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Novembre 2010 Programme REDD+ Réduction de l’impact de l’agriculture de subsistance sur la forêt Document d’orientation REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO Ministère de l’Agriculture Ministère du Développement Rural Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature et Tourisme Coordination Nationale REDD

Programme REDD+ Réduction de l’impact de l’agriculture de … · 2011. 11. 30. · L’agriculture de subsistance, basée sur la culture sur brûlis, est considérée comme la

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Novembre 2010

Programme REDD+ Réduction de l’impact de l’agriculture

de subsistance sur la forêtDocument d’orientation

REPUBLIQUE DEMOCR ATIQUE DU CONGO

Ministère de l’Agriculture

Ministère du Développement Rural

Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature et TourismeCoordination Nationale REDD

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AvertissementLe présent document est un document d’orientation, définissant les lignes directrices d’un programme REDD+ dans le domaine de l’agriculture et du développement rural. Il constitue un premier pas dans l’élaboration du cadrage détaillé d’un tel programme prévu pour le premier trimestre 2011. Il vise à favoriser un échange entre la République Démocratique du Congo et ses partenaires internationaux en vue de mobiliser des financements REDD+ dans le cadre du « fast start ». Les propositions présentées ici pourraient ainsi évoluer à l’avenir.

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La République Démocratique du Congo a lancé son

processus national REDD+ en 2009. Un cadre insti-

tutionnel dédié a été instauré par le décret du 26

novembre 2009, et le plan de préparation national

« R-PP » a reçu les vifs encouragements de la commu-

nauté internationale. Jusqu’en 2012, la RDC est donc

résolument engagée dans une phase de préparation

à la REDD+ qui l’amènera à élaborer sa stratégie na-

tionale et son plan d’action associé, à construire les

cadres et les outils de la mise en œuvre, à construire

ses capacités et à mobiliser toutes ses forces vives

dans le sens d’une transformation profonde du pays.

Simultanément, la RDC s’engage dans la phase d’inves-

La REDD+ et les programmes REDD+ en RDC

Pour avancer dans cette phase d’investissement, la

RDC construit un ensemble de programmes nationaux

structurants, complémentaires, lancés en anticipation

de la future stratégie nationale REDD+. Leur mise en

œuvre s’appuie sur les outils développés par ailleurs

dans le cadre de la préparation du pays à la REDD+,

comme le Fonds National REDD+, le registre des flux

financiers et des activités REDD+, la procédure d’ho-

mologation des projets et initiatives. La phase d’inves-

tissement à la REDD+. Au-delà de la préparation, il s’agi-

ra à partir de 2011 de bâtir les conditions structurelles

d’un déploiement opérationnel et à grande échelle de

la REDD+, et d’engager les premiers programmes de

transformation sectoriels. L’entrée en phase d’inves-

tissement est critique. Elle doit permettre en effet de

concrétiser l’engagement financier international et le

processus de construction de la crédibilité nationale,

de manière à bâtir une relation de confiance entre le

pays et ses partenaires. Elle détermine en outre la capa-

cité interne du pays à maintenir son intense investis-

sement technique, organisationnel et politique dans la

REDD+.

tissement réaffirme naturellement la philosophie d’en-

semble du processus national.

A ce titre, son déploiement s’inscrit dans le cadre d’une

vision du développement à long terme, d’un cadre

institutionnel et d’instruments de mise en œuvre per-

formants, dans une logique de transparence et de par-

ticipation des parties prenantes, d’excellence sociale

et environnementale, et de renforcement durable des

capacités.

PROGRAMME REDD+ 1

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Sommaire

Analyse de la situation .............................................................................................................................. 8 Contexte ...................................................................................................................................................................................................... 8

Les problèmes de l’agriculture en RDC............................................................................................................................................. 9

Agriculture et déforestation en RDC .............................................................................................................................................. 11

Les initiatives en cours ..........................................................................................................................................................................13

Retours d’expérience ............................................................................................................................... 14 Au niveau international ....................................................................................................................................................................... 14

Au niveau national .................................................................................................................................................................................16

Programme REDD+ « Réduction de l’impact de l’agriculture de subsistance sur la forêt » ............... 18 Objectifs et approche stratégique ...................................................................................................................................................18

Géographie et portée ...........................................................................................................................................................................21

Activités de mise en œuvre et budget ............................................................................................................................................22

Résultats attendus ..................................................................................................................................................................................22

Dispositif institutionnel de gestion du projet ..............................................................................................................................23

Dispositif de gestion des risques ......................................................................................................................................................23

Plan de déploiement .............................................................................................................................................................................24

Bibliographie ........................................................................................................................................... 25

Liste des tableaux Tableau 1 - Liste des programmes et projets agricoles et de développement rural .........................................................13

Tableau 2 - Comparaison des résultats entre le système MAMPU et un système non assisté .......................................17

Tableau 3 - Analyse des forces, faiblesses, opportunités et menaces .....................................................................................20

Tableau 4 - Budget du programme .....................................................................................................................................................22

Tableau 5 - Dispositif de gestion des risques ...................................................................................................................................23

Liste des figures Figure 1 - Dynamique de dégradation et de déforestation liée à l’agriculture de subsistance .....................................11

Figure 2 - Importance de la déforestation issue de l’agriculture de subsistance ................................................................12

Figure 3 : Stratégie pour réduire les impacts de l’agriculture sur les forêts ..........................................................................18

Liste des encadrés Encadré 1 - L’agriculture sur brûlis, une cause majeure de déforestation en RDC .............................................................11

Encadré 2 - Impacts attendus du développement agricole sur la forêt .................................................................................12

Encadré 3 - ICRAF .......................................................................................................................................................................................14

Encadré 4 - L’exemple du semis direct sur couverture végétale ...............................................................................................15

Encadré 5 - L’usage du Biochar : une alternative écologique peu coûteuse ........................................................................16

Encadré 6 - L’appui de la CTB à l’INERA ..............................................................................................................................................16

Encadré 7 - Le programme Mampu .....................................................................................................................................................17

2 PROGRAMME REDD+

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Liste des abréviations

AGRA  : Alliance pour la Révolution Verte en Afrique

BAD : Banque Africaine du Développement

CADIM  : Centre d’Appui pour le Développement Intégral de Mbankana

CARG  : Conseil Agricole Rural de Gestion

CTB  : Coopération Technique Belge

FAD : Fonds Africain pour le Développement

FBS : Fonds Belge de Survie

FEM : Fonds pour l’Environnement Mondial

FIDA : Fonds International de Développement Agricole

ICRAF  : Centre International pour la Recherche en Agroforesterie

INERA  : Institut National d’Etudes et Recherche Agronomique

OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole

PARSAR  : Projet d’Appui à la Réhabilitation du Secteur Agricole et Rural

PARRSA  : Projet d’Appui à la Réhabilitation et à la Relance du Secteur Agricole

PDDAA  : Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture Africaine

PIB : Produit Intérieur Brut

PIRAM  : Projet Intégré de Réhabilitation de l’Agriculture au Maniema

PMURR  : Projet Multisectoriel d’Urgence de Réhabilitation et de Reconstruction

PNUE : Programme des Nations Unies pour l’Environnement

PRAPE  : Projet de Relance Agricole dans la Province de l’Equateur

PRAPO  : Projet de Relance Agricole dans la Province Orientale

PRESAR : Projet de Réhabilitation du Secteur Agricole et Rural

PRODAP  : Projet d’Appui au Programme régional d’aménagement intégré du lac Tanganyika

SENASEM  : Service National Semencier

PROGRAMME REDD+ 3

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L’agriculture de subsistance, basée sur la culture sur brûlis, est considérée comme la principale cause de la déforestation en RDC. L’étude exploratoire du potentiel de la REDD+ en RDC estime que l’agriculture devrait contribuer à 64% de la déforestation et à 16% de la dégradation des forêts attendues sur la période 2010-2030, l’agriculture vivrière étant responsable de 20% de la déforestation.

L’agriculture de subsistance est pratiquée par 90% des ménages vivant en milieu rural. Dans un contexte de forte pression démographique, son impact sur la forêt est principalement dû à sa faible productivité, qui, associée à la désorganisation générale du secteur, est également à l’origine de l’insécurité alimentaire qui touche 76% des Congolais.

Le programme vise la réduction de l’impact sur la forêt de l’agriculture de subsistance. Il est fondé sur les expé-riences réussies en la matière au niveau international et en RDC. Il s’agit de répondre aux besoins alimen-taires et en revenus croissants des populations rurales en utilisant moins d’espace. Pour cela, quatre chantiers seront mis en œuvre visant : La mise au point des prérequis techniques pour

participer à la REDD+, notamment l’élaboration des niveaux de référence et d’un mécanisme MRV en cohérence avec le niveau national

l’amélioration des rendements de l’agriculture de subsistance, en privilégiant les techniques agroéco-logiques particulièrement adaptées au contexte lo-cal, à travers le recours aux intrants et aux semences

améliorées d’une part, et à l’amélioration de la ja-chère d’autre part, qui doit permettre de produire la nourriture nécessaire sur moins d’espace;

la génération de revenus reposant sur une utilisa-tion moindre de l’espace, à travers la diversification des activités productives, l’augmentation de la va-leur ajoutée (notamment par la transformation des produits) et une appropriation plus importante de celle-ci par les producteurs (notamment au niveau du transport).

la mise en place d’activités facilitant les deux premiers chantiers : il s’agit de mettre en place et de renforcer les organisations de producteurs, d’aider à la structu-ration des filières agricoles, de définir un zonage du territoire, de relancer la vulgarisation agricole, et de faciliter l’accès aux crédits des ménages.

Le présent programme prévoit de couvrir près de la moitié du territoire nationale et d’intervenir auprès de 3 millions de ménages en milieu rural forestier. Il de-vrait permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’environ 184 millions de tonnes de CO2 au terme du programme.

Ce programme devrait durer 15 ans et coûter environ 2,176 milliards d’USD, dont 137 millions d’USD pour les deux premières années. Il sera géré par une cellule dé-diée, placée sous la responsabilité conjointe du Minis-tère de l’Agriculture, du Ministère du Développement Rural et d’une agence d’exécution, qui sera en charge de l’administration des fonds en attendant la mise en place du fond REDD+ du pays.

Résumé exécutif

4 PROGRAMME REDD+

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Tableau récapitulatif

Type d’activitésAmélioration des rendements agricolesGénération de revenus reposant sur une utilisation moindre de l’espace

Moteurs de déforestation et de dégradation de la forêt adressés

Besoin de terres pour l’agriculture

Réalisations attenduesFin 2012 : intervention auprès de 300 000 ménagesFin 2025 : 3 millions de ménage adoptant les pratiques culturales écologiques

Potentiel de réduction d’émissions

Fin 2012 : difficilement estimable pour les deux premières annéesFin 2025 : 184 millions de tonnes de CO2eq

Budget 2011 – 2012 : 137 000 000 USD 2011 – 2025 : 2 176 000 000 USD

Coût moyen tonne de CO2 11,8 USD/tonne de CO2

Cobénéfices - Protection de la biodiversité remarquable de la RDC et des bassins

versants- Amélioration de la sécurité alimentaire des populations cibles

Géographie National/Régional

Gestion des risques

- Budget significatif associé au renforcement de capacités pour un personnel compétent

- Appui conditionnel au respect d’un zonage pour éviter que l’intensification agricole favorise la déforestation

- Efforts d’adaptation des techniques à la réalité locale, de démonstration et sensibilisation des populations pour surmonter les résistances au changement

- Dispositif de gestion des fonds sécurisé à travers le recours à une agence d’exécution puis au fonds REDD+

Effets sur les politiques publiques

L’ampleur du programme doit permettre la promotion d’un développement agricole écologique et à faible intensité carbone

Implication du secteur privé Forte, notamment dans les structurations des filières agricoles

Réplicabilité Forte

PROGRAMME REDD+ 5

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Subsistence farming, mostly based on slash-and-burn cultivation, is viewed as the main cause of deforesta-tion in DRC. A study of the REDD + potential in DRC shows that agriculture would contribute to 64 % of the deforestation and to 16 % of the forest degradation be-tween 2010 and 2030. Subsistence farming would be responsible for about 20 % of the total deforestation.Subsistence farming is practiced by 90 % of rural house-holds. Strong demographic pressure, low productivity and disorganization in the agricultural sector are the main causes for food insecurity, which affects 76% of the Congolese population.

Based on the successful past experiences at the na-tional and international levels, this program aims at re-ducing the impact of subsistence farming on the forest through a more efficient use of the land. This program is structured around four components:

The design of the prerequisites to participate in a REDD+ mechanism, in particular the development of the reference levels and the MRV mechanism, in accordance with the national level;

The improvement of subsistence agriculture’s yields, putting priority on the agro-ecological practices adapted to the local context through the use of im-proved seeds and agricultural inputs, and the im-provement of fallow;

The development of alternative income generating activities, increasing the added value of agricultural and non agricultural activities while reducing the area of land required, through a diversification of productive activities;

The development of enabling conditions aiming at strengthening producer organizations, structuring the agricultural value chain, zoning, improving ag-ricultural extension, and facilitating access to credit for small farmers.

The objective of this program is to cover about 50% of the national territory and improve agricultural tech-niques, yields and income for some 3 million rural for-est households, which would ultimately reduce green-house gas emissions by about 184 million tons of CO2eq.

This program should last 15 years and cost some 2.176 billion USD, including 137 million USD for the first two years. The program shall be managed by a dedicated unit, placed under the joint responsibility of the Min-istry of Agriculture, Ministry of Rural Development and an implementing agency which will be in charge of the fund management until the REDD+ fund of the country is operational.

Executive summary

6 PROGRAMME REDD+

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Summary table

Main activitiesImproved crop yields

Income generation based on reduced use of space

Drivers of deforestation and

forest degradation addressed Need for agricultural land

Expected outcomes2011-2012: actions involve 300.000 households

2011-2025: 3 million rural forest households adopt agro-ecological practices

Emissions reduction potential 2011-2025: 184 million tons of CO2eq

Budget 2011 – 2012 : 137,000,000 USD

2011 – 2025 : 2,176,000 000 USD

Average cost of CO2 ton 11.8 USD / ton of CO2

Cobenefits- Protection of DRC’s remarkable biodiversity and watersheds

- Improved food security

Geography National/Regional

Risks management

- Significant budget associated with capacity building

- Support to land use planning to avoid negative impacts of agricultural

intensification on forests

- Efforts to adapt agroecological practices to local realities,

demonstration and awareness activities to overcome resistance to

change

- Secured fund management arrangement through an implementing

agency or the REDD+ fund mechanism

Effects on public policyThe scale of the program should promote sustainable agroecological practices

with low carbon emission

Private sector involvement High implication in agricultural value chain

Replicability High

PROGRAMME REDD+ 7

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Le secteur agricole a connu depuis deux décennies un déclin entraînant une malnutrition chronique de sa population. Le PIB agricole par habitant a ainsi baissé de 40% entre 1990 et 20001. L’insécurité alimentaire touche aujourd’hui environ 76% de la population congolaise2 et la RDC importe plus de 40% des den-rées alimentaires qu’elle consomme. Cependant, l’agri-culture est l’activité économique principale du pays, représentant environ 40% du PIB, près de 70% de la population congolaise s’y consacre3.

L’agriculture traditionnelle représente 90% de la pro-duction nationale agricole4. Elle est essentiellement destinée à l’autoconsommation des ménages en milieu rural ; une petite partie est destinée à la vente. Elle est dominée par la pratique de la culture itinérante sur brûlis sur une petite superficie (de 1,5 ha par ménage en moyenne), sans apport particulier d’intrants agri-coles ni en association avec des systèmes d’élevage. Elle est également caractérisée par l’usage d’outils très rudimentaires. Les tentatives d’utilisation des animaux de trait en remplacement de ces outils rudimentaires se sont soldées par des échecs. La productivité agri-cole issue de ce mode de culture traditionnel est faible,

et renforce la précarité des ménages. De plus, le peu d’infrastructures actuellement en place (routières mais aussi de transformation et de stockage des produits) n’incite pas à l’augmentation de la production alors que l’insécurité foncière constitue un frein à l’investis-sement.

L’agriculture moderne mobilise des technologies de production modernes dans des filières destinées à l’exportation : café, huile de palme, hévéa, cacao, prin-cipalement. Ce type d’agriculture a connu un grand déclin durant la dernière décennie, du fait des conflits, de la dégradation des infrastructures de production, mais également de l’effondrement du cours de certains produits agricoles sur le marché international. En effet, si les exportations agricoles du pays étaient estimées à près de 334 millions USD en 1995, elles n’étaient plus que de 4,3 millions USD en 2003.

Cette situation contraste avec le fort potentiel du pays en matière agricole. La RDC dispose d’environ 80 mil-lions d’hectares de terres arables, soit 34% du territoire national dont moins de 10% seulement sont actuel-lement mises en valeur5, ainsi que d’importantes ré-serves d’eau douce et des conditions éco-climatiques diversifiées favorables à l’agriculture. Alors que le po-tentiel d’irrigation estimé est de 4 millions d’hectares, la superficie totale irriguée n’est que de 10 500 ha6. Le potentiel halieutique est estimé à 707 000 tonnes de poisson annuellement7.

Analyse de la situation

Contexte

DSCRP, 20062 Tollens, 2004; FAO, 20093 FAO, 2009, http://www.fao.org/countries/55528/en/cod/. 4 Ministère de l’Agriculture, 2009b5 DSCRP, 20066 AQUASTAT – Système d’information de la FAO sur l’eau et l’agriculture. http://www.fao.org/nr/water/aquastat/main/index.stm7 Ministère de l’Agriculture, 2009a

8 PROGRAMME REDD+

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Les rendements, et ainsi la production de cultures vivrières de subsistances, sont faibles en RDC, ce qui contribue à l’insécurité alimentaire. Par exemple, le rendement de la culture de manioc, principale alimen-tation dans le pays, n’est plus que de 8 tonnes par hec-tare annuellement en 2005, alors qu’elle avoisinait les 20 tonnes par hectare vers les années 19608.

Plusieurs facteurs concourent à ce faible rendement de l’agriculture paysanne en RDC.

Les méthodes culturales adoptées par les ménages constituent un facteur important de la productivité. La pratique de la culture sur brûlis s’effectue avec une durée de reconstitution insuffisante de la fertilité du sol par leur mise en jachère du fait de la pression démogra-phique sur les terres agricoles. À cette pression démo-graphique s’ajoute le fort lessivage et érosion du sol.

Le faible recours aux intrants améliorés est également un élément clé de la faible productivité de l’agriculture congolaise. Les filières de semences améliorées et de produits phytosanitaires sont presque inexistantes malgré l’existence de certaines initiatives, comme celle de l’appui à l’Institut National d’Etudes et Recherche Agronomique (INERA) de la Coopération Technique Belge pour la production de semences améliorées. Par ailleurs, le coût des intrants, la faiblesse de l’accès au crédit et le faible développement des infrastructures de

8 Bompolonga, J.A., sans date. 9 Tollens, 2004.

transport d’autre part sont des contraintes importantes à l’usage d’intrants. Ainsi, l’usage de semences amélio-rées est estimé à environ 1% de la surface agricole et le faible usage des produits phytosanitaires rend les cultures particulièrement vulnérables. Les attaques de maladies et insectes sont, pour le manioc par exemple, responsables d’une chute de 20% de la productivité agricole9.

Cette faible productivité ne permet pas aux popula-tions riveraines des forêts de produire une quantité suffisante de nourriture, essentiellement pour l’auto-consommation.

Désorganisation des filières agricoles

Les filières agricoles, que ce soit des intrants ou des produits agricoles, sont désorganisées en RDC. Les acteurs et leurs relations entre eux sont difficilement identifiables. Il n’existe pas, par exemple, d’organe de contrôle étatique des acteurs d’une filière. Les produc-teurs sont peu impliqués dans le transport des produits et n’ont ainsi pas d’autres options que de vendre leurs surplus à des collecteurs intermédiaires qui fixent les prix des produits agricoles à des niveaux particulière-ment bas, surtout dans les zones enclavées, ce qui ré-duit les incitations des producteurs à produire davan-tage.

Les problèmes de l’agriculture en RDC

Faible productivité agricole

PROGRAMME REDD+ 9

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Faiblesse des investissements

Les investissements dans le domaine agricole sont qua-si nuls et l’agriculture de subsistance domine, surtout dans les régions enclavées du pays. Ceci s’explique par la faible productivité du secteur, la précarité du climat des affaires dans le pays10, le faible accès des ménages ruraux au crédit et le manque de sécurité foncière.

Infrastructures de transport et de stockage vétustes et parfois même inexistantes

Le manque d’infrastructures est un des problèmes cruciaux du secteur agricole congolais. L’absence de routes (ou d’autres moyens de transport comme infras-tructures ferroviaires et fluviales) pour l’évacuation des produits agricoles et le manque d’infrastructures pour la conservation et le conditionnement de cette produc-tion qui réduit la capacité des producteurs à obtenir des prix intéressants pour leur production, n’incite pas les producteurs à produire davantage.

Recherche agricole peu efficace et efficiente

L’existence de l’INERA constitue un atout du secteur agricole en RDC. Mais cette institution est actuelle-ment affaiblie, principalement par manque de moyens financiers, et sa capacité d’action est encore faible mais fait l’objet d’un renforcement par la Coopération Technique Belge. Par ailleurs, les études universitaires,

les enseignements techniques agricoles, et mêmes les « champs école paysanne » existent, avec l’aide de plu-sieurs bailleurs de fonds, mais ils ne sont pas suffisants pour former des personnes susceptibles actuellement de couvrir le territoire national.

Difficulté de l’administration chargée de l’agriculture et du développement rural

Les Ministères de l’Agriculture et du Développement Rural souffrent :

d’un manque de capacités de ses agents,

du faible fonctionnement de ces services qui, en outre, ne sont pas présents sur tout le territoire na-tional,

et du manque de coordination entre les différentes institutions.

10 Le rapport « Doing Business 2010 » classe la RDC 182ème sur une liste de 183 pays les plus importants réformateurs de la planète en termes de climat des affaires (adresse URL :

http://francais.doingbusiness.org/Reports/Doing-Business/Doing-Business-2010)

10 PROGRAMME REDD+

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Selon une étude faite par le PNUE (2010), l’agriculture de subsistance serait la principale cause de déforesta-tion dans le pays.

Agriculture et déforestation en RDC

Situation actuelle

L’agriculture sur brûlis, une cause majeure de déforestation en RDC

Selon le PNUE11 , cette agriculture de subsistance, caractérisée par la pratique du brûlis,

serait l’une des principales causes de la déforestation en RDC. Elle est en effet prati-

quée avant tout en zone forestière ou sur ces franges puisqu’elle dépend de la forêt

pour reconstituer la fertilité des sols. Dans un contexte de faible productivité, la pression

démographique entraîne une augmentation des surfaces cultivées et une réduction

du temps de la jachère, limitant les capacités de régénération naturelle de la forêt, qui

tend alors à disparaître12 . Ce processus entraîne une dégradation de la fertilité des sols

jusqu’à les rendre parfois improductifs, ce qui accroît à son tour la pression sur la forêt,

selon un cercle vicieux.

Figure 1 - Dynamique de dégradation et de déforestation liée à l’agriculture desubsistance

Sans action notable sur cette agriculture sur brûlis, la tendance serait à une hausse des défrichements, due principalement à la pression démographique.

Les perspectives en RDC

Le développement agricole du pays est une nécessité pour faire face à l’insécurité alimentaire qui pourrait s’aggraver du fait d’une croissance démographique d’environ 3% par an, qui devrait amener la population congolaise à doubler dans les 25 ans à venir13. S’il ne peut être limité, il doit être orienté de manière à limiter son impact sur la forêt qui serait sinon très important (cf encadré 3).

11 PNUE, 2010. 12 Durée de la jachère permettant une

bonne reconstitution de la fertilité : 10 ans au minimum. Avec un cycle plus court, et une mise à feu fréquente (surtout

13 Ministère de l’environnement, conserva-tion de la nature et tourisme, 2009.

PROGRAMME REDD+ 11

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Figure 2 - Importance de la déforestation issue de l’agriculture de subsistance

L’agriculture commerciale extensive à petite échelle, destinée principalement au marché local serait par contre responsable de 3,2 à 3,5 millions d’hectares (27%) de déforestation. Elle augmenterait d’environ 4% par an en moyenne en termes de surfaces, pour répondre à une demande croissante au niveau national.

Le changement climatique pourrait également affecter les rendements agricoles de la RDC, de par l’élévation des températures, la multiplication des évènements climatiques extrêmes (sécheresse, inondation) et le stress hydrique accru qui devraient toucher certaines régions du pays.

Impacts attendus du développement agricole sur la forêt(Ministère de l’Environnement, Conservation de la Nature et Tourisme, 2009)

L’étude exploratoire du potentiel de la REDD+ en RDC estime que la croissance démographique (3% jusqu’en 2015 puis 2,5%) et le développement socio-économique (entre 6 et 8% de croissance annuelle du PIB) atten-dus devraient conduire à une augmentation de la déforestation (12 à 13 millions ha) et de la dégradation des forêts (21 à 23 millions d’hectares) d’ici à 2030, entraînant une croissance de 3 à 4% des émissions de gaz à effet de serre issues de la forêt. Le développement de l’agriculture et l’élevage en milieu forestier devrait en être la principale cause. Il serait à l’origine la déforestation de 7,5 à 8,5 millions ha (64 %) et de la dégradation de à et 3,4 à 4 millions ha (16%), soit des contributions respectives aux émissions cumulées 2010-2030 d’envi-ron 3.400 Mt CO2e et 300 Mt CO2e.

L’agriculture vivrière, principalement itinérante et sur brûlis, serait responsable de 2,2 à 2,5 millions ha (20%) de déforestation. Ces chiffres reposent sur une croissance, dans un premier temps positive, des surfaces culti-vées, due à des besoins supplémentaires en terres pour faire face à la croissance démographique malgré une augmentation attendue de la productivité de 10%. Cette croissance devient ensuite négative du fait (i) d’une rotation de deux à trois fois plus rapide sur les champs en jachères, (ii) des effets de l’exode rural et (iii) de la conversion de certains agriculteurs à l’agriculture commerciale en raison d’un meilleur réseau d’infrastruc-tures qui leur permettra un accès plus facile aux marchés.

12 PROGRAMME REDD+

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Plusieurs programmes visant le développement agri-cole et la réduction de l’insécurité alimentaire dans le

Les initiatives en cours

pays existent déjà. Mais la durée et la couverture géo-graphique de ces programmes sont limitées.

Tableau 1 - Liste des programmes et projets agricoles et de développement rural

Nom du projet Bailleurs de fondsCoût total du volet

agricole et rural dans le programme

Zones d’intervention

PMURR Banque Mondiale 33,4 millions USD

PARSAR BAD 41,47 millions USD Bandundu, Bas-Congo

PRESAR FAD 59,05 millions USD Katanga, Kasaï-Occidental et Oriental

PRODAP FAD, FEM, FND, UICN 46,20 millions USD Kalemie (Katanga)

PRAPE FIDA, FBS 22,6 millions USD Equateur

PRAPO FIDA, FBS 26,30 millions USD Province Orientale

PARRSA Banque Mondiale 120 millions USD Equateur

PIRAM FIDA, OPEP 45 millions USD Maniema

(source : Ministère de l’Agriculture, 2009a)

Le gouvernement congolais, conscient de l’importance du développement agricole, a mis en place au nouveau cadre légal et institutionnel pour la relance du secteur, dans le contexte de la mise en œuvre de la décentra-lisation. Un nouveau code agricole est ainsi actuelle-ment en discussion au Parlement, précédé par l’élabo-ration d’une note de politique agricole. Les structures permettant la mise en œuvre de la politique agricole se mettent progressivement en place, à l’instar du Conseil Agricole Rural de Gestion (CARG), organe de concerta-tion, de gestion et de contrôle au niveau territorial, pré-sent actuellement dans près de 100 territoires. Dans le contexte de la restructuration du ministère de l’Agricul-ture, il est l’outil de la mise en œuvre de la décentralisa-tion du secteur de l’Agriculture et de la politique agri-cole et de développement rural. Enfin, dans le cadre du Programme Détaillé de Développement de l’Agricul-ture Africaine (PDDAA), la RDC s’est engagée avec tous les pays africains à élaborer son programme national d’investissement à moyen terme14. Ces initiatives visent

à poser les bases d’un développement agricole et rural du pays, et reflètent ainsi la volonté politique de l’Etat Congolais d’améliorer les conditions de vie des pay-sans.

La prise en compte de la dimension environnementale apparait fondamentale dans cet effort de relance du secteur agricole. En effet, dans les objectifs du projet de code agricole, il est stipulé que le «  code agricole s’entend à mettre en place une agriculture durable sau-vegardant l’environnement et adaptant des systèmes culturaux avec le fonctionnement naturel du climat et ses perturbations  ». De même, le développement «  d’un modèle de production écologique  » constitue un des axes stratégiques du Programme d’Actions Prio-ritaires 2011-2013 du Ministère de l’Agriculture

14 Document disponible sur ftp://ftp.fao. org/docrep/fao/009/ag143f/ag143f00.pdf

PROGRAMME REDD+ 13

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Plusieurs techniques agricoles permettant l’améliora-tion de la productivité dans des contextes similaires à celui de la RDC évoluent à l’international et certaines de ces techniques ont été testées dans plusieurs pro-vinces du pays. Les plus préconisées pour la REDD+ et dont la faisabilité en RDC est démontrée concernent les pratiques agricoles écologiques dont l’utilisation de plantes améliorantes de la jachère, la culture sous cou-verture végétale, l’usage du biochar, le compostage, l’agroforesterie et l’usage de fertilisants ou de pesti-cides naturels.

Ces techniques sont écologiques et peu émettrices de gaz à effet de serre. Peu coûteuses et relativement faciles à mettre en œuvre au niveau local, elles appa-raissent ainsi comme particulièrement appropriées au contexte congolais. La situation de pauvreté et d’enclavement d’une part importante de la population congolaise rend en effet difficile l’accès à des solu-tions technologiques et commerciales alternatives. Les

engrais chimiques ou les produits phytosanitaires ne sont pas accessibles aux populations locales tant du point de vue économique que logistique. C’est sur ce même constat que repose l’approche agroécologique (agronomie s’appuyant sur des processus écologiques) prônée par l’AGRA (Alliance pour la Révolution Verte en Afrique) au même titre que le soutien aux cultures vivrières, comme axe central de la révolution verte en Afrique.

Au niveau international

Plusieurs options techniques existent afin de pouvoir augmenter les rendements des paysans, faire face au problème de fertilité des sols, et permettre par la suite une amélioration de la sécurité alimentaire.

Les activités du Word Agroforestry Center (ICRAF) vont dans le sens de cette recherche d’amélioration de la fertilité du sol, par la mise en place d’alternatives tech-niques diversifiées.

Retours d’expérience

ICRAF

L’ICRAF (Centre International pour la Recherche en Agroforesterie) est une organisation internationale créée en 1977 dont le but est de développer et de disséminer des méthodes de production dites agroforesterie combinant forêt, agriculture et élevage, tout à la fois pour développer le bien-être des populations et garantir la préservation de l’environnement. Ses méthodes s’appuient entre autres sur les savoirs locaux. L’agroforesterie est ainsi pour l’ICRAF la pratique culturale promue afin de réduire les dégâts occasionnés par l’agriculture sur brûlis. L’ICRAF est présent dans différents pays, surtout sur le continent asiatique et africain. Ses activités en Afrique visent l’atténuation des impacts de la culture sur brûlis sur la forêt, par l’introduction de l’agro-foresterie visant une meilleure stabilisation des systèmes de cultures traditionnels.

14 PROGRAMME REDD+

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Pour améliorer les rendements tout en protégeant et en améliorant le potentiel productif des terres agri-coles, l’agriculture de conservation repose sur l’applica-tion de trois grands principes: (i) l’absence ou la réduc-tion au minimum du travail du sol, (ii) le maintien d’une couverture permanente du sol constituée de matière

organique, et (iii) la mise en œuvre de rotations adap-tées impliquant souvent des plantes de couverture qui servent à produire la biomasse nécessaire à protéger le sol et à enrichir son horizon supérieur en éléments nutritifs.

L’exemple du semis direct sur couverture végétale

Le semis direct sur couverture végétale permanente du sol imite l’écosystème forestier tout en accrois-sant la production des plantes. Dans ces systèmes, le sol n’est jamais travaillé et une couverture morte ou vivante est maintenue en permanence. Les pailles proviennent des résidus de cultures, de cultures intercalaires ou de cultures dérobées utilisées comme «pompes biologiques». Ces plantes ont des sys-tèmes racinaires puissants et profonds et peuvent recycler les nutriments des horizons profonds vers la surface, où ils peuvent être utilisés par les cultures principales. Ils produisent aussi rapidement une im-portante biomasse et peuvent se développer en conditions difficiles comme durant les saisons sèches, sur des sols compactés, et sous une forte pression des adventices.

La couverture végétale permanente a ainsi plusieurs fonctions. Elle prévient l’érosion, augmente l’infil-tration, réduit l’évaporation, tamponne les températures, crée un environnement favorable au déve-loppement de l’activité biologique, contrôle les adventices et accroît le taux de matière organique du sol et fournit des nutriments aux plantes.

Le semis direct sur couverture végétale représente, certes, des changements radicaux, aussi bien de mentalités que de pratiques. Il n’est pas seulement une association de techniques de conservation des sols, c’est surtout une autre manière de produire, en harmonie avec la nature. Les encadrements et les formations à dispenser pour sa mise en place doivent ainsi être importants lors de leurs mises en œuvre.

Les résultats actuellement obtenus, non seulement à Madagascar mais aussi au Laos, au Mali mais éga-lement en Tunisie, démontrent l’efficacité de ce système, permettant à la fois une augmentation de la productivité et une protection des ressources naturelles15 .

L’utilisation du Biochar est une autre technique dont l’efficacité est largement reconnue dans le monde. Elle est déjà en phase expérimentale en RDC, dans la province de Bandundu. 15 CIRAD, 2010.

PROGRAMME REDD+ 15

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Actuellement répandue dans le monde, et surtout dans les pays du Sud, cette agriculture écologique a toute sa place pour l’amélioration de la sécurité alimentaire, même si elle présente quelques points faibles poten-tiels dont celui relatif au délai d’obtention d’un bon rendement et le besoin important en main d’œuvre.

L’usage du Biochar : une alternative écologique peu coûteuse

Le biochar est une technique agricole novatrice, permettant l’amélioration de la fertilité des sols tropicaux à des coûts relativement faibles. Elle permet d’amender le sol, par l’intermédiaire de la pyrolyse de la biomasse. Il est ainsi possible, par exemple, de valoriser les résidus de la fabrication du charbon, résidus qui sont estimés jusqu’à 40% de la production totale.

Les effets de l’utilisation du biochar sont nombreux : augmentation de la capacité de rétention d’eau et de nutriments du sol, diminution de l’acidité du sol, amélioration des agrégats, amélioration de la quantité d’élé-ments minéraux (Ca, Mg, P et K), amélioration de la respiration microbienne, etc.

L’utilisation du biochar pourrait être une des techniques d’augmentation de la productivité préconisée pour la

RDC, étant donné que le biochar est conseillé pour des sols tropicaux, à tendance sablonneuse.

Au niveau national

En matière de production de semences améliorées, l’INERA, avec l’appui technique de la CTB a entrepris des efforts dans un objectif d’améliorer l’approvision-nement en semences des paysans.

L’appui de la CTB à l’INERA

L’appui de la Coopération Technique Belge (CTB) à l’INERA vise à recréer une filière semencière en RDC. Quatre sites de l’INERA ont ainsi été réhabilités et un cinquième est en cours de réhabilitation (le centre INERA de Mvuazi près de Mbanza-Ngungu au Bas-Congo, le centre de Ngandajika près de Mbuji-Mayi au Kasaï-Oriental, la stations de Kiyaka près de Kikwit au Bandundu, la station de Kipopo près de Lubumbashi au Katanga, et le centre de Yangambi près de Kisangani dans la Province Orientale), de manière à assurer les premiers stades de la multiplication des semences améliorées (semences souches, de pré-base et de base) pour les cultures de manioc, riz, maïs, arachide, soja, haricot. Ces semences sont ensuite revendues à des agriculteurs multipli-cateurs qui s’engagent à les multiplier, sous le contrôle du SENASEM (Service National Semencier) et produire ainsi des semences certifiées. Les 220 tonnes de semence de base produite par l’INERA ces deux dernières années (maïs, riz, arachide principalement) avec l’appui de la CTB ont permis de cultiver 6500 hectares pour la première génération et 244000 hectares (soit 1% du territoire de la RDC) après multiplication. Ces chiffres devraient être multipliés par 2 ou 2,5 d’ici 2012.

Le programme le plus caractéristique considéré comme modèle en matière de gestion écologique du sol, et permettant une augmentation effective de la produc-tivité paysanne est celui de MAMPU. Ce programme agroforestier a préconisé l’introduction de l’Acacia dans le système agricole en tant que plante améliorante. Ce programme démontre clairement que la pratique de cette agriculture écologique est bénéfique pour les paysans sur le plateau de Batéké au regard de l’amélioration des rendements, et qu’elle peut être

une alternative durable aux techniques de production traditionnelles. Présentées comme étant une expérience positive, les pratiques agricoles développées par MAMPU ont été pris comme modèle pour différentes projets de développement rural, dont celui lié à la protection de la réserve de Biosphère de Luki ou celui d’Ibi Batéké qui vise, entre autres, la génération de crédits car-bone dans le cadre du Mécanisme de Développement Propre.

16 PROGRAMME REDD+

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Le programme Mampu

Le programme MAMPU (Programme Agroforestier villageois pour une agriculture durable) est mis en œuvre depuis 1984, et encore actif actuellement, sur 8000 hectares du Plateau Batéké par le Centre d’Appui pour le Développement Intégral de Mbankana ou CADIM16 . Son coût, d’environ 11 millions d’euros, a été financé par l’Union Européenne jusqu’en 2005. Mais le programme bénéficie également d’autres financements, cette fois-ci ponctuels d’autres bailleurs de fonds.

L’exploitation agroforestière est repartie en parcelles de 25 hectares et exploitées par plus de 300 familles issues d’horizons humbles divers et formées à cette fin. Cette exploitation repose sur une technique agrofo-restière qui associe la culture de produits vivriers avec celle de l’acacia. Cette approche permet de restaurer la fertilité des sols souvent dégradés du plateau des Batékés, et d’offrir une plateforme à partir de laquelle une production durable de charbon de bois, de maïs et de manioc peut être extraite.

Les bénéfices de l’acacia sont nombreux : l’acacia fixe l’azote de l’atmosphère au niveau de ses racines pour le restituer au sol. Cela contribue de manière significative à la restauration de la fertilité des sols et permet en outre l’utilisation réduite de la mécanisation. Les semis de maïs ou de niébé peuvent, par exemple, se faire directement sans travail du sol, ce qui permet également de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les jachères peuplées par les acacias peuvent produire du charbon de bois avant de libérer leurs surfaces pour une mise en culture. Le charbon de bois ainsi produit et vendu permettra à l’exploitant de disposer d’un fond pour financer les travaux de mise en culture au moment opportun ou de subvenir aux besoins du ménage.

Le tableau suivant montre les principaux résultats du modèle agroforestier de Mampu, en comparaison avec les systèmes traditionnels de production du Plateau Batéké.

Tableau 2 - Comparaison des résultats entre le système MAMPU et un système non assisté

Mampu Batéké

Rendement en manioc 20 T / ha 5,6 T / ha

Rendement en maïs 1,5 T / ha 1,5 T / ha

Collecte de miel (/ ruche) 15 kg / ruche 3-5 kg / ruche

Rendement carbonisation 20 % 12%

Selon l’Union Européenne, le modèle agroforestier de Mampu est réplicable dans d’autres provinces de la RDC. La principale condition de réplication est la proximité d’une grande ville offrant une capacité d’absorption des produits vivriers et du bois énergie.

Les expériences observées actuellement, que ce soit en RDC ou dans d’autres régions du monde, peuvent démontrer la forte potentialité des pratiques agricoles «écologiques» dont les bénéfices sont multiples. Mais leur adoption n’est pas simple et ne pourra s’inscrire que dans le long terme. En effet, avant de les vulgariser dans une région déterminée, des études approfondies

doivent être réalisées afin de constater la compatibi-lité des itinéraires techniques choisis avec le contexte social et culturel, mais aussi climatique et édaphique.

16 Cadim a des activités diversifiées : agrofo-resterie, pisciculture, apiculture, élevage, et donne même diverses formations et appuis aux institutions sociales.

PROGRAMME REDD+ 17

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Le programme vise la réduction de l’impact de l’agri-culture de subsistance sur la forêt. Il s’agit de répondre aux besoins alimentaires et de revenus croissants des populations rurales en utilisant moins d’espace. Pour cela, deux objectifs sont poursuivis :

l’amélioration des rendements de l’agriculture de subsistance, à travers le recours aux intrants et aux semences améliorées d’une part, et à l’amélioration de la jachère d’autre part, pour permettre de pro-duire la nourriture nécessaire sur moins d’espace;

la génération de revenus reposant sur une utilisa-tion moindre de l’espace, à travers la diversification,

Programme REDD+« Réduction de l’impact de l’agriculture de subsistance sur la forêt »

Objectifs et approche stratégique

l’augmentation de la valeur ajoutée et une appro-priation plus importante de celle-ci par les produc-teurs.

Par ailleurs, l’afforestation/reforestation doit permettre de réhabiliter la fertilité des terres dégradées pour leur valorisation par l’agriculture afin de limiter la pression sur la forêt.

L’approche du programme n’intègre pas l’objectif de sédentarisation des pratiques agricoles (abandon de la pratique de l’abattis-brûlis) jugée plus difficile à atteindre, et qui pourra faire l’objet d’un autre pro-gramme.

Figure 3 : Approche stratégique pour réduire les impacts de l’agriculture sur les forêts

18 PROGRAMME REDD+

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Les activités mises en place à cet effet peuvent être classées dans quatre chantiers qui s’entrecroisent par-fois.

Chantier 1 : Pré requis techniques pour participer à la REDD+

Le programme vise à remplir les pré-requis qui à terme permettront de valoriser les réductions d’émission et la séquestration générées. Plus spécifiquement il s’agit de :

Construire un niveau de référence et un niveau de référence d’émissions sur la base des émissions his-toriques et d’un facteur d’ajustement au dévelop-pement, en cohérence avec le/les niveau(x) de réfé-rence nationaux/national.

Développer un système MRV pour le programme en cohérence avec le système MRV national.

Ces travaux s’appuieront sur ceux menés au  niveau national par la Coordination Nationale REDD.

Chantier 2 : Augmentation de la productivité des ménages ruraux

L’apport de semences améliorées est une condition sine qua non à une augmentation des rendements en milieu rural.

A ceci s’ajoute la nécessité de la mise en place d’une gestion intégrée de la fertilité par l’utilisation d’intrants écologiques comme le compost, biochar, plantes amé-liorantes, ou par la mobilisation de pratiques culturales écologiques comme l’agroforesterie, le labour mini-mum, etc. Des études contribueront à leurs meilleures adaptations au niveau local. Outre cette gestion intégrée de la fertilité du sol, l’affo-restation/reforestation est un des moyens de régénéra-tion de la fertilité du sol qu’il est nécessaire de mettre en place dans les zones forestières dégradées.

Chantier 3 : Génération de revenus pour les ménages ruraux

Les ménages doivent pouvoir répondre à leurs besoins monétaires en utilisant un espace moindre. La diversi-fication de leurs activités doit le permettre. Les activi-tés alternatives promues peuvent être agricoles (petit élevage, introduction des cultures de rente à petite échelle comme le café ou le cacao, pisciculture, etc.) ou non agricoles (principalement par la valorisation des produits forestiers non ligneux et par la valorisation du charbon issu de l’agroforesterie).

La mise en place de voie de desserte agricole, et la pro-motion de l’acquisition de moyens de transport par les organisations de producteurs doivent permettre aux paysans d’obtenir de meilleurs prix pour leur produc-tion.

Enfin, la mise en place d’unités locales de transforma-tion, valorisant la main d’œuvre locale, permet aux ménages ruraux d’augmenter la valeur ajoutée de leurs produits et de mieux les conserver afin de pouvoir en obtenir un meilleur prix.

Chantier 4 : Activités transversales (communes aux deux catégories pré-citées)

Un zonage du territoire, identifiant les différents usages des terres, notamment les forêts à conserver, sera mis en œuvre et l’appui du projet aux communautés sera conditionnel au respect de ce zonage qui est le gage de la réduction de la déforestation. Pour assurer la distribution des produits agricoles, l’or-ganisation des producteurs, sera appuyée. Cette orga-nisation permettra aux paysans de mieux gérer leurs productions et d’assurer la maîtrise de la filière et des débouchés, en réduisant leur dépendance vis-à-vis des intermédiaires (collecteurs et transporteurs surtout), afin de mieux valoriser leur production.

PROGRAMME REDD+ 19

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Le microcrédit agricole doit également faire l’objet d’une attention particulière, et ceci afin d’inciter les in-vestissements agricoles des ménages (achat d’intrants et de semences, etc.). Le développement du micro-crédit doit se faire de concert avec une bonne tenue foncière, ceci afin que la terre puisse être considérée comme une des garanties recevables pour l’octroi d’un crédit agricole.

La vulgarisation agricole permet par la suite de répli-quer les activités entreprises dans d’autres zones. Cette vulgarisation peut se faire au début par la mise en place de « champs école » ou de « fermes pilotes », adoptant les pratiques écologiques et par la conception de di-vers outils de dissémination des informations. Ces activités doivent être accompagnées du renfor-cement des capacités de l’administration, afin de per-

mettre à ces agents de fournir aux paysans des services d’appui de qualité. Les agents de l’administration doivent bénéficier d’un certain nombre de formations, formations qui sont déjà identifiées par eux-mêmes, selon leurs propres besoins.

Il est à noter que même si les aspects « foncier » et « af-forestation/reforestation » apparaissent parmi les acti-vités du programmes, ils ne seront pas mis en œuvre par celui-ci mais par d’autres programmes REDD : « mo-dernisation et sécurisation foncière » et « afforestation / reforestation dans les bassins d’approvisionnement des grandes villes ».

Le tableau ci-dessous présente une analyse des forces, faiblesses, opportunités et menaces pour la mise en œuvre de ce programme.

Tableau 3 - Analyse des forces, faiblesses, opportunités et menaces

20 PROGRAMME REDD+

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Géographie et portée

Le programme cible les provinces forestières, notam-ment les zones en bordure des forêts où la pression démographique est plus forte et entraîne les niveaux de déforestation les plus importants. Il devrait couvrir à terme les superficies agricoles de la zone forestière, soit 3 millions de ménages et autant d’hectares cultivés dans huit provinces. Le programme couvre ainsi près de 70% des zones forestières en RDC17, soit près de la moitié du territoire national.

Le programme se concentrera dans un premier temps, notamment durant les deux premières années, sur les zones de plus forte densité de population et où le risque de déforestation est le plus élevé, soit dans huit

Carte 1 - Identification des zones d’intervention prioritaires

provinces  : l’Equateur (dont Djolu, Gemena, Lisala, Bumba), le Bandundu (dont la région de Bandundu), le Maniema (autour de Kindu), la province Orientale (à proximité des villes suivantes  : Mambassa, Isangi, Kisangani et Buta), le Kasai-Occidental (autour de Ka-nanga), le Kasai-Oriental (autour de Mbuji-Maji), le Sud-Kivu (autour de Bukavu) et la province du Nord-Kivu (autour de Goma). Il privilégiera également les zones d’intervention des projets REDD+ intégrés géographi-quement. Ainsi, durant les deux premières années, le programme devrait initier les actions permettant la mise en place et le renforcement de l’agriculture de subsistance, avec une action directe sur plus de 300000 hectares cultivés.

17 En sachant que près des deux tiers du terri-toire national correspond à la zone forestière

PROGRAMME REDD+ 21

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Activités de mise en œuvre

Tous les volets du programme seront lancés durant les deux premières années, sur les zones prioritaires de la REDD+, et donc sur les huit provinces forestières.

Activités de mise en œuvre et budget

Budget

Le budget du programme est estimé à 2,176 milliards USD. 137 millions USD seraient nécessaires pour lancer la phase préliminaire visant 300 000 ménages sur les deux premières années d’intervention. Ce coût est cal-culé en fonction du coût à l’hectare des interventions des programmes agricoles en cours18.

Tableau 4 - Budget du programme

18 Ces coûts annuels à l’hectare varient en moyenne entre 150 et 250 USD pour des programmes de 5 à 10 ans. Le budget de ce programme sur les 15 ans repose sur un coût moyen de 100 USD /ha jugé réaliste au regard de la durée du programme et l’améliora-tion attendue du cadre d’intervention du secteur agricole. Sur les deux premières années, ce coût annuel à l’hectare est estimé à 200 USD du fait de l’importance des activités à mener et de la phase de lancement du programme.

Résultats attendus

Réduction des émissions

Le programme, d’une durée totale de 15 ans, permet-trait la réduction des émissions de 184 millions de tonne de CO2, équivalent à un évitement de déforesta-tion de l’ordre de 460 000 hectares. Le coût de la tonne

de CO2 serait équivalent à 11,8 USD par hectare pour la durée dudit programme. Ces estimations sont fondées sur l’étude exploratoire du potentiel REDD+ en RDC (Ministère de l’environnement, conservation de la na-ture et tourisme, 2009), réalisée avec l’appui du cabinet McKinsey, et l’analyse de l’impact de projets similaires en RDC (Mampu19, etc.).

Co-bénéfices

En plus de sa contribution à la réduction de la défores-tation, la mise en œuvre dudit programme permettra de générer plusieurs cobénéfices pour la RDC, dont : La protection de la forêt tropicale congolaise permet

de protéger une importante biodiversité. La RDC dispose en effet de la plus importante biodiversité d’Afrique largement concentrée au niveau des zones

22 PROGRAMME REDD+

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forestières. La forêt joue par ailleurs un rôle impor-tant dans la protection des bassins versants, qui pro-fite pour partie aux pays voisins et dont la valeur est importante mais difficilement estimable ;

Les bénéfices sociaux sont de natures différentes et concerne l’amélioration de la sécurité alimentaire, l’organisation des communautés locales et des pro-ducteurs, l’amélioration des infrastructures de trans-port, non seulement pour la circulation des produits agricoles mais aussi pour les personnes. Même s’il n’est pas envisagé que la REDD+ contribue dans le cadre de ce programme à la mise en place d’infras-tructures sociales (électrification, adduction d’eau potable, centre de santé, etc.), ce programme pour-rait faciliter leur mise en place en servant de plate-forme institutionnelle.

Dispositif institutionnel de gestion du projet

Le dispositif institutionnel de gestion opérationnelle et financière du programme devra permettre l’appropria-tion par le gouvernement de la RDC, la transparence et le contrôle dans l’utilisation des fonds et l’intégration progressive dans le cadre institutionnel de mise en

œuvre de la REDD+ au fur et à mesure de son opéra-tionnalisation.

Le comité de pilotage du programme sera présidé par le Secrétaire Général de l’Agriculture et le Secrétaire Général du Développement Rural. Il réunira notam-ment des représentants du Ministère de l’Environne-ment, Conservation de la Nature et du Tourisme, de la société civile et du secteur privé ainsi que de parte-naires stratégiques. Il s’appuiera sur la facilitation de la Coordination Nationale REDD+.

Ce programme sera géré par une cellule dédiée, pré-sente dans les différentes provinces d’intervention, et placée sous la responsabilité conjointe du Ministère de l’Agriculture, du Ministère du Développement Rural et d’une agence d’exécution. Cette dernière sera chargée dans un premier temps d’administrer les fonds du pro-gramme. Ces fonds seront transférés au fond REDD+ de la RDC, une fois celui-ci opérationnel, qui en assurera la gestion. Pour l’appui aux institutions de micro-finance, les fonds sont gérés par le « Fonds de Promotion de la Microfinance ».

Dispositif de gestion des risques

Tableau 5 - Dispositif de gestion des risques

PROGRAMME REDD+ 23

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Plan de déploiement

La première phase du programme, dont la durée est de deux ans, coïncide avec la période «  fast start  » de la REDD. Près de 10% des ménages ruraux dans les huit provinces seront touchés par le programme. Au regard de l’ampleur des activités à entreprendre,

le programme proposé devrait durer 15 ans. Le chro-nogramme proposé ci-dessous ne donne qu’une indi-cation sur la possible programmation des activités à mettre en place dans le cadre de la réduction de l’im-pact sur la forêt de l’agriculture de subsistance.

24 PROGRAMME REDD+

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