Problèmes économiques et sociaux1 (1)

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    Problmes conomiques et sociaux

    De nombreux problmes conomiques et sociaux se posent actuellement. Une slection

    arbitraire nous amne une prsentation succincte de quelques problmes importants

    qui touchent soit les pays industrialiss, soient les pays en voie de dveloppement, soit

    les deux.

    Les problmes sont souvent inter relis, interdpendants do la ncessit dune

    solution intgre plutt que des recettes miracles unique. Certains problmes sont de

    court terme dautres de long terme. Par exemple, comme problme de court terme, nous

    citons : dsordre montaire, inflation politiques de type conjoncturelle (ex: politique

    montaire) ; et comme exemple de long terme : croissance, chmage, paiement des

    retraites, croissance dmographique politiques structurelles (ex : dveloppement des

    infrastructures, ducation, ...). Le court terme et le long terme sont lis ex : chmage

    naturel et chmage cyclique rcents. Certains problmes sont exognes : viennent de

    lextrieur exemple : chocs ptroliers, chocs dmographiques, ... Certains problmes sont

    endognes : crs par les gouvernements ou par les politiques conomiques exemple :

    dficits publics, problmes environnementaux. A noter, une distinction difficile entre ce

    qui est croissance endogne ou exogne.

    1- La croissance

    2- Le chmage

    3- Linflation

    1- LacroissanceLa croissance conomique est synonyme de production de biens et services,de crations demplois et de richesses. Elle assure, lorsque, bien exploite, laprosprit conomique, sociale et humaine. Pour toutes ces raisons, lacomprhension de la croissance, de ses mcanismes, de ses dterminants etde ses sources a toujours t un souci majeur des dcideurs et desconcepteurs des politiques conomiques. Il est clair que la croissanceconomique nest pas une panace pour les problmes du pays, mais ellefacilite limplmentation des politiques publiques qui compltent lesinsuffisances de la croissance. La croissance est une condition ncessairemais non suffisante pour assurer le bien tre social.

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    Au Maroc, linstar des pays en voie de dveloppement, la ncessitedassurer une croissance conomique forte et durable simpose comme unesolution pour plusieurs problmes sociaux qui hypothquent lavenir du pays.

    Avec laccumulation des problmes conomiques et des dficits sociaux(chmage, pauvret, perte du pouvoir dachat, etc.) les solutionsconjoncturelles ou partielles ne peuvent plus servir de remdes efficaces. Lesproblmes doivent tre traits la source qui les gnrent, et cette dernirenest autre que la faible croissance conomique et la sous utilisation despotentialits du pays.

    Pourquoi le Maroc na pas pu emprunter le mme sentier de croissance queses semblables, pourquoi accuse t-il tout ce retard ? Limportance dapporterune rponse cette question cruciale ne rside pas uniquement dans lacomprhension du pass, mais galement dans lidentification des pistes quilui permettraient de rattraper le retard et de le hisser au mme niveau dedveloppement que ses semblables.

    La question est cruciale parce quen labsence de politique forte et agressive,et si la tendance actuelle de croissance se maintient, il faudrait au Maroc 31ans pour atteindre le niveau actuel de dveloppement de la Tunisie1, 65 anspour atteindre celui de la Malaisie, 129 ans pour celui de la Core du Sud etprs de 2 sicles pour atteindre celui des tats Unis. videmment, ceci nesignifie pas un rattrapage, parce quau moment o le Maroc atteindrait cesniveaux, ces pays auraient dj creus davantage le foss et il sera de plusen plus difficile de rduire lcart, pour rattraper, ou du moins rduire lcart, ilfaut emprunter un sentier de croissance plus rapide.

    Sur le long terme, la vitesse de croissance revt une importance capitale, unepetite diffrence dans le rythme de croissance peut conduire des cartsconsidrables. En effet, depuis 1960, si le Maroc avait les mmes taux decroissance du PIB global et par tte que la Tunisie, le PIB du Maroc aurait ten 2002 de 56 milliards de dollars au lieu de 37 milliards et le PIB par tteaurait t de 2064 dollars au lieu de 1234. Ceci montre combien le Maroc rateen terme de niveau de vie cause de sa croissance conomique lente.

    Que devrions-nous faire pour acclrer la croissance conomique? Laquestion est quivalente sinterroger sur ce qui a retard le Maroc autant par

    rapport ses semblables. Cette question est pertinente parce que plusieurstudes ont montr que la croissance nest pas une fatalit et nest pastributaire des ressources naturelles dont est dot le pays, mais elle dpendprincipalement des politiques et des choix faits par le pays, de la volont et dela dtermination de ses hommes et de ses femmes. Ltat a un rle importantdans la croissance conomique. Il est donc primordial de comprendrecomment les choix faits dans le pass par les pouvoirs publics ont affect lacroissance, mais surtout, que doit faire ltat pour acclrer la croissanceconomique et assurer un niveau de vie dcent la population.

    1Ces calculs sont bass sur le fait quentre 1960 et 2002, le PIB par tte du Maroc sest accrue enmoyenne de 1.77% et les PIB par tte en 2002 en US$ constant sont : Tunisie : 2122, Botswana :3372, Core du Sud : 11936, Malaisie : 3883, Maroc : 1234 et Etats Unis : 34789. Source WDI 2004.Banque Mondiale.

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    La croissance de long terme nest pas synonyme de conjoncturergulirement favorable court terme. A long terme, les fluctuationsconjoncturelles nont que peu dimportance. En effet, des taux de croissancefaibles ou levs dus des phnomnes conjoncturels tel que lesprivatisations ou de bonnes annes agricoles, nont que peu dimpact sur lelong terme. La croissance conomique est un phnomne de long termencessitant des politiques structurelles dont les effets napparaissentgnralement quaprs plusieurs annes. Les politiques conjoncturelles visant contrecarrer les effets de chocs de court terme nont pas deffet notable surla croissance conomique. En rsum la croissance conomique est unobjectif de long terme et seules les rformes structurelles peuvent conduire son amlioration.

    1- Thories de la croissance conomique

    La croissance conomique, par son importance en terme de cration derichesses, de prosprit et damlioration des niveaux de vie a t et

    continue dtre lune des proccupations majeures de la scienceconomique.

    Quest ce qui explique que certaines nations connaissent des taux de

    croissance plus rapide que dautres, autrement quels sont les dterminantsde la croissance conomique. Plusieurs modles de croissance ont tproposs dans ce sens.

    Croissance exogne

    La thorie moderne de la croissance conomique trouve ses origines dansles contributions de Solow et Swan dans les annes 50. Les premiersmodles de croissance noclassiques considraient deux facteurs deproduction, le capital et le travail et mettaient laccent sur laccumulation ducapital comme facteur de croissance. Le modle de Solow propos en 1956constitue le point de dpart de beaucoup danalyses et de modles proposspar la suite. Le modle de Solow se base sur lhypothse de marchscomptitifs et donc les facteurs de production sont rmunrs au taux

    marginal de leur contribution la production. Il considre un tauxdpargne et un taux de croissance de la population fixes et entirementexognes. Le capital et le travail sont les seuls facteurs de production. Laproductivit du travail est augmente grce un facteur multiplicateurreprsentant lefficacit du travail ou le progrs technologique qui croit

    un taux fixe exogne. Dans ce modle les rendements dchelle sontconstants et les rendements des facteurs sont dcroissants par rapport chaque facteur de production. Les principales conclusions de ce modlepeuvent tre rsumes comme suit :

    - A long terme, la production par tte croit un taux exogne qui est letaux du progrs technique, ce qui fait que ce modle, dont lobjectif est

    dexpliquer la croissance conomique, la laisse en ralit compltement

    inexplique. En fait la consquence de ceci est quen labsence

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    comptabilit de la croissance, une approche qui consiste tout simplement valuer la part de la croissance qui revient chacun des facteurs deproduction.

    Les nouvelles thories de croissance ont donn naissance un gisementconsidrable de recherches empiriques visant le test et lidentification desfacteurs endognes importants la croissance conomique.

    2- Les dterminants de la croissance

    Nous nous basons sur une revue des analyses et recherches empiriques surla croissance conomique pour faire une synthse des dterminants de lacroissance conomique ayant t mis en exergue. Malgr des diffrences enterme dhirarchisation et dimpact sur la croissance, ces facteursconstituent le noyau dur des sources de croissance ayant t identifies et

    sur lesquelles se dgage un consensus parmi les conomistes.

    Nous dcrivons chacun de ces facteurs, nous discutons son lien avec lacroissance et les canaux travers lesquels il agit et galement sa ou sesmesures empiriques. Ensuite, nous prsentons la performance du Maroc enterme de ces indicateurs.

    21- Capital physique

    Linvestissement ou laccumulation du capital physique est lun desprincipaux facteurs dterminants le niveau de production rel par habitant.Linvestissement priv par une firme bnficie aux autres firmes par effet

    dimitation et dapprentissage (effet dexternalits). Ainsi, leffet de

    linvestissement est double sur lconomie : accrot directement laproductivit de la firme et indirectement celle de toutes les autres firmes.De son ct, linvestissement public constitu par lensemble desinfrastructures publiques (transports, tlcommunication, ducation,scurit, etc.) engendre aussi des externalits sur le dveloppement du

    secteur priv.

    Au Maroc, les phases de croissance acclre ont t celles qui ont bnficide taux dinvestissement levs. Ltat a jou dans ce processus un rlemoteur durant les annes 70 en engageant des programmesdinvestissement importants visant la valorisation des ressources agricoles

    et minires.

    A partir de 1977 et compte tenu des rformes structurelles que le Maroc

    tait forc dadopter vu ltat des dsquilibres macroconomiques audbut des annes 80, ltat tait oblig de rduire ses dpensesdinvestissement tout en essayant de crer un climat propice pour la

    relance de linvestissement priv.

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    On peut penser que les faibles taux dinvestissement enregistrs sontimputables en partie des facteurs qui dcouragent linvestissement ou lerendent moins productif. Le manque dinfrastructure, la mdiocrit desservices publics et les distorsions qui faussent les incitations linvestissement ont limit la productivit du capital.De surcrot, lampleurdes risques qui psent sur la rentabilit de linvestissement au Maroc.

    De plus, linvestissement a t brid par le manque de financements. AuMaroc, le taux dpargne reste modeste par rapport celui dautres pays.Avec un taux dpargne de 22%, le Maroc reste en de des taux affichsdans les autres pays en dveloppement succs conomique (asiatique enparticulier) o ils ont atteint plus de 30 % pendant la deuxime moiti desannes 90.

    Lpargne nationale est constitue 85% par lpargne intrieure brute,alors que lpargne dorigine externe telle quelle est apprcie par les

    revenus extrieurs nets y contribue hauteur de 15%.

    Lvolution de lpargne nationale a connu une nette croissance durant lesannes 70 et 80 et une stagnation pendant les anne 90 due unestagnation des revenus des mnages et une augmentation, bien quemodeste, de l'pargne publique.

    A partir de 2001, l'augmentation de l'pargne peut tre attribue unenvironnement macro-conomique amlior, des recettes en devises

    provenant des marocains rsidents ltranger et du tourisme et demeilleures opportunits d'pargne financire.

    Dans le prolongement de cette analyse, il convient de relever que selon laBanque Mondiale l'pargne financire est surtout constitue dactifsliquides. La composition de l'pargne financire est reste relativementstable au cours de ces dernires annes. En 1998, prs de 65% des actifsfinanciers dtenus par les agents non financiers taient sous forme dedpts vue ou de dpts terme d'une dure infrieure un an. Environ

    la moiti des dpts bancaires sont des dpts vue, soit un niveaubeaucoup plus important que celui observ dans d'autres pays comme laJordanie (15 pour cent) et l'gypte (11 pour cent)7. videment ceci a desconsquences importantes sur les possibilits de mobilisation de cettepargne pour des investissements de moyen et de long terme.

    22- Le capital Humain :

    Le capital humain est un ingrdient important de la croissance long terme,

    il est un facteur essentiel de production, par lemploi dune main-duvrebien forme et en bonne sant. En effet, une population en bonne sant estune population qui peut dployer des efforts et travailler pour ledveloppement conomique, et deuximement, lamlioration des variableslies lducation et la connaissance permet daugmenter la capacit de

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    cration, dabsorption des nouvelles technologies et leur utilisation. Ceci est

    synonyme dune augmentation de la productivit.

    L'ducation et la formation du capital humain en gnral peut contrecarrerles rendements dchelle dcroissants des autres facteurs accumulables de

    production - tel que le capital physique et prenniser la croissance longterme. En dehors de son rle direct comme un facteur de production, le

    capital humain peut servir d'un complment aux autres facteurs etressources tels que le capital physique et les ressources naturelles.

    2.2.1 Lducation

    Sil ya une variable qui est unanimement reconnue comme dterminant de

    la croissance conomique lducation est la plus cite. En effet, le capitalhumain ou la formation un moment prsent va aider tre plus productif un moment futur. Ainsi, il y a un arbitrage entre le capital humain offert

    la production daujourdhui et le capital se formant pour une meilleureproductivit dans lavenir. La croissance de long terme est assujettie laquantit de capital en formation pour un meilleur rendement dans le futur.Le niveau de la variable ducation est souvent mesur par le taux brut descolarisation au primaire ou au secondaire ou par les dpenses publiquesconsacres lducation.

    Parmi les tudes empiriques consacres la relation ducation/croissance,lune des plus importante est celle de Barro et Sala-i-Martin (1995) sur les

    dterminants de la croissance. Dans cette tude, les auteurs ont recueillides donnes portant sur la priode 1965-85 couvrant un large chantillonde pays, et dmontr lexistence dune relation positive entre le niveaud'ducation mesur par le nombre moyen d'annes d'tudes le taux moyende croissance.

    En comparaison d'autres pays, le Maroc est parmi les pays quiinvestissent le plus dans l'enseignement (6% du PIB en moyenne annuelle).Ces investissements ont permis damliorer le taux de scolarisation au

    primaire 89.6% et le taux danalphabtisme 49% en 2002.

    Cependant, les taux levs de rptition et d'abandon sont des signesdinefficacit du systme dducation marocain. En effet, seuls 23.5% des

    lves scolariss au primaire atteignent la fin du Secondaire. Le rendementgnr est donc trs faible. Cette faiblesse du rendement de lenseignementsexplique en partie par :- La distribution des ressources financires et humaines estdsquilibre et tend favoriser le secondaire et les plus aises des zones

    urbaines.- Les cots des intrants sont levs : les salaires drainent la plus grandepart du budget de lducation Les frais de personnel se taillent la part dulion dans le budget de fonctionnement du ministre de l'ducationnationale, atteignant 90 % en 1998. Par consquent, des ressources

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    insuffisantes sont consacres l'achat de matriel pdagogique etdidactique.

    2.2.2 La sant :

    La qualit et la quantit des services de sant dont bnficie la populationconduisent de meilleures performances conomiques de la socit. En

    effet, une population en bonne sant reprsente une force de travail capablede produire plus et se caractrise gnralement par une esprance de vieplus leve et un taux de mortalit infantile rduit.

    Dans toutes les tudes empiriques sur la croissance on retrouve lesprancede vie comme variable influenant positivement la croissance parce quelle

    est la rsultante de plusieurs variables lies aux conditions sociales etconomiques, elle est le baromtre de la politique sociale et conomique deltat.

    La tendance des principaux indicateurs de sant rvle quentre 1960 et2002, le Maroc a enregistr d'importants progrs dans le dveloppement deses infrastructures sanitaires et a amlior le niveau de sant de sapopulation. Le rsultat est une nette amlioration des indicateurs de sant,par exemple, l'esprance de vie est actuellement de 70 ans contre 48 ans en1967.

    Nanmoins, le pays est toujours confront de srieuses difficults : le taux

    de mortalit infantile reste lev, les problmes de nutrition sontimportants, les carts entre milieu urbain et rural sont importants. L'accsaux soins de sant reste toujours difficile pour une large frange de lapopulation marocaine.

    Les dpenses publiques en matire de sant reprsentent 5% du budget del'tat, un chiffre qui reste plus ou moins proche des pays de notrechantillon. Cependant, ces dpenses publiques ne sont pas distribues demanire efficace. En effet, un tiers des dpenses rcurrentes du Ministre

    de la sant est consacr aux hpitaux universitaires. Le systme deprestation quant lui est inefficace avec des taux d'occupation des hpitauxde moins de 60%. La qualit des soins laisse dsirer puisque 56% deshpitaux ont plus de 30 ans et 30% des salles d'oprations, quipement delaboratoire et quipement de radiologie ont plus de 15 ans d'ge. Lespnuries de mdicaments sont svres, en particulier en milieu rural.

    2.3 Politiques de stabilisation

    Les politiques de stabilisation constituent un dterminant de la croissanceconomique parce quelles naffectent pas seulement les variations

    cycliques, mais galement la croissance conomique long terme. En effet,laction sur les variables lies la stabilisation et aux crises conomiques aun impact sur la performance conomique la fois court et long terme.

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    Les politiques budgtaires, montaire et financire qui contribuent unenvironnement macroconomique stable et rduisent lincertitude sont

    ainsi importantes pour la croissance de long terme, en encourageantl'investissement.

    Une forte inflation, des dficits budgtaires importants, une survaluationdu taux de change rel et un taux dendettement excessif sont souvent

    considrs comme des symptmes clefs de linstabilit macroconomique.Cette instabilit reflte, souvent des faiblesses dans la gestionmacroconomique. En augmentant lincertitude gnrale et en dformant

    linformation sur les fondamentaux conomiques sous-jacents, linstabilitmacroconomique affecte les dcisions dinvestissement et dpargne,conduisant ainsi une allocation inefficiente des ressources. Linstabilit

    macroconomique a aussi un effet adverse sur la confiance, qui peutdcourager linvestissement intrieur et conduire une fuite des capitaux,aux effets potentiellement adverses sur la croissance long terme.

    2.3.1 Inflation

    La stabilit des prix prserve, voire renforce, le pouvoir dachat descitoyens. La stabilit des prix est en outre, un facteur dterminant de lacomptitivit des entreprises et un lment ncessaire pour inspirerconfiance aux oprateurs conomiques, quils soient pargnants ou

    investisseurs, nationaux ou trangers. Tels sont les fondements qui font dela matrise de linflation lobjectif fondamental de toute politique montaire

    ou la condition ncessaire pour stimuler linvestissement.

    Les tudes empiriques indiquent invariablement que linflation a unecorrlation ngative avec la croissance conomique, et que le cot delinflation en croissance perdue est significatif. Un certain nombredestimations indiquent une rduction de la croissance conomique allant

    de 0,02 0,08 point de pourcentage pour une augmentation de 1 point depourcentage de linflation.

    A linstar des autres pays qui ont connu des taux dinflation levs au coursdes annes 80, aprs le choc ptrolier, le Maroc a pu matriser ses tauxdinflation pendant les dernires annes. Cependant la rduction de

    linflation au Maroc ne sest pas traduite par des taux de croissance levs.

    Ces observations suggrent que la matrise initiale de linflation est unecondition ncessaire mais non suffisante du retour la croissance.

    2.3.2 La politique budgtaire

    La politique budgtaire affecte la production et la croissance moyenterme. Plus prcisment, une rduction des emprunts publics servant financer les dpenses par un dficit systmatique pousse gnralement lestaux dintrt la baisse, ce qui encourage linvestissement. Une baisse des

    taux dintrt accrot aussi la valeur des actifs, et cet effet de patrimoine

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    encourage la consommation et linvestissement privs. Par ailleurs, unebaisse des dficits pousse le secteur priv rduire les estimations de sesobligations fiscales actuelles et futures, ce qui stimule encorelinvestissement et la consommation.

    Il reste savoir dans quelle mesure ces considrations sappliquent auxpays en dveloppement, en particulier au Maroc. Dans ce sens, une tude a

    t ralise par le FMI sur 39 pays faible revenu ayant appliqu unprogramme dajustement pendant les annes 90 pour rpondre laquestion suivante : Quelle est la relation de causalit entre lajustement

    budgtaire et la croissance ? Une des principales conclusions que lon peut

    tirer de cette tude est que les pays qui ont rduit les dficits budgtairesde moins dun demi-point du PIB pendant la priode considre, enparticulier des dpenses courantes, ont enregistr une croissanceadditionnelle du revenu par habitant de 0,5 % par an pendant les annes90. Le Maroc linstar des autres pays a pu rduire son dficit budgtaire

    qui est pass denviron 12% du PIB dans les annes 80 une moyenne de4% au cours des dernires annes. Ceci a t favoris par la contributiondes recettes de privatisation et une rationalisation des dpenses publiques.Cependant, le lien entre le contrle budgtaire et le retour la croissanceest, comme pour linflation, loin dtre mcanique.Dans lavenir la matrisedu dficit budgtaire au Maroc risque de ne pas tre soutenable pour lesraisons suivantes :- Tout dabord, la rigidit de la rduction du dficit publique :aggravation des charges du fait de la mise en oeuvre des engagements pris

    dans le cadre du dialogue social (la masse salariale reprsente 12% du PIB),compensation des augmentations du prix du ptrole, ralisation d'un vasteprogramme de lutte contre la pauvret, la rcente initiative nationale pourle dveloppement humain ;- Une difficult rcurrente, voire structurelle mobiliser et tendreles ressources ordinaires et dgager une pargne budgtaire consquenteafin de financer l'investissement public et rduire le recours lemprunt.

    2.3.3 Taux de change :

    Le taux de change est un dterminant important de lallocation des

    ressources entre les secteurs dexportation et les secteurs domestiques.Une mauvaise allocation mne de grands dsquilibres externes, dont lacorrection est frquemment accompagne par des crises de paiements etsuivi par des rcessions aigus. Il est gnralement admis qu'un tauxmaintenu au mauvais niveau entrane d'importants cots en matire debien-tre. Il donne des fausses indications aux agents conomiques etaccentue l'instabilit conomique.

    La sous-valuation ou la survaluation de la monnaie dun pays, peutdynamiser ou endommager la position de concurrence internationale delconomie. Quand une monnaie est sous-value, la demandedaugmentation des exportations, et la substitution par des importations est

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    encourage, stimulant la croissance conomique et le surplus de la balancecommerciale mais crant des pressions inflationnistes. Une monnaiesurvalue entrane une baisse du cot des importations mais rend lesexportations plus difficiles, rduisant linflation mais provoquant un

    ventuel dficit de la balance commerciale et une chute du taux decroissance conomique.

    Au Maroc le choix en matire de politique conomique dans le contexte detaux de change fixe plus ou moins russi matriser linflation au coursdes annes 90. Les chocs rels ont t relativement matrisables et lespolitiques macroconomiques taient gnralement compatibles avec lechoix du rgime de change. Cependant, partir de 1998 les tensions sur letaux de change ont commenc saccentuer. La vulnrabilit des secteurs

    exposs la concurrence, la difficult de gestion de liquidit avec desentres massives de capitaux et les dficits budgtaires structurels levsqui sont financs par une partie des recettes des privatisations a remet en

    question la soutenabilit de la politique du taux de change. Dans cecontexte, la dcision des autorits montaires de procder en avril 2001 une dvaluation de 5% est lexemple de la raction la survaluation du

    taux de change qui na cess de saccentuer depuis le dbut des annes 90.

    2.3.4 La dette extrieure:

    La thorie conomique suggre que lemprunt, contenu dans des limitesraisonnables, peut aider les pays en dveloppement affermir leur

    croissance. Pour les conomies qui utilisent les capitaux emprunts pourfinancer des investissements productifs, leur croissance devraientsacclrer et leur permettre de rembourser lchance les dettescontractes. Au contraire si la dette future dpasse les capacits deremboursement des pays dbiteurs, le cot de son service dcouragera lesinvestissements intrieurs et extrieurs, pnalisant ainsi la croissance.Une tude empirique a t ralise par le FMI pour explorer les liens entredette et croissance. Les principales conclusions que lon peut tirer de cette

    tude sont :

    - Lendettement semble avoir un impact global ngatif sur la croissancelorsque la dette reprsente de 160 170 % des exportations, et de 35 40% du PIB (en valeur actuelle nette) ;- Il apparat aussi que lcart de croissance entre les pays peu endetts(moins de 100 % des exportations ou de 25 % du PIB) et les pays trsendetts (plus de 367 % des exportations ou de 95 % du PIB) est, enmoyenne, suprieur 2 % par an ;- La diminution de la dette de moiti ( de 200% 100% desexportations) permettrait denregistrer un gain de croissance par habitant

    de lordre de 12 1point.

    Conscient des effets ngatifs du surendettement, le Maroc a mis en placeune politique de gestion de la dette extrieure trs active caractrise par laconversion de dettes bilatrales en investissements privs et le

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    remboursement par anticipation des dettes les plus onreuses. Le rsultatde cette politique est une baisse continue du taux dendettement extrieur

    pour se situer 26.1% du PIB en 2004. Cette volution illustre la volont dugouvernement de rduire le cot de cet endettement au moyen d'uneapproche base sur un dsendettement progressif vis--vis de l'tranger. Ladette extrieure correspond dsormais 41% de l'endettement global ets'inscrit en baisse depuis 1993.

    2.4 Politiques structurelles et institutions :

    Lune des consquences de la thorie de croissance endogne est que letaux de croissance conomique peut tre affect par les politiquesstructurelles et la qualit des institutions. Bien qu'il puisse y avoir undsaccord sur le choix des politiques les plus favorables la croissance ousur la squence dans laquelle les changements de politiques devraient tre

    entreprises, il ne fait aucun doute que les gouvernements peuventinfluencer la croissance long terme dans leurs pays en crant un climatpropice pour linvestissement et en adoptant des politiques incitatives quifavorisent lallocation des ressources.

    2.4.1 Approfondissement financier

    Des systmes financiers qui fonctionnent bien contribuent promouvoir lacroissance long terme. Ils influencent l'efficacit et la croissance

    conomique travers des canaux diffrents. Les marchs financiersfacilitent la minimisation du risque en diversifiant et en changeant lesinstruments financiers. Ils peuvent aider identifier les projetsd'investissements profitables et mobiliser lpargne ncessaire. De plus,les systmes financiers peuvent aider contrler les entreprises, rduisantde cette faon les problmes de distorsion qui mnent l'investissementinefficace. En gnral, Il existe au moins trois moyens par lesquels lesecteur financier contribue la croissance :- Il amliore la slection des demandeurs de fonds et la surveillance

    des destinataires des fonds, conduisant ainsi une meilleure allocation deressources ;- L'industrie financire encourage la mobilisation des pargnes par uneoffre attractive dinstruments et doutils de placement ; cela entrane une

    hausse du taux d'pargne ;- Les intermdiaires financiers offrent des opportunits pour la gestiondu risque et de la liquidit. Ils favorisent le dveloppement des marchs etdes instruments attractifs qui permettent le partage du risque.

    Le rle des variables financires dans la croissance, a t mis en videncepar King et Levine (1993). Dans une tude dtaille, ces auteurs ont trouvune corrlation positive robuste entre le degr de dveloppement financieret la croissance, linvestissement et lefficacit du capital. Les indicateurs

    financiers quils ont utiliss incluaient la taille du secteur financier formel

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    (mesure par les engagements liquides du systme financier) par rapport la production, le ratio du crdit allou au secteur priv par rapport laproduction.

    Le secteur financier au Maroc a connu plusieurs rformes structurellesdepuis le dbut des annes 90. Ces rformes visaient essentiellement lalibralisation des taux dintrt, la refonte de la loi bancaire, le

    dveloppement du march des capitaux, la restructuration des organismesdpargne institutionnelle (assurances et retraites). Les rsultats de cesrformes sont palpables aujourdhui.

    La part de lagrgat M3 dans le PIB, un indicateur de la mobilisation des

    dpts par le secteur financier, est passe dune moyenne de 39,8 % sur la

    priode 1970-1985 81 % en moyenne aprs la rforme (la priode 1998-2004). Compar celui des autres pays sur la base de cet indicateur, lesecteur financier marocain est plus dvelopp que celui des pays comme la

    Tunisie et la Turquie, mais reste encore en de de celui de la Malaisie.

    La profondeur financire mesure gnralement par le ratio des crdits ausecteur priv au PIB est pass de 17 % en moyenne avant la libralisationfinancire (priode 1970-1985) 54 % en moyenne entre 1998 et 2004,comparativement dautre pays, ce ratio est relativement faible en gypte,au Maroc et en Turquie. Les ratios, relativement, plus levs observs enMalaisie et en Tunisie suggrent lavance de ces pays en terme defficacit

    dans lallocation de ressources financires.

    En dpit de ces rsultats satisfaisants, une tude sur le secteur financiermarocain mene par la Banque Mondiale recommande un plan dactionautour des axes suivants pour que le secteur joue pleinement son rle enapportant le financement ncessaire linvestissement :- Rduire les cots dintermdiation bancaire tout en prservant la stabilitfinancire des banques ;- Accrotre la concurrence dans le crdit bancaire et la mobilisation delpargne ;

    - Promouvoir la formation des taux refltant les conditions du march ;- Poursuivre la modernisation des marchs capitaux et en particulier lemarch des Bons du Trsor.

    2.4.2 Louverture commerciale

    Les tudes empiriques indiquent que la relation entre la croissanceconomique et louverture commerciale est positive, elle reflte un cycle

    vertueux par lequel une plus forte ouverture mne l'amlioration de la

    croissance, qui, en retour, produit plus de commerce.

    Les canaux par lesquels louverture affecte la croissance conomique sont

    au nombre de cinq. Tout dabord, le commerce mne une plus forte

    spcialisation et, ainsi aux gains dans la productivit globale des facteurs

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    (PGF), en permettant aux pays dexploiter leurs champs d'avantages

    comparatifs. Deuximement, louverture largie les marchs potentiels, ce

    qui permet aux entreprises domestiques de profiter des conomiesd'chelle. Troisimement, le commerce diffuse la fois les innovationstechnologiques et les bonnes pratiques de management travers les fortesinteractions avec les entreprises et les marchs trangers. Quatrimement,le commerce libre a tendance diminuer les pratiques anti-concurrentielles

    des entreprises domestiques. Finalement, la libralisation du commercerduit les incitations des entreprises chercher des activits de rente peuproductive en gnral.

    Le Maroc a libralis progressivement son conomie en l'ouvrant aumarch international. Les tarifs douaniers ont t rduits, des barrireslimines, et les procdures pour le commerce tranger simplifies. Il agalement largi et diversifi ses relations commerciales et conomiquespar la signature d'accords sur le libre change avec des partenaires

    bilatraux et rgionaux contribuant ainsi la consolidation du systmemultilatral de commerce.

    Le degr douverture commerciale peut tre mesur par plusieurs

    indicateurs, mais le plus largement utilis est le ratio des exportations etdes importations au PIB.

    Compar avec les autres pays de lchantillon, le Maroc accuse un retard

    dans louverture commerciale de son conomie. Une explication partielle de

    cette situation peut tre trouve dans les politiques commercialespoursuivies depuis lindpendance. En effet, les politiques de substitution

    limportation qui ont t labores au dbut des annes 60 ont conduit

    une forte protection de lconomie nationale. Cependant, le Maroc aprocd la libralisation de son conomie partir des annes 80 (passantde 41% 52% entre 1977 et 2002). Ceci devrait amliorer lesperformances lexportation.

    Lanalyse de ces performances montre que louverture commerciale ne sest

    pas traduite par une amlioration des exportations. En effet, lesexportations sont passes de 12% 21% du PIB. Mme si la progressiondes exportations a t lgrement suprieure celle des importations, avecle taux de couverture des exportations augmentant de 40% en 1977 jusqu66% en 2002, le Maroc enregistre toujours un dficit commercial structurelqui montre les faiblesses du tissu productif, mais aussi la sensibilit auxchocs exognes. Les politiques dajustement structurel adoptes lissue dela crise des annes 80, qui tendaient promouvoir les exportations parlassouplissement des politiques restrictives nont pas russi gnrer les

    rsultats escompts.

    Certes, la demande extrieure de nos partenaires et la survaluationcyclique du taux de change conditionnent la tendance des exportations,mais cela n'empche d'examiner en profondeur les causes de la baisse des

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    exportations. Les raisons de cette baisse sont chercher du cot de lacomptitivit, face de nouveau concurrents sur ce march (les pays del'Est et les pays asiatiques) et la diversification de nos dbouchs et de nosproduits.

    2.4.3 Qualit des Institutions :

    Diffrents conomistes ont affirm au cours des dernires annes quunedes raisons principales pour laquelle les taux de croissance sont diffrentsentre les pays est que la qualit de lenvironnement conomique danslequel les agents oprent est diffrente. Cet environnement comprend leslois, les institutions, les rgles, les politiques et rgulationsgouvernementales du pays. De bonnes institutions sont donc des structureset des lois incitatives qui rduisent l'incertitude et promeuvent l'efficacitet donc contribuent une plus forte performance conomique. En effet, unenvironnement qui fournit une protection adquate pour les droits de

    proprit et donne aux agents lincitation produire, investir et accumuler des comptences est un environnement favorable lacroissance.

    Parmi les tudes empiriques consacres la relationinstitutions/croissance, celle de la Banque Mondiale relative aux paysMENA. Ltude a montr que depuis les annes 80, la moyenne annuelle de

    la croissance conomique par habitant dans la rgion MENA a t de 0,9%,un niveau infrieur celui de l'Afrique Subsaharienne. L'origine de ce

    retard dans la croissance dans la rgion MENA est le foss en matire degouvernance. En effet, les simulations montrent que si MENA avait puatteindre une qualit moyenne dadministration du secteur public

    comparable celle d'un groupe de pays performants de lAsie du Sud-Est,ses taux de croissance auraient t plus levs, de prs dun point de

    pourcentage par an.

    Conscient de limportance de la bonne gouvernance dans lamlioration de

    lenvironnement des affaires, de la comptitivit et de lattractivit du pays ,

    ainsi que de la gestion efficiente du capital humain, les pouvoirs publics auMaroc ont inscrit, un ensemble de rformes visant imprimer un nouvellan au dveloppement du pays, ouvrir des perspectives limplicationdes diffrents partenaires et composantes de la socit et jeter ainsi lesbases dun nouveau mode de gestion du dveloppement.

    La mesure de la qualit de la gouvernance est une tche ardue. La BanqueMondiale a labor un ensemble dindicateurs permettant de juger de la

    qualit de plusieurs aspects de la gouvernance. Ces indicateurs sont :

    - tre l'coute et rendre compte (Voice and Accountability) : Mesurela possibilit des citoyens dun pays participer et choisir le

    gouvernement. Il est bas sur un certain nombre dindicateurs mesurantdiffrents aspects du processus politique, des liberts civiles et des droitshumains et politiques ;

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    - Instabilit politique et violence (Political Stability) : Mesure lavraisemblance que le gouvernement en place soit dstabilis ou renverspar des moyens anti-constitutionnel et/ou violents ;- Efficacit des pouvoirs publics (Government Effectiveness) : mesureles aspects lis la qualit et la disponibilit du service publique, labureaucratie, la comptence des fonctionnaires de lEtat,lindpendance de ladministration de la pression politique ainsi que la

    crdibilit du gouvernement dans ses engagements et ses politiques ;- Fardeau rglementaire (Regulatory Quality) : Focalise sur lespolitiques elles-mmes incluant des mesures de lincidence des politiquesanti- march comme le contrle des prix ou une supervision bancaireinadquate ainsi que la perception du blocage impos par une rgulationexcessive dans des domaines tells que le commerce extrieur et le mondedes affaires ;- tat de droit (Rule of Law) : Inclut plusieurs indicateurs qui mesurentla confiance dans et le respect des lois et rgles de la socit. Ceci inclut les

    perceptions de lincidence des crimes, l'efficacit et la prvisibilit dusystme judiciaire, et l'applicabilit des contrats ;- Matrise de la corruption : Mesure ltendu de la corruption, dfiniecomme usage de pouvoir public pour des gains privs. Il est bas sur desdonnes provenant denqutes dopinion et davis dexperts.

    Les pays qui ont pu raliser des taux de croissance levs sont ceux qui ontde bons indicateurs de gouvernance. Le Maroc qui se classe lavant dernier

    dans notre chantillon, en devanant seulement lEgypte, accuse encore des

    retards en matire de gouvernance. En effet, plusieurs rformesimportantes concernant la rationalisation des structures administratives etleur dconcentration, le statut de la fonction publique et la gestion desressources humaines nont pas pu voir le jour. Les difficults rencontres

    proviennent des effets conjugus de plusieurs facteurs tels quelinterfrence des attributions des dpartements ministriels et organismes

    intervenant dans les domaines de la modernisation des secteurs publics.

    Le secteur de la justice a connu dimportantes rformes avec, notamment, la

    mise en place des tribunaux spcialiss (administratifs, commerciaux ettribunaux de la famille), la modernisation des structures logistiques(informatisation des services centraux et des tribunaux), ladoption denouveaux textes (code de procdure pnale, code commercial, code de lafamille, textes rgissant les droits de lenfant concernant notamment ltat

    civil). Cependant, le systme judiciaire marocain reste confront plusieursdifficults telles que la lenteur dans lexcution des dcisions de la justice,linsuffisance des efforts dploys en vue de renforcer les comptences des

    ressources humaines, lutilisation encore limite des technologies de

    linformation, le manque dencadrement des partenaires de la justice et lesinsuffisances en matire de vulgarisation et de sensibilisation pour mettreen pratique les dispositions lgislatives et rglementaires.

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    La corruption continue de reprsenter un dfit pour le Maroc. En fait, ellemet en pril tout le rgime de gouvernance. Les scandales des banques CIHet BNDE sont des illustrations de la diffusion de la corruption. Un sondagedopinion men par Transparency - Maroc a rvl que 87 % de lapopulation considre la corruption comme le troisime problme le plusimportant du pays aprs le chmage (98%) et le cot de la vie (92%).

    2.4.4 Structure de la production

    Laccumulation de facteurs de production ne peut pas elle seule entraner

    une croissance durable, les rendements de linvestissement comme de

    lducation finiraient par diminuer si la structure de production delconomie reste inchange. Ces changements structurels se ralisent demanire naturelle, en consquence de laccumulation des facteurs, mais pas

    de manire mcanique : le cadre institutionnel et la structure desincitations jouent galement un rle important.

    La formation de la main duvre peut, si les bonnes incitations la

    modernisation de lagriculture sont prsentes, permettre des progrs deproductivit agricole, qui libreront du travail utilis initialement dans cesecteur. Ce travail pourrait alors trouver semployer dans des secteurs o

    il est plus productif, ce qui crerait un effet positif sur la croissance.Lconomie marocaine prsente cet gard un fort potentiel de croissance

    mobiliser sur le long terme, en raison de loccupation nettement majoritairede la population active dans lagriculture (en plus de chmage levs).

    La majorit des pays en voie de dveloppement qui ont connu un dcollageconomique ont connu un mouvement significatif des facteurs deproduction, caractris principalement par un dplacement de la mainduvre en dehors de lagriculture. Ce mouvement provient la fois du fait

    que la structure de la demande nationale se dforme au cours du temps etde ce que les progrs de productivit permettent de librer de la mainduvre pour dautres activits.

    Le dplacement de la main duvre en dehors de lagriculture, o laproductivit du travail est plus faible que dans les autres secteurs, exercemcaniquement un effet positif sur la croissance. Dans ce cadre, lesautorits publiques sont appeles instaurer des politiques sectoriellesappropries qui vont permettre une r allocation des facteurs deproduction vers les secteurs productifs porteurs dans lesquels le Marocprsente un avantage comparatif.

    2.5 Innovations et nouvelles technologies de linformation

    Lvolution technologique et linnovation sont devenues des dterminants

    importants de la performance conomique. Certaines des caractristiquesrcentes de cette transformation sont limpact croissant des technologies delinformation et de la communication sur lconomie et la socit, les

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    interactions de plus en plus nombreuses entre la science et lindustrie quientranent le dveloppement plus rapide de nouveaux produits etmthodes et la rorientation vers des secteurs et des services forteintensit de savoir, une diffusion plus rapide de la technologie et, enfin, lesbesoins croissants en comptences. La capacit dexploitation des

    potentiels des nouveaux savoirs scientifiques et techniques et de leurslarges diffusions est devenue une source primordiale davantages

    comptitifs, de cration de richesses et damlioration de la qualit de vie.Pour tirer profit des avantages induits par ces volutions, les pouvoirspublics devront mettre en place des politiques appropries.

    2.5.1 Linnovation

    Linnovation, dfinie comme le dveloppement, la diffusion et lexploitation

    conomique de nouveaux produits, procds et services, est un desprincipaux moteurs de la croissance. Linfluence se fait par lamlioration

    des techniques de gestion et des mthodes de production de biens et deservices et par le changement organisationnel. Cependant, linnovation creaussi de nouveaux produits qui font alors partie du capital que lesentreprises utilisent pour leur propre production conomique.

    Dans les travaux empiriques sur linnovation, on utilise le plus souvent une

    ou plusieurs mesures quantitatives de lactivit innovatrice. Parmi ces

    mesures on trouve les dpenses en recherche et dveloppement, le nombrede chercheurs, le nombre darticles scientifiques publis etc. Le choix de ces

    indicateurs est dict par la forte corrlation qui existe entre recherche &dveloppement et innovation.

    Le Maroc accorde une faible importance la recherche et dveloppement.Un comportement qui appelle des efforts supplmentaires dans cedomaine stratgique.

    2.5.2 Les technologies de linformation et de communications

    Quelles sont les incidences potentielles des TIC sur la performance et lacroissance des entreprises ? La plupart des analyses de la croissanceconomique distinguent trois effets. Premirement, les investissementsdans les TIC contribuent laccroissement global du capital et donc

    laugmentation de la productivit du travail. En second lieu, les rapidesprogrs technologiques que connat la production de biens et services desTIC peuvent contribuer une croissance plus rapide de la PGF du secteurproducteur de TIC. Enfin, les entreprises qui utilisent davantage les TICpeuvent jouir dune hausse de leur efficience globale, et faire ainsi

    progresser la PGF. De surcrot, une plus grande utilisation des TIC peutrenforcer des effets rticulaires tels que la baisse des cots transactionnelset lacclration de linnovation, ce qui se traduit par un accroissement delefficience globale de lconomie, cest--dire la PGF.

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    Parmi les mesures quantitatives les plus utilises dans les travauxempiriques pour mesurer le niveau dutilisation ou de pntration des TIC,

    nous trouvons le nombre de lignes tlphoniques, le nombre dordinateurspar personne et les dpenses sur les TIC en pourcentage du PIB.

    Au Maroc, les TIC sont dintroduction relativement rcente. Ils couvrentessentiellement les tlphones mobiles, les ordinateurs et lusage

    dinternent. Si nous considrons les donnes du tableau ci-dessus nouspouvons remarquer que le retard que le Maroc accuse dans le domaine desTIC par rapport aux pays de lchantillon et un potentiel pour gagner despoints de croissance.

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    2- Le chmage

    Sans doute le problme conomique le plus mdiatique, et souvent faisant lobjet deprogramme prioritaire de tous les gouvernements : le chmage. Il est le mal conomiquele plus visible dune socit (vs : revenus, inflation, ...)La dfinition la plus restrictive du chmage est celle donne par le BIT. Un chmeur estune personne sans travail nayant pas travaill les 2 semaines prcdente la recherche

    dun emploi et disponible immdiatement. Notons, une sous-estimation du taux dechmage pouvant aller jusqu 50%. Nous distinguons, en fait trois, catgoriesdindividus. Les actifs (A) qui possdent un emploi cest dire un travail rmunr

    (exclut travail domestique ou autre (bnvolat)). Les inactifs (I) des individus sansemploi et ne sont pas la recherche dun emploi ; ex: femme au foyer; retrait; tudiants,rentiers, ... Les chmeurs (C) sont des individus sans emploi et la recherche dun

    emploi. Entre ces catgories thoriques, nous pouvons dfinir des catgoriesintermdiaires :Entre A et I : Temps partiel choisiEntre A et C : Temps partiel subi; ex: chmage techniqueEntre C et I : Formation, stages dentreprises, ...

    Entre A, C et I : travail clandestinLa mesure du chmage est difficile. Comme sources, nous trouvons les inscriptions auxbureaux de chmage ; les enqutes

    Tendance mondiale

    Au niveau international et de manire gnrale, nous constatons une augmentationimportante du chmage. Ce phnomne est trs ingal entre les pays du monde. Il est unproblme surtout europen notamment en France, en Espagne ; en Italie

    Les pays hors UE sont moins touchs (Suisse, Sude). Au sein , de lUE, les pays les moinstouchs : NL : 6.7% , R-U: 4.8%, Autriche : 4.6%, Danemark : 5.9%.En Amrique du Nord, les US (5.0%) sont moins touchs mais Canada (6.7%) plustouchs. Le Japon galement moins touch : 4.4% ; lOcanie moins touche : Australie :5.0% , Nouvelle-Zlande 4.2%;

    Ceci reflte la situation htrogne des marchs du travail du point de vue desperformances. Situation aussi htrogne des marchs du travail du point de vue descaractristiques du march du travail, ainsi, la part des chmeurs de longue dure (>1an) : 4 fois plus importante dans UE que en Amrique du Nord, la probabilit de perdreun emploi > en Amrique du Nord (2% de la pop active) quen Europe (0.5%)Compens par la probabilit de retrouver un emploi : en Amrique du Nord, 1 chmeursur 2 retrouve un emploi dans lanne contre 1 chmeur sur 10 en Europe. La mobilit

    faible en Europe (mme au sein des pays); aux US, environ 40 millions damricainsdmnagent chaque anne.

    Le chmage au Maroc : Analyse du march du travail.

    Le march du travail dans son acception la plus large cest--dire (les emplois, lechmage, sa structure, les modes de fixation des salaires, les modalits de laparticipation et de la mobilit, la spcificit des relations demploi, les institutions)

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    joue un rle fondamental dans la facult des individus obtenir un revenu suffisant pouratteindre un niveau de "bien tre" acceptable. Sa structure est analyse selon deuxvisions :Une analyse sectorielle, o le march du travail est compos dune offre de mainduvre disponible sur le march et dune demande de main duvre manant des

    diffrents secteurs de production de biens et services. Cette analyse suppose lexistencedoffres et de demandes de travail formes de faon indpendantes, et manant dagents

    conomiques distincts, respectivement, la population active, les employeurs et lEtat. En

    gnral, cette analyse rvle le salariat comme mode demploi dominant. Cependant, dufait de lexistence dun excdent relatif doffre de travail par rapport la demande, les

    mcanismes dallocation de la force de travail, qui compose cet excdent, mettent en

    uvre des rapports sociaux de production dont le rapport salarial est loin de recouvrirlensemble [Martinet, 1991].Dans une logique d'analyse dualiste, la structure du march du travail est abordeaussi sous langle de larticulation de deux secteurs : le secteur formel et le secteurinformel. Cette dichotomie en deux secteurs est suppose saisir la complexit etlvolution des modes dutilisation du travail au sein de lconomie urbaine. Ainsi, depuis

    plus de trois dcennies, le fonctionnement du march du travail urbain ne peut plus tretudi sans tenir compte du secteur informel. On considre alors que le march dutravail englobe lensemble de la population active, dont il convient de tenir compte de

    lhtrognit et de la diversit des formes de production et des processus.

    On analysera le march du travail en considrant aussi l'ensemble de ces composantes, savoir le chmage, le secteur informel et l'emploi.

    A- Lanalyse du march du travail: structure, dsquilibre etcomportement de la population active

    Lanalyse du march du travail cherche saisir les mcanismes dallocation de la forcede travail entre les diffrentes formes dactivits. A partir des comportements demploi

    de quelques secteurs dactivits conomiques prsums moteurs, on cherche

    caractriser les mouvements dabsorption et de rejet de la force de travail, structurant lemarch du travail. Le March du travail marocain se caractrise la fois par des taux decroissance importants de la population active, notamment li l'entre massive desfemmes et par de forts taux de chmage, des jeunes et des diplms en particulier.

    1. Loffre de travail : une croissance exceptionnelle

    Loffre de travail est constitue par lensemble des personnes occupes et des personnes dgeactif la recherche demploi. Pour mieux comprendre la croissance de loffre du travail, ilconvient tout dabord de prsenter la population et les variables cls qui lui sont rattaches,essentiellement la population active, le phnomne durbanisation et lvolution du travail desfemmes.

    1.1 La notion de population active et de population inactive

    Lexistence dun important volume de main-duvre a toujours amen les auteurs classer lapopulation totale sans ambigut en "population inactive" ou "active".

    1.1.1 La composition de la population active

    La population active comprend toutes les personnes des deux sexes, ges de 15 64ans qui fournissent la main duvre disponible pour la production des biens et services

    pendant la priode de rfrence choisie par le recensement [Salahdine, 1992b]. Elle est

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    compose de la population active occupe, de la population active en chmage et de lapopulation active sous-employe.

    1.1.2 La population inactive

    Toute personne qui nest ni active occupe ni en chmage est considre comme

    inactive. Les personnes inactives sont classes selon la cause qui est l'origine de leurinactivit ("type d'inactivit"). On trouve dans cette catgorie, les coliers ou les

    tudiants, les femmes au foyer, les retraits, les rentiers, les infirmes ou malades, lesvieillards et autres inactifs.

    1.2 Une offre de travail en croissance forte

    Au Maroc, le nombre des demandeurs demploi sest mis augmenter de plus en plusrapidement. Loffre sur le march du travail s'accrot annuellement cause dune progressi onde la population active. Cette progression est accentue avec lentre massive des femmesdans la population active.

    Le dbat sur la problmatique de la population, nest pas un phnomne nouveau. Cest ausicle dernier que lon a vu fleurir les plus constructions intellectuelles. Dans les annessoixante et soixante-dix, les thses les plus pessimistes taient dfendues propos de leffetde lexplosion dmographique sur la situation conomique des pays en dveloppement, aveclide gnrale que laugmentation de la population absorbait toute progression de laproduction, et que le revenu par tte tait condamn stagner. Cette crainte avait dj tformule au XIXe sicle par John Stuart Mill et Malthus. Il fallait donc, selon une formulefrappante de Malthus accrotre la fertilit des sols et diminuer la fertilit des tres humains .

    Au Maroc, durant les annes 1960 1980, le changement dmographique avaitessentiellement t marqu par le progrs sanitaire et la baisse de la mortalit, notamment la

    mortalit infantile

    2

    , tandis que la fcondit tendait plutt augmenter sous le double effetdune amlioration des conditions de la grossesse et de laccouchement [Mghari, 1999]. Celaavait, au tournant des annes 1970-1980, conduit la croissance dmographique son

    paroxysme, avec un taux annuel daccroissement denviron 3%.

    Depuis le milieu des annes 1980, la population marocaine sest nettement engage dans

    la seconde phase de la transition dmographique, en accdant une matrise croissantede sa fcondit. Dans les annes soixante-dix, les femmes marocaines avaient enmoyenne 7 enfants. Trente ans plus tard, les progrs enregistrs sont importants (cf.figure 4.1). En lespace de trois dcennie (de 1970 2000), la fcondit a diminu de 7

    2,5 enfants par femme. Cette baisse peut s'expliquer par l'expansion de la scolarisationde la fille, l'lvation de l'ge du mariage (cf. tableau 4.1), la rvolution contraceptive

    (une femme sur 20 seulement utilisait la contraception la fin des annes soixante,contre 59% en 1998) [Direction de la Statistique, 1997/1998] et surtout la placequ'occupe l'enfant dans les aspirations des couples et la charge qu'il reprsente dansune socit de plus en plus urbaine et une conomie de plus en plus complexe.

    Tableau 4.1 : Age moyen au premier mariage selon le sexe et le milieu de rsidence

    1962 1982 1994 2000Urbain Hommes 24,4 28,5 31,2 32,2

    Femmes 17,5 23,8 26,9 28,5

    2Un recul significatif de la mortalit sest opr au Maroc depuis le dbut d es annes soixante avec un gain enesprance de vie de plus de 20 ans (47 ans en 1962 contre 70 ans en 1999) (Direction de la Statistique, Rapportannuel, 2000]. Simultanment la mortalit infantile baissait de 14900/00 en 1962 57,3

    0/00 en 1987-92, puis 36,60/00 en 1992-97. De mme la mortalit maternelle a baiss de plus dun tiers entre 1978 -84 et 1992-97passant respectivement de 359 228 dcs maternels pour 100 000 naissances (Mghari, 1999).

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    Rural Hommes 23,8 25,6 28,3 29,9Femmes 17,2 20,8 24,2 25,7

    Ensemble Hommes 24 27,2 30 31,9Femmes 17,5 22,3 25,8 27,4

    Source : compos par nos soins, partir des diffrentes donnes de la Direction de la Statistique

    Cependant, malgr le ralentissement rcent de la dmographie, la croissance dmographique

    reste toujours positive et linertie des classes dge passes continue de constituer unecontrainte qui tend devenir structurelle. Les effets bnfiques de ce renversement detendance rcent3pour le march du travail ne peuvent tre esprs qu plus long terme4.Cette explosion dmographique, qui saccompagne dune importante population jeune (unepersonne sur deux est ge de moins de 20 ans), se traduit par une trs forte progression de la

    population en ge de travailler, crant ainsi une forte pression sur lemploi.

    Figure 4.1 : Lvolution du taux global de fcondit au Maroc

    Source : wistat (Nations Unies) pour 1970-1995 ; Populations & socits Maghreb:la chute irrsistible de la fcondit n 359, juillet-Aot 2000

    1.3 Lexode rural et la perturbation du march du travail urbain

    Llment majeur, qui a caractris le Maroc au cours de ces dernires dcennies, fut sansconteste le phnomne de lexode rural et son impact important sur lurbanisation. En effet, la

    3Les prvisions du CERED (Centre d'tudes et de Recherches Dmographiques) prvoient une population de35 millions dhabitants en 2014, soit un rythme de croissance encore soutenu (+1,4%) au cours des neufprochaines annes, avec une estimation assez prudente de 2,4% pour la force de travail totale (rurale et urbaine)pour la priode 1996-2010 (Agnor et El Aynaoui, 2003).4Dans ce sens, (Mghari, 1999) estime que laccroissement dmographique devrait ralentir sensiblement, en sesituant autour de +0,5% par an jusquen 2060, ce qui correspond peu prs la mo yenne actuelle des paysdvelopps. Ces prvisions, selon lauteur, incitent le Maroc se tourner davantage vers la rsolution de

    problmes qualitatifs tels que l'amlioration des conditions de vie et lensemble des progrs quelle implique.

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    population urbaine est passe de 30% en 1960 57% en 2002, soit une multiplication par cinqen 42 ans (deux gnrations).Cependant, la division rurale- urbaine trs sensible leffet calendrier dans le contexte delajustement et de la scheresse, voqus dans le troisime chapitre de ce travail, a connu uneacclration sans prcdent. Cette masse humaine, installe dans les villes, a progressivementcontribu au profil du march du travail urbain au Maroc.Les annes 1980 marquent ce niveau un changement dcisif pour le Maroc, quienregistre une migration rurale massive due en partie la succession des scheresses

    de 1981 1985, en dpit dun chmage urbain croissant (9,8% en 1980 et 18,3% en1984).Le phnomne d'exode rural au Maroc trouve aussi en partie son explication dans ledsquilibre entre lvolution conomique et lvolution dmographique dans les campagnes. La croissance dmographique, les ingalits sociales dans les campagnes (2 ruraux sur 10 sontdes pauvres daprs lENNVM 1990/91), le caractre trs ingalitaire de la rpartition desterres au Maroc (cf. chapitre 3, 1), ltroitesse du march de travail rural et lattraction desvilles sont les principaux facteurs de lacclration de la mobilit rurale - ville.

    B- La demande de travail et les limites de la cration demploi

    1- Lvolution de lemploi

    Durant les dcennies 1960 et 1970, le secteur public a t le principal rgulateur de lemploi.Dans le secteur priv structur haute intensit capitalistique, la part de lemploi salari estreste limite. A partir des annes 80, le problme de lemploi est devenu proccupant enraison, principalement, des effets de la conjoncture difficile que le pays a travers (chocs

    ptroliers, scheresses, dette, fluctuations des taux dintrts et du cours du dollar, etc.) (cf.chapitre 3). La dcennie 1990 a connu, la suite de la mise en uvre du PAS, une rgressionsensible de lemploi public, sans quil y ait un relais dcisif du secteur priv. Ceci explique,en partie, l'augmentation du taux de chmage en milieu urbain en passant de 9,8% en 1980

    22% en 1999. A partir de la fin des annes 90, les enqutes emplois indiquent que les crationsdemplois relvent essentiellement de linitiative prive au sens large 5 . Le secteur privreprsente ainsi 88,2% du total de lemploi national en 1999 (76% en milieu urbain et 97,8% enmilieu rural). Il reste savoir quelles ralits se cachent sous ce taux trompeur ?Le secteur public quant lui, emploie essentiellement des citadins. Il occupe 21% delemploi total dans les villes contre seulement 1,9 % dans les campagnes en 1999. Enoutre, ce secteur, suite aux programmes d'ajustement structurel appliqus partir de1983, nest plus le principal pourvoyeur demploi des diplms des universits (cf.

    figure 4.6).Tableau 4.6 : Rpartition de l'emploi selon les secteurs (en milieu urbain)

    Secteurs demplois 1999 2000 2001 2002Secteur public 869 055 844 856 885 240 869 402

    21% 20% 20% 19%Secteur priv 3 160 854 3 270 273 3 400 548 3 605 301

    76% 77% 77% 79%Autres secteurs 139 937 137 116 132 815 106 983

    3% 3% 3% 2%Non dclars 4 610 2 539 479 1 036

    0,1 0,01% 0,01% 0,02%Total 4 174 456 4 254 784

    4 419 082 4 582 722100% 100% 100% 100%Source : Direction de la Statistique activit-emploi etchmage

    5 Y compris le secteur informel et les exploitations agricoles [Direction de la Statistique, 1999]

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    Les pourcentages dans les colonnes sont composs par nos soins partir, des diffrentes donnes de laDirection de la Statistique

    Figure 4.6 : Evolution des effectifs universitaires et des dbouchsprofessionnels dans le secteur public

    Source : Ministre de lenseignement suprieur et Direction de la Statistique

    2 L'volution du chmage

    Le rythme de cration demplois na pas permis un retournement de la courbe du chmage.

    En effet, la comparaison entre la population active et le nombre demplois disponible, faitapparatre que 1161762 personnes de 15 ans et plus sont inemployes en 1999, ce quireprsente un taux de chmage urbain de 22% de la population active contre seulement215471 chmeurs en 1971 (15,6%). Les ingalits daccs au march du travail sont plusparticulirement manifestes pour les jeunes (hommes ou femmes). Ceux-ci sont plusfrquemment contraints daccepter un emploi occasionnel et irrgulier, et leur taux dechmage est en gnral beaucoup plus lev que celui des adultes. Ainsi pour la tranche dge15-24 ans, le taux de chmage est pass de 27,6% en 1985 34,2% en 2002 contre seulement15,4% en 1999 et 12% en 2002 pour la population de 35 ans et plus. Ainsi, on constatera quela demande narrivait pas rpondre loffre de travail et lcart sest progressivement creuspour atteindre plus de 1,2 million de chmeurs en 2003, compte non tenu du sous-emploi (cf.

    figure 4.9).Ces taux ne fournissent en fait que des valeurs moyennes qui restent en de des ralits,encore que dans les espaces urbains des pays en dveloppement, le chmage demeure difficile dfinir. Le phnomne, comme le fait soulign Laoudi [2001], nest apprhend que parrapport la demande demploi effective, autrement les personnes qui se dclarent larecherche dun emploi. Toutefois, la ralit tmoigne de l'existence d'autres catgories plusdifficiles apprhender.

    La fluctuation des investissements (cf. tableau 4.8), le cot lev de cration d'emplois, et lespolitiques d'employabilit des entreprises marocaines sont autant de facteurs qui expliquent lechmage. Il sagit ainsi plus dun problme de la demande (donc de stratgies d'embauche desemployeurs) que dun problme d'offre de travail [Lahlou, 2002].

    Dans le cadre des mesures de compression des cots et des efforts de comptitivit,certaines entreprises fonctionnent avec() un nombre croissant de travailleurs "nonconventionnels" ou "atypiques" dans diffrents lieux de travail parpills sur divers sites

    Effetdu

    PAS

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    (...) Ces mesures comprennent souvent des mcanismes dexternalisation ou de sous -

    traitance ainsi que des relations demploi informelles. [BIT, 2002].

    3 Linadaptation relative des systmes dducation- formation lemploi

    Toute politique active de l'emploi dpend troitement de son articulation avec lesystme de l'ducation et de formation. Celle-ci est un enjeu fondamental tant sur le planconomique que socio-politique, en raison, de la pression dmographique et de la

    tendance vers la libralisation dans le cadre de la nouvelle organisation mondiale ducommerce et de l'Accord d'Association avec l'Union Europenne.

    Certains lments interviennent et complexifient la relation ducation- emploi. En ce sens,bien quil soit difficile de le prouver, des signes tendent montrer que les jeunes diplmsparmi les chmeurs (surtout de longue dure) ont des diplmes sous-valoriss ou mal connusdu milieu professionnel.Ce constat, peut tre attribu linadquation du march de lemploi avec le s ystmedducation. Ainsi 11,4% des chmeurs ont un niveau denseignement suprieur [Direction dela Statistique, 2002b]. Cette situation peut tre lie, comme nous l'avons signal plus haut,aux contraintes dembauche dans la fonction publique, aux politiques d'emploi des entreprises

    prives ainsi qu' lessor encore trs faible de lauto-emploi au Maroc.

    Ladquation entre formation et emploi suppose la prise en considration dun aspectimportant auparavant nglig : la qualit de lemploi. Ainsi, on a souvent reproch lcolede ne pas rpondre aux demandes de qualification du march du travail, sans toujourss'interroger sur la nature et la qualit des emplois offerts par ce mme march.Par la suite, l'analyse du fonctionnement du march du travail va remettre en cause lasimplicit des hypothses traditionnelles en faveur de la formation, et en particulier le rle desdiplmes. Ceux-ci sont porteurs dinformation sur certaines qualits des individus mais pasforcment sur leur aptitude et leur efficacit dans le travail, qui dpend de bien dautresfacteurs.De nouveaux lments interviennent qui complexifient la relation ducation-croissance-emploi. On note un largissement du domaine de l'conomie de la connaissance [Foray,2000] au niveau de l'ventail des processus pris en compte mais aussi de la nature desconnaissances, prsent tendues aux pratiques et aux aspects tacites au traversnotamment de la notion de comptence. Il apparat ainsi que l'accumulation desconnaissances ne rsulte plus seulement du systme ducatif, ce dernier devant treconsidr comme un lment d'un ensemble plus vaste mettant en interdpendance denombreux domaines contribuant l'accumulation des connaissances [Thiebaut, 2001].Ltude des facteurs dterminants des conditions daccs au premier emploi pour les

    diplms permettrait de prciser lanalyse. En effet, Lecoutre et al. [1998], dans une

    tude portant sur les laurats des formations professionnelles de troisime cycle, ontmontr, pour la France, limportance du "poids du stage" et de "lge des candidats".

    () le diplme propre chaque formation, mesur par son effet de rputation, napparatpas globalement comme critre discriminant dans la dure daccs lemploi () Les deux

    seules variables rellement discriminantes vis--vis de la dure daccs lemploi ("accs

    par le stage", variable la plus importante, et "ge des candidats"), peuvent tre lune

    comme lautre interprtes aussi bien en terme de capital humain que de capital social[Ibid].Dans le cas du Maroc et daprs lenqute "Population active urbaine" de 1993, le taux dechmage en fonction du type de diplme montre que 1,5% des diplms des colessuprieures prives sont au chmage contre 30,3% des diplms de lenseignement

    suprieur universitaire. Il semble donc que les comptences des sortants des colesprives soient plus recherches que celles des diplms du secteur public.Une rcente tude (2002), portant sur le devenir de 400 diplms de la facult Hassan IIAin Chock de Casablanca [Lenoir, 2003] confirme ces rsultas. Elle montre que lesemployeurs la recherche dune main duvre diplme prfrent embaucher des

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    jeunes issus des coles suprieurs prives (ISCAE et EMC) et ayant acquis une exprience

    professionnelle au cours de leur cursus, qui sintgrent et sont plus rapidement

    oprationnels dans lentreprise [Ibid]. La rputation des tablissements joue un rledcisif. Elle a des consquences majeures sur le march du travail, en particulier auniveau local. Cette rputation implique un taux dattractivit plus ou moins fort selon la

    localisation gographique et un taux dinsertion professionnel plus ou moins lev selon la

    spcialit de la formation, la qualit des enseignements dispenss et les relations avec le

    monde de lentreprise [Ibid]. Les rsultats de cette tude confirment limportance des

    stages pour linsertion professionnelle. () lorsque la dure totale de ces stages estsuprieure six moins, la probabilit dinsertion passe de 60% 64% [Ibid].Enfin, les analyses rcentes montrent que la contribution des systmes ducatifs lacroissance est en partie fonction de leur environnement social et institutionnel, notamment ducapital social des communauts, qui participe au capital humain [OCDE, 2001 ; PNUD, 2002]renforant le constat de complexit accrue des systmes.

    4. Lemployabilit et les lments dterminants de l'accs lemploi : capital humain ou capital social ?

    L'impact des formations est en partie dtermin par des lments du contexte culturel (au sensde Bourdieu) et social, qui sont des ressources acquises par l'apprentissage dans le cadrefamilial et grce aux liens sociaux, notamment par l'appartenance des rseaux. L'ensemblede ces lments joue sur les comptences des individus et par l sur leur employabilit 6.Inversement le niveau de formation intervient la fois directement sur le niveau de bien tre,par exemple par un effet sur la sant, et indirectement dans l'aptitude des individus s'insrerdans les rseaux. Plus gnralement, il favorise l'aptitude des individus la coopration et laparticipation sociale, au travers de ce que Bynner et al. [2001, cit par OCDE, 2001] appellentles comptences sociales des individus, qui recouvrent des capacits d'organisation et desqualits de tolrance et ouverture qui favorisent l'implication dans la vie civique [OCDE,

    2001].4.1 Le poids des rseaux dans laccs lemploi

    Ltude des processus de fonctionnement du march du travail ne doit plus se focaliserseulement sur lanalyse du capital humain, mais prendre aussi en compte limportance desrseaux sociaux dans laccs lemploi, et plus gnralement le rle du capital social dans lefonctionnement du march du travail. Dans le cas du Maroc, il apparat que ce sont nonseulement les capacits individuelles des acteurs mais aussi et surtout leur intgration dansdes rseaux familiaux et des relations personnelles, qui constituent des facteurs dterminantdes modalits de recrutement de la main duvre [Direction de la Statistique, 2000 a].

    Dun point de vue dynamique, lexception de lanne 1991 qui tmoigne dunesubstitution exceptionnelle entre les contacts directs et les annonces et les demandescrites, ltude de lvolution des pratiques lchelle de lensemble de la populationactive (cf. figure 4.10) fait apparatre l'importance des contacts directs conjointement :

    6L'employabilit selon le BIT (2000) repose sur les "connaissances, les qualifications, les attitudes" delindividu et cela trois niveaux :- les atouts de base, tels que les comptences de base et les qualits personnelles essentielles (fiabilit,intgrit) ;- les atouts secondaires, notamment les comptences propres la profession ( tous les niveaux), les

    comptences gnriques ou essentielles (comme la communication et la rsolution des problmes), et lesattributs personnels essentiels (la motivation, et l'initiative) ;- les atouts suprieurs, qui regroupent les comptences qui contribuent la performance organisationnelle(tels le travail en quipe et l'autonomie).Ces trois paliers constituent une sorte de pyramide de l'employabilit de l'individu (Charmes et Musette,2002).

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    - un faible recours des institutions officielles telles que les "Bureaux deplacement et les CIOPE" qui ne jouent donc pas le rle dintermdiation qui l eurest dvolu ;

    - une tendance la rgression du rle des mdias au niveau des annonces et desdemandes crites au profit dune progression du rle des amis et de l'entourage,

    attestant ainsi du renforcement du rle du capital social.

    Figure 4.10 : Evolution des pratiques daccs lemploi

    lchelle de lensemble de la population active urbaine (en %)

    Source : daprs les donnes de la Direction de la Statistique

    Ainsi dans un contexte de pnurie des emplois, le recours la solidarit familiale et auxamis (liens forts) ainsi que lutilisation des relations professionnelles (liens faibles)

    constituent un moyen d'accs au march du travail.

    Cette importance du rle des rseaux et du capital social peut aussi tre montre pour lapopulation des jeunes diplms comme en tmoigne la synthse suivante des quelquestudes spcifiques aux pratiques existantes pour les diplms du suprieur (cf. tableau4.13).Une premire tude mene en 1990 auprs de 300 diplms sortis 5 ans plutt de lUniversitSidi Mohammed Ben Abdellah de Fs, rvle que les relations personnelles et familiales ontt mobilises par un diplm sur cinq [Abdoud, 1994].Une seconde tude conduite auprs de 4000 tudiants des Universits de Rabat et deFs, ayant obtenu leur diplme en 1992 et en 1996, confirme l'importance du rseausocial7 [Montmarquette etal., 1996]. En effet, 32% dentre eux ont mobilis ces rseauxdans la recherche demploi, en faisant appel soit leur proches (17%), soit leur

    tablissement de dorigine (15%). Seuls 9% de ces tudiants recourent des stratgiesformelles (demandes crites, rponse des offres demploi, etc.).

    Enfin ltude, portant sur le devenir des diplms de la facult Hassan II Ain Chock de

    Casablanca en 2002 [Lenoir, 2003] montre que les mmes diplmes offrent desperspectives demploi diffrentes et conduisent des parcours plus ou moins

    valorisants.

    Tableau 4.13 : Synthse des tudes menes au Maroc concernantles modes daccs lemploi pour les jeunes diplms

    Date de ltude 1990 1992 et 1996 2002

    Nombre 300 4000 400

    7Le rseau social est dfini ici de manire traditionnelle, comme lensemble des liens sociaux connectant desindividus entre eux et par lesquels circule de linformation prive (Granovetter, 1973). La mobilisation de cesrelations pour trouver un emploi peut tre assimile un capital social dont le rendement peut tre suprieur aucapital humain (Coleman, 1990).

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    denqutsEtablissementdorigine

    Universit Sidi MohammedBen Abdellah de Fs

    Universits de Rabat et de Fs Facult Hassan II Ain Chockde Casablanca

    Poids des rseauxfamiliaux dans larecherchedemploi

    20% des tudiants 17% des tudiants(et 15% ont utilis les rseaux

    de ltablissement)

    Rsultats diffrents selonles rputations des

    formations

    Source Abdoud, 1994 Montmarquette, Mourji et

    Garni, 1996

    Lenoir, 2003

    4.2 Le capital social versus capital humain dans la recherche demploi

    La prise en compte des facteurs relevant du capital social conjointement au capital humainconduit une matrice double entre, permettant de distinguer quatre cas dassociation selonlimportance respective de ces deux facteurs (cf. tableau 4.14).

    Tableau 4.14 : Grille danalyse des conditions daccs lemploi en fonction des niveaux

    de capital humain et social

    capital humain fort capital humain faible

    capital

    social

    fort

    Importants atouts pour laccs lemploi qui sont fonction de : la densit des liens (liens

    forts et liens faibles)[Granovetter, 1973] ;

    louverture ou de "fermeture"des rseaux [Coleman, 1990] ;

    les comptences delindividu ; les diplmesobtenus

    (1)

    Laccs lemploi dpend de : limportance des rseaux et de

    leur intensit (liens forts etliens faibles) [Granovertter,1973] ;

    la nature des liens "bonding","bridging" ou "linking" [Banque

    mondiale, 2000 ; Charmes,2003b].

    (2)

    capital

    socialfaible

    Laccs lemploi dpend de : la qualit du diplme ; lexprience professionnelle

    telle que les stages[Lecoutre etal., 1998] ;

    la nature des connaissances[Foray, 2000] ;

    les comptences delindividu

    (3)

    Importantes contraintes pour laccs lemploi, conduisant : crer une activit indpendante

    en mobilisant les ressourcesncessaire (moyens propre,tontines, emprunts, micro-crdit) ;

    accepter les emplois les plusvulnrables ;

    immigrer (officiellement ouclandestinement) ;

    rester au chmage.(4)

    La situation la plus favorable (catgorie n 1) correspond lassociation la fois duncapital humain et social forts. Le nombre dannes de scolarit (et par l le diplme) est,

    de manire gnrale, llment le plus important des diverses variables dterminant le

    capital humain. Or, il est galement vrai que les rseaux contribuent fortement

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    laugmenter. Selon Bourdieu [1979], le volume de capital social que possde un individu

    dpend de ltendue du rseau des liaisons quil peut mobiliser de faon effective ainsi

    que du volume du capital conomique, culturel ou symbolique possd en propre parchacun de ceux auxquels il est li. Donc le succs de la recherche demploi dune

    personne bien instruite dpend aussi de limportance et de la diversit des personnes

    avec lesquelles elle a des contacts. Il sagit plutt des liens de type "bridging ou linking"comme en tmoigne limportance des liens faibles montre par Granovetter [1973].

    Ainsi les liens daccointance sont plus importants que les liens dattachement pour les

    personnes qui cherchent un emploi [OCDE, 2001]. Dans le cas de la recherche dunemploi, ces liens sont en fait plus utiles que les relations troites (liens forts ou"bonding") que lon peut avoir avec des parents ou des amis intimes.

    Les quelques tudes disponibles pour le Maroc [Lenoir, 2003 ; Agnor et El Aynaoui,2003 ; Direction de la Statistique 2003 ;Direction de l'emploi 1999 ; Montmarquette etal., 1996] mettent en vidence une influence positive des relations personnelles pourlobtention dun emploi.Dans le contexte marocain de rglementation8trs stricte de lembauche et deslicenciementslimportance accorde aux relations personnelles peut aussi tre une faonpar laquelle les employeurs minimisent, travers le maximum dinformation sur le

    candidat, les risques associs lembauche [Agnor et El Aynaoui, 2003]. Pour lesemployeurs, les contacts personnels jouent ainsi un rle dassurance contre les risques

    lis lembauche que lon peut rapprocher du rle du capital social dans les rseauxcommerciaux o il intervient aussi frquemment comme procdure dassurance vis vis

    des risques dinsolvabilit.

    Lorsque un capital social fort est associ un capital humain faible (catgorie n 2), ce qui estgnralement le cas pour les activits informelles, laccs lemploi dpend essentiellementde limportance des rseaux et de leur intensit (liens forts ou liens faibles) [Granovetter,1973], de la participation ces rseaux [Charmes, 2003b] et de la nature des liens "bonding",

    "bridging" ou "linking" [Banque mondiale, 2000]. Or, les externalits positives attendus deces rseaux sont souvent lies la diversit des liens -alors dit liens faibles au sens deGranovetter [1973]-, ce qui suppose un degr douverture qui nexiste pas forcment dans lesecteur informel o les rseaux organiss autour dimpratifs de solidarit relvent plutt deliens dits forts ("bonding") (cf. chapitre 6), lesquels savrent ferms notamment par rapport la circulation de linformation [OCDE, 2001].

    Le cas des individus dont les rseaux sociaux sont ferms, au sens de Coleman [1990], et dontle capital humain est important (catgorie n 3), correspond principalement la situation des

    jeunes diplms. Si limportance de leur capital humain se conjugue avec un diplme dequalit, une bonne adaptation de leur comptences et plus gnralement de la nature des

    connaissances [Foray, 2000], lexistence dune premire exprience professionnelle acquiseau travers des stages [Lecoutre et al., 1998], alors les difficults que rencontrent ces jeunesdiplms au niveau de laccs lemploi peuvent sexpliquer par la carence de leur capitalsocial.

    Enfin le cas extrme o les individus sont tout la fois dpourvus de capital social et decapital humain (catgorie n 4), recouvre des situations o ils ont une probabilit trs faibledaccder lemploi. Pour survivre, ils sont alors souvent obligs daccepter les emplois lesplus vulnrables. Ils peuvent aussi crer leur propre activit, mais la contrainte alors, est

    8 Le Maroc dispose dune rglementation du march du travail restrictive lgard des procdures delicenciement dans le secteur priv. Par exemple, le licenciement des individus pour motif conomique estprohib. De mme, la rduction deffectif pour raisons conomiques est pralablement soumise lapprobation des autorits locales. Un employeur ne peut librement licencier un employ que pour des

    raisons disciplinaires. Dans ce cas, la loi octroie au licenci un droit dappel devant un tribunal, mais la

    longueur et la complexit des procdures font que les entreprises prfrent en gnral des arrangementscoteux avec les licencis.

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    reporte au niveau de laccs au financement car ils doivent en effet pouvoir mobiliser lesmoyens et les ressources ncessaires cette activit. En labsence de ressources propres, cesmoyens dpendent de laccs aux tontines ou des emprunts auprs de fa milles ou amis quincessitent un minimum de capital social, mais plutt alors de type " bonding". L'immigration(gnralement clandestine) constitue galement une issue, mais ce moyen dpend aussi de lapossibilit (surtout financire) d'accder aux rseaux des personnes qui facilitentl'immigration clandestine.

    Le secteur informel

    Plusieurs types de dfinitions (multicritres, fonctionnelles, opratoires ou empiriques) ont tdonns du secteur informel qui peut tre rattaches aux intrts des chercheurs ou des colesde pense bien identifies. Lorsquon essaie de dfinir le secteur informel, on se trouvedevant deux possibilits danalyse : la petite taille ou le non- respect de la loi.La petite taille(premier critre), pose un problme car il existe des units petite chelle quifont parties du secteur formel (comme par exemple les professions librales telles quemdecin, avocat, etc.). Pour le non -respect de la loi (deuxime critre), il faut distinguer les

    activits licites menes hors du cadre rglementaire et les activits illicites. Dautre part, ilconvient de prciser de quelle loi on parle (lois concernant le paiement dimpt, rgime descurit sociale, la rglementation des conditions du travail, lhygine et la scurit). Leconcept "secteur informel" porte habituellement sur des activits conomiques licites maisnon enregistres. Ainsi, la majorit de ceux qui travaillent dans le secteur informel, mmesils ne sont pas enregistrs ni rglements, produisent des biens et des servic es parfaitementlgaux.Depuis quelques annes, le Maroc sest dot dun systme dinvestigation et dinformationstatistique sur le secteur informel qui permet une meilleure prise en compte de la contributionde ce secteur la richesse nationale et la cration demplois.

    1-Diversit et difficults de dfinition du secteur informelPlusieurs types de dfinitions (multicritres, fonctionnelles, opratoires ou empiriques) ont tdonns du secteur informel qui peut tre rattaches aux intrts des chercheurs ou des colesde pense bien identifies. Une tude du BIT a dnombr plus de 50 dfinitions dans 75 pays[cit par Komenan, 1995, p. 26].

    Au regard de la multiplicit des critres et des dfinitions, l'analyse opratoire du secteurinformel urbain se trouve confronte aux questions suivantes : quel(s) sont les critre(s) slectionner et qui puissent servir comme une dmarcation entre l'informel et le formel : lataille de l'activit, le statut de la main duvre, le respect de la loi, la tenue de l acomptabilit ? Quelles sont les sources d'information pertinentes ?

    1-1 Les dfinitions multicritres et les dfinitions fonctionnellesLa plus connue des dfinitions multicritres est celle propose par le rapport du BIT surle Kenya [OIT, 1972]. Ce travail, est base sur les caractristiques des units deproduction. Il y a un dcoupage en deux secteurs qui sopposent. La discussion centrale

    du secteur informel se dplace ainsi vers la question des types de relation entre secteurformel et secteur informel.

    Ainsi, ce rapport, qui va constituer la base de nombreux de travaux sur la question, vientrenforcer la vision dualiste dans la mesure o il prsente une dfinition du secteurinformel base sur un ensemble de caractristiques qui dune manire gnralesopposent celles qui concernent le "secteur formel" en divisant ainsi les "deux

    mondes" :()secteur informel:

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    - facilits daccs aux activits ;- recours aux ressources locales ;- proprits familiales des entreprises ;- chelle restreinte des oprations ;- usage de techniques forte intensit de mainduvre;- qualifications acquises en dehors du systme officiel de formation ;- marchs concurrentiels et sans rglementation.

    Secteur formel:

    - difficult daccs lactivit ;- utilisation de ressources non locales ;- proprit corporative de lentreprise ;- large chelle dactivit ;- usage de technique "capital-intensif" et de technologies souvent importes ;- qualifications formellement acquises et- marchs protgs ( travers des tarifs, des quotas et des licences commerciales).

    [OIT, 1972].Dautres auteurs comme Fields [1990] privilgient surtout les aspects relatifs lemploi.

    Cette multiplicit de critres apparat galement dans la diversit des appellationsproposes qui ne renvoient pas ncessairement aux mmes aspects. On ne dnombrepas moins de vingt-sept acceptions (voir encadr ci-dessous).

    Encadr 1.1 :Relev non exhaustif des termes employs pour dsigner les activitschappant aux normes lgales et statistiques

    Economie non officielle Economie non enregistreEconomie non dclare Economie non observeEconomie dissimule Economie cacheEconomie submerge Economie sous-marineEconomie clandestine Economie souterraine

    Economie parallle Economie secondaireEconomie alternative Economie dualeEconomie autonome Economie occulteEconomie grise Economie noireEconomie marginale Economie irrgulireContre conomie Economie priphriqueEconomie invisible Economie informelleEconomie illgale Economie de lombre

    Source : partir de J.C.Willard [1989] lconomie souterraine dans les comptes nationaux , Economie etstatistique, n 226, INSEE, Paris, nov.Le terme d"conomi