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PROBLEMES DE RAVITAILLEMENT URBAIN EN l. CAMBREZY , ; POLYNESIE FRANCAISE OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE _______ 1 ET TECHNIQUE OUTRE·MER

Problèmes de ravitaillement urbain en Polynésie …horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers14-11/... · MEMOIRE DE STAGE PROBLÈMES DE RAVITAILLEMENT URBAIN EN

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PROBLEMES DE RAVITAILLEMENT URBAIN

EN

l . CAMBREZY,;

POLYNESIE FRANCAISE

OFFICE DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

_______1ET TECHNIQUE OUTRE·MER

POL y NES 1 E FRA NCAl S E

O.R.S.T.O.M.

COMITE TECHNIQUE DE GEOGRAPHIE

MEMOIRE DE STAGE

PROBLÈMES DE RAVITAILLEMENT URBAIN EN

POLYNtSIE FRANCAISE

Par

Luc CAMBREZY

Août 1982

Centre O.R.S.T.O.M. de TAHITI - B.P. 529 - PAPEETE

- 1 -

INTRODUCTION

En août 1982, le Conseil de Gouvernement donne son accord pour

l'importation de 5.000 tonnes de coprah .... Sans doute cela se justifie-t-il

par le souci de faire fonctionner l'huilerie de Tahiti au mieux de ses capa­

cités, mais ce geste prend néanmoins une évidente valeur symbolique. Pendant

plusieurs décennies, l'économie de la Polynésie Française reposait sur ses ex­

portations de coprah, de nacre, de vanille et plus tardivement de phosphate ;

aujourd'hui les stocks de nacres se sont considérablement réduits, l'exploita­

tion du phosphate de Makatea a cessé en 1965, la production de vanille et de

coprah est pratiquement à son niveau plancher .... La Polynésie Française vit

une situation de totale dépendance que masquaient ces exportations jusqu'au dé­

but des années soixantes. Depuis, le déficit de la balance commerciale est systé­

matique ; de 92,8 % en 1959, le taux de couverture des importations par les ex­

portations n'est plus que de 5,74 % en 1980. Ce déséquilibre, que toutes les

instances compétentes relèvent depuis une vingtaine d'année, n'empêche pas la

Polynésie Française de vivre au-dessus de ses moyens, puisque 95 % de ce qu'elle

importe est financé par des moyens extérieurs ; nous ne sommes pourtant pas au

bout de nos surprises puisque, sans un bouleversement radical du mode de fonc­

tionnement de l'économie polynésienne, on peut affirmer que le Territoire ne

peut plus se passer de ses importations ! Cette situation paradoxale résulte du

régime fiscal en vigueur qui participe pour 80 % environ au budget du Terri­

toire(l) : plus les importations sont massives, plus conséquent sera le budget ...

On aimerait en savoir plus sur le financement de cette dépendance et notamment

sur les circuits transformant les fonds publics en bien privés ; mais ce qui

est visible c'est que l'économie du Territoire ne fonctionne plus que par effets

induits, avec, non pas tant au départ qu'au centre du processus, l'installation

du Centre d'Expérimentation du Pacifique. Avec l'arrivée massive de plusieurs mi]

liers d'expatriés, l'accroissement corrélatif des importations en matériel (né­

cessaires aux infrastructures à mettre en oeuvr~, mais aussi en biens de consom­

mation, la reconstitution devient alors aisée; développement de l'emploi dans lE

(1) Le "rendement fiscal" est de 35 à 40 % ; les recettes liées aux importa­tions se sont élevées à 14,165 Milliards de Francs CFP.

- 2 -

secteurs secondaires et tertiaires, chute des activités de production, accrois­

sement des importations, essor des activités commerciales, augmentation des

budgets locaux et par voie de conséquence des emplois tertiaires territoriaux

ou communaux etc .... Pour en saisir tous les rouages, ce processus très sché­

matiquement énoncé mériterait une étude approfondie, mais plus modestement un

constat s'impose: ce formidable développement a surtout profité à Tahiti, fa­

vorisant une croissance de l'agglomération urbaine de Papeete que ne justifiait

ni l'isolement de la Polynésie, ni l'activité industrielle, d'ailleurs inexis­

tante.

c'est dans ce contexte que s'est engagé un programme de recherche

interdisciplinaire de l'ORSTOM, visant à saisir, dans ses aspects sociaux et

économiques, les effets de cette très forte croissance urbaine de l'aggloméra­

tion qui, avec près de 78.000 habitants, regroupait en 1977 (date du dernier

recensement) 56,6 % de la population du Territoire. Si la ville est le centre

de bien des pouvoirs, il est au moins un aspect où sa dépendance par rapport

à l'extérieur proche ou lointain est totale: c'est celui de son ravitaille­

ment. A la lecture de ce qui précèdeonœvinesanspeine que le seul approvision­

nement vivrier comporte au moins deux facettes : celle de la production agri­

cole locale, c'est-à-dire de l'autosuffisance alimentaire du Territoire, et

celle des importations en provenance de Métropole ou de l'étranger; la lecture

du chapitre consacré aux deux marches de l'agglomération, seule façon d'appré­

hender la production locale, montrera de quelle côté penche la balance et sur

quel aspect il importe de concentrer son attention.

- 3 -

CHA PIT REl

LA PRODUCTION LOCALE ET

L'AVENIR DES MARCHES

- 4 -

LES MARCHES

Il existe deux marchés à Tahiti, tous deux destinés au ravitaillement

de l'agglomération en vivres frais d'origine locale i celui de Papeete, au coeur

du quartier commercial est le plus ancien et le plus important. Datant, dans sa

localisation actuelle, des environs de 1880 (1), le marché de Papeete écoulait

4.769 tonnes en 1981, contre 684 tonnes pour celui de Pirae crée en 1969. Ces

deux marchés connaissent aujourd'hui de très sérieux problèmes; un récapitulatif

du volume écoulé dans ces deux marchés l'exprime très clairement

A) PRODUCTIONS ECOULEES SUR LES MARCHES DE PAPEETE ET PlRAE

Evolution du tonnage écoulé sur les marchés de Papeete et Pirae

(en tonnes)

PAPEETE PlRAE ENSEMBLE

1960 3.0501961 2.4691962 3.4271963 3.68419641965 3.8101966 4.3791967 4.7941968 5.058

:l: 1969 5.289 237 5.5261970 .5.200 113 5.3131971 5.086 124 5.2101972 5.429 145 5.5741973 5.615 129 5.7441974 5.883 151 6.0341975 6.029 354 6.3831976 6.373 346 6.7191977 5.765 428 6.1931978 6. ) 21 456 6.5771979 5.468 679 6.1471980 5.286 671 5.9571981 4.769 684 5.453

:l: Le marché de Pirae s'est ouvert en 1969

La transcription graphique de ces statistiques permet de faire les

remarques suivantes :

Le marché de Papeete, après une forte croissance, cannait une récession

très sensible depuis 1976 ; le volume écoulé en 1981 rejoint celui de 1967 ; par

rapport au maximum enregistré en 1976, on note une diminution de 1.600 tonnes.

(1) C. ROBINEAU Papeete premier marché de Tahiti. Travaux et documents del'ORSTOM, N° 44, ORSTOM-PARIS, 1975, 133 p.

Commercialisation des produits locaux depuis 1960 dans

les marchés de Papeete et Pirae (en tonnes)

6000

5000

4000

3000

2000

1000

r---,-_/.,

--",,,.. p' /:1 , __ :J.~--

:1960 1965 1970 1975 1980

- 5 -

- Le marché de Pirae après un décollage difficile, voit croître le volume

de marchandises écoulé depuis 1974. Depuis cette date, celui-ci a été multiplié

par 4,52.

- Cette forte croissance ne suffit pas à expliquer la récession du marché de

Papeete, puisque l'ensemble des ventes dans les deux marchés suit également une

courbe nettement descendante (6.719 tonnes en 1976 contre 5.453 tonnes en 1981,

soit 1.266 tonnes de déficit).

- Par rapport à la cro~ssance de la population de l'agglomération, l'écart

se creuse de façon certaine puisque, si globalement les ventes au marché décrois­

sent, le chiffre de population, par contre, continue de s'élever par le simple

jeu de l'accroissement naturel.

Comparé aux quelques 70.000 tonnes de produits alimentaires importés,

on constate qu'en définitive la production locale participe faiblement au ravi­

taillement de la population. En 1976, début de la récession du marché de Papeete

on importait "seulement" 60.000 tonnes de produits vivriers; cependant, dans la

mesure où la production agricole ne semble pas avoir diminué sur cette période,

il serait fallacieux d'expliquer la récession du marché par la croissance des im­

portations. Tout indique au contraire que la cause principale, mais non la seule,

réside dans la multiplication des circuits commerciaux; l'analyse de l'évolution

du marché de Papeete, par grande catégorie de produits permet de préciser les

tendances les plus récentes du commerce des produits locaux.

B) L'EVOLUTION RECENTE DU MARCHE DE PAPEETEGRANDES CATEGORIES DE PRODUITS

ANALYSE PAR

Les statistiques d'entrées au marché de Papeete distinguent c~nq grandes

catégories de produits: poissons, crustacés, viande, légumes, fruits; nous re­

produisons ci-desoous l'évolution de ces produits depuis 1976, période charnière,

puisque cette année marque le point d'infléchissement dans le volume de produits

écoulé.

Marché de Papeete

- 6 -

évolution (en tonnes) par grands groupes

de produits

Poissons Crustacés Viande Légumes Fruits TOTAL

1976 2.406,4 8,1 437,5 1.249,9 2.271 ,2 6.373,2

1977 2.097,1 7,1 343,7 1.240,3 2.077,4 5.768,7

1978 2.425,2 6,9 311, 7 1.189,3 2.188,2 6.121,5

1979 2.002,1 8,4 268,3 1.197,6 1.991,5 5.468,1

1980 2.210,1 6,0 246,4 1.117,8 1.705,5 5.286,0

1981 2.025,0 5,3 279,9 1. 144, 1 1.313,2 4.769,7

On remarquera en premier lieu que trois typ~s de produits (poissons,

fruits et légumes) représentent 94 % de l'activité du marché; les crustacés et

la viande locale, jouent un rôle tout à fait marginal et d'ailleurs en constante

régression.

Pour ces trois types de produits, la plus nette des récessions s'asso­

cie au secteur des fruits (2.271 tonnes en 1976 contre 1.313 tonnes en 1981) ; la

tendance à la baisse pour les légumes comme pour les poissons semble en revanche

moins évidente du fait des variations inter-annuelles.

Cette différence entre les fruits et les légumes serait difficilement

compréhensible si elle ne se trouvait liée à la manière dont sont établies les

statistiques fondées "sur un cantonnement ethnique .1..-..._7 création d'inconsé­

quences cocasses" (ROBINEAU, p. 22) ; le "uru", le "fei", la patate douce, le

man10c, le tarua, le taro, l'igname, sont classés dans la catégorie des fruits

parce que ces produits ~ont le fait des tahitiens par opposition aux légumes cul­

tivés et vendus par des chinois.

Cette classification aboutit à un curieux mélange, associant dans les

fruits des cultures vivrières (tubercules, "uru" et "fei"), des productions agri­

coles d'introduction récente (melons, pastèques), ou encore les n01X de coco, les

papayes, goyaves, bananes etc .••• quant aux légumes on retrouve dans cette rubriq

les productions maraîchères occidentales classiques (tomates, concombre, choux,

salades ..•. ) et les légumes entrant dans la composition de la cuisine chinoise

(gingembre, choux chinois, pousses de soja, taro chinois ••.• ).

- 7 -

La chute vertigineuse de la quantité de fruits vendue au marché de

Papeete, s'explique en grande partie par la très forte récession des ventes des

productions vivrières; il en était commercialisé plus de 1.000 tonnes en 1977

dans les deux marchés contre 570 tonnes en 1981 ... (1) On est évidemment tenté

d'attribuer cette diminution à la modification profonde de l'alimentation liée

pour partie aux contraintes de la vie urbaine : il est vrai que le "maa Tahiti"

n'est guère plus consommé que le dimanche, la raison la plus fréquemment invoquée

étant que les tubercules et le "uru" exigent un long temps de cuisson. C'est sans

doute vrai mais cela ne peut être la seule explication puisqu'on enregistre la

même tendance pour le volume de bananes commercialisé dans les marchés de Papeete

et Pirae, produit consommé tel quel (2)

Bananes commercialisées dans les deux.marchés de

Tahiti (en tonnes)

1975 425 Tonnes

1976 469 Tonnes

1977 430 Tonnes

1978 361 Tonnes

1979 325 Tonnes

1980 309 Tonnes

1981 239 Tonnes

C) UN PHENOMENE RECENT : LA ~ULTIPLICATION DES CIRCUITS DE DISTRIBUTION

Transformation de l'alimentation? Sans doute, mais le phénomène majeur

de ces dernières années est l'apparition d'une concurrence très vive de la part

des commerces d'alimentation, dans un domaine, celui des produits locaux, autrefois

exclusivement réservé aux marchés. Mai~ l'évolution différente des deux marchés,

l'un en récession, l'autre en nette progression, est également la traduction de

contraintes pesant sur le marché de Papeete et qui facilitent le jeu de la con­

currence ; le centre de Papeete est en effet menacé d'asphyxie aux heures de pointes

(1) Bulletin de statistiques agricoles nO 10. Service de l'Economie Rurale,198 l, 95 p.

(2) La banane comme tous les fruits que l'on peut facilement écraser, peut auss~

se préparer en "poe" ; le fruit est alors cuit, amidonné et sucré.

- 8 -

de circulation, les places de stationnement sont rares et le plus souvent payantef

et parallèlement à cette saturation, l'extension linéaire de l'agglomération a vu

naître un grand nombre de magasins, de supérette et de super-marchés dont les gé­

rants ont saisi tout l'intérêt qu'il y avait à offrir des produits locaux en com­

plément des produits d'importation.

Cette concurrence liée à la diversification des circuits d'approvision­

nement s'exerce dans tous les domaines, y compris dans celui des produits de la

pêche, ce qui ne semblait guère évident puisque le volume de poissons commerciali­

sés au marché de Papeete oscille autour de 2.200 tonnes, au cours de ces s~x

dernières années ; bénéficiant de statistiques sur les quantités et les origines

des poissons vendus au marché, mais aussi sur les prises des bonitiers de Papeete,

la spécialisation des marchés et la diversité des circuits d'approvisionnement ap­

paraif:sent tout à fait clairement.

1) L'exemple du pO~S50n un marché complexe

Les statistiques du marché de Papeete renseignent d'une part sur la

nature des poissons vendus, d'autre part sur les origines. Le marché de Pirae ne

précise pas l'origine du poisson et du fait d'une population de consommateurs

très différente, ne vend pas les mêmes espèces; l'espadon est fréquent à pirae,

rare à Papeete les bonites et les "ature" abondants à Papeete sont introuvables

à Pirae. Enfin l'essentiel de l'activité des bonitiers de Papeete se résume à la

prise des poissons pélagiques (bonites, thons, coryphènes), la prise des bancs de

ature est le fait des pêcheurs au "grand filet" de Tahiti, et l'essentiel des POil

sons dits "de lagon" ou de corail, provient des Tuamotu. Du fait de l'hétéro­

géneité des données, nous détaillerons successivement la nature et l'origine des

poissons vendus sur le marché de Papeete, puis, dans un second temps, nous évoque"

rons la complexité des rapports entre les pr~ses des boni tiers en thons, bonites

et coryphènes et les ventes sur les deux marchés de Tahiti.

Le marché du poisson à Papeete : nature, volume et origine

Avec 2025 tonnes écoulées en 1981, le poisson couvre 42 i. de l'activité

du marché de Papeete; il en détermine également le rythme: vers 15 h, avec

- 9 -

l'arrivée des bonitiers, le marché sort de sa somnolence du milieu de journée

et plonge progressivement dans une activité fébrile que renforce la sortie des

salariés et la ronde des trucks autour des halles ; vers 18 h le marché ferme

ses portes pour les rouvrir très tôt le matin ; on y trouve le poisson pêché la

nuit, poisson volant notamment, ramené par les "poti marara". Le milieu de jour­

née, faute de poisson, reste très calme et la clientèle très clairsemée. L'acti­

vité du marché connait aUSS1 des variations hebdomadaires ; la grande affluence

commence le vendredi soir pour s'achever le dimanche matin vers 9 h 30. Elle cor­

respond bien sûr à la tradition du "maa Tahiti".

Les ventes de poissons au marché de Papeete (en 1981) se répartissent de

la façon suivante :

THON BONITE ATUREHors 1ère 2ème 3ème

TOTALqualité qualité qualité qualité

J 16,817 56,156 6,117 0,177 46,908 63,430 0,555 190,160F 7,553 30,571 12,816 0,395 39,867 51,938 1,952 145,092M 13,190 32,074 9,161 0,231 29,961 58,068 0,814 143,499A 10,733 44,831 14,487 0,039 39,091 54,899 0,812 164,892M 6,929 44, 141 12,046 0,454 49,003 77 ,193 0, 118 189,884J 2,966 16,924 0,300 0,548 44,213 54,159 - 119,110J 2,546 9,914 0,375 0,541 32,295 83,762 - 129,433A 2,090 14,877 0, 115 0,311 57,905 70,540 - 145,838S 1,138 16,466' - 0,234 56,981 95,387 0,290 170,496

° 4,040 33, 195 - 0,723 67,406 98,664 0,016 204,044N 8,202 42,081 1,070 0,571 75,340 71 ,163 1,470 199,897D 15,663 65,699 5,790 l,30O 44,715 84,725 1,779 219,671

TOTAL 91,867 406,929 62,277 5,524 583,685 863,928 7,806 2.022,016

~~~~E9~~ : Les poids sont exprimés en tonnes

Tous les poissons pêchés en Polynésie entrent dans une des quatre qua-. ~. ~ . .. h~ (1) lb·11tésdeterm1nant le reg1me de taxat10n en v1gueur au marc e ; pour es eS01ns

statistiques du Service de la Pêche, les thons, bonites et chinchards ("ature")

(1) La taxation est la suivante hors qualité: 12 F/kg ; 1ère et 2ème qualités6 F/kg ; 3ème qualité 5 F/kg. Le thon pourtant classé en 1ère qualité esttaxé à 10 F/kg.

- 10 -

ont été extraits des totaux ; le thon est rangé en 1ère qualité, chinchards et

bonites en seconde (voir annexe). En y ajoutant ces deux familles de poisson, on

constate donc que la deuxième qualité couvre 65,9 % du marché, contre 33,4 % pour

la première (thon inclus) ; les ventes de poissons classés en "hors qualité" et

"3ème qualité" sont dérisoires. Globalement les ventes au marché de Papeete privi­

légient les poissons de qualité et de prix moyens ; ces choix coïncident avec la

fréquentation majoritaire du marché par une population essentiellement polynésienne

de revenus moyens ou modestes; nous le-verrons plus loin, le contraste avec le

marché de Pirae est étonnant.

Variations saisonnières et origine du poisson vendu au marché

Provenance du poisson vendu au marché de rapeete

TAHITI MOOREA MAIAO HUAHINE TUAMOTU TOTAL

J 95,910 O,IBO - - 94,070 190,160F 73,112 O,47B - O,OBO 71,422 145,092M 7B,764 I,OBO - 1,143 62,512 143,499A 91,405 3,B45 - 2,272 67,370 164,B92M BB,634 1,590 - 1,640 9B,020 IB9,BB4J 44,050 2,565 - 2,445 70,050 119,110J 42,23B 4,BI7 - 4,442 BO,936 132,433 :t

A 55,OB3 4,814 - 7,86B 78,073 145,B38S 50,037 4,416 - 4,113 111,930 170,4960 66,476 1,596 0,190 5,939 129,843 204,044N 74,7B2 1,570 - B,4BO 115,065 199,897D IOB,956 1,205 - 4,460 105,050 219,671

TOTAL 869,447 28,156 0,190 42,8B2 I.OB4,341 2.025,016

:t on remarque une différence de trois tonnes avec le total établi parcatégorie de poisson.

Le poisson réfrigéré provenant, par bateau mais aussi par avion, de

l'archipel des Tuamotu, participe pour 53 % des ventes totales du marché de

Papeete; Tahiti fournit 42,9 % des apports, Moorea 1,4 % et les Iles Sous-Le-Vent

2, 1 %.

L'approvisionnement du marché var1e pratiquement du simple ou double

selon la saison (219 T en Décembre contre 119 T en Juin) ; cette très forte varia­

bilité s'explique par les différences de production entre la saison fraiche et la

Variations saisonnières et origine du poisson vendu au

marché de Papeete en 1981 (en tonnes)..,

11

1',111

~I

IIo,,~1~I

11

111

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~, 1, 1f

50

100

150

200

J F M A M J J A S a N D

- Il -

saison pluvieuse, liée pour partie aux migrations des poissons pélagiques mais

pour une autre aux techniques de pêche; cette observation est l'occasion d'émet-

tre des réserves quant à "la complémentarité" entre poissons de

d 1 (1), . 1 d . dsons u arge . L essent~e es arr~vages es Tuamotu est en

de poisson de corail ; or on constate dans le tableau ci-dessus

"récifs" et pois­

effet constitué

que les variations

saisonnières sont également importantes et ce, aux mêmes époques (minimum en sai­

son fraîche). Il est donc abusif d'affirmer que les prises de poisson de corail

compensent le déficit en poissons pélagiques; le contraire eut d'ailleurs été

étonnant dans la mesure où la technique la plus utilisée dans les atolls, celle

du parc à poissons, est essentiellement passive. Comme le fait justement remar­

quer P. JAMES (2) : "le poisson vient ou ne vient pas". Or, Y. BROSSE(3) le remar­

que par ailleurs : toutes espèces récifales confondues, les prises sont moins abon­

dantes en saison fraîche.

Tout au plus peut-on relever, et les statistiques du marché, comme les

courbes ci-contre le confirment, l'existence d'un certain décalage dans le temps,

privilégiant les inter-saisons pour le poisson des Tuamotu. En définitive les

seules îles où apparaît nettement une volonté de saisir les opportunités qu~ se

présentent en saison fraîche, sont Moorea et Huahine. Pour ces deux cas, c'est en

effet en saison de faible production que les apports sont les plus importants ;

cela demeure cependant sans effets du fait de la faiblesse des tonnages expédiés

à Tahiti.

Prises des bonitiers et ventes aux marchés de Papeete et Pirae

Le port de Papeete abrite une flottille d'une cinquantaine de boni­

tiers (4) ; Moorea en compte cinq et l'ensemble des Iles Sous-Le-Vent une vingtaine

qui expédient quelquefois du po~sson par goélette.

(1) Th. CADOUSTEAU ; Y. BROSSE: Essais d'estimation de la demande en poissonfrais de la population; Service de la Pêche, Papeete, Février 1976,8 p.

(2) P. JAMES: Rapport de la mission d'étude de la pêche lagonaire à RAIATEA etTAHAA. ORSTOM-PAPEETE - Notes et Documents d'Océanographie, nO 80/25Novembre 1980, 22 p.

(3) Y. BROSSE: Production des pièges à poissons à Rangiroa (archipel des Tuamotu).Thèse de IIIè cycle - Paris VI - 1974 - 157 p.

(4) Le bonitier est une vedette pontée de 10 à Il m de longueur équipée d'unmoteur de 150 à 300 Chevaux.

Prillles des bonitien. ~t vente. aux Inarchés de Pepeete et Pirae

Vqriations 9aisonni~res en 1981 (en tonnes),

200

ISO

100

SO

i,.:,

"§Ii!',J

11

11

11

11, --­' .... "

Courbe saisonnière des pritles des boni tiers et pourcentage maximumdes ventes au marché de Papeete( 1981)

~"Uf"b~ de pf"iscsd~ .. boniticnl tllnncs)

200

ISO

100

10

poun ~nt"gc d~s

ventes

100 1

SO 1

- 12 -

Le Service de la Pêche et les océanographes de l'ORSTOM suivent quo-(1)

tidiennement les prises des bonitiers de Papeete pour 3 types de poissons

qui constituent l'essentiel de la production de ces unités: le thon, la bonite

et le coryphène ("mahi-mahi").

Les résultats globaux pour l'année 1981 sont les suivants

(en tonnes)

Prises des Marché de Marché de Ensemble desbonitiers Papeete Pirae marchés

THONS 484,268 91,867 52,239 144,106

BONITES 524,842 406,929 0,899 407,828

CORYPHENES 13,956 5,524 16,252 21,776

Une première remarque d'ordre général mais néanmoins fondamentale qu~

devrait inviter à la prudence en matière d'interprétation des données du marché:

pour ces trois poissons, les statistiques des marchés ne traduisent absolument pas

la production des bonitiers. Celle-ci s'est élevée à 1.023 tonnes, contre 573 ton­

nes dans les marchés; cela signifie qu'en admettant que l'ensemble des ventes de

ces trois espèces aux marchés proviennent des seuls bonitiers de Papeete (ce qui

n'est pas la cas,nous l'avons dit), 44 % de la production n'atteindrait pas les

marchés. Ce pourcentage est donc en fait beaucoup plus élevé puisqu'une partie

des apports peut provenir des autres archipels, voire des "poti marara" (2).

Les différences entre les prises et les ventes sont tout aussi sensi­

bles en matière de répartition: la bonite représente 51,3 % des prises, mais

71 % des ventes aux marchés (toujours pour ces trois poissons) pour le thon par

contre la relation est inverse puisqu'il représente 47,3 % des pr~ses mais seule­

ment 25,1 % des ventes.

(1) Ces estimations sont fondées sur la mesure de la longueur des poissons pêchés- une bonite d'un kilo mesure en moyenne 42 cm ; 53 cm pour 2 kg, 65 cm pour

4 kg.- un thon d'un kilo mesure 40 cm ; 49 cm pour 2 kg, 71 cm pour 6 kg.

(2) Ces bateaux spécialement équipés pour la pêche de nuit au poisson volant,sortent également de jour et ramènent quelques ~hons et mahi-mahi.

!'RISI::S ilES 1l0NITlŒS ET VI~NTES SUI( LES MARellES

1 THON Prises des Marché P.P.T. PIRAE MarchéBenitiers FPT + PIRAE

JANV. 108. J 27 16.187 4.016 20.833

FEVR. 19.310 7.553 4.142 1J .695

MARS 46.407 13.190 6.007 19.197,1 AVRIL 42.338 10.733 4.779 15.512

MAI 42.783 6.929 5.385 12.314

JUIN 7.654 2.966 4.653 7.619

JUILLET 3.909 2.546 3.358 5.904

1

AOUT 4.398 2.090 2.913 5.003

SEPT. 4.203 1.138 3.396 4.534

OCT. 20.592 4.040 3.998 8.038

NOV. 58.576 8.202 4.411 12.613

DEe. 125.971 15.663 5.181 20.844

, TOTAL 484.268 91.867 52.239 144.106...

BONITE Prises des Marché P.P.T. PIRAE MarchéBenitiers PPT + PIRAE

JANV. 63.749 56. J56 56.156

F~VR. 35.156 30.571 30.571

MARS 42.833 32.074 32.074

AVRIL 60.069 44.831 44.831

MAI 54.302 44.141 44.141

JUIN 20.625 16.924 54 16.978

JUILLET 14.779 9.914 328 10.242

AOUT 11l.339 14.877 440 15.317

SEPT. 20.720 16.466 58 16.524

OCT. 39.179 33.195 19 33.214

NOV. 61. 750 42.081 42.081

DEC. 93.341 65.699 65.699

TOTAL 524.842. 406.929 899 407.828

CORYPHENE Prises des Marché P.P.T. PIRAEMarché

Benitiers FPT + PIRAE

JANV. 294 177 2.185 2.362

FEVR. 787 395 1.733 2.128

MARS 235 231 1.096 1.327

AVRIL 595 39 1.480 1.519

MAI 689 454 674 1.128

JUIN 1.780 548 993 1.541

1

JUILLET 2.395 541 1.277 1.818

AOUT 1.982 311 1.271 1.582

SEPT. 2.264 234 1.774 2.008

OCT. 1.740 723 1.611 2.334

NOV. 607 571 1.37/\ 1.949

DEC. 588 1.300 780 2.080

1

1TOTAL 13.956 5.524 16.252 21. 776

PRISE DES BONITIERS DE PAPEETE ET PROPORTION

MAXIMALE VENDUE AUX MARCHES (PAPEETE ET PIRAE)

50 %

J()() 7.

50

100

IHON

(tonnes)

10 10 %

J F M A M J J A 0 N 0

BONITE Prises 524,8 tonnes

(tonnes) Ventes 407,8 tonnes100 100 %

50

10

50 %

10 7.

J F ~I A J ,\ o N o

2000 -l--..--..--..--..----.

CORYPHENE

( kilo)

1000

200

Prises 13,9 tonnes

Ventes 21,7 tonnes

\-.......,r---r--r- J00 %

50 %

10 7

J f ~I A H J J A o N o

- 13 -

Notons enfin que les bonitiers pêchent plus de thons et de bonites,

ma~s mo~ns de coryphènes qu'il n'en est vendu au marché.

En définitive ce premier tableau comparatif nous éclaire sur deux

points

1) la production échappant aux marchés est considérable notamment

pour le thon (plus de 70 %)

2) la spécificité des deux marchés s'affirme nettement: Papeete s'est

faie une spécialité de la bonite ; Pirae affirme au contraire sa préé­

m~nence en valeur relative pour le thon et en valeur absolue pour le

mahi-mahi. Cette spécialisation est l'expression de profondes différences

quant à la clientèle fréquentant ces deux marchés.

La bonite est un poisson relativement bon marché que l'on vend à la

pièce et, en l'achetant à Papeete on est certain de sa fraîcheur, qualité essen­

tielle aux yeux du polynésien. Le thon et le mahi-mahi sont plus onéreux et du fait

de leur taille, vendus en tranches, ce qu'apprécie le "popaa"(~lis qui n'est pas

dans les habitudes du tahitien. On ne surprendra personne en assurant que le marché

de Pirae est un marché de "popaa" et plus généralement fréquenté par une popula­

tion aisée; on peut d'ailleurs citer quelques chiffres qui établirons la diffé­

rence : Pirae et Arue sont les communes les plus européanisées de Polynésie avec

respectivement 20,2 % et 27,6 % de "popaa" représentant un ménage sur trois(I).

Mal desservi par les trucks, le marché de Pirae par sa situation impose la posses­

sion d'un véhicule ou l'habitat à proximité: doté de chambre froide, le poisson

n'est pas nécessairement de la dernière pêche; une banque et un bureau de poste

sont intégrés à ce marché d'architecture moderne dont la moitié de la superficie

est occupée par des étalages de "curios" ....

Pour conclure, cette étude serait incomplète s~ elle ne prenait pas

en compte les variations saisonnières entre les prises des bonitiers et les ventes

aux marchés les chiffres détaillés sont exprimés dans le tableau ci-contre, mais

"popaa Farani", désigné le Français d'origine

l'abondance et l'intérêt des résultats imposent une étude en deux temps; en pre­

mier lieu une étude globale, toutes espèces et marchés confondus ; en second lieu,

une étude par espèce et par marché.

(1) C'est à dire le blancmétropolitaine.

(2) Inversement ces deux communes comptent la plus faible proportion de personness'identifiant comme "Maori" : 29,5 % pour Arue et 52,9 % pour Pirae.

- 14 -

1) Prises des bonitiers (thon, bonite et coryphène) et ventes aux

marchés (tonnes),

Prises des Ventes aux Pourcentage maxi-

bonitiers marchésmum des ventes aux

marchés

J 172, 170 79,351 46,1F 55,253 44,394 80,3M 89,475 52,598 58,8A 103,002 61,862 60,1M 97,774 57,583 58,9J 30,059 26,138 87,0J 21,083 17,964 85,2A 24,719 21,902 88,6S 27,187 23,066 84,80 61,511 43,586 70,9N 120,933 56,643 46,8D 219,900 88,623 40,3

TOTAL 1.023,660 573,710 56,0

Si, suivant la saison, les ventes totales de p01sson varient du simple

au double au marché de Papeete, l'écart est plus important pour ces trois pois­

sons pélagiques (1 à 5) et beaucoup plus encore pour les prises des bonitiers

(21 tonnes en Juillet contre 219 tonnes en Décembre~ Mais c'est l'étude du rap­

port mensuel entre ces deux paramètres qui s'avère la plus intéressante; on cons­

tate en effet que si les tonnages diminuent en valeur absolue durant la saison

fraiche, la part des ventes au marché augmente en raison inverse de la production.

Ainsi 88,6 % des ventes du mois d'Août peuvent provenir des bonitiers (nous avons

vu que ces p01ssons pouvaient avoir d'autres origines) alors que ce pourcentage

ne dépasse en aucun cas, 40,3 % en Décembre. Exprimés graphiquement de deux ma­

nières (ci-contre) ces chiffres traduisent la variabilité des circuits de distri­

bution puisque plus la production est élevée, plus la part échappant aux marchés

est importante. Ce constat est l'expression de la saturation des marchés et de la

très vive concurrence qui s'exerce sur le poisson durant l'été austral; les bo­

ni tiers ne sont alors plus les seuls à ramener beaucoup de poissons, et pour être

certain de le vendre, il importe de trouver de nouveaux clients (restaurants,

collectivité~,super-marchés,vente à la crié~ etc .... ) ; en basse saison le pê­

cheur ou le revendeur reste assuré de le vendre un bon prix au marché avec des

1 .

- 15 -

frais bien moindres puis le marché (de Papeete) jouxte le port. O~ se trouve

devant une des incohérences les plus flagrantes du marché des produits locaux

c'est en effet en période de bonne production (et c'est également le cas pour les

fruits et légumes) que les producteurs ont les plus grandes difficultés de commer­

cialisation, alors qu'il n'y a jamais eu de surproduction clairement démontrée.

2) Particularités selon les espèces et les marchés

Nous reprenons ici l'étude pour chaque p01sson, en s'appuyant sur la

forme graphique la plus percutante : celle associant la courbe annuelle des pri­

ses des bonitiers et l'histogramme des proportions vendues sur les marchés; dans

la mesure où les marchés se distinguent par les volumes et les préférences don­

nées à tel ou tel poisson, nous traiterons l'ensemble des ventes dans les marchés

sans distinction de lieu.

Le thon :

Les bonitiers pêchent plus de thon qu'il ne s'en vend dans les mar­

chés mais pendant trois mois de la basse saison on retrouve plus de thon que

n'en ont ramené les bonitiers ; c'est la preuve de la diversité des approvisionne­

ments et cela explique que durant ces trois mois, on puisse envisager que la tota­

lité des prises des bonitiers soit vendue sur les marchés.

Les variations saisonnières sont conformes au schéma décrit plus haut.

La bonite

Les ventes de bonites au marché de Pirae sont dérisoires; c'est donc

essentiellement du marché de Papeete qu'il s'agit. On constate que si la courbe

de production de bonite est tout à fait comparable à celle du thon, en revanche

il n'en va pas de même pour le pourcentage des prises vendu au marché; il n'y

a pas conformité avec le schéma général,puisque si les prises augmentent, la

proportion vendue sur le marché ne diminue pas de façon sensible. Pour la bonite,

du fait de l'absence de variations saisonnières, la moyenne devient significative

77 % des prises de bonite est écoulé sur les marchés ; une concurrence moindre de

la part des autres pêcheurs, des risques de saturation également moindres pour ce

p01sson et enfin une demande hors marché beaucoup plus faible, telles sont les

trois raisons qui font la spécificité du marché de la bonite.

- 16 -

Rappelons que l'on vend plus de mahi-mahi que n'en pêchent les boni­

tiers ; la prééminence du marché de Pirae pour ce p01sson est incontestable, mais

le principal intérêt de ce poisson est qu'il soit pêché surtout en contre saison;

en basse saison lorsque thons et bonites se font rares, les bonitiers s'orientent

vers le mahi-mahi, poisson d'un bon rapport. Il s'ensuit que c'est en saison fraî­

che que la concurrence est la plus V1ve ; s'ajoute à cela une forte demande hors­

marché des restaurateurs notamment en Juillet les ventes au marché ne réprésen­

tent plus que 75 % des prises.

D) UNE PRODUCTION LOCALE INSUFFISANTE, DES MARCHES DESADAPTES

En analysant la nature des rapports entre. les pr1ses des bonitiers et

les ventes sur les marchés pour trois poissons, on a pu mettre en évidence l'im­

portance des circuits hors marchés: on sait que sur les 1.023 tonnes de poissons

pêchés par les boni tiers de Papeete, plus de 447 tonnes (340 tonnes de thons et

117 tonnes de bonites) ont été écoulées vers les collectivités ou les restaurants,

et moins de 574 tonnes vers les marchés ; mais on ignore la part revenant aux

\ pêcheurs occasionnels.\

On sait encore que 1.084 tonnes de poissons (vendus au marché de

Papeete) proviennent des Tuamotu, mais on ignore tout de ce qui n'y arrive ja­

mais. Bref, diversité des approvisionnements des marchés ma1S aUSS1 importance

et multiplicité des circuits hors marché ; par cet exemple la complexité du com­

merce des produits locaux apparaît nettement et c'est bien évidemment sur le se­

cond point que l'ignorance est la plus totale on en revient ainsi au point de

départ car si la chute des ventes de produits vivriers peut s'expliquer en partie

par l'évolution-du régime alimentaire, on a bien vu aussi, les effets de la con­

currence à travers l'exemple du poisson: concurrence entre les demandeurs po­

tentiels (marchés, super-marchés, restaurants etc ... ) concurrence entre les pro­

ducteurs selon le niveau de production.

Dans cette dynamique générale, il semble que le marché de Papeete

parte perdant; la multiplication des commerces d'alimentation et leur évolution

récente y participe pour beaucoup la prise en charge d'une partie du marché des

produits locaux par des commerçants qui traditionnellement ne vendaient que des

- 17 -

produits importés ne peut que bouleverser les rapports de force entre les

trois grandes composantes du commerce (producteurs, importateurs, distri­

buteurs).

Conséquence de la croissance urbaine, le marché de Papeete, ne

pourtant avec la ville, a aujourd'hui atteint ses limites, sans pourtant

couvrir l'ensemble des besoins de l'agglomération; mais pouvait-il en être

autrement alors même que ce marché est avant tout destiné aux consommateurs

individuels ? Contrairement au marché de produits frais locaux, par nature

spécifiquement urbain, le magasin d'alimentation touche également la popu­

lation rurale au moins pour les produits de base ; le marché de Papeete sans

vocation régionale (sauf pour drainer une partie des produits), n'est pas en

mesure d'assurer la totalité des besoins de la population urbaine.

Dans ces conditions, le phénomène de banlieue ne pouvait manquer

de favoriser une transformation en profondeur du commerce d'alimentation. In­

termédiaire quasi exclusif pour la vente des produits importés, le magasin

("le chinois" comme on l'entend dire couramment) est devenu également un dépo­

sitaire de produits locaux; héritage d'une petite ville, le marché de Papeete

n'est pas au coeur du problème du ravitaillement urbain, et c'est bien au ni­

veau du magasin, quelle que soit sa taille, que se situe le vrai débat.

La Polynésie n'est plus ce qu'elle était, tout le monde s'accorde

pour le reconnaître et c'est en grande partie à la croissance urbaine qu'elle

le doit; c'est dire si les modalités de cette croissance participent pour

beaucoup à la structuration actuelle du marché des produits alimentaires.

- 18 -

CHA PIT R E II

L'AGGLOMERATION URBAINE DE PAPEETE

UN SYMBOLE

: I.v\lltllllll\ dl> \ .. POPUl,lllvl1 dl· ... ,'Ol1lllllln(" ... IIrh.linc ..

ll.lh i l.lnt ..!')OOll

PapeetE'

20000

15000

1 Faaa1.

1

11

11

1..

.Punaauia

11..

" ~Pirae/.--

/1/:

1/I,":

1//'?--'

.Hahina/. Arue

/ /Paea//

y,,'-- --"... -- ".".

.••.••~::;.;;.••••• r:::..- "

---- -'"

5000

10000

_.-1956 1962 1967 1971 1977

2 Accroissement de la population dans les communes urbaines

20 7.

urbaines

j\j \

... j \

.,//\ ". \

" A :. Mahina/ '( \ :".1 l, \ "j \ \ :

l \ \ ".f , \'.

. / 1 \ \ ",f 1 \ \',f" " ..f 1 \ "..,.. Paea/ /~;r'-'-' '.,\ /\,Faaa

),.~··17L,.. /~ Î'unaauia:: I.I!· '/...',~," \l/ :, \., "1/ ~~/ \\, , Ensemble communes

."."" l 'Polynésie

Pirae'Arue

5 7.

o 7.

15 7.

10 7.

- 19 -

LA CROISSANCE DE L'AGGLOMERATION

Reconstituer l'histoire de la croissance urbaine à Tahiti, suppose

que l'agglomération soit identifiée, dans l'espace et le temps, dans des limites

clairement définies on ne peut évidemment pas, pour mesurer cette croissance,

se borner à reprendre dans le temps les statistiques des diverses communes qui

composent l'agglomération d'aujourd'hui.

O d . d' h . (1) - 11 . .n a met aUJour u~ que, outre Papeete, ce e-c~ regroupe tro~s

communes sur la côte Est (Pirae, Arue, Mahina) et trois sur la côte Ouest (Faaa,

Punaauia, Paea) quoique pour cette dernière la nuance soit de mise du fait de son

caractère franchement péri-urbain et de sa double fonction urbaine et rurale ;

mais qu'en était-il, il y a dix ou vingt ans? Reconstituer l'histoire récente

de cette agglomération à "géométrie variable", tel est le but de ce chapitre.

Le caractère urbain d'un espace géographique se définit le plus sou­

vent par ses fonctions et ses activités, ce qui suppose l'existence de statis­

tiques, (homogènes et détaillées par commune) relatives à la population active

et à sa répartition en grandes catégories socio-professionne11es ; ces statis­

tiques n'existant pas, il fallait se contenter des effectifs de population et

de leur évolution dans le temps.

A) LE PROBLEME DES LIMITES RECHERCHE D'UN INDICE D'URBANISATION

A l'analyse des deux séries de courbe (graphiques 1 - 2), il appa­

raît bien difficile de situer avec une relative précision, le passage du rural

à l'urbain; les courbes des taux d'accroissement par commune urbaine ou en voie

d'urbanisation confirment sans ambiguité que le phénomène de croissance urbaine

est antérieur à l'installation du C.E.P .. Toutes les communes(2) présentent en ef­

fet un taux d'accroissement bien supérieur à la croissance moyenne de la Polynésie

et ce, dès la période 1956-1962. Mais un taux d'accroissement très élevé, même

s'il est lié à la proximité de la ville, ne peut suffire à distinguer le rural

(1) J. FAGES - PUNAAUIA-PAEA - Contact ville-campagne et croissance urbainede la côte Ouest de Tahiti.

(2) Celle de Papeete exceptée.

- 20 -

de l'urbain. Pour saisir la réalité urbaine aux diverses époques où nous

d · . d d ~ (1) ~ '~l' . d'Isposlons e onnees ,nous avons tente d etab Ir un ln lce prenant en

compte, à chaque période, le poids relatif de chaque commune et son taux d'ac­

croissement ; cet indice multiplié par le nombre de communes est ensuite comparé

à l'indice de la période pour l'agglomération dans son ensemble, indice considéré

comme la valeur seuil ; la formule imaginée peut se poser de la façon suivante :

l n (P + T)c

ou n est le nombre total de communes del'agglomération.

P est le poids relatif de la commune(en pourcentage)

T est le taux d'accroissement.

l) Les résultats sont les suivants

Tableau 1

1956 1962 1967 1971 1977

MAHINA 1.038 1.084 1.694 3.200 6.524

ARUE 1.478 2.035 3.778 5.534 5.911

PIRAE 2.487 4.202 8.429 10.960 12.070

PAPEETE 18.089 19.903 22.278 25.342 22.967

FAAA 2.657 3.681 6.778 11.442 16.950

PUNAAUIA 1. 719 2.424 3.448 5.245 7.740

PAEA 1.507 2.185 2.919 3.462 5.619

ENSEMBLE 28.975 35.514 49.324 65.185 77.781

Sources SODTER, 1982.

(1) F. SODTER La croissance urbaine en Polynésie Française entre 1956et 1977 ; conférence epS/OIT - Nouméa - Février 1982. 12 p.

- 21 -

2 - ~~~~~_E~l~~~~_~~~_~~~~~~~_~~E_E~~e~E~_~_l~_~~e~!~~~~~

~~~~!~_~~_1~~88!~~~E~~~~~

Tableau 2

-1956/62 1962/67 1967/71 1971/77

MAHlNA 3,3 % 5,3 % 3,4 7- 6,8 7-

ARUE 5,4 % 6,8 % 8,1 7- 8,0 %

PlRAE 10,4 % 14,9 % 16,9 % 16,1 %

PAPEETE 58,9 %. 49,7 % 41,6 % 33,8 %

FAAA 9,8 % 12,3 % 15,9 % 19,9 %

PUNAAUlA 6,4 % 6,9 % 7,6'% 9,1 %

PAEA 5,7 % 6,0 % 5,6 % 6,4 %

ENSEMBLE 100 % 100 % 100 % 100 %

Tableau 3

1956/62 1962/67 1967/ 71 1971/77

MAHlNA 0,74 10,10 19,27 12,13

ARUE 5,56 14,26 11,15 1,06

PlRAE 9,28 16,19 7,55 l,56

PAPEETE 1,63 2,46 3,63 -l,59

FAAA 5,67 14,06 15,23 6,52

PUNAAUlA 5,99 7,89 12,32 6,46

PAEA 6,49 6,44 4,84 8,10

ENSEMBLE 3,50 7,34 8,03 2,88

.'

a) : (P + T)

Sources SODTER, 1982

Somme du poids relatif des communes et des taux d'accroissement

(Tableau 2 + Tableau 3)

1956/62 1962/671967/

71 1971/77

MAHlNA 4,04 13,4 22,67 18,93

ARUE 10,96 21,06 19,25 9,06

PlRAE 19,68 31,09 24,45 17,66

PAPEETE 60,53 52,16 45,23 32,21

FAAA 15,47 26,36 31,13 26,42

PUNAAUlA 12,39 14,79 19,92 15,56

PAEA 12,19 12,44 10,44 14,5

ENSEMBLE 103,5 107,34 108,03 102,8

b) n (P + T)

- 22 -n = 7 communes

11,

1956/62 1962/67 1967/ 71 1971/ 77

'28,28 93,8 158,69:

132,5 :MARINA

ARUE 76,72 147,42 :ïj4"g"· 63,42:: . .PIRAE 137,76 217,63 : 17\ 15: 123,62:

:365 ï i:: ' : 1

225,47:PAPEETE 423,71" •• 1 ••• 1: .~ 1.~ '. ~ ~ :

FAAA 108,29 184,52

!217,91 184,94:

PUNAAUIA 86,73 103,53 139,44 108,92:

PAU 85,33 87,08 73,08 101,5

ENSEMBLE 103,5 107,34 108,03 102,88

communes dont l'indice est supérieur à celuide l'agglomération

commune dont l'indice est en récession par rapportà l'époque précédente.

2) Interprétation des résultats

Pour la période 1956/1962, 3 communes seulement présentent un indice supé­

périeur à l'indice global de l'agglomération: on admettra que seules ces

trois communes sont urbaines.

- En 1962/1967 l'agglomération compte une commune supplémentaire, celle d'Arue,

mais déjà Papeete présente des signes de saturation, par rapport à la période

précédente.

En 1967/1971, l'agglomération atteint pratiquement ses limites actuelles,

avec l'adjonction de Mahina et Punaauia, mais Arue et Pirae présentent à

leur tour des signe~ de fléchissement, ce qui n'est pas encore le cas pour

la commune de Faaa.

- La période 1971/77 confirme la position charnière de la commune de Paea

dont l'indice est très voisin de celui de l'agglomération; toutes les

autres communes marquent le pas.

\ Dans la mesure où cette méthode permet de situer dans le temps

les limites de l'agglomération, nous la considérons satisfaisante, beaucoup

plus dans tous les cas, que la simple prise en compte des décisions administra­

tives aboutissant à la création des communes de Faaa et Pirae en 1965 (toutes

les autres datent de 1972), expression d'un fait accompli. Elle nous permet en­

fin et surtout, de quantifier la croissance urbaine de 1956 à 1977 : après

établissement de la courbe des indices, on admet qu'une commune devient urbaine

lorsque sa courbe recoupe celle de l'agglomération:

Indice d'urbanisation

(valeur seuil)

Faaa

'\1-, '\ \'

/ ''\ \ ahinal ','\ 'Pirae, '\, '\,, '\

----"'~ 'Punaauia,....., ~ AGGLOMERATION" Paea, .'.,..' ,

.' ,..' \.... \

.. .- ,~ ,

\,'Arue

/\/

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1 ",1 ..

11

11

11

11

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1 "1 "r:-:J•.•. ..••••..•••.•

1 '.1

1

50

100

150

200

Indice

1956 1962 1967Iii1971

1 1

1977

- 23 -

Papeete bien sOr, Pirae et Faaa plustrois communes urbainesrécemment.

1959

r de la façon ::i:::~:s~nce nrbaine de l'agglomération se serait donc déroulée

1

1961

1964

1965

1974

l'agglomération compte une commune supplémentaire

annexion de la commune de Punaauia

extension vers Mahina

Paea devient frange urbaine.

Arue

Une remarque s'impose immédiatement: l'extension de l'agglomération. .1

1 dans ses limites actuelles s'est déroulée ~rès rapidement mais n'évolue pratique-

1 ~e~t.plus depuis 1974. L'agglomération s'étend aujourd'hui sur quelques 35 kilo­

! mètres de littoral: jusqu'au PK. 12 dans la commune de Mahina et jusqu'au P~ 23

dans la commune de Paea ; avec 3 communes seulement en 1959, l'agglomération

s'étendait alors sur une dizaine de kilomètres seulement. De 1959 à 1974, l'agglo­

mération de Papeete a donc gagné une vingtaine de kilomètres supplémentaires en

15 ans.

L'agglomération urbaine, ainsi définie, a vu croître sa population

de la façon suivante :

- Effectifs

Population Nbre de communes

1956 23.233 habitants (3 communes)

::1: 1959 25.368 " (3 communes)

::1: 1961 28.924 " (4 communes)

1962 29.821 " (4 communes)

::1: 1964 36.831 " (5 communes)

::1: 1965 40.986 " (6 communes)

1967 46.405 " (6 communes)

1971 61.723 " (6 communes)

::1: 1974 70.384 " (7 communes)

1977 77 . 781 " (7 communes)

\\

//

Population estimée à partir des taux d'accroissement sur la période.l ::1:

)

B) I.E POIns DE -L'AGGLOMERATION

- 24 -

- Taux d'accroissement

1956 - 1962 4,24 i.

1962 - 1967 9,24 i.

1967 - 1971 7,39 i.

1971 - 1977 1,67 i.

\ 11\ li En 1962, la population urbaine représentait 35,2 i. de la population

\JPOlYQ.ésienne, 47,1 i. en 1967 et 56,6 i. en 1977. Même en admettant que l'émigra­

tion vers Papeete ait aujounl'luii cessé\, -l'écart entre zone urbaine et zone rurale

ne peut que se creuser par le simple jeu de l'accroissement naturel de popula­

tion ; à l'heure Ou l'on s'interroge de plus en plus sur le maintien à moyen termE

du C.E.P. en Polynésie, cette remarque vaut d'être notée •••••

Papeete, création et support de la colonisation, symbole de l'extra­

version de l'économie polynésienne a vécu pendant longtemps au rythme des goé-.-

lettes et du coprah; sa croissance et l'apparition d'un ph~nomène de banlieue

est antérieure à l'installation du C.E.P., ce que l'on tend à oublier même si

le nucléaire a provoqué une formidable expansion du phénomène urbain qui s'est'

à la fois étendu et densifié; nulle part au monde, même en Amérique Latine~I~, or

ne trouve, pour la période 1960-1970, de semblables taux de croissance en zone

urbaine.

Sans faire de projections nécessairement hasardeuses du fait des

incertitudes politiques et économiques, on peut se demander si le phénomène ur­

bain n'a pas atteint ses limites ; c'est ce que tend à confirmer la faiblesse du

taux d'accroissement moyen annuel de l'agglomération pour la période 1971-1977,

comme le fait que les limites géographiques de l'agglomération n'évoluent plus

depuis 1974 environ vers paea(2), et ce, par suite des contraintes associées à

la distance; le pronostic reste cependant difficile à établir car à l'extension

(1) Modes d'accroissement de la population urbaine et rurale - Nations Unies ­Etudes démographiques N° 68 - New-York, 1981. 197 p.

(2) Les extensions vers la côte Est après la Pointe Vénus, semblent peu proba­bles dans un avenir proche du fait des contraintes topographiques.

- 25 -

linéaire de l'agglomération (sur la plaine littorale) a succédé ces dix dernières

années un relatif '~paississement" de celle-ci par la création de lotissements sur

les interfluves (d'ailleurs très inégalement achevés et occupés) et par la colo­

nisation de type plus ou moins spontanée des fonds de vallée. Cette tendance

se confirmera-t-elle? Le marché de l'immobilier notamment les lotissements coû­

teux de montagne ont-ils un avenir? Ces questions méritent d'être posées même

Sl cette évolution s'inscrit dans une dynamique banale de croissance urbaine à

la périphérie et, du fait de nuisances accrues, d'une dépopulation voire d'une

paupérisation du centre (Papeete mais aussi Faaa).

C) UN MONDE RUR..J\L POLYNESIEN, UNE AGGLŒ1ERATION COSMOPOLITE

" r"

On admettra aisément que cet indice ne peut suffire à cerner ce que

pouvait être l'agglomération au cours de ces vingt dernières années; à tout le

moins il fallait le tester. Entre l~ ~onde rural et l'agglomération urbaine,_ il

existe une césure brutale mais aussi évidente : celle de la répartition ethnique-------.----- ..-.-.-- . - (1)

et notamment du pourcentage d'européeœdans chaque commune ; Paea, limite de

l'agglomération compte 695 "popaa" en 1977, soit 12,3 % de la population de cette

commune; Papara, la commune suivante, -~'en compte plus que 135, soit 3,8 %. La

rupture est encore plus nette au Nord de l'agglomération; Mahina compte 13,4 %

d'européens contre 2,2 % seulement dans la commune d'Hitiaa 0 Te Ra. Enfin, sur

15.338 européens recensés en Polynésie, 12.064 soit 78,6 % vivent dans l'agglo­

mération, la différence ~tant le fait du contingent sur les sites nucléaires. La

présence ou la quasi absence d'européens s'avère donc particulièrement significa­

tive du fait urbain; l'évolution de cette population (en grande partie composée

de métropolitains expatriés) est la suivante :

Evolution de la population européenne

1956 1962 1971 1977

MAHINA 16 28 734 877ARUE 145 194 1.947 1.634PIRAE 304 383 3.813 2.447PAPEETE 1.646 1. 130 3.502 3. 121FAAA 210 270 1.589 1.770PUNAAUIA 134 274 1. 132 1.520PAEA 42 49 233 695TOTAL 2.497 2.328 12.950 12.064

(1) C'est tout aussi vrai pour la communauté chinoise et demie: au recensementde 1977, l'agglomération regroupait 86,5 % des chinois vivant en Polynésieet 64,7 % des demis. Quant aux Maoris, la proportion est inverse puisque48,2 % d'entre-eux seulement vivent dans les sept communes urbaines. Pources trois ethnies aucune comparaison n'était possible entre les divers recen­sements.

- 26 -

On remarque que les effectifs de cette population ont évolué de

façon irrégulière; les chiffres de 1962 et 1977 présentant un léger recul par

rapport aux effectifs du recensement précédent ; cela ne pertube pas pour autant

une tendance générale qui apparait clairement lorsqu'on calcule le poids relatif

de cette catégorie par rapport à la population totale.

Pourcentage d'européens par commune

1956 1962 1971 1977% % % %

MARINA 1,5 2,5 22,9 13,4

ARUE 9,8 9,5 35,2 27,6

PIRAE 12,2 9,1 34,8 20,2

PAPEETE 9,5 5,6 13,8 13,5

FAAA 8,0 7,3 13,9 10,4

PUNAAUIA 7,8 Il,3 21,6 19,6

PAEA 2,7 2,2 6,7 12,8

ENSEMBLE 8,6 6,6 19,8 15,5

Il apparait en effet clairement que le poids relatif des européens

après de brutales augmentations diminue avec le temps, même si les effectifs

croissent en valeur absolue. En 1962 les 2.328 européens représentaient 6,6 %

de la population de ces sept districts, contre 8,6 % en 1956 (avec une population

à peine plus élevée).

De la même façon cette population qui n'a guère évolué entre 1971 et

1977, voit son poids relatif diminuer de façon très sensible: 19,8 % en 1971

contre 15,5 % en 1977. Au niveau communal, seule la commu~~ de Paea voit le poids

relatif de "Popaa" augmenter ; toutes les~~i~e-s--communes-~;~~i-s-~entune dimi­

nution quelle que soit l'évolution en valeur absolue: la population européenne

de Pirae est passée de 3.813 habitants en 1971 à 2.447 en 1977, mais le pourcen­

tage de cette population par rapport au total a décru dans des proportions beau­

coup plus importantes: 35,2 % à 27,6 % ; on observe d'ailleurs la même tendance

dans des communes dont les effectifs ont augmenté : Mahina comptait 734 européens

en 1971 contre 877 en 1977, mais le pourcentage est tombé de 22,9 % à 13,4 % ....

- 27 -

Ceci nous amène à faire une remarque absolument, fondamentale dans

le processus de croissance urbaine: l'arrivée massive de polynésiens dans l'ag­

glomération est postérieure à l'implantation des "popaa". T. SERSTEVENS(I) obser­

vait que : '~rue3 bien qu'ayant ses premi~res maisons à moins d'une lieue de

Papeete3 est le parfait mod~le du village tahitien. Il a été préservé jusqu'iai

de l'invasion de popaa qui se répandent surtout du aôté de l'Ouest et dans le dis­

triat de Pirae ou Pare: il doit aet avantage à ae qu'il n'a pas enaore l'élea­

triaité3 aar les blanas3 sauf exaeption3 vivent aonfinés dans leurs habitudes de

"aonfort moderne" et ne pourraient se résoWÙ'e à l'intimité des lampes à pétrole".

Les chiffres ci-dessus montrent clairement que l'on peut, que l'on

doit, retourner le raisonnement, car c~st parce qu'il y a des blancs qu'il y a

l'électricité. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ce constat nous main­

tient au coeur du sujet, qui rappelons-le, est de définir dans le temps les li­

mites de l'agglomération. On s'aperçoit en effet qu'un indice fondé sur la pro­

portion d'européens, s'il permet aujourd'hui de fixer les limites de l'agglomé­

ration, ne rend guère compte de l'évolution de celle-ci, car, outre le phénomène

constaté plus haut, plus l'agglomération s'accroît, plus la mobilité de la popu­

lation est évidente, notamment pour la population européenne qui, fuyant les

nuisances du centre ville, tend à investir les marges de l'agglomération; ce

qui explique la position particulière de Paea, dernière commune gagnée à l'ag­

glomération, dont le pourcentage de "popaa" est plus élevé en 1977 qu'en 1971.

Cette tendance est ancienne et explique les difficultés qu'il y a

à fixer les limites de l'agglomération dans le temps. Avant de s'y fixer défi­

nitivement, les popaa avaient fait de ces marges de l'agglomération, des lieux

de villégiature pour le week-endJnotamment pour les communes de Punaauia-Paea

c'est pourquoi il n'est absolument pas faux d'affirmer que l'urbanisation a pro-"

greSSé)par la résidence secondaire, phênomène urbain par excellence.

i1

(1) Tahiti et sa couronne, p. 45.

- 28 -

CHA PIT R E III

LES IMPORTATIONS : DEVELOPPEMENT

OU DEPENDANCE ?

- 29 -

LES IMPORTATIONS

A) SITUATION GENERALE

En 1980, il a été importé en Polynésie Française 447.383 tonnes

de produits pour une valeur de près de 41 milliards de francs; les seuls

produits énergétiques (fuel, pétrole et essence) participent pour 37 % au vo­

lume des importations, les produits alimentaires pour 16 %, les biens d'équi­

pement ou de consommation ainsi que les matières premières pour 47 %.

Le tableau et le graphique ci-contre retracent l'évolution du com­

merce extérieur de 1959 à 1980.

Un certain nombre d'évènements ont marqué l'histoire de la Polynésie

Française durant ces vingt dernières années ; tous, à des degrés divers ont

contribué à une dépendance accrue du Territoire vis à V1S de l'extérieur, qui

se traduit avec plus ou moins de retard dans les statistiques du commerce ex­

térieur ; citons les brièvement.

1961 - Inauguration de l'aéroport de FAAA

- Tournage du film: "les révoltés du BOUNTY"

1962 - Indépendance de l'Algérie; De GAULLE annonce l'installation

du Centre d'Expérimentations du Pacifique

1963 - Arrivée des premiers militaires à Moruroa

1964 - L'Assemblée Territoriale cède gratuitement l'atoll

de Moruroa à l'Etat

1966 - Fin de l'exploitation du phosphate sur l'atoll de Makatea

- Inauguration du nouveau port de Papeete

- 1ère explosion nucléaire

1974 - Dernière explosion nucléaire aérienne

1975 - Premier essai souterrain

Cette évolution dans le sens d'une croissance rapide des importa­

tions (10.1 % par an en volume et 17.4 % en valeur) s'est accompagnée d'une

- 30 -

diversification de la nature des produits importés comme des zones d'appro­

visionnement. Un bref rappel de la part du commerce avec la métropole, montre

que ce sont surtout les pays étrangers notamment ceux de la zone Pacifique

(USA, Australie, Nouvelle-Zélande) qui ont profité de la croissance des im­

portations.

Les importations en provenance de Métropole.

Volume (Tonnes) i. Valeur (en milliards %de F.CP)

1960 29. 100 40,2 137.034 47,6

1965 164.999 52,9 6.921.383 71,8

1970 103.718 31,0 8.274.000 60,6

1975 110.956 31,4 12.149.169 54,0

1980 130.892 29,4 20.016.416 49,1

Tout en conservant la première place, on constate en effet que

la métropole ne couvre plus que 29,4 % du volume importé contre 40,2 % en

1960 ; malgré l'excellente position de la France en 1965, liée de façon in­

contestable aux besoins du C.E.P., la tendance est bien à une dépendance moin­

dre vis à vis de la métropole et par voie de conséquence, à une ouverture sur

l'étranger. En revanche, la métropole continue de couvrir, en valeur, près de

la moitié des importations. Il semble donc qu'on s'achemine vers un trafic

plus rationnel privilégiant avec la métropole des importations relativement

peu pondéreuses mais de valeurs élevées ; du fait des coûts de frêt associés

à l'éloignement, cela vaut d'autant plus d'être noté qu'il n'en va pas de

même pour les importations alimentaires.

B) LES IMPORTATIONS ALIMENTAIRES

Les importations de denrées alimentaires s'élèvent en 1980 à

70.238 tonnes pour une valeur de 7,192 Milliards CFP ; par rapport à l'ensem­

ble, l'alimentation intervient pour 15,9 % du volume et 17,4 % de la valeur

totale des importations. Même s'il est évident que l'importation de produits

vivriers participe pour une faible part au déséquilibre de'la balance commer­

ciale, ces chiffres ne doivent pas tromper

Volume

Va leurYolum~

(Tonnes)Valeur

m111 i ards CI

'. 1'",

10

20

30

40,,,,,,,, ,

~ 1,t\,, ,

! ", " ,C' 1,,

1

l, '1 \ 1, \ '

1 ..,'1,,

1,1,,

1i, ', , __ .1

'\ ,--" \,'\' .."

/',,,,1

1,1,,

1,,"41"'_-_41'"

~:':_- -----_.._-_. --- ~"", ...... -- -,,-_ .........

300.000

200.000

100.000

400.000

1960 1965 1970 1975 1980

IMPORTATIONS EXPORTATIONSANNEE ----------------- ----------------- ----------------- ----------------

Tonnee Yaleur Tonnes Valeur

1959 53.251 1.188.051 ))3.382 1.103.189

1960 72.330 1.617.574 403.434 1.141.721

1961 84.929 2.095.452 392.2)) 1.034.705

1962 87. 750 2.266.337 355.090 971.549

1963 102.716 2.893.891 340.680 919.144

1964 203.917 6.391.049 400.621 996.750

1965 311.490 9.637.205 340.631 920.219

1966 288.837 15.023.841 227.210 1. 560.077

1967 310.978 10.229.071 18.314 1.168.527

1968 352.313 15.619.080 19.698 1.030.825

1969 285.000 10.368.000 21.000 1.303.000

1970 334.000 13.640.000 19.000 1.840.000

1971 341.000 14.070.000 14.000 1.740.000

1972 325.000 14.270.000 17.000 1.340.000

1973 346.000 16.890.000 18.000 1.490.000

1974 385.341 25.150.000 12. 535 2. 775 .000

1975 353.185 22.317.000 17.293 1.968.000

1976 362.773 25.699,000 16.592 1.911 .000

1977 396.364 29.186.595 Il.480 1.464.267

1978 406.665 33.070.472 8.886 2.978.479

1979 449.953 36.704.641 12. 110 2.2".513

1980 4'1. lA 1 40.7IA,7Il 1~ ~~l 7 l1Q. R'lf>

Voilim • ..'l V.t1LIII dt ... 11l1l1L'!l Ill"" ,'!llllllll,llfl'"

----ANNf.1 VOLUMf VALEUR

f-------~ ---- - - ~- -- -- -- ~------ -- ~!...I.L~r '_l'Q.J__

1959 18.507,0 J80.010

1960 20.J66,9 4)5.626

1961 23.)72,) »)8.419

1962 2).655,) 565.18)

196) 25.659,0 6)0.432

1964 )).)6),) 944.560

1965 44.0)),9 1.422.296

1966 54.901,9 1.925.176

1967 5).615,5 1.840.119

1968 6).665,9 2.) 1) .092

1969 55.169,0 2.0)7.686

1970 60.554,5 2.447.429

1971 60.667,) 2.645.720

1972 57.524,6 2.945.294

1973 59.590,4 ).)49.654

1974 62.424,5 4.752.51)

1975 59.91),5 4.46).688

1976 59.271,6 4.920.172

1977 60.062,) 5.184. )05

1978 6).016,1 5.64).018

1979 70.424,2 7.0)8.979"

1980 70.2)8,7 7.192.850

Evolutions de. Î11l'portations alimentaIres àe 1959 à 19bo •

Volu.e (tonnes) Vsleur( ..i1l1ards)

60000

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10000

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111,,

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6

5

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'')60 '970 '975 '9

IMPORTATIONS ALIMENTAIRES 1980

Chapitre

02

03

04

07

080910Il15

16

1718

19

20

21

22

25.01.05

TOTAL

Définition

Viande

Poissons, crustacés, et mol­lusquesProduits laitiers

Légumes

FruitsCafé - Thé - EpicesCéréalesProduits de la minoterieGraisses et huiles animaleset végétalesPréparations de viandes etpoissonsSucres et sucreriesCacao et préparations choco­latéesPréparations à base de farinesou fécules - pâtisserieConserves de fruits et de lé­gumes

Préparations alimentairesdiversesBoissons, alcools, vinaigres

Sel alimentaire

Volume(tonnes)

7.184,0

402,5

3.797,4

5.413,5

1.746,1147,4

7.646,114.957,91.567,5

2.494,3

6.000,7282,2

1.569,1

5.410,3

2.332,5

8.827,7

459,5

70.238,7

Valeur

1.625.159

203.935

631.634

350.174

220.56172.650

313.675444.786183.958

559.898

444.171112.527

334.911

569.443

441. 542

668.185

15.641

7.192.850

_______________________~Ei~~i2~~~~EEi~!~~ _Définition

-Viande fraîche, réfrigérée ou congelée debovins, ovins et porcins (et abats)

-Volailles réfrigérées, fraîches ou congelées-Crustacés, mollusques et coquillages

-Laits en boîte-Beurre en boite-Fromages-Légumes frais ou réfrigérés-Légumes congelés-Légumes secs

-Café et succédanés de café-Riz-Farines

-Viande en boîte-Poisson en boite-Sucres

-Biscuits-Pâtes alimentaires-Conserves de légumes-Conserves de fruits-Jus de fruits-Sauces, condiments, etc •...

-Eaux minérales-Limonades et boissons non alcooliques-Vins

Volume

4.309,4

2.675,4312,6

1.861,71.051,6

667,84.442,2

471,4492,1

107,74.895,8

12.749,3

1.186,9948,1

5.454,1

826,9413,2

2.710,5781,3

1.401,21.092,1

1.402,61.253,34.460,2

Valeur

1.173.691

379.051156.890

182.214203.056223.330239.16350.17646.944

46.292256.682342.699

296.992137.391333.143

213.53946.709

261.715102.410120.194117.229

45.99971.917

365.056

- 31 -

- la valeur totale des exportations est trois fois inférieure à

celle des importations des seuls produits alimentaires ;

- le volume total de produits ~ocaux écoulés sur les marchés de

Papeete et Pirae n'était, durant cette même année, que de 5.957 tonnes. En

définitive la situation, à ce niveau très général, apparaît comme un résumé

de l'économie polynésienne: on produit très peu mais on importe beaucoup.

La nature des denrées alimentaires importées, détaillée dans les

tableaux ci-contre, traduit tout à la fois la très grande diversité des appro­

visionnements (on trouve absolument de tout au moins à Papeete), les préféren­

ces alimentaires de la population dans son ensemble, comme les carences les

plus flagrantes de l'agriculture locale. Ces chiffres s'avèrent d'autant plus

difficiles à interprêter qu'ils s'appliquent à une population très hétérogène

sur le double plan ethnique et social.

Ainsi n'est-il pas surprenant que la Polynésie qU1 ne produit pas

de céréales importe 12.700 tonnes de farine et 6.000 tonnes de sucre lorsque

l'on sait que le repas du soir pour de très nombreuses familles polynésiennes

est uniquement constitué de pain accompagné de café au lait fortement sucré.

Par contre l'importation de 5.400 tonnes de légumes serait à la

limite scandaleuse\s'il n'y avait une demande régulière de la part d'une popu­

lation aisée, nota~ent européenne, indifférente aux inévitables écarts saison-

niers. 'r '"

\'

On voit bien que la simple raison ne permet pas de s'aventurer bien

loin dans l'interprétation des statistiques douanières.

Quelques aspects méritent cependant d'être notés, notamment en

matière d'évolution du volume, de la nature et de l'origine des produits ali­

mentaires importés.

l~2~!E~E!~~~_~!!~~~E~!!~~_:comparaison des taux d'accroissements moyensannuels (période 1959-1980 ) en volume et en valeur pour les principauxgroupes de produits .

25ï.

20

15

10

5

•1

~---1

Valeur r--J---, 1

1 r-----~I ..!

1----11 L __11111

___ J1

',.. __ .J1.----, r--.J

.--- t. _11

'----'

Volume

17 " 16 10 04 07 19 15 18 09 20 22 08 21 03 02

17 Numéro de chapitre de la nomenclature douanière .

- 32 -

- Les importations alimentaires se sont accrues de 6,25 % par an

en volume et de 14,3 % en valeur, moins rapidement par conséquent, que l'en­

semble des importations; l'essentiel de cette croissance se situe entre 1963

et 1968, période d'installation du C.E.P. et des premières explosions nucléaires,

durant laquelle on importait près de 10.000 tonnes de plus chaque année. Malgré

d'importantes différences d'une année à l'autre (voir courbe) , la croissance

moyenne annuelle semble se stabiliser depuis cette époque aux environs de 2 %

en volume mais de II % en valeur du fait d'un taux d'inflation qui s'est net­

tement élevé depuis 1968.

- l'évolution dans la nature des importations selon les chapitres

de la nomenclature douanière est reproduite en annexe; nous l'évoquerons

ici à grands traits. Un classement des grandes catégories de produi~ selon

le taux d'accroissement moyen annuel du volume importé d'une part et de la

valeur de ces produits d'autre part, laisse apparaître une évolution conforme

dans l'ensemble à une inflation qui touche toutes les catégories de produits

(corrélation statistique significative). On relèvera cependant sur l'histogramme

ci-joint quelques paradoxes: ainsi le sucre, produit de 1ère nécessité a connu

la plus forte inflation depuis 1959 (19,8 % par an) et la viande une des plus

faibles (15,6 %).

- Taux d'accrois- Taux d accrois-

Chapi tre Nature du produitsement moyen sement moyenannuel du vo- annuel de lalume importé valeur importée

17 Sucre 3,3 7- Il,5 7-II Farines et produits de la mi- 3,6 % 9,5 %

noterie

16 Poisson et viande en boîtes 3,7 % 10,5 %

10 Céréales 5,4 7- 10,4 %04 Produits laitiers 5,9 7- 12,1 7-07 Légumes 6,6 7- 13,7 %

19 Biscuiterie-Pâtes alimentaires 7,5 7- 15,1 %

15 Huile 8,0 7- 12,7 7-18 Cacao, préparations chocolatées 8,1 7- 15,9 %09 Café, thé, épices 8,9 7- 16,5 7-20 Conserves de fruits et de légumes 9,3 7- 15,4 7-22 Boissons, alcools, vinaigres 10,8 7- 16,2 7-08 Fruits Il,4 7- 17,6 7-21 Préparations alimentaires diverse~ Il,9 7- 19,1 7-03 Poissons, crustacés, mollusques 18,7 % 25,8 7-02 Viande 19,3 7- 24,3 7-

MOYENNES ................................. 6,25 7- 14,3 7-

- 31 -

Pour conclure cet aspect de l'étude, on observera que le classement

des produits selon leur taux d'accroissement en volume n'est pas indifférent.

Les plus faibles taux s'associent plutôt à des articles de grande consommation

et parfois de 1ère nécessité, telle que la farine, le riz, le lait condensé ou

le boeuf en boîte, et parfois produits également sur le Territoire (produits

laitiers, boeuf en boîte) dont la demande tend très probablement à se rapprocher

de la croissance démographique.

A l'inverse les taux les plus élevés s'associent plutôt à des pro­

duits de luxe ou dans tous les cas plus onéreux que le Territoire ne produit pas

ou seulement en faible quantité (viande, crustacés).

Malgré les précautions évoquées plus haut, la structure des impor­

tations alimentaires pose problème et amène à s'interroger sur la consommation

selon les diverses catégories ethniques et sociales ; nous y reviendrons à pro­

pos des importations du C.E.P.

1) L'origine des importations alimentaires

Les produits importés proviennent de plus de soixante dix pays dans

le monde, mais quatre pays seulement se partagent 84,8 % du marché en volume

et 81,4 % en valeur:

Les pr~nc~paux pays fournisseurs

(tonnes)Pourcentage du

VALEURPourcentage du

VOLUME total total

FRANCE 25.439,6 36,2 % 2.248.292 31,2 %

U.S.A. 14.169,6 20,2 % 1.434.706 19,9 %

AUSTRALIE 12.872,2 18,3 % 822.441 Il ,4 %

Nelle ZELANDE 7.101,4 10,1 % 1.356.405 18,9 %

On observera que les importations en provenance de métropole pré­

sentent un caractère quelque peu irrationnel dans la mesure ou l'éloignement de­

vrait privilégier les produits de valeur élevée par rapport au poids. Cela tient

évidemment à la nature des produits importés qui renvoie aux structures, aux

- 34 -

faiblesses et aux points forts de l'agriculture du pays considéré; la comparai­

son entre la Nouvelle-Zélande et l'Australie est toute aussi significative:

les importations en provenance du premier pays représentent 10,1 % du volume

ma1S IB,9 % de la valeur; en revanche, celles provenant d'Australie couvrent

IB,3 % du volume, mais seulement 11,4 % de la valeur totale des produits ali­

mentaires importés ; la ventilation des importations alimentaires selon leur

nature et leur origine apparaît finalement comme la traduction de l'extra­

ordinaire concurrence à laquelle se sont parfaitement adaptés les importateurs

de la place de Papeete.

CHA-DEFINITION

Poids NellePITRE total

FRANCE U.S.A. AUSTRALIE ZELANDE

02 Viande 7184,0 389,3 2518,0 702,0 3282,0

03 Poissons, crustacés et mol- 402,5 44,9 35,9 58,7 115,3lusques

04 Produits laitiers 3797,4 948,4 12,9 1327,5 1375,9

07 Légumes 5413,5 1974,2 1690,9 22,8 1528,0

08 Fruits 1746,1 12,4 1242,5 9,5 435,2

09 Café, thé, épices 147,4 13,8 2,5 1,7 3,0

10 Céréales 7646,1 0,8 3583,3 4022,4 17,7

Il Produit de la minoterie 14957,9 8302,3 129,9 4667,3 78,1

15 Graisses et huiles animales 1567,5 288,7 475,9 0,7 2,9et végétales

16 Préparations de viande et de 2494,3 822,9 287,0 5,3 18,9poissons

17 Sucres et sucreries 6000,7 3914,9 140,1 665,7 34,3

18 Cacao et préparations choco- 282,2 184,1 30,2 21,3 26,8latées

19 Préparation à base de fécu- 1569,1 693,9 215,4 504,8 79,6lent - patisserie

20 Conserves de fruits et de 5410,3 1533,4 2416,1 644,3 20,0légumes

21 Préparations alimentaires 2332,5 425,3 1233,4 6,8 37,2diverses

22 Boissons, alcools, vinaigres 8827,7 5836,5 151,3 18,1 -25-01 Sel alimentaire 459,5 53,8 4,3 193,3 46,5

TOTAL .............. 'O ......................................... 70238,7 25439,6 14169,6 12872,2 7101,4

---$ - - -. .-

- 35 -

Sans entrer plus avant dans le détail, on remarquera la position

privilégiée de :

La ·France pour

Les Etats Unis pour

L'Australie pour

La Nelle Zélande pour

les légumes, la farine, le sucre et les boissons.

la viande, les légumes, les fruits, les céréales,les conserves de fruits et de légumes et les diversespréparations alimentaires.

les produits laitiers, les céréales et la farine.

la viande, les produits laitiers et les légumes.

Autre effet de la concurrence, cette répartition selon les pays

d'origine n'a rien de statique et semble au contraire évoluer très rapidement

en 1974, la métropole couvrait encore 48,8 % du volume des importations pour,

il est vrai, une valeur de 34,1 % seulement. Mais cette baisse du poids de la

France, s'accompagne d'une diminution en valeur absolue: 30.850 tonnes en 1974

contre 25.439 tonnes en 1980. Inversement les importations en provenance des

Etats-Unis, d'Australie et de Nelle Zélande représentaient 18.807 tonnes en 1974,

soit 30 % du total, contre 34.143 tonnes en 1980, soit 48,6 % du volume total des

importations.

Derrière ces quatre pays qui couvrent l'essentiel des importations

alimentaires, rappelons que près de 70 pays trouvent aussi un débouché en Polynésie;

un débouché bien évidemment modeste mais significatif malgré tout/dans la mesure

où l'inexistance des liaisons maritimes ou aériennes avec ces pays impose de nom­

breux intermédiaires, nécessaires à l'acheminement de ces produits vers Papeete;

il faut citer les Pays-Bas, qui avec 3.781 tonnes se situent en 5ème position et

un nombre considérable de pays dont les exportations alimentaires vers le Terri­

toire se situent entre 750 tonnes (Japon) et 120 tonnes (Chine). Pour ces pays,

il s'agit le plus souvent de produits très spécialisés:

Royaume-Uni 476 tonnes dont 401 tonnes de whisky

Côte d'Ivoire 351 tonnes dont 116 tonnes d'ananas en boîte (ou en jus)et 172 tonnes de préparations à base de café.

Sénégal 528 tonnes dont 526 tonnes d'huiles

Maroc 157 tonnes dont 56 tonnes de poissons en boîte (sardines)

et 101 tonnes de légumes en boîte (olives,tomates, etc .. )

- 36 -

2) Distribution des produits importés sur le Territoire

Les importations à destination des archipels

Sur les 70.238,7 tonnes de produits alimentaires importés en 1980,

11.778 tonnes étaient à destination des autres archipels; en effet, d'après

le Service des Douanes, les réexportations civiles au départ de Papeete vers

les îles seraient les suivantes :

Poids Valeur(tonnes) ~illier de Frj

Iles Sous-Le-Vent 6.952 944.763

Tuamotu-Gambier 1.904 284.231

Marquises 1.963 281.990

Australes 1.319 189.018

Pour estimer la part des importations réellement consommées à Tahiti,

il est nécessaire, une fois encore, de mentionner la participation du C.E.P.,

dont les importations ne sont manifestement pas mentionnées dans le tableau ci­

dessus.

L'approvisionnement du C.E,P.

Le service d'approvisionnement des ordinaires et des marins (SAOM),

a la responsabilité des approvisionnements vivriers de toutes les armées, gendar­

merie comprise ; outre les cantines et mess} le SAOM approvisionne le groupe des

foyers comptant 3 comptoirs de vente (Fare Ute, Faaa, Arue). Sur les 9.820 tonnes

de produits alimentaires importés, la moitié environ est destinée aux sites et

bases avancés. Ceci n'est qu'une estimation dans la mesure où l'approvisionnement

des sites s'effectue de deux façons. Une partie des importations en provenance

de métropole est directement déchargée par les cargos de la C.G.M. à Mururoa sans

rupture de charge à Papeete. (Précisons que ces importations sont parfaitement con­

nues, enregistrées et taxées selon leur nature par le Service des Douanes présent

sur l'atoll) Mais le SAOM s'approvisionne également auprès des importateurs de

- 37 -

Papeete, en particulier pour les produits provenant de la zone Pacifique (viande

congelée, fruits et légumes). Il devient alors très difficile de connaître le vo­

lume de produits importés transitant par Papeete mais chargé sur des navires mi­

litaires.

En définitive et sans entrer dans les détail:, on estimera à partir

du volume total de produits (locaux ou importés) traité par le SAOM, que la po­

pulation vivant dans les Tuamotu-Gambier reçoit environ 7.730 tonnes de produits

importés.

Population par archipel et importations

A partir des taux d'accroissement de population enregistrés sur la

période 1971-1977, la population dans les divers archipels a été estimée en 1980

de façon à la comparer au volume des importations de 1980.

Les résultats sont les suivants :

Population Importations1980 % alimentaires %

(estimation) (tonnes)

Iles Du-Vent 110.665 75,0 52.634 74,9

Iles Sous-Le-Vent 16.606 Il ,3 6.592 9,4

Tuamotu-Gambier 9.479 6,4 7.730 Il,0

Marquises 5.271 3,6 1.963 2,8

Australes 5.337 3,6 1.319 1,9

TOTAL ..... 147.358 100 % 70.238 100 %

~ Les responsables du SAOM, nous ont communiqué des statistiques d'uneremarquable qualité; qu'ils en soient remerciés. En réponse à leurssouhaits, la précision sera limitée au minimum nécessaire à la compréhension.

- 38 -

La première surprise résulte de la parfaite parité pour les Iles du

Vent entre la population et les importations alimentaires ; or la seule agglomé­

ration de Papeete regroupe 76 % de la population des Iles du Vent ; tout incitait

donc à penser que l'on consomme beaucoup plus de produits importés à Tahiti et

Moorea que dans les autres archipels ; il n'en est r1en puisque les Xles du Vent

regroupent 75 % de la population et consomment 75 % des importations alimentaires.

Cependant l'analyse de la situation dans les autres archipels permet d'aller plus

loin; s'ils mobilisent 25 % de la population et 25 % des importations, la situa­

tion particulière de l'archipel des Tuamotu-Gambier apparaît clairement puisqu'il

est le seul à importer plus que son poids relatif de population. Cette gradation

de la dépendance alimentaire perceptible dans ce tableau peut s'exprimer par le

poids moyen de produits alimentaires consommé par habitant :

Consommation annuelle de produitsalimentaires importés

Tuamotu-Gambier

Iles du Vent

Iles Sous-Le-Vent

Marquises

Australes

MOYENNE

Kilogramme/habitants

815 kg

476 kg

397 kg

372 kg

247 kg

477 kg

Ces chiffres accusent encore la spécificité de l'archipel des

Tuamotu-Gambier, liée bien entendu à la très forte présence militaire dans

cet archipel. Cependant cela pose d'une façon plus générale, le problème de la

participation de la population européenne à cette dépendance alimentaire. Cela

se pose d'autant plus que les Iles du Vent et par conséquent l'agglomération ur­

baine de Papeete se situent dans une position moyenne malgré la très forte con­

centration d'européens. En posant la question différemment, ne peut-on, au m01ns

par hypothèse, se demander si les polynésiens consomment finalement assez peu de

produits allmentaires importés, qu'ils soient à Tahiti ou aux Marquises?

Pour confirmer ou infirmer cette hypothèse, le plus facile est de

reprendre les calculs précédents en excluant de l'étude les importations se

rattachant à la population militaire

- 39 -

POPULATION CIVILE ET VENTILATION DES IMPORTATIONS

(Estimation)

~.

POPULATION % IMPORTATIONS % KILOS/HABITANT

Iles du Vent 107.165 76,4 48.640 80,5 453

Iles Sous-Le~ent 16.606 II ,8 6.592 10,9 397

Tuamotu-Gambier 5.979 4,2 1.904 3,2 318

Marquises 5.271 3,7 1.963 3,2 372

Australes 5.337 3,8 1.319 2,2 247

TOTAL ...... 140.358 60.418 430

Paradoxe apparent ma1S en fait aisément compréhensible, la suppression

de la population miliaire et des importations qui lui sont associées replace l'ar­

chipel des Tuamotu-Gambier dans une situation V01S1ne des autres archipels, à

l'exception des Iles du Vent qui se distinguent par le fait qu'elles regroupent

76 % de la population civile mais consomment 80 % du total des importations ali­

mentaires. Bien plus/la consommation moyenne annuelle de produits alimentaires im­

portés dans les Tuamotu-Gambier retombe à 318 kilos par habitant et se situe ainsi

avec les Australes parmi les archipels les moins dépendants de tout le Territoire.

Inversement, les Iles du Vent apparaissent, et c'est plus cohérent, comme les îles

les plus dépendantes vis à vis de l'extérieur. Encore faut-il savoir dans quelle

mesure cela semble plus cohérent, car en poussant le raisonnement jusqu'au bout,

force est de constater que les îles du Vent, et Tahiti en particulier, regroupent

la grande majorité de la population européenne (84,2 % en 1977). En admettant que

la population militaire, au m01ns à Tahiti, ne consomme pas plus d'aliments impor­

tés que le reste de la population civile européenne, rien n'interdit d'estimer,

à partir des importations du SAOM, ce que peut être la consommation de l'ensemble

des européens. Pour l'archipel des Iles du Vent, cette populatiogY~eut être estimée

à 13.000 habitants*, aurait consommé en 1980, 14.820 tonnes de produits importés.

Il faut en déduire que la population non européenne des Iles du Vent (97.600 ha­

bitants environ), se partage 37.814 tonnes de produits alimentaires importés, soit

* Sans doute un peu plus puisqu'on démontrait 12.914 Européens pour les Ilesdu Vent en 1977 sur un total de 15.338 pour l'ensemble du Territoire; maispour cette communauté composée en grande partie d'expatriés, il est difficiled'appliquer un taux d'accroissement moyen annuel.

- 40 -

387 kilos par personne et par an ; on constate alors que le polynésien consomme­

rait sensiblement la même quantité d'aliments importés à Tahiti et Moorea, aux

Iles Sous-Le-Vent ou aux Marquises, mais sans doute plus de deux fois moins qu'un

"popaa".

3) Les hypothèses sur la consommation points communs et stratifications

Les conclusions que l'on peut tirer de cette étude sont si surprenantes

à bien des égards que l'on est en droit de s'interroger sur la validité du rai­

sonnement qui a permis ces extrapolations, Pourtant, en prenant ces résultats

pour ce qu'ils sont, c'est-à-dire des estimations, en se rappelant que nous au~

r~ons pu, dans une certaine mesure, appliquer la même démarche pour la communauté

demie (les îles du Vent regroupent 81 % de celle-ci), qui justement s' ·identifie

plus par son comportement social et économique que par tout autre critère bio-

logique, en ajoutant enfin que les Iles du Vent drainent une très grande partie

des touristes qui s'ils sont de passage consomment néanmoins des produits importés,

il convient alors de se rendre à l'évidence: à l'exception des Australes sensible­

ment plus "en retard", la consommation des polynésiens en produits alimentaires

importés est remarquablement homogène ; a fortiori, la croissance urbaine (76 %

de la population des îles du Vent est urbaine), sur le strict plan de la consomma­

tion de produits alimentaires importés, ne semble pas avoir provoqué de comporte­

ments particuliers. Dans la mesure ou tout s'oppose à ce constat, il faut s'in­

terroger sur la nature de ce déséquilibre et le situer ; il est apparemment "anor­

mal" que soit consommé le même volume de produits importés en ville et en zone

rurale : ni les contraintes de temps de préparation de la cuisine, ni la masse

monétaire, ni la part de l'autoconsommation ne sont comparables. Les termes possi­

bles de ce déséquilibre peuvent être posés de la façon suivante :

1ère Hypothèse

Le volume de produits importés correspond aux besoins en produits dit

de "1ère nécessité" ; la consommation en zone rurale est alors conforme à ce que

l'on pouvait attendre, mais étonnamment basse en milieu urbain où des disponibi­

lités financières plus élevées et un temps beaucoup plus compté pour la prépara­

tion d'une cuisine polynésienne, laissent supposer une consommation de produits

importés plus importante. Dans cette hypothèse le déséquilibre le plus flagrant

se situe en ville et appelle deux questions :

1) Comment les polynésiens se nourrisent-ils ?

- 41 -

2) Si ce n'est l'alimentaire, quels sont les postes de

dépense privilégiés ?

2ème hypothèse

Le volume de produits importés consommé par habitant est supérieur

au volume consommé de produits de 1ère nécessité dans la mesure où la consom­

mation de produits locaux est stationnaire ou en régression en milieu urbain, la

situation dans ce même milieu paraît conforme à ce que l'on pouvait attendre,

mais nettement déséquilibrée en zone rurale et dans les archipels, ce qui pose

le problème de l'autosuffisance alimentaire et du temps consacré à celle-ci.

Faut-il préciser que chacune de ces hypothèses trouve ses adeptes,

fonction d'une perception subjective et passionnelle de la société polynésienne?

On s'étonne. on se scandalise parfois. de la consommation de sardines ou de boeuf

en boîte dans tel ou tel atoll ou île, alors que le lagon tout proche est toujours

suffisamment riche en poissons pour fournir les rations protéiques suffisantes.

S'il importe de s'interroger sur la réalité. la fréquence et la signification d'un

tel comportement. il importe tout autant de mettre à jour le sens profond de telles

appréciations. car après tout. faut-il s'en scandaliser? Cela ne renvoie-t-il

pas encore une fois au mythe du "bon sauvage" et du "paradis terrestre" ? Pourquoi

vouloir à tout prix que l~ polynésien ne se nourrisse que de uru. de fei et de

poissons? Le paysan français consomme-t-il seulement le produit de sa récolte?

En dernière analyse n'y a-t-il pas une forte tendance à oublier que la société

polynésienne s'inscrit dans l'économie monétaire. et ce. depuis longtemps?

L'étude relative aux importations. formelle au départ. prend donc une

orientation quelque peu inattendue ; seule une étude sérieuse du régime alimen­

taire. selon le lieu. l'ethnie et la catégorie sociale. pourrait permettre de

vérifier avec certitude la pertinence des diverses hypothèses citées plus haut.

- 42 -

C) LES PRODUITS DE 1ERE NECESSITE

A plusieurs reprises, dans le paragraphe précédent, le terme de

"produits de 1ère nécessité" a été utilisé. Disons tout de suite qu'il s'agit

d'un abus de langage consacré par le temps, car les produits inclus dans cette

liste établie par le Service des Affaires Economiques ne correspond pas nécessai-

le sucre est considérérement aux impératifs d'une alimentation équilibrée

comme un produit de 1ère nécessité, malgré la surconsommation maintes fois dénon-

cée,de même que le café soluble, le boeuf en boîte ou les biscuits secs, alors

que ce n'est pas le cas pour la viande, les fruits ou les légumes. Enfin ce terme

laisse entendre qu'ils sont indispensables à la survie

sont pourtant passés pendant des siècles

les polynésiens s'en

Tous les produits dits de première nécessité sont des produits ~m-

portés exempts de taxes autres que parafiscales

ci-dessous

la liste de ces produits figure

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DiSIr.NATION CONnIT10NNEMENT UNIT! DE Vf.NTE rRrx DE VENTr. l'NOICATlf TAlliT'

elle parai

des produits

lièrement mise à jour

par voie de presse

de première nécéssité est régu-

La tarification

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CU1oa. de 14 blu d. 100 •C.r'on de 14 b ... de )7S 1Cartoa. de 11/14 ble. dit 400 •C.rto. de 11 bM' de 750.C.r'o. d. 48 b... d. SO •Cu.o. de U ble. d. 100.(Noa. dle."'d)C.rton d. 48 blu de SO •C.rton de Il bte. d. 100 •

SIC de ID, l1,l25 kg. 20.22,650 kS. H 11.,BllIt' dt Il "cheu de 1 11.1:illllt d~ 10 uchtl. de ZLDS(0,907 kil

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P.~uet d. 10 .KII.taPaquet de 10 ••ch.taP.quel d. 100 lache..Th' chlnolt : Paq"'l de loI.(U,71lThf d. ce)'lan : p~".1 de 100uebell p.quelC.rtOft de 10 p~uec. de 400. pllq~t

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Detlt" en conJlern: C.1aN de 14'48 brn de 4H •(l'"'lC." de "Il Me. de 1,165 k.

lIuUe d·.l'Icbld. ~.~Je lS boutellle:de 1 lltlllooof POU' .. nn.'1 lU dfl.1I C._ d. , bidon. de ) LHuDe de IOJ. candi. CU- de 1S bouleW.. de 1 LIlonnf povr la ...enle CI'" de , bidon. d. ) L• 1,1 dfl.UrUe, .lIm.nlaire'dldoftal...

- 43 -

Il ne fait aucun doute que les importations de produits alimentaires

ont débuté par ce type de produits, très proches d'une alimentation de type occi­

dentale mais à une époque et dans un lieu où les procédés- de conservations par

le froid étaient inexistants (viande et lait en boîte).

A quelques détails près on retrouve les mêmes produits commandés

pour l'approvisionnement de la population à la suite de l'installation d'une

base américaine à Bora-Bora 1942(1)

Le chapitre du Mémorial consacré à laen

présence américaine fourmille de renseignements sur les débuts de la monétarisa­

tion et les réactions des habitants.

"Mo n6ieuJt PASSARV, c.he6 de .ta Wc.on6 eJUyJüo n. admirU.J.,bttUive de))Ue)) SOM-Le-Ven-t e.:t tz.eyJtz.é4en-tan-t du gouve.tz.n.euJt m'a btan6nU...6 un.ew:te de mMc.han.fue)) qu'il e)):time U!te n.é.c.e))-6aitz.e c.haque moi-6yJouJt .ta yJoyJuiation. de Botz.a-Botz.a, MauyJi:ti.

a) FMin.e 12:to n.n.e))b l Sue.tz.e 5 :ton.n.e))c.] Riz 8 :to n.n.e))dl BeuJttz.e 250 kge) Lait c.on.den6é. 250 kg6) Lait -6:té.~é. 250 kgg) Pé.bto.te 1.200.tibte))h) E-6-6 en.c.e .......•......... 1. 200 .tibte)) "

Rapport de l'Amiral SHAFRüTH au Ministrede la Marine le 3 mars 1942.

Ce rapport faisait suite à la décision de fermer l'accès de l'île

du fait de "l'accroissement du nombre des dem~ndesfQrmuZées par des indigènes

à Z'effe t d'être autorisés à se fixer à Bora-Bora".

Lettre du Gouverneur au chef de la circonscrip­tion administrative des Iles Sous-Le-Vent.

"La yJoyJu.f.a:tion. e)):t c.on.:ten-te d' obten.itz. du tz.avilailie.ment : en.6in. du -6 ue.tz.e,du .tait e.:tc.... e:t.te un.é.ma. Le)) -6o.tda:t-6 yJoJr.:ten-t de)) batz.tz.ique)) de bon.bol1-6qu' ili fu:ttz.ib uent aux. en.6an.:t-6. La yJo yJuitUio n. 6abtz.iq ue de)) c.uJtio -6 e.:t .t' M ­gent c.ouie à 6.to:t 1..... 1. La n.ouJttz.i:tuJte fu:ttz.ibué.e é.tait :te..t.te.men-t nom­btz.eMe que .t'on noutz.tz.i-6-6ai:t .te)) c.oc.hol1-6 avec.. Eiie é.:tait en.bteyJo-6é.e dal1-6.te :temyJ.te C.M .t'on yJel1-6ait que .t' endtz.oil -6ae.tz.é. é..toign.e.tz.ai:t .te)) vo.teuM.Le ga-6yJi.t.tage é.tovU c.ol1-6:tant : yJouJt que..tque)) boUe)) de .tait yJe.tz.c.é.e)), :toutun -6:toc.k é.:tait je.:té. à .ta me.tz.. On -6avait que .ta ptz.é.-6en.c.e amé.tz.ic.ain.e é.taityJtz.ovi-6oitz.e e.:t .te)) Tahiliel1-6 -6' amMaievr;t avec. :toute .te)) 6ac.i.ti:té.-6 qui .teuJté.:taien-t 066eJr.:te-6. A .teuJt dé.yJa/z.:t on .te)) a à yJein.e tz.egtz.e.:t:té., on é.:tait à yJeineyJ.tM tz.ic.he . LeuJt yJtz.é-6 enc.e a -6 U!z.:to ut tz.ayJyJo Jr.:té aux. c.0mme.tz.ç.an.:t-6 e.:t aux. mM­c.hand-6 de .t' ex.:tétz.üuJt" .

Lettre de L. PICARD.

(1) Mémorial polynésien nO 6, p. J 13.

- 44 -

"Une. de mu ptUnupaiu ac;t[vilé.6 é.taJ.X de. .tu:tte.IL c.on.:tJte .tu mé6a.Lt6du c.on.:tJte.bancüVL6 ( ). Lu' ugaILe;t;tu, .te. be.WUte., .te. .taU, .te. .6uc.ILe.e.:t .tu c.OMe.JtvU CÜ.6paILlU.6.6Cue.n-t ILéguLi..èJr.e.me.n-t e.:t on ILe.:tJtouvail toutuc.u de.Méu à Pape.e.:te. où e.llu étue.n-t ve.n.duu au maJtc.hé nobr. ( )gJtâ.c.e à e.ux c.e1.uA.--U (.te -iJta.6ic.) .6' e.66e.c.:tuail même. daM .tu de.ux .6e.Mdu boutUUu de wlU-6ktj é:ta1.e.n-t c.ac.héu à Papee.:te. daM .tu dttum.6 àp~o.te. pOUIL ê.:ttte e.xpécüéu à Boita-Botta !

(..... ), .tu amétUc.uM ac.he.:tue.n-t tout : c.oquA...e...e.agu, c.oUA..VL6, .6c.u.tptu-ILU, :tA.mbILu PO.6te., tout é.taJ.X bon pOUIL .tu G. 1. ( ). GILâc.e. à c.e.:ta6 .tux de. de.v.<l:. u, Botta-Botta aUail able. vivILe. .ta Po.ttjné.6ié e.nda.n-t:t!Lo,u, aM ,c.u 0 aM pe.ttme;t;tan-t ac. e.:te.Jt u tu.z e..ta afU.ne. e.:ttOU.6 lu pILoduA.-:t.6 alime.~u de. ba.6e..

(..... ) .t' Mge.n-t c.ou.tail à Mot, e.:t tOM .tu .6oill, il tj avail unémae.:t tout .te. monde. .6uç.ail du c.andiu .... "

F. SANFORD, chef de poste àBora-Bora.

Outre qu'elles témoignent de la nature des produits importés à cette

époque, semblables à ceux que l'on trouve aujourd'hui dans la liste des produits

de 1ère nécessité, ces anecdotes témoignent assez du vent de folie soufflant alors

sur Bora-Bora. Mais si elles traduisent l'effet destructurant que peut provoquer

une arrivée massive et brutale de "popaa", ces témoignages sont aussi l'expression

de ce que, dans un langage quelque peu désuet, on nomme "l'âme polynésienne",

interdépendant semble-t-il de l'insularité. On retrouve aujourd'hui encore, cette

même atmosphère de fête, en dehors de Tahiti, lors de l'arrivée d'une goélette;

celle-ci prend même des allures de frénésie dans les îles les plus isolées et par

conséquent peu d~sservies, l'arrivée de la goélette étant le seul moment où l'on

peut gagner de l'argent (par la vente du coprah) et le dépenser; quelques jours

plus tard, repus d'ice-cream et de poulets congelés qu'il faut vite consommer,

faute de systèmes de conservation, les polynésiens retournent au quotidien et

peut-être à l'ennui ou la mélancolie, c'est-à-dire au "fiu" manifestation selon

R. VIRIEU(2) d'un "mal de vivre" lié peut-être à une crise d'identité mais à

coup sûr (toujours selon l'auteur) à une "perte d'objet" ; "la Polynésie était­

elle terre promise ou terre d'exil ?" (VIRIEU - 1981). Quand à la fête et à sa

frénésie, si souvent relatée par les explorateurs occidentaux, parfois blâmée,

mais toujours pour ne retenir qu'elle, celle-ci serait une manifestation "maniaco­

dépressive" et quasiment suicidaire de compensation du "fiu". En somme une fête

(1) Nous soulignons

(2) VIRIEU R. - 1981 - Un éprouvé psychique polynésien - Le Fiu - approchepsychosociologique-ethnique et psychopathologique.Thèse de doctorat - Nice - 263 p.

triste

- 45 -

ma~s qui éclaire, d'une façon mo~ns formelle, ce qu'ont pu être les

motivations profondes d'un départ vers Papeete .....

En 1945, ce sont encore les mêmes produits dont on retrouve les

importations dans un rapport du "Service du Ravitaillement des établissements

français de l'Océanie" : farine, riz, sucre, lait condensé, beurre et viande

en boîte, fromage de Nouvelle-Zélande.

En outre, on peut lire dans ce rapport (1) que

"VaYl!.l le. btLt de. ila.Uï.e. p/tO ilileA l e.-6 po pulaLlo YI!.l de.-6 fu:tJUc.;U, de.TafUti de.-6 même,6 avantag e.-6 0 il il eJLt6 pM le. SeAv-tc.e. du. Ravila..{U.e.me.ntau. pu.blic. de. Pape.e;te., W1 c.amio n. a été amén.ag é e.n. magMin ambulante;t e.ilile.e.tu.e. c.haqu.e. .6e.mun.e. le touA de. l' ile. pOuA y me;t;tAe. e.n. ve.nte.,au. même. pJui.x qu.' à. Pape.e;te., le,6 deYlJl..ée.-6 de pJte.mf..èJte. n.éc.e.-6.6aé. Lac.JtéaLlon. Jtéc.ente du. Se.Jtv-tc.e. de. Nav-tgaLlon. IntéJui.YI!.lula.Uï.e. a p~de. plu.-6 au. SeAv-tc.e. du. RavilaiUe.me.nt d' M.6u.Jte.Jt le. Jtavilai1.1.e.me.nt dilte.e.tde.-6 ile,6 de.-6 MililéJte.nt.6 AJtc.hipw de. la Colonie., en. même. te.mp.6 qu.',ile.ilile.e.tu.ail l'ac.ha:t de.-6 pJtodu.il.6 de. c.e.-6 AJtc.hipw à. de..6 pJui.x avantage.u.xpo u.Jt l e.-6 po pu.1.aLlo YI!.l " .

Trente sept ans plus tard, ce sont toujours ces produits que l'on

trouve dans le plus modeste des "ravitaillements" ou des magasinsJà Tahiti comme

dans les autres archipels ; les armateurs de goélettes se sont substitués au

"Service de Navigation Intérinsulaire" et si les commerçants ambulants ne font

plus le tour de Tahiti, ils continuent de desservir les communes les moins bien

pourvues en magasin d'a1imentation (côte Est et presqu'île).

Par la force du temps, malS aussi par les contraintes qu'impose la

v~e urbaine, ces aliments constituent aujourd'hui la base de l'alimentation; le

"maa tahiti" exigeant du temps pour sa préparation ne se consomme guère plus que

le dimanche; ironie de l'histoire, ce qui était plat quotidien est devenu repas

de fête ... difficile de ne pas y voir, une certaine nostalgie pour des valeurs

anciennes, un besoin de retour aux sources .

Malgré l'absence d'études nutritionelles , ces diverses anecdotes

traduisent assez combien ces produits dont les polynésiens se passaient fort

(1) Mémorial polynésien n° 6, p. 22]

- 46 -

bien autrefois, sont effectivement devenus des produits de première nécessité,

à la base de l'alimentation (1)

Volume importé et consommation moyenne

RizSucreFarineLait condensé et concentréBeurre en conserveHuile d'arachide et de sojaPâtes alimentairesCacao en poudrePréparations contenant du cacaoCafé solubleThé (Chine - Ceylan)Biscuits de merBiscuits secs

Tonnes

4.895,85.454,1

12.749,31.861,7

556,51.112,8

413,224,1

257,8203,1

12,672,5

704,3

Valeur

256.682333.143342.699182.214102.614128.80046.70911.950

100.355146.140

10.29514.653

178.344

1.597.916

\1

\

Les produits de première nécessité représentent donc 40,3 % du

volume et 22,2 % de la valeur totale des importations alimentaires. Ces ~mpor­

tations représentent une consommation moyenne annuelle de 192 kg par habitant;

nous sommes donc très loin de la consommation totale de produits importés qu'àle

soit ramenée à la population totale (477 kg), à la population civile (430 kg),

ou à la population non européenne (387 kg).

En définitive ces chiffres confirment globalement une surconsommation

de produits importés en zone rurale, c'est-à-dire en dehors de Tahiti. Si la

ville regroupe 50 % de la population, force est de constater que les modes de

v~e urbains se sont diffusés à travers toute la Polynésie , quelles que soient

les possibilités d'auto-suffisance .....

(1) Le récent conflit opposant dockers et sociétés d'acconnage, perturbantle déchargement des navires et par conséquent l'approvisionnement vivriera clairement mis en évidence les divergences d'intérêt mais aussi les illu­sions mythiques, car s'il est vrai qu'une grande partie des importations ali­mentaires est destinée aux "Popaa", l'affirmation selon laquelle le polynésienpeut s'en passer "puisqu'il a le uru" relève quelque peu de l'imaginaire.

terrogations

- 47 -

Cependant cette étude ne peut prétendre répondre à toutes les 1n­

les habitudes alimentaires sont en effet très différentes selon

l'ethnie et le rang social: le tahitien mange du r1Z presque tous les jours, et

la consommation de pain fait l'étonnement du visiteur; il s'ensuit que la consom­

mation de produits de première nécessité est beaucoup plus forte pour un polynésien

que pour un "popaa" ou encore, pour un employé que pour un cadre supérieur. Dans

ces conditions, on conçoit l'intérêt que représenterait une étude nutritionnelle(l)

fondée sur ces deux critères (qui ne se superposent pas parfaitement) ethnique et

socio-professionnel.

(1) Cette lacune sera peut-être comblée, dans quelques m01S après publicationdes résultats d'une enquête de consommation alimentaire menée par le Ser­vice Médical de Contrôle Biologique du C.E.A., si le traitement des donnéess'effectue dans ce sens, et si l'échantillon s'avère représentatif.

- 48 -

CHA PIT R E IV

DIFFERENCES DE CONSOMMATION ET COMMERCE

DE DISTRIBUTION : UNE EVIDENTE RELATION

- 49 -

LES MAGASINS D'ALIMENTATION

A l'exception de quelques rares importateurs se livrant également

à la vente directe aux consommateurs, l'intégralité des produits importés abou­

tit- dans les rayons des magasins. Faute de statistiques utilisables(l) pour faire

le recensement de ces magasins, il fallait recourir à l'enquête directe; cette

enquête s'est déroulée en deux temps: dans une première phase, nous avons pro­

cédé à un inventaire systématique de tous les magasins de Tahiti, en relevant un

certain nombre de paramètres relatifs à la localisation, la superficie, la caté­

gorie (magasin, supérette, super-marché) et la vente de plats cuisinés. Dans

une deuxième phase, nous avons procédé à une enquête auprès de la quasi totalité

des commerçants de la banlieue, de Mahina à Paea (Papeete exclu). Devant la mé­

fiance des commerçants, le caractère souvent approximatif de leur comptabilité

et les impératifs de délais, il était hors de nos compétences d'envisager une

étude de type économique. Plus que toute autre, la communauté chinoise pour être

pénétrée impose une longue imprégnation; c'est pour~uoi nous nous sommes déli­

bérément limiœsà des questions simples qui relèven~Îd~ la découverte d'un mi­

lieu commerçant très peu connu, que d'une recherche en profondeur.

A) INVENTAIRE ET TYPOLOGIE DES MAGASINS

On dénombre 208 magasins d'alimentation à Tahiti sans compter les

multiples "snacks" et les quelques "ravitaillement" qui jalonnent les abords

de la route, dans lesquels on trouve toujours quelques produits courants (lait

en botte, café soluble, sucr~ cigarettes et boissons),

La seule agglomération urbaine, qui rappelons-le regroupe 75 % de

la population tahitienne, compte 178 magasins soit 85,5 % du total. Quant à la

seule commune de Papeete (29,5 % de la population urbaine) elle regroupe 82 ma­

gasins, soit 46 % du commerce urbain. On peut distinguer trois principaux types

d ,(2) 1 'f" d~ 1 1 b ,.,e magas1ns ; cette c aSS1 1cat10n fon ee sur a seu e 0 servat10n 1ntegre

les éléments d'appréciation suivants: surface, diversité des étalages, vente

en libre-service, aménagements, cheminement dans le magasin, présence ou absence

d'un rayon légumes et boucherie.

(1) Le fichier de la Chambre de Commerce n'est pas régulièrement mis a Jour etcelui des Contributions Directes range tous les commerçants, jusqu'auxpharmaciens et garagistes dans la rubrique "négociant".

(2) Numéro spécial sur la géo~raphie du commerce : in cahiers du Centre deRecherches - Analyse de 1 espace N° 3 - 1976 - PARIS.

- 50 -

a) Le magasiq est le plus anc~en et le plus petit des commerces

d'alimentation; il a largement contribué à la réputation à la fois admirative

et franchement xénophobe qui entoure la communauté chinoise ; réputation acquise

depuis l'abandon de la canne à sucre à Atimaono en 1873, à l'origine de l'immi­

gration chinoise. Voici ce qu'écrivait T'SERSTEVENS(l)à une époque où ni la men­

talité ni le Verbe n'étaient débarrasés de préjugés coloniaux

"Le village, c.omme toUf.. c.eux de la c.ôte, à MA deux Chin.o.i.-6 en.bOutÂ..que, plUf.. un. bon. n.ombJte d'au:tJteJ.J qui bUmen.t à la c.hin.o.i.-6e.6UJt deJ.J potageM et Jtéa.t.i.-6ent c.e n0ta.c..te c.hin.o.i.-6, daV1..6 un palj.6de bJtoUf...6e, de n.' Ij pM .ta.i.-6.6eJt un. bJr.in de mauvwe heJtbe. Il Ij a,de plUf.., leJ.J Chin.o.i.-6 paMant6 : le bou.f.an.geJt du matin. et c.e.tui du.60~, qui .6'ac.hemin.ent en. camion.nette en.c.ombJtée de gO.6.6eJ.J c.hin.o.i.-6et .6 èment deJ.J pe:t..Lt6 paiV1..6 blan.c..6 dan.6 leJ.J c.a.i.-6.6 eJ.J de bo.i.-6 do ntc.haque en:tJtée de jMcün eJ.Jt mwu.e. ; le Chino.i.-6 ma.Jtaic.heJt quJ.. vend.6 eJ.J .tai:tueJ.J, .6 eJ.J pohteaux c.oJUac.eJ.J, .6 eJ.J Jtafu et.6 eJ.J haJUc.ou à lapoignée, .6eu.te meJ.JUJte en Uf..age ; le Chino.i.-6 glac.ieJt, en :tJr.i-poJt:teUJtà eJ.J.6en.c.e, qui, toute leJ.J deux heUJteJ.J, :tJtciveMe le boUJtg en vendant.6 eJ.J c.OJtnW à .ta vanil.f.e., c.hoc.olat, au c.i:tJton, à l' ananM, qu'onappeUe ic.e-eJteam6 et qu'on pJtononc.e eJ.JeJtime ; et enMn le jeuneChino.i.-6 élégant qui, le .6ameCÜ apJtè.6-micü, in.6talle pJtè.6 de .ta bou-tique d'un c.ongénèJte .6 a banque de c.Jr.ieJti, le jeu pJté MJté deJ.J Tahitien.6 ,et Jtâ.6.te leUJt .6afuiJte de .ta .6emaine.

C'eJ.Jt autoUJt et dan.6 la bMaque. .6oJtcüde du plUf.. ac.halandé deJ.J deuxChino.i.-6 que .6e c.onc.en:tJte toute .ta vie de la boUJtgade, une allée etvenue c.ontinueUe de 6emmeJ.J et d'en6ant6 qui viennent ac.heteJt toutc.e qu'il 6aut de pJtoduiU alimen:ta.iJt.eJ.J ou au:tJteJ.J, n.on pM poUJt lajoUJtnée mw poUJt le moment ou la min.ute. On vient c.heJtc.heJt du vi­naigJte dan.6 le 60nd d'un ve.JtJte, une c.ui.t.tèJtée de beuMe daV1..6 une.6ouc.oupe, la unquJ..ème paJt:tie d'une baMe de .6avon, du pé:tJtole dan.6une petite gamille, une aigui.t.te, une bJtM.6e de Mc.eUe. Le Tirrito,in.tM.6able, .6eJt:t tout c.e.ta .6an.6 Jte.c.higneJt : .6on bénéMc.e augmentedan.6 .ta meJ.JUJte où la mMc.han.fue .6e Jtédu.Lt. On vient aUf...6i luJ.. em­pJtUnteJt .6on enton.no~, C.M il eJ.Jt .6eu.f. dan.6 tout le village à enpOMédeJt un, c.omme il détient la .6eu.f.e balanc.e, le .6eu.t mè.:tJte à me­.6UJteJt et le .6 eu.t moulin à c.aM.Cette boutique défubJtée du Chino.i.-6 eJ.Jt aUf...6i le 6oJtum, le gJtan.dc.en:tJte d'in6oJtmation de tOUf.. leJ.J c.omméJtageJ.J. LeJ.J ac.heteuM ne JtepJté­.6entent qu'une minime paJt:tie du public. qui .6e pJteJ.J.6e autoUJt duc.ompto~, in.6tallé .6UJt deJ.J C.W.6eJ.J, .6UJt deJ.J .6ac..6, .6UJt le c.omptohtlui-même, ou qui mUf..Mde .60Uf.. .ta galeJr.ie de bo.i.-6 veJtmou.tu, M.6.i.-6.6UJt le planc.heJt, .6UJt leJ.J maJtc.heJ.J de l'eJ.Jc.aLteJt ou ac.eJtoupi .6UJt .6eJ.Jtalo n.6. A c.eJt:taineJ.J heUJteJ.J de la j oUJtn.ée, c.' eJ.Jt une vJtaie 6ou.te aumilieu de laquille le Chino.i.-6 .6omnolent, .6a 6emme c.hino.i.-6e JtoUf..pé­teUf..e et .6a 6ille c.hino.i.-6e active c.omme une 6ouJtmi, débitent .6an.6hiite leuM menUf.. MÛc.leJ.J .6ubcüvI.6é.6 en 6Jtagment6 pJto6,[tableJ.J. Ceuxqui n'ont beJ.Join de Jr.ien, le plUf.. gJtand n.ombJte, éc.hangent leJ.J nou­veUeJ.J" .

(1) A. T'SERSTEVENS - Tahiti et sa couronne - 1950 - 396 p.

- 51 -

Même si ce type de commerce a bien évolué, il reste que le magasin,

surtout dans le district, continue de jouer un rôle social important, ne serait­

ce que parce qu'on y trouve toujours des boissons fraîches et des "ice-creams" ;

mais on y trouve aussi la couche pour bébé dernier cri et le lait maternisé .....

Sur 208 commerces recensés, 146 appartiennent à cette catégorie

123 en zone urbaine et 23 au district.

b) Les supérettes : ce type de commerce se distingue du précédent

par une superficie plus importante, un étalage qui ne se limite plus aux pro­

duits de 1ère nécessité ou les plus courants, et par un système de vente de

type libre-service. Tahiti compte 45 supérettes, dont 39 dans l'agglomération.

c) Les super-marchés : cette dernière catégorie est évidemment celle

. -d 1 1 d' (1) 1 h' ~ d . ~ 1 1qU1 ce e e p us au mo ern1sme : es c em1nements sont etu 1es, e personne

et les caisses enregistreuses nombreuses, les rayons boucherie et légumes sys­

tématiques. Ces super-marchés représentent la dernière étape avant les "grandes

surfaces" généralement intégrées dans une chaine commerciale ; des négociations

sont d'ailleurs en cours pour que s'installe une de ces chaines, bien connue en

métropole. Sur 17 super-marchés, 1 seul se localise en zone rurale à Taravao

un lieu d'ailleurs bien choisi puisqu'il se situe au carrefour de la route du

tour de l'île et de celles desservant les deux côtes de la presqu'île.

La répartition par commune de ces commerces est la suivante

Magasins Supérettes Super-marchésTotal

commune

MAHINA 2 3 3 8ARUE 6 6 - 12PlRAE 7 5 2 14PAPEETE 70 6 6 82FAAA 25 6 1 32PUNAAUIA 7 5 4 16PAEA 6 8 - 14

Sous total Agglomération 123 39 , 16 178

PAPARA 5 3 - 8TEVA-I-UTA 3 1 - 4TAIARAPU-OUEST 5 - - 5TAIARAPU-EST 7 1 1 9HITIA-O-TE-RA 3 1 - 4

TOTAL TAHITI 146 45 17 208

(1) Certains sont équipés de caméras de surveillance .....

- 52 -

B) QUALITE DE ~A DESSE~TE ET ST~UCTURE DU COMMERCE PAR COMMUNE

Pour comparer la structure du commerce dans chaque commune, nous

pouv~ons ramener les chiffres précédenœà des pourcentages; ainsi, à Mahina

par exemple le commerce alimentaire est constitué pour 25 % par des magasins,

pour 37,5 % par des supérettes et encore pour 37,5 % par des super-marchés.

Nous pouvions enfin exprimer ces pourcentages sous une forme graphique ; la

distribution des communes dans le diagramme triangulaire ci-contre traduit par­

faitement le phénomène de banlieue. On distingue en effet deux types de situa­

tion :

a) un groupe incluant toutes les communes rurales ainsi que Papeete

et Faaa, essentiellement caractérisé par une très forte proportion

de magasins et inversement une proportion très faible de supérettes

et de super-marchés.

b) un groupe comprenant exclusivement des communes de banlieue comptant

une proportion de magasins toujours inférieure à 50 %, une part de

supérettes supérieure à 30 % et une proportion de super-marchés variant

entre zéro (cas d'Arue) et 37,5 % (cas de Mahina).

La spécificité des deux communes de Papeete et Faaa apparaissent

clairement mais réciproquement l'association entre un type de commerce moderne

et la banlieue est toute aussi évidente. Cela dit, on ne peut assimiler les

communes rurales et celles de Papeete et Faaa, qui de plus n'ont rien de compa­

rables entre elles; distinction entre le rural et l'urbain, distinction entre

Papeete et Faaa, distinction encore entre centre et banlieue, on voit qu'en

définitive la typologie se ramène pratiquement à une analyse par commune ; enfin,

le type de commerce n'est pas le seul paramètre à prendre en considération

l'accessibilité des magasins, l'importance de la population à approvisionner ~n­

terviennent tout autant dans la qualité du tissu commercial.

••

Conununes urba.ines

Conununes rura les

Magas ins

Structure du commerce alimentaire à Tahiti

",. ~ ~ "a.....<§ ~ ~ a~'" ~ ~

'v"

'",-c,?

1

Mahina '-v;,Q.

'"2 Arue

3 Pirae

4 Papeete

5 Faaa

6 Punaauia

7 Paea

8 Papara

9 Teva i uta

10 Taiarapu ouest

11 Taiarapu est

12 Hitia o Te Ra

- 53 -

1) Qualité des approvisionnements communaux recherche d'un indice

Pour mesurer la diversité et l'écart des situations entre les com­

munes de Tahiti, nous avons retenu en mis en rapport les trois variables SU1­

vantes (tableau ci-dessous) : superficie moyenne, distance moyenne entre maga­

sin et population de la commune.

Superficie Distancemoyenne des moyenne en- Populationmagasins tre magasin

MAHlNA 160 m2 0,784 km 6.524 Hab -ARUE 117 0,475 5.911

PlRAE 155 0,678 12.070

PAPEETE 93,3 0,189 22.967

FAAA 83,5 0,318 16.950

PUNAAUlA 208,6 0,710 7.740

PAEA 97 0,710 5.619 -PAPARA 76 l,50 3.526 -

TEVA-l-UTA 70 3,50 3.231

TAlARAPU-EST 103 6,40 4.361

TAlARAPU-OUEST 46 3,14 2.856

HlTlA-O-TE-RA 101 7,20 3.849 -

Agglomération

District

a) Superficie moyenne

C'est la superficie commerciale totale divisée par le nombre de

magasins; ce rapport est évidemment en corrélation avec le type de commerce

Mahina ou Punaauia bien pourvus en super-marchés et/ou supérettes présentent

une surface moyenne importante; réciproquement, pour. rester en zone urbaine,

les communes de Faaa ou Papeete présentent des signes évident de non renouvel­

lement de leur commerce.

b) Distance moyenne

On sait que l'agglomération comme l'ensemble de l'habitat est de

type linéaire avec quelques radiales importantes aux abords de Papeete (Pamatai,

- 54 -

Fautaua etc ... ) ; la densité de commerce s'exprime donc m1eux en terme de dis­

tance qu'en terme de surface; cet indicateur résulte du simple rapport entre

le kilomètrage habité et le nombre de magasins(I), en matière de contraste les

chiffres ci-contre sont éloquents ....

c) La population

Elle intervient comme dernier élément de pondération non seulement

par rapport au nombre de magasins mais aussi par rapport au type de magasin ;

un super-marché est évidemment plus apte à ravitailler une population importante, .

qu un magas1n.

Calcul de l'indice

Cet indice est le simple rapport entre ces trois paramètres

l'avons posé de la façon suivante:

nous

l Population +Surface moyenneDistance moyenne

croissant

Ces calculs aboutissent aux résultats classés ci-dessous par ordre

le plus petit indice correspond à la meilleure desserte commerciale,

le plus grand à la plus mauvaise

COMMUNES INDICE

COMMUNES URBAINES

COMMUNES RURALES

ARUEPUNAAUIAMAHINAPAEAPAPEETEPIRAEFAAA

PAPARATEVA-I-UTATAIARAPU-OUESTTAIARAPU-ESTHITIA-O-TE-RA

24,026,332,041 , 146,552,864,6

69,7161 ,6195,6272,6274,9

Si la qualité d'un indice se mesure aux résultats, celui-ci s'an­

nonce alors tout à fait opératoire; en effet, ce que l'oeil perçoit d'une façon

(1) Avec une exception toutefois pour la commune de Papeete où la mesure de latotalité de la voirie n'aurait en aucun sens; pour ce cas nous avons mesu­ré la distance moyenne entre magasin.

- 55 -

quelque peu empirique se vérifie ici parfaitement: c'est d'abord le contraste

entre le milieu rural et la zone urbaine (variation de 1 à 12 entre les deux

extrêmes) ; c'est aussi la position particulièrement intéressante de la commune

rurale de Papara, plus proche par son indice des communes urbaines que des au­

tres communes rurales; faut-il y voir les prémices d'une urbanisation qU1 après

avoir colonisé la commune de Paea gagnerait celle de Papara ? C'est un débat

que nous ne relancerons pas même s'il est certain que l'apparition des résidences

secondaires, phénomène péri-urbain par excellence, montre déjà un processus

bien engagé.

Mais c'est enfin et surtout une remarquable distribution géographique

aUSS1 bien dans l'agglomération qu'au district.

L'agglomération centre et périphérie

C'est en effet dans les communes de banlieue les plus éloignées que

la qualité du tissu commercial s'avère la meilleure: celles d'Arue et de

Mahina sur la côte est et celles de Punaauia et Paea sur la côteOue~.Réciproque­

ment c'est à Papeete et dans les deux communes satellites de Pirae et Faaa que

la qualité de la desserte est la plus mauvaise. Ce constat renvoie à un change­

ment dans la nature du commerce qui renvoie lui-même aux profonds contrastes

entre le centre et la périphéri~ une des spécificités des concentrations ur­

baines ; il faut y voir le résultat d'une tendance à la paupérisation et au

vieillissement du noyau central de l'agglomération. Si la commune de Papeete se

situe en meilleure position que ses deux communes voisines, elle le doit à ses

six super-marchés situés au coeur du centre ville ou sur des voies de dégagement

c'est là une des conséquences du cumul des fonctions associées aux centre urbains,

Quant à la commune de Faaa, elle doit sa dernière place à la vétusté

d'un commerce alimentaire qui pouvait d'autant moins se renouveler que le contenu

. l dl' d' f" (1 ) , d' l blSOC1a e sa popu at10n se ma 1 1a1t ; c est autant p us remarqua e que

les magasins sont nombreux et peu éloignés les uns des autres.

(1) De toutes les communes urbaines, celle de Faaa présente le pourcentagede maoris le plus élevé, et le plus faible pour la population européenneet "demi".

Les communes rurales

- 56 -

côte Est et côte Ouest

c'est en effet sur cette division géographique que se fondent les

disparités du commerce alimentaire en milieu rural. Elle confirme dans un

domaine peu étudié jusqu'alors, les écarts dans le niveau et le rythme de dé­

veloppement entre les deux côtes; la présence d'un super-marché au niveau de

l'Isthme de Taravao, que le découpage administratif intègre à la commune de

Taiarapu Est, ne suffit pas à redresser la différence statistique.

2) La carte du commerce alimentaire

Les deux cartes de localisation des 208 magasins de Tahiti permettent

de préciser quelques points de détail quant à la distribution de ces commerces,

qui s'avère particulièrement irrégulière; c'est le cas dans les communes de

Punaauia, Paea ou Mahina, où à l'absence totale de magasins succède brutalement

de fortes concentrations. C'est en outre sur la route de ceinture que se situe

l'essentiel du commerce; rares sont les magasins qui s'en écartent sauf dans les

communes les plus proches de Papeete où se dessine une ébauche de desserte des

lotissements de montagne. Mais c'est encore en banlieue que se produit le phé­

nomène le plus intéressant ; il apparaît en effet que la localisation des maga­

sins côté mer ou côté montagne ne relève plus du hasard ou des opportunités fon­

cières mais d'un choix raisonné; à la lumière de la vie quotidienne dans l'agglo­

mération marquée, par d~importantes migrations pendulaires de la banlieue vers

Papeete le matin et de Papeete vers la banlieue en fin d'après-midi, il est évi­

dent que la réussite d'un super-marché (dont la fonction dépasse la desserte de

la population de proximité) dépend de son aptitude à drainer la population de

passage ; les commerçants de Punaauia sur la côte Ouest et de Mahina sur la côte

Est l'ont si bien compris que les trois super-marchés de la première se situent

A ~ d h" 'a "' (1) h " "l A ~cote mer et que ceux e Ma 1na, une except10n pres ,ont c 01S1 e cote mon-

tagne : dans les deux cas cette localisation permet aux automobilistes comme aux

occupants des trucks d'effectuer leurs achats avant de rentrer chez eux, sans

avoir à traverser une route fort encombrée.

(1) Au carrefour de la Pointe-Vénus, il existe un seul super-marché côte meron admet sans peine que la population habitant la pointe puisse suffireà son expansion

r-----------------~------------------------------------------------------------------

AGGLOMERATIONcommerce

1 --'-

,,\ ,

1,,,,,,,,,"-

'\,\"--1,,

\\11

1111\

Arui

l1\ ,,

\\11\111,

\1

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,\\,, ,,,,,

1

-'1\J \,

\ ,1,,

11

"

Pir..

"

~~,

, ,,,, ,,

" "-, ,\ ,

PAPEETEDE

d'al imentation

LIMITE DE COMMUNE

IMPOfllTATEUfII

mlUllin

superlttl

suplrmlrché

••

+

• 1II....ill

• IUPlr.u.

commerce d· alimentation (~Ir' ""'.'r.tl.1TAHITI

0'----'--- --'6 km

Hiti. 0 T. R.

+

1,\ 1\ M.hi.. 1\ \

" ', \, ., \, \\ 11 1\ 1\ 11 1l ,

: ,/, 1

l ,1 11 1

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" J/ P.p.r. Tn. 1 Uu <',," \" ,

l" \~1

J

h ....i.

NIII.r laZ

- 57 -

CONCLUSION

A quelques exceptions près, les magasins s'ils contribuent à l'évo­

lution de la société polynésienne sont aussi à son image ; si nous admettons

qu'ils sont l'expression d'une demande, il nous faut alors admettre que les

écarts observés dans la nature du commerce traduisent des disparités profondes

de consommation s~non en quantité, du moins en diversité et en qualité et par

conséquent en valeur. Une fois encore on achoppe sur l'absence d'études nutri­

tionnelles fondées sur l'ethnie et les stratifications sociales; on devine ce­

pendant ce que seraient les conclusions d'une telle enquête ....

- 58 -

C) LES RESULTATS DE L'ENQUETE

Ces résultats présentent pour 1er intérêt de confirmer (ou de pré­

ciser) le bien-fondé de la typologie du commerce alimentaire, telle qu'elle vient

d'être décrite à l'aide des seules données observables; nous verrons aussi

qu'ils permettent de moduler ce que certaines conclusions pouvaient avoir de

schématique en mettant clairement en évidence la diversité et le nombre de si­

tuationsparticulières. Le discours dominant en Polynésie Française tend à faire

de la communauté chinoise (majoritaire dans tout le commerce) le bouc émissaire

des carences d'un système économique dans lequel ils ne sont que des intermé­

diaires ; mais, plus grave, ce même discours tend à faire de cette communauté

un bloc monolythique comme s'il n'y avait que des chinois non seulement fortunés,

mais aussi avares puisqu'ils sont systématiquement soupçonnés de dissimulation ....

Il faut pourtant savoir qu'il existe aussi des commerçants dans des

situations bien peu enviables; la rapidité de l'enquête ne nous a pas permis de

pénétrer l'intimité de ce milieu; cette diversité nous fut révéléeau fil des

anecdotes et des observations; elle n'apparaît ici qu'en filigrane mais encore

faut-il vouloir la trouver, c'est-à-dire refuser a priori l'idéologie d'un quel­

conque "péril jaune".

1) Croissance urbaine et essor du commerce

On pouvait, par hypothèse, supposer que le commerce était d'autant

plus récent qu'il se situait en banlieue et qu'il était de type moderne (supé-

rettes et super-marchés opposés aux magasins "traditionnels")

tion des commerces permet de répondre à cette question.

la date de créa-

a - ~~~~_~~_~E~~!~~~_~!_!Y2~_~~_~~~~E~~ (1)Magasins Supérettes Super-Marchés

1962-

Avant 12 - -

De 1962 à 1966 13 - -1967 à 1971 7 la -1972 à 1976 5 la 5

1977 à 1981 4 8 5

(1) On constatera que le nombre total de commerces diffère selon les questions,la réponse à toutes ces questions de notre enquête n'était ni toujours fia­ble ni systématique.

- 59 -

b - Date de création et distribution des commerces

MARINA ARUE PlRAE FAAA PUNAAUlA PAEA

Avant 1962 4 2 2 4 3 3

1962 - 1966 - 1 5 7 3 2

1967 - 1971 1 4 3 3 3 2

1972 - 1976 2 - 2 6 4 3

1977 - 1981 1 4 1 4 2 -

S'il Y a une très nette relation entre le type de commerce et son

ancienneté, on constate qu'il n'en va pas de même en ce qui concerne l'ancienneté

et la distribution dans les communes urbaines ; le tapleau ci-dessus montre en

effet que le processus de croissance urbaine a plus contribué au renouvellement

du commerce qu'à sa croissance (en nombre de commerces) ; contrairement aux mar­

chés de produits frais, les magasins d'alimentation sont moins l'expression d'un

phénomène spécifiquement urbain que d'une transformation en profondeur des ha­

bitudes alimentaires de la société polynésienne, qu'elle soit urbaine ou rurale

cette analyse vient nous le rappeler.

Cela étant, la contradiction entre ces deux tableaux suppose qu'un

certain nombre de commerces se sont transformés (parfois plusieurs fois) pour

passer de l'état de magasin à celui de supérette ou de super-marché: sur 40

magasins, 18 ont été transformés depuis leur création; sur 30 supérettes, 16,

et sur dix super-marchés, 9.

A ces transformations correspond une importante mobilité de la part

des gérants ou des propriétaires: sur 88 d'entre-eux, 22 dirigent leur commerce

depuis moins de cinq ans, 36 depuis cinq à dix années et 30 depuis plus de 10 ans.

Enfin 65 % des magasins ont connu un ou plusieurschangemen~degé­

rant ou de propriétaire depuis leur création, mais contrairement à ce que nous

pouvions penser, cette succession n'est pas toujours le fait d'un proche héri­

tier.

- 60 -

On compte en moyenne 2 employés dans un magasin, 3,9 dans une

supérette et 12,2 dans un super-marché. Dans le cas des magasins la situation

la plus fréquente est celle de l'entreprise familiale dirigée par un couple;

c'est encore fréquemment le cas dans les supérettes où la taille du commerce

impose cependant une main-d'oeuvre plus importante; on y retrouve généralement

d d d~ (1)

es parents u commerçant ou e son epouse

Les super-marchés représentent le seul cas où le salariat revêt

une réelle importance; le nombre d'employés est six fois plus élevé que dans

un magasin, alors que la clientèle n'est que quatre fois plus importante; on

pourrait y voir un risque de déséquilibre financier, s'il n'y avait un change­

ment radical dans le volume et surtout la valeur des produits vendus.

La clientèle des magasins

c'est très certainement une des composantes de l'activité commer­

ciale la plus difficile à saisir, et la plus mal connue; la multiplicité et

la diversité des commerces interdisaient l'enquête par sondage sans une typo­

logie préalable permettant d'identifier un échantillon représentatif. Pour con­

tourner cette difficulté, nous avons tenté de quantifier ce que pouvait être la

clientèle (dans un magasin, une supérette ou un super-marché) en interrogeant

le commerçant sur des aspects qui, nous le pensions, se recoupaient. Ces ques­

tions abordaient successivement :

- le nombre de baguettes vendu : qu'i~ soient boulangers ou non,

tous les commerces tiennent un dépôt de pain ; le nombre de baguettes vendu

est parfaitement connu des commerçants.

- l'estimation de la clientèle régulière: la méfiance des commer­

çants devait nous inciter à la prudence dans l'interprétation des chiffres

annoncés ; des recoupements avec la 1ère question semblaient cependant envi­

sageables.

(1) C'est d'ailleurs très souvent l'épouse la véritable responsable ducommerce, l'époux se livrant à d'autres activités le plus souventparallèles.

- 61 -

- nombre de clients disposant d'un crédit: c'est encore un chiffre

parfaitement connu du commerçant, même s'il répugne à le dévoiler faute de

mieux, les deux premiers aspects devaient permettre d'exclure les résultats ma­

nifestement inexacts.

Les résultats

L'enquête a porté sur 42 magasins, 31 supérettes et 10 super­

marchés. A ces trois questions, le nombre de réponse a varié de la façon sui­

vante :

Vente deClientèle Crédit

baguettes

Magasin 42 25 42 ]Nombre de réponsesSupérette 30 21 31

aux trois questionsSuper-marché 10 8 10

TOTAL ... ,. ...... 82 54 81

Soit parce que la question était mal posée, soit parce qu'il était

plus difficile d'y répondre, l'évaluation de la clientèle n'a été obtenue que

dans 54 magasins sur 83 ; la fiabilité des comparaisons comme des moyennes s'en

trouve nécessairement affectée.

On vend en moyenne 260 baguettes par jour dans un magasin, 475

dans une supérette et 664 dans un super-marché ; dans chacune de ces catégo­

ries, mais surtout dans les magasins et les supérettes, les écarts sont con-

sidérables : de 100 à 820 dans les magasins de 95 à 1.450 dans les supérettes

et de 200 à 1.500 dans les super-marchés. Ces écarts traduisent l'extraordinaire

diversité dans le dynamisme comme dans la clientèle des divers commerces.

La clientèle

On compte en moyenne 73 clients réguliers par magasin, 129 pour

une supérette et 312 pour un super-marché; là encore les écarts traduisent

une diversité qu~ va bien au delà d'une classification divisant le commerce

alimentaire en trois catégories ; la clientèle varie de 25 à 300 dans les ma­

gasins, de 50 à 350 dan~'~upérettes et de 100 à 850 dans les super-marchés(I).

(1) On peut cependant douter qu'un super-marché ne compte qu'une centaine declients réguliers •...

- 62 -

Le nombre de crédits

Dans les magasins, le nombre de clients bénéficiant d'un crédit

serait de 29 ; de 64 dans une supérette et de 142 dans un super-marché ; les

variations sont les suivantes

Magasins

Supérettes

Super-marchés

Minimum

3

10

30

Maximum

126

200

200

La signification de ces données peut être saisie sous deux appro­

ches : la première, à partir des moyennes, envisage la relation ou plutôt les

facteurs distincts entre les trois types de commerces; la seconde s'attache

à l'analyse des corrélations réelles ou supposées entre la clientèle et la

vente de baguettes ou encore le crédit et la clientèle.

Rappel des moyennes

Vente de ClientèleClients bénéficiant

baguettes d'un crédit

Magasin 260 73 29

Supérettes 475 129 64

Super-marché 664 312 142

La clientèle d'un super-marché est, en moyenne, quatre fois plus

importante que celle d'un ~agasin ; 39,7 % des clients de magasins bénéficient

d'un crédit contre 49,6 % dans les supérettes et 45,5 % dans les super-marchés

un client de magas~n, ou de supérette consomme en moyenne 3,5 baguettes par

jour, contre 2 seulement pour un client de super-marché.

Analyse des corrélations

Pour chacune des trois catégories de commerce nous avons procédé

à l'analyse des corrélations statistiques des variables susceptibles d'être en

relation: crédit et clientèle d'une part, clientèle et vente de baguettes

d'autre part.

- 63 -

Le crédit et la clientèle

La corrélation statistique ne s'avère significative que dans le

cas des magasins et des supérettes; c'est-à-dire que plus la clientèle est

importante plus le nombre de clients bénéficiant d'un crédit sera élevé. Qu'il

n'en soit pas de même pour les super-marchés n'a pas de quoi surprendre puisque

par nature ils drainent une clientèle de passage, par conséquent moins bien

cannuedu gérant, achetant en outre de plus grandes quantités.

La clientèle et la vente de baguettes

c'est seulement dans le cas des magasins que la corrélation statis­

tique entre ces deux variables s'avère significative,: cela signifie donc que,

dans ce cas seulement, la vente quotidienne de baguettes est fonction de la

clientèle; pour les supérettes et les super-marchés les écarts sont tels d'un

commerce à l'autre que la corrélation n'est plus significative; en clair cela

signifie que certaines supérettes ou super-marchés peuvent compter une clientèle

nombreuse sans que la vente de baguettes soit plus élevée ; bien plus dans le

cas des super-marchés la corrélation négative indique une tendance à la rela­

tion inverse (la clientèle tend à augmenter en raison inverse de la vente de

baguettes).

On touche là un des aspects les plus intéressants de cette activité

commerciale; les commerces, outre le catégorie dans laquelle ils sont classés,

sont en fait très spécialisés selon le lieu, c'est-à-dire selon la catégorie

de consommateurs qui les fréquente; par rapport à l'analyse des' moyennes cer­

taines contradictions apparaissent qu'il convient d'expliciter.

Les magasins, sont des commerces de quartier, la faiblesse de leur

clientèle en témoigne; la pratique du crédit y est moins fréquente (1 client

sur trois) que dans le cas des supérettes et des super-marchés, mais reste en

relation avec l'importance de la clientèle il faut croire que la part de cli-

entèle solvable ou dans tous les cas digne de confiance (aux yeux du commerçant)

y est plus faible ; cela ne surprend pas dans la mesure où ces magasins, spé­

cialisés dans la vente de produits de 1ère nécessité ou d'usage courant, sont

- 64 -

presque exclusivement fréquentés par des tahitiens ; la vente moyenne de ba­

guettes plus élevée que dans les super-marchés va dans le même sens.

Les super-marchés, sont évidemment plus aisément définissables par rapport aux

magasins, puisqu'ils s'opposent en tous points; la clientèle y est quatre fois

plus nombreuse, le crédit plus fréquent, mais sans relation avec l'importance

de la clientèle; les notions de situation, d'aire d'influence et de catégories

de consommateurs deviennent déterminantes ; globalement, la clientèle fréquen­

tant ces super-marchés s'annonce radicalement différente par son appartenance

ethnique comme par son niveau de revenu.

Les supérettes s'apparentent aux super-marchés par le fait qu'un client sur

deux bénéficie d'un crédit; en revanche la consommation moyenne de baguettes

par clients se rapproche de celle observée dans les magasins ; le nombre de si­

tuations particulières rend la synthèse bien présomptueuse et la seule généra­

lité qui puisse raisonnablement s'énoncer est celle du caractère totalement com­

posite de ce type de commerce intermédiaire.

- 65 -

D) LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS LOCAUX

La création des supérettes et des super-marchés marque une étape

importante dans la vente des produits locaux qui auparavant n'avait lieu que

dans les marchés de Papeete et Pirae. On sait depuis plusieurs années déjà

qu'une partie de la production locale échappe à toutes les statistiques, les

accords se multipliant entre producteurs et commerçants, hôteliers ou respon­

sables de collectivités. Dans la mesure où la production agricole reste très

mal connue, il était impossible de raisonner par différence (à partir des sta­

tistiques de production et des ventes dans les marchés).

Depuis 1977, la Chambre de Commerce et de l'Industrie procède à

une enquête mensuelle auprès d'une soixantaine de commerces tous situés dans

l'agglomération; cette enquête vise à la saisie des ,ventes dans tous les do­

maines où s'exerce la production locale ': fruits, légumes, tubercules, poisson,

viande, produits laitiers. Les résultats de cette enquête sont publiés non pas

en fonction des commerces, mais en fonction des produits, ce qui rend l'inter­

prétation d'autant plus difficile que le nombre de magasins enquêté varie d'une

année à l'autre et d'un mois à l'autre nous avons donc repris les 768 en-

quêtes utilisables de l'année 1981 (64 enquêtes x 12 mois) en regroupant les

résultats par grande catégorie de commerce.

Echantillonnage de l'enquête

L'enquête a porté en 1981 sur 64 magasins répartis de la façon

suivante

Nombre de commerces enquêtés

Magasins Supérettes Super- TOTALmarchés

MAHINA 1 2 3 6

ARUE 3 4 - 7

PIRAE 2 4 2 8

PAPEETE 8 5 6 19

FAAA 8 4 1 13

PUNAAUIA 5 4 2 Il

TOTAL 27 23 14 64

VENTE DE PRODUITS LOCAUX DANS 64 COMMERCES ALIMENTAIRES DE L'AGGLOMERATION (KG)

---

MARINA ARUE P[RAE PAPEETE FAAA PUNAAUIA TOTAL TOTAL GENERAL

1 397 4.291 1.975 15.291 14.343 4.003 40.300JFRUITS 2 17.763 12.865 21.819 22.795 12.472 23.658 111.372 410.921

3 20.210 - 25.734 175.413 8.598 29.294 259.249_

1 1.976 13.331 . 6.088 31.508 30.533 9.018 92.454 -

LEGUMES 2 39.845 24.441 53.169 42.289 29.757 56.312 245.813 744.172

3 38.633 - 58.301 244.951 21.746 42.274 405.905 _

1 272 3.552 826 5.509 7.918 4.61822.

695lTUBERCULES 2 8.582 2.274 4.292 13.032 5.087 4.838 38.105 86.136

3 7.167 - 190 12.995 102 4.882 25.336_

1 39 2.150 0 5.545 898 360 7.345JPOISSONS 2 3.446 503 1.859 30.278 Il .736 10.890 59.656 110.538

3 1.455 1.647 2.995 33.323 3.462 2.302 43.537

magasins

2 superettes

3 super-marchés

NB : les cocos (secs ou à boire) ainsi que les pastèques ne sont pas pris en compte.

Remarque

- 66 -

Les commerces de Paea n'ont pas été enquêtés; par rapport

à notre typologie, l'enquête couvre 21,9 % des magasins de

l'agglomération, 58,9 % des supérettes et 87,5 % des super­

marchés.

Il apparaît clairement que ll enquête privilégie les grandes sur­

faces qu~ proportionnellement vendent beaucoup plus de produits locaux que les

petits magasins; si les magasins sont si peu représentés, c'est qu'ils ne pré­

sentent guère d'intérêt pour l'enquête puisque la vente de produits locaux est

insignifiante, et le plus souvent inexistante. Il serait donc totalement injus­

tifié d'établir une extrapolation simpliste à partir de l'échantillon enquêté.

Les résultats de cette enquête sont détaillés (pour quatre produits

principaux) dans le tableau ci-contre ; le meilleur co~entaire consiste à don­

ner les raisons de l'impossibilité de toute extrapolation; il semblait logique

pour connaître le total des produits locaux vendu dans les supérettes et les

super-marchés(l) de raisonner à partir des moyennes obtenues par l'enquête: un

super-marché vend en moyenne annuelle 18517 kg de fruits, 28993 kg de légumes,

1809 kg de tubercules et 3109 kg de poissons extrapolée à l'ensemble des 16

super-marchés que compte l'agglomération, la vente totale de fruits serait de

296,284 tonnes ; celle de légumes de 463,891 tonnes ; celle de tubercules de

28,955 tonnes et celle de poissons de 49,756 tonnes. On pourrait d'autant plus

admettre cette évaluation qu'elle se fonde sur quatorze des seize magasins en­

quêtés; la réalité est cependant toute autre, c 1 est ce que confirme cette même

analyse appliquée au niveau des communes : les six super-marchés de Papeete ven­

dent 175,413 tonnes de fruits, mais ll est imation ne leur en accorde que 111 tonnes

les trois super-marchés de Mahina écoulent 20,2 tonnes de fruits alors que la

même estimation situe le volume théorique écoulé aux environs de 55,5 tonnes ....

Ces écarts entre la réalité et les estimations se vérifient dans tous les do-

maines étudiés (notamment pour les fruits et les légumes) mais tous vont dans le

sens d'une forte suprématie de Papeete (et de ses super-marchés en particulier)

au détriment des communes de banlieue; suprématie d 1 autant plus regrettable que

Papeete, grâce à son marché, est déjà bien desservie en produits locaux.

(1) On peut estimer que tous les magasins vendant des produits locaux ontété enquêtés.

- 67 -

A défaut d'estimation rigoureuse, cette tentative montre très clai­

rement les limites d'une typologie du commerce fondée pourtant sur des critères

tout à fait habituels. Sans aller jusqu'à la juger tout à fait inopérante, il

faut bien reconnaître que la réalité ne se laisse pas facilement enfermer dans

une classification schématique divisant le commerce alimentaire en trois grandes

catégories. A cela nous y voyons deux raisons qu~ semblent essentielles : diver­

sité des stratégies individuelles et diversité des clientèles; ces deux raisons

sont d'ailleurs totalement interdépendantes et expliquent que tel magasin se $oit

soudainement lancé dans la vente de poisson(l~ que tel autre vende des quantités

impressionnantes de tubercules, ou encore que tel supérette vende beaucoup plus

de légumes que de nombreux super-marchés.

Ces exemples signifient-ils que la réalité n'étant faite que de

situations particulières devient insaisissable? Probablement pas, mais il appa­

raît nettement que l'environnement dans lequel se situe le commerce, participe

pour beaucoup aux choix et aux stratégies que le commerçant est amené à adopter.

Nous avions dit plus haut que les commerces étaient à l'image de la société

polynésienne; on peut maintenant affirmer qu'ils sont aussi à l'image du quartier

dans lequel ils sont implantés ; petits ou grands, certains commerces se sont mo­

dernisés, tandis que d'autres se dégradent d'année en année; qu'ils s'inscrivent

tantôt dans des quartiers rénovés, tantôt dans de vieux quartiers visiblement

plus pauvres n'est pas une hypothèse de travail mais bien une réalité du paysage

urbain , véritable mosaique que le découpage communal ne permet pas de saisir.

(1) De Janvier à Juillet on pouvait trouver chez un commerçant de Faaa entreo et 500 kg de poissons selon les mois ; ce même commerçant vend depuiscette date entre 1500 et 2000 kg de poissons par mois ••....

- 68 -

CONCLUSION

L'étude du ravitaillement d'une agglomération, pose, par définition,

et partout, le problème de la double relation de domination et de dépendance

de la ville par rapport à sa campagne ; celui-ci est largement dépassé en

Polynésie qui vit quotidiennement le paradoxe d'une dépendance à la mesure de

son isolement. Mais, parce que le commerce des produits alimentaires est en

grande partie dans les mains de la communauté chinoise, cela devient en outre un

sujet sensible; alors qu'ils ne sont que les intermédiaires d'un système éco­

nomique dont ils ne sont absolument pas les initiateurs, le risque est bien de

faire des chinois les seuls à tirer profit de ce système; le problème n'est

pas là puisqu'il n'est jusqu'aux producteurs de coprah, (dont la récolte béné­

ficie d'un prix de soutien) qui ne tirent avantage d'une économie pourtant bien

fragile; la Polynésie porte en elle les germes d'une situation sinon explo­

sive du moins tendue or, la "paix sociale" y est pourtant remarquable :

les raisons de cette paix sont-elles historiques et culturelles? Partiellement

sans doute, mais économiques, à coup sûr.

Il Y a pourtant des "laissés pour-compte" ou du moins une frange

de la population qui n'a accès qu'aux "miettes" de la consommation, mais là

encore la Polynésie, morcelée et sans assises démographiques, manque singu­

lièrement d "'épaisseur".

On n'en finit plus de dénoncer les incohérences de l'économie poly­

nésienne qui réussit l'extraordinaire paradoxe de vivre sans produire. Cela

ne date pas d'hier et il n'est pas sûr du tout que cela soit imputable à

l'installation du C.E.P. la Guyane possède Kourou mais que dire de la

Guadeloupe ou la Réunion? Ces deux départements vivent pourtant une situation

de dépendance comparable en bien des points •.. C'est la preuve que le C.E.P.

n'a fait qu'accélérer un processus que la monétarisation (bien antérieure) ren­

dait inéluctable.

Même si l'atoll le plus isolé dépend en partie des importations

alimentaires, il reste que le rapport entre dépendance alimentaire et crois­

sance urbaine est évident: la réflexion sur l'une impose de s'interroger

sur l'autre. Mieux qu'ailleurs sans doute, on discerne en Polynésie, de façon

quasi expérimentale, la dynamique en spirale de la croissance urbaine que rien

- 69 -

ne semble pouvoir freiner: la monétarisation aidant, plus la campagne (1)

se dépeuple et la ville se gonfle, plus la V1e en dehors de celle-ci devient

difficile et s'il n'y avait l'intervention des pouvoirs publics, cette ten­

dance serait très certainement de type exponentielle. Cette fonction de plus

en plus centripète du centre urbain, amplifiée par le morcellement du terri­

toire se vérifie quotidiennement; intégrés dans le circuit de l'économie

marchande, les habitants des îles les plus isolées, subissent plus le système

qu'ils n'en tirent profit: les carences du trafic inter-insulaire sont telles

qu'il arrive fréquemment qu'une communauté, trop petite pour motiver le dé­

tournement d'une goëlette soit privée pendant plusieurs mois des produits vi­

vriers de base et ne puisse vendre sa récolte de coprah : comment dans ces

conditions éviter le départ vers la ville? Sous d'autres longitudes, dans

des régions qui ne sont pas nécessairement "enclavées par l'insularité", ce

processus,qui semble irréversible en deça d'un certain seul~ G6mCb~aphiqup-,

mériterait d'être médité ...

(1) - on hésite à appliquer ce terme à la Polynésie; acceptons le dans sonsens le plus vague, c'est-à-dire "ce qui n'est pas urbain".

- 70 -

ANNEXE l

La qualité ou la catégorie détermine le régime de taxation

en vigueur au marché

- Hors qualité 12 F/kg

1ère catégorie 6 F/kg

- 2ème catégorie 6 F/kg

- 3ème catégorie 5 F/kg

La bonite et le chinchard ("ature") sont classés en 2ème catégorie

le thon en première mais taxé à 10 Flkg. Dans la ciasse "Hors qualité", le

mahi mahi est de loin le plus fréquent.

Il ère catégoriel

Nom tahitien

Aaravi

Ahuru

Apai

Aramea

Autea

Hoa

Iihi ute ute

- Iihi Nato

- Orare

Paaihere

- Paati

Paraha peue

Parai

- Paru

Pataitai

- Puharehare

Nom commun (français) Lieu de pêche_

Jeune bec de cane L

Poisson barbillon L

Poisson soldat armé L

Chinchard L

Carangue mouchetée L

Loche cameléon L

Rouget aux gros yeux L

Rouget violacé L

Chinchard L

Carangue bleue L

Perroquet x L

Poisson lune L

Poisson docteur à nageoires LJaunes

Percf'e L

Labre poigne L

Jeune carangue L

x petite taille de couleur verte ou bleue.a - poissons généralement pêchés dans l'océan; on peut cependant en prendr

accidentellement dans le lagon ou sur le récif : exemple poisson volant

L - poisson de récif ou de lagon.

Riv - poisson de rivière.

Nom commun (français) Lieu de pêche

Aiguillette crocodile L

Poisson chèvre L

Chinchard L

Poisson lait L

Poisson chèvre à queue Lrayée

Loche mouchetée L

Loche marbrée L

Poisson os L

Perche d'os L

Poisson huile 0

Poisson volant 0

Poisson lapin tacheté L

Ecureuil rouget L

Mulet cê-rrelé L

Bec de cane à museau Llong ou court

Jeune poisson lait L

Nom tahitien

- Aahi

- Roi

Ruhi

- Tarao

Tatihi

- Tehu

- Tiatao

- Uhu

- Ume

- Ume tarei

- Roeroe

- Vau

/2ème catégori~

Nom tahi tien

- Aavere

- Atiatia

- Ature

- Ava

Faia

- Faroa

- Hapuu

- loio

- Maene

- Mana

- Marara

- Marava

- Maunauna

- Nape

- Oeo

- Omaa

- 71 -

Thon

Merou

Carangue nOIr

Loche

Nason à rostre court

Mulet

Grande bécune

Gros perroquet vert oubleu

Nason brun

Nason à éperons orange

Carangue arc-en-ciel

Thon aux dents de chien

L

L

L

L

L

L

L

L

L

L

oo

Nom tahitien

- Omuri

- Ope ru

- Otava

- Auhopu

- Pahoro

- Papae

- Patia

- Paouara

- Taape

- Tamure

- Tapio

- Tauo

- Toau

- Tuhara

- Vete

- Mara (4kg)

- Kokina

13ème catégoriel

Nom tahitien

- Api

- Aupapa

- Araoe

- Fai

- Mao

- Manini

- Oiri

Papio

-,Paraharaha

- Patii

- Poou

Puhi miti

- Puhi pape

- Totara

- Uravena (fond)

- Aua

- Fee

- 72 -

Carangue aux gros yeux

Carangue maquereau

Bonite au dos rayé

Bonite

Perroquet

Labre

Poisson pavillon

Poisson lapin rayé

Perche à raies bleues

Tamouré

Perroquet

SU1~ulet oriflamme

Perche à bords 'jaunes

Perche pagaie

Surmulet sans tache

Napoléon

Chirurgien moucheté

Poisson flûte

Poisson soldat

Raip

Requin

Chirurgien bagnard

Baliste

Poisson manège

Poisson papi lIon

Sole tropicale

Poisson girelle ou labre

Murène

Anguille

Diodon porc-epic

Poisson purge

Jeune mulet

Pieuvre

L

L

L

()

L

L

L

L

L

oL

L

L

L

L

L

L

Lieu de pêche

L

L

L

L

0

L

L

L

L

L

L

L

Riv.

L

0

L

L

Nom tahitien

- Harehare

- Inaa

- Ouma

1 Hors qualité 1

- Mahi-mahi

- Aahi

- Aahi taria

- Paere

- Haura

- 73 -

Nom commun (français)

Jeune puhaFehare

Alevin de Oopu (eau douce)

Jeune surmulet

Coryphène

Thon blanc

Germon

Thazard

Marlin ou espadon

Lieu de pêche

L

Riv.

L

oo

o

o

o

- 74 -

ANNEXE II

Volume et valeur des importations alimentaires de 1959 à 1980

Remarque : les têtes de colonnes des tableaux çi-dessous

renvoient aux chapitres de la nomenclature douanière ; celle-çi se

présente de la façon suivante

Chapitre

02

03

04

07

08

09

10

11

15

16

17

18

19

20

21

22

25.01.05

Désignation

Viande

Poissons, crustacés ~t mollusques

Produits laitiers

Légumes

Fr.uits

Café - Thé - Epices

Céréales

Produits de la minoterie

Graisses et huiles animales et végétales

Préparations de viandes et poissons

Sucres et sucreries

Cacao et préparations chocolatées

Préparations à base de farines ou fécules ­pâtisserie

Conserves de fruits et de légumes

Préparations alimentaires diverses

Boissons, alcools, vinaigres

Sel alimentaire

VALEUR DES IMPORTATIONS ALIMENTAIRES DE 1959 A 1980

(en milliers de Francs C.F.P.)

ANNEES 02 03 04 07 08 09 10 Il 15 1. 17 18 19 20 21 22 25.02.05 TOTAL

1959 13.484 ). J07 SO.)17 20.469 '.155 2.504 34.881 59.438 Il.040 '1.151 40.099 4.358 15.087 24.148 9.371 24.188 f 380.010

1960 JO.no 1.620 '2.495 25.970 9.838 1.490 1.5.294 '3.421 14.688 '1.711 47.7'8 3.862 19.617 29.887 12.742 34.413 - 435.62'

1961 46.7.57 3.237 .9 ••8. 29.292 14.Sa9 2.925 35.429 '7.958 17.047 76.'47 44.3'3 6.078 20.880 39.231 15.9'7 48.413 - 538.419

19.2 54.924 3.422 74.489 29.598 Il.708 3.329 3'.037 ".348 19.400 90.'98 44.904 5.030 21.054 38.511 15.45' 4'.275 - 5'5.183

1963 71.204 2.413 73.'49 )).))7 15.760 2.090 42.355 75.238 20.901 85.'23 67 .850 '.182 23.422 40.J81 17.341 52.686 - '30.432

1964 127.505 4.811 109.'24 43.235 27.635 3.352 34.873 90.425 32.471 124.100 10'.829 8.301 32.9'2 15.897 28.'31 93.903 - 944.560

1965 24'.'85 15.009 14l.2S4 69.290 ' 52.3'9 9.47' 39.7'9 92.553 47.603 215.127 87."4 15.485 54.'57 128.295 50.121 155.989 - 1.422.29'

19" 380.323 32.853 '88.289 91.292 8•••43 16.74S 53.954 112.168 4'.370 251.964 7••••4 15.878 15.47. 212.51' '2.232 215.209 - 1.925.176

1967 ))8.054 31.787 204.102 84.401 BO.707 27.482 71.'" 114.289 53.198 215.504 84.168 14.069 69.537 ISO.Blo4 64.918 229.398 - 1.840.119

1968 455.695 51.306 226.283 121.379 118.828 25.023 43.864 119.317 '5.403 274.235 100.033 20.817 91.'22 225.522 75.628 298.1l7 - 2.313.092

1969 410. )28 38.300 198.721 126.901 II J. 221 16.786 76.585 110.676 50.031 229.234 112.340 12.683 82.544 149.923 86.988 222.407 - 2.037.'86

1970 5]2. J07 51.050 224.454 1.~9.642 119.406 28.518 59.743 121.044 61.646 274.418 125.364 20.S48 8'.109 195.911 95.315 291.884 - 2.447.429

1971 5'3.794 S5.191 297.6S8 1S9 .020 122.S)' 2.086 63.435 Il'.3'7 86.449 300.637 J46.0S9 23.647 108.950 179.786 91.184 308.918 - 2.645.720

1972 656.248 63.56' 195.383 169.6]' 123.995 25.713 79.764 145.940 85.262 JI7.128 179.822 27.736 122.478 214.478 122.81' 315.266 - 2.945.294

1973 760.472 73.433 29J.974 215.187 127.6SB 27.726 100.837 208.396 88.232 J47.274 173.942 27.895 136.375 232.463 148.934 386.856 - 3.349.654

19710 999.337 94.938 403.741 233.28' 146.338 32.799 208.042 JOB. 563 152.702 549.2.51 355.768 43.5'3 198.115 316.793 192.972 51'.305 - 4.752.513

1975 804.030 96.504 400.186 223.577 147.424 32.342 157.495 345.fl09 145.752 43'.578 410.417 59.498 193.998 305.396 197.740 507.142 - 4.463.688

1976 983. '8' 1)J.751 471.5]6 241 .063 ISO.l07 )7.261 164.671 J02.381 143. H3 585.176 276.843 55.593 241.141 343.056 229.647 S24.S07 - 4.920.172

1977 1.04J.' 9'1 120.822 t.61.04S 280.622 168.742 65.423 IS8.870 344.131 172 .050 543.772 270.076 64.667 247.751 405.713 313.811 523.611 - 5.184.305

1978 1.2RO.t.21 118.259 520.151 275.709 17J.t.34 50.962 208.604 353.238 184.819 535.385 2S2.111 75.870 297. 306 457.675 311.563 547.511 ! 5.643.018

1979 1.748.161 190_894 626.79f1 )0). )ot. IR4.919 60.494 210.162 411.235 l30.979 654.132 J09.284 94. 2S 1 J61.586 590.690 410.961 644.587 6.544 7.038.979

IQ60 1. 62S. 1SQ 2O].(n5 f>JI.f>Jt. lSO.I7t. no. Sf>1 72.f,50 JI J.6 75 444.786 183.9S8 559.891' 444.171 112.527 1]4.911 S69.44) 441.542 f,68.18S 1S.641 7.192.850

_, __ '-- .._____L --_._- ---- ._-- ---'--.__._-~---.

EVOLUTION DES IMPORTATIONS ALIMENTAIRES DE 1959 A 1980

Tab~eau des volumes (en tonnes)

-- ~-- . - -- -------. ---,---- ,------,----~ANNEES 02 OJ 04 07 08 09 10 Il 15 16 17 18 19 20 21 22 H.ol.tl',

I.D6,5 6.785,7 2.9JJ,9 ~I. 1 766.1 198, J 91'.8i1959 ]46.7 9.2 1.08l,' 160,8 22,4 2. l1S,' 287,1 I.IIJ,J 320,2

11960 'JO,I J 2.5 l, J22,6 1. "J, 7 240,2 IJ,J I,D9,5 6.893,2 J4J,O 1,159,2 J.65J,1 4J,9 "8,4 991,2 229,5 1.78J,Si1961 621,4 23,1 1.41 l,O J.689, 7 331,4 20,0 2.892,6 7.4S4,O J77,4 1,218,0 2.892,6 62, J 41S,O 1.299,0 267,6 2.J89,21

1962 700.7 26,4 1.472,2 1.688,7 JII,6 28,7 2.424,1 7.642,8 465,6 1.391,8 J, JOJ, 9 52, S 398.8 1.264,2 2S4,6 2.152,11963 976,7 19,1 1.480.7 1.8J8,1 111,6 18,4 2.944,1 8.115,7 499,6 1.318,8 J.416,o 63,8 464,2 1.239,0 289,0 2.S4 3,6t964 J. 42 1,4 J7,5 2.226,5 2.Ilb,1 664,2 28,0 2.189.7 9.115,0 751,J 1.860,J 4.416,4 98,7 640,J 2.437,8 '03,6 4.256,51965 2.708,S 108,S 2.S08,] , J. 711, J 1. Joo,5 IOS.2 2.708,2 9.0se,4 1.04S.8 2.838,6 5.457,J 16J, J 946,6 J,88J,5 677,5 6.812.'1966 J.J82,5 208." 3.182,8 4.087,6 2,IJI,5 208,S J.629,8 10,571,2 1.076,9 J,J94,I 4.6S0,2 177,5 I.D2,1 6,102,6 795,0 9.970,31967 J.449,3 198,8 J.6IS,1 4.101, ] 1.988,J 282,1 J.7n.4 10.996,9 1.247,0 2.844,7 4.72S,7 140,J I.ISJ,6 4.04J,1 872,2 10.ln,71968 4.S47,4 ))J,O 4.147,5 S.2S8,1 2.491,3 290,J 2.JJo,J Il.68J,4 1.788,J J.S62,S S.6)2,J 2Jo,J 1.478,5 5.911,8 1.01S,2 12.96S.71969 J.806,9 209,8 3.616.' 5.411,2 2.}}7,J 16S,S 3.S94,' 10,117,1 1.250,2 2.611,S 5.820,9 116,1 1.227,4 4.1J6,1 1.095,0 8,9S2,11970 4,SI J,8 285,7 J.1I8,1 S.838,2 2. J57.7 2S6,7 J.OJS,S Il,S96,2 1.321,S 2.842,' S,816,2 176,9 1.26J,9 S,5J5,2 1. 128,2 10.967,91971 4.J76,S Jo7,2 4,188,8 6.048,4 l. 960,4 16.0 2.711, S 12,097,J I.S&4,6 2,916,6 6. S72, 9 189,S 1.467,7 4.137,9 1.106,4 10.985,61972 4.554,4 270,7 J.228,2 S.122,7 1.794,3 179,2 J,769,O Il.601,1 1.40S,S 2.41S,1 6.06J,9 180,0 1.212,8 4.22S,9 1,074,6 9,821,2197) 4.490,0 2S4,8 J.159,9 S.98S,1 1.921,6 167 ,8 3.4660,0 13.23',0 1.427.9 2.721,6 S.291,2 171, J 1.229,0 4.4J4,2 1.300,6 10.3ll.'1974 5,160,9 299,5 J.Jo6,5 S.S44,2 1.'00,1 167,2 J.471,J 12.143,9 I.S2S,4 3.142,0 S,S9O,1 t9S,3 1,282,9 4.721,4 1.3'8.6 12.713,21975 5.006,7 289,0 J, 196.7 S. 763. 7 1.863,' 140,7 1.SI7,1 IJ,6S5,O 1.393,0 2.3S4,9 S.408,5 237,3 1.217,8 4.2S3,4 l. 227,3 10.JId.61976 5.612,4 ))4,9 J. 797,1 S.4S8,S 1.'3S,O 142.4 3.839,9 11.711,9 loS84.' 2.911,1 S.IOJ,4 216,6 1.348,4 4.34J.8 1.39S,1 9.6Jo,31977 5.508,J HO,4 J.J77.J S.4 76,1 I.S3S,2 129.9 4,109,8 n.392,7 I.S4S,. 2,426,6 S.890,8 206,S I.}}J, J 4.S29.2 1. 7\S,S 8.S65,11978 7.064,7 278,9 J.798,9 4.769,4 1.549,0 102,S 4.64S,3 14.24S,S I.S99,3 2.S82,' S.89S,6 213,8 I.S3S,6 5.078,0 I.S27,o 8.1 Jo,21979 8.341,0 40S.' 4.21l,4 s.282,5 I.S51,7 139,9 4.718,1 IS.181,4 L913,I 3.053,0 6.288,7 252,6 1.884.4 6.132,2 2.156,1 8.S8S,6 25' .111980 7.18'.0 402,5 J.797,4 5.413. S 1.146.1 14 7,4 7.646,1 14.957.9 1.567,5 2.494,3 6,000,7 282,2 I.S69.1 S.410,J 2.332,S 8.827,7 '59.50

Combien vendez-vous par jour

- 77 -

ENQUETE MAGASIN

Depuis quelle année y-a-t-il un magasin à cet endroit .•..••••....•.•.•

- Depuis quand le dirigez-vous? ......••••••••

- Qui le dirigeait auparavant 1 un parent, un associé, une autre personne 1

- Depuis la création ce magasin a-t-il été transformé ou agrandi? oui, non

• Si oui ; à quelle époque? •••••.•••

par vous ••.....••.•.••••••

- Etes-vous propriétaire, gérant, associé

- Vous arrive-t-il d'importer directement des produits alimentaires 1 Oui, non

- Citer la liste de tous les fournisseurs pour les principaux produitsalimentaires, conserves, viande, boissons, produits laitiers,etc •••••

- Devez-vous aller chez eux ou bien se chargent-ils de la livraison 1

- Nom et adresse des producteurs locaux de fruits et de légumes :

- S'agit-il de fournisseurs réguliers avec lesquels vous avez passé unaccord ?

- Sont-ils parents 1 Oui, non.

- Avec quelle fréquence vous livrent-ils 1

- Pouvez-vous estimer le nombre de clients réguliers de votre magasin 1••.•..

- Quel est le nombre de clients à qui vous faites crédit 1 , ..••..•.••

Possédez-vous d'autres magasins 1 Oui, non.

- Tenez-vous un dépôt de pain? Oui, non.

de pains ...••..•...•• de baguettes ••••••• 1

de plats à emporter ......•...••.•.....••..

- Y-a-t-il des différences selon les jours de la semaine? Oui, non

exemple : •........••......••...•...

Nom du magasin P.K. : .

Code relevé :............................... Nombre d' emp loyés : .....

Observations : .•..........................•.•........................

- 78 -

ANNEXE IV

~nquète Importation

-Nom:

SA , .:iARL , SNP , dNC , •.•••••.•••••

Adresse

- Téléphone

Statut de l'entreprise

- Nombre d'employés:

- date de création de l'entreprise dùOs sa forme actulle :

Existait-elle avant sous une autre forme 1 Date de sa fondatiob

- Avez-voua des liaiaons familiales avec d'autres importateurs 1 oui non

lesquels 1 ••••••••••••

- importez-vous d'autres produits que ceux de l'alimentation 1 oui DOD

Lesquels 1••••••••••••

- Volume et valeur totale des importations pour l'année 1981:

- Importations de produits alimentaires volume

valeur

Lequels 1•••••••••

Nature Volume Valeur :4ode de transport Pays d'origine

FRUITS

LmUMES

Pdts LAITIERS

VIANDE

ffiU~tf1'BOISSONS

CONSERVES

AUTRES :

:

:.- Rvez-vous l'exclus~v~te de certains produits 1 oui nOD

- Ventilation de ces importations

Pratiquez-vous la vente aux particuliers 1 oui non

Avez-vous l'exclusivité de certains produits alimentaires 1 oui non

Lesquels 1

- Votre société possède-t-elle des magasins d'alimentation 1 oui non

(nom des magasins et adresse )

- 79 -

Ces magasins sont-ils dü-ip;és par des gérants , des associés , des membres de votrefamille

- Distribution des produits

- Comment s'opère-t-elle ?

- les commerçants viennent-ils s'approvisionner chez vous? oui non

Vous chargez-vous de la distribution? oui non ; dvec quelle fréquence ?

- Vendez-vous dans tous les magasins de Tahiti? oui non

Nombre de magasins qui sont des clients réguliers

- Liste des clients de votre entreprise :

Magasins Hotels , Restaurant

cars

Collectivités

( écoles , armée,etc

- Nombre de clients dans les iles et autres archipels

-Stock : volume et valeur

Superficie des entrepots

- Avez-vous des chambres frigorifiques ?

-Fréquence des approvisiqnnements pour

"Oui non

les produits congelés

les denrées périssables ( non congelées

les denrées non périssables de grandeconsommation

les denrées non périssables de faibleconsollL'nation

- Vous arrive-t-il de vous trouver en rupture de stock? oui non

- Pour quel type de produits?

Les commandes des co~~erçants sont-elles régulières ? oui non

pour quels produits?

- Les commerçants sont-ils liés par contrat avec votre société ?

-Q1lels contacts avez-vous avec vos fournisseurs ?

- Vous déplacez-vous souvent à l'étranger pour les rencontrer? oui non

- 80 -

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Numéro spécial sur la géographie du commerce : Cahiers de Centre de Recherches ­Analyse de l'espace nO 3, Paris, 1976, 61 p.

- 82 -

TABLE DES MATIERES

Pages

INTRODUCTION ..••.•....•...•............••..•.......•...........•.•

CHAPITRE l : LA PRODUCTION LOCALE ET L'AVENIR DES MARCHES 3

A) PRODUCTIONS ECOULEES SUR LES MARCHES ......•..•••..••....•..

B) L'EVOLUTION RECENTE DU MARCHE D~ PAPEETE : ANALY~E PARGRANDES CATEGORIES DE PRODUITS ............•......••....•...

4

5

C) UN PHENOMENE RECENT : LA MULTIPLICATION DES CIRCUITS DEDISTRIBUTION ...........•.•...•...•.•.•.•.••••••.......•••.. 7

1) L'exemple du poisson: un marché complexe •••••.•••• 8

D) UNE PRODUCTION LOCALE INSUFFISANTE, DES MARCHES DESADAPTES. 16

CHAPITRE II : L'AGGLOMERATION URBAINE DE PAPEETE: UN SYMBOLE .•••• 18

A) LE PROBLEME DES LIMITES : RECHERCHE D'UN INDICE D'URBA-NISATION ...•....................•.......•.................. 19

1) Les résultats...................................... 20

2) L'interprétation •....••.••.•••...•.••••.•••.•.••.•. 22

B) LE POIDS DE L'AGGLOMERATION ••..••••.•.•..•.•.•.•...•.••••.• 24

C) UN MONDE RURAL POLYNESIEN, UNE AGGLOMERATION COSMOPOLITE •.. 25

CHAPITRE III : LES IMPORTATIONS DEVELOPPEMENT OU DEPENDANCE ? 28

A) SITUATION GENERALE ..•••••••••.••••....•..••••.•••....••.••• 29

B) LES IMPORTATIONS ALIMENTAIRES •.••••••.....•...•.••.••.•.... 30

1) Origine des importations alimentaires •••••..••••••. 33

2) Distribution des produits importés sur le Territoire 36

3) Les hypothèses sur la consommation : points com-muns et stratifications •••.•..••.••••.•..••••.•••.. 40

C) LES PRODUITS DE PREMIERE NECESSITE ••••..•.•.••.•.••.•••.••• 42

CHAPITRE IV : DlFFERENCES DE CONSOMMATION ET COMMERCE DE DISTRI-BUTION : UNE EVIDENTE RELATION ••••.•.•••.•••..•••••. 48

A) INVENTAIRE ET TYPOLOGIE DES MAGASINS .•.•••.••••.•.•••....•• 49

B) QUALITE DE LA DESSERTE ET STRUCTURE DU COMMERCE PAR COMMUNE 52

1) Qualité des approvisionnements communaux : recher-che d'un indice •.......•........•.................. 53

- 83 -

Pages

2) La carte du commerce alimentaire .•.......•......••• 56

C) LES RESULTATS DE L'ENQUETE ....................••........•.. 58

D) LA COMMERCIALISATION DES PRODUITS LOCAUX ....••.•.......•... 65

CONCLUSION

ANNEXE l

ANNEXE II

ANNEXE III

ANNEXE IV

............... " " .Index des poissons vendus sur le marché de Papeete etrégime de taxa tian <li •••••••••••••••••••••••

Volume et valeur des importations alimentaires de1959 à l 980 .

Formulaire d'enquête auprès des commerçants •...•••..•

Formulaire d'enquête auprès des importateurs .••.•.•.•

68

70

74

77

78

BrBLIOGRAPHIE ....•• "..••...•....... "••.•.. "...•. "................. 80

TABLE DES MA.TIERES "•.... "••. "., •...•. III •• " ••• " •••• " •• " ••• " • • • • • • • • • 82