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INSTITUT AFRICAIN DE GESTION URBAINE (IAGU) PROFIL ENVIRONNEMENTAL DE LA VILLE DE LOUGA Centre des Nations Unies pour les Etablissements Humains (CNUEH) Janvier 2002

PROFIL ENVIRONNEMENTAL DE LA VILLE DE LOUGAmirror.unhabitat.org/downloads/docs/2873_2434_lougaprofil.pdf · engendre les précipitations et intéresse la ville de Juillet à Octobre

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INSTITUT AFRICAIN DE GESTION URBAINE (IAGU)

PROFIL ENVIRONNEMENTAL DE LA VILLE DE LOUGA

Centre des Nations Unies pour les Etablissements Humains (CNUEH)

Janvier 2002

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SIGLES & ABREVIATIONS ADEREL Association pour le Développement de la Région de Louga AGETIP Agence d'Exécution des Travaux d'Intérêt Public ASC Association Sportive et Culturelle CILSS Comité Inter Etats de Lutte contre la Sécheresse au Sahel CNUEH Centre des Nations Unies pour les Etablissements Humains CONGAD Conseil des Organisations Non Gouvernementales d'Appui au Développement DPV Direction de la Protection des Végétaux FAFS Fédération des Associations Féminines du Sénégal FED Fonds Européen pour le Développement GIE Groupement d'Intérêt Economique GPF Groupement de Promotion Féminine IB Initiative de Bamako IEC Information - Education - Communication IPIE Programmation des Infrastructures et des Equipements IREF Inspection Régionale des Eaux et Forêts ISRA Institut Sénégalais de Recherches Agricoles MARP Méthode Active de Recherche et de Planification Participatives MEPN Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature MST Maladies Sexuellement Transmissibles PAM Programme Alimentaire Mondial PDRH Programme de Développement des Ressources Humaines PNLS Programme National de Lutte contre le SIDA

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Introduction exécutive La ville de Louga est située dans le département et la région dont elle assure le portage du nom. C’est une capitale régionale située à 30 km de la côte atlantique et à 200 km de Dakar. Le climat est de type sahélien avec des faibles précipitations de l’ordre de 328 mm. Les sources d’eaux souterraines sont nombreuses et leur qualité chimique révèle une richesse en minéraux. Louga s’offre dans la géographie humaine du Sénégal comme un grand foyer d’émigration masculine. Elle comptait 13 200 habitants en 1955, 17 600 en 1965, 38 400 en 1976, 53 500 en 1988, 84 000 en 2000 et comptera 100 000 en 2005. Le taux de croissance urbaine est à mettre à l’actif de deux (2) facteurs principaux. Le premier se rattache à la création de Louga comme ville d’abord et comme capitale régionale ensuite et le second se rapporte à l’exode rural subséquent à la perforation des conditions climatiques. Les conséquences spatiales retiennent une grande attention de l’appareil communal, mais les possibilités s’annoncent réduites. En effet, les limites communales définies depuis 1954 enserrent une superficie de 1800 hectares, alors que les extensions de la ville portent sur 3035 hectares. Le basculement vers le Sud du bassin de l’arachide a pour conséquence une désaffection de la zone au point de plonger dans un réel marasme des entités urbaines comme Louga, qui est aussi un grand foyer d’émigration essentiellement masculine aux retombées desquelles les pressions foncières et réalisations immobilières s’avèrent plus significatives. Les transferts unilatéraux épousent les modalités d’une agression monétaire sur le foncier. Les sollicitations foncières paraissent ambivalentes tant elles expriment le support d’un capital localisé ou la destination d’une accumulation sécuritaire. Le mode de gestion du foncier urbain n’a pas encore intégré, à l’instar des autres villes du Sénégal, des innovations juridiques tendant à la sécurisation des droits de jouissance et non de l’entièreté des droits de propriété. La dotation en unités industrielles est faible avec seulement trois (3) usines au plan régional, toutes situées au sein du périmètre communal de Louga. Les activités artisanales sont par contre en pleine expansion. Le secteur du transport et des télécommunications joue un rôle phare dans l’ouverture de la commune au monde extérieur et dans l’économie locale. L’insuffisance du reboisement et la faiblesse du réseau électrique constitue de plus en plus une menace pour l’approvisionnement en énergie de la commune. Cela justifie la constante recherche d’alternatives vers les combustibles ligneux et techniques à faible coût limitant le gaspillage. La gestion des déchets solides bute sur la contre-performance du système de collecte et d’évacuation et l’absence d’une plate-forme institutionnelle partagée assumée par la commune en dépit de réponses communautaires parfois efficaces du point de l’amélioration et de l’aménagement du cadre de vie. L’absence de système d’égout, pour la plupart des quartiers à la croissance rapide et le non-raccordement de concessions de certains quartiers dotés, posent avec acuité le problème de l’évacuation des eaux usées domestiques et des matières fécales. Si l’agriculture urbaine apparaît comme un secteur lourdement handicapé par le manque d’eau, l’élevage s’offre comme une activité majeure qui est en décroissance depuis ces dernières années du fait de la désertification.

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La ville de Louga est confrontée à différents problèmes environnementaux qui incluent l’eau, les ressources végétales, l’écosystème urbain, la qualité de l’air, les sols lesquels déclinent plusieurs risques dont ceux sanitaires, écologiques, etc. Les modes opératoires d’interaction avec les différents acteurs de l’environnement souffrent d’efficience de fonctionnalité, de complémentarité et de durabilité. Les initiatives sont ponctuelles et ne restent pas inscrites dans une stratégie globale partagée de développement local. Il faut quand même souligner des efforts énormes de concertation et de coordination intersectorielle fait par la commune ces dernières années, notamment dans ces tentatives de regrouper des acteurs qui ont des intérêts et des agendas différents autour de centres d’intérêt. Globalement, Louga répond à la crise du monde rural dans le contexte du développement économique et social du Sénégal. Le dépérissement du bassin arachidier traditionnel a mis sur les routes de l’exode des hommes, mais surtout les artisans les plus doués de la ville et ses environs en Europe, aux Etats-Unis au point que les transferts unilatéraux modèlent le bâti, insufflent à la production d’un dynamisme et d’une modernité technologique qui incitent toujours au départ. Cependant, ces traces n’ont pas enrayé la pauvreté urbaine. Louga souffre aussi de la mobilité légendaire de ses jeunes et adultes, ce qui expose davantage ceux-ci et aux femmes restées au pays dans l’attente de leurs conjoints et partenaires, aux maladies sexuellement transmissibles et au SIDA. L’articulation de la ville autour des activités rurales et la mise en relation avec les autres villes constituent les éléments d’un balancement entre une ruralisation de l’espace urbain ou la régression de la civilisation de voisinage/riveraineté ou l’inadaptation de la culture urbaine.

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Chapitre 1

LOUGA : LA VILLE, LE TEMPS ET LES HOMMES I. Louga : de la ruralité à la découverte de l’urbain Jadis, placée sous domination tiedo, Louga a connu un essor fulgurant à partir de 1883, avec l'édification d'un fort militaire par les autorités coloniales françaises. Très vite, elle devient la plaque tournante du Ndiambour grâce à l'existence d'un grand marché de bétail, appelé Marbath. C'est à partir de 1905, date de son érection en commune mixte, que cette ville va connaître une croissance substantielle de sa population.

1.1 Du temps qu’il fait, la nature et la position de Louga

1.1.1 A 200 km de Dakar La Ville de Louga est située dans le département et la région dont elle porte le nom. Elle se situe à 200 kilomètres au nord de Dakar, à 30 kilomètres de la côte ouest (Potou), à 70 kilomètres au sud de Saint-Louis et à l’embranchement de la route qui conduit à l’est vers Linguère et jusqu'à Matam sur le fleuve Sénégal. Cette position de carrefour, qui se trouvait renforcée par le réseau de transport ferroviaire lui a valu d’être pendant longtemps une zone d’échanges entre ces différentes régions. Les traits géographiques du site où est implantée la ville ne présentent ni originalité ni diversité. La ville s’étend sur une vaste plaine sableuse très faiblement accidentée dont l’altitude varie entre 30 et 40 mètres.

1.1.2 Une ville à la conquête de la campagne Les réformes administratives qui se sont succédées depuis la période coloniale ont fait passer la ville de Louga des statuts de chef-lieu de province, de cercle, de commune mixte au statut de commune. Le périmètre communal actuel qui couvre une superficie de 1800 hectares a été défini par arrêté n°7840 du 2 novembre 1954. Il s’est considérablement élargi suite aux nombreux lotissements consécutifs aux installations massives des populations. Les extensions urbaines ont franchi la limite du territoire communal entraînant un empiétement sur les terroirs des villages environnants. Aujourd’hui, le périmètre communal projeté s’étend sur une superficie d’environ 3035,25 hectares, soit une extension de 75%. Louga commune est divisée en douze (12) quartiers dont onze (11) administratifs auxquels il faut rajouter <Grand Louga> qui constitue une entité distincte.

1.1.3 Un climat sahélien à résonance continentale Le climat de type sahélien continental est caractérisé par la présence de deux (2) saisons, une saison des pluies, de juillet à septembre et une saison sèche d’octobre à juin.

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1.1.4 Une distribution erratique des pluies Du point de vue pluviométrique, la ville de Louga est très peu pluvieuse. Les pluies, très peu importantes, dépassent très rarement, depuis une décennie, 300 mm de hauteur d’eau par an. La pluviométrie se signale par une tendance à la baisse par rapport à la normale 1961-1990 qui est de 328,7 mm. La période hivernale dure trois à quatre mois. Mais les mois les plus pluvieux sont celui d’août et septembre qui reçoivent les hauteurs d’eau de pluies les plus élevées, soit 70 à 80 %, des précipitations annuelles. La distribution des pluies varie de façon très erratique d’une saison à une autre. Tableau 1 : Précipitations moyennes mensuelles en mm station de Louga : 1986 1993

Mois J F M A M J J A S O N D Pluie (mm)

0,51

2,59

---

---

---

9,25

55,5

127,4

3

111,5

7

24,96

0,4

0,06

Source : Mémoire de DEA de Samira EL FAID, 1996

1.1.5 D’une forte température à une insolation variable Les températures restent élevées pendant la majeure partie de l’année. Les périodes les plus chaudes correspondent généralement aux mois de Mai et d’Octobre. Les températures minimales se situent en moyenne entre 22,5°C et 28°C et les températures maximales entre 31°C et 37°C.

La variation de l’insolation est surtout fonction des périodes de l’année. Les mois d’Avril et de Mai connaissent une durée moyenne d’insolation plus grande de l’ordre de 8,4 à 8,6 alors que les mois de Janvier et Février enregistrent des valeurs plus faibles passant de 7,6 à 7,2 dixièmes d’heure. Tableau 2 : Températures moyennes mensuelles station de Louga (1986-1993)

Mois J F M A M J J A S O N D T°C 23,91 25,87 27,56 28,32 29,03 29,13 29,06 29,18 29,36 29,97 27,77 25,28

Source : Mémoire de DEA de Samira EL FAID, 1996

1.1.6 Des vents qui soufflent sur la ville Les principaux vents qui soufflent sur la ville sont :

• les alizés maritimes : ils apportent fraîcheur et humidité, ces alizés sont issus de l’anticyclone des Açores. Ils soufflent d’octobre à juin, mais leur influence se fait moins sentir dans la ville.

• l’harmattan : vent chaud et sec, il est plus actif de Janvier à Mai. L’harmattan constitue le vent dominant dans la zone, il est de secteur Ouest. L'harmattan transporte la poussière, occasionne parfois de véritable tempête de sable, l'érosion éolienne et des pertes d’eau par évaporation.

• la mousson : issue de l’anticyclone Sainte-Hélène, elle est de direction sud-ouest, engendre les précipitations et intéresse la ville de Juillet à Octobre.

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Tableau 3 : Vitesses et directions des vents (en moyenne mensuelle) de Louga (1981-1996)

Mois J F M A M J J A S O N D

Direction E N N N N NW W W W N E E Vitesse

m/s

4,5

4,3

3,7

3,8

3,2

3,7

3,5

3,2

2,9

3

3,7

4,4 Source : Mémoire de Maîtrise de Papa Oumar Diallo, 1996

1.1.7 La ville, l’eau, le tapis végétal et les sols L’hydrologie de la ville est caractérisée par l’absence d’écoulement de surface. La ville renferme plusieurs nappes de profondeur et de qualité variable. Le potentiel aquifère s’établit ainsi : • la nappe du maestrichien : elle se situe entre 100 et 450 mètres de profondeur. Le

maestrichien constitue une réserve d’eau importante, elle referme une eau en quantité suffisante. Les études chimiques faites au niveau des différents relevés piézométriques montrent la présence de minéralisations importantes.

• les aquifères du tertiaire comprenant les formations calcaires du Paléocène et de l’Eocène. Leur profondeur diminue d’Ouest en Est.

• le continental terminal : il est caractérisé par la faiblesse de sa profondeur et de son débit relativement correct. Cette nappe est la plus exploitée en raison de ses nombreux avantages.

La végétation a subi d’une part les contrecoups des années de sécheresse et d’autre part une surexploitation humaine. Cette végétation est liée aux types de sols rencontrés dans le milieu. Trois (3) strates la composent : • la strate herbacée : elle est essentiellement dominée par les graminées à cycle court telles

que le cenchrus biflorus, l’andropogon goyanus, le zornia flochidiata, le schoenofeldia gracilis

• la strate arbustive : elle est composée de combretacae, d'euphorbia balsamifera, de calotropis procera et de guiera senegalensis

• la strate arborée : cette strate est à dominante d’acacia (acacia albida, acacia radiana), khaya senegalensis et de balanites aegyptiaca.

Trois grands types de sols couvrent l’espace régional mais un seul type concerne la ville de Louga, il s’agit des sols ferrugineux tropicaux peu lessivés ou sols dior. Ils présentent une texture sableuse en surface avec une tendance au lessivage d’argile qui s’accumule en profondeur. Cette unité assez dégradée en surface par suite d’une exploitation arachidière intensive, sans jachère est fortement soumise à l’érosion éolienne et hydrique.

1.2 La ville et les hommes

1.2.1 Une évolution croissante de la population La population de la ville de Louga n’a cessé de croître depuis les années 1970 suite aux perturbations écologiques qu'a connue la zone. L’installation généralisée de la sécheresse entraîna un accroissement massif de la population qui atteignit en 1976 (année de la création de la région de Louga) 33400 habitants soit un taux d’accroissement urbain de 4,7% très largement supérieur à la moyenne nationale qui tournait à l’époque, autour de 2,7%.

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La population de la ville passa en 1978 à 38900 habitants, soit un taux de croissance de 8,2%. L’accroissement élevé observé résultait de deux facteurs combinés, un mouvement d’exode rural et un fort excédent naturel. Le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH ) effectué en 1988 fixait la population de la ville de Louga à 53429 habitants soit un taux d’accroissement de 3,2%. Le tableau ci-après renseigne sur l’évolution démographique de la ville de Louga. Courbe n° 1 : Evolution démographique de la ville de Louga

-100000

100002000030000400005000060000700008000090000

1 3 5 7 9 11 13 15

ANNEES 1904

POPULATION1540

TAUX DECROISSANCE---

Source : SONED Afrique, ville de Louga. Données urbaines, juin 1979, complétées par le RPGH de 1988 et les indications du service régional de la prévision et de la statistique. D’après les projections de la Direction de Prévision et de la Statistique (DPS) la population de Louga continuera de croître de 3,95% par an, un taux supérieur à la moyenne nationale qui est de 2,9% (voir Courbe n° 2 ci-dessous). Courbe n° 2 : Evolution tendancielle de la population de Louga

020000400006000080000

100000120000140000

1 2 3 4

ANNEEPOPULATION

Source : DPS 1998

Ce phénomène entraînera une plus grande pression sur les services et biens publics existants (hôpitaux, écoles, eau, électricité). L’évolution démographique entraînera aussi de profondes mutations si aucune politique de réorientation de la population n’est mise en œuvre. Elle va accroître considérablement la question foncière qui se pose avec plus d’acuité dans la commune de Louga (voir Courbe n° 1).

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1.2.2 Une population essentiellement jeune portée sur l’immigration masculine

A l’instar des autres villes du Sénégal, la population de Louga est essentiellement jeune. La pyramide des âges reflète la jeunesse de la population avec les moins de 15 ans qui représentaient en 1988, 47,5 % de la population. La répartition de la population par sexe (sex-ratio) est marquée par la prédominance des femmes sur les hommes (53,6% contre 46,4% en 1988 ). Ce phénomène résulte de l’émigration qui touche particulièrement les hommes. La ville est essentiellement peuplée de wolofs. Ils représentent 75,83% de la population citadine, les alpulars constituent 20,16% de la population, les maures 2,4% et les autres ne représentent que 1,52% de la population lougatoise. Les années de sécheresse ayant entraîné une détérioration et un dépérissement de l’économie de la ville, il s’en est suivi une migration de la population. La crise a entraîné une vague d’émigration vers les grands centres urbains (Dakar ) mais surtout vers les pays européens et américains. Mais au moment où certains quittaient la ville pour émigrer vers d’autres zones plus clémentes, on assistait à un phénomène d’immigration de la population des villages environnants beaucoup plus touchée par la sécheresse qui a causé une dégradation pédologique et végétale très accentuée.

1.2.3 Répartition de la population par quartier La répartition spatiale de la population par quartier se présentait comme suit d’après les données issues du dernier recensement général de la population et de l’habitat en 1988. Tableau 4 : Répartition spatiale de la population lougatoise

Nom du quartier Nombre de concessions

Nombre de ménages Population

Masc. Fem. Total Artillerie 694 762 3067 3701 6768

Keur Serigne Louga nord

873 985 4516 5078 9594

Keur Serigne Louga sud

726 736 2804 3189 5993

H L M 73 74 236 221 457 Montagne 911 1041 4807 5137 9944

Santhiaba nord 779 988 3933 4473 8406 Santhiaba sud 561 660 3172 3513 4210

Thiokhna 694 762 3067 3701 6768 Source : RGPH 1988 Les écarts de densité de population entre les quartiers ne semblent pas très importants. Toutefois, la densité des quartiers périphériques est beaucoup plus importante, du fait des nouveaux lotissements et de la prolifération des quartiers spontanés.

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1.2.4 Un périmètre communal difficilement extensible de façon multidirectionnelle

La ville de Louga, suite à la dégradation des conditions climatiques, a toujours constitué un centre récepteur des flux migratoires des villages environnants. Ceci a contribué à l’élargissement des limites de la commune. Mais, l’évolution spatiale de la ville est marquée par quatre phases :

• première phase (de 1894 à 1910) : le premier lotissement fut effectué en 1894 et portait les stigmates de la vision des autorités coloniales en matière d’organisation de l’espace urbain. Les lotissements créés pendant cette période recouvrent les quartiers centraux de la ville actuelle. Le centre ville disposait de toutes les infrastructures et abritait les activités commerciales et administratives, il polarisait les quartiers périphériques totalement démunis ;

• deuxième phase (de 1949 à 1975) : l’accession du Sénégal à l’indépendance renforça la politique de lotissement pour décongestionner le centre ville. De nouveaux quartiers furent crées au sud et à l’Est des quartiers anciens. Les lotissements effectués régularisent les quartiers comme Keur Serigne Louga 2 (1963) Ndiang Khoulé , Keur Serigne Louga 3 et Artillerie extension en 1972;

• troisième phase («grand Louga» 1977) : il ne s’agit pas d’un quartier au sens administratif, mais «Grand Louga» présente des caractéristiques spécifiques quant à la composition urbaine, aux axes de communication et à leur dimensionnement ainsi qu’au regroupement d’équipements de niveau régional. Aujourd’hui Grand Louga accueille la quasi-totalité des infrastructures et équipements collectifs, les activités commerciales et administratives (il abrite les bureaux de certains services administratifs et d’organisations non gouvernementales) ;

• quatrième phase : elle correspond à la décennie des années 80 dont les premières ont été marquées par la création de lotissements importants. Ces nouveaux lotissements se sont crées au Nord, à l’Est et au sud de la ville.

Le plan directeur d’urbanisme (PDU) de Louga a été approuvé en 1981. Il a servi de base pour les grandes opérations de lotissements qui ont jalonné l’extension de la ville depuis les années 1980.

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CARTE

THEMATIQUE : EVOLUTION SPATIALE DE LA POPULATION

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1.2.5 Un plan de damier iloté L’occupation de l’espace, à l’échelle de la ville, s’est faite selon un plan en damier avec des îlots formés en grilles et entrecoupés par des rues perpendiculaires. L’Inventaire pour la Programmation des Infrastructures et des Equipements (IPIE) a permis d’estimer les surfaces correspondant aux différents types d’occupation. la superficie totale pour toutes occupations pour l’ensemble de la ville s’élève à 964 hectares environ et se répartit comme suit :

• L'habitat (équipé et sous équipé) occupe 488,3 hectares soit 51% de la surface totale occupée. Des actions de régularisation et de recasement sont en permanence entreprises pour faire face à la surface occupée par l’habitat irrégulier.

• Les grands équipements : ils occupent 85,7 hectares soit environ 9% de la surface totale occupée. Le quartier Grand Louga centralise la majorité des grands équipements à l’exception des équipements comme les cimetières, le stade Watel et la station d’épuration.

• Les activités (34,4 hectares) : les espaces de grande taille affectés aux activités se situent davantage à la périphérie de la ville, dans la zone industrielle située à l’entrée nord de la ville et dont la surface est de l’ordre de 40 hectares. Cette zone dispose d’un potentiel d’accueil résiduel assez important en raison de son faible taux d’occupation. Il faut aussi signaler l’ancien champ d’expérimentation de l’ISRA situé entre les quartiers Gand Louga et Keur Serigne Louga sud qui a été cédé aux jeunes de Keur Serigne Bara dans le cadre du projet financé par le FED .

• Les espaces libres et voiries : avec une superficie de 355,2 hectares, ils constituent 37% de la surface totale occupée. Seul le quartier Grand Louga dispose d’espaces libres qui sont d’ailleurs beaucoup plus importants que les espaces occupés. Dans la zone d’urbanisation continue, les réserves foncières ne concernent que de petites surfaces prévues pour l’équipement de nouveaux lotissements.

1.2.6 De l’espace supplémentaire pour l’amélioration et l’aménagement du

cadre de vie

Les besoins en espaces correspondant à la population à accueillir sont à définir en fonction du potentiel d’accueil résiduel des lotissements actuels et des prévisions d’extension des limites du périmètre communal. La capacité d’accueil à court et moyen terme peut être estimé à partir de deux (2) paramètres :

• Dans les zones où les parcelles sont déjà attribuées certaines parcelles demeurent inoccupées. Le nombre de parcelles inoccupées est évalué à 2200 parcelles pour les lotissements ouverts.

• Les projets de lotissement couvrent 2270 parcelles dont 900 parcelles pour les lotissements identifiés par la commune et qui sont principalement destinées à recevoir des immigrés.

Dans la ville de Louga, le potentiel résiduel d’accueil peut être estimé globalement à 4500 parcelles. Si l’on sait que le nombre moyen d’habitants par parcelle est proche de 9, ce potentiel permettrait de recevoir une population additionnelle de 40500 habitants. Face à la naissance, au-delà des limites communales, de quartiers spontanés appelés fakk dekk, il convient de prévoir de nouvelles extensions et de procéder à leur lotissement.

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1.2.7 Des contraintes naturelles à une extensibilité diffuse La ville de Louga a connu une extension multidirectionnelle à partir des secteurs centraux. L’inexistence de contraintes naturelles pouvant gêner l’urbanisation explique en grande partie ce type d’extension. Les potentialités d’extension sont actuellement très faibles et se présentent comme suit :

• à l’est de grandes emprises foncières limitent actuellement la poursuite de l’urbanisation. Pour la plupart il s’agit de zones de culture ;

• à l’ouest, la route nationale n°2 limite le quartier Grand Louga et forme ainsi une coupure physique. Même si le périmètre communal projeté (annexe ) dépasse la route nationale, cette infrastructure marque une rupture dans la continuité de l’urbanisation ;

• au sud, l’urbanisation dépasse le périmètre communal actuel. Les possibilités d’extension y sont très faibles avec le nouveau périmètre qui ne prend en compte que la zone déjà occupée ;

• au nord : c’est dans cette partie que peut s’opérer l’urbanisation de la ville sans contraintes. Les futures limites communales ont largement privilégié le développement urbain de la ville dans cette direction.

1.3 La situation environnementale : une ville sahélisante à la porte du désert

1.3.1 Les ressources hydriques : une dessification compensée par la mise à

disposition d’importantes nappes phréatiques

La région de Louga dispose d’un potentiel en eau de surface très élevé. Elle possède la plus grande réserve d’eau de surface du pays. Le lac de Guiers d’une superficie de 17 000 ha en étiage et de 30 000 ha en période de crue et dont la capacité de stockage est estimée entre 600 et 800 millions de m3 par an. Grâce à l’aménagement des barrages de Diama et Manantali, cette source d’eau est mise à profit pour les besoins de développement de la région. La réserve du lac de Guiers a permis la remise en eau du bas Ferlo sur une distance de 150 kilomètres. Dans le cadre de la revitalisation des vallées fossiles, le lac permettra une remise en eau sur 3000 kilomètres (haut Ferlo et le Sine). La ville de Louga par contre ne dispose d’aucune ressource en eau de surface. Cependant la ville est traversée par plusieurs nappes de qualité et de profondeur variables. Différentes nappes aquifères peuvent être captées dans la ville :

• le maestrichien profond : cette nappe a une profondeur moyenne de 250 mètres. La qualité de l’eau n’est pas satisfaisante à l’Est : le taux de résidu sec sur une bande qui concerne l’axe Keur Momar Sarr, Niomré, Guer Malal, Coki et Darou Mousty est supérieur à 2g/litre, il dépasse largement les normes de l’OMS (1g/litre). L’eau est potable mais relativement saumâtre ;

• l’éocène inférieur : cette nappe est présente un peu partout dans la région. Sa profondeur moyenne est de 300 mètres, mais elle diminue d’Ouest en Est ;

• l’éocène moyen : il est rencontré dans la partie Est de la ville, il se caractérise par une eau d’assez bonne qualité : le résidu sec y est de quelques mg/litre donc inférieur aux normes édictées par l’OMS ;

• le continental terminal : il constitue la ressource eau qui présente les meilleures potentialités. Il se caractérise par une faible profondeur et un débit relativement correct, et constitue aussi la ressource la plus menacée, car cette nappe alimentée par les pluies a

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tendance à baisser avec les cycles de sécheresse ; sa recharge est largement fonction de la pluviométrie.

1.3.2 Les ressources végétales : une écologie influencée par les dynamiques

socio-économiques récentes La ville de Louga est très dépourvue en ressources végétales contrairement à la région. La région de Louga dispose de la troisième plus grande surface forestière du Sénégal. La région compte 20 forêts classées très dégradées d’une superficie de 1.349.000 hectares. A l’époque, les précipitations étaient abondantes et plus régulières, et les jachères disponibles, le paysage végétal était loin d’être ébranlé. Les espèces végétales qui constituaient quelques-unes des composantes les plus riches de l’environnement présentaient encore une bonne structuration. Riche et variée, la végétation avait des garnitures de hautes tailles et moins dispersées. L’essentiel des productions forestières provient de l’exploitation des formations naturelles, le reste est assuré par les formations artificielles sous forme de plantations et de bois communautaires. Les formations forestières ont une faible productivité naturelle en terme de combustible se situant entre 0,2 à 0,5 m3 / ha / an et ne couvrent que 26,5 % des besoins théoriques des populations. La dégradation des conditions bioclimatiques cumulée aux activités humaines découlant le plus souvent de l’augmentation sans cesse des besoins des hommes ont contribué à la dégradation et à la diminution progressive des ressources végétales dans la zone. Tableau 5 : Superficie d’espace végétal dégradé (en ha) entre 1986 et 1990

Département 1986 1987 1988 1989 1990 Louga --- 13629 8110,5 --- 57120

Linguère 179780 45448,5 7950 19303,25 32625 Kébémer --- 55 125 --- 10861 Région 179780 59132,5 16185,5 19303,25 100606

Source : IREF de Louga Face à la destruction des formations végétales et du cadre de vie des populations, des solutions concrètes sont prises pour limiter la pression croissante sur ces ressources. Ainsi à côté de l’exploitation forestière on recense d’importantes activités de production de plants pour la protection de l’environnement et la lutte contre la désertification. Le service forestier, au début des années 1990, a interdit la coupe (charbon de bois ou bois de chauffe, bois d’œuvre, etc.) dans toute la région. Cette mesure visait à aider les actions de régénération entreprise par ses agents et les différents projets d’appui. Dans la ville de Louga, les autorités communales ont opté pour une politique de reboisement pour faire face à la désertification. En collaboration avec l’Inspection Régionale des Eaux et Forêts (IREF) et les Associations Sportives et Culturelles (ASC) la municipalité s’est dotée d’un plan vert urbain visant à reboiser différentes parties de la ville qui aboutira à terme à la mise en place d’une ceinture verte qui va cerner les nouveaux contours du périmètre communal. Le projet de ceinture verte s’étend sur 23,190 km de long, 0,100 km de large soit une superficie de 231ha 90 ca. Le plan vert urbain qui s’étalait de 1988 à 1992 doit être réactualisé et mis en pratique pour la réalisation des objectifs visés. Pour ne pas annihiler les efforts consentis jusque là, les orientations suivantes sont à donner au sous-secteur : la protection du potentiel naturel existant, l’intensification et l’élargissement

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des actions de reboisement, l’information et la sensibilisation des différents acteurs à la base sur la gestion des ressources naturelles et la protection de l’environnement. Les stratégies pour une protection efficiente de l’environnement devraient essentiellement reposer sur une synergie des différents partenaires et une meilleure organisation des hommes

1.3.3 Les sols : des ressources pédagogiques appauvries par l’avancée du

désert Les types de sols présents dans la ville sont très peu variés ce qui limite les possibilités de diversification du système de culture. Cette structure se compose essentiellement de sols ferrugineux tropicaux peu lessivés ou sols Dior ; ce sont des sols à arachide par excellence. Les systèmes de culture intensifs, sans jachère, ont appauvri les sols qui nécessitent d’importants apports en engrais avant toute nouvelle exploitation. La texture sableuse des sols fait qu’ils ont une faible capacité de rétention de l’eau, un faible taux de matières organiques et sont souvent soumises à l’érosion éolienne.

1.3.4 La qualité de l’air : une ressource menacée par le tribut

environnemental des usines et des moyens de transports La qualité de l’air dans la ville de Louga est relativement bonne par rapport à la ville de Dakar. L’absence de sources potentielles de pollution de l’air justifie l’état de la ressource air. Néanmoins, la pollution de l’air existe et est l’œuvre de deux secteurs d’activités : le transport et l’industrie (SPIA et SONACOS). La pollution de l’air par les moyens de transport (voitures et motos principalement) n’est pas très significative du fait de la faiblesse du parc automobile de la ville (environ 2000 véhicules) et du taux de motorisation de la population très faible (25°/°° ). La pollution automobilière est surtout l’œuvre des transports en commun qui sont dans un état de dégradation et de vétusté très avancé. Ces moyens de transport qui utilisent le gasoil comme énergie polluent l’atmosphère à travers surtout les fumées qui s’échappent de leurs tuyaux d’échappement. Les activités industrielles étant très limitées dans la ville, la pollution industrielle se limite à deux structures industrielles la SPIA et la SONACOS. Les activités de la SPIA étant sporadiques, la pollution n’est effective que pendant la période de production. L’ampleur de la pollution est très grande et se fait sentir à la limite Est de la ville. La SPIA est classée dans la catégorie des entreprises dangereuses, incommodes et insalubres du fait de l’utilisation de produits chimiques très toxiques. Les gaz qui se dégagent des cheminées en période de formulation altèrent et rendent l’air impropre à la respiration. Durant cette période de fortes odeurs nauséabondes sont ressenties dans la ville. Ces fortes odeurs incommodent davantage les populations riveraines qui se plaignent souvent de problèmes respiratoires. Ainsi cette forme de pollution de l’air est la principale cause de la présence d’infection respiratoire dans la ville. Ces maladies respiratoires représentent 6,70 % des principales infections rencontrées dans les structures sanitaires du district. La pollution de l’air par la SPIA affecte aussi les animaux. Plusieurs espèces animales (rats, lièvres, oiseaux, etc.) ont disparu du milieu depuis l’installation de la société dans la zone (cf. commission d’enquête sur les nuisances de la SPIA). Face à cette pollution de l’air, la SPIA ne dispose pas de filtre pour un traitement des effluents gazeux avant rejet. Les solutions adoptées pour amoindrir les effets de la pollution gazeuse sur la ville furent dans un premier temps de changer la direction de la cheminée vers les zones

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non habitées, et dans un second temps d’éliminer l’utilisation des produits qui contribuaient le plus à la dégradation de la qualité de l’air. Les responsables de la SPIA ont aussi aménagé un rideau d’arbres tout au autour de la société pour atténuer les effets des effluents gazeux sur l’environnement immédiat et lointain de la structure. Ces unités -qui sont très polluantes- présentent des risques écologiques certains, ce qui devait rendre obligatoire des investissements substantiels de maintenance, contribuant ainsi à réduire le potentiel de pollution du cadre de vie. Dans le registre de la pollution industrielle, les populations du quartier Thiokhna se plaignent des activités de la SONACOS qui polluent leur cadre de vie. Lors du décorticage de l’arachide, une quantité non négligeable de poussière est envoyée dans l’atmosphère rendant l’air difficilement respirable. Cette poussière s’accumule sur les toits des maisons environnantes, à l’intérieur de ces dernières et polluent même les aliments. Elle constitue une saleté qui à la longue dégrade les lieux d’habitations et engendre des maladies respiratoires. Pour limiter les nuisances causées par leur société, les responsables de l’usine comptent réhabiliter et rendre opérationnelle la salle de rabattage des poussières avant le démarrage des activités de décorticage de 1999. Ainsi, les cheminées qui envoyaient la poussière au niveau du quartier Thiokhna seront orientées directement vers la chambre des poussières

1.3.5 Sites historiques et héritage culturel : un patrimoine menacé par le temps, les pratiques et l’inattention des autorités

La ville de Louga ne dispose pas de beaucoup d’édifices qui peuvent être considérés comme des sites historiques. Le patrimoine historique est constitué de cinq (5) monuments qui sont : la préfecture, la région médicale, la poste, l’école Artillerie et la gare SNCS. Ces différents édifices sont des propriétés de l’Etat ou de sociétés privées, seule l’école Artillerie Nord construite en 1883 est transféré à la commune. Le patrimoine historique géré par la commune ne se limite qu’à cette dernière structure. Ainsi depuis 1992 dans le cadre du programme «coopération 92» la commune a entrepris la réhabilitation de ce patrimoine historique. Les autres édifices qui ne font pas partie de ceux gérés par la commune relèvent directement de leurs propriétaires respectifs qui sont chargés de leur maintenance. Ces édifices à l’exception de la région médicale qui a été restaurée et réhabilitée, se trouvent dans un état déplorable. La gare SNCS est la plus dégradée et son état de délabrement a été accentué par l’arrêt de la liaison ferroviaire Dakar/Saint-Louis. Etant située dans la commune, les autorités municipales doivent en collaboration avec la direction générale de la SNCS étudier les voies et moyens pour réhabiliter cette structure qui est aussi un patrimoine historique de la ville. Depuis la construction de nouveaux locaux de la Poste à Grand Louga, l’ancienne Poste n’a fait l’objet d’aucun entretien. Mais avec la nouvelle politique de la Poste qui vise à installer des kiosques postaux dans les quartiers, la réhabilitation des locaux permettra de sauvegarder le patrimoine et de desservir les quartiers environnants (Artillerie Sud et Nord ). La préfecture qui est propriété étatique, doit aussi être maintenue dans le cadre d’un plan de réhabilitation. La région médicale a été restaurée et réfectionnée et s’est même élargie avec la construction de nouvelles salles d’accueil. Un comité de gestion des sites historiques doit voir le jour et doit regrouper tous les propriétaires d’édifices historiques afin de définir un programme global et viable de réhabilitation du patrimoine de la ville.

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Sur le plan culturel, Louga peut être considérée comme une ville de culture avec un aspect folklorique dominant.

1.4 Les risques environnementaux Le plan régional d’action pour l’environnement(PRAE) a relevé un certain nombre de contraintes de l’environnement dans les zones urbaines de Louga. Ces contraintes se rapportent globalement :

• • • • • • •

au manque ou accès difficile au réseau d’eau usées et de ruissellement ; aux dépôts anarchiques des ordures ménagères ; à la pollution par les matières non biodégradables ; à l’insuffisance d’IEC ; au manque d’espace vert ; au reboisement insuffisant ; à la pollution atmosphérique par l’émanation de gaz toxiques par les industries de la place et véhicules.

La ville de Louga partage l’ensemble de ces contraintes qui se traduisent en risques environnementaux dans la commune. Ces derniers ont déjà été relevés dans la problématique environnementale. Il s’agit de l’érosion et/ou désertification, des risques sanitaires et industriels et de la pollution atmosphérique.

1.4.1 L’érosion et la désertification à Louga : un binôme imposé par le contexte climatique

La région de Louga dans son ensemble est durement frappée par l’érosion et la désertification. Les deux phénomènes sont interactifs : l’un accentue l’autre et inversement. La définition du terme fait l’unanimité depuis le sommet de la terre à Rio De Janeiro en 1992, même si les causes du phénomène sont multiples et variées selon les lieux. La désertification désigne la dégradation des terres dans les zones arides, semi-arides et sub-humides sèches à la suite des changements climatiques et des activités humaines. Les effets découlant de l’instabilité des conditions climatiques n’ont guère épargné l’environnement naturel de Louga. Ils ont au contraire hâté le processus d’appauvrissement des sols. En effet, les perturbations pluviométriques des années 70 ont été caractérisées par des faibles précipitations qui ont exercé une pression sur les végétaux. Les facteurs liés à l’insolation et aux vents desséchants de la région de Louga ont fait le reste. Ils ont emporté sur leur passage des amas de sable et des composantes du sol plus fertiles en minéraux. Les actions destructrices et incontrôlées de l’homme pèsent aussi lourdement sur l’environnement. Les besoins nés d’une amélioration constante de l’habitat, de l’alimentation du bétail et de l’homme dégradent également le patrimoine boisé dans la région de Louga. D’autres actions de l’homme, encore plus graves, sont les feux de brousse et la pratique de la monoculture arachidière qui ravagent chaque année des superficies et altèrent le couvert végétal (voir tableau 14 ci-dessus).

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L’on soupçonne l’érosion et/ou la désertification d’exercer des pressions sur la capacité alimentaire des êtres vivants, de contribuer à la pollution atmosphérique et à une perte de la biodiversité. La perte du couvert végétal des terres leur enlève toute fertilité compromettant ainsi les activités agro-pastorales. Bien que ne pratiquant pas le grand élevage, la commune de Louga, où se mène l’élevage péri-urbain, est menacée. Les animaux en mal de pâture sont parfois amenés à se nourrir des détritus de toute nature, y compris les plastiques. Par ailleurs, le caractère sablonneux des terres rend la ville de Louga peu opportune à la pratique d’activités agricoles. Les rares exploitations agricoles qu’on y pratique sont de type irrigué. Les superficies couvertes par ces dernières sont marginales. La commune ne compte que quatorze sites où se pratique le maraîchage dont les plus importantes sont le champ de Djily Mbaye et celui de la prison centrale. Une autre conséquence du phénomène érosion/désertification est la pollution atmosphérique qu’elle engendre et les risques sanitaires qu’elle provoque. Les manifestations des vents sont quasi- quotidiennes dans la ville. Elles sont plus fréquentes durant les périodes où souffle l’Harmattan et pendant l’hivernage. En effet, pendant cette dernière période, les manifestations orageuses donnent surtout lieu à des manifestations violentes de vents de sable ; engendrant souvent beaucoup de dégâts tant au niveau des ménages, qu’au niveau des autres agents économiques. Les habitats spontanés font souvent les frais de ces manifestations avec des toits défaits, des aliments souillés par la poussière et des tas d’ordures entassées dans la concession et alentours. Au cours des manifestations orageuses, les activités économiques de la ville sont bloquées. Les marchands et autres professionnels de l’artisanat sont obligés de fermer boutique et atelier.

L’activité de l’homme est souvent à la base du phénomène de désertification dans la région de Louga. Les populations jouent un rôle important dans la dégradation des terres. Les facteurs de stress causés par la pauvreté et l’accroissement rapide de la population de Louga poussent cette dernière à pratiquer l’élevage et l’agriculture extensive. Aussi, les besoins nés de l’habitat rural et l’élevage extensif détruisent les quelques rares formations ligneuses existant dans la région. L’absence de jachère, de même que l’exploitation des terres sans une meilleure intégration de l’arbre dans les méthodes culturales entraîne un net recul des forêts, exposant aux diverses intempéries climatiques les couches fragiles du sol. En outre, les besoins en bois d’œuvre et en charbon de bois qui entraînent la coupe d’arbres sans une mesure compensatoire conduisent à l’épuisement des ressources ligneuses de la région. D’autres facteurs contribuent aussi à la dégradation des terres. Les feux de brousse et la monoculture arachidière ravagent chaque année des superficies et constituent en même temps des facteurs actifs à l'altération du couvert végétal. Là où les feux de brousse se déclarent, les jeunes formations végétales nécessaires au renouvellement des espèces sont durement affaiblies. Il faut également noter les aménagements des routes communales qui détruisent parfois les plants d’arbres situés sur leur passage. L’érosion des sols dans la ville de Louga menace surtout l’élevage périurbain et le maraîchage qui s’y pratique. Cette menace s’opère cependant en faveur de l’urbanisation et des activités de loisir qui trouvent le terrain favorable. Ainsi, les sols vierges sont propices à l’implantation de l’habitat spontané et des airs de jeux telles que le foot, le pétanque, etc.

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Il se trouve aussi que lors des manifestations de vents de sable en saison pluvieuse ou pendant l’Harmattan, les agents économiques de la ville sont obligés de vaquer à des activités secondaires ou être au repos.

1.4.2 Les risques sanitaires : une insalubrité estampillée par le manque de moyens et les pratiques traditionnelles d’hygiène

La ville de Louga a en commun avec les autres grandes villes du Sénégal le problème de l’insalubrité. Cette insalubrité est remarquable dès l’entrée de la ville avec la décharge d’ordures qui jouxte la route nationale. Il n’y a pas que cette décharge qui soit visible. A l’intérieur de la ville aussi, la vue butte à certains endroits sur des dépotoirs sauvages. A cette insalubrité, s’ajoute le problème de l’assainissement lié surtout à la faiblesse du raccordement au réseau d’égout et à l’insuffisance de la couverture en équipements sanitaires. Par exemple, sur un total de 646 concessions visitées par le service d’hygiène en 1988, 642 restent sans aucun système sanitaire. Aussi, n’est- il pas rare de voir des personnes déverser leur eaux usées dans la rue ou adopter des comportements tout aussi condamnables. Le service d’hygiène a relevé en 1998 quelques 4661 cas d’infractions dans la ville de Louga (voir tableau 15 ci-dessous). Ces infractions se résument en jets d’eaux usées, système d’évacuation sanitaire non conforme, défauts de visites médicales, défaut de poubelle réglementaire, vente d’aliments avariés, etc. Tableau 6 : Les infractions relevées par le Service d’Hygiène en 1998

Nature des infractions Sous-brigade de Louga Total régional pourcentage Défaut de balayage 661 1037 12,19 Dépôt ordures non conformes 621 834 09,80 Jets d’eaux usées 310 589 06,92 Défaut de poubelles réglementaires

720 920 10,81

Ecoulement d’eaux usées 158 443 05,21 Système évacuation sanitaire non conforme

346 487 05,72

Défaut de système évacuation sanitaire

786 1740 20,46

Vente aliments non protéges 23 122 01,43 Vente aliments avaries 08 10 0,12 Vente aliments/produits périmés

13 45 0,53

Défaut de visite médicales 424 691 08,12 Défaut de tapis sur comptoir 21 138 01,62 Ecuries/enclos insalubres 223 651 07,65 Défaut de puisard 230 409 04,81 Défaut de fumier 99 248 02,92 Autres infractions 18 143 01,69 Total sous-brigade 4661 8507 100 Source : Service d’hygiène de Louga- Rapport annuel d’activités 1998 Ces infractions au code de bonne conduite en matière d’hygiène et de santé sont, bien sûr, la cause de nombreuses maladies dans la ville de Louga. Le tableau sur la morbidité et la mortalité (1994) a montré que le paludisme, les maladies respiratoires, les maladies

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diarrhéiques et les maladies de la peau sont les maladies qui tuent le plus dans la région de Louga. Les risques de santé peuvent compromettre toute activité économique ou sociale d’une population. Aussi, les problèmes d’hygiène et d’insalubrité qui caractérisent Louga affectent-ils sûrement le système productif de la ville de Louga, même si l’on ne dispose pas de statistiques à propos. Toutes les activités de la ville de Louga contribuent à l’apparition des risques sanitaires. Au niveau des ménages, ce sont les ordures et eaux usées qui sont évacuées de manière non conforme. Les activités du commerce et de l’industrie produisent quant à elles des déchets d’ordre commerciaux et industriels qui polluent la ville de Louga. En effet, les activités commerciales produisent beaucoup de déchets. Cela est d’ailleurs très visible aux abords des marchés ou des boutiques des commerçants maures. D’autres types de risques sanitaires proviennent des centres médicaux et des activités des transporteurs routiers. Ces dernières polluent l’air de la ville du fait de la vétusté des véhicules en circulation. La probabilité d’apparition des risques liés à l’insalubrité et les mauvaises conditions d’hygiène aboutissent des fois sur des situations de conflits entre d’une part, les secteurs d’activité et d’autre part, les secteurs d’activité et les populations riveraines. On peut relever le cas de l’usine industrielle, la SPIA, qui rejette ses déchets solides et effluents liquides toxiques sur les aires environnantes réservées à l’agriculture. Un autre type de conflit oppose souvent, au niveau des marchés, les marchands et restaurateurs. Les premiers en mal de moyen réglementaire à portée de main déversent leur ordures au coin de la rue ; ce qui constitue une gêne pour les restaurateurs qui ont besoin d’un environnement salubre. L’insalubrité et les mauvaises conditions d’hygiène engendrent souvent des maladies qui entravent les activités des malades. Ces derniers se retrouvent ainsi hors du circuit productif durant toute la période de convalescence. Tableau 7 : Les activités d’information, d’éducation et de communication (IEC)

Nature

Entretien individuel

Causeries

Projection

de films

Théâtre

Formation de relais

Plaidoyer

Mise en place de

comité de salubrité

Sous brigade Louga

535

10

02

01

13

00

19

Total régional

1539 213 10 04 14 02 38

Source : Service d’Hygiène de Louga- rapport annuel d’activité 1998 La municipalité de Louga compte également améliorer la couverture médicale de la ville par la réhabilitation du centre de santé et du bâti & matériel des postes de santé ainsi que par la création des postes de santé supplémentaires au quartier Artillerie Nord et a Keur Serigne Louga Est.

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1.4.3 Risques industriels & pollution atmosphérique : la rançon de l'urbanité de la commune

Malgré la faiblesse des activités économiques de la commune de Louga, l’on a relevé des cas de risques et de nuisances liés aux phénomènes de pollution et d’accidents de travail. En effet, des accidents de travail surviennent de temps en temps au niveau des industries manufacturières de la ville. En 1990 par exemple, les statistiques du Ministère du Travail ont relevé trente (30) cas d’accidents du travail qui se sont produits au niveau des industries manufacturières sur les trente deux survenus dans la région. Ces risques d’accidents de travail perdurent et pire, ils sont de plus en plus fréquents. Les statistiques montrent que de sept accidents en 1988, on est passé à quatorze en 1989 puis à trente deux en 1990. Les nuisances liées à la pollution atmosphérique sont perceptibles surtout au niveau des gares routières de la ville. Ils le sont moins au niveau de la principale industrie de Louga, la SPIA. La fréquence élevée d’accidents du travail au niveau de la principale industrie de la ville détourne l’attention des actifs de la ville qui préfèrent s’émigrer plutôt que de s’exposer à ces risques. Les nuisances quant à elles sont à l’origine de maladies respiratoires qui perturbent l’activité des personnes atteintes. Les accidents du travail dont nous avons fait cas ont pour principale cause les activités des industries manufacturières. Ceux prévalant dans les autres secteurs d'activité sont limités. Quant à la pollution atmosphérique, elle est surtout le fait des vents et des activités de transport à l'intérieur de l'espace communal. L’environnement insalubre de la ville et la vétusté du parc automobile amplifient l’ampleur de la pollution atmosphérique dans la ville de Louga. La pollution atmosphérique et les risques industriels étant de moindre ampleur à Louga qu’à Dakar par exemple, ils engendrent peu de situation de conflits. Il faut noter, toutefois, que les activités industrielles et celles des véhicules au niveau des aires de stationnement de la ville causent beaucoup de gêne aux riverains. La ville de Louga a connu, ces dernières années, des mutations importantes tant du point de vue climatique que de l'évolution croissante de sa population. La crise a mis sur les routes de l'exode ses jeunes gens et a placé la commune comme exutoire de l'exode rural pour les populations de son hinterland rural. Le champs urbain lougatois ne se lit plus en terme de possibilités, mais de non-choix. La diversité des logiques rend complexe la lecture de la rationalité sociale. L'approche par style de vie permettant de saisir la morphogenèse et l'évolution de la pauvreté au sens "économique" du terme, son caractère endogène ou importé à travers le processus de l'exode rural.

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Chapitre 2 LA VILLE, LES ACTIVITES ECONOMIQUES

ET L’EMPLOI La ville de Louga est située dans une région qui s’offre avec un climat aride qui a lourdement fragilisé l’économie locale, naguère basée sur l’agriculture et l’élevage. Les résultats de l’enquête sur les priorités (ESP 93) ont montré que les lougatois perçoivent 4,73 % des revenus distribués dans l’ensemble des ménages sénégalais. Les revenus agricoles ne représentant qu’une faible portion de ce montant, soit 8,77 %. Les activités du secteur moderne et le transport se taillent la part du lion, soit respectivement 41,75 % et 23,20 %. Le secteur de l’emploi est plongé dans une crise. Si l’agriculture ne contribue que par 0,1 % des emplois permanents de la région, les industries manufacturières, le transport et le commerce contribuent respectivement pour 17,5 %, 16,5 % et 11,5 %. La commune de Louga partage les mêmes caractéristiques de la région prise globalement.

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CARTE

THEMATIQUE : SECTEUR DE L'ENERGIE

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2.1 Le tertiaire : un secteur en difficile gestation

Ce secteur regroupe l'ensemble des activités du commerce, du tourisme, des banques et assurances ainsi que les administrations publiques et privées de la commune de Louga. Depuis bien des années, Louga a perdu de sa vocation économique au profit d’un rôle purement administratif. En effet, les statistiques du Ministère du Travail montrent que 35,1% des emplois de la région sont assurés par l’administration dont l’essentiel des représentations se trouve dans la ville de Louga. Les activités du commerce et des banques ne représentent respectivement que 11,5% et 8,2% de l’emploi régional. Avant les années 70, le commerce a beaucoup profité de la situation de Louga où a été érigé un centre de collecte de la production arachidière. On a vu s’installer dans le temps des maisons de commerce tels que Maurel & Prom et Peyrissac qui se spécialisèrent dans la commercialisation de produits manufacturés et de denrées de première nécessité. Cependant, la sécheresse des années 70 allait grandement entamer cette relative prospérité de Louga. Toutefois, le commerce demeure de nos jours encore un secteur dynamique. Ce dynamisme est renforcé par l’existence dans la ville de Louga de deux grands marchés où s’effectuent la plupart des échanges. Le secteur du commerce de la ville de Louga est composé de 12 boulangeries, 6 stations d'essence, 18 magasins de demi-gros, 257 boutiques de détail et 5 pharmacies. Le commerce qui s’y développe est surtout un commerce de détail. Les données de 1996 révèlent l’existence de 606 détaillants dans la région contre 6108 à l’échelle nationale. La gestion du sous secteur du commerce est assurée par le service régional du commerce. C’est une structure de la direction du commerce intérieur qui dépend du Ministère du Commerce et de l’Artisanat. Ses missions sont multiples. Les plus importantes sont :

• Contrôle de la qualité des produits alimentaires ; • Approvisionnement correct des populations en denrées de consommation courante ; • Contrôle de l’application du texte de loi no 94-63 du 22 août 1994 portant sur la

concurrence, les prix et le contentieux économique ; • Veiller à la régularité des transactions commerciales par un contrôle périodique des

instruments de mesure.

Les autres activités du tertiaire sont très peu développées à Louga. La commune ne dispose que d’une seule représentation d’agence bancaire, la BICIS. Quant aux activités touristiques, elles sont pratiquement inexistantes dans la commune de Louga. Il n’existe que trois structures d’hébergements à l’intérieur de la ville : le complexe OMAR BONGO, le foyer des femmes et le village d’enfants SOS. En outre, Louga ne dispose que de quelques grands monuments historiques comme la gare ferroviaire, l’ancienne poste, la préfecture, la région médicale et l’école artillerie. Cette pénurie d’infrastructures conjuguée à la sévérité du climat et le manque d’initiatives des promoteurs privés font de Louga une destination moins attrayante pour les touristes. Les ressources humaines, le sol, la faune, la flore et les monuments historiques sont sollicitées par le secteur pour le besoin de ses activités. De par la jeunesse de sa population les moins jeunes représentaient 47,5% en 1988 les ressources humaines ne manquent pas pour les besoins du secteur. L’espace également, ne fait pas défaut. L’espace réservé pour l’expansion des activités du commerce par exemple ne cesse de croître avec la création d’un troisième marché destiné au commerce du bétail.

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En revanche, les ressources en faune et en flore et les monuments historiques qui attirent les touristes sont en quantité limités. Les activités du secteur tertiaire ont besoin pour leur expansion d’un réseau de communication viable et d’espace qui leur est propre. Or si l’axe routier qui relie Louga aux autres régions du pays est relativement satisfaisant, la qualité du réseau urbain laisse à désirer. Le réseau est vétuste, ce qui ne facilite pas la mobilité intra urbaine. A cette vétusté du réseau routier s’ajoute la présence des ordures aux abords des marchés et sur les terrains libres de la ville. La fonction esthético-récréative de l’environnement urbain est mal assurée : les espaces libres sur lesquels se déversent ces ordures ne pouvant plus servir de terrain de foot ou de lieu de repos pour les habitants. Un autre problème est celui de la difficulté d’accès au crédit bancaire qui limite aussi les activités du secteur. Il s’agit surtout du commerce, moteur de l’économie communale et même régionale qui, faute de sources multiples de financement -la BICIS étant la seule représentation bancaire à Louga- sont perturbées. Cependant, il faut souligner que l’absence d’un réseau routier adéquat ne peut menacer l’exercice des activités du tertiaire. Les calèches et les charrettes se sont substituées aux véhicules à moteur pour le transport des passagers et marchandises à l’intérieur de la ville. Les produits du commerce proviennent pour l’essentiel de l’extérieur de la région de Louga. Le bétail et quelques articles de l’artisanat sont les seuls produits locaux. L’ensemble du secteur bénéficie également de la disponibilité de l’espace pour l’implantation des équipements. Le même espace lui sert également de dépotoir pour les déchets qu’il rejette. Le tertiaire contribue ainsi à la pollution des sols de la commune de Louga. Toutefois, il faut noter que les services administratifs sont souvent sollicités par les Associations Sportives et Culturelles (ASC) pour leur besoin en logistique lors des opérations de salubrité publique.

2.2 L’industrie : une activité embryonnaire qui défie la centralité de la capitale

Le tissu industriel de la commune de Louga n’est constitué aujourd’hui que de trois unités industrielles : la Société des Produits Industriels et Agricoles(SPIA), la Société Nationale de Commercialisation des Oléagineux du Sénégal (SONACOS) et la Société des Textiles de Kaolack(SOTEXKA). La Nouvelle Teinturerie Sénégalaise (NTS) et la NOCOSE orientée vers la fabrication de bonbons ne sont plus fonctionnelles. Quoique modestes du point de vue de la taille, ces unités industrielles ont contribué pour 17,5% de l’emploi permanent au niveau régional selon les statistiques du Ministère du Travail publiées en 1991. La SPIA est la plus importante des industries implantées dans la commune, non seulement au regard des emplois permanents qu’elle crée mais aussi et surtout compte tenu de son impact sur l’environnement de la ville.

2.2.1 La SPIA La SPIA est une entreprise de produits chimiques créée en 1980. Elle formule des produits phytosanitaires dans trois ateliers distincts : granulé, poudre et liquide. Sa capacité de production annuelle est de 6000 tonnes de poudre, 6 millions litres de liquide et 600 tonnes de granulés. Toutefois, il est à noter que l’usine ne tourne qu’entre 15 et 40% de sa capacité. La liste des produits qu’elle met à la disposition de la clientèle est constituée des engrais chimiques, des pesticides, des fongicides, etc. 15 à 40% de sa production est exporté selon les années.

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La SPIA joue un rôle de premier plan dans l’économie communale. La mairie prélève ainsi des taxes sur ladite société. En plus de cela, la SPIA est l’un des gros clients de la SDE et de la SENELEC. Ses factures de consommation d’eau et d’électricité s’élèvent en moyenne respectivement à 400000 francs CFA et 1million de francs CFA par mois. La SPIA crée également des emplois dans la commune. Le nombre d’emplois permanents est de vingt trois personnes et celui d’emplois temporaires est proche de quarante. Malgré la baisse enregistrée ces dernières années par rapport aux années antérieures, le chiffre d’affaires réalisé reste acceptable et permet de dégager un bénéfice assez substantiel. La SPIA est une entreprise assez structurée. L’organigramme (voir annexe) laisse apparaître quatre niveaux de décisions : un administrateur directeur général, un directeur général adjoint, deux postes de directeur (exploitation et comptabilité) et quatre chefs de service(entretien, fabrication, comptabilité et administration).

2.2.2 La SOTEXKA La société des textiles de Kaolack est une usine de confection de vêtements. Ses principaux produits sont : T-shirt, pantalons, draps, etc. Le tissu dont se sert l’usine de Louga pour les besoins de sa production vient des usines de Thiès et de Kaolack avec lesquels elle forme une même et unique société dont la direction principale se trouve à Dakar. Les activités de l’usine de Louga ont démarré en 1987. Avant l’installation de la nouvelle gérance en 1997, l’usine a connu beaucoup de problèmes qui ont culminé avec sa fermeture en 1990 et 1994 pour défaut de trésorerie. A l’heure actuelle, la société est en train de retrouver son dynamisme d’antan. Ses dirigeants comptent recruter autant de main d’œuvre que par le passé, soit 200 travailleurs. Ils sont aujourd’hui à 130 emplois permanents. En raison des prélèvements de taxes par la municipalité de Louga et de l’usage de certaines prestations de services offerts par les sociétés de la place, la SOTEXKA joue un rôle non négligeable dans l’économie communale. Elle consomme aussi à titre intermédiaire en plus du tissu, de l’énergie fournie par la SENELEC, le téléphone de la SONATEL et l’eau de la SDE. La SOTEXKA dispose de son propre parc automobile pour l’acheminement du tissu des usines de Thiès et de Kaolack. Bien que l’usine soit implantée à Louga, ses produits sont méconnus des lougatois. Les principaux clients viennent de Dakar. En plus de ces deux grandes sociétés, le tissu industriel lougatois comprend la société nationale des oléagineux du Sénégal (SONACOS).

2.2.3 La SONACOS L’usine SONACOS de Louga est la cinquième unité des usines SONACOS du Sénégal. Elle est spécialisée dans la production de graines et de son gras d’arachide. Les graines préalablement triées sont commercialisées surtout en direction de l’occident, tandis que le son gras revient comme intrant aux huileries de la SONACOS installées à Dakar, Kaolack et Diourbel. L’usine SONACOS de Louga joue un rôle important dans l’économie communale. Le chiffre d’affaire qu’elle réalise peut avoisiner le million en deux mois. En matière d’emplois, l’usine compte sept (7) employés permanents, trente (30) temporaires à salaire mensuel et de Six cent (600) à mille (1000) employés saisonniers féminins rémunérés à la tâche. Le caractère temporaire des emplois de l’usine SONACOS dépend des résultats de la

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campagne agricole d’arachide. Cette année, par exemple, l’usine est à neuf mois d’exploitation. Les sociétés industrielles de Louga font usage de plusieurs types de ressources pour leur besoin de production. Le sol, les ressources minérales et végétales sont les plus sollicitées. En effet, il existe une zone industrielle à Louga couvrant une superficie de 40 hectares et qui est située au sud du quartier Grand Louga. Il faut noter toutefois que cet espace est sous exploité car il n’existe que deux unités fonctionnelles dans la zone : la SPIA et la SOTEXKA. L’usine SONACOS de Louga fait exception à la règle. Ses installations et magasins de stockage sont repartis un peu partout à travers la commune. Comme ressources minérales, la SPIA utilise du calcaire provenant de Thiès. La SOTEXKA elle, utilise du tissu provenant des usines de Kaolack pour les besoins de la confection. L’usine SONACOS se particularise des deux autres sociétés de Louga par l’usage d’une matière première à provenance régionale, l’arachide coque. Au niveau de toutes ces industries, le besoin en eau existe. Mais c’est la SPIA qui en sollicite le plus en raison de la nature de ses activités. L’un de ses ateliers fabrique des produits sous forme liquide. Le secteur industriel de Louga est surtout confronté au problème d’enclavement et à l’étroitesse du marché régional. La faible densité de peuplement de la région et l’éloignement de l’agglomération dakaroise ne favorise pas le dynamisme du secteur. D’autres problèmes, d’ordre environnemental, existent. La raréfaction des ressources animales et végétales surtout, suite aux nombreuses sécheresses qu’a connu la région ainsi que l’existence de risques liés à la nature même des activités, menacent les activités du secteur. En effet, l’une des trois industries de la ville, la SONACOS, utilise comme intrants des produits de l’agriculture. Or ceux-ci dépendent de la pluviométrie dont l’absence est synonyme de sécheresse. Celle des années 70, par exemple, a sérieusement perturbé les activités de l’usine. Comme souligné plus haut, les industries présentes à Louga consomment essentiellement à titre intermédiaire du calcaire, de l’eau et de l’arachide comme ressources. Il faut noter toutefois que le niveau d’activités industrielles de la commune laisse à penser qu’ils influent peu sur la dégradation de ces ressources. Un autre aspect important des industries de Louga est lié à la nature des risques qu’elles présentent. La SPIA produit trois sortes de déchets. Les déchets solides (biodégradables ou non), les déchets liquides et les déchets gazeux provenant des cheminées de l’usine. Les fûts en carton et plastique, les emballages en papier des matières premières actives, les sacs en plastique et les eaux usées forment les composantes de ces déchets. Ces déchets et surtout leur mode de gestion sont source de problèmes environnementaux. Leur enterrement ou infiltration dans le sous-sol peut être source de pollution de la nappe. L’incinération des déchets solides et les déchets gazeux accroissent la teneur en gaz carbonique de l’atmosphère. Les conséquences les plus immédiates de l’exploitation de l’usine sur les populations sont les nuisances qu’elles ressentent du fait des odeurs nauséabondes. Les quartiers Artillerie et Montagne sont les plus exposés. Outre ceux liés aux déchets, les risques proviennent aussi de la manipulation des produits finis. Certains produits sont cancérigènes ou à la limite très toxiques. C’est le cas du benzène, du phénol ou des dérivés chlorés, le décis, etc. Leur manipulation ou inhalation est source de troubles d’une ou plusieurs fonctions de l’organisme. Les matières premières sous forme

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liquide ou gazeuse utilisées sont inflammables. Le philen utilisé comme solvant, l’huile végétale et le gaz butane sont potentiellement dangereux car ils sont source d’incendie. La SPIA comme les autres industries de la place se caractérisent par les accidents de travail. Rien qu’en 1990, les statistiques du ministère du travail montrent qu’il y a eu trente (30) cas d’accidents de travail au niveau de l’ensemble des industries manufacturières de la région de Louga. La SONACOS contribue aussi à l’apparition de ces risques. En effet, le rejet de la poussière à travers la cheminé directement dans l’atmosphère et les accidents de travail liés à la manipulation même des machines sont des sources d’inquiétude non seulement pour ceux qui y travaillent mais aussi pour les riverains de l’usine. Face aux impacts négatifs de l’usine sur l’environnement, les responsables de la SPIA ont pris des mesures pour assurer une bonne gestion des risques. Dès 1990 un comité d’hygiène et de sécurité a été mis sur pied pour se prémunir contre les accidents. Ce comité est composé de cinq (5) sous-comités. • Le sous-comité d’hygiène et de propreté Ce sous-comité est chargé de s’assurer que les ouvriers ne mangent pas dans l’usine et qu’ils se lavent avant de la quitter. Le sous-comité d’hygiène a aussi en charge le lavage à grandes eaux des ateliers et la gestion des déchets. • Le sous-comité incendie Ce sous-comité a en charge les moyens logistiques mis en place pour éviter et faire face à d’éventuels incendies. Il contrôle ainsi le système antidéflagrant (ADF), l’extincteur automatique placé au niveau de chaque atelier et les capteurs de gaz qui donnent l’alarme en cas de fuite. Le sous-comité incendie se charge aussi de la formation des employés pour des interventions en cas d’incendie. L’usine dispose de plusieurs bouches d’incendies. • Le sous-comité matériel Il est chargé de l’entretien du matériel pour un bon fonctionnement des installations. • Le sous-comité matériel de protection Il a en charge les masques, les bottes, les gants, les tenues de travail, les casques et les lunettes de protection. Le sous-comité de protection est aussi chargé de l’affichage des pancartes d’information au niveau de l’usine. • Le sous-comité médical C’est ce sous comité qui s’assure de la bonne santé des ouvriers. Il dispose ainsi d’une boîte à pharmacie pour les premiers soins en cas d’accidents. Les travailleurs de l’usine sont suivis par un service médical qui leur fait passer une fois par an des analyses complètes à la recherche d’une quelconque contamination. La SONACOS, dispose également d’un système de gestion des risques. Le matériel de sécurité disponible est composé de casques, de chaussures et tenues de sécurité et de masques. Il est à noter toutefois, que ce matériel n’est pas mis à la disposition de tous les travailleurs. Les femmes qui trient les arachides ne disposent d’aucun matériel de sécurité, ce qui les expose au risque d’inhalation de la poussière de l’usine même si les responsables pensent le contraire en raison de la distance qui sépare leur atelier des installations techniques. Pour lutter contre cette échappée de poussière dans l’atmosphère, les responsables de l’usine

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entendent l’orienter dans une grande chambre à l’aide de cheminées appropriées. L’usine SONACOS dispose aussi d’un médecin qui suit l’état de santé de ses employés.

Les différents cadres de concertation pour la prévention des risques industriels souffrent dans leur pluralité de manque de moyens de coercition sur les unités industriels. Les initiatives sont ----- et manque de lisibilité en termes de modes opératoires d’interaction, de concertation et de coordination intersectorielle. Les populations de la commune ne sont pas suffisamment sensibilisées sur les risques et le plan d’actions qui a été concocté à l’issue du Forum sur l’Agenda 21 (5-7 novembre 1998) n’a pas jusqu’à date été l’objet d’une expérimentation sociale, faute de moyens certes, mais aussi d’engagement et de capacité de mobilisation sociale suffisante de la municipalité. Ce plan avait envisagé des actions allant dans le sens de la mise en place d’une banque de données, la gestion de l’électricité dans les établissements à caractère industriel et collectif, le reboisement à l’extension et à la modernisation des réseaux électriques. Par ailleurs, il faut souligner le rôle de plus en plus croissant de la société civile dans la dénomination des risques et leur sensibilisation auprès des populations (ASC, GPF, autres équipes de base) mais malheureusement, elle manque de structuration au niveau organisationnel et de nivellation du point de vue des discours et des pratiques.

2.3 Le secteur des transports & communications : d’une relative faiblesse de l’offre des transports à une réponse adéquate des besoins en télécommunication d’une zone d’émigration

Le secteur des transports & communications regroupe les activités du sous-secteur des transports et celui des communications. Le transport à l’intérieur de la ville de Louga est assuré par les cars rapides, les taxis urbains et les véhicules hippomobiles. Les véhicules affectés au transport de marchandises assurent surtout la liaison avec les autres centres urbains du pays. Les produits du sous-secteur des communications regroupant la poste, les télécommunications et l’information sont constitués par des services. On distingue le timbre, les produits financiers (les divers types de mandats et l’épargne), le téléphone, le journal écrit et parler et l’audiovisuel. Si l’on note une faiblesse relative de l’offre des transports et de la couverture en information de la ville par rapport à la demande, la poste et les télécommunications en revanche, parviennent à répondre aux besoins exprimés par la population urbaine de Louga. La poste par exemple joue un rôle déterminant dans l’économie communale grâce aux envois de mandats. En effet, en tant que zone d’émigration par excellence, des transferts importants sont opérés en direction de cette ville. Le montant global des mandats a atteint en 1997/98 la somme de cinq milliards de francs CFA. L’exigence pour la poste de satisfaire sa clientèle a nécessité son informatisation. Ces produits sont : les timbres, les services financiers(mandats et épargne) et le courrier classique. La société nationale des télécommunications (SONATEL), structure en charge des télécommunications, apparaît également dynamique depuis sa privatisation. Malgré l’extension de la ville, la SONATEL parvient à couvrir une demande estimée à quelques trois mille (3000) abonnés, soit 99% du total régional. Bien que relativement modestes, les moyens d’information existent ; certains couvrent seulement l’espace régional tandis que d’autres relèvent du national.

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On note ainsi l’existence de deux stations régionales (Louga FM, Sud FM & Dunya FM), un journal le quotidien national «Le Soleil», une représentation de l’agence sénégalaise de presse «l’APS» et un émetteur régional de la télévision. Ces moyens de communications contribuent à briser l’enclavement de la région en général et de la ville de Louga en particulier qui est distante de 200 km de Dakar. Les moyens et infrastructures de transport terrestre devraient également y contribuer. La direction régionale du ministère des transports terrestres et la Mairie, les deux instances compétentes en la matière y veillent. Si l’on note avec satisfaction le développement des moyens de transport, il n’en demeure pas moins que des efforts importants sont à déployer pour une amélioration des infrastructures. Les véhicules hippomobiles désormais partie intégrante du paysage urbain –même s’ils ne sont pas tous en règle- jouent un rôle non négligeable dans l’économie communale.

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CARTE

THEMATIQUE : TRANSPORTS & COMMUNICATIONS

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Il existe dans la ville plus de 800 calèches qui accaparent la plupart du trafic intra urbain des passagers. La vétusté de la voirie urbaine conjuguée à l’insuffisance de la signalisation routière- et par conséquent de la sécurité routière- rendent propice leur développement au détriment des autres moyens de transport de passagers, à savoir les cars urbains et les taxis. La voirie de la commune de Louga est composée de deux types de réseaux. Le réseau de voirie revêtue de la ville de Louga est de 30 km (soit 5% du réseau bitume régional), dont 10,5 km de voirie classée. La faiblesse de ce réseau n’est que relative. Rapporté à la population communale, Louga dispose de 430 mètres de voirie par habitants contre 470 mètres pour Dakar qui est la mieux dotée des dix régions du Sénégal. A ce réseau bitumé, il faut ajouter 3700 mètres de voirie non revêtue. Ce réseau dessert les quartiers Keur Serigne Louga Sud et Nord sur une distance de 1500 mètres et Artillerie Sud et Nord sur 2200 mètres. A cette insuffisance du réseau routier, il faut ajouter le défaut de signalisation et de sécurité routière. En effet, en dehors de quelques panneaux directionnels et ceux relatifs aux véhicules à traction animale les intersections ne sont pas équipées. Il en est de même des ronds points qui n’ont pas de plans pour orienter les usagers de la route ou des lignes continues et des passages pour piétons qui font défaut. Tout ceci amène l’insécurité routière qui est attribuable, entre autres, à certains comportements des usagers de la route dont le non-respect du code de la route, la surcharge des véhicules de transport et l’occupation anarchique de la chaussée au niveau du grand marché notamment. Les activités de transport utilisent surtout les hydrocarbures comme source d’énergie. On note d’ailleurs qu’au Sénégal, elles en sont le gros consommateur. Les produits consommés sont : l’essence ordinaire, le gasoil et le kérosène. Ce dernier est utilisé par les cochers pour signaler leur présence tandis que les taxis et les cars urbains utilisent l’essence ordinaire ou le gasoil. Les cochers disposent également pour leur besoin de service, des chevaux qui remorquent les charrettes. Le sous secteur des communications utilise surtout du papier et de l’énergie thermique provenant de la centrale électrique du Cap des Biches. La commune de Louga ne disposant pas d’unités de productions de ressources utilisées par le secteur des transports & communications, le dynamisme de ce dernier est lié aux aléas de l’approvisionnement. Le mauvais état des routes, le manque de signalisation routière et les problèmes dus à l’occupation des chaussées à certains endroits de la ville entravent sérieusement les activités de transport. D’autres types de problèmes touchent l’ensemble du secteur. Il s’agit de :

• la maintenance et l’obsolescence du réseau manuel ; • la lenteur dans la liquidation des factures d’abonnés ; • la vétusté du parc automobile ; • l’étroitesse des routes qui pose de sérieux problèmes de circulation des véhicules et de

sécurité des personnes convoyées ; • la dégradation des routes en période d’hivernage du fait de la pauvreté de Louga en

matériaux d’empierrement ; • l’ensablement des voies de communication bitumées. Bien que les activités du secteur des transports et communications ne soient que peu développées dans la ville de Louga, elles ont pourtant des impacts négatifs sur l’environnement de la commune.

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Le Plan National d’Action pour l’Environnement (PNAE) a relevé quelques-uns. La commune de Louga partage ce qui suit :

• l’abondance des matériaux en suspension dans l’air, tels que la poussière provenant des routes latéritiques ;

• la pollution sonore et atmosphérique due au trafic routier, et à la vétusté du parc automobile ;

• le déboisement et le désagrément causés à la population lors des opérations de construction des routes ;

• la pollution des sols liée aux opérations de manutention, d’entreposage, de maintenance ainsi qu’au rejet des eaux usées, d’huile et des hydrocarbures sans épuration préalable.

En plus de la baisse de plus en plus croissante de l’offre de transport constitué en grande partie par des véhicules de marque Renault SAVIEM (SG2) et de cars rapides Mercedes qui s’offrent comme des véhicules d’occasion recyclés en Europe, il --- des véhicules surchargés aux heures de pointe. L’absence d’arrêts et de feux de signalisation entraîne souvent le non-respect du code de la route, ce qui constitue un risque énorme pour la population qui occupe, de manière anarchique, les chaussées. Il n’est pas inutile de signaler que les calèches, qui constituent le plus gros moyen populaire de mobilité et une source de revenu non-appréciable des paysans habitant les localités avoisinantes, circulent à toutes les heures et sont souvent conduites par des enfants ayant moins de 18 ans sans respect des règles primaires du code de la route. La division régionale des transports terrestres de Louga a fait beaucoup d’efforts durant ces dernières années pour institutionnaliser le secteur, avec la mise à disposition des cartes d’immatriculation et des cartes professionnelles pour les calèches et le cochers. Plus de 140 cartes de cochers avaient été délivrées en 1998. L’atelier n° 3 du Forum Agenda 21 (5-7 novembre 1998) avait à l’époque, proposé des mesures et actions allant dans le sens de l’amélioration substantielle du secteur. Ces actions se distribuent entre la réhabilitation des infrastructures, le contrôle routier, la formation et une contextualisation avec les acteurs du système pour la collecte et l’évacuation des ordures ménagères.

2.4 L’énergie : un secteur compromis par le transfert des compétences, la désertification et la distance

Les ligneux et les produits pétroliers représentent les principaux produits du secteur énergie au Sénégal. Ils occupent respectivement 54% et 40% de la production énergétique. Le secteur des transports, l’industrie et les ménages en sont les principaux consommateurs. L’énergie domestique est dominée par les ligneux : elle représente 94% de leur consommation. La situation au niveau régional n’est guère différente. Dans la région de Louga 90% de l’énergie consommée par les ménages provient des ligneux. Au niveau de la commune de Louga, trois produits du secteur énergie sont recensés dans la ville. Il s’agit de l’énergie électrique, des ligneux et des produits pétroliers. La ville de Louga est alimentée en énergie électrique à partir de la centrale du Cap des Biches par transfert d’énergie. Ses préoccupations varient du besoin individuel de branchement à la demande officielle d’électrification des nouvelles zones d’habitation. La commune compte aujourd’hui 5500 branchements au réseau, ce qui couvre l’essentiel des besoins en énergie électrique de la ville. La SENELEC estime à 6500 le nombre d’abonnés à Louga, dont 58 sont pris en charge par la commune. La commune en prenant les polices

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d’abonnement en son nom, dans le contexte de la décentralisation, s’engage à payer toutes les factures quel que soit leur montant. La liste des établissements ciblés est constituée de 31 mosquées, 12 écoles, 2 marchés, 2 dispensaires, 4 bureaux, 1 caserne, 3 centres sociaux, 1 stade et un logement. Cependant, si les besoins des particuliers sont couverts à plus de 90%, l’éclairage public pose problèmes. La mairie qui gère l’extension urbaine du réseau électrique –la SENELEC ne faisant que raccorder le nouveau réseau à l’ancien- a du mal à honorer les factures. Le réseau électrique de la ville de Louga –dense dans les quartiers anciens- est composé de deux types de réseaux. Le réseau standard vétuste, s’étend sur 53 km de voirie alors que le réseau moderne ne s’étend que sur 12 km. Le problème de l’extension du réseau a justifié le projet de la Banque Africaine de Développement (projet BAD) en 1994 qui a permis d’électrifier une bonne partie de la ville notamment au niveau des quartiers Keur Serigne Louga Est et Montagne Nord. L’énergie électrique ne joue pas un grand rôle dans l’économie régionale à dominante primaire. Selon les statistiques du Ministère du Travail (1990), les emplois créés par le secteur de l’eau, du gaz et de l’électricité confondus ne représentent que 4,4% de l’emploi régional. Bien qu’on ne dispose pas assez d’informations sur les autres produits du secteur énergie, notons pour les produits pétroliers, que Louga dispose de six (6) stations de service repartis dans la ville. Le secteur énergie paraît ainsi incontournable en raison des services qu’il rend à tous les autres secteurs d’activité. Le soleil, le vent et la tourbe constituent des sources énergétiques d’appoint pour Louga. Ainsi, pour réduire la consommation de combustibles ligneux dans la région, les artisans locaux expérimentent les fours solaires et les foyers améliorés. L’énergie provenant de la tourbe des Niayes n’est pas encore exploitée à cause des déséquilibres écologiques qu’elle pourrait engendrer : pollution de la nappe, dégradation des sols, perturbation des activités maraîchères. L’énergie disponible à Louga provient essentiellement des ressources environnementales. Les hydrocarbures et les ressources ligneuses sont les plus sollicités pour sa production. Seules les ressources ligneuses sont disponibles localement ; Louga étant alimenté en électricité à partir de la centrale du Cap des Biches située à Rufisque. L’insuffisance du reboisement, celle du réseau électrique ainsi que la désertification constituent une menace pour l’approvisionnement en énergie de Louga. En effet, la désertification insuffisamment compensée par le reboisement, raréfie l’offre du bois de chauffe et du charbon de bois ; ce qui constitue une privation pour la plupart des ménages de Louga qui se servent de ces combustibles domestiques. Cette situation justifie la recherche des solutions alternatives de substitution de combustibles ligneux et de techniques qui limitent leur gaspillage. La réalisation et la vulgarisation de foyers améliorés, les perspectives d’exploitation de la tourbe ainsi que l’usage du soleil et du vent à des fins d’énergie répondent à ce souci. La faiblesse du réseau électrique constitue une autre menace pour le secteur dans la mesure où la SENELEC a pour tâche de raccorder les nouveaux réseaux à celui existant tout en laissant à la commune le choix de l’extension du réseau urbain. La croissance démographique, l’extension de la ville et la présence de la végétation en bordure de la route constituent également des entraves au développement des activités du secteur.

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L’extension de la ville consécutive à la poussée démographique exerce une pression sur l’offre d’extension du réseau électrique déjà si faible. Par ailleurs la luminosité de l’éclairage public est réduite par endroits du fait de la présence d’arbres en bordure des routes. D’autres types de problèmes entravent également le développement du secteur énergétique. On peut citer : • les projets d’aménagement de terrains conduits par la commune qui ne comprennent pas le

volet électricité ; • l’implantation de certains foyers d’éclairage revêt plus un caractère de prestige que

d’efficacité ou de sécurité ; • la non-distinction entre zones sensibles et les autres ; • l’incapacité de la commune à régler ses factures ; • le coût élevé des fournitures temporaires d’électricité ; • le faible impact de la sensibilisation sur les foyers améliorés ; • l’absence des statistiques sur les combustibles ligneux. Notons que malgré tous ces problèmes qui entravent son développement dans la commune de Louga, le secteur énergétique est promu à un bel avenir du fait de l’existence de nombreux substituts aux intrants utilisés par le secteur. L’existence de la tourbe et des énergies nouvelles (le biogaz, l’énergie éolienne et solaire) en quantité suffisante dans la région peut promouvoir le dynamisme du secteur dans la commune de Louga. Mis à part le déboisement qu’occasionne la consommation des ménages en énergie ligneuse, la production d’énergie n’exerce pratiquement aucun effet négatif sur l’environnement de la commune de Louga. L’alimentation de Louga en énergie électrique à partir de la centrale du Cap des Biches située à Rufisque éloigne le risque de pollution atmosphérique lié à ses activités. L’amenuisement des formations ligneuses induit par l’usage important de combustibles ligneux a entraîné la perte du couvert végétal à la périphérie de la ville. Le risque d’érosion (surtout éolienne) existe et menace la vie des habitants de la cité surtout pendant la saison des pluies. C’est pourquoi, des mesures de substitution et de sauvegarde de ligneux (utilisation de foyers améliorés et reboisement) ont été prises pour pallier le problème.

La politique énergétique concerne aussi bien les énergies fossiles comme le pétrole dont l’utilisation est très répandue, que les énergies renouvelables qui sont à l’état expérimental. Elle est conduite par le ministère des mines et de l’énergie. Il existe une direction au niveau régional qui est chargée de l’exécution de la politique énergétique. En matière d’énergie électrique, la SENELEC dispose d’un service à Louga qui gère la fourniture d’électricité aussi bien aux ménages, qu’aux autres agents économiques de la place. Les hydrocarbures ne sont pas en reste ; ils sont gérés par les stations d’essence de la ville au nombre de six (6). Le bois de chauffe et le charbon de bois sont quant à eux sous le contrôle du service régional des eaux et forets.

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2.5 Le secteur artisanal de Louga : une activité maintenue par une vitalité croissante

Si l’industrie a perdu de sa vitalité depuis la fin des années 80, l’artisanat lui, acquiert de plus en plus de poids dans l’économie de la région. Les statistiques du ministère du plan de 1996 montrent qu’il y a 2019 artisans à Louga. Le nombre d’artisans enregistré à la chambre des métiers est de 1337 personnes reparties dans l’artisanat de l’art, de la production et de service. On en compte 759 dans la production, 365 dans l’art et 213 dans les services. Ce chiffre n’a pas cessé d’évoluer depuis 1985 tant au niveau communal qu’au niveau régional. Tableau 8 : Evolution des artisans de la région de 1985 à 1996

1985 1990 1996 Département Nombre % Nombre % Nombre %

Louga

370 60,1 621 61,8 1337 66,22

Kébémer

117 20, 3 154 15,3 328 16,25

Linguère

90 15,6 230 22,9 354 17,53

Total région

577 100 1005 100 2019 100

Source : Plan Régional d’Action pour l’Environnement L’artisanat de production reste donc le domaine privilégié des artisans de la région de Louga. Ce type d’artisanat répond plus aux besoins de l’agriculture de la région de Louga. L’artisanat de Louga souffre beaucoup de nombreuses insuffisances. A celles liées à la qualification des artisans il faut ajouter les difficultés d’approvisionnement en matière première et de l’écoulement de la production, le manque d’équipement et l’accès difficile au crédit bancaire. La plupart de ces artisans recensés se trouvent dans la commune de Louga. Le bâtiment, le métal avec l’outillage et la charpenterie, la couture, la cordonnerie et le tannage des peaux sont les domaines privilégiés d’intervention des artisans de la ville de Louga. Bien que les statistiques sur l’emploi du secteur artisanal ne soient pas disponibles, il est largement reconnu comme le secteur refuge pour tous ceux qui ne sont pas engagés dans le secteur moderne.

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La tannerie de Louga

Située au quartier Montagne Nord, la tannerie était destinée à traiter les peaux et cuirs acquis auprès de la SERAS, des bouchers et particuliers de la commune de Louga, voire de la région. Le jumelage avec la ville française de Millau a donné la possibilité à la commune de Louga d’organiser les tanneurs traditionnels qui opéraient jusque là dans l’informel. La commune de Louga a ainsi reçu de cette ville des équipements usagés et des intrants pour le tannage du cuir. Millau a aussi apporté une contribution financière de 100 millions de francs CFA. La contribution de la commune tenait à l’édification des infrastructures et à la fourniture d’un médecin vétérinaire. Elle a investi pour l’occasion plus de 13 millions de francs CFA pour les équipements. La mairie avait aussi à organiser les tanneries en GIE. Ainsi le GIE «gadde Ga » est né. Il était chargé de l’exploitation de la tannerie. Pour la commercialisation des produits de la tannerie un partenaire français devait assurer l’écoulement de la production. Toutefois, notons qu’après une phase d’expérimentation en 1992, l’usine n’a plus continué à fonctionner faute de fonds de roulements. A l’heure actuelle la commune de Louga a opté pour la privatisation de la dite entreprise malgré les réticences des exploitants. Un partenaire privé a été déjà trouvé. Selon les responsables de la mairie en charge de la tannerie, cette dernière ne constitue pas un danger pour l’environnement. L’usine est équipée de fosses septiques destinées à recueillir les résidus qui sont évacuées par des camions appropriés. Quant aux nuisances, elles sont neutralisées par l’usage de produits appropriés.

Les principales ressources consommées à titre intermédiaire par le secteur sont les cuirs et peaux, l’espace, le bois d’œuvre et divers types de métaux. Ces derniers sont utilisés pour la confection de colliers, bracelets, coupe-coupe et autres instruments de culture ainsi que de matériels ménagers. Quant aux cuirs, ils sont préalablement transformés au niveau des tanneries, et destinés aux ateliers de cordonnerie qui confectionnent des chaussures et sacs en cuir. L’espace disponible au niveau de la commune n’est pas toujours approprié pour l’implantation des entreprises artisanales. Les nuisances et pollutions occasionnées par certains types d’activités et le besoin d’une situation de proximité pour d’autres, posent le problème d’espace pour l’artisanat communal, voire régional. Le bois d’œuvre est aussi une des principales ressource utilisée par les artisans. Il est surtout utilisé par les sculpteurs et les menuisiers. Statuettes en bois, tables, chaises et tabourets en bois font partie du lot des produits artisanaux qu’on retrouve en ville et au village artisanal notamment. Le secteur artisanal de Louga n’est pas épargné par le cycle de sécheresse et de désertification. Les arbres comme le bétail ressentent durement l’apparition de ces phénomènes qui sont une constante régionale. Malgré le manque d’informations fiables à ce sujet, l’on peut affirmer que les activités artisanales en subissent les contre coups. En dehors des mauvaises odeurs occasionnées par la tannerie, les déchets rejetés constituent le principal risque environnemental. Le secteur artisanal produit en effet beaucoup de déchets. Les devantures des ateliers de couture, des cordonneries, des forges sont couvertes de débris de matériaux utilisés qui contribuent à rendre la ville insalubre. L’artisanat est une activité traditionnelle intimement liée aux cultures des lougatois. Dans presque toutes les familles, on rencontre au mois une personne exerçant une activité artisanale ; mais elle est souvent pratiquée à titre informel. Il n’est pas rare par exemple, de voir des ateliers de mécanique, de menuiserie ouvrir à différents coins de rue. Les vidanges opérées à même le sol laissent s’échapper de l’huile à moteur et d’autres types

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d’hydrocarbures qui rendent incultes les sols. Mais la menace principale vient des utilisateurs de bois d’œuvre qui de surcroît ne perçoivent pas les conséquentes indirectes de leurs activités sur l’environnement. Ils collaborent cependant avec l’association des exploitants forestiers qui participe aux opérations de reboisement.

2.6 L’agriculture urbaine : une activité lourdement handicapée par le manque d’eau

2.6.1 L’élevage

L’élevage constitue l’une des activités maîtresse de la région, en raison de l’appartenance d’une bonne partie du territoire à la zone sylvo-pastorale. Il est de type transhumant avec l’utilisation de parcours naturels et des forages pastoraux qui sont complétés en saison sèche par les sous produits de l’agriculture et des ligneux (pâturage aérien ). Le cheptel de la région est estimé à 2.289.970 têtes en 1999. Courbe n° 3 : Composition du cheptel au niveau régional en 1999

0200 000400 000600 000800 000

1 000 000

Bovins

Ovins

Caprin

s

Equins

Asins

Cameli

ns

Source : IREL 1999 Deux modes d’exploitation de l’élevage se côtoient dans la région : l’élevage traditionnel et l’élevage moderne. L’élevage traditionnel est basé sur l’exploitation des points d’eau (forage et mares) et se caractérise par les mouvements du bétail circonscrits à l’intérieur de l’aire de desserte des forages. Les bovins jouent un rôle important sur le plan vivrier (production de lait et de viandes) et social (valeur de la dot, prestige etc.), tandis que les petits ruminants et la volaille contribuent par leur vente à l’accroissement des revenus des ménages. Dans la ville de Louga, l’élevage de case, pratiqué par presque la quasi-totalité des citadins, se résume à quelques têtes par concessions (3 à 5 têtes ). Ces bêtes sont conduites par les bergers peuls vers les zones de pâturages. L'aviculture est peu pratiquée dans la ville. Cependant, elle gagnerait à être dynamisée, car les fientes de volailles constituent une source importante de matière organique riche en azote et en phosphore pouvant accroître la production agricole urbaine et permettra une meilleure intégration entre l’agriculture et l’élevage. L’élevage moderne : il s’agit de l’expertise du Centre de Recherche Zootechnique de Dahra (CRZD) qui s’évertue à améliorer les techniques d’exploitation sur les petites surfaces. L’expertise consiste en un schéma de sélection basé sur les performances (poids et reproduction ) et la conformation qui permettent d’identifier les meilleurs mâles et les accoupler aux meilleures femelles.

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La commercialisation du bétail s’organise autour d’une filière moderne et d’une filière traditionnelle par des points de collectes primaires que sont les forages. Dans la commune de Louga, en plus du foirail, quatre (4) autres marchés spécialisés dans la vente du bétail se sont développés. Ces marchés ont été progressivement délaissés par les marchands, actuellement la vente du bétail tend à se disperser sur l’ensemble de la ville. La réhabilitation du foirail (en cours) permettra de regrouper le commerce du bétail devenu diffus et incontrôlable. La Société d’Exploitation des Ressources Animales (SERAS) s’investit dans l’exploitation des produits et sous produits du cheptel. Le cheptel aurait pu procurer beaucoup plus d’avantages si l’élevage n’était pas confronté à un certain nombre d’obstacles. Le manque d’intégration agro-sylvopastorale et la non-délimitation des zones de parcours constituent les principales contraintes de ce secteur. Il s’y ajoute le lourd tribut payé aux épizooties que ne permettent guère de juguler la transhumance. La faiblesse du capital fourrager dans la zone fait que les éleveurs ont recours au pâturage aérien, d’où la nécessité d’impliquer dans les politiques forestières le reboisement de plantes fourragères. 2.6.2 L’horticulture et la production fruitière L’agriculture urbaine est très pratiquée dans la ville de Louga eu égard aux nombreuses contraintes qui limitent son développement. L'agriculture à Louga ville est entièrement tournée vers l’horticulture et la production fruitière. D’après les statistiques de l’Inspection Régionale de l’Agriculture, il existe 14 sites de production dans la ville dont le plus important reste le champ de feu DJILY MBAYE qui couvre une superficie de plusieurs hectares. Ce champ produit la quasi-totalité de la production horticole urbaine et est le mieux équipé. Il dispose d’un système d’arrosage moderne avec des robinets à jets rotatifs. La production moyenne annuelle s’élève à quelques (…) kg, et est essentiellement destinée à l’exportation vers les pays européens. Le champ emploi actuellement plusieurs personnes qui sont chargées d’assurer les semis, l’arrosage et la récolte au niveau des plantations. Un autre site de production se trouve à la prison centrale de Louga où les prisonniers produisent des légumes destinés le plus souvent à l’autoconsommation, une faible quantité est commercialisée. L’agriculture urbaine sous pluie existe mais elle ne concerne qu’une faible partie de la zone Est de la ville. Cette forme d’agriculture produit de faibles quantités d’arachide et de niébé uniquement vouées à l’autoconsommation. L’inexistence d’écoulement d’eau de surface et la profondeur de la nappe limitent l’expansion de ce type d’activité dans la ville. La ressource eau utilisée pour l’arrosage des plantations est essentiellement fournie par la Sénégalaise Des Eaux (SDE). L’eau constitue le principal facteur limitant pour un plein essor de l’horticulture et l’arboriculture fruitière. Les besoins en eau sont importants et il n’existe aucun système tarifaire intéressant pour faciliter aux exploitants fruitiers et aux maraîchers l’accès à l’eau. L’agriculture sous pluie connaît les problèmes d’eau avec les aléas climatiques qui engendrent de très faibles quantités de pluies insuffisantes pour la floraison des spéculations à cycle végétatif très court. Pour l’amendement des sols, la plupart des sites de production horticole utilise le fumier d’origine animale. Seul le champ de feu Djily Mbaye utilise en plus du fumier, des engrais chimiques pour fertiliser le sol et des produits phytosanitaires pour lutter contre le parasitisme. Pour la production de pommes de terre, les matières fécales achetées auprès des opérateurs privés chargés d’évacuer ces déchets, sont utilisées comme fertilisants.

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La principale menace qui pèse sur ce secteur est le manque d’eau. Les factures d’eau élevées pourraient, si elles persistent, compromettre les chances d’expansion des plantations fruitières et légumières. La sécheresse qui a engendré un déficit pluviométrique, a entraîné une diminution des surfaces emblavées pour ce qui concerne l’agriculture urbaine sous pluie. L’érosion éolienne permanente emporte les matières organiques surfaciques nécessaires à la fertilisation des sols et accentue la pauvreté des sols. L’agriculture urbaine sous pluie disparaît peu à peu du fait de ces deux phénomènes. L’urbanisation rapide de la ville constitue une vraie menace pour l’agriculture sous pluie avec la pression foncière accrue. Les modes de mise en valeur agricole ont largement contribué à l’appauvrissement des terres de culture (agriculture urbaine sous pluie). La ville de Louga étant située dans l’ancienne zone du bassin arachidier, le déboisement et la mise en culture de vastes zones ont entraîné une disparition du couvert végétal occasionnant une érosion éolienne constante. Face à ce risque, des stratégies de lutte ont été adoptées. Dans certains sites de production des rideaux d’arbres sont installés tout autour du champ pour limiter l’impact de l’érosion éolienne sur la culture. Face à la cherté de l’eau qui risque de compromettre le développement de l’horticulture et de la production fruitière, la SDE doit faciliter l’accès à l’eau aux différents producteurs par la promotion de tarifs préférentiels pour ce type d’activité.

2.7 Le secteur de l’habitat et de la construction : un secteur dopé par

l'immigration Le secteur de l’habitat et de la construction a connu, ces dernières années, une mutation remarquable du point de vue de l’occupation de l’espace. Les tendances récentes laissent entrevoir une présence marquée des immigrés dans l’édification de belles demeures en dissensus avec les poches d’habitat précaire dans tous les quartiers de la commune de Louga. Le bâtiment exprime dans cette localité, «un élément de réussite et d’ascension sociale et entretien une fierté auprès des familles qui ont leur progéniture à l’extérieur» opine un ancien conseiller municipal reconverti dans le secteur des BTP. Le plan directeur de la commune de Louga a été approuvé en 1981 et a quand même servi de base, les grandes opérations de lotissement qui ont jalonné l’histoire récente de la commune de Louga. La superficie totale pour toutes les occupations pour l’ensemble de la ville s’élève à 964 hectares et se répartie comme suit :

• L’habitat occupe 488,3 hectares, soit 51 % de la surface totale occupée ; • Les grands équipements occupent 85,7 hectares, soit environ 9 % de la superficie totale

occupée. Le quartier Grand Louga centralise la majorité des grands équipements à l’exception des cimetières, le stade Watel et la station d’épuration ;

• Les espaces verts et la voirie occupent 355,2 hectares représentant ainsi 37 % de la surface totale occupée.

L’habitat spontané est très développé. Les habitants construisent à la périphérie de la ville et dans les poches d’occupation spatiale des logements avec les matériaux de récupération. La commune a entrepris depuis 1997 des opérations de recasement et de régularisation au niveau des quartiers périphériques de «Fack Deuck». Des lotissements d’extension ont été réalisées pour 2 270 parcelles dont 900 identifiées pour recevoir des immigrants et 500 attribuées aux émigrés qui avaient exprimé le besoin. Il semblerait qu’il a dysfonctionnement et opacité dans la répartition et la distribution de parcelles avec des prolongements politiques dans la communauté des acteurs du foncier et du domanial au niveau local à l’instar de plusieurs villes secondaires en expansion au Sénégal. Un porteur d’information opine qu’il importe de

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reclarifier les conditions d’une bonne application des pouvoirs du foncier dans le contexte de la décentralisation, mais aussi les concepts de vocabulaire juridique qui organise les textes. Cette urgence devrait s’accompagner d’une formation adéquate des élus locaux en matière de gestion foncière. Dans le contexte lougatois, les réserves foncières s’amenuisent de plus en plus. Si à l’Est de grandes emprises foncières limitent la poursuite de l’urbanisation, la route nationale forme une rupture physique du périmètre communal à l’Ouest. Au Sud, se pose un problème d’extra-territorialité avec la communauté rurale de Nguidilidé sur laquelle s’accoude le périmètre communal. Les futures limites communales privilégient le développement urbain de la ville dans cette direction.

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Chapitre 3 LES INDICATEURS DE L’ENVIRONNEMENT ET DE

L’AMENAGEMENT DU CADRE DE VIE L’environnement et le cadre de vie de la commune de Louga répondent de la crise de croissance des écosystèmes urbains des capitales régionales du Sénégal. Plusieurs acteurs y interviennent parfois dans une dynamique d’efforts concurrentiels que la commune a du mal à recentrer les acteurs dans le souci d’une complémentarité fonctionnelle en dépit d’avancées remarquable en termes de concertation et de coordination intersectorielle des activités. La société civile se révèle ces dernières années comme un acteur important comme le laissent entrevoir les réponses communautaires pour l’amélioration du cadre de vie dans les domaines de la gestion des déchets solides, l’éducation, l’accès à l’eau potable et la gestion des ressources naturelles.

3.1 Les déchets solides : à la recherche de nouvelles alternatives de gestion communautaire des ordures ménagères

Les déchets solides de la commune de Louga sont constitués des ordures ménagères, des déchets industriels, des déchets commerciaux et d’hôpitaux. La gestion des déchets industriels et d’hôpitaux est laissée à la discrétion des industries et des centres sanitaires de la place. Quant aux ordures ménagères et déchets commerciaux, leur gestion fait intervenir les trois principaux acteurs que sont l’Etat, la municipalité de Louga et la population. L’Etat sénégalais intervient dans la gestion des ordures ménagères de Louga à travers sa politique environnementale contenue dans le code de l’environnement qui fait obligation à toute personne qui produit ou détient des déchets d’en assurer elle-même l’élimination ou le recyclage ou de les faire éliminer ou recycler auprès des installations agréées par le Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature (MEPN). Elle doit remettre ces déchets à la commune ou à toute société créée par l’Etat en vue de leur gestion. En dehors de l’action de l’Etat, la commune de Louga, les ONGs et les populations organisées en association sportives et culturelles(ASC) et en groupements féminins contribuent à la salubrité publique de la ville. C’est dans ce contexte qu’est intervenue l’initiative du projet PEUL. Ce projet visait à organiser et à gérer la filière de traitement des ordures ménagères. Initialement, un groupement d’intérêt économique(GIE) composé de 120 membres devait assurer le ramassage des ordures ménagères à partir des dépôts secondaires, leur tri, leur compostage et pratiquer la culture maraîchère sur un périmètre irrigué de 15 hectares. Le projet PEUL n’a cependant pas survécu à sa mauvaise gestion. L’ONG AQUADEV a récemment commandité une étude en vue de le réactualiser. En collaboration avec l’Etat, la municipalité de Louga a initié le projet PAM/SEN géré par l’AGETIP. Ce projet permet le ramassage des ordures ménagères dans les secteurs centraux et péri- centraux de la ville de Louga. Il a intéressé au courant du mois de juin 1999 une liste de 300 volontaires qui ont été repartis dans les cinq zones de collecte de la ville (voir tableau 9 ci-dessous).

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Tableau 9 : Les zones de ramassage des ordures à Louga

Zone 1 Zone2 Zone 3 Zone 4 Zone 5 Ndjang domaine

ferroviaire école grand

Louga gouvernance le sous bois SONATEL HLM

Diamaguène Keur serigne

Louga 1 dépôt de base dépôt du stade

wattel l’Est du foirail école SOS

Ecole SOS gare de Touba cimétière

Yeurmandé route Kébé ndente

Artillerie 1 Artillerie 2 dépôts de

Yeurmandé dépôt du

terrain Ndiangane dépôt de Keur

Mbargou Diakhaté

dépôt de Thiokhna

magasin SONACOS

voie ferrée

Source : AGETIP-Louga Le matériel mis à la disposition des travailleurs est assez satisfaisant, excepté le problème de masques pour leur sécurité. Les associations sportives et culturelles(ASC) et les groupements féminins interviennent occasionnellement dans le ramassage des ordures lors des opérations set-setal. Le projet PAM-SEN n’est plus de mise depuis le premier trimestre de l’an 2000. La ville de Louga dispose de deux décharges publiques en service : la décharge de grand Louga située dans une ancienne carrière et la décharge de Keur serigne Louga Est. Il existe une décharge privée réservée à la SPIA. Les déchets d’hôpitaux eux, sont incinérés sur place. Selon l’AGETIP, la municipalité de Louga met en décharge 128,3 tonnes de déchets solides, soit 70% des déchets produits dans la ville. Les 30% restant se retrouvent dans la rue ou dans les espaces libres créant de nombreux désagréments à la population. La pollution des sols, de l’air et de l’eau est ainsi dans le lot quotidien des problèmes de Louga. Si la pollution des sols est la seule visible un peu partout à cause surtout de la fonction essentiellement commerciale de la ville, il n’en demeure pas moins que les autres formes de pollution existent aussi. Les ordures dégagent par fermentation -en présence ou non de l’air- des particules gazeuses qui polluent l’atmosphère. L’infiltration du lixiviat pollue également la nappe phréatique. Toutefois, étant donné sa profondeur, la nappe de Louga reste peu sensible à ce type de pollution. Les ordures ne représentent pas seulement une menace pour l’environnement de la ville ; elles peuvent être utiles pour son épanouissement. Les matières organiques compostées peuvent servir à amender les sols. Les matières non organiques par contre, peuvent être recyclées. Les produits de ce recyclage sont essentiellement utilisés par les artisans de Louga. Il s’agit la plupart du temps de la ferraille qui est utilisée par les forgerons pour fabriquer des outils agricoles et des objets en plastique revendus souvent en l’état.

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CARTE THEMATIQUE :

LE RAMASSAGE DES ORDURES

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Le code de l’administration communale et la récente loi 96-07 du 23 mars 1996 portant transfert de compétences aux régions, aux communes et communautés rurales- constituent le cadre de l’intervention de la commune de Louga dans la gestion de l'environnement. L’un des domaines de l’environnement qui préoccupe le plus la commune de Louga est celui des ordures. La mairie est la première concernée par leur gestion. Les moyens dont elle dispose pour cette gestion sont limités (voir tableau ci-dessous). Tableau 10 : Les moyens de la commune

Matériels Humains Financiers 1 camion Berliet vieux de 32 ans avec une capacité de 12m3

1 tracteur Fiat vieux de 32 ans avec une capacité de 8m3 1 tracteur Ford de 5 mois avec une capacité de 6m3 10 charrettes héritées du projet PEUL, -des fourchettes -des pelles -des radeaux - des brouettes

13 manœuvres permanents ; 20 manœuvres volontaires pour la collecte des ordures

-90600 en moyenne par mois la masse salariale des ouvriers ; -2500000 depuis janvier pour carburant affecté à la collecte des ordures ménagères ; -3071970 pour réparation et entretien des engins et l’achat de petits matériels pour le balayage ; -550000 par mois pour le nettoiement des 2 GIE

Source : Communication de l’agent voyer, Mme DIME Rokhaya lors du forum du 5 au 7 novembre 98. L’organisation du ramassage et du nettoiement se faisait naguère par un système de rotation (au moins 3 fois par jour) dans les grands quartiers comme Artillerie et Montagne. De petits tracteurs desservaient les petits quartiers comme Santhiaba Thiokhna. Les quartiers comme Serigne Louga et Grand Louga sont toujours desservis par des charrettes attelées. Aujourd’hui, on assiste de plus en plus à une dégradation du système de nettoiement du fait des pannes fréquentes du parc automobile, des difficultés de la municipalité à honorer les engagements financiers envers les GIE. Certaines ONGs et les organisations communautaires de base (OCB) sont également d’un apport considérable dans la gestion des déchets. L’AGETIP, AQUADEV, ADEREL, les ASCs et groupements féminins en sont les principaux intervenants dans la commune de Louga. Leurs actions portent généralement sur l’amélioration du cadre et des conditions de vie des groupes les plus vulnérables. Compte tenu de leur nature, les déchets solides biomédicaux sont gérés directement au niveau des différents centres de santé.

3.2 L’assainissement : une problématique prioritaire qui défie les capacités locales

L’assainissement constitue un des problèmes prioritaires de la ville de Louga. Les problèmes d’assainissement sont réels et demeurent une préoccupation des populations locales, des autorités municipales et des pouvoirs publics. Le système d’assainissement jusqu’à une période récente relevait de deux principaux acteurs : la commune qui avait la charge des canaux d’eaux pluviales à ciel ouvert et la SONEES qui était responsable des systèmes d’égouts. L'assainissement individuel n'était pris en charge par aucune structure, seules quelques rares ONGs s’y sont investies. Les vidanges étaient effectuées par des opérateurs

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privés rémunérés par les familles qui les sollicitaient à la demande. La réforme intervenue dans le secteur de l’eau a vu la création par l’Etat de l’Office National d’Assainissement du Sénégal (ONAS) qui a la responsabilité de la gestion des réseaux d’égouts et des canalisations d’eaux pluviales. Louga fait partie des rares villes du Sénégal qui dispose d’un réseau séparatif d’eaux usées et d’eaux de pluies, mais ce réseau ne couvre qu’une petite partie de la ville et n’est pas efficient. L’assainissement individuel se pose avec acuité surtout dans les nouveaux quartiers périurbains dans lesquels l’absence d’équipements sanitaires engendre un cadre de vie précaire et constitue une menace pour la santé publique.

3.2.1 L’assainissement collectif : un réseau séparatif qui ne peut supporter une demande en forte croissance

La ville de Louga dispose d’un réseau d’eaux usées conçu en 1976 et réalisé en 1982 par ITAL-CONSULT. Ce système concerne uniquement les quartiers Santhiaba Nord, Artillerie, Montagne et Grand Louga. La première phase du réseau a coûté 1,16 milliards de FCFA et a une potentialité de drainage des eaux usées de 12 000 concessions. Il s’agit de la première tranche d’un programme qui devait couvrir l’ensemble de la ville à terme. La canalisation actuelle s’étend sur une distance de 8700 mètres. En raison du coût des branchements -250.000 francs CFA au minimum- extrêmement élevé pour les ménages aux revenus modestes, le nombre de raccordements se limite à 417 contre 1200 raccordements potentiels sans extension. Son taux d’utilisation actuelle est très faible 25,8% soit un taux de couverture des égouts de 30%. Les quantités d’eaux usées journalières déversées par les usagers sur le réseau sont très faibles pour assurer un auto-curage des canalisations qui risquent de se boucher facilement après leur mise en service. Pour pallier cette insuffisance, la SDE est obligée d’injecter périodiquement de l’eau potable pour assurer une vidange adéquate et un fonctionnement opérationnel des canalisations. Ce réseau d’eaux usées débouche sur la station d’épuration sise à l’entrée Est de la ville, à la limite de l’urbanisation actuelle de la ville. L’effluent de ces bassins se perd ensuite dans une zone située faiblement en contre bas. Dans sa nouvelle politique, l’ONAS a instauré une stratégie consistant à encourager les branchements sociaux à l’égout pour les foyers situés à proximité du réseau. Le projet de l’Association pour le Développement de la Région de Louga (ADEREL) subventionne jusqu'à 50% du prix du branchement (250 000 francs CFA). Néanmoins, l’apport personnel demeure relativement élevé (125 000 FCFA) ce qui explique la faiblesse du nombre de familles touchées.

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CARTE THEMATIQUE :

SECTEUR DE L'ASSAINISSEMENT

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3.2.2 Le réseau d’eaux pluviales : un système qui entretient la disparité entre le centre ville et les quartiers périphériques

Le réseau d’eau pluviale ne dessert que le centre urbain de la ville de Louga. Le réseau enterré est d’environ 8000 mètres. Dans les autres quartiers de la ville, la nature du sol, très perméable, fait que l’essentiel des eaux de pluies s’infiltre dans le sol. Seules quelques zones argileuses présentent des flaques d’eau (en cas de fortes averses) qui disparaissent au bout de deux à trois jours. La faible pluviométrie (~300 mm) et la rareté des averses journalières dépassant 100 mm font que les autorités n’ont pas jugé utile de doter toute la ville d’ouvrages d’évacuation des eaux pluviales. Le réseau d’eaux pluviales existant reste confronté à des problèmes. Le manque d’entretien occasionne en hivernage, après de fortes précipitations la stagnation des eaux sur les chaussées gênant considérablement la circulation. Les eaux stagnantes sont par ailleurs sources de diverses maladies (paludisme par exemple) et de reproduction des moustiques. Des actions concrètes ont été entreprises par l’ONAS pour réduire les points bas les plus importants de la voirie revêtue par la construction d’avaloirs. Deux points bas subsistent au niveau de l’avenue de la Gare et de l’avenue BOUNA NDIAYE. Pour trouver une solution durable à ce problème, il est proposé à l’ONAS d’examiner la possibilité d’une dérogation pour un raccordement au réseau d’eaux usées compte tenu du système séparatif qui prévaut pour l’évacuation des eaux de la ville.

3.2.3 L’assainissement individuel : un système handicapé par le niveau de vie des populations et l’exiguïté de l’espace urbain

L’absence de système d’égout dans les autres quartiers (annexe) de la ville et le non-raccordement de certaines concessions dans les quartiers dotés d’un tel système posent le problème de l’évacuation des eaux usées domestiques. Ainsi, le problème des eaux usées est resté entier dans la ville de Louga. L’absence de système d’assainissement des eaux usées est aggravée par le manque d’espace. Les habitations très serrées avec une forte concentration humaine produisent de grandes quantités d’eaux usées. Les ménages n’ayant d’autres solutions, sont obligés d’épandre les eaux usées dans la rue. Ainsi, les coins de rue sont fréquemment le siège de flaques d’eaux usées nauséabondes, en décomposition et propices à la prolifération de moustiques vecteurs de maladies. Durant le premier semestre de l’année 1999, sur 2260 visites domiciliaires effectuées par le service d’hygiène, 234 cas d’infractions ont été constatés concernant les jets d’eaux usées sur la voie publique. L’absence de puisards pour évacuer les eaux usées explique en grande partie ce mode de gestion des déchets liquides domestiques. Certaines familles évacuent même ces eaux dans un coin de la maison. La cherté du prix de raccordement au système d’égout et celle de l’installation d’un puisard (54 000 francs CFA) pour des familles à revenus modestes explique la situation préoccupante en matière d’assainissement des eaux usées. A l'exception de quelques rares familles qui se sont prises en charge en se dotant d’un puisard, seul le quartier Keur Serigne Louga Ouest a bénéficié d’une large promotion avec l’installation de puisards par le projet ADEREL. Les puisards répondent parfaitement aux normes internationales de qualité et d’hygiène et sont vulgarisés par le Centre de Recherche en Eau Potable et Assainissement (CREPA) au Sénégal. La subvention d’un puisard à hauteur de 75% soit 40500 francs CFA a permis de toucher un grand nombre des populations du quartier. Ainsi 10 puisards ont été installés touchant ainsi 15 à 20 maisons soit une population d’environ 200 personnes.

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La réussite de l’installation de puisards dans le quartier Keur Serigne Louga Ouest a suscité un engouement de la population de la ville. De nombreuses demandes (plus de 1000) ont été adressées à l’ADEREL pour une éventuelle installation de ces ouvrages. Actuellement, en collaboration avec le CREPA, l’ADEREL prépare un projet test de latrines et de puisards dans le quartier spontané de Diamaguène. Dans la quasi-totalité des quartiers anciens, il existe différentes fosses individuelles : fosses septiques, fosses étanches et latrines qui permettent d’avoir de meilleures conditions sanitaires. Ces ouvrages contribuent beaucoup à l’amélioration des conditions hygiéniques. Il faut aussi signaler l’absence de tout ouvrage sanitaire dans quelques poches de certains quartiers. Le quartier Keur Serigne Louga Ouest est le plus touché cause pour laquelle le projet ADEREL a initié un large programme communautaire d’installation de latrines concomitamment à l’installation de puisards. Le coût d’une latrines étant évalué à 120 000 francs CFA, le projet subventionne à hauteur de 75%, soit 90 000 francs CFA. Dans le cadre de ce programme, le projet a atteint plusieurs familles et a reçu des milliers de demandes de latrinisation. Le soutien constant a permis aux populations de ce quartier d’accéder à un système sanitaire décent. L’ADEREL ne s’est pas seulement limitée à l’installation de sanitaires, elle a aussi initié une vaste campagne d’Information, d’Education et de Communication (IEC) sur les problèmes d’hygiène et de salubrité afin d’amener les populations à adopter des comportements favorables à l’établissement d’un cadre de vie sain et durable. L’évacuation des matières fécales, lorsque les fosses sont remplies, se fait soit par quelques videurs informels, soit par quelques opérateurs privés. La plupart des familles font appel au service d’un videur pour assurer la vidange des fosses septiques. Cette opération s’effectue souvent à l’intérieur des maisons ou sur la voie publique. Beaucoup de familles ont construit leurs fosses sur la voie publique, en dehors de leur lieu d’habitation, ce qui constitue un risque environnemental, car souvent les fosses pleines se déversent dans la rue. La construction des fosses dans la rue ne répond à aucune norme urbanistique et ne tient pas compte des conduites de la SDE. La contamination des conduites d’alimentation en eau potable par les fosses septiques entraînerait des conséquences dramatiques sur la santé des populations desservies à partir de ce système.

La situation des quartiers spontanés demeure préoccupante. Derrières les quartiers anciens de Keur Serigne Louga, Artillerie, etc., sont nés de nouveaux quartiers qui se développent très rapidement. En effet, devant la dégradation des conditions de vie dans les zones rurales, des villages entiers ont pris le chemin de l’exode et se sont installés tout autour de la ville. L’habitat rural, les comportements, les habitudes alimentaires et les activités socio-économiques ont accompagné ces immigrants. Ainsi dans ces quartiers la majorité de la population ne dispose pas de système sanitaire. Le niveau d’assainissement est alarmant ; dans beaucoup de concessions, il n’existe aucun système individuel d’assainissement (voir tableau ci-dessous).

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Tableau 11 : Niveau d’assainissement de quelques quartiers de la commune

Quartier Nombre de concessions visitées

Fosse septique

Fosse étanche

Sans système sanitaire

DAROU SALAM (Artillerie extension )

281 0 0 281

TOUBA SCEANE 120 3 1 116 NDIANG MBAMBODJ

(derrière palais ) 169 0 0 169

KEUR SERIGNE LOUGA (dvf, Fakk Deuk )

76 0 0 76

TOTAL 646 3 1 642 Source : Sous Brigade d’Hygiène de Louga 1999 Le mode d’évacuation des excréta est inexistant dans la plupart des quartiers flottants de la ville. Le nombre de concessions disposant de système sanitaire pour ces quelques quartiers est très faible (44 concessions sur 646 soit un taux de 0,6 %). Les populations font leurs besoins dans la nature, sur les espaces vides, souvent la nuit dans les coins de rue ou hors des lieux d’habitation. L’assainissement autonome est d’une importance capitale pour l'hygiène, car beaucoup de maladies sont d’origine fécale. Le péril fécal est un risque majeur surtout pour les enfants de moins de cinq (5) ans. Ces populations, qui sont pour la plupart issue de couches sociales très pauvres, doivent être aidées pour qu'elles puissent disposer d’équipements sanitaires adéquats. La construction de latrines publiques pourrait contribuer à atténuer la situation et permettre de meilleures conditions d’hygiène dans ces quartiers. La résolution des problèmes d’assainissement est relativement liée au lotissement rapide de ces nouveaux quartiers.

Depuis la réforme du sous-secteur de l’hydraulique, qui a consacré la division de la SONEES en trois structures distinctes : la SONES, la SDE et l’ONAS, c’est cette dernière qui a en charge l’assainissement. L’office national d’assainissement (ONAS) a pour mission la planification et la programmation des investissements, la maîtrise d’ouvrage, la conception et le contrôle des études et des travaux des infrastructures d’eaux usées et d’eaux pluviales. L’ONAS a aussi en charge l’exploitation et la maintenance des installations d’assainissement des mêmes eaux, le développement de l’assainissement autonome, la valorisation des sous-produits des stations d’épuration et toute opération se rattachant directement ou indirectement à son objet. Il convient de noter tout de même que Louga ne disposant pas d’antenne régionale, c’est l’antenne de Saint-Louis qui assume ces responsabilités.

3.3 Sports, culture et loisirs La ville de Louga est très dépourvue en infrastructures sportives, culturelles et de loisirs. Sur le plan sportif, Louga dispose de :

• un stade omnisports Alboury Ndiaye situé à grand Louga, il a été construit grâce à l’appui financier de feu Djily Mbaye. Originaire de Louga, il était un riche marabout qui a beaucoup investi pour le développement du Sénégal et particulièrement sa ville natale. Il a contribué à la mise en place de plusieurs infrastructures dans la ville (lycée Malick Sall, hôpital, cité Bagdad, mosquée, marché, etc.). Ce stade a une capacité de 1500 places

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assises, depuis le début des années 1990, il accueille les compétitions navétanes au niveau local.

• un stade municipal Djiby Diouf (ex WATEL) sis au quartier Keur Serigne Louga Est , il est surtout utilisé pour les manifestations officielles et les courses de chevaux . Ce stade n’est pas aménagé, à l’exception des tribunes dont la couverture se trouve dans un état de dégradation avancée et nécessite par ailleurs une réhabilitation.

• des aires de jeux sont localisées au niveau des différents quartiers de la ville. Ces terrains sont souvent situés dans des zones argileuses ce qui les rend impraticables en période hivernale (période pendant laquelle ils sont le plus sollicités) ;

• trois terrains de basket équipés sont situés au stade Alboury Ndiaye, à proximité de la mairie et au complexe sportif socioculturel ;

• une salle de karaté et disciplines associées sous équipé est située au quartier Thiokhna Au plan culturel, il existe deux (2) bibliothèques l’une au Centre Départemental d’Education Populaire et Sportive (CDEPS) et l’autre au centre culturel. Il convient d’ajouter la bibliothèque du lycée Malick Sall fréquentée par les élèves. La commune de Louga peut être considérée comme une ville de culture avec un aspect folklorique dominant. Au plan théâtral, Louga a vu naître plusieurs troupes théâtrales (Galam, Cercle de la jeunesse de Louga, etc.) qui ont eu à défendre les couleurs nationales dans plusieurs festivals internationaux et à porter la culture sénégalaise au-delà du continent. Louga, au plan national, était un grenier de grands artistes qui savaient mettre en valeur l’histoire et la tradition ancestrale. De nos jours, cet héritage culturel s’effrite peu à peu. La première place qu’occupait la ville sur le plan de la danse, du chant et du théâtre se perd au fil des ans. Par exemple, lors de la dernière semaine nationale de la culture tenue à Dakar en 1998, Louga ne s’est classée qu’au troisième rang. Cet état de fait s’explique surtout par la négligence de la culture par les Associations Sportives et Culturelles (ASC) qui s’investissent plus dans le sport et principalement le football. La municipalité de Louga qui participe chaque année à la dotation des ASCs en équipements doit insister sur le volet culturel en imposant à chaque ASC d’avoir une troupe théâtrale compétitive pour pouvoir bénéficier des subventions et participer aux «navétanes ». En plus, des veillées culturelles en collaboration avec les grandes formations théâtrales doivent souvent être organisées en vue de permettre à ces dernières d’exercer dans leur ville et permettre aux jeunes générations de s’imprégner de leurs valeurs traditionnelles. Les espaces de loisirs ont été pris en compte dans la nouvelle politique communale et ceci en direction de la jeunesse. Les infrastructures de loisirs les plus significatives de la ville sont :

• le complexe sportif socioculturel Omar Bongo situé au quartier Montagne, il s’agit d’un centre polyvalent permettant l’exercice d’activités culturelles, sportives et de loisirs ;

• le Centre Départemental d’Education Populaire et Sportive (CDEPS) sis à Keur Serigne Louga Nord, ce centre entièrement rénové, dispose d’une grande salle qui accueille souvent les manifestations à caractère culturel et/ou ludique de la ville ;

• deux (2 ) night club «le millionnaire» et «la case» existent dans la ville ; • l’absence d’espaces verts est très perceptible au niveau de la ville. Il n’existait que le

jardin public Yacine Boubou qui est très mal entretenu. Récemment la commune de Louga en collaboration avec l’Agence d’Exécution des Travaux d’Intérêt Public (AGETIP) a réalisé une place civique. Cet espace moderne, très accueillant, est destiné à recevoir les manifestations à caractère public, culturel et récréatif.

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3.4 L’éducation : un secteur transféré par le pouvoir central Le secteur de l’éducation a fait lui aussi l’objet de transfert avec la loi sur la décentralisation. La commune de Louga est chargée de l’équipement, de l’entretien et de la maintenance des écoles publiques. Elle prend aussi en charge les consommations en électricité et eau potable de quelques établissements en souscrivant des polices d’abonnement. La carte d’identité scolaire révèle que Louga ville compte, deux lycées dont un franco-arabe, un Collège d’Enseignement Moyen Technique (CEMT), cinq Collèges d’Enseignement Moyen (CEM) dont deux privés, treize écoles élémentaires dont deux privées pour un total de 110 classes, trois écoles pour l’éducation préscolaire de trois classes chacune. Le taux moyen de scolarisation de la région de Louga est encore très faible, il se situe autour de 43 %. La demande de scolarisation est particulièrement forte à Louga où six (6) enfants sur dix (10) n’accèdent pas à l’école. En 1996 la population scolarisable pour l’enseignement élémentaire dans la ville est estimée à 10200 élèves. Pour atteindre un taux satisfaisant de population scolarisée, 60 classes sur 110 fonctionnaient à double flux. Le remplissage des classes est un paramètre important de la qualité de l’encadrement offert et de la facilité d’assimilation des jeunes élèves. La région de Louga dispose d’un niveau de remplissage assez satisfaisant pour l’enseignement moyen -49 élèves par classe- situation meilleure que la moyenne nationale (58 élèves par classe). Depuis quelques années, en collaboration avec certaines structures, la commune de Louga a entrepris la réhabilitation de certains établissements scolaires. La phase 2 du Programme de Développement des Ressources Humaines (PDRH 2) a financé la réhabilitation de certaines écoles. L’école Artillerie a bénéficié du programme «coopération 92 » et a été entièrement restaurée. Toutefois un bon nombre d’écoles qui nécessitent des travaux de réhabilitation n’a pas été pris en compte dans ces programmes. Il faut aussi signaler que certaines écoles, sous l’impulsion d’un directeur dynamique, se sont autofinancées pour répondre aux besoins de réhabilitation de leurs locaux.

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CARTE THEMATIQUE :

SECTEUR DE L'EDUCATION

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3.5 Approvisionnement en eau potable : un secteur marqué par une iniquité en termes d’accessibilité

L’approvisionnement en eau potable de la ville de Louga est assuré par la SDE. L’eau potable fournie aux populations lougatoises est essentiellement tirée des forages de Dagath et Nieme Ciss qui se trouvent à 2 kilomètres de la limite Ouest de la commune de Louga. Ces deux forages avec un débit suffisant couvrent entièrement les besoins de la population même si un appoint peut être fourni par le lac de Guiers en cas de nécessités ponctuelles. Ces deux forages captent la nappe du maestrichien qui se situe à ces niveaux entre 100 et150 mètres. Dans la ville, en raison de la profondeur de la nappe (~350 m), le réseau de la SDE est l’unique source d’approvisionnement en eau potable pour les lougatois. Les forages alimentent quotidiennement les trois châteaux d’eau de la ville qui ont une capacité totale de 1 200 mètres cubes chacun. Deux de ces châteaux d’eau sont situés dans l’enceinte de la SDE (quartier Keur Serigne Louga Nord ) et le troisième au quartier Keur Serigne Louga Est. La consommation individuelle (annuelle) moyenne d’eau au niveau régional est égale à 2,6 m3, soit à peu près 7 litres par personne et par jour. Des disparités intra régionales sont énormes, Louga commune dépasse très largement la moyenne régionale avec une consommation de 30 litres/ personne / jour. Le réseau d’adduction d’eau est relativement étendu dans la ville de Louga et est très dense à l’exception de certains secteurs d’extension et particulièrement dans les quartiers spontanés. Le nombre de branchements s’est considérablement amélioré. En 1996 la commune de Louga comptait 5965 branchements de particuliers ; en 1999 le nombre s’élève à 8000 abonnés domestiques. L’effort consenti par la commune en faveur des branchements sociaux a largement contribué à accroître le nombre de branchés et actuellement d’autres branchements sociaux sont en instance. L’utilisation qui est faite de la ressource eau est surtout la consommation en tant que boisson. Les gros clients de la SDE en terme de consommation sont d’abord les bornes fontaines qui sont au nombre de 23 réparties entre les différents quartiers de la ville, et ensuite viennent les abonnés domestiques. L’eau fournie par la SDE fait l’objet d’un suivi constant. L’eau tirée des forages subit un traitement à l’aide de l’hyplochloride de sodium avant toute distribution. Des contrôles journaliers sont effectués par les agents de traitement de la SDE. Chaque quinzaine un échantillon est acheminé au niveau de Dakar pour des analyses beaucoup plus poussées. Dans l'ensemble, la qualité de l’eau est conforme aux normes édictées par l’OMS.

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CARTE THEMATIQUE :

SECTEUR DE L'APPROVISIONNEMENT EN EAU

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Le réseau d’adduction d’eau potable ne couvre pas toute la ville, des disparités intra communales subsistent. L’approvisionnement en eau potable constitue un vrai casse-tête pour les populations des quartiers périurbains (voir tableau ci-dessous). Tableau 12 : Situation de quelques quartiers de la commune

Nombre de concessions visitées

Approvisionnement Eau Potable

DAROU SALAM (Artillerie extension )

281 Néant

TOUBA SCEANE 120 Robinet : 4 Bornes fontaines : 116

NDIANG MBAMBODJ (derrière Palais )

169 Néant

KEUR SERIGNE LOUGA (DVF, FAKK DEUK )

76 Néant

Source : Sous Brigade d’Hygiène de Louga 1999 Ce tableau reflète l’absence de sources d’approvisionnement en eau potable des quartiers spontanés surtout du fait de leur situation irrégulière. Le quartier TOUBA SCEANE bénéficie de conditions beaucoup plus favorables compte tenu du fait que c’est un quartier qui a fait l’objet d’un lotissement récent. Le nombre de concessions utilisant les bornes fontaines est relativement élevé du fait de l’état de pauvreté des habitants. Les quartiers ne disposant d’aucun branchement s’approvisionnent au niveau des quartiers voisins. Les branchements en bornes fontaines pèsent lourdement dans la quasi-totalité de l’approvisionnement en eau potable ce qui pose le problème de l’utilisation judicieuse de la ressource eau. Actuellement deux grands problèmes préoccupent la SDE :

• la baisse tendancielle de la nappe des différents forages qui n’est pas rechargée de façon régulière et suffisante par la pluviométrie ;

• la construction de fosses septiques sur la voie publique là où passent les conduites d’eau. Ces fosses septiques constituent un danger potentiel, la contamination d’une conduite d’eau pourrait entraîner la contamination d’une partie du réseau et la population desservie à partir de ce système.

La privatisation de la Société Nationale d’Exploitation des Eaux du Sénégal (SONEES) a entraîné une division de ladite société en trois structures : la SDE, l’ONAS, et la SONES. La gestion du secteur Eau est assuré par deux sociétés : la SDE et la SONES. La Sénégalaise des eaux (SDE) est une société anonyme chargée de la production et de la distribution de l’eau en zone urbaine et périurbaine, de l’entretien et du renouvellement. Elle réserve à la SONES et à l’exploitant du service public de l’assainissement les sommes collectées pour leur compte. La SDE est tenue de se conformer aux textes en vigueur en matière d’environnement (cf. art. 13-7 du contrat d’affermage). Elle a l’obligation de s’assurer de la qualité de l’eau distribuée et de se conformer aux recommandations de l’OMS (cf. art. 36). Des contrôles sont ainsi faits au niveau du lac de Guiers qui alimente Louga. La société nationale des eaux du Sénégal(SONES) a pour mission la construction du patrimoine, la gestion des financements pour l’ensemble des infrastructures et ouvrages nécessaires au captage, à la production, au transport et à la distribution d’eau potable et le contrôle de la

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qualité de l’exploitation du service public. La SONES n’a cependant pas de représentant dans la ville de Louga.

3.6 Le secteur de la santé : un difficile partenariat entre l’Etat, la municipalité et

les autres acteurs Louga, au plan régional, compte 54 postes de santé, 5 centres de santé et un hôpital ; ce qui, en termes de ratio, donne 10214 habitants par poste de santé et 110311 habitants par centre de santé (cf. Service régional de la planification, janvier 1998). Cependant, le mauvais fonctionnement et la mauvaise répartition des infrastructures de santé posent des problèmes à un secteur qui souffre de l’insuffisance de financement. L’Etat demeure le principal bailleur de fonds de la santé avec 57% des financements. Les ONGs et les comités de santé occupent 21% chacun. La plupart des infrastructures de santé existantes se trouvent dans la commune de Louga. Ainsi, la ville abrite l’hôpital régional, cinq centres et quatre postes de santé publique. L’hôpital de Louga souffre de l’absence de spécialiste et le déficit de la ville en sages-femmes est réel. Le personnel qualifié opérant à Louga représente 52% du total régional. Globalement, la couverture médicale se présente ainsi :

• un médecin pour 6 595 habitants ; • une sage-femme pour 9 000 femmes ; • un infirmier d’Etat pour 3 769 personnes ; • un lit d’hôpital pour 350 habitants. En dehors de la couverture en médecins, la commune de Louga ne répond pas aux normes sanitaires de l’OMS. Les indicateurs de couverture sanitaire de l’OMS sont les suivantes :

• un médecin pour 5 000 à 10 000 habitants ; • une sage femme pour 300 femmes en âge de procréer ; • un infirmier pour 300 habitants. Le paludisme reste de loin la première maladie de la région. Il affecte et tue plus qu’aucune autre maladie. Il est suivi des maladies respiratoires et cardio-vasculaires (voir tableau).

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Tableau 13 : Morbidité et mortalité dans la région de Louga (1994)

Maladie Nombre de malades

Morbidité proportionnelle

Nombre de décès Mortalité spécifique

Paludisme 35560 21,1% 61 51,6% Maladies respiratoires

913560 9,8% 11 9,32%

Maladies de la peau

9871 7,1% - -

Maladies diarrhéiques

9007 6,5% 8 6,7%

Plaies 8375 6,1% - - Parasites intestinaux

5007 3,6% - -

MST 4322 3,1% - - Maladies cardio-vasculaires

4123 3% 15 12,7%

Anémies & malnutrition

3874 2,8% - -

Maladies de l’œil 2859 2,08% - - Source : Région de Louga : Service Régional de la Planification

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CARTE THEMATIQUE :

SECTEUR DE LA SANTE

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La région de Louga est aussi soumise à une nuptialité précoce liée au facteur ethnique, à l’urbanisation et à l’instruction. L’âge médian au premier mariage est de 16,6 ans. La planification familiale est aussi influencée par l’urbanisation et l’instruction. Une bonne connaissance des méthodes modernes par 69,1% des femmes et une décentralisation du programme au niveau des postes de santé ont fait passer la couverture contraceptive de 3% à 8% en 1995. Les contraintes et insuffisances du secteur relevées au niveau régional sont : • la faible fonctionnalité des infrastructures ; • le non-engagement des collectivités locales dans le développement sanitaire ; • la mobilité des populations ; • la politisation des comités de santé ; • les facteurs socioculturels. En dehors des ressources humaines -personnel soignant- le secteur de la santé se caractérise autant par l’utilisation de plantes médicinales que les produits pharmaceutiques pour les soins curatifs. Ces derniers ne sont pas produits sur place à Louga. L’essentiel du stock provient de Dakar et de Saint-Louis. La disponibilité des ressources végétales fait de plus en plus défaut. Du fait de la désertification, la flore s’appauvrit raréfiant d’autant les plantes médicinales existantes. Le personnel soignant est aussi insuffisant dans la région. Les statistiques de la santé montrent que le déficit en sage-femme, par exemple, est de 40%. La désertification et la pollution (des sols, de l’eau et de l’air) peuvent menacer à terme la santé des populations. La désertification porte atteinte à l’équilibre écologique dont dépend l’existence des plantes médicinales. Quant à la pollution, elle est à l’origine de plusieurs maladies. Les maladies diarrhéiques et respiratoires sont les plus concernées. Des problèmes d’un autre ordre affectent la santé des populations de Louga. Il s’agit notamment de :

• l’absence de consultations prénatales (les grossesses rapprochées et aux âges extrêmes, les accouchements non assistés sont la cause de la mortalité maternelle) ;

• la santé précaire des adolescents liée à la sexualité et aux grossesses précoces, à la toxicomanie, aux MST, etc. ;

• la pauvreté qui menace l’existence des plus déshérités ; • la faible adhésion des populations aux programmes de santé. La mise en œuvre des stratégies appropriées d’informations, d’éducation et de communication(IEC) et le renforcement des infrastructures constituent des alternatives prometteuses pour le secteur dans le cadre du Programme National de Développement de la Santé (PNDS) de la troisième phase de décentralisation. En effet, C’est ce plan national qui prévoit la réhabilitation du centre de santé de Louga. L’approfondissement de la décentralisation avec le démarrage de la troisième phase a abouti à une refonte des compétences du Ministère de la Santé. Une partie de ses compétences a été transférée à la commune.

3.7 Le SIDA : une menace aux portes de la ville Louga s’offre, à l’instar des localités de la moyenne vallée du fleuve Sénégal, comme un foyer où le taux de séropositivité par rapport au VIH/SIDA est très élevé et la région reste

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souvent citée comme une zone à « Risques » par les statistiques du Programme Nationale de Lutte contre le Sida (PNLS). Les statistiques officielles disposent que la population totale infectée est de 4 665 en 1996, 5 567 en 1997, 7 334 en 1999 et 8 982 en 2001. Cette situation est liée à la mobilité de la population masculine en Europe, en Amériques et en Afrique Centrale. Les femmes restent souvent dans la localité en attente de leurs maris qui, souvent, sont polygames. L’infidélité est souvent cité comme facteur de propagation de la maladie. Le cumul de décès dus au VIH/SIDA s’élevait à 2 631 en 1999 et 3 309 en 2000. Des statistiques des agrégés à l’échelle de la commune ne sont pas disponibles, mais les spécialistes s’accordent sur le fait que la ville met plus de jeunes sur les routes de l’exode que les autres localités de la région. Par rapport au cumul des décès (voir graphiques 2, 3, 4), les hommes sont plus touchés que les femmes. Si en 1996 le cumul de décès était de 314 pour les hommes et 163 pour les femmes, les statistiques de 2000 offrent 2 056 pour les hommes et 1 270 pour les femmes.

Graphiques 2, 3, 4

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Chapitre 4

LE CADRE INSTITUTIONNEL DE LA GESTION DE L’ENVIRONNEMENT ET DE L’AMELIORATION DU CADRE DE VIE

La gestion de l’environnement et du cadre de vie fait intervenir, dans un même champ social, des acteurs qui bougent avec des logiques différentes, des principes dissemblables, des agendas parfois difficilement conciliables dans une perspective d’actions concertées et localisées. En plus des services déconcentrés de l’Etat qui interviennent dans des domaines dits de compétence, on compte parmi les acteurs des organisations communautaires de base (ASC, GPF, GIE, …), des ONG, des structures du privé, la commune de Louga, le conseil régional qu anime des initiatives circonscrites en milieu rural, etc. La mise en œuvre de certaines actions s’inscrivent dans une logique de partenariat institutionnel, d’autres se lisent comme des coalitions ponctuelles qui souffrent de durabilité et d’efficience.

4.1 Sociologie des acteurs : des coalitions ponctuelles à la recherche d’actions structurées par le partenariat

On distingue quatre (4) grands groupes d’acteurs principaux à savoir les organisations communautaires de base(OCB), les organisations non gouvernementales (ONG), les services déconcentrés de l’Etat et la commune de Louga.

4.1.1 Les Organisations Communautaires de Base (OCB) : fer de lance de la

société civile Plusieurs associations et groupements sont à prendre en compte dans la gestion de l’environnement.

4.1.1.1 Les Associations Sportives et Culturelles (ASC) : leviers des

initiatives développantes

Louga commune compte une trentaine d’Associations Sportives et culturelles (ASC) dont les principales activités se déroulent en période de vacances. Ces ASC se localisent au niveau des quartiers qui peuvent avoir une ou plusieurs ASC. Elles jouent un rôle capital dans la préservation de l’environnement. Les activités que mènent les ASC sont diverses ; les plus saillantes sont la lutte contre l’insalubrité publique, contre la désertification et la sensibilisation des populations en matière de protection globale de l’environnement à travers des séances théâtrales. Le démarrage des activités de vacances est souvent marqué par un set-setal à travers un investissement humain des résidents du quartier. Avec l’aide de la mairie qui fournit les principaux outils (pelles, râteaux, gants, brouettes, balais, etc.) pour le ramassage des ordures et un camion pour l’évacuation de ces dernières vers les différents dépotoirs, les populations du quartier sous l’initiative de leur ASC luttent contre l’insalubrité de leur environnement immédiat. Dans les quartiers dotés de voirie revêtue, les activités sont principalement orientées vers le désensablement des voies publiques.

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La désertification est un fléau qui gagne de plus en plus la zone de Louga, c’est ainsi que les ASC souvent en collaboration avec le service des eaux et forêts, mènent des actions de reboisement. Le service des eaux et forêts fournit aux ASC les espèces à reboiser au niveau des quartiers. Les ASC étant des associations populaires, au niveau d’un quartier chaque famille doit reboiser la devanture de sa maison et est responsable du suivi des espèces. Le suivi consiste arroser quotidiennement et à protéger les espèces reboisées contre la divagation du bétail. Dans la commune de Louga, chaque ASC dispose d’une troupe théâtrale. Chaque année, un thème global est défini et chaque troupe théâtrale est chargée de créer une pièce en rapport avec ce thème. Certains thèmes peuvent avoir une connotation environnementale, mais ils visent tous à sensibiliser les populations sur les fléaux qui altèrent leur cadre de vie ou à les informer sur leurs propres identités culturelles. En outre, les ASC sont sollicitées par différents services étatiques ou Organisations Non Gouvernementales (ONG) pour vulgariser un message. Souvent, les services de santé les sollicitent pour la sensibilisation (ou l’IEC) du public sur un problème sanitaire qui prend de l’ampleur dans la ville et sur les moyens de se prémunir. Les ASC jouent un rôle de relais entre les populations et les services de santé ; la réussite de la campagne de vaccination témoigne du rôle actif joué par les ASC dans ce domaine. La gestion efficace du quartier est une préoccupation majeure des ASC, des thés débats sont souvent organisés pour identifier les différents problèmes rencontrés dans le quartier et voir les stratégies à apporter pour atténuer les impacts et renforcer les techniques de gestion. Les campagnes de sensibilisation ,plus connues sous le sigle IEC, visent surtout à inculquer la culture environnementale à la population. Au niveau de Louga ces campagnes sont surtout conduites par les ASC, les groupements féminins, le service d’hygiène et les responsables du district sanitaire de Louga.

4.1.1.2 L’association TENN-BI : une organisation spécialisée dans le domaine de l’IEC

Le TENN-BI est une association d’éducation populaire qui a été créée en 1990 par les jeunes du quartier Keur Serigne Louga sud. Depuis sa création, le TENN-BI mène des actions qui visent à renforcer les liens de solidarité entre ces différents membres et à œuvrer pour le développement de leur quartier. Les premières actions effectuées furent un set setal pour lutter contre l’insalubrité du quartier. Actuellement, cette forme d’action a tendance à disparaître du fait de l’évacuation des ordures par les volontaires du projet PAM/ SEN. Chaque année en collaboration avec le service des eaux et forêts, le TENN-BI organise une campagne de reboisement du quartier et des zones environnantes. L’association mise beaucoup sur l’information, la sensibilisation et l’éducation pour mieux faire passer ses objectifs et contribuer à la conscientisation de la population sur tous les enjeux importants. Pour la scolarisation des jeunes filles, les jeunes de TENN-BI ont fait du porte à porte pour mieux imprégner les parents sur les avantages à faire scolariser les filles au même titre que les garçons. Des conférences sont souvent organisées et les thèmes portent sur des questions qui intéressent le plus les jeunes (SIDA, MST, éducation, religion etc. ). Pendant les vacances, le TENN-BI organise des cours de vacances pour les enfants du quartier, voire, des enfants des quartiers environnants. Durant la période scolaire, avec le système de double flux -qui fait que les enfants ne passent qu’une demi-journée à l’école- le TENN-BI a initié des cours de rattrapage au bénéfice des enfants.

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L’absence de moyens limite les actions et les ambitions du TENN-BI qui tire l’ensemble de ces ressources financières à travers les cotisations de ces membres et des manifestations lucratives qu’il organise. Le TENN-BI, qui ne bénéficie d’aucune subvention, compte dorénavant s’ouvrir sur les ONG basées à Louga pour qu’elles l'aident à atteindre ses objectifs en matière d’éducation populaire.

4.1.1.3 ADEREL : une organisation qui œuvre pour le développement endogène de la région

L’Association pour le Développement de la Région de Louga (ADEREL) est basée à Louga ville ; elle vise de part ses activités à la promotion des potentialités de la région et à la résolution des différents problèmes rencontrés dans la zone. Depuis sa création, l’ADEREL a mené plusieurs activités dont les plus marquantes sont :

• la lutte contre l’analphabétisme (fléau très accentué dans la région) ; • la réduction du chômage qui touche particulièrement les jeunes ; • la résolution des problèmes environnementaux et sanitaires. La réalisation la plus significative dans le domaine de l’environnement dans la commune de Louga était une dynamique pérenne de lutte contre l’insalubrité par l’installation de latrines et de puisards. Ce projet cible particulièrement les ménages déshérités de la ville de Louga qui pourront dorénavant accéder à des systèmes sanitaires décents. La réalisation de ces ouvrages a été entièrement confiée à des maçons locaux, organisés et formés en circonstance et qui bénéficieront d’un important marché de construction de latrines et puisards pendant deux ans. Des personnes relais bénéficiant d’une formation dans différents domaines liés à l’hygiène et à l’assainissement ont été impliquées dans le cadre de ce projet. La stratégie mise en œuvre par l’ADEREL est une stratégie participative. Les parties impliquées sont considérées comme des acteurs à part entière, autonomes et responsables devant leur choix. Elles sont impliquées dans tout le processus de réalisation des objectifs visés. La stratégie est participative mais aussi contractuelle, ainsi toutes les parties impliquées dans le projet signent un accord avec ADEREL et s’engagent à le respecter. Les responsabilités des uns et des autres sont clairement situées en cas de réussite ou d’échec. L’association met davantage l’accent sur la valorisation des ressources locales (main d’œuvre, expertise, matériaux locaux etc.) et l’utilisation de technologies simples et à faible coût. La réalisation des ouvrages a permis une amélioration du cadre de vie des populations de certains quartiers de la ville et a eu des impacts positifs sur l’environnement. Les conditions de salubrité se sont favorablement améliorées dans les zones d’habitations et les risques de contamination de la nappe phréatique sont relativement faibles voire nuls.

4.1.1.4 L’Union Communale de Louga : un creuset de valorisation sociale des femmes en quête d’une légitimité locale

L'union communale de Louga regroupe l’ensemble des 99 groupements de promotion féminine (GPF) qui existent dans la ville de Louga. Chaque GPF est représenté au sein de l’union par sa présidente et sa trésorière. Le principal objectif de l’union communale des femmes est de regrouper l’ensemble des groupements de femmes et de les aider à trouver un financement pour promouvoir les activités de ces différents membres. Le nombre de membres d’un GPF varie en fonction de l’importance et la taille de cette dernière. Pour chaque

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regroupement de femmes, les membres cotisent mensuellement 500 francs CFA et le total cumulé est prêté à l’une d’entre elles avec un intérêt de 1 000 francs CFA remboursable dans deux mois. Le système de prêt est tournant. Les femmes des GPF s’activent dans beaucoup de domaines (vente de mangues ou de melons en fonctions des périodes, aviculture, embouche etc.) mais, c’est le petit commerce qui reste l’activité dominante. L’union dispose d’un foyer de femmes financé par le PDRH qui a été ouvert en 1998. Cette maison des femmes renferme deux chambres de passage climatisées, une grande salle qui peut accueillir certaines manifestations récréatives et de séminaires, une boutique communautaire et du matériel (chaises, bâches etc.). Quatre (4) femmes issues des GPF assurent la gérance des locaux et du matériel. Les bénéfices tirés de la location et de la boutique ne couvrent que la masse salariale des gérantes et du gardien et la réparation et l’entretien des locaux. La subvention du gouvernement et les prêts de la municipalité constituent les principaux fonds de roulement de l’union qui, en retour les prêtent aux GPF. Pour la lutte contre l’insalubrité et la désertification dans la commune, l’union a organisé un « set setal » dans la case foyer des femmes et y a procédé à un reboisement de quelques espèces végétales ; et ceci, en dehors des actions sectorielles que mènent les GPF dans un cadre global de sauvegarde de l’environnement.

4.1.1.5 Les associations informelles : des cadres de mobilisation sociale informels et efficaces

Les associations informelles concernent les associations de famille, d’élèves (foyers d’éducation), d’amis (les tontines de quartiers), etc. Elles interviennent surtout dans le domaine de l’éducation, de la santé, de l’environnement, le la micro-finance. Elles se signalent sans récépissé officiel, mais demeurant des structures sur le plan organisationnel au regard des éléments motivateurs de ses membres. Elles sont parfois le fait de coalitions durables, comme les tontines mises en place sur la base de relations de riveraineté et/ou de classes d’âge. Certaines tontines parviennent à brasser plus de 500 000 FCFA par mois, selon une responsable de l’union communale. Après une certaine maturité, les associations informelles se transforment en associations formelles souvent dans la perspective de bénéficier du soutien des ONG locales et autres partenaires du développement local. 4.1.2 Les Organisations Non Gouvernementales (ONG)

4.1.2.1 La Fédération des Associations Féminines du Sénégal (FAFS) – cellule régionale de Louga

La FAFS, est une organisation non gouvernementale (ONG) membre du CONGAD, elle regroupe l’ensemble des FAFS / cellules régionales basées dans les 10 régions du Sénégal. Chaque cellule régionale est représentée par sa présidente au niveau national. La FAFS de Louga a son siège dans la commune de Louga. Dans la région de Louga, la FAFS regroupe quelque 52 associations de femmes réparties comme suit :

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Tableau 14 : Situation des associations dans la région de Louga et de la caisse d’épargne /crédit

Département Nombre

associations affiliées

Nombre adhérentes

Nombre associations membres caisse épargne/crédit

Nombre membres individuels

LOUGA 39 1020 39 88 KEBEMER 11 540 9 3 LINGUERE 2 60 -- -- TOTAL 52 1620 48 91

Source : FAFS Louga 1999 Chaque association féminine qui désire être membre de la FAFS donne 20.000 francs CFA comme frais d’adhésion et cotise 10.000 francs CFA par an. Pour faire partie de la caisse d’épargne et de crédit, les frais d’adhésion s’élèvent à 5.000 francs CFA et la part sociale à 10.000 francs CFA. La caisse d’épargne et de crédit n’a pas encore reçu de la FAFS les fonds nécessaires pour son démarrage, mais il faut au minimum épargner 115.000 francs CFA pour prétendre à un crédit. La National Negro Women Council (NCNW), une association de femmes noires américaines a promis un fonds d’aide de 100 millions à la FAFS pour un financement et un démarrage systématique des activités de la caisse d’épargne et de crédit. Depuis son installation dans la commune, la cellule régionale de la FAFS a mené des activités de développement tant au niveau régional que local. Elle intervient dans tous les secteurs d’activités qui ont un impact d’abord sur les femmes et sur la communauté tout entière. La FAFS a ouvert à son siège un atelier coupe/couture grâce à la coopération entre les villes du Nord et celles du Sud. La ville de Louga étant jumelée à la province de Namur (Belgique) celle-ci a fait une dotation de 6 machines à coudre grâce à la cellule régionale. L’atelier de couture contribue à la formation de jeunes filles, mais aussi permet à ces dernières d’avoir un revenu à travers la commercialisation des produits. La FAFS contribue aussi à la promotion des produits locaux surtout sur le plan alimentaire. Elle organise des séances de formation sur la transformation des produits locaux(jus de gingembre, confiture de patate, etc.). La FAFS dispose d’une grande capacité de mobilisation sociale et s’est beaucoup investie pour l’éradication de certains fléaux à travers un vaste programme de sensibilisation notamment sur les PEV, la réhydratation par voie orale, le SIDA, les MST, la scolarisation des jeunes filles, etc. Pour lutter contre l’analphabétisme qui affecte la population de la région, elle a ouvert en 1998, 30 classes d’alphabétisation (10 classes dans la commune de Louga, 10 classes dans la communauté rurale de Coki et 10 classes dans la communauté rurale de Mbédiène). Face à l’insalubrité galopante dans les villes, la FAFS a organisé en 1998 un grand set setal en compagnie de différentes associations qui visait à assainir les alentours de la gouvernance. La FAFS, qui est membre du CILSS depuis 4 ans a contribué à la lutte contre les sautereau, véritables menaces pour l’agriculture. Elle a reçu un don d’une valeur d’un million en produits chimiques de la SPIA qu’elle a mis à la disposition de la Direction de la Protection des Végétaux (DPV). Elle a fourni aussi le carburant nécessaire pour assurer le saupoudrage des produits. Dans le cadre de la lutte contre la désertification, la FAFS a reboisé cette année 400 arbres sur la route de Grand Louga. En collaboration avec le service des eaux et forêt (qui les a doté de plants de nature diverse) et certaines associations (chargées du reboisement), elle a procédé au reboisement sur une distance d’un kilomètre et à la protection de chaque arbre par

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l’équipement d’un gabion pour une valeur totale de 110.000 francs CFA. Chaque semaine la FAFS fournit du carburant aux camions-citernes des eaux et forêts pour un arrosage régulier des jeunes plants. La FAFS développe un programme de partenariat avec les différents acteurs qui contribuent à la promotion de la femme et au développement régional.

4.1.2.2 L’ONG AQUADEV L’Organisation Non Gouvernementale Aquaculture et Développement (AQUADEV) est une ONG belge née d’un fonds spécial belge (fonds de survie ) et du partenariat entre la Mairie de Louga et la province de Namur. Elle a démarré ses activités en janvier 1998 et toutes les actions sont planifiées sur 4 années. Durant sa première année, l’ONG a mis en place une approche participative par la MARP. Depuis janvier 1999 elle a entamé sa phase d’action. AQUADEV intervient dans plusieurs domaines : maraîchage, pêche, mutuelle de crédit, hydraulique villageoise, etc. Elle est l’une des rares ONG qui mène directement des activités dans la ville bien qu’elle intervienne aussi en milieu rural (dans 4 communautés rurales : Léona, Guer Malal, Pété Warack et Niomré ). Dans la commune de Louga, AQUADEV est entrain de mettre sur place un programme de réhabilitation du Projet Environnement Urbain de Louga (peul ) dont les principaux objectifs étaient d’améliorer l’hygiène et la propreté de la ville, de favoriser la récupération et la valorisation des déchets par des techniques simples, originales et adaptées au contexte de la ville. 4.1.2.3 L’Institut Africain de Gestion Urbaine (IAGU) L’IAGU est une ONG internationale spécialisée dans les domaines de la recherche-action, de la formation et de l’information en milieu urbain francophone. Les principaux domaines d’intervention sont : la gestion et la planification de l’environnement, l’aménagement urbain, la gouvernance locale, la gestion municipale, les politiques sociales et la lutte contre la pauvreté. Dans le contexte de Louga, l’IAGU a appuyé, sur le plan méthodologique et institutionnel, la mise en œuvre du forum Agenda 21 en 1998 et s’attèle à l’affinement des plans d’actions issues du forum, à l’élaboration d’un plan d’investissement qui sera soumis aux bailleurs de fonds. L’objectif de ce projet financé par Habitat (CNUEH) est de renforcer les capacités de la municipalité de Louga et de ses partenaires à animer des politiques de développement local et de gestion urbaine équitable au travers de la mise en œuvre du programme pour l’habitat (HABITAT AGENDA). Ce programme, soutenu par la coopération financière via Habitat, comporte deux (2) volets : un volet gouvernance avec la mobilisation et l’organisation des partenaires entre différents acteurs locaux et un volet gestion et planification de l’environnement, du secteur énergétique et des transports.

4.2 Les services déconcentrés de l’Etat

4.2.1 Le Service d’Hygiène Le service national d’hygiène est essentiellement chargé de veiller à l’hygiène qui constitue un aspect fondamental de la politique de santé publique au Sénégal. Le service d’hygiène a comme principales fonctions de :

• veiller à la salubrité publique (urbaine et rurale) et à l’hygiène collective ;

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• créer et maintenir un environnement propice à une hygiène de vie correcte ; • assurer la prophylaxie des épidémies et des endémies ; • appliquer correctement la réglementation en vigueur, en matière d’hygiène et

d’assainissement. Au niveau du département de Louga, est installée la sous-brigade d’hygiène et d’assainissement qui exerce ses compétences dans la commune de Louga (avec plus de 50 % des actions menées ) et la zone rurale. Cette sous-brigade effectue des visites domiciliaires surprises pour contrôler l’hygiène des populations. Elle a initié, en partenariat avec les ASC, l’installation des comités de surveillance au niveau des quartiers. C’est une nouvelle approche qui vise à responsabiliser les populations locales dans la gestion de leur cadre de vie pour une meilleure hygiène collective. Chaque année en période hivernale, des campagnes d’imprégnation de moustiquaires(à des prix modiques) sont effectuées pour lutter contre le paludisme qui est la principale maladie infectieuse rencontrée dans la commune de Louga. Des campagnes de saupoudrage à travers tous les quartiers de la ville sont également menées chaque année. Mais cette sous-brigade, malgré un travail remarquable en matière d’hygiène et d’assainissement, souffre d’un manque de personnel pour une surveillance constante et de matériels pour la facilitation du travail sur le terrain.

4.2.2 Le service des eaux et forêts Le service des eaux et forêts est le représentant local du Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature et est chargé, au plan régional, de mettre en œuvre les politiques sectorielles définies pour une meilleure gestion de l’environnement. En plus des actions de reboisement qu’il mène chaque année, le service des eaux et forêts aide la population à s’organiser pour une protection efficace de leur environnement. Il contribue à la satisfaction des besoins des populations en produits énergétiques par l’installation de bois villageois. Dans les zones où existe une menace constante de feux de brousse, il a mis en place des comités de prévention et de lutte contre ces feux et atténue ainsi leurs effets sur l’environnement. Chaque année, les eaux et forêts produisent quelques milliers de plants (tableau 15) qu’ils reboisent ou mettent à la disposition des populations ou des ONG. Tableau 15 : Production de plants (période 1994 - 1998)

Années 1994 1995 1996 1997 1998 IREF/Secteurs 274331 368500 306138 447882 425585

Source : IREF Louga Durant la période hivernale, moment le plus favorable pour procéder au reboisement, le service mène des actions concrètes sur le terrain (tableau 16).

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Tableau 16 : Réalisations physiques de IFEF/Secteurs (période 1994 – 1998)

Réalisations Années

Plantation massive

Plantation linéaire

Distribution individuelle

1994 151,6 123,76 16.000 1995 274 118 63.999 1996 1.037 16.323 31.313 1997 170 10,75 3.500 1998 57,62 47,705 8.575

Source : IREF Louga

Le service des eaux et forêts implique la population dans les activités de reboisement communautaire qui visent essentiellement à intéresser les populations dans la protection de leurs terroirs. Les populations sont ainsi sensibilisées sur les méfaits de la désertification pour mieux les amener à s’investir dans les actions de reboisement. Cette approche participative a permis la mobilisation des populations pour une gestion durable de leur milieu de vie et la multiplication de bois villageois pour faire face aux besoins multiples et variés de ces dernières. Durant l’année 1999, l’objectif du service était le reboisement de 1 million de plants en collaboration avec les différents partenaires que sont les ONG, les OCB, etc. Actuellement, d’après monsieur Oumar DIOP, chef du service régional des eaux et forêts de Louga, cet objectif a été dépassé puisqu’ils ont reboisé 1,1 millions de plants couvrant une superficie de 274 ha sur les 300 ha prévus. Dans la commune de Louga, le service des eaux et forêts par le biais d’ONG (la FAFS notamment) et d’ASC a procédé au reboisement de quelques plants. Dans le cadre de la lutte contre les feux de brousse pour une meilleure protection des pâturages et une préservation des réserves fourragères, le service avec l’appui de l’armée française a mis en place en 1998, 570 km de pare-feu pour éventuellement éviter une propagation du feu. Le service a aussi installé des comités de surveillance et de sensibilisation sur les feux. Ces comités ont mis à sa disposition une valeur d’un million de francs CFA en carburant pour faire fonctionner les camions-citernes qui sillonnent les différents villages pour parer à d’éventuels incendies. Pour la préservation des réserves fauniques, la chasse(à l’exception de celle d’oiseaux) est interdite depuis 10 ans sur toute l’étendue de la région de Louga. 4.2.3 Le CDEPS Le Centre Départemental d’Education Populaire et Sportive (CDEPS) constitue un creuset d’épanouissement des jeunes sur le plan culturel, artistique, sportif et activités de développement. Dans le département de Louga, le Centre regroupe 137 associations formelles et informelles (ne disposant pas de récépissé). Le CDEPS intervient dans tous les types d’activités qui intéressent les jeunes, il est aussi chargé d’impulser et de relancer certaines disciplines délaissées par les jeunes. Il est le siège de toutes les structures dirigeantes au niveau départemental (ODECAV, conseil de la jeunesse etc.). Dans son rôle de promotion des activités sportives et culturelles, le CDEPS prête gratuitement aux jeunes une salle pour les répétitions. La structure dispose d’un personnel qualifié qui épaule toute association qui en fait la demande dans le cadre de ces activités. Le centre participe à la formation des jeunes en leur ouvrant deux classes de formation professionnelle en coupe/couture et en secrétariat.

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Le CDEPS est souvent sollicité par les ONG installées dans la ville. Il joue un rôle de relais entre elles et les associations. Récemment, avec l’appui du projet AQUADEV, il a organisé un séminaire de formation en entrepreneuriat au profit d’une dizaine de jeunes de la commune. Certaines initiatives sont en cours de réalisation. Il est prévu très prochainement l’ouverture d’un centre conseil pour adolescents ; et la mairie, dans son programme d’investissements prioritaires (PIP), a prévu la réhabilitation du terrain de basket sis au CDEPS dont le coût s’élève à 6,7 millions de francs CFA.

4.3 La Commune de Louga

Depuis le 23 mars 1996 est intervenue la loi 96-07 portant sur les transferts de compétences qui dispose que «la région, la commune et la communauté rurale règlent par délibération les affaires de leurs compétences. Elles concourent avec l’Etat à l’administration et à l’aménagement du territoire, au développement économique, éducatif, social, sanitaire, culturel et scientifique ainsi qu’à la protection et à la mise en valeur de l’environnement et à l’amélioration du cadre de vie». Neuf (9) domaines de compétences ont été transférés aux collectivités locales :

• environnement et gestion des ressources naturelles ; • santé, et action sociale ; • domaines ; • jeunesse, sport et loisirs ; • culture ; • éducation, alphabétisation, promotion des langues nationales et formations

professionnelles ; • planification ; • urbanisme et habitat ; • aménagement du territoire.

La commune de Louga a initié dans le cadre de la planification environnementale et la gestion des ressources naturelles (forêts, faune et eaux souterraines et superficielles )un mécanisme de consultation et de concertation afin de parvenir à un consensus sur un programme d’actions 21 à l’échelon local. Les 5, 6 et 7 novembre 1998 la municipalité de Louga organisé un forum sur l’agenda 21, qui a beaucoup réfléchi sur les problèmes environnementaux de la ville. Quatre domaines ont fait l’objet de communication lors du forum, à savoir : l’énergie, le transport et la communication, l'urbanisme, l’habitat et l’assainissement et les mécanismes de financement. Des plans d’action pour une meilleure prise en compte de ces différents secteurs d’activité ont sanctionné les travaux du forum. Face aux multiples menaces qui pèsent sur la ville, la municipalité de Louga essaie en collaboration avec ces différents partenaires d’apporter des solutions durables à ces problèmes. Ainsi, pour faire face à l’insalubrité galopante dans la ville, la municipalité s'est dotée de moyens et une organisation appropriées (voir paragraphe sur la gestion des déchets solides ci-dessus) pour une amélioration du cadre de vie des populations. Le projet de mise sur pied d’une commission de l’environnement au sein de l’équipe municipale concourt à la résolution des problèmes environnementaux prioritaires de la ville.

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LE PROJET PAM/SEN

En vue de contribuer au redressement de la tendance au déclin socio-économique des villes, le Sénégal et le Programme Alimentaire Mondial (PAM) ont signé un plan d’opération portant sur des travaux d’assainissement et de réhabilitation urbaine (appelé Projet PAM/SEN). Le Projet portait sur trois activités essentielles à savoir la collecte des ordures ménagères, le traitement de ces ordures et le curage de canaux. Etant donné qu’il n’existe pas de caniveaux à Louga, ce troisième volet a été remplacé par le volet désensablement. La commune de Louga, bénéficiaire du projet, se chargera de mettre un comité de quartier au niveau de la ville. La compensation des travailleurs dénommés volontaires est basée sur le système «food for work» ou «vivres contre travail» ; néanmoins un complément financier de 10.000 francs CFA est prévu par mois et par volontaire. L’Agence d’Exécution des Travaux d’Intérêt Public (AGETIP) est responsable de l’exécution technique et de la gestion du projet. Dans la commune de Louga, le Projet a contribué à la création d’emplois ; quelques 8160 emplois ont été créés (rapport du projet PAM 2). Les travaux ont été essentiellement tournés vers le nettoiement des secteurs stratégiques que sont : le long des rails Louga/Linguère et environ, le long des rails Louga /Dakar et environ, le sous bois de grand Louga, le long des rails Louga/Saint-Louis et les secteurs de Diémène (Montagne Nord), garage de Touba, le village SOS et le stade Watel. A chaque zone définie, était affectée une équipe qui pouvait éliminer les ordures sur place par incinération. Dans les quartiers centraux, d’autres équipes étaient chargées du désensablement des rues et de l’élimination des eaux pluviales stagnantes (période hivernale). Des opérations de grandes envergures dites «opération coup de poing » sont menées dans la localité pour éradiquer les dépôts sauvages et mettre en place un système de collecte quotidien. Récemment ce genre d’opération a été initié dans la ville et a duré 10 jours (du 29 juillet au 7 août 1999). L’opération a permis la réalisation des objectifs fixés par la commune à savoir : le nivellement des monticules (au niveau du passage à niveau, de la gouvernance, du cimetière Yeurmeundè etc.) et l’assainissement de dépôts d’ordures (keur Serigne Louga, foirail, gare routière etc.). Au plan des moyens de collecte et d’évacuation des ordures, le projet dispose de petits matériels (brouettes, pelles, râteaux, masques, gants,...) et loue des calèches pour acheminer les ordures vers les différentes décharges de la ville. Lors des opérations de grande envergure (opération coup de poing), l’AGETIP loue le matériel (bulldozer, niveleuse, camions...) à l’entreprise ARESKY pour un bon déroulement des opérations. L’AGETIP a opté pour une politique hardie d’Information, d’Education et de Communication (IEC) afin d’amener les populations à adhérer au projet, à se l’approprier et surtout d’agir sur leurs comportements en vue de les changer. Le projet PAM/SEN a eu des répercussions positives dans l’assainissement de la ville de Louga en contribuant à l’enlèvement quotidien des ordures et à l’élimination de plusieurs dépôts sauvages dans la cité.

4.4 La gestion des risques intervenant dans le secteur de l'environnement et du cadre de vie

Le dispositif de gestion des risques sanitaires compte aussi bien des acteurs préventives que curatives se rapportant globalement à la santé au sens clinique du terme et à la santé référenciée à l'amélioration et l'aménagement du cadre de vie. Dans le domaine spécifique de la santé au sens clinique du terme, nous avions déjà vu, dans les pages précédentes, que la région de Louga compte 54 postes de santé, 5 unités de santé et 1 hôpital. Ce qui, en terme de ratio, donne 10 214 habitants par poste de santé et 110 311 habitants par centre de santé. La plupart de ces infrastructures se trouvent dans le périmètre communal de Louga. Le cadre institutionnel de la gestion des risques dans le domaine de la santé met en synergie des acteurs différents que sont l'Etat, la Commune de Louga, les

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partenaires au développement, les populations par le biais des comités de santé qui s'offrent comme des cadres de concentration, de gestion, de responsabilité et de contribution des populations de la commune dans le domaine de la santé. Le système de santé est organisé selon une structure pyramidale qui comprend :

• A la base, un niveau périphérique appelé "District" constitué de centres de santé et englobant un réseau de postes de santé eux-mêmes supervisant les cases et les maternités rurales;

• A l'échelon intermédiaire, un niveau stratégique appelé "Région Médicale de Louga" ; • Au sommet, un niveau politique comprenant le cabinet du Ministre en charge de la Santé,

les directions et les services nationaux. Le système de référence comprend :

• Les postes de santé qui se situent au premier niveau et évacuent les soins de base ; • Les centres de santé qui se situent au second niveau et assurent la prise en charge des

soins qui ne peuvent pas être menés au niveau des postes ; • L'hôpital régional de Louga qui se situe au sein du périmètre communal dispense des soins

en gynécologie, obstétrique, médecine moderne, pédiatrie, etc. La santé est un secteur transféré aux régions, aux communes et communautés rurales. Les compétences de la commune de Louga se rapportent à la gestion, à l'entretien et l'équipement des centres de santé urbains. Elles s'étalent aussi sur la construction, la gestion, l'entretien et l'équipement des structures de santé. L'avis du Maire est requis pour la nomination, par le Ministre de la Santé, des médecins-chefs des centres de santé, des infirmiers-chefs de postes de santé urbains. Il se trouve qu'il subsiste des dysfonctionnements liés à la décentralisation des services de santé. Par exemple, le budget de la santé du district est géré par le Maire qui n'a de compétences que sur les centres de santé. Or, le district englobe, en plus, des centres de santé, des postes de santé et les cases de santé qui relèvent du domaine de compétences des communautés rurales et des communes. Dans cette situation, il découle d'après les personnes interrogées, des difficultés de fonctionnement, du manque de maîtrise des ressources allouées, de l'affectation des fonds de dotation pour la santé à d'autres secteurs, etc. La mise en place des comités de santé découle du décret n° 92-118/MSPAS du 17 janvier 1992 et traduit le souci des autorités de donner un cadre institutionnel à la participation des populations à l'effort santé. Les comités de santé deviennent le trait d'union entre les populations qu'ils représentent et les formations sanitaires. Ses membres sont élus par les populations environnantes des structures de santé (hôpital, poste, centre, etc.). Ils se composent de l'assemblée générale et du bureau. Les comités de santé mobilisent les participations financières aux soins et les gèrent. Ils approvisionnent les structures de santé de Louga-ville en médicaments, prennent en charge les agents de santé communautaire et les dépenses courantes comme l'eau, l'électricité. La participation des populations à l'effort de santé s'effectue principalement au travers de la tarification des prestations des services sanitaires et les recouvrements des coûts des médicaments selon les principes de l'Initiative de Bamako (IB). Dans le domaine spécifique des risques industriels et la pollution atmosphérique, on constate un vide évident en terme d'intervention à part les protestations ponctuelles de la société civile via les ASC et autres organisations de base. Depuis le forum Agenda 21 de novembre 1998, la commune accorde une attention particulière aux nuisances liées aux industries, mais ne peut

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s'appuyer sur aucun instrument juridique pour sévir. L'inspection régionale du travail gère les accidents de travail qui sont intervenus dans les industries manufacturières. Le Service d'Hygiène souffre de fonctionnalité comme nous l'avons vu dans les pages précédentes et ses actions restent circonscrites dans les unités domestiques. La pollution liée au transport hippomobile et automobile n'est pas l'objet d'une gestion malgré les tentatives de discipliner le stationnement au niveau de l'espace urbain en dehors des gares routières. En ce qui a trait à l'érosion et à la désertification, deux (2) dispositifs de gestion sont de mise pour sauvegarder l'intégralité des sols au niveau de Louga. Le premier se rattache aux campagnes de reboisement organisé par le Service des Eaux et Forêts en concordat avec les autres services, les organisations communautaires de base et le second est lié au projet plan vert urbain de la ville animé par la municipalité. Ce projet, prévu pour la période 1988-1992, n'a jamais été exécuté jusqu'à date. Les risques liés à la potabilité de l'eau est géré par la SDE qui est liée avec la SONEES par un contrat d'affermage sous l'autorité concédante de l'Etat Sénégalais. La potabilité de l'eau est une exigence du contrat d'affermage qui rappelle à grands traits les dispositions du code de l'eau, de l'hygiène et de l'environnement en ce qui a trait à la qualité du service public en matière d'AEP en milieu urbain et dans les zones rurales. Les risques liés à la pollution des sols est du ressort du service de l'agriculture qui reste handicapé par les moyens de surveillance. Ce service centrale difficilement les intrants utilisés dans le domaine de l'agriculture urbaine. Il a été abordé, dans les pages précédentes, le rôle de plus en plus croissant de la commune dans le domaine de la gestion des déchets solides. La municipalité gère aussi les risques liés aux inondations en période pluvieuse, mais ses moyens d'intervention restent très limités. L'ONAS, qui gère les risques liés au réseau d'assainissement, a du mal à répondre convenablement à la demande sociale dans le contexte d'une ville en forte excroissance. Ce qui multiplie les conditions favorables au péril fécal en dépit d'interventions parfois musclées du service d'hygiène. On assiste fréquemment à des phénomènes de bouclement des canaux. La région de Louga ne bénéficie pas d'une antenne de l'ONAS, mais dépend de la région de Saint-Louis.

4.5 Formulation et mise en œuvre de la politique environnementale

4.5.1 Cadre institutionnel La gestion de l’environnement de la ville de Louga incombe à la fois au Ministère de l’Environnement et de la Protection de la Nature (MEPN) et à la Mairie. Le MEPN est chargé de la conception et de la mise en œuvre de la politique du gouvernement dans le domaine de l’environnement. Ce département ministériel regroupe actuellement les principales directions techniques chargées de la gestion de l’environnement et des ressources naturelles. Il s’agit des directions de l’environnement, des parcs nationaux, des eaux, forêts, chasse et conservation des sols et le bureau des établissements classés. Ce ministère dispose d’une direction régionale dans la ville de Louga. Les structures du MEPN les plus impliquées dans le milieu urbain sont celles de la direction de l'environnement, en particulier la division chargée du contrôle des pollutions et nuisances et le bureau des établissements classés. Plusieurs autres

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départements ministériels sectoriels interviennent dans le domaine de l’environnement urbain, mais leurs interventions sont insuffisamment coordonnées. La Mairie est également impliquée dans la gestion de l’environnement de la ville en vertu du code de l’administration communale et de la récente loi 96-07 portant transfert de compétences aux régions, aux communes et aux collectivités rurales, du 23 mars 1996. Les deux domaines de l’environnement ayant fait l’objet d’un transfert de compétences sont la planification environnementale et la protection des ressources naturelles. Ainsi, selon la précédente loi, les collectivités locales sont chargées d’élaborer des plans et schémas d’action pour l’environnement d’une part, et de créer un cadre de concertation, d’autre part. Les ressources naturelles ayant fait l’objet d’un transfert de compétences sont : les forêts, la faune et les eaux souterraines et superficielles. Bien que les collectivités soient chargées de leur protection les parcs et réserves nationaux ne font pas l’objet de transfert de compétences. Il est à noter toutefois, que la concrétisation de la loi du 23 mars 1996 fait défaut dans la commune de Louga. Aucune convention n’a à ce jour été signé par celles-ci. La commune ne dispose pas d’un plan d’action environnementale propre et la commission de l’environnement prévue pour pallier ce manque n’a pas encore vu le jour. Le seul cadre de référence de la commune en matière de gestion de l’environnement est le plan régional d’action pour l’environnement(PRAE) de la région de Louga. Aussi, les problèmes environnementaux de la commune de Louga continuent-ils d’être identifiés et solutionnés avec l’appui de la direction de l’environnement.

4.5.2 Les instruments de la politique environnementale L’objet de la politique environnementale est d’établir les principes fondamentaux destinés à gérer, à prévenir et à protéger l’environnement contre toutes les formes de dégradations. La conduite de cette politique exige la mise en œuvre de plusieurs instruments.

4.5.2.1 Les instruments juridiques

Plusieurs textes de loi et décrets ont été votés pour la gestion de l’environnement au Sénégal. Le code forestier, celui de l’eau, de l’urbanisme, des mines, de la chasse, de l’hygiène et de l’environnement forment le dispositif réglementaire et législatif en la matière. A cela, il faut ajouter les textes des traités et conventions internationaux dont le Sénégal est signataire. On peut relever, entre autres, la convention d’Abidjan relative aux zones côtières et à la pollution(entré en vigueur en 1984), la convention de Bale (1989) et celle de Bamako (1991) sur les déchets dangereux, la convention de Vienne et le protocole de Montréal sur la couche d’ozone(ratifiés en 1993), la convention sur la diversité biologique (ratifiée en juin 1994), la convention cadre des nations unies sur les changements climatiques (ratifiée en 1994) et la convention internationale sur la désertification. Il faut noter cependant, que l’ensemble de ces textes se heurte à beaucoup d’obstacles dont notamment :

• la méconnaissance des textes par les différents utilisateurs et cibles ; • la lourdeur et pléthore de textes ; • le manque de suivie dans l’application.

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4.5.2.2 Les instruments économiques Au plan théorique, il existe une multitude d’instruments économiques pour la gestion de l’environnement. Citons notamment les taxes & redevances, les droits à polluer, les permis négociables, etc. De cette panoplie d’instruments économiques, seule la taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TOM) prévaut à Louga. Malgré son fort taux de couverture dans la commune de Louga, la TOM n’est pas incitative car elle ne repose pas sur la quantité d’ordures rejetées.

4.5.3 La gestion de la municipalité de Louga

L’examen de l’audit organisationnel et financier consacré à la commune, laisse apparaître un vaste champ de compétences et un mode d’organisation et de fonctionnement approprie pour y faire face.

4.5.3.1 Les domaines de compétences de la commune de Louga

Les compétences de la commune de Louga s’étendent de la confection de l’état civil a l’aménagement des lotissements en passant par le ramassage des ordures, l’entretien des réseaux d’eau, d’électricité et de voirie, la réalisation d’équipements marchands (marché, gare routière, abattoir, tannerie et le complexe sportif Omar BONGO). • L’état civil C’est le secrétaire général qui assure la signature des actes d’état civil. En cas d’absence, il est suppléé par un conseil municipal. • Le ramassage des ordures La Mairie a en charge la gestion des ordures de la commune. Elle en assure la collecte, l’enlèvement et la mise en décharge. Cependant, il faut noter que la municipalité de Louga dispose de peu de moyens pour cette tache. Toutefois, le partenariat liant la commune a l’AGETIP dans le cadre du projet PAM/SEN permet à l’heure actuelle de pallier ces insuffisances. • L’entretien des réseaux Il s’agit du réseau électrique, du réseau d’eaux usées et de la voirie. En plus de l’entretien et du renouvellement des réseaux, la commune a aussi en charge leur extension. • Les équipements marchands La ville de Louga compte deux marchés et trois gares routiers dont la gestion financière est assurée par la commune. Cette dernière recouvre les taxes et patentes sur ces équipements. Il faut toutefois, noter que la Mairie envisage d’aller vers une gestion déléguée de ces équipements. • Les équipements socio-collectifs et les bâtiments administratifs La commune contribue au financement équipements sportifs et culturels, de centre de santé et établissements scolaires, a l’entretien et l’affectation du personnel subalterne.

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• L’aménagement de lotissements La municipalité de Louga est le maître d’ouvrage des lotissements effectués en collaboration avec le service régional de l’urbanisme et de l’habitat. Le complexe sportif El Hadj Oumar BONGO, l’entrepôt frigorifique et la tannerie appartiennent aussi a la commune bien que leur exploitation soit dévolue à d’autres structures. Le champs de compétences de la commune a été élargi avec l’entrée en vigueur de la loi 96-07 portant transfert des compétences (voir paragraphe sur la commune de Louga).

4.5.3.2 Organisation et mode de fonctionnement

En dehors du cabinet du Maire, du secrétariat général et de l’inspection des services municipaux , l’organigramme de la commune de Louga –non encore officiel pour le moment– fait apparaître trois principales divisions :

• la division des ressources humaines qui comprend le bureau du personnel ; • la division financière et comptable avec le bureau des recettes, l'état civil, la

documentation ; • la division des services techniques communaux qui intègre le nettoiement, la voirie, le

garage. 4.5.3.3 Financement de la commune Nous traiterons dans cette partie de la situation financière de la commune et des mesures de redressement effectuées.

4.5.3.3.1 Situation financière de la commune Les ressources de la mairie de Louga sont essentiellement des ressources propres. Rapportés à la population communale, les ressources propres de Louga se chiffrent à 3348 francs CFA en 1994 et 3718 francs CFA en 1995. Ces chiffres placent Louga en deuxième place après Richard Toll parmi les villes de 50000 habitants 100000 habitants. Pour les mêmes périodes, Richard Toll a enregistré 6619 francs CFA et 9568 francs CFA de ressources propres. Toutefois, notons que les dépenses faites par la commune de Louga au titre de son budget de fonctionnement engloutissent presque toutes ses ressources propres. En 1994 et 1995 par exemple, les dépenses de la commune de Louga ont atteint 88 et 97% de ses ressources propres contre 91 et 88% pour Diourbel et 51 et 48 % pour Richard Toll. C’est ce qui explique sans doute le niveau relativement faible de l’épargne de la commune. Le tableau ci-dessous montre les différentes composantes du budget en 1994 et 1995 et la moyenne des villes appartenant à la même strate que la ville de Louga.

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Tableau 17 : Comparaison des recettes et dépenses par habitant de la commune de Louga et celles de la strate en 1994 et 1995

1994 1995

Recettes propres

Dépenses ordinaires

Recettes extraordi

naires

Dépenses ordinaires

Recettes propres

Dépenses ordinaires

Recettes extraordi

naires

Dépenses extraordi

naires Louga

3348 2949 2329 1728 3718 3597 1306 971

Moyenne strate

3217 2435 1237 1126 4098 3028 1443 1442

Pourcentage

104 121 188 153 91 119 91 67

Source : Audit organisationnel et financier La croissance des recettes est due à une évolution favorable des taxes municipales qui ont augmenté de 22% et les produits domaniaux(PD) qui ont enregistré une hausse annuelle de 18%. Tous les autres postes de la rubrique recettes totales ont connu des hausses à l’exception des impôts locaux qui ont chuté de 6,35%. Toutefois, notons que la conjoncture de la période 1993-1996 est marquée tout aussi par une évolution des dépenses ordinaires à un rythme plus élevé que celui des ressources propres. Le tableau ci-dessus montre que les dépenses ordinaires ont augmenté annuellement en moyenne de 22,23% contre le taux de 7,6% des recettes ordinaires. L’essentiel de ces variations provient des charges occasionnées par les besoins de transport, les matières et fournitures consommées et les charges diverses de la commune. Cette situation présage d’un investissement en chute durant la période. En effet, confronté à l’alourdissement de ses charges, la Mairie de Louga se trouve incapable de réaliser l’épargne nécessaire pour l’autofinancement de l’investissement. Le taux de variation annuelle de l’épargne totale est négatif entre 1993 et 1996 ; il se situe à – 45%. Le taux d’investissement a enregistré dans la même période une chute de 5,37%. Le tableau qui suit montre que l’évolution des dépenses d’investissements dépend ainsi pour l’essentiel des fonds de concours alloués par l’Etat central à la commune et des résultats d’investissement reportés provenant des prélèvements comptables.

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Tableau 18 : Evolution de l’épargne, des dépenses et recettes d’investissements (en millier de francs CFA)

Réalisations

annuelles 1993 1994 1995 1996 Variation

annuelle (en %) Capacité d’épargne 27800 -18786 -19707 -20421 - Report de fonctionnement

30630 46720 28184 30000 -

Epargne totale 58430 27934 8477 9579 - -Prélèvement comptable

18941 0 0 12500 -

-Différence 39489 27934 8477 -2921 Dépenses extraord. Dont :

80836 122182 67935 74337 -1,48

-Remboursement prêt

- - 2922 5852 -

-Etudes - - 3500 - - -Immobilisations 80836 122182 61513 68485 -5,37 Recettes extraord. Dont :

162560 160987 91424 130975 -6,66

-Emprunt CCC 8046 48705 - 14378 - -Fonds de concours 22928 30067 49366 53690 32,79 -Résultats invest. Reportés

18941 - - 12500 -

-Excédant clôture - 82215 42058 50407 -21,7 -Autres recettes 112645 - - - - Source : Audit organisationnel et financier de la commune de Louga Ce tableau montre des fonds de concours en hausse continue avec un taux annuel moyen de 32,79% alors que les résultats d’investissement reportés sont en baisse au cours de la même période.

4.5.3.3.2 Les mesures de redressement Les mesures proposées pour le redressement au niveau des recettes, vont du relèvement des taux à l'option de privatisation de certains services gérés par la mairie, en passant par l'amélioration du recouvrement des frais et taxes. La hausse envisagée est parfois importante. Elle peut atteindre 50%. Les droits de stationnement, les droits de place ainsi que les loyers des cantines et échoppes ont été relevés respectivement de 50% et 25%. Au plan des dépenses, des coupes sombres ont été opérées au niveau des différents postes de dépenses. Il s'agit en général de la consommation de matières et fournitures, du carburant, de l'eau et de l'électricité. Ceci s'est traduit par une baisse des dépenses passant de 43,763 millions Fcfa en 1996 à 22,563 au cours des cinq années à venir. Ces mesures issues du plan du plan de redressement proposé ont fait l’objet d’un contrat entre la municipalité de Louga et l’agence de développement municipal (ADM). D’un montant de 946,8 millions de francs CFA environ, le contrat qui est d’une durée de trois ans couvre les phases de réalisation du programme d’ajustement municipal (PAM), du projet d’investissement prioritaire (PIP) et du programme d’entretien prioritaire (PEP). Le contrat intitulé contrat de ville de la commune de Louga a pour objet de permettre à la commune de Louga de mettre en œuvre un certain nombre d’actions.

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♦ Le programme d’ajustement municipal (PAM) La commune de Louga a tendance à dépenser à un rythme plus élevé que le niveau des recettes ordinaires réalisées ; ceci rend difficile la constitution d’une épargne. Par ailleurs, la commune a accumulé des arriérés estimés au 31 décembre 1996 à environ 150 millions de francs CFA vis à vis de la SENELEC, de la SDE et de la SONATEL. Le programme d’ajustement municipal est la réponse des autorités municipales à ces difficultés. Il vise à améliorer la viabilité financière de la commune. Le programme comprend des recommandations sur des décisions à prendre ou des actions à mener en matière de mobilisation des ressources, d’amélioration de la gestion municipale et d’assainissement des finances. ♦ Le programme d’investissement prioritaire (PIP) Avec une enveloppe de 700millions de francs CFA, le PIP fait apparaître l’ordre de priorité suivant :

• La construction et la réhabilitation d’équipements marchands et sanitaires ; • La réhabilitation des équipements d’éducation et de la voirie ainsi que la maintenance et

l’entretien de l’hôtel de ville. • La construction d’équipements de santé, l’aménagement de la voirie, la réhabilitation des

services techniques municipaux et l’appui aux branchements pour l’évacuation des eaux usées.

Le PIP consacre 15millions de francs CFA seulement (soit 2,14% de l’enveloppe totale) aux équipements environnementaux. Il s’agit notamment de l’appui aux branchements sociaux eaux usées qui est, par ailleurs, considéré comme moins prioritaire que la construction et la réhabilitation des équipements marchands. Ces derniers qui engloutissent à eux seuls plus de 31% de l’enveloppe globale du PIP. Le PIP sera financé à hauteur de 85% grâce à une subvention de 592,9 millions de francs CFA de l’agence de développent municipal (ADM). Les 15% restant vont provenir d’un crédit de 71,4 millions de francs CFA (soit 10% du PIP) de l’ADM avec un taux de 4,25% sur 12 ans et d’un autofinancement communal de 35,7 millions de francs CFA (soit 5% du montant du PIP). ♦ Les mesures d’accompagnement L’ADM apporte son appui financier à la commune pour faciliter la mise en œuvre des recommandations du programme d’ajustement municipal. Le coût global de cet appui s’élève à 148 millions de francs CFA. L’appui touche aussi bien la logistique, la formation du personnel, ainsi que la gestion et l’aide à la préparation budgétaire, etc. ♦ Le programme d’entretien prioritaire D’un montant de 70 millions de francs CFA environ, le programme d’entretien prioritaire résulte, à la fois, de la prise en compte de l’entretien des principales infrastructures de la ville et du désensablement de la voirie. Ce programme touche beaucoup plus les infrastructures (voirie et éclairage public) et les équipements administratifs et techniques communaux (nettoiement et espace verts de l’hôtel de ville). Ces postes couvrent respectivement 30,9 millions et 15,3 millions de francs CFA.

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4.5.4 Renforcement du système de gestion de la commune Le processus de décentralisation initié en 1972 et qui connaît actuellement un approfondissement dans le cadre du projet de régionalisation(loi 96-07 du 23 mars 1996) offre une opportunité réelle pour une plus grande implication des collectivités dans la planification et la gestion de leur environnement en particulier, mais aussi de leur développement en général. En effet, le transfert aux collectivités locales de compétences élargies dans divers domaines devra conduire à une responsabilisation accrue des populations dans la gestion de leur terroir. En milieu urbain cette régionalisation devrait se traduire par une responsabilisation accrue des municipalités. Ainsi un certain nombre de compétences qui étaient jusque là exercées par l’administration centrale sont aujourd’hui dévolues aux communes. Des nouvelles compétences des collectivités locales figurent les domaines, l’environnement et la gestion des ressources naturelles, la santé & l’action sociale, la jeunesse, le sport & loisirs, la culture, l’éducation, la planification, l’aménagement du territoire et l’urbanisme & l’habitat. En matière d’environnement par exemple, la loi stipule que la commune reçoit les compétences suivantes : • la délivrance et l’autorisation préalable de toute coupe à l’intérieur du périmètre

communal ; • les opérations de reboisement et la création de bois communaux ; • la perception de quote-part d’amendes prévues par le code forestier ; • la gestion des déchets, la lutte contre l’insalubrité, les pollutions et les nuisances ; • la protection des ressources en eau souterraines et superficielles ; • l’élaboration de plans d’action communaux pour l’environnement. Même si l’affirmation de l’autonomie locale ne suffit pas à garantir le succès, il n’en reste pas moins que c’est là un grand pas pour la promotion d’un développement endogène au niveau local. En matière d’environnement, Louga semble être bien partie avec l’élaboration du Plan d’Action Régional pour l’Environnement (PRAE). Ce plan pourrait servir de guide pour la rédaction du plan d’action communal de la municipalité de Louga. La loi a prévu, par ailleurs, des mécanismes de financement qui reposent essentiellement sur les dotations du budget de l’Etat aux collectivités décentralisées. Main cette stratégie est loin d’être pérenne. Les opportunités nouvelles en matière de partenariat et de coopération décentralisée doivent être exploitées. C’est peut être dans cette optique qu’il faut situer la politique de jumelage de la ville de Louga avec celle de Millau en France. Cette politique a déjà produit des fruits avec le don d’équipements de tannage à la commune de Louga. Pour faire face aux problèmes qui préoccupent la ville de Louga, plusieurs solutions ont vu ou vont voir le jour. Deux initiatives ont été entreprises pour gérer les problèmes prioritaires à savoir l’assainissement et les ordures ménagères. Le Projet d’Environnement Urbain de Louga (PEUL) a été crée en 1986/1987. Il visait à organiser et à gérer la filière de traitement des ordures ménagères par le ramassage, le tri, le compostage et la pratique de cultures maraîchères. Mais ce projet a finalement failli à sa mission et est actuellement récupéré par le projet AQUADEV. Une autre initiative est le

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programme PAM/SEN géré par l’AGETIP et qui s’intéresse aux ordures ménagères dans les secteurs centraux et péri-centraux de la ville. Quant à l’assainissement, il sera touché par le programme prioritaire de l’Office National d’Assainissement du Sénégal (ONAS) qui vise à accroître les branchements sur les réseaux existants. Par ailleurs la mairie envisage l’extension du périmètre communal et la réalisation du projet «plan vert urbain» installant une ceinture verte autour de la ville. Les initiatives entreprises dans la commune touchent également les secteurs de l’eau, de l’énergie, du transport et communication, de l’industrie et du commerce. Pour faire face au problème d’approvisionnement en eau potable la commune de Louga a initié une campagne de branchements sociaux au réseau de la Société des Eaux du Sénégal (SDE). Elle a également en collaboration avec la poste initié l’installation de kiosques postaux dans les différents quartiers pour palier à l’insuffisance des facteurs dans la ville. La poste a par ailleurs entrepris des travaux de réfection et de réhabilitation de ses anciens locaux sis à l’avenue de la gare afin de la rapprocher davantage de ses clients. En matière d’énergie, notons deux initiatives de la Société Nationale d’Electricité (SENELEC) et de la municipalité. La SENELEC est entrain de réhabiliter son réseau d’éclairage public et projette même son extension. Quant à la mairie, elle expérimente actuellement des technologies appropriées telles que les fours solaires et les foyers améliorés. Elle prévoit même de renforcer ces alternatives dans le cadre des programmes de substitution et diversification des combustibles. Les secteurs du commerce, de l’industrie et de l’informel ne sont pas en reste des réalisations en cours. Si la commune prévoit la construction d’un marché de bétail et l’organisation du secteur informel en GIE, la SOTEXKA de son coté, envisage de recruter quinze (15) personnes dans le mois de juillet. On note par exemple, que la commune a organisé les tanneurs en GIE, et qu’elle prévoit de former d’autres GIEs.

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