis quelques années… En 2005, réunis par

le metteur en scène Éric Jean, nous avons participé à un projet théâtral intitulé Les Mains. À la suite

d’improvisations des acteurs, j’écrivais un texte ; Sasha y jouait avec sa femme et son fils – déjà l’im-

portance de la famille et la jonction entre la réalité et la scène. Sasha m’avait raconté quelques bribes

de sa vie, rien de plus. Automne 2010 donc, nous voilà dans un café et Sasha qui veut absolument

qu’on retravaille ensemble. Comme toujours, il bouillonne de propositions, me parle d’une nouvelle

de Tchekhov qu’on pourrait adapter, ou une de Pirandello. Je l’écoute. Ça ne me dit rien. Il patauge :

Sasha, il veut travailler ; il parle bien le français mais avec un accent prononcé : à Montréal, cela fait

peur aux producteurs qui ne l’engagent pas et lui font passer peu d’auditions. Puis, d’une voix toute

faible, gênée – presqu’un souffle – il me dit : « Sinon il y a aussi, je ne sais pas trop, c’est peut-être un

peu prétentieux, mais… bon, il y aurait peut-être ma vie qui pourrait nous inspirer, mais peut-être

pas aussi… ». Et moi, ça tombe bien, j’ai envie qu’on me raconte une histoire, qu’il me parle de sa vie,

alors je lui dis : « Raconte ». Et il part.

Son récit va durer trois mois, à coup de trois heures par semaine, parfois plus. Je prends des notes

comme un fou, je me fais une tendinite au poignet, je noircis 75 pages d’un cahier. Je n’ai aucun objectif,

je fais juste prendre des notes. À la fin de son récit, je ne sais pas si j’ai un roman, un film, un poème,

une pièce de théâtre ou tout cela à la fois. Mais je sais que l’histoire qu’il vient de me raconter est

certainement l’histoire la plus extraordinaire qu’il m’ait été donné d’entendre. La suite va aller plus

rondement : après avoir lu mes notes, je me rends compte que Sasha, homme de théâtre, m’a

À P R O P O S D E . . .M O I , D A N S L E S R U I N E SD U S I È C L E n Œ U V R E 3

R O U G E S

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inconsciemment raconté sa vie sous forme de scènes. Ajoutez à cela que le preneur de notes, c’est-à-

dire moi, a sans doute de par sa déformation théâtrale poursuivi la construction mentale en scènes ou

tableaux, et la conclusion est implacable : je détiens là du matériel pour écrire une pièce.

Mais mon envie n’était pas d’écrire une biographie, ni de proposer un théâtre-documentaire. Le témoi-

gnage en tant que tel ne m’intéresse pas ; Sasha non plus. Il me dit d’ailleurs : fais ce que tu veux avec

ça. Alors je lui demande si je peux partir, seul, plusieurs mois, avec ces notes, ne plus lui parler, trouver

ma voie, ma voix aussi dans cet océan d’événements bouleversants, et il me fait l’un des plus beaux

cadeaux reçus à ce jour, il me dit « oui ».

Je pars, j’écris, j’écris, je transforme, je crée, travestis, modifie, fusionne, mêle les cartes. Je suis un

imposteur : ni Ukrainien ni Sasha Samar, j’écris à partir de sa vie. Mais tout acte d’écriture n’est-il pas

acte d’imposture ? Moi, un homme, j’écris des personnages de femmes, de vieillards, d’enfants, quel

que soit le sujet, alors un Ukrainien des années 80, pourquoi pas… Quand je reviens à Sasha avec le

texte – une première version qui connaîtra beaucoup de modifications – il est évidemment très ému :

j’ai gardé le prénom des personnes qui l’ont entouré, ai inventé la rencontre de ses parents, me suis

permis de plonger dans des zones très personnelles. Je lui redonne une famille, d’abord sur papier,

puis ensuite en composant la troupe car c’est moi qui mettrai la pièce en scène. Nous prenons des

acteurs québécois ; c’est important pour Sasha qu’il puisse raconter sa vie aux côtés de ceux chez qui

il a décidé d’émigrer en 1996. Sasha jouera donc son propre rôle, prêt à revoir son père mourir et sa

mère l’abandonner, chaque soir, en janvier 2012 au Théâtre d’Aujourd’hui.

L’accueil qu’il a reçu, à la création de la pièce, fut un tel choc qu’il m’a avoué le concevoir comme son

véritable accueil au pays, plus concret, plus vrai que celui de l’émigration en 1996. Le soir de première,

il a eu une pensée pour ses parents et leur a secrètement dédié la représentation ; j’aime croire que

leur présence bienveillante à nos côtés a su nous aider. Nous aider à quoi ? À être à la hauteur du récit

et de la vie de Sasha je crois, tout simplement.

Une dernière anecdote, merveilleux exemple du travail de création théâtrale. Dans une version anté-

rieure, le personnage de Galina ne disait rien lors de la scène finale de retrouvailles avec Sasha. Je

n’arrivais pas à lui écrire une seule réplique ; l’émotion de voir enfin son fils était telle que la scène,

pour moi, se passait de mots. La comédienne qui a créé le personnage de Galina, Annick Bergeron, est

venue me voir quatre jours avant la première : « Olivier, c’est impossible que Galina ne parle pas. Elle

doit lui laisser quelque chose. Elle ne peut pas se murer dans le silence après toutes ces années ; elle

n’est pas obligée d’expliquer son abandon mais elle doit parler. » Ce n’était pas un caprice d’actrice,

mais bien une profonde compréhension du sens de la pièce, du spectacle, du personnage, animé par

un désir de rendre justice à ces personnages qui ont existé. Je me suis mis à écrire le monologue de

la fin, d’une traite, dans la nuit. Annick avait encore le papier à la générale et à la première, elle l’a

livré pour la première fois.

Un an plus tard, Sasha a réussi à rejoindre les enfants de Galina, ceux qu’elle avait eus

avec son nouveau mari. Ils ont envoyé à Sasha une lettre que Galina avait conservée, et

qui lui était destinée. Cette lettre, que Sasha n’avait jamais lue, reproduit, à quelques

mots près, le monologue final de Galina.

Olivier Kemeid, 12 novembre 2014, Montréal

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Moi, dans les ruines rouges du siècleOlivier Kemeid, Éditions Leméac, 2013

Présentation de l’auteurOlivier Kemeid est né en 1975 à Montréal. Après des études en sciences politiques et en philosophie, il suit les cours de l’École nationale de théâtre du Canada en écriture dramatique. Il est aujourd’hui auteur, comédien, scénariste, metteur en scène, membre fondateur de la compagnie Trois Tristes Tigres et ancien directeur artistique d’Espace Libre (2006-2010).

http://www.cead.qc.ca/_cead_repertoire/id_auteur/1433

http://www.theatredaujourdhui.qc.ca/archives/artistes/olivier-kemeid

Cadre spatio-temporelPrologue et épilogue se situent en 2012 au Québec ; les autres scènes se déroulent en Ukraine entre 1969 et 1996.

RésuméSasha est le narrateur de cette histoire, c’est un personnage inspiré de la vie de Sasha Samar, acteur d’origine ukrainienne.

Élevé par son père en Ukraine, le jeune Sasha tente de lever le mensonge que son père entre-tient sur l’identité de sa mère. Il décide de retrouver sa mère. Aussi, veut-il devenir célèbre pour que sa mère puisse le reconnaître à la télévision. Au fil de son récit, il convoque les per-sonnages qui ont marqué sa jeunesse : Anton, son ami acteur, Ludmilla, son premier amour, mais aussi le cosmonaute Youri Gagarine ou bien la gymnaste Nadia Comaneci. Entre l’explo-sion de Tchernobyl qui emporte son père et les réformes de la Perestroïka sous Gorbatchev, il poursuit sa quête dans une URSS qui se désagrège. Il parvient finalement à une ultime ren-contre avec sa mère avant d’émigrer au Québec pour se construire une nouvelle vie.

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StructureUn prologue et un épilogue encadrent 26 scènes placées dans l’ordre chronologique. Mais structure non linéaire : le personnage de Sasha se fait tantôt narrateur racontant ses souve-nirs, tantôt acteur rejouant les scènes du passé, livrant un récit fragmenté où se mêlent effet de réel et effet de fiction.

Thématiquesn Le mensonge : la pièce est construite sur l’entremêlement de l’histoire personnelle de Sacha Samar et de l’histoire de l’URSS. Le point de convergence de ces deux histoires est la place qu’y tient le mensonge : le mensonge de Vassili sur la mère de Sacha pour protéger son fils et le mensonge d’État baignant la propagande soviétique pour promouvoir la croyance en un avenir radieux. Pour Sasha, sortir du mensonge, c’est retrouver sa mère mais aussi voir disparaître les idéaux qui ont baigné sa jeunesse.

n Théâtre et histoire : cette pièce décrit le système soviétique vu de l’intérieur, par des situa-tions de la vie quotidienne souvent drôles, par le prisme des yeux d’enfant. L’idéologie est évo-quée à travers les héros soviétiques et le père de Sasha représente l’archétype de l’ouvrier dévoué à la grandeur de son pays. Cependant, cette pièce, bien documentée, s’éloigne du théâtre documentaire comme du théâtre à thèse. Dès le prologue le « je » annonce un récit sin-gulier qui convoque mais aussi interroge le passé. Les faits relatés sont sélectionnés et ques-tionnés par le jeu des réminiscences de Sasha, construisant un récit explicitement subjectif et mémoriel. Le personnage de Sasha tente de mettre en scène son histoire, qui n’est pas l’His-toire mais qui ouvre au lecteur un questionnement sur l’histoire du XXe siècle.

n Les relations père/fils : l’absence de la mère crée un lien fort entre père et fils, chacun cher-chant à protéger l’autre. Tantôt Sasha s’accommode du monde fictif que son père lui a construit, tantôt il se révolte et demande des comptes. Connivence et disputes alternent mais jamais la parole n’est rompue : des dialogues imaginaires font irruption, où père et fils com-mentent ensemble les scènes du passé en train d’être jouées. Sasha peut alors exprimer tout ce qu’il n’a pas pu dire à son père dans son enfance.

Personnagesn Des personnages réels et imaginaires se côtoient.Sasha, narrateur, acteur d’origine ukrainienne vivant au Québec.Vassili, mineur, son père aimant et possessif. Galina, sa mère, femme éprise de liberté, idéalisée ; ses interventions prennent une forme réelle ou bien fantasmée. Anton, son ami acteur qui gagne sa vie en interprétant Lénine.Ludmilla, son premier amour, elle attend avec impatience les changements promis par la Perestroïka.Font leur apparition un voisin, une fausse mère, l’ouvrier Vladimir, une kolkhozienne, l’institu-trice Anna Anatolievna. Youri Gagarine et Nadia Comaneci viennent aussi animer les rêveries de Sasha.

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LanguePas de difficulté de langue.

Éléments scéniquesLes didascalies précisent le lieu et l’action des personnages.

Niveau de difficultéNécessite quelques repères sur l’histoire de l’URSS.

Extraits significatifs9. LES JEUX OLYMPIQUESAppartementVassili, tout fier, allume sa télévision.VASSILI. Elle est belle non ?La première télévision en couleurs du quartier !SASHA. Mais il y a que du rouge !VASSILI. Oui pour l’instant mais les autres couleursapparaîtrontPatience […]VOISIN. Oh taisez-vous taisez-vous c’est Nadia ComaneciIls regardent Nadia Comaneci qui apparaît sur scène eteffectue ses figures sur la poutre.Ils sont très impressionnés.Qu’est-ce qu’elle est belle !Comme elle est souple et légère on dirait une féeC’est une féeC’est la plus grande gymnaste de tous les tempsMoi je vous dis qu’elle va remporter encore plus demédailles qu’à MontréalRien ne l’arrête !Regardez tout ce qu’elle fait pour nousElle est des nôtresElle est notre reineTous s’arrêtent, même Nadia Comaneci, et regardent levoisin.PardonJe veux direElle est notre héroïne du prolétariat belle comme unepaysanne à l’ombre des lauriers en fleursNADIA COMANECI. Je suis venue dire au monde entierQu’il y a une personne sans qui rien de tout cela neserait possibleQu’il y a une personne à qui je pense tout le temps etqui me donne tout l’équilibre dont j’ai besoin.

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Qu’il y a une personne qui ne quitte jamais la régionde mon coeurVOISIN. LÉNINE !C’EST LÉNINE J’EN SUIS SÛR !NADIA COMANECI. Pour certains il se nommeAlexandre VassilievitchVOISIN. Elle se trompe ce n’est pas son nom à Lénineelle est trop émue c’est pour çaNADIA COMANECI. Mais pour moiIl s’appelle tout simplement Sasha.SASHA. Moi aussi je t’aime Nadia Elena Comaneci.NADIA COMANECI. Viens me rejoindre.Je suis au Palais des Sports du Stade LénineSASHA. Je peux pasJe dois aller m’entraîner à la patinoire pour devenir le champion de l’équipe nationale ukrainienneNADIA COMANECI. Toi aussi tu veux faire les Jeux olympiques ?SASHA. Oui Nadia.NADIA COMANECI. Toi aussi tu veux des médailles ?SASHA. Les médailles je m’en fous NadiaCe que je veux c’est devenir célèbre et passer à la télévision pour qu’un jour ma mère me reconnaisse et dise.GALINA. C’est lui.C’est Sasha.C’est mon fils.

Liens utilesn Vidéos de présentation du spectacle mis en scène par O. Kemeid :https://www.youtube.com/watch?v=cwzK5887Wl0

n Dossier pédagogique contenant la genèse du projet, la présentation du spectacle et le contexte historique soviétique : seizieme.ca/wp-content/.../10/Ruines-rouges-dossier-pedagogique.pdf

Lexiquen Armée rouge : armée mise sur pied dans l’ancien Empire russe par le nouveau pouvoir bol-chevik, à la suite de la Révolution d’Octobre, afin de combattre la contre révolution des armées blanches soutenues par les puissances étrangères (France, Royaume-Uni, Tchécoslovaquie, États-Unis, Empire du Japon).

n Baïkonour : anciennement Leninsk, ville du Kazakhstan administrée par la Russie par un accord bilatéral jusqu’en 2050. Elle s’est développée autour du cosmodrome de Baïkonour et a été officiellement rebaptisée Baïkonour le 20 décembre 1995.

n (théâtre) Bolchoï : scène prestigieuse de Moscou.

n Caucase : région d’Eurasie constituée de montagnes.

n Féodor Dostoievski (1821-1881) : un des plus grands romanciers russes.

http://www.youtube.com/watch?v=cwzK5887Wl0













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n Sergueï Eisenstein (1898-1948) : réalisateur russe, père du montage cinématographique.

n Maxime Gorki (1868-1936) : écrivain russe engagé politiquement et intellectuellement, fon-dateur du réalisme socialiste.

n Goulag : organisme central gérant les camps de travail forcé en Union soviétique.

n Kazakh : langue appartenant à la famille des langues turques / peuple d’origine turco-mon-gole résidant au Kazakhstan.

n Kazan : ville de Russie et capitale de la république du Tatarstan. Kazan est un centre univer-sitaire et industriel ainsi qu’un important nœud de communications. C’est également le centre religieux musulman de Russie.

n Kolkhoze : coopérative agricole en Union soviétique où les terres, outils, bétail étaient mis en commun.

n Kommunalka : appartement en commun, appartement partagé en Union soviétique où deux foyers ou plus disposent chacun d’une pièce au sein de l’appartement, se partageant une salle d’eau et une cuisine.

n Krivoy Rog : ville industrielle en Ukraine.

n Karl Marx (1818-1883) : historien, journaliste, philosophe, économiste, sociologue, essayiste et théoricien révolutionnaire socialiste et communiste allemand.

n Orthodoxe : conforme à un dogme religieux, à une doctrine ou encore aux usages.

n Pacte de Varsovie : alliance militaire créée en 1955 regroupant l’URSS et les Démocraties Populaires d’Europe de l’Est au temps de la guerre froide. Nikita Khrouchtchev, qui en fut l’arti-san, l’avait conçu comme un contrepoids à l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) de 1949.

n Joseph Staline (1879-1953) : homme fort de l’URSS pendant plus d’un quart de siècle, Staline fut l’un des acteurs majeurs de l’histoire contemporaine. « Petit père des peuples » et fonda-teur des goulags, il est à la fois le grand vainqueur d’Hitler, le modernisateur de l’URSS et l’ar-tisan d’une terreur généralisée dans son pays.

n Tatiana Stepanova (1962- ) : maîtresse de ballet, chorégraphe, danseuse, critique, essayiste et historienne de la danse russe.

n Stolovaya : cafétéria ou cantine russe.

n Viktor Tikhonov (1930- ) : joueur et entraîneur de hockey sur glace d’URSS.

n Léon Trotsky (1879-1940) : révolutionnaire et homme politique soviétique, il est le principal acteur, avec Lénine, de la Révolution d’Octobre qui permet aux bolcheviks d’arriver au pouvoir. Durant la guerre civile russe qui s’ensuit, il fonde l’armée rouge et se montre partisan de mesures de terreur : son action contribue à la victoire des bolcheviks et à la survie du régime soviétique. Il est dès lors, et durant plusieurs années, l’un des plus importants dirigeants de l’internationale communiste et de l’URSS naissante. Mais il meurt assassiné sur l’ordre de Staline.

n Tupolev : entreprise russe de défense et de conception aérospatiale.

n Walkman : baladeur cassette vendu depuis 1979.












































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I. Quelques pistes pour faire entrer les élèves dans l’œuvre : quand petite et grande histoire se mêlent...Un récit biographique1. Document d’appuiÀ l’occasion de la création du spectacle, la compagnie Trois Tristes Tigres a proposé un dossier numérique exposant l’origine du projet, la présentation de l’équipe artistique et quelques pho-tographies du spectacle. En page 6 du document, un texte d’Olivier Kemeid rappelle la genèse du projet. Référence du site http://www.troistristestigres.com/resources/doc%20pr%C3%A9sentation%20Ruines.pdf

2. ActivitésÉtudiez le titre de l’œuvre et le prologue. Distinguez les éléments biographiques et les élé-ments historiques. Retrouvez dans « la genèse du projet » les intentions formulées par l’auteur.

Le contexte historique1. Document d’appui : tableau synoptique

Année Moi, dans les ruines rouges du siècle

Contexte historique

2012 Prologue L’Ukraine est une des 15 républiques constituant l’URSS.

1. San Remo Printemps de Prague (1968) : série de réformes visant à assouplir le régime communiste en Tchécoslovaquie mais l’armée Rouge envahit la Tchécoslo-vaquie et met fin au gouvernement tchèque de Dubcek, stoppant tout espoir de libéralisation.

1969 2. Naissance

1970 3. L’accident dans la mine

1972 4. La chute du cosmonaute Youri Gagarine (1934-1968) : premier homme à avoir effectué un vol dans l’es-pace en 1961 dans le cadre du programme spatial soviétique. La compétition entre Américains et Soviétiques pendant la Guerre Froide se place aussi sur le terrain scientifique.

5. Dans les trains« ton grand-père a connu cette plaine infinie bleuie par les cadavres glacés »

Grande famine en 1932/1933 provoquée par les réquisitions forcées des den-rées alimentaires dans les campagnes ukrainiennes. Le nombre de victime est estimé entre 2 et 6 millions de morts.

6. Le dernier souper

7. L’usine

8. La vie fausse

1980 9. Les Jeux Olympiques Nadia Comaneci (1961- ) est une célèbre gymnaste roumaine médaillée d’or aux Jeux Olympiques de Montréal en 1976. En 1980, elle participe pour la deu-xième fois aux Jeux Olympiques, qui se tiennent cette année-là à Moscou.


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10. Pinocchio Leonid Brejnev (1906-1982) : homme politique soviétique, il remplace Khrouchtchev au poste de secrétaire général de l‘Union soviétique, il est donc le principal dirigeant de l’URSS de 1964 à sa mort.

11. Le démon blond

12. Le souffle au cœur

13. Lénine et Nevski Alexandre Nevsky, héros national russe, il bat les Suédois en 1240 à la bataille de Néva puis les chevaliers Teutoniques sur les glaces du lac Peïpous en 1242. De cette seconde victoire, aussi appelée « bataille de la Glace », va sortir la nation russe. Cette figure historique est reprise dans la propagande soviétique : en 1938, Serge Eisenstein réalise un film intitulé Alexandre Nevski. Ce film de com-mande voulu par Staline devait raviver le nationalisme russe à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Lénine (Vladimir Ilitch Oulianov / 1870-1924) : considéré comme le père de la révolution russe. Il orchestre la révolution d’octobre 1917 et la prise de pouvoir des bolcheviks (communistes russes) puis dirige la Russie, baptisée URSS en 1922, jusqu’à sa mort en 1924. S’inspirant des idées de Karl Marx, il réorganise le pays sur la base d’un parti unique au pouvoir et sur la collectivisation des terres et des usines.

14. Dona Summer

1986 15. Tchernobyl Tchernobyl : accident nucléaire classé au niveau 7, le plus élevé, sur l’échelle internationale des événements nucléaires (INES) qui a eu lieu le 26 avril 1986 dans la centrale Lénine, en Ukraine.

1986 16. Radiations« Fin d’été 1986, j’ai dix-sept ans »

17. Sous la pluie

18. Les liquidateurs

1987 19. L’appel aux armes Guerre en Afghanistan : pour soutenir le régime marxiste-léniniste de Kaboul, l’armée soviétique entre en Afghanistan en décembre 1979. l’URSS occupe le pays jusqu’en 1988.

20. Dans les steppes du Kazakhstan

1989 21. Retrouvailles

22. Le nouveau monde

23. Perestroïka Mikhaïl Gorbatchev (1931- ) : homme d’État soviétique qui dirigea l’URSS entre 1985 et 1991. Résolument réformateur, il s’engagea à l’extérieur vers la fin de la guerre froide, et lança à l’intérieur la libéralisation économique, culturelle et politique connue sous les noms de Perestroïka (« reconstruction », réformes économiques) et de Glasnost (« transparence », politique de liberté d’expres-sion).

24. Kalouch

1990/1991 25. DislocationAnton « Le 1er mai 1990 Gorba-techev et moi sommes hués sur la place rouge.Le 12 juin 1991 Boris Eltsine nouveau président de la Fédé-ration de Russie »

Dislocation de l’URSS : Le 9 novembre 1989, c’est la chute du mur de Berlin ; en décembre 1989, toutes les Démocraties Populaires d’Europe de l’Est se sont effondrées. À partir de 1990, c’est à l’intérieur même de l’URSS que la contestation s’ampli-fie : la situation économique et sociale est de plus en plus difficile, Gorbatchev est contesté à la fois par les conservateurs qui veulent stopper les réformes et par les libéraux qui veulent accélérer la libéralisation. Dans ce contexte, les 15 républiques soviétiques proclament une à une leur indépendance. Boris Elt-sine est élu président de la Russie. Représentant d’un pays qui, de fait, n’existe plus, Gorbatchev démissionne le 25 décembre 1991 : l’URSS disparaît.

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1994 26. Téléphonistes

2012 Épilogue

1. ActivitésCe tableau peut être un outil de lecture, il éclaire le contexte historique de l’URSS. Il peut être aussi construit par les élèves : dans la colonne « contexte historique », laisser uniquement les éléments en gras et demander aux élèves de rechercher les événements et personnages évoqués. Ce tableau permet aussi une première approche de la construction de la pièce. Faire observer les dates et les titres pour amorcer l’idée d’un récit non linéaire : sauts entre présent et passé ; titres qui reflètent les diverses entrées dans le récit (par un lieu, par une situation, par un per-sonnage, par un événement…).

L’histoire de l’URSS

1. Document d’appuiSculpture « L’ouvrier et la kolkhozienne » de Vera Moukhina destinée à orner le pavillon de l’URSS lors de l’exposition Universelle de 1937 à Paris.

Référence du site http://www.photo.rmn.fr/archive/11-524260-2C6NU0MV1U3M.html

2. ActivitésEn quoi cette sculpture résume-t-elle l’idéologie portée par l’URSS ? Lire la scène 7. Dans ce passage, Sasha visite l’usine où travaille son père Vassili. Relevez les éléments évoquant l’Ukraine soviétique (personnages, texte, didascalies).



L’histoire de l’URSS de Brejnev à Gorbatchev1. Documents d’appui : deux vidéos, deux portraits réalisés par des journalistes à l’occasiondes visites officielles des chefs d’État soviétiques en France à deux époques différentes.

Référence des sitesn Portrait de Léonid Brejnev, archives de l’INA, 1971http://www.ina.fr/video/CAF97511868 n Le parcours de Gorbatchev, archives de l’INA, 1990https://www.youtube.com/watch?v=YBiQlW09XCA

2. ActivitésCes deux documents éclairent l’histoire politique de l’URSS. Ils posent aussi la question du point de vue : deux journalistes occidentaux portent un regard sur l’URSS. Questions pos-sibles : à quelle occasion ces portraits furent réalisés ? Par qui ? Comment les éléments histo-riques sont utilisés dans la pièce ? En quoi les personnages de la pièce sont porteurs de points de vue différents ?

http://www.photo.rmn.fr/archive/11-524260-2C6NU0MV1U3M.html

http://www.ina.fr/video/CAF97511868

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La construction d’une histoire officielle

1. Documents d’appuiSur le site de « l’Histoire par l’image », deux photographies de 1920 ; l’une représente Lénine hissé sur une tribune et haranguant la foule ; l’autre est la même photographie retouchée dans les années 1930 sur décision de Staline soucieux de faire disparaître de l’histoire officielle Trotski et Kamenev (sur l’escalier de la tribune), ses adversaires politiques.

Référence du site à consulter http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=573&d=1&m=l%C3%A9nine

2. ActivitésDécrivez la mise en scène de cette photographie de propagande. Dans la pièce, en quoi le per-sonnage de Sacha se fait le metteur en scène de sa propre histoire ?

Histoire et écriture théâtrale, l’exemple de Tchernobyl1. Document d’appui : vidéo documentaire de Emanuela Andrevli et Wladimir Tchertkoff ;24 mn [avertissement : passages très poignants].

Référence du site à consulter https://www.youtube.com/watch?v=NTWt13WwX4E&app=desktop

Le réalisateur a suivi, pendant 15 ans, cinq liquidateurs de Tchernobyl. En plus d’images prises juste après la catastrophe, il présente ici les témoignages de ces hommes qui se sont sacrifiés afin d’éviter une plus grande catastrophe encore.

2. Activitésa- Premier extrait (15. Tchernobyl ; p. 69 à 71. Identifiez le passage qui marque un change-ment de registre dans ce monologue. Caractérisez chaque registre ;b- Second extrait (18. Les liquidateurs ; p. 82 à 84). Caractérisez les deux points de vue expo-sés. Quel effet produit cette juxtaposition ? Dans cette scène, comment évolue le personnagede Vassili par rapport au début de la pièce ?c- À partir de ces deux extraits, montrez que l’auteur utilise différents procédés pour traiterl’Histoire sous une forme théâtrale.


Décor et scénographie1. Document d’appui : photographies du spectacle d’Olivier Kemeid.

Référence du site à consulter http://www.troitristestigres.com/ressources/doc%20pr%C3%A9sentation%20Ruines.pdf

http://www.histoire-image.org/site/etude_comp/etude_comp_detail.php?i=573&d=1&m=l%C3%A9nine

http://www.youtube.com/watch?v=NTWt13WwX4E&app=desktop

http://www.troitristestigres.com/ressources/doc%20pr%C3%A9sentation%20Ruines.pdf

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2. ActivitésÀ partir de la photographie page 12, étudiez la scénographie. Parcourez l’ensemble des photo-graphies proposées dans le dossier, identifiez les différentes scènes et décrivez-les.

Jeu1. ActivitéImaginez une mise en espace et/ou une mise en jeu de la scène 3 (p. 16 à 19) prenant en compte la double dispute, celle de Vassili et Galina, celle de Sasha et son père.

Mise en scène1. Document d’appui : extrait vidéo du spectacle mis en scène par Olivier Kemeid.

Référence du site à consulter https://www.youtube.com/watch?v=cwzK5887W10

2. ActivitésPour jouer Sasha, Olivier Kemeid a choisi Sasha Samar, l’acteur qui a inspiré le personnage. Ce choix peut-il influer sur le travail d’acteur ?En quoi cette distribution peut-elle modifier la perception de la pièce pour le spectateur ?

C- la construction d’un point de vue personnel sur l’œuvre

Rendre compte des désordres du monde1. Document d’appui : Vidéo sur le site du journal Le Monde « Ukraine : comprendre les origines de la crise en 5 minutes ». Le document montre les différents enjeux de la guerre, interroge sur l’Ukraine prise entre recherche d’identité et enjeux géopolitiques.

Référence du site à consulter http://abonnes.lemonde.fr/europe/video/2014/02/27/pourquoi-l-ukraine-est-elle-tiraillee-entre-europe-et-russie_4375125_3214.html

2. ActivitésLa lecture de la pièce permet-elle, d’après vous, d’éclairer la réflexion sur la situation ukrai-nienne actuelle ?

Bilan : ce qui m’a intéressé dans ce texte1. Activités Rédigez un texte exposant votre avis sur la pièce et comprenant au moins trois arguments.Vous pouvez vous appuyer sur les thèmes suivants ou bien en formuler d’autres : le mélange entre fiction et réel / la quête du personnage de Sasha / les relations père-fils / les situations tragi-comiques / la réflexion sur le monde d’aujourd’hui.

http://www.youtube.com/watch?v=cwzK5887W10

http://abonnes.lemonde.fr/europe/video/2014/02/27/pourquoi-l-ukraine-est-elle-tiraillee-entre-europe-et-russie_4375125_3214.html

http://abonnes.lemonde.fr/europe/video/2014/02/27/pourquoi-l-ukraine-est-elle-tiraillee-entre-europe-et-russie_4375125_3214.html

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NOUS VOIR NOUS • ŒUVRE 4


Salut à toi, lycéen francophone qui me lit de l’autre côté de l’Atlantique. Es-tu assis

confortablement ? Tu tiens entre tes mains une pièce de théâtre que j’ai écrite, c’est ma

photo que tu vois sur la couverture. En la regardant, arrives-tu à t’imaginer le son de

ma voix ? Peut-être pas : j’ai un fort accent québécois.

J’ai commencé à écrire Nous voir nous en 2010, alors qu’il devenait de plus en plus évident que les

médias sociaux ne seraient pas qu’un gadget de plus dans le paysage 2.0, mais qu’ils transformeraient

nos rapports aux autres et à nous-mêmes. Nous nous donnions déjà en spectacle – Facebook n’a rien

inventé –, mais jamais n’avions-nous pu le faire sur une si grande scène et devant un si large public.

C’est la raison pour laquelle j’ai décidé d’aborder la question avec une pièce de théâtre et non un

roman, un essai ou un film : parce que les personnages pourraient s’adresser directement à un audi-

toire et le prendre à témoin. Tout ce qu’ils font durant l’heure que dure la pièce, ils le font pour lui

– c’est sa présence le véritable élément déclencheur.

Les cinq personnages veulent prouver aux spectateurs qu’ils sont dignes de leur intérêt, qu’ils sont

uniques… et plus uniques que les quatre autres ! D’une certaine façon, ils se battent à savoir qui sera

le personnage principal. Ils complexifient leur identité en y ajoutant sans cesse de nouvelles couches,

jusqu’à rivaliser avec des événements dignes d’un film hollywoodien. Ils seraient prêts à mourir pour

vivre à travers nos yeux.

Paradoxalement, cette course au moi le plus unique se joue sur une interface qui les réduit à très peu

de choses : leurs phrases sont formatées et courtes, aussi n’ont-ils pas de nom… Ils veulent être le

personnage principal, mais ils ont beau cogner de toutes leurs forces derrière l’écran, sont sans cesse

ravalés par le chœur.

La pièce s’intitule Nous voir nous, comme une invitation lancée par les personnages à venir assister à

la grandeur de leurs personnes. Mais comme tu peux t’en douter, lycéen francophone qui me lit de

l’autre côté de l’Atlantique, cette idée est doublée d’une autre. Tu es intelligent et tu as compris que

la répétition du pronom personnel nous souligne le fait que les personnages se regardent eux-mêmes,

qu’ils sont leurs propres spectateurs. Ils jubilent en se voyant à l’écran, mais s’agit-il vraiment d’eux-

mêmes ou d’un personnage qu’ils façonnent à leur guise ?

Plus que de parler des médias sociaux, je voulais écrire une pièce qui posait cette question : dans ce

monde des images, qui sommes-nous ? Le théâtre met en scène des corps, des hommes et des femmes

en chair et en os, et j’aimais l’idée qu’on ne les regarde que très peu durant le spectacle. Si l’action se

déroule à l’écran, quel est le rôle des cinq personnes qui se tiennent devant nous ? Personnage, spec-

tateur, acteur ? Et qu’en est-il de la réalité ? N’est-elle plus que les coulisses de ce théâtre ? Mais alors,

où est la scène ?

Tu auras compris, lycéen francophone qui me lit de l’autre côté de l’Atlantique, qu’en amenant le

spectateur à se poser ces questions à propos des personnages, je voulais qu’il réfléchisse à propos de

lui-même. On l’oublie, parce que le théâtre se prend malheureusement trop souvent pour un musée,

mais l’art doit s’adresser au présent. Je fais partie de cette génération de l’Internet et, le plus possible,

j’ai essayé de m’inclure dans la réflexion. Aussi pervers les comportements des personnages peuvent-ils

sembler, il fallait que je puisse reconnaître les miens.

À P R O P O S D E . . .N O U S V O I R N O U S Œ U V R E 4n

Par Guillaume Corbeil n Éditions Leméac, 2013

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De la même façon, j’espère que tu te reconnaîtras, lycéen francophone qui me lit de l’autre côté de

l’Atlantique, et que tu répondras à l’invitation lancée par cette pièce de réfléchir au monde dans lequel

tu vis.

Nous devons maintenant nous quitter. Tu peux ouvrir le livre que tu tiens entre tes mains et en

commencer la lecture. Si tu as des questions ou des commentaires, tu peux m’écrire –

surtout n’hésite pas : la personne que tu vois sur la photo en couverture se fera un

plaisir de te répondre.

À bientôt j’espère.

Guillaume Corbeil

[email protected]

mailto:gcorbeil%40gmail.com%20?subject=

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Nous voir nous (Cinq visages pour Camille Brunelle)

Guillaume Corbeil, Éditions Leméac, 2013

Présentation de l’auteurNé en 1980 dans le petit village de Coteau-Station, Guillaume Corbeil entreprend des études en droit et abandonne trois heures plus tard, le temps d’un cocktail avec le corps professo-ral et d’un discours du recteur. Il commence à écrire à l’âge de vingt ans, trop tard pour devenir le nouveau jeune prodige des lettres québécoises. Il termine en 2007 une maîtrise en créa-tion littéraire à l’UQÀM, où il aborde à partir du slogan de la boulangerie Première Moisson - L’art du vrai - les questions du mensonge et de la vérité en littérature, pour ensuite se posi-tionner contre l’autobiographique. Parfois il se dit qu’écrire, ce n’est pas une vie, ça, et que tout aurait été plus facile s’il était plutôt devenu un athlète de haut niveau, peut-être un nageur ou un skieur olympique, sinon un joueur de hockey profes-sionnel, ou encore tout autre chose, éleveur de pigeons voya-geurs, accessoiriste à la télévision communautaire ou pompier, simplement.

Cadre spatio-temporelLa pièce paraît commencer au présent avec les spectateurs, mais fait ensuite dérouler une fic-tion (voir structure) racontée sur le mode des dérives de la conversation typique des réseaux sociaux.

RésuméCinq jeunes gens (re)présentent leur vie réelle (ou virtuelle, le doute est permis) vécue à tra-vers les traces laissées sur les réseaux sociaux ou leurs téléphones portables.

Structure5 séquences ou « actes » avec continuité de temps à l’intérieur de chacun et écoulement du temps entre les actes :- la première présente les personnages en présence et leurs goûts à la manière d’un profil Facebook ;- la seconde raconte « la soirée » où ils sont allés après la première séquence ;

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- la troisième fait revivre « la soirée » différemment. Point de départ : une relation amoureuse liée pendant la soirée ;- la quatrième reprend la soirée sous un autre angle en partant du quotidien trivial de chacun. Le doute s’installe sur la réalité de la situation ;- la cinquième est construite à partir de l’enterrement de l’un des protagonistes.

Thématiquesn Les réseaux sociaux et l’usage des téléphones portables... Mais au-delà des apparences, l’œuvre aborde les thèmes de toujours :- être/non-être/paraître et représentation de soi ;- réseaux sociaux / Nous voir nous / narcissisme ;- modes de communication succincts, codés ;- quête d’identité / individualisation / construction de son identité par ce qu’on a vu, lu, entendu ;- appartenance sociale / formes d’amitié / multiplicité de l’individu ;- banalisation de la sexualité et de la violence ;- le rapport au temps ; le moment présent, le temps qui file.

PersonnagesUN, DEUX, TROIS (filles), QUATRE et CINQ (garçons).L’auteur souhaite que les comédiens alimentent leurs personnages de leurs propres caractéristiques.

LangueTrès simple et descriptive. Répliques courtes qui induisent une rythmique particulière. Usage massif de la répétition et de l’accumulation. La narration avance souvent par association d’idées.

Éléments scéniquesPrésence de photos constante (dans le texte).

Niveau de difficultéPas de difficulté de langue.

La construction, en revanche, est savante et plus difficile à appréhender.

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Extraits significatifsFIN DE LA SÉQUENCE 4 UN : Qu’est-ce que t’as ?QUATRE : Je ne sais pasJ’ai peur je penseJ’ai peur que vous aimiez quelqu’un que je ne suis pasJe ne sais pas pourquoiMais on dirait que depuis toujoursJe fais semblant d’être quelqu’un d’autrePeut-être parce que je veuxOuiParce que je veux que vous m’aimiezMais là j’en peux plusJ’ai envie d’être moi-même une fois pour toutesJe suis pas celui que vous pensez que je suisCelui qui s’intéresse à l’artEt qui va sauver le mondeJe suis banalOuiJe suis juste moi

DÉBUT DE LA SÉQUENCE 5 QUATRE : Le contenu de mon réfrigérateur(photo)Moi qui note ce qui me manque(photo)Moi à l’épicerie(photo)Moi dans l’allée des fruits et légumes(photo)Moi dans l’allée des pains et céréales(photo)Moi dans l’allée des produits surgelés(photo)Moi qui demande à un commis le prix des raisins verts(photo)Le contenu de mon panier(photo)Moi qui paye(photo)La caissière qui me rend la monnaie(photo)De retour à la maison(photo)Moi qui coupe du pain baguette(photo)(...)

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Liens utilesn Cahier d’accompagnement du spectacle du théâtre PAPPrésentation de l’auteur, de la pièce, des acteurs. Points de vue du metteur en scène et de l’au-teur. Aperçus sociologiques sur les réseaux sociaux. D’autres liens sur la relation des jeunes aux réseaux sociaux.http://www.theatrepap.com/app/uploads/files/cahier-accompagnement/cinq_cahieraccompa-gnement-2014reduit.pdf

n Extraits du spectacle Les Cinq visages de Camille Brunelle (théâtre PAP 2013)Les Cinq visages de Camille Brunelle est le titre du spectacle tiré du texte de Guillaume Corbeil. https://www.youtube.com/watch?v=8Um1PQjX03In Extrait du texte hors représentation par les mêmes acteursDans un contexte différent, les mêmes acteurs donnent un extrait du texte, dans un simple rapport frontal à la caméra.http://www.lafabriqueculturelle.tv/capsules/991cinq/ cinq-visages-pour-camille-brunelle-face-camera

n Interview de Guillaume CorbeilRapide interview de l’auteur sur son rapport aux réseaux sociaux, le texte et son parcours per-sonnel vers l’écriture.h t t p : / / w w w . l a c t u a l i t e . c o m / b l o g u e s / l e - b l o g u e - c u l t u r e / t h e a t r e /guillaume-corbeil-a-mille-amis-et-sa-piece-cinq-visages-pour-camille-brunelle-commence-demain/

n Interview de Guillaume Corbeil et Claude PoissantL’auteur de Nous voir Nous et le metteur en scène des Cinq visages de Camille Brunelle s’ex-pliquent sur le texte et les choix de mise en scène, les thèmes abordés et la réception du public.http://plusdeoff.com/2014/06/03/interview-guillaume-corbeil-claude-poissant-cinq-visages-pour-camille-brunelle-avignon-off/

n Clip de Guillaume Corbeil au Festival du Jamais Lu.Chaque année, le Jamais Lu produit un festival de 10 jours à Montréal et un autre de 3 jours à Québec. Pensées par des metteurs en scène et faites par des comédiens, des lectures théâtrales y sont présentées. Elles font jaillir des langues, des formes et des styles très variés et empreints d’une envie commune : celle d’interroger, au moyen de la fiction, le monde dans lequel nous vivons. Guillaume Corbeil intervient dans une courte séquence qui n’est pas sans rapport avec Nous voir Nous.http://vimeo.com/40682210

Lexiquen Arcan Nelly : écrivaine québécoise qui s’est suicidée par pendaison en septembre 2009.

n Balle molle : soft ball, sport collectif descendant du base-ball.

n Best Buy : entreprise américaine de vente de matériel électronique grand public, présente surtout aux États-Unis et au Canada.

n Blanchon : Petit du phoque.

n Bobette : sous-vêtement.

http://www.theatrepap.com/app/uploads/files/cahier-accompagnement/cinq_cahieraccompagnement-2014reduit.pdf

http://www.theatrepap.com/app/uploads/files/cahier-accompagnement/cinq_cahieraccompagnement-2014reduit.pdf

http://www.youtube.com/watch?v=8Um1PQjX03I

http://www.lafabriqueculturelle.tv/capsules/991cinq/ cinq-visages-pour-camille-brunelle-face-camera

http://www.lafabriqueculturelle.tv/capsules/991cinq/ cinq-visages-pour-camille-brunelle-face-camera

http://www.lactualite.com/blogues/le-blogue-culture/theatre/guillaume-corbeil-a-mille-amis-et-sa-piece-cinq-visages-pour-camille-brunelle-commence-demain/



http://plusdeoff.com/2014/06/03/interview-guillaume-corbeil-claude-poissant-cinq-visages-pour-camille-brunelle-avignon-off/

http://plusdeoff.com/2014/06/03/interview-guillaume-corbeil-claude-poissant-cinq-visages-pour-camille-brunelle-avignon-off/

http://vimeo.com/40682210

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n Bungee : saut à l’élastique.

n Cash down : argent comptant.

n Choinière Olivier : Auteur dramatique québécois né en 1973.

n Clockwork Orange : Orange mécanique (1971), film emblématique de Stanley Kubrick mettant en scène des adolescents ultra-violents.

n Coupe à blanc : coupe rase d’une forêt.

n Deleuze Gilles : philosophe français qui se défenestre en 1995 et est enterré à Saint Léonard de Noblat.

n Fortin Dédé : auteur-compositeur, chanteur, cinéaste, acteur québécois qui a mis fin à ses jours en 2000, à l’âge de 37 ans, selon le rite seppuku ou hara-kiri.

n Gale : maladie infectieuse de la peau.

n Gordon Lucy : actrice britannique qui s’est suicidée par pendaison en mai 2009.

n Harfang : sorte de hibou ou de chouette des neiges.

n Hell’s (angels) : club de motards en Harley Davidson, considéré comme organisation criminelle.

n Kane Sarah : dramaturge britannique qui s’est pendue avec ses lacets dans les toilettes de l’hôpital de King’s College de Londres, à l’âge de 28 ans.

n Lepage Robert : Artiste québécois mondialement connu. Il est auteur, scénographe, metteur en scène, cinéaste...

n Les bons débarras : Film de Francis Mankiewicz (1980), considéré comme une œuvre majeure du cinéma québécois.

n Léveillé Claude : Chanteur, auteur compositeur et acteur québécois (1932-2011).

n MDMA : amphétamine.

n Mouawad Wajdi : auteur, metteur en scène, comédien né au Liban en 1968. A passé son ado-lescence en France, puis a émigré au Québec. Vit aujourd’hui en France.

n NIP : Numéro d’Identification Personnel.

n Plath Sylvia : écrivaine américaine qui s’est suicidée en 1963 en s’empoisonnant au gaz.

n Quétaine : de mauvais goût, démodé ou cliché.

n Sables bitumineux : mélange de sable et de bitume brut.

n Salo ou les 120 jours de Sodome : Dernier film de Pier Paolo Pasolini (1975), inspiré du mar-quis de Sade. Longtemps censuré ou interdit.

n Sambuca : nom d’une liqueur italienne douce et forte à base d’anis étoilé.

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n Schaubühne : théâtre et salle de spectacle de Berlin, située dans la partie occidentale de la ville.

n Shooter : verre d’alcool fort qui se boit « cul sec ».

n Tacheles : un des plus célèbres squats de Berlin en Allemagne, occupé de 1990 à 2012 par des artistes. Autrefois partie du quartier juif de Berlin, il a été utilisé comme prison nazie ; le bâti-ment a été réinvesti par des artistes qui l’ont baptisé Tacheles (« franc-parler »). Il a été évacué le 4 septembre 2012. Le jardin à l’arrière du bâtiment est quant à lui toujours ouvert au public et accueille une exposition permanente de sculptures en métal ainsi que des ateliers pour peintres et sculpteurs.

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I. Quelques pistes pour faire entrer les élèves dans l’œuvreObserver1. Le titre et le sous-titre de l’œuvre (avant la lecture du texte) : à quoi vous font-ils penser ? Faites une liste de mots qui vous viennent à l’esprit. Écrivez le résumé de la pièce sans l’avoir lue.

2. Les personnages : en lisant les 6 premières pages, que peut-on en dire ?

3. Observez les pages 20 et 21 : retrouve-t-on la même chose ou un procédé identique ailleurs dans le texte ?

4. Feuilletez le texte et observez les didascalies (en italiques). Quelles en sont les caractéris-tiques ?

5. Choisissez 10 pages au hasard. Combien de répliques comptez-vous en moyenne dans chaque page ? Que pouvez-vous dire du rythme du texte ?

6. Dans les notes de fin d’œuvre (p. 117), l’auteur insiste sur les possibilités de mise en scène de Nous voir nous. Que pensez-vous de cette liberté de création ?

Écrire1. Choisissez dans votre entourage ou dans vos « amis » plus ou moins proches, ou parmi les célébrités du moment (au choix), un personnage et imaginez qu’il remplit le questionnaire sui-vant :SEXE : YEUX : CHEVEUX : TAILLE : DATE DE NAISSANCE : DEVISE :PASSION :STYLE : CLUB : DRINK :RESTAURANT :FILM :LIVRE : PIÈCE DE THÉÂTRE :MUSIQUE : DERNIER AIR EN TÊTE :5000$ À DÉPENSER DANS LA PROCHAINE HEURE :

2. Voici le texte que Claude Poissant, le metteur en scène du spectacle Cinq visages de Camille Brunel, a proposé pour présenter le spectacle :


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« L’autre soir. Au café. Devant la caisse. Tu m’as regardé, bouche close et l’œil hagard. Tu ne m’as pas reconnu. On ne s’était pas revu depuis la fête au Buvard. On ne s’est vu que par le réseau et aussi par ouï-dire. C’était quand ? Je ne sais plus. La notion du temps n’a plus la cote. Tu as reculé d’un pas quand je t’ai dit allô. Et nous avons bredouillé sur un ton neutre et acca-blant des « ça va ? Ça va oui. Toi ? Faut j’me sauve. Je comprends. » J’arrête ici, mon message est trop long, je voulais juste te dire salut et savoir si tu avais peut-être envie d’aller voir le spectacle d’une amie, elle joue dedans. Une histoire entre cinq célibataires qui ont perdu, si j’ai bien compris, leur éternité. Mais, en fait, il n’y a pas d’histoire. Mon amie, qui est peut-être aussi ton amie – c’est quoi son nom déjà ? – et qui joue un rôle important dans la pièce, m’a dit que ça parle du désir d’extimité1. J’aime ce mot, je me sens intelligent quand j’y pense. Je vais manger un scone et boire un autre café, en espérant que tu me reviennes. Je t’envoie aussi un lien pour un rassemblement imaginaire. En passant, j’aime ta photo. Je n’ai pas fait de fautes. Publier. »À votre tour, faites un message à un(e) ami(e) Facebook que vous n’avez pas vu(e) depuis long-temps, ou que vous ne connaissez pas, sauf à travers ses publications.

3. Rédigez un extrait du journal intime du personnage de votre choix.

4. Créez les comptes Facebook de chacun des personnages. Dialoguez.

5. Rédigez un article du journal local sur l’un des événements relatés dans la pièce.


A- la compréhension et la dimension théâtrale de l’œuvre

Mettre en voix1. Faites cinq équipes correspondant à chacun des cinq personnages et organisez une« battle » : chaque groupe cherche à surenchérir sur les autres. On peut essayer la version indi-viduelle de l’exercice un élève pour un personnage :- on peut s’appuyer sur les pages 20 à 23 pour réaliser cet exercice en utilisant les photos ;- cet exercice peut être fait à partir des pages 35 à 37 (et suivantes si nécessaire), sur la base de sons plutôt que d’images.

Réaliser1. PhotoSéquences au choix. Individuellement ou collectivement. Réalisez avec un ou des téléphones portables le diaporama correspondant à une séquence.

2. MaquettesRéalisez la maquette de l’appartement de chacun des personnages (ou de l’un d’entre eux au choix).

1. Désir de rendre visibles certains aspects de soi jusque-là considérés comme relevant de l’intimité. Il est constitutif de la personnehumaine et nécessaire à son développement psychique - notamment à une bonne image de soi. En cela, l’extimité doit être distinguéede l’exhibitionnisme qui est pathologique et répétitif, inscrit dans un rituel morbide.

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Analyser1. Le texte est construit en 5 parties à l’image des 5 actes d’une tragédie. Justifiez ce rapproche-ment et défendez également l’aspect comique de l’œuvre.

2. Questionnez-vous sur le temps : au théâtre, la durée de la représentation ne coïncide pastoujours avec la durée de l’action.Comment pourrait-on répondre à la question suivante : quelle est la durée de l’action dans Nous voir Nous ?

3. Réalité/fiction : la pièce questionne le rapport entre la réalité et la fiction. Trouvez des pas-sages représentatifs de ce questionnement.

4. Analysez la vidéo d’extraits du spectacle : reconnaît-on les personnages à leur costume ?Questionnez-vous sur le traitement de l’espace (sol, mobilier, etc.), sur le traitement du texte et de la voix ainsi que sur l’engagement corporel.

5. Les réseaux sociaux : sur cet aspect, on peut travailler avec un collègue de Sciences écono-miques et sociales. Les réseaux sociaux sont au programme des classes de première. Le choix de textes fait par l’équipe de théâtre PAP dans son dossier pédagogique est excellent.

B- la construction d’un point de vue personnel sur l’œuvre

Ce qui m’intéresse dans ce texte (et j’argumente) :

n. Le thème/les thèmes traités :

n L’action :



n. Les situations proposées :



n Autre :

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YUKONSTYLE • ŒUVRE 5

Par Sarah Berthiaume (2010) n Éditions Théâtrales, collection [en scène], 2013


Montréal, le 13 novembre 2014

Chers lecteurs, chères lectrices,

je suis ravie d’apprendre que d’ici quelques mois, voire quelques semaines, vous aurez

ma pièce Yukonstyle entre les mains. Laissez-moi d’abord vous raconter comment tout cela a commencé.

C’était il y a six ans. Au mois d’avril. Ce mois où, au Québec, la gadoue remplace la neige et fait de

Montréal un immense granité à la boue et au calcium. Ce mois où le printemps se prend pour Godot

et n’en finit plus de promettre qu’il va venir sans jamais tenir parole. Ce mois où les grippes sortent,

les burn-out attaquent, les amours meurent. Ce mois-là.

J’avais, justement, des amours mortes à aller engourdir dans beaucoup de distance et de paysage.

J’avais donc acheté un billet d’autobus et m’étais embarquée pour la destination la plus lointaine

possible. Je serai honnête avec vous : mon voyage n’avait pas le sérieux d’une résidence d’écriture, ni

même la noblesse d’une quête d’inspiration. C’était un voyage pour oublier. Je n’allais rien chercher

là-bas que de l’espace, du silence et peut-être quelques rencontres « on the road », que je pourrais

raconter autour d’une bière, pour me donner l’air d’une vraie beatnik.

Quatre jours et quatre nuits de maux de dos, de fast-food, de prairies, de montagnes et de forêts plus

tard, j’arrivais à Whitehorse, la capitale du Yukon. C’est un territoire situé au Nord-Ouest du Canada,

tout près de l’Alaska. Le Yukon a à peu près la taille de l’Espagne, mais très peu de gens y vivent. À

peine 45 000. Et l’hiver, la température peut facilement atteindre les -50 degrés. (Brrrrr!) C’est aussi là

où a commencé la Ruée vers l’or, au début du siècle.

Ce qui m’a frappée, d’abord, au Yukon, c’est l’immensité du paysage. J’avais l’impression que la nature

s’infiltrait à l’intérieur des êtres, pour y révéler des territoires insoupçonnés d’une vertigineuse vasti-

tude. La devise du Yukon, Larger than life, était indéniable. Tout, là-bas, me semblait infiniment plus

grand que moi. Le lieu semblait porter en lui-même un ailleurs. Une promesse. Un point de fuite.

Je suis restée un mois et demi à Whitehorse, sur le futon d’un ami. Au cours de mon séjour, j’ai marché

beaucoup et rencontré plusieurs personnes inspirantes. La plupart d’entre elles n’étaient pas origi-

naires du Yukon : elles s’y étaient installées par choix. Plusieurs m’ont confié avoir vu en ce territoire

une terre d’exil, un bout du monde, une occasion de recommencer à zéro. Téméraires en quête d’absolu,

les immigrants du Yukon me sont apparus comme des chercheurs d’or modernes qui, dans une pulsion

de vie ultime, ont tout largué pour se réinventer dans un territoire vierge, à la fois grandiose et hostile,

où tout - le meilleur comme le pire - devient possible. J’ai été fascinée par ce territoire marqué à la

fois par une mythologie séculaire (american dream, ruée vers l’or, spiritualité autochtone) et par des

enjeux sociaux très contemporains : violence raciale, misère économique, désœuvrement, avenir

incertain.

Je suis donc revenue de ce voyage avec, en tête, les bases d’une pièce campée dans cet ailleurs para-

doxal. J’ai eu envie de parler de la pulsion d’exil. Du choc des cultures entre l’Orient, l’Occident, le

Grand Nord. De la condition des Autochtones du Canada, de leur statut identitaire en forme de cul de

sac, du génocide culturel dont ils ont été victimes, du fossé invisible qui sépare leur communauté de

À P R O P O S D E . . .Y U K O N S T Y L E n Œ U V R E 5

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celle des Blancs, même dans un centre urbain comme Whitehorse. J’ai eu envie de tracer le portrait

d’une jeunesse métissée, déracinée, en fuite, aux identités - familiale, sexuelle, professionnelle, natio-

nale - fragmentées.

Yukonstyle parle donc de quatre solitudes qui, malgré leurs blessures, leurs deuils et leurs failles iden-

titaires respectives, parviennent à se rassembler pour former une communauté de fortune qui leur

permettra de passer l’hiver. Par leur passé respectif, les personnages se trouvent, en quelque sorte,

emboîtés les uns dans les autres de manière étrangement organique : chacun est, à son insu, déposi-

taire de la clé de l’histoire de l’autre, et ce n’est qu’au contact de cet autre qu’il peut faire la paix avec

ses démons et poursuivre sa route. Bref, c’est une histoire de solidarité et d’espoir. Parce qu’au milieu

du pessimisme ambiant et du cynisme qui caractérise notre époque, j’aime beaucoup les histoires où

l’humanité trouve sa voie.

Quand je pense que vous allez lire ma pièce, j’ai une petite pensée pour les gens que j’ai rencontrés

là-bas, sur le chemin du Yukon. Les vrais de vrais, ceux qui ont inspiré mes personnages. Ils sont très

loin de se douter que quelque part en France, à l’île de Maurice, en Algérie, au Togo ou au Bénin, des

lycéens lisent l’histoire qu’ils ont inspirée. Et j’aime cette idée. J’aime que des gens puissent devenir

une pièce, un poème, une peinture à leur insu, et laisser des traces dont ils ne soupçonnent pas l’exis-

tence. J’aime que les gens soient parfois des muses insouciantes qui continuent leur chemin sans

avoir conscience de ce qu’ils laissent derrière eux, du sens que ça peut avoir pour les autres.

J’espère que vous aurez autant de plaisir à découvrir le Yukon que j’en ai eu, il y a six

ans, en descendant de l’autobus avec mon sac à dos.

N’hésitez pas à m’écrire si vous avez des questions : [email protected]

À très vite, j’espère.

Amicalement,

Sarah Berthiaume

mailto:sarahberthiaume%40me.com?subject=

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YukonstyleSarah Berthiaume (2010), Éditions Théâtrales, collection [en scène], 2013

Présentation de l’auteurIssue de l’option théâtre Lionel-Groulx, Sarah Berthiaume (née en 1983) est auteur, metteur en scène, comédienne et co-fondatrice de la compagnie Abat-Jour Théâtre. Par ail-leurs, elle est scénariste pour la télévision canadienne.

La pièce Yukonstyle a été présentée en France pour la pre-mière fois en lecture à Limoges dans le cadre de l’Imparfait du Présent, lors du Festival des Francophonies 2011, reprise au théâtre du Rond-Point à Paris en 2012 et créée au prin-temps 2013 simultanément au Théâtre d’Aujourd’hui de Montréal ainsi qu’au Théâtre de la Colline à Paris, avant d’être produite en Allemagne, au Canada, et en Belgique. La pièce est également traduite en plusieurs langues. Pour en savoir plus sur l’auteur : http://www.cead.qc.ca/_cead_repertoire/id_auteur/1661

Cadre spatio-temporelLa pièce se déroule à Whitehorse, capitale du Yukon, province de l’extrême nord du Canada, près de la frontière avec l’Alaska.

Les scènes alternent entre l’appartement de Garin et Yuko, le restaurant où ils travaillent, l’ap-partement puis la chambre d’hôpital de Dad’s.

RésuméYuko a quitté le Japon et vit avec Garin qui éprouve pour elle des sentiments qu’il ne lui avouera que tardivement. Elle est chef au High Country Inn où lui est plongeur. Un jour, Yuko recueille Kate qui faisait du pouce en tenue de poupée par – 45°Celsius, enceinte « d’un gars dans le bus ». Elle reste hantée par la mort de sa sœur et la culpabilité de n’avoir pas été pré-sente cette nuit-là. Garin, de son côté, cherche à connaître auprès de son père mourant et alcoolique la véritable identité de sa mère disparue : une « native » prostituée, peut-être vic-time du tueur en série Robert Pickton. C’est Kate qui restera au chevet de Dad’s, poursuivi par ses cauchemars et un corbeau noir, tandis que Garin et Yuko s’avouent enfin leur amour. Perdus dans l’espace immense et désolé du Yukon, ce sont quatre personnages qui vont se rap-procher, se découvrir et se protéger les uns des autres.

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Structure14 scènes encadrées d’une ouverture et d’un épilogue. La pièce suit le déroulement linéaire des événements. Analepses lorsque Kate revit son aventure dans le bus (scène 6 p. 28), lorsque Dad’s revoit Goldie, la mère (scène 11 p. 47) et lorsque Yuko relate la nuit de la mort de sa sœur Chihiro (scène 13 p. 62). 68 pages. L’action dure environ 2 mois.

Les scènes sont souvent entrecoupées d’irruptions de personnages qui n’en font pas partie et deviennent alors narrateurs.

ThématiquesQuête de soi et du bonheur (Yuko/ Garin...), recherche des origines (Garin/sa mère), de la maternité (Kate).

Sentiments inavoués, relations humaines, relations familiales.

Le Yukon, relations entre les populations, histoire, sociologie, géographie, climat, grands espaces...

La fuite pour mieux se trouver, le voyage initiatique.

Les serials killers : Robert Pickton, Paul Bernardo, Jack l’éventreur

La mort, l’approche de la mort.

Le restaurant : le monde du travail, la nourriture.

PersonnagesQuatre personnages croisent leur solitude dans cet État « larger than life » : Yuko, japonaise en exil, son colocataire Garin, métis autochtone, son père Dad’s, vieux loup solitaire et Kate, ado-lescente de 17 ans perdue.

Les fantômes du passé ressurgissent : Jamie l’homme rencontré dans le bus qu’a pris Kate, et Goldie la mère de Garin.

LangueLangue familière, argotique et québécoise des personnages.

Langue plus poétique et abstraite des narrateurs.

Plusieurs tirades, chorales ou non, écrites sous forme de listes évocatrices : scène 7 p. 31 : « Deux bières tablette, un joint, un Kodak jetable, des mauvaises photos... », scène 12 p. 53 : « Une jaquette bleue la craque à l’air, trois prises de sang, tube vert, tube jaune, tube rose... », scène 13 p. 61 : « Je sors du hangar. Je m’avance. Une moitié de moi le fait. Une moitié de moi serre le canif dans ma poche... », épilogue p. 68 : « Des épilobes en fleur, un troupeau de bisons, une tache de ketchup... ».

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Passages explicites ou implicites selon les moments et l’évolution des relations entre les personnages.

Page 51 - le meurtre de Goldie : écriture semblable à celle très caractéristique de Nous voir nous : « moi qui rentre dans la roulotte. La porte qui se ferme... »

Éléments scéniquesTrès peu d’éléments scéniques, didascalies juste pour la compréhension, essentiellement de gestes.

L’auteure indique comme élément de décor « au moins un divan ». Le reste est laissé à la liberté du metteur en scène.

La plupart des indications sont données dans le corps du texte par les narrateurs.

Quatre acteurs sont recommandés pour l’ensemble des personnages : Jamie doit être « joué par l’interprète de Garin » et Goldie « par l’interprète de Yuko ».

Niveau de difficultéFacile. À partir de la troisième. Actes et événements un peu choquants. (Kate et le cintre, consommation d’alcool et de drogues, Robert Pickton...), langage très familier voire vulgaire.

Extraits significatifsScène 1 : GreyhoundUne route, la nuit. Kate fait du pouce dans sa robe de Lolita Trash.GARIN.- Whitehorse.La nuit.L’hiver.Moins 45 degrés Celsius.La limite entre le froid et la mort.Une fille habillée en poupée fait du pouce le long de la route principale.On pourrait la prendre pour une pute.Avec ses jambes de dix-sept ans fourrées dans la dentelle ;Et son entêtement à se trouver sur la route à cette heure.Mais ce n’est pas une pute.C’est simplement une fille habillée en poupée à moins 45 degrés Celsius.Elle a froid.Évidemment.Crissement de la neige sous ses bottes à plateforme.Froufrou de dentelle sur ses cuisses engourdies.Un prénom fait son chemin du chaud de son ventre au bord de ses lèvres;Et s’échappe en fine buée rose dans la nuit cassante du Yukon.Jamie.

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Scène 4 : Le High Country InnKATE.- (...)Au milieu du chaos.Dans l’œil de la tornade du rush terrible qui s’annonce.Elle est là.La reine.Dans son uniforme blanc et ses pantalons pied-de-poule.Du haut de ses six pieds et de sa carrure d’orignal.Elle est là.Magnifique.Nippone.Impériale.Don’t fuck with Yuko dans les cuisines du High Country Inn.C’est elle qui mène.C’est elle qui gueule.C’est elle qui jongle.Avec les calmars frits.Et la salade mesclun vinaigrette framboise.Elle qui sait le secret de la sauce brune.Des sushis au jambon.Et des croquettes animaux du menu pour enfant.Elle gère tout.Elle voit tout. Elle triomphe toujours.De l’autre côté de la cuisine.Coincé entre l’évier et le congélateur.Il y a Garin.Dans son vieux T-shirt des Canucks et son tablier sale.Garin qui sue.Silencieux.À empiler les assiettes dans le ventre du lave-vaisselle.Il ne bronche pas.Il rêve.Un prénom fait son chemin du froid de son ventre au bord de ses lèvres.Et s’échappe en fine buée bleue dans la vapeur des assiettes propres.Yuko.

Liens utilesn Biographie et interviews de l’auteure http://www.youtube.com/watch?v=U5R5Kdak394http://www.cead.qc.ca/_cead_repertoire/id_auteur/1661http://www.theatre-video.net/video/Entretien-avec-Sarah-Berthiaume-pour-Yukonstyle-31e-Francophonies-en-Limousin

n Présentations/critiques sur la piècehttp://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Yukonstyle/critiques/idcontent/35023http://www.lesfrancophonies.fr/Yukonstylehttp://www.theatredaujourdhui.qc.ca/archives/pieces/yukonstylehttp://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Yukonstyle-12501/

n Contexte socio-culturelhttp://www.eco.gov.yk.ca/aboriginalrelations/fr/ : site du territoire du Yukon;

http://www.youtube.com/watch?v=U5R5Kdak394

http://www.cead.qc.ca/_cead_repertoire/id_auteur/1661

http://www.theatre-video.net/video/Entretien-avec-Sarah-Berthiaume-pour-Yukonstyle- 31e-Francophonies-en-Limousin

http://www.theatre-video.net/video/Entretien-avec-Sarah-Berthiaume-pour-Yukonstyle- 31e-Francophonies-en-Limousin

http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Yukonstyle/critiques/idcontent/35023

http://www.lesfrancophonies.fr/Yukonstyle

http://www.theatredaujourdhui.qc.ca/archives/pieces/yukonstyle

http://www.theatre-contemporain.net/spectacles/Yukonstyle-12501/

http://www.eco.gov.yk.ca/aboriginalrelations/fr/ : site du territoire du Yukon;

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n Mises en scèneshttp://www.youtube.com/watch?v=IOEU4FUAwvIhttp://www.theatre-video.net/video/Yukonstyle-m-e-s-Celie-Pauthe-extraits

LexiqueLe québécois

n Accoter : appuyer

n Astheure : à cette heure

n Backer : aider, soutenir

n Batch : lot, quantité, fournée (fam.) / plusieurs, nombreux

n Bedon ou bedon : ou bien ???

n Beer bash : fête de la bière, temps passé à se saouler à la bière

n Bière tablette : bière bue à température ambiante

n Bloc : immeuble

n Bobettes : sous-vêtements féminins

n Boguer : dysfonctionner

n Bol : la cuvette des toilettes

n Bouette : boue

n Bouguer : dysfonctionner, se heurter à quelque chose de déplaisant

n Boutte : un bout de temps

n Brosse : cuite. Lendemain de brosse : gueule de bois

n Cabaret : plateau repas

n S’en câlisser : s’en foutre

n Caller : proposer

n Canucks : mot argotique canadien pour désigner les Canadiens

n Cave : imbécile

n Char : voiture

n Chaufferette : chauffage

n Close à clancher : fermer violemment et/ou en vitesse ; partir précipitamment

http://www.youtube.com/watch?v=IOEU4FUAwvI

http://www.theatre-video.net/video/Yukonstyle-m-e-s-Celie-Pauthe-extraits

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n Coudonc : interjection exprimant la surprise, l’impatience ou l’incompréhension

n Craque à l’air : raie des fesses visible (ou décolleté)

n Crisse : juron exprimant une émotion forte, par exemple la colère, l’étonnement ou l’admiration

n De même : comme ça

n De quoi : quoi que ce soit, quelque chose

n Effouaré : écrasé, aplati, affalé

n En boucane : tout type de fumée / couleur foncée (en parlant des seins de Goldie)

n Enweille : vas-y (fam.)

n Étampé : marqué, suite à une violence physique

n Exhaust : échappement, fuite

n Faire du pouce : faire de l’auto-stop

n Faque : contraction de « cela fait que »

n Fine : gentille

n Flasher ses hautes : actionner ses clignotants, ses phares

n Flos : enfants

n Frette : très froid

n Frosté : gelé

n Fru : en colère/frustré

n Go : partir sur une go : suivre une belle fille

n Gossant : embêtant

n Goût : envie

n Heille : variante de « hé »

n Icitte : ici

n Liwanu : nom indien signifiant grognement d’ours

n Marde : merde, embrouille, problème

n Ostie : juron québécois

n Pacter, se pacter : s’enivrer / être paqueté raide : être ivre mort

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n Piasse : dollar canadien

n Pis : pire / puis / et / expression du dédain

n Poche : méchant, médiocre, décevant, nul

n Pogner : attraper, saisir, prendre

n Pogner le fixe : tomber dans un état de rêverie ou d’hébétude temporaire

n Pus : plus

n Quêter : faire la manche

n Revirer de bord : renvoyer

n Rushant : celui qui parle trop, qui a toujours raison, qui en sait plus que les autres, qui a tou-jours quelque chose à dire

n Sacrer : mettre / sacrer dehors : foutre dehors

n Shnole : testicule / sexe masculin

n Stucké : coincé, bloqué

n Support : cintre

n Star Choice : entreprise de vente de chaînes satellites au Québec

n T’a connais-tu ? : Est-ce que tu la connais ?

n Torcher : essuyer, faire oublier

n Toune : chanson

n Tout croche : incorrectement, de travers, mal...

n Toute : tout

n Tu vas être correct : ça va aller

Les anglicismes

n Anyway : de toute façon

n Bullshiter : raconter des mensonges

n Checker : vérifier, faire attention, veiller, observer

n Downtown : en ville, en centre-ville

n Dull : ennuyeux

n Faire du snow : faire du snowboard, du ski

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n Flusher : actionner la chasse d’eau

n Freeze : geler, congeler, figer

n Fucké : dingue

n Game : tromperie, match, audace ou courage

n Heavy duty : résistant

n Holy fuck : expression très vulgaire exprimant la surprise, le choc

n Mean : méchant

n Natives : autochtones du Canada

n Pitcher : lancer

n Plogué : branché, connecté, placé (fam.)

n Plywood : contreplaqué

n Puck : rondelle, palet / ecchymose de forme ronde

n Ride : un tour, une excursion

n Shaker : trembler

n Shift : tour, poste, travail

n Speaker : enceinte/Mon bord de speakers : l’enceinte, la baffle de mon côté

n Stock-shot : images d’archives

n Strap : lanière, fouet

n Top shape : pleine forme

n Track : voie, chemin, route

n Trailer park : lotissement de mobil homes

n Truck : camion

n Truster : faire confiance

n Watch out : faire attention, veiller à

n Whipers : essuie-glace

n White out : voile blanc qui est un phénomène optique atmosphérique, particulièrement dans les régions polaires, où tout semble enveloppé d’une lueur blanche uniforme

n Autres anglicismes plus courants : coat, cute, job, shot, rush...

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La nourriture et les lieux de restauration Thème très présent dans la pièce. Décryptage

n A&W : nom d’une chaîne de restaurants canadienne à service rapide spécialisée dans la fabrication de hamburgers

n Chankonabe : fondue japonaise très calorique

n Cracker Jack : friandise américaine faite de pop corn et cacahuètes enrobés de caramel

n Jerky : variété de viande séchée et salée de boeuf, découpée en fines lanières

n Jujube : fruit appelé aussi datte chinoise

n Kraft dinner : mélange de pâtes (en général macaronis) et de fromage, originaire du Canada

n Liquor store : magasin proposant à la vente des alcools

n Manju : petit gâteau rond et blanc cuit à la vapeur

n Nachos straights : plat tex-mex, simples, sans accompagnement

n Peanuts en écale : cacahuètes avec coque à enlever

n Root beer : boisson gazeuse d’origine nord-américaine parfumée d’extraits de vanille, de réglisse et d’autres plantes

n Stew : ragoût

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I. Quelques pistes pour faire entrer les élèves dans l’œuvreLa couverture et la préface1. Observez la couverture du livre : que vous évoque l’image ?

2. Que pourriez-vous dire du titre ?

3. Lisez la préface :- Que signifie « Larger than life » ? et pourquoi, selon vous, le Yukon a-t-il choisi cette devise ? - Quels sont les deux styles différents adoptés par l’auteure ? Pourquoi ? Trouvez-en des exemples dans le texte.- Qui pourrait bien être ce corbeau ?

L’auteureSarah Berthiaume est encore peu connue en France. Voici les résumés de trois autres de ses œuvres.

n Le Déluge après (2006) : L’histoire peut se lire comme un conte où l’invraisemblable permet bien des libertés ou comme un portrait social plutôt tragique où le bonheur est illusoire.Un village, nulle part au bord du fleuve. Des pêcheurs désœuvrés, victimes d’une tempête qui a englouti leur raison d’être. Des femmes exilées de leur propre espoir de vivre. June, enfant sans père connu parce que tous les hommes du village ont tenté d’oublier leur naufrage dans les bras de sa mère. Dalida fait les perruques que coiffe June, le soir venu, lorsqu’elle se dénude sur la scène de l’unique bar du coin. Grace prépare les repas que sa fille ne mange pas, plus avide qu’elle est d’entendre le chant de ses souvenirs ; mère et fille se déchirant aux aspé-rités des secrets. Omer noie dans la bière la réalité de sa vie, Georges mise sa piètre survie sur le corps de June. Surgit Denis, camionneur égaré qu’une malencontreuse panne contraint à prolonger son séjour dans ce coin perdu, bousculant la poussière d’ennui qui recouvre la morne existence des villageois. Sa présence met en lumière les traits de chacun. L’arrivée de son amoureuse, Sandrine, accélèrera une chute prévisible.

n Villes mortes (2011) est un recueil de nouvelles – quatre textes brefs : Pompéi décrit le voyage d’une jeune femme qui va en Italie rejoindre son copain et un volcan endormi, décision qu’elle regrettera ; Gagnonville est le récit de la fille d’un ex-mineur qui s’amusera trop lors d’une soi-rée de réunion des anciens habitants d’un village déserté de son enfance ; Kandahar est le conte cauchemardesque d’une employée d’un Tim Hortons en Afghanistan qui s’embarque dans une aventure pour revoir sa fille ; et DIX30 est un récit de zombies sis dans un quartier commercial en banlieue de Montréal. Les textes, suivant la logique de la nouvelle, se ferment par une chute teintée d’humour noir. Celle-ci est prévisible et, en ce sens, la lecture ne repose pas sur une quelconque tension dramatique. C’est plutôt la forme qui intéresse : Berthiaume emploie une écriture brève, qui n’est pas pour autant sèche. Il y a un mélange de franc-parler, d’humour et d’implicite qui rendent les textes très agréables.

n Disparitions (2011) : Étienne est pianiste. Jeanne travaille à la boucherie. Ils sont amoureux. Puis, un jour, Étienne disparaît en laissant son piano à queue chez Jeanne. Sans lettre, sans


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mot, sans raison. À travers les visites d’Alice, sa sœur, et de Bernard, un policier qui la prend pour sa fille disparue quinze ans plus tôt, Jeanne commence à fumer et avance, étonnée, dans le vertige du deuil à faire. Les carcasses de la boucherie empestent. Les mouches volent. Satie retentit. Et tout le monde s’habitue. Indéniablement.

1. Relève dans ces résumés les points communs et les éléments que l’on retrouve dansYukonstyle.



Les personnagesn Dressez un tableau récapitulatif des six personnages de la pièce : caractéristiques physiques, morales, vestimentaires, liens entre les personnages, sont-ils présents dans la pièce ou s’agit-il de personnages évoqués, leur fin est-elle heureuse ou malheureuse, etc.1. À quel personnage vous identifiez-vous le plus facilement ? Pourquoi ?2. En quoi peut-on dire qu’il s’agit de « quatre solitudes déracinées » ?3. Garin semble avoir du mal à communiquer. Dit-il toute la vérité à son père ? Pourquoi enveut-il à Kate ? Tout est-il explicite dans la pièce ? 4. Relevez les passages où apparaît le corbeau. Qui est-il ? Que pensez-vous de cepersonnage ?

n Relisez le passage pages 62-63 de « Un très long temps » à « C’est eux » :1. Que pouvez-vous dire de la relation entre Garin et Yuko ?2. Combien de parties composent ce texte ? Aidez-vous des temps et des modes verbaux.3. Préparez des pistes pour une lecture analytique de ce texte.4. Proposez une mise en scène et une scénographie pour ce passage.

La structuren L’écriture de cette pièce est particulière. Dressez un tableau synoptique permettant de syn-thétiser sa structure, scène par scène : qui sont les personnages faisant partie de l’action et qui sont les narrateurs ?1. Pouvez-vous dire en quoi la structure est remarquablement équilibrée et en quoi ce choixnarratif est-il judicieux pour évoquer « une force inconsciente [qui] poussera inexorablement [ces quatre solitudes] à se rapprocher pour mieux s’épauler » ?

Le style du texten Relisez le début de la scène 7 jusque « une bière tablette, un joint ».1. Comment est évoqué le temps qui passe ? Quel rythme semble-t-il prendre ? Que diriez-vous des répétitions ?2. Trouvez d’autres passages écrits de la même façon dans la pièce.3. Écriture d’invention : à la manière de Sarah Berthiaume, sous forme de liste, racontez unetranche de votre vie.

Le cadren Sur une carte du Canada, situez le territoire du Yukon et la ville de Whitehorse.

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1. Cherchez ce qu’est une Road Story et trouvez des correspondances avec d’autres œuvres telles que Sur la route de Jack Kerouac, Easy Rider de Dennis Hopper, Les Raisins de la colère de John Steinbeck, Pierrot le fou de Jean-Luc Godard. Travaillez notamment les caractéristiques des personnages, leurs objectifs, et le thème des grands espaces. 2. Le paysage : la pièce se déroule « au beau milieu d’un hiver qui n’en finit pas ». Parce que, écrit l’auteure « J’ai été frappée par l’immensité du paysage qui s’infiltrait, me semblait-il, à l’intérieur des êtres, pour y révéler des territoires insoupçonnés d’une vertigineuse vastitude ». La marque de l’environnement extérieure est très présente dans la pièce et influe sur le com-portement des personnages. Par exemple p. 32 « le noir nous grignote quelques heures de plus chaque jour / Le noir s’immisce en nous. Dans nos yeux, nos peaux, nos os/ Le noir nous laisse juste la résilience qu’il faut pour passer l’hiver/ L’hiver du Yukon/ Longer, colder, darker than life ».3. En prolongement, lisez La Mouette de Tchekhov, Petit Eyolf d’Henrik Ibsen, Le temps est un songe d’Henri-René Lenorman, Huis-Clos de Sartre, Salina de Laurent Gaudé, ainsi que, dans un texte non dramaturgique, L’Étranger d’Albert Camus. Observez l’influence de l’environnement sur les personnages. Comment est rendue l’impression d’enfermement ? Poursuivez votre tra-vail en vous appuyant sur des textes d’auteurs réalistes et naturalistes.4. Quelle influence le cadre extérieur exerce-t-il dans les autres pièces sélectionnées cette année pour le Prix Sony Labou Tansi ?

Le contexte historique et sociologique1. Effectuez une recherche sur l’histoire du Canada : qui sont les premiers habitants ? À quelle époque et par qui a-t-il été colonisé ? 2. Documentez-vous sur les conditions de vie des amérindiens. Comparez le résultat de vos recherches avec le récit de Goldie p. 48. 3. Consultez le site du gouvernement du Yukon : http://www.eco.gov.yk.ca/aboriginalrelations/fr/et expliquez quels sont les objectifs de la direction des relations avec les autochtones, et com-ment sont-ils appelés dans la pièce ?5. Les tueurs en série : cherchez qui sont Robert Pickton, Paul Bernardo, Jack l’éventreur. Qu’ajoute leur référence au texte ? Connaissez-vous d’autres œuvres basées sur des histoires réelles de tueurs en série ?


n Yukonstyle a été plusieurs fois mis scène. Recherchez sur internet quelques images de représentations.1. Plusieurs images vous semblent-elle appartenir à la même mise en scène ?2. Plusieurs images illustrent-elles la même scène ?3. Quel passage précis du texte chaque image représente-t-elle ?

n Jeu d’écriture :1. Relisez la scène 4 p. 18 à 21. Quels éléments du texte permettent de rendre une ambiance de « rush », de « chaos » ? Quels éléments concourent au « microclimat tropical » ? Réécrivez une scène identique dans un tout autre contexte : la bourse, le bouclage d’un quotidien, un marché...2. Certains anglicismes sont également utilisés en français. Nous en utilisons d’autres, assez fréquemment. En utilisant un maximum d’anglicismes, raconte en une vingtaine de lignes un fait divers de ton imagination.3. Le québécois est le plus souvent utilisé dans les passages crus et familiers. Réécrivez le début de la scène 2, par exemple, sans québécois et en langage soutenu. Le résultat vous parait-il réaliste ?

http://www.eco.gov.yk.ca/aboriginalrelations/fr/

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III. SynthèseCe qui m’intéresse dans ce texte (et j’argumente)n Le thème/ les thèmes traités/ les personnages :

n L’action :



n Le plaisir de lire / la construction de la pièce :



n Autre :

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Ce dossier a été réalisé dans le cadre d’une équipe de recherche et de réflexion en association avec le Pôle de Ressources pour l’Éducation Artistique et Culturelle (PRÉAC) « Écritures Francophones Contemporaines et Théâtre ».

Enseignants du comité de rédaction

• Cécile Alamarguy• Philippe Arnaud• Valérie Faucher• Agnès Faure• Marina Loritte• Bernard Voisin

Responsable éditorial

• Jean-François Le Van, Délégué académique à l’Action culturelle et IA-IPR de Lettresde l’académie de Limoges

Coordination et réalisation du dossier

• Roman Madjarev, chargé de mission Arts et Culture, Sylvie Mougnaud, Serviceédition de Canopé académie de Limoges

Des remerciements particuliers à Nadine Chausse, Directrice de la Maison des Auteurs du Festival des Francophonies en Limousin

Crédits du dossier