52

Programme de salle - DOM JUAN

Embed Size (px)

DESCRIPTION

Dom Juan passe de femme en femme, et n'est fidèle qu'à un principe : son refus de se « lier ». Pour Julie Brochen, Dom Juan n'est pas un simple séducteur, il revendique son anticonformisme. Il vit son absolu besoin de liberté à la fois comme une vision politique et comme un jeu. Penser « autrement » est dangereux, il le sait. Créé en 2011 en bi-frontal, le spectacle revient au TNS après une importante tournée. Mais, cette fois, il sera présenté en dispositif frontal, en salle Koltès. Dans cette nouvelle version, l’intrigue et les rapports entre les personnages se resserrent sur la violence de chacune des confrontations.

Citation preview

Page 1: Programme de salle - DOM JUAN
Page 2: Programme de salle - DOM JUAN

2

Séances spéciales• Surtitrage français Vendredi 5 octobre• Surtitrage allemand Samedi 6 octobre

Mise en espaceEn partenariat avec l’Université de StrasbourgLe TNS présente une petite forme théâtrale autour de Dom Juan créée spécialement pour les 20 ans de la Carte Culture.Dom Juan/Sganarelle : figure(s) de MolièreMise en espace de Julie BrochenAvec les comédiens Mexianu Medenou et Ivan HérissonJeudi 18 octobre à 18h30 à l'Espace Grüber, 18 rue Jacques KabléEntrée libre • Réservation recommandée au 03 88 24 88 24Pour les étudiants, billets à retirer à l'espace Carte Culture de l’Université de Strasbourgwww.carte-culture.org • 03 68 85 67 80

Bord de plateau• à l’issue de la représentation Mardi 9 octobre

c

Côté PUBlIC

Page 3: Programme de salle - DOM JUAN

3

3 nouvelle version

Dom JuanDe Molière mise en scène Julie Brochen

Lumières Olivier Oudiou Scénographie Julie Brochen et Marc Puttaert Costumes Thibault Welchlin Maquillages, coiffures Catherine Nicolas Direction musicale et vocale Françoise Rondeleux Piano Nikola Takov Assistanat à la mise en scène Amélie Enon

Avec (*Comédiens de la troupe du TNS)Muriel Inès Amat* Elvire, femme de Dom JuanChristophe Bouisse Dom Alonse, frère d’ElvireFred Cacheux* Dom Carlos, frère d’ElvireJeanne Cohendy Charlotte, paysanneHugues de la Salle Monsieur Dimanche, marchandMarie Desgranges* Mathurine, paysanne ; Suivante d'ElvireAntoine Hamel* Pierrot, paysanIvan Hérisson* Sganarelle, valet de Dom JuanDavid Martins* La Ramée ; Gros Lucas ; Franscisque, pauvreMexianu Medenou Dom Juan, fils de Dom LouisCécile Péricone* Gusman ; Une suivante d’Elvire ; La Statue du CommandeurAndré Pomarat Dom Louis, père de Dom JuanetNikola Takov Piano ; La Violette

Équipe technique du TNSRégie générale Jean-Luc Baronnier / Stéphane Descombes Régie lumiére Bernard Cathiard/Olivier Merlin (en alternance) Électricien Didier Mancho Régie son Maxime Daumas Régie plateau Charles Ganzer Machinistes Pascal Lose, Daniel Masson, Marc Puttaert Accessoiriste Maxime Schaké Habilleuse Bénédicte Foki, Charlotte Pinard-Bertelletto Lingère Céline Ganzer

Les costumes, le décor et les accessoires du spectacle ont été réalisés par les ateliers du TNS.

Du mercredi 3 au samedi 13 octobre 2012Horaires : du mardi au samedi à 20h, dimanche 7 à 16h • Relâche : lundi 8Salle KoltèsDurée : 2h

Production Théâtre National de Strasbourg

Remerciements à Casimir Lis, Lise-Marie Brochen, Christian Rätz, Tania Giemza,Jean-Marie Hamel, Marc Proulx et Marie-Hélène Malandrin

> Le film de Dom Juan réalisé par Alexandre Gavras a été tourné au mois de septembre à l'Espace Grüber.

Page 4: Programme de salle - DOM JUAN

4

Page 5: Programme de salle - DOM JUAN

5

Dom Juan est, pour moi, avant tout, un insoumis. Son héritage, c’est le devoir de calquer sa conduite et sa pensée aux normes de son temps – ce à quoi il va se refuser obstinément, jusqu’à la mort. Dom Juan est jeune, entier, borné dans sa position qui consiste justement à « dépasser les bornes ». Cela me fait penser à une phrase de Brecht : « On dit d’un fleuve emportant tout qu’il est violent, mais on ne dit jamais rien de la violence des rives qui l’enserrent. » Ainsi, Dom Juan peut paraître « inexcusable » jusqu’à l’arrivée de Dom Louis, son père. C’est une confrontation d’une violence inouïe. Dans cette scène, Dom Juan perd complètement l’usage de la rhétorique. Quel est l’espace de liberté pour Dom Juan ? Tout semble avoir été fait avant lui. Tout le renvoie à une « perfection » dans laquelle il devrait avoir la chance de s’inscrire, et son chemin autant que ses habits devraient être la gageure d’une continuité. Mais il se refuse à cet héritage sans espace, et prend le parti du présent, du mouvement. Au blanc, il oppose le noir, au noir, le blanc. Il cultive un besoin de confrontation maladif avec tout ce qui semble « établi ». Il est jeune, et veut trouver « sa » place, et ne pas seulement être un portrait figé dans une époque qu’il juge hypocrite et statufiée dans des comportements et des postures stériles. Molière, quand il écrit Dom Juan, sort de Tartuffe, pièce interdite. Il sait ce que sont les relations d’influence et de pouvoir. On le sent habité par la colère, le dégoût du « bien pensant » et de la censure. Ce n’est pas un hasard si les premiers mots de la pièce font l’éloge du tabac : son usage avait été condamné par Louis XIII et les dévots, et en 1642 le pape l’avait interdit (la fumée sortant du nez et de la bouche le faisant s’apparenter à la figure du diable). Molière utilise Sganarelle et l’écran de la « comédie » pour se jouer de la sottise des apparences et de l’hypocrisie. Dans la scène où Sganarelle est déguisé en médecin, il montre que c’est « l’habit qui fait le moine » ; il s’en amuse autant qu’il le déplore. Sganarelle est drôle parce qu’il est angoissé. Il cherche à s’appuyer à des « repères » face à un réel sans cesse en mouvement et qui lui échappe. C’est une sorte de « clown » ou « bouffon » triste. Il est aussi pitoyable qu’optimiste, dans un monde qui ressemble à un radeau à la dérive et qui se nie comme tel. Sganarelle provoque, certes, mais pour amener Dom Juan à se ranger à la pensée et les usages communs. En vérité, les rôles sont inversés : le « vrai bouffon », celui qui bouleverse les codes et les comportements, c’est Dom Juan. Par ses sarcasmes, son refus de se soumettre, il provoque Sganarelle et la société entière et dénonce, à travers lui, la pauvreté des « cases » dans lesquelles il se sent enfermé. Le monde est un échiquier où Dom Juan se refuse à être un simple pion. Il s’y autoproclame roi et veut livrer bataille, partir à la conquête d’espaces nouveaux. Ainsi, il remet tout en question : le mariage, la filiation, la foi. Dans tous les domaines, il refuse « l’unique ». Il est beaucoup question du « Ciel », mais la foi est partout présente comme une création humaine, un mot sans cesse invoqué comme outil d’asservissement, qui ne promet rien d’autre qu’une condamnation. Dans la scène avec le pauvre, Dom Juan oppose à la foi l’amour de l’humanité. C’est une scène magnifique, qui me renvoie à l’idée que Molière devait se trouver dans une grande solitude de pensée,

Page 6: Programme de salle - DOM JUAN

6

et avoir peur de la mort en tant qu’écrivain et homme. Il devait « jouer serré », étant parfois, pour survivre, obligé de céder à la menace (la scène du pauvre, justement, sera longtemps censurée). Dom Juan, lui, ne cède pas et joue la partie jusqu’au bout. Car c’est bien de jeu dont il est question. Pour moi, la statue n’a rien d’un signe divin. Elle est animée par un esprit de revanche. C’est une partie d’échecs où deux forces s’affrontent. Toute une armée se met en place face à Dom Juan, pour que la « belle » ait lieu.J'ai souhaité que cette idée soit présente dans la scénographie. Il n’y a pas, à proprement parler, d’échiquier. Mais le plancher est peint de motifs noirs et blancs, recouverts de terre par endroits. L’ensemble de l’espace évoque une écurie. De la terre, du bois, du fer…La création de Dom Juan a eu lieu à l’Espace Grüber, en mars 2011.J’ai toujours aimé jouer et mettre en scène entourée des spectateurs dans une vraie et grande proximité, dans un danger commun et partagé – c’est pourquoi j’avais tout d’abord fait le choix du bifrontal, dans l’Espace Grüber… Mais là, dans cette nouvelle version frontale de « notre  » Dom Juan, que nous avons répété en Koltès avant de partir en tournée, j’observe que ce danger, ce risque partagé est plus grand, il se creuse, il s’affûte dans un face-à-face avec le public.Molière était un acteur, il écrivait pour des acteurs. Il écrivait pour la scène, en toute connaissance de l’espace dans lequel il allait jouer et faire jouer ses pièces : il m’apparaît que son architecture et son écriture se redécouvrent, se déploient dans ce face-à-face.Que la brutalité de la querelle des passions s’en ressent d’autant mieux. La pièce est remarquablement construite. Ce qui me frappe, c’est qu’à partir du départ de Dom Louis, tout est déstructuré. Ne restent que des lambeaux de rapports, à mesure que le danger grandit. Et l’échec final est un constat froid, précipité, sans tonitruance. Un couperet. C’est cela qui est effrayant : le soudain silence de Dom Juan. Le vide. Le retour à la norme. Pour moi, Dom Juan raconte le péril d’un naufrage collectif, au milieu duquel sa parole est une bouée.

Julie BrochenPropos recueillis par Fanny Mentré.

Page 7: Programme de salle - DOM JUAN

7

Page 8: Programme de salle - DOM JUAN

8

Georges Bataille Les larmes d’Eros, Éd. Jean Jacques Pauvert, 1961, poche 10/18, pp.51-52

L’essence de l’homme fût-elle donnée dans la sexualité – qui en est l’origine et le commencement – lui pose un problème qui n’a d’issue que l’affolement. Cet affolement est donné dans la " petite mort ". Pourrais-je vivre pleinement, la " petite mort " ? sinon comme l’avant-goût de la mort finale ? La violence de la joie spasmodique est profondément dans mon cœur. Cette violence, en même temps, je tremble de le dire, est le cœur de la mort : il s’ouvre en moi ! L’ambiguïté de cette vie humaine est bien celle du fou rire et des sanglots. Elle tient à la difficulté d’accorder le calcul raisonnable, qui la fonde, avec ces larmes... Avec ce rire horrible... [...] Par la violence du dépassement, je saisis, dans le désordre de mes rires et de mes sanglots, dans l’excès des transports qui me brisent, la similitude de l’horreur et d’une volupté qui m’excède, de la douleur finale et d’une insupportable joie !

Page 9: Programme de salle - DOM JUAN

9

Don Juan

Au bord d'un étang bleu dont l'eau se rideSous le vent discret d'une nuit d'été,Parmi les jasmins, foulant l'herbe humideAvez-vous jamais, rêveur, écouté

La voix de la vierge émue et timideQui furtive, un soir, pour vous a quittéLe foyer ami – depuis froid et vide –Où, les parents morts, plus rien n'est resté ?

Parfum de poison, volupté cruelleD'avoir arraché du sol ce lys frêleEt d'avoir hâté l'œuvre des tombeaux...

Ô destruction de quels âpres charmesEs-tu donc parée ? Et, voilés de larmes,Pourquoi les yeux clairs en sont-ils plus beaux ?

Charles CrosLe coffret de santal (extrait) dans Rimbaud, Cros,Corbière, Lautréamont, œuvres poétiques complètes,Éd. Robert Laffont, Bouquins, 1980, p. 275

Page 10: Programme de salle - DOM JUAN

10

Le sentiment du Beau – disait, je m’en souviens, notre précepteur – est toujours étroitement lié à la notion de la vanité. Et seul le Beau, j’imagine, peut résister, face à tout ce qui est vain, inexplicable, sans espoir de justification ou de résurrection. – Ah ce noble désintéressement. Ma sœur ne supportait pas l’inexplicable, – c’est peut-être pour cela qu’elle est devenue folle. Ce n’est que dans les dernières années de sa vie qu’elle s’adonna au tricot, – chaussettes, gilets, gants, écharpes – non qu’elle eût froid – elle n’en mit jamais aucun ; elle en remplit tout son coffre : le soir, elle s’asseyait dessus, voûtée, les bras croisés, certes elle devait bien avoir froid ; elle ne les mettait pas.

Une fois, au cours de sa maladie, quand elle fut à court de laine, elle défit une vieille couverture en loques fil après fil – il cassait – nœud après nœud, et elle réalisa à l’aiguille un fameux exploit de persévérance – une petite serviette ; elle m’en fit don (bien qu’ayant perdu la raison, elle s’était souvenue de mon anniversaire).

Jamais je ne reçus de cadeau plus précieux. Je l’ai toujours avec moi. De fait, chaque chose possède une préhistoire interminable et des milliers de nœuds invisibles, ainsi qu’une petite aiguille de patience aux doigts criblés de piqûres. Peut-être que l’autre face du Beau est la Sainteté, – qui sait ? – je n’ai rien appris.

Yannis Ritsos

Page 11: Programme de salle - DOM JUAN

11

Marguerite et sa robe Née en Lozère, en France, Marguerite Sirvins, dite Marguerite Sir (1890-1957), est issue d’une famille de paysans. Hospitalisée dans un établisse-ment psychiatrique à l’âge de quarante et un ans, elle commence à dessiner treize ans plus tard. Souhaitant avec ardeur connaître un jour le mariage, elle se met à confectionner une robe de mariée destinée à un jour de noces imaginaire. L’ouvrage est réalisé selon la technique du point de crochet, avec des aiguilles à coudre et des fils tirés de draps usagés. L’œuvre se révèle comme de la dentelle animée de motifs et d’ornements abstraits.

Page 12: Programme de salle - DOM JUAN

12

Éviter l'amour, ce n'est point se priver des jouissances de Vénus, c'est au contraire en prendre les avantages sans rançon. Assurément ceux qui gardent la tête saine jouissent d'un plaisir plus pur que les malheureux égarés. Au moment même de la possession, l'ardeur des amoureux erre et flotte incertaine : jouiront-ils d'abord par les yeux, par les mains ? Ils ne savent se fixer. L'objet de leur désir, ils le pressent étroitement, ils le font souffrir, ils impriment leurs dents sur ses lèvres mignonnes qu'ils meurtrissent de baisers : c'est que chez eux le plaisir n'est pas pur ; des aiguillons secrets les pressent de blesser l'objet, quel soit-il, qui fait lever en eux ces germes de fureur.Du reste l'intervention de Vénus brise les élans furieux de la passion, et les caresses de la volupté se mêlent aux morsures pour les refréner ; car l'amour espère toujours que l'objet qui alluma cette ardente flamme est capable en même temps de l'éteindre : illusion que combattent les lois de la nature. C'est le seul cas en effet où plus nous possédons, plus notre cœur s'embrase de désirs furieux. Les aliments, les boissons, sont absorbés et passent dans notre organisme ; ils peuvent y occuper des places fixes aussi est-il facile de combler le désir du boire et du manger. Mais d'un beau visage et d'un bel incarnat, rien ne pénètre en nous dont nous puissions jouir, sinon des simulacres, d'impalpables simulacres, espoir misérable que bientôt emporte le vent. Semblables à l'homme qui, dans un rêve, veut apaiser sa soif, et ne trouve pas d'eau pour éteindre l'ardeur qui le consume : il s'élance vers des simulacres de sources, il s'épuise en vains efforts, et demeure assoiffé au milieu du torrent où il s'efforce de boire ; ainsi les amoureux sont dans l'amour le jouet des simulacres de Vénus. Ceux-ci ne peuvent les rassasier par la vue de l'être aimé ; leurs mains ne sauraient détacher une parcelle de ces membres délicats sur lesquels ils laissent errer leurs caresses incertaines. Enfin, membres accolés, ils jouissent de cette fleur de jeunesse, déjà leurs corps pressent la volupté prochaine ; Vénus va ensemencer le champ de la femme ; ils pressent avidement le corps de leur amante, ils mêlent leur salive à la sienne, ils respirent son souffle, les dents collées contre sa bouche : vains efforts, puisqu'ils ne peuvent rien dérober du corps qu'ils embrassent, non plus qu'y pénétrer et s'y fondre tout entiers. Car c'est là par moments ce qu'ils semblent vouloir faire, c'est là l'objet de cette lutte, tant ils mettent de passion à resserrer les liens de Vénus, quand leurs membres se fondent, pâmés de volupté. Enfin quand le désir amassé dans leurs veines a trouvé son issue, cette violente ardeur se relâche pour un moment ; puis un nouvel accès de frénésie survient, la même fureur les reprend : c'est qu'ils ne savent eux-mêmes ce qu'ils désirent, et ne peuvent trouver le remède qui triomphera de leur mal : tant ils ignorent la plaie secrète qui les ronge.

Lucrèce De la nature, Trad. Alfred Ernout, Éd. Les belles lettres, Coll. tel, Gallimard, 1985, pp. 182-183

Page 13: Programme de salle - DOM JUAN

13

Page 14: Programme de salle - DOM JUAN

14

D’aucun prétendent qu’un dandy est un efféminé. Quelle erreur ! Le public confond, dans un même jugement péjoratif, le dandy et ses imitateurs ratés, ces jeunes gens bien vêtus, peu occupés qui, par leurs famille ou par quelque ami cher, sont entretenus à rester parasites sémillants d’une société dite de plaisir.[…]Aux rives de l’adolescence, quand chacun se cherche, se référant à son origine pour y prendre contradictoirement appui et naître à son rôle social en quittant la maison familiale, pourquoi lui, fils d’homme et de femme, est-il réduit à l’artificiel statut d’Adam ? […] Plein de désirs, vierge et désabusé, à l’abri des chatteries griffues des femmes qui attisent le souvenir délirant de joie perverse de ses dents de lait perdues, il souffre et s’ignore. Ce jeune homme qui le sens cherche, que le phallus appelle à son destin, dense de ses désirs, enragé du modèle à lui dérobé, ne vit pas pour son miroir, mais sans lui, pourrait-il encore exister ?[…]À défaut d’un vrai père, et parce que son destin fut de survivre à tant d’oubli néantissant, c’est l’ange de son âme que le dandy rencontre en combat singulier, en combat solitaire.[…] le dandy devenu l’amant de la seule véritable beauté de la forme, dresse son dard contre la bêtise des larves processionnaires humaines. Il a renié tout son passé à l’instant de la violence où, sans ami, son cri d’orphelin au milieu d’imbéciles s’est étouffé d’horreur.[…] Flèche inexorable au fulgurant tracé, tel est le dandy, fidèle à son engagement total. C’est au cœur même de Dieu qu’il doit atteindre, flèche de désir, c’est au cœur de Dieu qu’il doit ficher son cri.

Françoise DoltoLe Dandy solitaire et singulier suivi de Le dandisme, une figure de proue, entretien

avec Patrick Favardin et Laurent Boüexière, Éd. Mercure de France, coll. Petit Mercure, 1999.

Page 15: Programme de salle - DOM JUAN

15

Patrick Favardin : Justement, quand vous dites que c’est un nouvel Adam, ça veut dire qu’il est le premier des hommes, celui qui n’a ni référents culturels, ni référents affectifs. Françoise Dolto : Il est complètement seul.PF : … et dans cette solitude, il est obligé de se bâtir ce que j’appelle des lieux où il peut projeter des fantasmes.FD : Mais non ! Il est tout le temps dans un désir qui se cherche. Il ne sait même pas qu’il cherche. Il est recherche de l’idéal, alors ça peut être dans la beauté, mais ça peut aussi être dans la saleté. Il y en a certainement qui recherchent la saleté, parce que la beauté de la boue, la beauté de la saloperie, ça existe sûrement, on n’y fait pas attention.Laurent Boüexière : Là on parle d’ascètes plutôt que de dandys.FD : Oui, le dandy est un ascète, mais personne ne s’en aperçoit.[…] D’ailleurs, ce sont probablement des enfants précoces, et ils pourraient frôler la folie s’ils n’étaient pas dandys. Les enfants précoces sont ceux qui deviennent fous et arriérés, ceux qui ne sont pas reconnus comme tels, et qui sont découragés quelquefois à trois ou quatre semaines, et encore plus à trois ou quatre mois.La folie, ça commence à trois, quatre mois, par déception de ne pas avoir d’interlocuteur qui vous comprenne. […] Le dandy a tenu, il a réussi à tenir, il n’est pas devenu délinquant, il n’est pas devenu un arriéré, il n’est pas devenu psychotique, il est devenu une comète dans la société, il est discuté et fascinant.[…]Il est toujours créateur, sans ça il ne serait pas dandy. Au moins au regard d’autrui, dans le questionnement. […] C’est une question de style, il éveille chacun à une authenticité de style. Son art, c’est l’art de la vie…PF : Pourquoi le dandy fascine-t-il autant ? Pourquoi a-t-il autant d’épigones ? Pourquoi cette comète attire-t-elle ? FD : Pourquoi ? Parce qu’il est vérité ! La vérité est fascinante, et en même temps elle fait peur.[…]PF : Qu’est-ce qui met fin au dandy ?FD : La mort.

Page 16: Programme de salle - DOM JUAN

16

Page 17: Programme de salle - DOM JUAN

17

Existe-t-il dans le monde un seul être véritable ?

En ce monde,Qui peut se prétendre être véritable ?Lequel d'entre nousEst capable de discernerOù finit le ciel bleu ?

Maître DôgenPoèmes Zen, Éd. Albin Michel, Les carnets du calligraphe, 2001

Page 18: Programme de salle - DOM JUAN

18

Antonin ArtaudPropos recueillis par Jacques Prevel. En compagnie d'Antonin Artaud, Éd. Flammarion

Je vois le drame du mâle et de la femelleIl n'est pas vrai comme le prétend la scienceet la légende, que la terre fut crééeet que des millions d'années existèrentet qu'on soit venu un jour.Il y a un parallélisme entre les deux.Le monde en ébullition est enfer, perpétuelleguerre sempiternelle jamais achevéepour vivre dans cet état de jeunessetemps des hommestous guerriers et héroset un jour ces êtres immenses qui étaient tousdes femmescomme ils dansaient et des âmesont eu envie de créer non pas leurs œuvresmais les miennes.Et ces êtres se sont effondrés,et de cet amour il est resté une jalousiedans le chaoset dans cette jalousie, les uns ont consentià rester femelleset les autres ont prétendu être mâlesles uns avec remords les autres sansremords.[...]Je ne sais plus ce que c'est à l'heure qu'il est du mâle et de la femelleJe me vois comme un vieux tronc d'arbreje vois une forêt et dans cette forêtje vois passer bien des conscienceset parmi ces consciencesj'en vois d'épouvantablement hostiles

Page 19: Programme de salle - DOM JUAN

19

Deux choses menacent le monde :l'ordre et le désordre

Paul Valery

Page 20: Programme de salle - DOM JUAN

20

Tristan CorbièreRimbaud, Cros, Corbière, Lautréamont, œuvres poétiques complètes,Éd. Robert Laffont, Bouquins, 1980, p. 562

Moi ton amour ? — Jamais ! — Je fesais du théâtreEt pris sous le manteau d'Arlequin, par hasardLe sourire écaillé qui lézardait ton plâtreLa goutte de sueur que buvait ton bon fard.

Ma langue s'empâtait à cette bouillie âcreEn riant nous avons partagé le charbonQui donnait à tes yeux leur faux reflet de nacre,À tes cils d'albinos le piquant du charbon.

Comme ton havanais, sur ta lèvre vermeilleJ'ai léché bêtement la pommade groseilleMais ta bouche qui rit n'a pas saigné... jamais.

L'amende est de cent sous pour un baiser en scène...Refais ton tatouage, ô Jézabel hautaine,Je te le dis sans fard, c'est le fard que j'aimais.

Page 21: Programme de salle - DOM JUAN
Page 22: Programme de salle - DOM JUAN
Page 23: Programme de salle - DOM JUAN
Page 24: Programme de salle - DOM JUAN
Page 25: Programme de salle - DOM JUAN
Page 26: Programme de salle - DOM JUAN
Page 27: Programme de salle - DOM JUAN
Page 28: Programme de salle - DOM JUAN
Page 29: Programme de salle - DOM JUAN

29

orner le monde avec son corps, avec son âme,Être aussi beau qu'on peut dans nos sombres milieux,

Dire haut ce qu'on rêve et qu'on aime le mieux,C'est le devoir, pour tout homme et pour toute femme

Charles Cros

Page 30: Programme de salle - DOM JUAN

30

Jusqu’à avant-hier, les préjugés tenaient lieu de jugements. Lorsque la bêtise se fait forte de dicter des axiomes, la cohorte des fidèles croÎt rapidement. L’intelligence séduit peu de gens. La tonnelle est définie en tant que lieu de séjour de préférence – la construction de halles en béton laisse froid. Chacun son dû. Le sentiment et l’abstraction ont été opposés (par qui ? – voir plus haut). L’art comme-ci et l’art comme-ci ; deux genres différents. Le simple principe selon lequel il n’y a qu’un seul art, a été contourné : parfois il se manifeste en plus faible – parfois en plus fort, j’en conviens. Les échelons de l’art, on peut en parler pourvu que quelqu’un veuille s’échiner à ce qui va de soi. Mais il s’écrit tant de choses en faveur de l’art qu’à l’occasion, il y a lieu de se prononcer contre. À savoir contre la manière d’avant-hier. L’art ne tombe pas du ciel dans la gueule ouverte de l’artiste titularisé. L’art n’est pas inspiration – ni grâce d’en haut – ni Saint-Esprit. L’art est une affaire de sang – qui s’accroît en énergie supérieure pour produire de l’art. L’artiste anémique sera le pensionnaire sensible de la tonnelle et ergotera de manière sentimentale, romantique, naturaliste. De la carrière primitive, gothique, expressionniste, il ne pige pas la ponctuation. L’art, c’est l’éruption la plus magnifique de la sensualité. D’autres formes de l’Eros ne sont pas à dédaigner – mais petites. C’est de cette différence là qu’il s’agit : Qu’est-ce qui est grand ? Qu’est-ce qui est petit ? Il est très attrayant qu’une femme vous enflamme les sangs – mais cela n’est pas fort. Les problèmes entre les femmes et les hommes peuvent fluctuer très singulièrement  – mais c’est d’imbroglios qu’il s’agit : l’occasion de tensions minables. Les représenter par les moyens de l’art signifie rester à mi chemin. Être lyrique, romantique, naturaliste, demi-monde. Trembler face à la sensualité de la pensée – c’est la naissance de l’art. S’échauffer dans la cataracte du flux sanguin bouillonnant par la pensée : c’est l’érotisme tel qu’il ne se trouve pas autrement. L’amant exigeant, c’est l’artiste. Le créateur de la sensualité accomplie. Le multiplicateur des globules sanguins. Le non-sens des critiques non autorisées stipule : l’abstraction contre le sentiment. Soyez en persuadés : les deux n’en font

Page 31: Programme de salle - DOM JUAN

31

Georg Kaiser La sensualité de la pensée dans LEXI/textes 3, Éd. L’Arche – Théâtre national dela Colline, 2000

qu’un. Mais à des degrés divers. Penser c’est : se manifester avec une vitalité extrême. La volonté de vitalité – susceptible de produire une énergie considérable créant la pensée – est exprimée de manière claire et nette par l’artiste (d’aujourd’hui). Il donne naissance à la forme – après une conception monstrueuse. La conception est préliminaire. Un phénomène sanguin animé par le plaisir de penser. Le sang tremble par la pensée. Il n’y a pas de froideur de la tête. Le corps pense – et l’impact puissant du battement du cœur pousse à l’instruction. La rotation très rapide d’une roue rend ses rayons invisibles – très chaud est très froid. Que savez-vous aujourd’hui des tropiques du sang ? le vent doux de vos tonnelles évente une chaleur moite. Rien d’autre. Dans une inconscience pieuse vous serrez la main de votre amie et vous croyez aimer. Votre amour de plouc et de midinette. On vous écrit des mélodrames pour cela. Petite ordure dans vos tasses de grès. Dans cet art, jusqu’à avant-hier, des familles peuvent préparer leur café. C’est l’éternelle province de vos quarts de sentiments et vos huitièmes de plaisirs. Vous aimez mal – parce que vous pensez mal. La Volupté de la pensée fait frissonner l’artiste plus profondément. Lui seul éprouve de la sensualité. Il pense d’abondance. Il pense Dieu dans l’azur et nomme son espèce : l’art. Il découvre, au-delà de la jeune fille et de l’homme, le nouveau genre. À partir de la pulsion d’un désir plus vivace. Qu’y sentez vous ? Vous habitants des tonnelles ? Sans dieu ? Asexués ? Si vous sentiez davantage, un malheur se produirait : vous prendriez le large. Il n’y aurait pas de malheur.

Page 32: Programme de salle - DOM JUAN

32

Page 33: Programme de salle - DOM JUAN

33

– Tu as été très bien traité à l'université, Ignatius. Reconnais la vérité. Tu y es resté très longtemps. On t'a même laissé donner un cours.– Bah, fondamentalement c'était la même chose. Un petit Blanc du Mississippi est allé dire au doyen que j'étais un propagandiste du pape, ce qui est une contrevérité patente. En effet, je ne soutiens nullement le pape actuel. Il ne correspond en rien à l'idée que je me fais d'un bon pape autoritaire. De fait, mon opposition au relativisme du catholicisme moderne est même assez violente. Cependant, l'ignorance crasse de cet intégriste protestant de la cambrousse, jointe à la hardiesse de sa démarche, conduisit mes autres étudiants à former un comité pour exiger que j'attribuasse des notes à leurs différents devoirs et essais accumulés avant de les leur retourner. Il y eut même une manière de petite manifestation sous les fenêtres de mon bureau. Ce fut assez spectaculaire. Pour des enfants simples et ignorants comme ils étaient, ils s'en tirèrent plutôt bien. Au plus fort de la manifestation, je précipitai par la fenêtre, droit sur la tête des étudiants, le paquet entier des copies en retard et sans notes, bien entendu. L'université était trop mesquine pour accepter cet acte de défi contre la stupidité abyssale de l'académisme contemporain.– Ignatius ! Tu ne m'as jamais raconté ça !– Je n'ai pas voulu te mettre martel en tête à l'époque. J'ai encore dit à mes étudiants que, par égard pour l'humanité future, j'espérais qu'ils étaient tous stériles.

John Kennedy TooleLa conjuration des imbéciles, Trad. Jean-Pierre Carasso,Éd. Robert Laffont, 1981, 10/18, pp. 71-72

Page 34: Programme de salle - DOM JUAN

34

Stig DagermanNotre besoin de consolation est impossible à rassasier, Trad. Philippe Bouquet,Éd. Actes Sud, 1981, pp. 20-21

Je peux même m'affranchir du pouvoir de la mort. Il est vrai que je ne peux me libérer de l'idée que la mort marche sur mes talons et encore moins nier sa réalité. Mais je peux réduire à néant la menace qu'elle constitue en me dispensant d'accrocher ma vie à des points d'appui aussi précaires que le temps et la gloire.Par contre, il n'est pas en mon pouvoir de rester perpétuellement tourné vers la mer et de comparer sa liberté avec la mienne. Le moment arrivera où je devrai me retourner vers la terre et faire face aux organisateurs de l'oppression dont je suis victime. Ce que je serai alors contraint de reconnaître, c'est que l'homme a donné à sa vie des formes qui, au moins en apparence, sont plus fortes que lui. Même avec ma liberté toute récente je ne puis les briser, je ne puis que soupirer sous leur poids. Par contre, parmi les exigences qui pèsent sur l'homme, je peux voir lesquelles sont absurdes et lesquelles sont inéluctables. Selon moi, une sorte de liberté est perdue pour toujours ou pour longtemps. C'est la liberté qui vient de la capacité de posséder son propre élément. Le poisson possède le sien, de même que l'oiseau et que l'animal terrestre. Thoreau avait encore la forêt de Walden – mais où est maintenant la forêt où l'être humain puisse prouver qu'il est possible de vivre en liberté en dehors des formes figées de la société ?Je suis obligé de répondre : nulle part. Si je veux vivre libre, il faut pour l'instant que je le fasse à l'intérieur de ces formes. Le monde est donc plus fort que moi. À son pouvoir je n'ai rien à opposer que moi-même – mais, d'un autre côté, c'est considérable. Car, tant que je ne me laisse pas écraser par le nombre, je suis moi aussi une puissance. Et mon pouvoir est redoutable tant que je puis opposer la force de mes mots à celle du monde, car celui qui construit des prisons s'exprime moins bien que celui qui bâtit la liberté. Mais ma puissance ne connaîtra plus de bornes le jour où je n'aurai plus que mon silence pour défendre mon inviolabilité, car aucune hache ne peut avoir de prise sur le silence vivant.Telle est ma seule consolation. Je sais que les rechutes dans le désespoir seront nombreuses et profondes, mais le souvenir du miracle de la libération me porte comme une aile vers un but qui me donne le vertige : une consolation qui soit plus qu'une consolation et plus grande qu'une philosophie, c'est-à-dire une raison de vivre.

Page 35: Programme de salle - DOM JUAN

35

Arthur RimbaudExtrait de L'Éclair dans Une saison en enfer. Rimbaud, Cros, Corbière, Lautréamont, œuvres poétiques complètes, Éd. Robert Laffont, Bouquins, 1980, p. 555

Je connais le travail ; et la science est trop lente. Que la prière galope et que la lumière gronde... je le vois bien. C'est trop simple, et il fait trop chaud ; on se passera de moi. J'ai mon devoir, j'en serai fier à la façon de plusieurs, en le mettant de côté.Ma vie est usée. Allons ! feignons, fainéantons, ô pitié ! Et nous existerons en nous amusant, en rêvant amours monstres et univers fantastiques, en nous plaignant et en querellant les apparences du monde, saltimbanque, mendiant, artiste, bandit, – prêtre ! Sur mon lit d'hôpital, l'odeur de l'encens m'est revenue si puissante ; gardien des aromates sacrés, confesseur, martyr...Je reconnais là ma sale éducation d'enfance. Puis quoi !... Aller mes vingt ans, si les autres vont vingt ans...Non ! Non ! à présent je me révolte contre la mort ! Le travail paraît trop léger à mon orgueil ; ma trahison au monde serait un supplice trop court. Au dernier moment, j'attaquerais à droite, à gauche...Alors, – oh ! – chère pauvre âme, l'éternité serait-elle pas perdue pour nous !

Page 36: Programme de salle - DOM JUAN

36

Yannis RitsosPoème extrait de Barreaux dans Pierres/Répétitions/Barreaux, trad. Gérard Pierrat, Éd. Gallimard, 1971, p. 113

L'uLTImE oBoLE

Heures difficiles, difficiles en ce pays. Et lui, si fier, nu, exposé, débile, se laissa secourir par eux ;ils firent de lui une hypothèque ; ils en disposèrent ; ils exigent ; ils parlent en son propre nom ; ils lui mesurent le pas, la respiration ;ils lui font l'aumône ; ils le revêtent d'habits trop amples, trop lâches,ils lui ceignent la taille d'un cordage. Lui,dans ces vêtements étrangers, ne parle ni ne sourit plusafin qu'il n'apparaisse pas qu'il retient entre ses dents (et même durant son sommeil)en la serrant comme son ultime obole (son seul avoir désormais) nue, étincelante, irréductible : sa propre mort.

Page 37: Programme de salle - DOM JUAN

37

Arthur SchopenhauerL'art d'avoir toujours raison, Trad. Dominique Miermont, Éd. Mille et une nuits, pp. 51-52

Ce que l'on appelle l'opinion commune est, à y bien regarder, l'opinion de deux ou trois personnes ; et nous pourrions nous en convaincre si seulement nous observions comment naît une telle opinion. Nous verrions alors que ce sont d'abord deux ou trois personnes qui l'ont admise ou avancée et affirmée, et qu'on a eu la bienveillance de croire qu'elles l'avaient examinée à fond ; préjugeant de la compétence suffisante de celles-ci, quelques autres se sont mises également à adopter cette opinion ; à leur tour, un grand nombre de personnes se sont fiées à ces dernières, leur paresse les incitant à croire d'emblée les choses plutôt que de se donner le mal de les examiner. Ainsi s'est accru de jour en jour le nombre de ces adeptes paresseux et crédules ; car une fois que l'opinion eut pour elle un bon nombre de voix, les suivants ont pensé qu'elle n'avait pu les obtenir que grâce à la justesse de ses fondements. Les autres furent alors contraints de reconnaître ce qui était communément admis pour ne pas être considérés comme des esprits inquiets s'insurgeant contre des opinions universellement admises, et comme des impertinents se croyant plus malins que tout le monde. Adhérer devint alors un devoir. Désormais, le petit nombre de ceux qui sont capables de juger est obligé de se taire ; et ceux qui ont le droit de parler sont ceux qui sont absolument incapables de se forger une opinion et un jugement à eux, et qui ne sont donc que l'écho des opinions d'autrui. Ils en sont cependant des défenseurs d'autant plus ardents et plus intolérants. Car ce qu'ils détestent chez celui qui pense autrement, ce n'est pas tant l'opinion différente qu'il prône que l'outrecuidance qu'il y a à vouloir juger par soi-même – ce qu'ils ne font bien sûr jamais eux-mêmes, et dont ils ont conscience dans leur for intérieur.

Page 38: Programme de salle - DOM JUAN

38

Tristan CorbièreExtrait de Sous un portrait de Corbière dans Rimbaud, Cros, Corbière, Lautréamont, œuvres poétiques complètes, Éd. Robert Laffont, Bouquins, 1980, p. 555

L'amour !... je l'ai rêvé, mon cœur au grand ouvertBat comme un volet en pantenneHabité par la froide haleineDes plus bizarres courants d'air ;Qui voudrait s'y jeter ?... pas moi si j'étais ELLE !Va te coucher, mon cœur et ne bat plus de l'aile.

J'aurais voulu souffrir et mourir d'une femme,M'ouvrir du haut au bas et lui donner en flamme,Comme un punch, ce cœur-là, chaud sous le chaud soleil...

Alors je chanterais (faux, comme de coutume)Et j'irais me coucher seul dans la trouble brumeÉternité, néant, mort, sommeil ou réveil.

Ah si j'étais un peu compris ! Si par pitiéUne femme pouvait me sourire à moitié,Je lui dirais : oh viens, ange qui me consoles !...

... Et je la conduirais à l'hospice des folles.

Page 39: Programme de salle - DOM JUAN

39

Page 40: Programme de salle - DOM JUAN

40

Quand nous sommes très forts, – qui recule ? très gais, – qui tombe de ridicule ? Quand nous sommes très méchants, – que ferait-on de nous ?

Parez-vous, dansez, riez. – Je ne pourrai jamais envoyer l'amour par la fenêtre

Arthur Rimbaud

Page 41: Programme de salle - DOM JUAN

41

Irène NémirovskyLes vierges (extrait) dans Les vierges & autres nouvelles, Éd. Denoël, 2009, p. 224

– [...] je t'ai dit que je n'ai jamais été heureuse, et c'est vrai, mille fois vrai, mais... Ce n'est pas du bonheur. C'est un goût que l'amour seul peut donner à la vie, un goût de fruit, sapide, juteux, presque un peu âpre, un goût de jeunes lèvres...– Un goût de cendres, pour finir, dit sévèrement Marcelle.– Oui, mais... vous ne me comprenez pas. L'amour naît de la douleur, se nourrit de larmes. Cette nuit-là, Alberte, a été la plus belle peut-être de toute ma vie. Je ne dis pas la plus heureuse, mais la plus belle, la plus comblée. J'avais pleuré, et il buvait mes larmes. Et j'entends encore l'aspiration légère, le petit bruit haletant de ses lèvres. Tu dis : « Tu acceptais tout parce que tu l'aimais encore », et dans ta bouche, ces mots : « tu l'aimais », sont fades et froids. Mais pour moi... Ah! je ne sais pas si je l'aimais ou non. C'est à peine une question d'amour. J'avais besoin d'une inflexion de voix, d'un bruit de pas, du contact de sa main sur ma nuque, de ses coups et de ses baisers. Besoin comme de pain, d'eau et de sel.

Page 42: Programme de salle - DOM JUAN

42

Charles DobzynskiDélogiques , Éd. Belfond, 1981

L'ÉCHIQuIER

Sa vie était l'échiquier d'une partie où le temps roque joué par lui dans chacun de ses actes le mat invisible commence

Un tremblement de case sous sa peau et c'est l'amble du cavalier qui ne pardonne pas ses fautes ses faux pas et ses faux-semblants

Couleur d'octobre furieux il galope dans son œil droit saute par-dessus son regard et le renverse dans la fosse

Sereinement la reine survole ses nuits et détecte ses songes proies où plonge son bec d'aigle images mortes qu'elle ronge

Fouet du fou noir en sa tête chaque coup éclipse un soleil le fou blanc change sa mémoire en nœud gordien de l'oubli

De son sceptre le roi le touche et ses veines rampent vers lui vipères du corps qu'il envoûte et qui le mordent du dedans

Ensemble les pions s'avancent essaim aveugle dans son sang dans la ruche du coeur amassent la cire noire du néant

Quatre tours montent dans ses membres et les cimentent pierre à pierre clouent ses gestes bouchent ses sens leur mur enclôt toute lumière

C'est la reine blanche qui donne le coup de grâce de l'échec son bec arrache le dernier lambeau de couleur à son spectre

Sur l'échiquier de son corps il ne reste plus qu'une case espace obscur où sans visage prend place une pièce – sa mort.

Page 43: Programme de salle - DOM JUAN

43

Page 44: Programme de salle - DOM JUAN

44

Christophe Bouisse Dom Alonse, frère d'elvireFormé au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris, il joue ensuite sous la direction de plusieurs metteurs en scène : Patrice Kerbrat (Jeanne au bûcher de Paul Claudel), Grande École de Jean-Marie Besset), Jacques Connort (Le Fils naturel de Denis Diderot), Jean-Louis Benoit (Monsieur Bob’le de Georges Shéhadé), Jean Jourdheuil (La Bataille d’Arminius de Heinrich von Kleist), Pierre Diot (Hortense a dit je m’en fous de Georges Feydeau), Fanny Mentré (Un Paysage sur la tombe de Fanny Mentré et Un jour, mon prince viendra de Christophe Bouisse, Fanny Mentré, Tatiana Gousseff). Avec Stéphane Braunchweig il joue Dans la Jungle des villes de Bertolt Brecht, Le Marchand de Venise de William Shakespeare et Peer Gynt d’Henrik Ibsen. Il joue également dans Liliom de Ferenc Molnar mis en scène par Stéphanie

Chevara, Victor et les esprits de Victor Hugo sous la direction de Yveline Hamon, Psyché de Molière mis en scène par Yan Duffas et Madame sans gêne de Victor Sardou mis en scène par Alain Sachs.Sous la direction de Julie Brochen, il joue dans les deux créations de La Cagnotte d’Eugène Labiche et Alfred Delacour, la première créée à leur sortie du Conservatoire et la seconde au TNS en 2009.Au cinéma, il tourne avec Marcel Bluwal (Le plus beau pays du monde), Marie-Christine Questerbert (La Chambre obscure), Patrice Leconte (La Guerre des miss), Luc Besson (Les Aventures d’Adèle Blanc-Sec) et Alexandre Arcady (Comme les cinq doigts de la main). Il a participé aux courts métrages de : Yan Duffas (Terrain vague), Caroline Vignal (Roule ma poule), Khalil Joreige et Johanna Hadjithomas (Fautes d’identité). Il est également le personnage principal du premier court métrage de Stéphane Freiss, aux côtés de Laurent Gerra.À la télévision, il joue dans Sœur Thérèse.com de Effenterre, Faites comme chez vous de Duberger, PJ de Coscas, Double emploi de Carrière, Evamag de Sachs et Boury, À Rebours de Poncho, Commissariat Bastille de Malaterre, H de Molinaro. Il joue également dans plusieurs publicités et co-écrit le scénario de Je veux de l’amour avec Yan Duffas, actuellement en cours de production.

Les comédiens (*comédiens de la troupe du Tns) :

muriel Inès amat* elvire, femme de Dom JuanAprès des études au Conservatoire national de Région de Bordeaux et au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris (promotion 1994), Muriel Inès Amat joue dans de nombreux spectacles, dont Le Sang de Jean Vauthier mis en scène par Gérard Laurent et La Nouvelle mandragore du même auteur dans la mise en scène de Jean-Louis Thamin en 1990. Elle commence un compagnonnage avec Laurent Laffargue en 1992 avec L’Épreuve et La Fausse Suivante de Marivaux (1997), et le poursuit avec Dépannage de Pauline Sales (1999), Le Songe d’une nuit d’été, Othello et Beaucoup de bruit pour rien de Shakespeare (2000/2002/2004) et Terminus de Daniel Keene (2002). Elle joue dans Les Trois Mousquetaires d’après Alexandre Dumas mis en scène par Jean-Marie Lecocq et Anatole d’Arthur Schnitzler

mis en scène par Louis-Do de Lencquesaing (1995). Elle joue également dans L’Éloge du Cycle (Tour de France de Gilles Costaz) mis en scène par Anne-Marie Lazarini et René Loyon (1997)  ; dans deux mises en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota : Tanto Amor Desperdiçado (Peines d’amour perdues) de Shakespeare (2007/2008) et Casimir et Caroline de Horvath (2008/2010).Au cinéma, elle tourne sous la direction de Pierre Grange (En mai fais ce qu’il te plaît), Nicole Garcia (L’Adversaire), Étienne Chatillez (La Confiance règne). Elle participe à plusieurs courts-métrages dont Politiquement correct de Pierre Grange, Lartigue expose de Bernard Blancan, Heures sup de Mark Eacersall et Cap Nord de Sandrine Rinaldi.Elle joue dans Un Paysage sur la tombe de Fanny Mentré mis en scène par l’auteur (1994-1996). Sous la direction de Julie Brochen, elle joue dans Penthésilée de Kleist (1998) puis Hanjo de Mishima (2005/2006). Depuis septembre 2009, Muriel Inès Amat est comédienne de la troupe du TNS. Elle incarne Varia dans La Cerisaie de Tchekhov créé en 2010, Elvire dans Dom Juan de Molière créé en 2011, mis en scène par Julie Brochen. Elle est La mère de Hoik dans Ce qui évolue, ce qui demeure de Howard Barker mis en scène par Fanny Mentré en 2011. Elle joue Ygerne, Arcade et Berthe dans Graal théâtre - Merlin l'enchanteur, mis en scène par Julie Brochen et Christian Schiaretti en mai 2012.

© A

nne

Dio

n

Page 45: Programme de salle - DOM JUAN

45

Fred Cacheux* Dom Carlos, frère d'elvireFormé au Conservatoire national supérieur d'art dramatique (promotion 98), il débute sur scène en 1999 dans Les Colonnes de Buren, texte et mise en scène d'Alexandre Semjonovic, puis se produit la même année dans Le Decameron de Boccace mis en scène par Jean Boillot, La Tête dans les nuages de Delaruelle mis en scène par Jean Bouchaud et Alors, Entonces, atelier franco-mexicain dirigé par Catherine Marnas.En 2000, il joue dans Le jour se lève, Léopold de Valletti mis en scène par Jacques Nichet, Le Corps et la Fable du ciel de Supervielle mis en scène par Marc Le Glatin, Loué soit le progrès de Motton mis en scène par Lukas Hemleb et dans Guybal Velleytar de Witkiewicz mis en scène par David Maisse, puis en 2001 dans deux

spectacles dirigés par Anne Alvaro : L'Île des esclaves et L'Épreuve de Marivaux. La même année, il chante, danse et joue dans le spectacle musical de Laurent Pelly C'est pas la vie ? Entre 2002 et 2007, il travaille sous la direction de Isabelle Janier (Roméo et Juliette de Shakespeare), Jorge Lavelli (Le Désarroi de M. Peters de Miller), Dominique Léandri (L'Ombre de la vallée de Synge), Vincent Primault (Pourquoi mes frères et moi on est parti de Hédi Tillette de Clermont Tonnerre), Alain Françon (Ivanov de Tchekhov, E. Roman dit de Danis).Sous la direction de Julie Brochen, il joue et chante dans L'Histoire vraie de la Périchole d'après Offenbach (Festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence), puis au Festival d'Avignon 2007 dans L'Échange de Paul Claudel. Depuis septembre 2009, il est comédien de la troupe du TNS. Il y interprète Iacha dans La Cerisaie de Tchekhov (repris à l'Odéon-Théâtre de l'Europe), Dom Carlos dans Dom Juan de Molière mis en scène par Julie Brochen. Et Slee dans Ce qui évolue, ce qui demeure de Howard Barker mis en scène par Fanny Mentré en 2011.Également metteur en scène, il crée la comédie anglaise de Jez Butterworth, Mojo, puis Port du casque obligatoire de Klara Vidic. En 2008 il met en scène, produit et joue avec David Martins un spectacle pour jeune public Mammouth Toujours !, et récemment L'Histoire du tigre de Dario Fo. Il joue Blaise de Northombrelande dans Graal théâtre - Merlin l'enchanteur, mis en scène par Julie Brochen et Christian Schiaretti en mai 2012.

© F

ranc

k B

elon

cle

Jeanne Cohendy Charlotte, paysanneElle suit une Licence de Lettres modernes à la faculté de Clermont-Ferrand, et se forme parallèlement au théâtre au conservatoire de la même ville (2007-2009) et aux ateliers universitaires auprès de Jean-Luc Guitton, avec qui elle joue dans des pièces du répertoire russe (Gogol, Boulgakov, Harms). En 2009, elle intègre la promotion 39 de l'École du TNS. Elle y suit les enseignements de Julie Brochen, Jean-Pierre Vincent et Bernard Chartreux (qui accompagnent le groupe durant les trois années et mettent en scène leur atelier de sortie en juin 2011), Valère Novarina et Philippe Marioge, Claude Régy, Krystian Lupa, Jean Jourdheuil, Gildas Milin, Laurence Mayor, Bruno Meyssat, Jean-François Lapalus et Anne Fischer, Hélène Schwaller et Marc Proulx (jeu masqué). Dans le cadre de sa dernière année de formation, elle joue dans

La Poule d'eau de Stanislaw Witkiewicz mis en scène par Hugues de la Salle, élève metteur en scène. Elle est Charlotte dans Dom Juan mis en scène par Julie Brochen en 2011, Nazarovna dans Sur la Grand-Route, de Tchekhov, mis en scène par Charles Zévaco en 2011-2012. Elle joue au cinéma sous la direction de Régis Roinsard dans Populaire et d’Alice Winocour dans Augustine. Elle joue Guenièvre dans Graal théâtre - Merlin l'enchanteur, mis en scène par Julie Brochen et Christian Schiaretti en mai 2012.

© F

ranc

k B

elon

cle

Page 46: Programme de salle - DOM JUAN

46

Hugues de la Salle Monsieur Dimanche, marchandAprès un cursus en Lettres modernes et en études théâtrales à l’École Normale Supérieure de Lettres et Sciences humaines à Lyon, il est élève au conservatoire du VIe arrondissement de Paris, et stagiaire à la mise en scène lors de la création par Yves Beaunesne de Partage de midi de Claudel à la Comédie-Française. Il présente en 2008 sa première mise en scène, Yvonne, Princesse de Bourgogne de Witold Gombrowicz. Reçu la même année à l’École du TNS en section mise en scène, il y travaille avec Julie Brochen, Laurence Mayor, Bruno Meyssat, Jean-Pierre Vincent, Françoise Rondeleux, Claude Régy, Krystian Lupa… Il présente en deuxième année une mise en scène de Faust de Goethe. En 2009-2010, il est stagiaire à la mise en scène auprès de Krzysztof Warlikowski (Un Tramway d’après Tennessee Williams, Théâtre de l’Odéon) et de Julie Brochen (La Cerisaie de Tchekhov, Théâtre National de

Strasbourg). En janvier 2011, il met en scène La Poule d’eau de Witkiewicz dans le cadre de sa troisième et dernière année au TNS. Il tient le rôle de Monsieur Dimanche dans Dom juan mis en scène par Julie Brochen au TNS, et de Bortsov dans Sur la Grand-route, de Tchekhov, mis en scène par Charles Zévaco. Il est assistant à la mise en scène sur Graal théâtre  - Merlin l'enchanteur, mis en scène par Julie Brochen et Christian Schiaretti en mai 2012 ; il y joue Maître Sextine de Lorette et Anguissel d'Écosse.

© F

ranc

k B

elon

cle

marie Desgranges* Mathurine, paysanne ; suivante d'elvireAprès une formation au CNSAD (1992 /1995) sous la direction notamment de Madeleine Marion, Daniel Mesguich, Stuart Seide, elle rencontre Julie Brochen avec laquelle elle entamera un véritable compagnonnage  : La Cagnotte de Labiche (1994), Penthésilé de Kleist, Le Décameron des femmes d’après Voznesinskaya (1998), L’Histoire vraie de la Perichole d'après Offenbach (2006), Hanjo de Mishima (2007) et le reprise de La Cagnotte au TNS en 2009.Elle travaille également sous la direction de Pierre Diot dans Hortense a dit « J’m’en fous ! » de Feydeau, avec Robert Cantarella dans Oncle Vania de Tchekov (1996) et Le Marchand de Venise de Shakespeare (2000)  ; avec Bernard Sobel dans Zakat de Babel (1997) et à plusieurs reprises avec Gerard Watkins auteur et metteur en scène

de Suivez-moi (1999), Dans la forêt lointaine (2001), Icône (2004) et sous la diction de Simon Abkarian Titus Andronicus de Shakespeare et de Véronique Bellegarde Cloud tectonics de Rivera (2003). Elle joue Guenièvre avec Jorge Lavelli dans Merlin de Tankred Dorst, puis Phèdre de Sénèque au Théâtre des Amandiers sous la direction de Julie Recoing et elle rejoint le groupe Incognito pour Le Cabaret des Utopies (2010).Au cinéma, elle tourne avec Bertrand Tavernier dans Laissez-passer (2000), Dante Desarthe dans Cours toujours, Pascal Lahmani dans Terre promise et Monsieur Bourel, Charlotte Erlih dans Eaux troubles (2008), Louis Becker dans Les papas du dimanche (2011).À la télévision, elle tourne avec Cathy Verney dans Hard, Thierry Petit, Fabrice Cazeneuve, Jacques Renard, Philippe Triboit, Christian Faure…Marie Desgranges est également chanteuse du groupe « Marie et Les Machines »  ; elle compose des chansons pour les « Sea girls » et la musique pour le théâtre, notamment pour Dans la foret lointaine de Gérard Watkins.Elle est comédienne de la troupe du TNS depuis septembre 2011. Elle joue Viviane dans Graal théâtre - Merlin l'enchanteur, mis en scène par Julie Brochen et Christian Schiaretti en mai 2012.

© J

ean-

Chri

stop

he Q

ueno

n

Page 47: Programme de salle - DOM JUAN

47

antoine Hamel* Pierrot, paysanFormé au sein du Conservatoire national supérieur d'art dramatique, il reçoit parallèlement une formation musicale auprès d'Alain Zaepfel, Vincent Leterme et Françoise Rondeleux. Durant ses trois années de formation, il joue dans Prométhée enchaîné d'Eschyle et La Nuit des Rois de Shakespeare mis en scène par Andrzej Seweryn à la Comédie-Française, La Manie de la villégiature de Goldoni mis en scène par Muriel Mayette, Les Labdacides autour de Sophocle mis en scène par Joël Jouanneau, Je danse comme Jésus sur le vaste océan autour de Musset mis en scène par Catherine Hiégel, Le Chant du cygne de Mario Gonzales, Un Songe de Shakespeare mis en scène par Georges Lavaudant.À sa sortie, il joue dans Célébration et Le Monte-Plats d'Harold Pinter mis en scène par Alexandre Zeff, Variations-Martin Crimp dans le cadre de la 12e édition de «

Paroles d'acteurs » organisé par l'ADAMI et mis en scène par Joël Jouanneau.Sous la direction de Julie Brochen, il joue dans Brecht, Eisler, Weill, Le Condamné à mort de Genet, L'Histoire vraie de la Périchole d'après La Périchole de Jacques Offenbach (Festival d'Aix-en-Provence de juillet 2006), L'Échange de Claudel, la reprise de La Cagnotte de Labiche au Festival international de Séoul et Dom Juan de Molière. Il est comédien de la troupe du TNS depuis septembre 2011. Il interprète Hergood et Il Signor dans Ce qui évolue, ce qui demeure de Howard Barker mis en scène par Fanny Mentré en 2011. Il joue Pellinor, Hervé de Rivel et Perceval dans Graal théâtre - Merlin l'enchanteur, mis en scène par Julie Brochen et Christian Schiaretti en mai 2012.Il se produit aussi dans des courts et des moyens métrages tels que Enculées de Laetitia Masson et Ma Belle Rebelle de Jean-Paul Civeyrac (Talents Cannes 2006-ADAMI), ainsi que dans des pièces radiophoniques diffusées sur France Culture (La Décennie rouge de Michel Deutsch, Les Nouvelles Confessions de William Boyd, Peter Pan de J.-M. Barrie). À la télévision, il travaille avec Alain Tasma et Christophe Douchand (Les Bleus-saisons 3 et 4), Stéphane Clavier (L'Épervier) et reçoit le prix d'interprétation masculine du Festival de Luchon 2010 pour Quatre garçons dans la nuit réalisé par Edwin Bailly et avec Rodolphe Tissot dans la série Ainsi soient-ils qui a reçu le prix de la meilleure série française en 2012.

© F

ranc

k B

elon

cle

Ivan Hérisson* sganarelle, valet de Dom JuanIl débute le théâtre au lycée Lamartine de Paris. Après un bref passage au cours du soir du théâtre de Chaillot où il rencontre la dramaturge Nathalie Cau, il rejoint à Agen en 2004 le théâtre du Jour sous la direction de Pierre Debauche. Il y travaille notamment avec Emmanuel Vérité, Alan Boon, Françoise Danell, Robert Angebaud. En 2006 il travaille avec François Wastiaux sur une adaptation de Entre les murs de François Bégaudau. En 2007 il intègre le Jeune théâtre régional d'Orléans sous la direction de Christophe Maltot (et y travaille notamment avec Caroline Channiolleau, Yann Collette, Maurice Bénichou, Veronique Sacri, Bruno Blairet). Il y joue également dans L'Orestie mis en scène par David Géry cette année-là. En 2008, il intègre l’École du TNS (groupe 39) sous la direction de Julie Brochen où il rencontre, notamment,

Jean-Pierre Vincent et Bernard Chartreux, Valère Novarina et Philippe Marioge, Claude Régy, Krystian Lupa, Jean Jourdheuil, Gildas Milin, Laurence Mayor, Bruno Meyssat, Jean-François Lapalus et Anne Fischer, Hélène Schwaller, Jacques Nichet et Marc Proulx (jeu masqué). En 2e et 3e années, il joue sous la direction de son collègue metteur en scène Hugues de la Salle, dans Faust de Goethe, puis dans La Poule d’eau de Witkiewiecz. En juin 2011, il joue dans Joseph d’Arimathie sous la direction de Christian Schiaretti au TNP de Villeurbanne.Sous la direction de Julie Brochen, il joue Sganarelle dans Dom Juan de Molière (en tournée en 2011-2012). Il est comédien de la troupe du TNS depuis septembre 2011. Il interprète Light dans Ce qui évolue, ce qui demeure de Howard Barker mis en scène par Fanny Mentré en 2011. Il joue Juge 1, Urien et Yvain dans Graal théâtre - Merlin l'enchanteur, mis en scène par Julie Brochen et Christian Schiaretti en mai 2012.

© F

ranc

k B

elon

cle

Page 48: Programme de salle - DOM JUAN

48

David martins* la ramée ; Gros lucas ; Franscisque, pauvreDès sa sortie du Conservatoire national supérieur d'Art dramatique, en 1999, il travaille sous la direction de Stuart Seide, Jacques Lassalle, Patrice Chéreau, Catherine Hiegel, Victor Gauthier-Martin, Yannis Kokkos, David Géry, Fred Cacheux... Il navigue comme acteur entre répertoire classique et théâtre contemporain, théâtre musical et théâtre de rue, au sein du Collectif des Fiévreux. Depuis 2008, il est très actif au sein de la compagnie FC, dont il est directeur artistique avec Fred Cacheux. Il crée et interprète Mammouth Toujours ! en 2009, puis Histoire du Tigre de Dario Fo en 2011. Il est comédien de la troupe du TNS depuis septembre 2011. Il interprète Toonelhuis dans Ce qui évolue, ce qui demeure de Howard Barker mis en scène par Fanny Mentré

en 2011. Il joue Lot et Gauvain dans Graal théâtre - Merlin l'enchanteur, mis en scène par Julie Brochen et Christian Schiaretti en mai 2012.Au cinéma, il est dirigé par Philippe Garrel dans Sauvage innocence, Olivier Dahan dans La Vie promise, Antoine de Caunes dans Les Morsures de l'aube et Coluche, Pascal Deux dans Émilie, Catherine Corsini dans Mariée mais pas trop et à la télévision par Pierre Aknine dans Ali Baba et les 40 voleurs, Josée Dayan dans Deuxième vérité, Gérard Marx dans Blessure secrète, Éric Summer dans La Tête haute et Cavale. Parallèlement, il écrit et met en scène Laissez venir à moi les petits enfants en 1999, et Hop et Rats en 2003 avec le compositeur Thierry Pécou au Théâtre du Châtelet.Créateur et Agitateur du collectif Cinéma les Fennecs, regroupement d'acteurs et réalisateurs, il écrit et produit des courts-métrages et des documentaires.

© F

ranc

k B

elon

cle

mexianu medenou Dom Juan, fils de Dom louisFormé tout d’abord au Conservatoire Jacques Ibert du 19e arrondissement de Paris puis à l’École départementale de Théâtre de Corbeil-Essonnes dirigé par Christian Jéhanin, il intègre en 2008, l’École supérieure d’art dramatique du TNS (groupe 39). Il y travaille, notamment, sous la direction de Julie Brochen, Jean-Pierre Vincent et Bernard Chartreux (qui accompagnent le groupe durant les trois années et mettent en scène leur atelier de sortie en juin 2011), Valère Novarina et Philippe Marioge, Claude Régy, Krystian Lupa, Jean Jourdheuil, Gildas Milin, Laurence Mayor, Bruno Meyssat, Jean-François Lapalus et Anne Fischer, Hélène Schwaller, Jacques Nichet et Marc Proulx (jeu masqué). Dans le cadre de sa formation au TNS, il joue, en 2e année, dans Et la nuit sera calme de Kévin Keiss d’après Les Brigands de Schiller, mis

en scène par Amélie Enon, et au cours de sa 3e année, dans La Poule d’eau de Witkiewicz mis en scène par Hugues de la Salle.

Cécile Péricone* Gusman ; une suivante d'elvire ; la statue du CommandeurFormée au Cours Florent puis à L'École du Théâtre national de Chaillot, elle entre en 2002 au Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris. À sa sortie, elle joue Quartett de Heiner Müller sous la direction de Félicité Chaton et Olivier Coulon au Théâtre de la Vignette à Montpellier. Elle joue sous la direction de Gloria Paris dans Filumena Marturano d'Eduardo de Fillippo (Théâtre de l'Athénée, 2006), puis plusieurs textes écrits et mis en scène par Jean-François Mariotti : Gabegie (studio de l'Ermitage et Théâtre du Rond-Point, 2007/2008), Une Histoire du monde (studio de l'Ermitage, 2008), Gabegie Grand Guignol (Montreuil et Ciné Théâtre 13, 2009). Elle travaille pour la première fois sous la direction de Julie Brochen en 2005 à partir d'extraits du Condamné à Mort de Jean Genet et de Baal de Bertolt Brecht présentés

à l'Auditorium du Louvre. Elle la retrouve l'année suivante pour la création de L'Histoire vraie de la Périchole d'après Offenbach au festival d'art lyrique d'Aix-en-Provence, puis en 2008 pour incarner Lechy dans L'Échange de Claudel.Depuis septembre 2009, Cécile Péricone est comédienne de la troupe du TNS. Elle incarne Charlotta Ivanovna dans La Cerisaie de Tchekhov créé en avril 2010 et Gusman et la Statue du Commandeur dans Dom Juan de Molière (en tournée à l'automne 2011). Elle interprète Hoik dans Ce qui évolue, ce qui demeure de Howard Barker mis en scène par Fanny Mentré en 2011. Elle joue Morgane dans Graal théâtre - Merlin l'enchanteur, mis en scène par Julie Brochen et Christian Schiaretti en mai 2012.

© F

ranc

k B

elon

cle

© F

ranc

k B

elon

cle

Page 49: Programme de salle - DOM JUAN

49

andré Pomarat Dom louis, père de Dom JuanNé en janvier 1930 à Metz, André Pomarat effectue l’essentiel de son parcours au sein du Centre dramatique de l’Est et du Théâtre national de Strasbourg (CDE/TNS). Dès 1954, il est élève de la première promotion de l’École supérieure d’art dramatique de Strasbourg, fondée par Michel Saint-Denis. En 1957, engagé par Hubert Gignoux dans la troupe permanente, il participe à la création et à la diffusion jusqu’en 1973, d’une quarantaine de spectacles, dont, mis en scène par Hubert Gignoux : Mille francs de récompense de Victor Hugo (Glapieu), La Visite de la vieille dame de Dürrenmatt (Le proviseur), Le Singe velu de O’Neill (Paddy), Comment naît un scénario de cinéma de Zavattini (Le Scénariste), Nekrassov de Sartre (Jules Palotin), Joël Brant de Kipphardt (Joël Brant), Toussaint Turelure de Claudel (Le Pape Pie) ;

et mis en scène par Pierre Lefèvre : Notre petite ville de Thornton Wilder, Le Canard sauvage de Ibsen (Le vieil Ekdal), La Bonne âme du Se-Tchouan de Brecht (Wang)… ; avec René Jauneau : L’Avare et Les Femmes savantes de Molière (Harpagon et Trissotin), Les Anabaptistes de Dürrenmatt (Le Prince évêque de Münster, Osnabrück et Münster), et Le juge dans Le Balcon de Genet mis en scène par André Steiger…Parallèlement à son travail de comédien, il participe de 1961 à 1973 à la formation d’élèves dans des ate-liers d’interprétation. Il quitte le TNS en 1973, après le départ d’Hubert Gignoux.En 1974, il dirige la M.A.L. (Maison des Arts et Loisirs) de Strasbourg, qui soutient le développement de formes d’expression s’imposant aux lisières du spectacle vivant, où se produisent et se côtoient comédiens, conteurs, poètes et chanteurs à texte, mimes et clowns, nouveau cirque et spectacles de rue, et où il crée en 1976 « Les Giboulées de la marionnette ». En 1978, il développe les activités en direction du jeune public, installe dans un ancien cinéma, réaménagé à cet effet, le « Théâtre Jeune Public » de Strasbourg. Avec l’appui des autorités locales et territoriales, le TJP deviendra Centre dramatique national pour l’enfance et la jeunesse. En 1997, André Pomarat quitte toutes fonctions « officielles » et se met par intermittence au service des compagnies régionales : Théâtre du marché aux grains, Théâtre Lumière, OC and CO, Cie Actes premiers…En 2010, il retrouve les planches de la grande salle du TNS quittées trente-six ans plus tôt, pour le rôle de Firs dans La Cerisaie de Tchekhov mis en scène par Julie Brochen.

nikola Takov Piano ; la violettePianiste et compositeur, Nikola Takov explore au fil des années des répertoires et des genres différents. Né à Plovdiv (Bulgarie) dans une famille de musiciens, il commence le piano dés son plus jeune âge. Après avoir obtenu un 1er Prix de Piano et de Direction de Chœur à l'Académie Nationale De Musique de Sofia (Bulgarie), il s'installe a Paris et poursuit ses études au CNSM où il décroche un 1er Prix, à l'unanimité de chant grégorien et direction de chœur grégorien, ainsi que le diplôme d'études supérieures de direction d'orchestre à l'École Normale De Musique De Paris. Chef de chant et fidèle collaborateur de Nicole Fallien, Nikola Takov accompagne ses master class et ateliers lyriques depuis 1999. Il a également travaillé avec des chefs d'orchestres comme sir Colin Davis, Daniel Gatti, Ricardo Mutti. Actuellement

accompagnateur Conservatoire National d’Art Dramatique de Paris, il se produit parallèment en récitals avec Vivica Ganaux, Véronique Dietschy, Orlin Anastassov, Nadia Vezzu.

Page 50: Programme de salle - DOM JUAN

50

Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience

René Char

Page 51: Programme de salle - DOM JUAN

51

Directrice de la publicationJulie BrochenRéalisation du programmeFanny Mentré avec la collaboration de éric de la CruzCréditsPhotos du spectacle : Franck BeloncleIllustrations  : p. 4 Jérôme Bosch, Navire en flammes • p.7 René Magritte, Le Jockey • p. 11 Marguerite Sirvins, Sans titre, entre 1944 et 1957, dentelle exécutée à l’aiguille, haut. : 95 cm. Photo : Henri Germond. Collection de l’Art Brut, lausanne • p. 13 Franck Beloncle, Photo d'ombres des chevaux de Dom Juan mis en scène par Julie Brochen • p. 16 Calligraphie de Hachiro Kanno • p. 19 Francis Bacon, Homme portant un enfant, 1956 • p. 32 écuries de Villeneuve-lembron, scène de bataille peinte sur la voûte • p. 35 Illustration tirée du livre Les Écuries des châteaux français, éd. Centre des monuments nationaux • p. 36 Francis Bacon, Trois études pour un portrait de Lucian Freud, 1965 • p. 39 Carreaux ornés d’yeux, 1535-1540, Guido di Savino (inspiré d’un motif de Jérôme Bosch) • p. 43 Francis Bacon, Étude pour un portrait de Van Gogh, II, 1957 • p. 50 Gravure anglaise, Franc-Maçon, 1754Graphisme tania Giemza

édité par le théâtre National de StrasbourgKehler Druck/Kehl – Octobre 2012

Abonnements / location03 88 24 88 24

1, avenue de la MarseillaiseBP 40184 F-67005 Strasbourg Cedextéléphone : 03 88 24 88 00télécopie : 03 88 37 37 71

[email protected]

Page 52: Programme de salle - DOM JUAN

SAiSoN 12-13