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Mark Knol eagle.detail.02 http://www.flickr.c om/photos/markknol/397619 Programme Usages des médias sociaux : Enjeux éthiques et politiques ACFAS 10 mai 2011 Cet événement est rendu possible grâce au soutien financier de la Faculté de communication, de l’École des médias et du Département de communication sociale et publique de l’UQAM

Programme Usages des médias sociaux : Enjeux éthiques et ...… · culturelle, de création identitaire, de collaboration, de contribution, de co-création et d'échange de biens

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Mark Knol eagle.detail.02 http: //www.flickr.com/photos/markknol/3976193367

Programme Usages des médias sociaux : Enjeux éthiques et politiques

ACFAS

10 mai 2011

Cet événement est rendu possible grâce au soutien financier de la Faculté de communication, de l’École des médias et du Département de communication sociale et publique de l’UQAM

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Présentation

La sphère publique est aujourd'hui traversée par un recours massif aux médias sociaux : depuis cinq ans, l’usage de ces plateformes participatives a explosé et leurs utilisateurs se comptent désormais par millions. L'expression « médias sociaux » désigne un type d'applications ancrées dans les plateformes Web 2.0, notamment les blogues ou micro-blogues (ex. Twitter), les projets collaboratifs en ligne (ex. Wikipedia), les sites de réseaux sociaux (ex. Facebook), les sites d'échanges de contenus (ex. YouTube) et les mondes sociaux immersifs (ex. Second Life). Ces espaces permettent l'expression directe des usagers, que ce soit en leur qualité de citoyen ou de consommateur, mais aussi à titre plus personnel à travers les interactions quotidiennes et la recherche de divertissement ou d'information, par exemple. Les médias sociaux deviennent ainsi des lieux d'information, de jeu, de contact et de communication, mais aussi d'expression culturelle, de création identitaire, de collaboration, de contribution, de co-création et d'échange de biens informationnels.

Ce colloque se propose d'identifier et d'analyser les principaux enjeux de nature éthique et politique liés à l'utilisation massive des médias sociaux dans les pratiques d'information et de communication des individus, des groupes et des organisations dans les sociétés contemporaines. S'agit-il effectivement de nouveaux espaces publics pluriels pouvant concurrencer l'espace occupé jusqu'ici par les médias traditionnels? Y a-t-il des règles et des normes éthiques, formelles ou informelles, qui se mettent en place pour réguler ces nouveaux flux médiatiques? Comment s'articule l'expression des amateurs à celle des professionnels dans ces nouveaux univers communicationnels?

Les responsables du colloque « Usages des médias sociaux : enjeux éthiques et politiques » ont donc réuni chercheurs et spécialistes de diverses disciplines (communication, sociologie, anthropologie, philosophie, sciences politiques, gestion, etc.) afin de porter une attention particulière aux problématiques qui émergent quant aux implications éthiques et politiques de l’utilisation des médias sociaux.

Comité organisateur Comité scientifique

Mélanie Millette Lorna Heaton Josianne Millette Florence Millerand Mary Jane Kwok Choon Mélanie Millette Serge Proulx Serge Proulx Julien Rueff

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Horaire

9h00 à 10h15 Conférences d’ouverture Salle NIC-1

10h15 à 10h30 Pause Café

10h30 à 12h30 Bloc A

Panel 1 – Formats de socialisation et médias sociaux

Salle JOHN-102

Panel 2 – Répertoires médiatiques : nouveaux rapports au territoire

Salle JOHN-103

Panel 3 – Cybersurveillance : entre contrôle et pratiques de résistances

Salle NIC-1

12h30 à 14h00 Lunch (Libre)

14h00 à 15h30 Bloc B

Panel 1 – Information, sphère citoyenne et Web participatif

Salle JOHN-102

Panel 2 – TIC : Espaces de médiation discursive et symbolique

Salle JOHN-103

Panel 3 – Éthique, déontologie professionnelle et médias sociaux

Salle NIC-1

15h30 à 15h45 Pause Café

15h45 à 17h45 Bloc C

Panel 1 – Journalisme et médias sociaux

Salle JOHN-102

Panel 2 – Démocratie, participation politique et médias sociaux

SalleJOHN-103

Panel 3 – Visibilité et reconnaissance des contributeurs Salle NIC-1

17h45 Conférence de clôture Salle NIC-1

18h30 Cocktail Salle NIC-1

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Ouverture

9h00 – 9h30

Médias sociaux : l’affirmation d’une culture de la contribution Serge Proulx

9h30 à 10h15

L’économie de la visibilité sur Internet Dominique Cardon

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Conférences

Bloc A – 10h30 à 12h00

Panel 1 – Formats de socialisation et médias sociaux

Réseaux sociaux virtuels et cadres mouvants : « Facebook, quand tu nous tiens » Anabelle Klein, Université de Namur, GRICI

Le Web social se caractérise, entre autres, par la multiplicité des réseaux sociaux virtuels. Parmi ceux-ci, Facebook, qui, en quelques années, est devenue l’immense interface que nous connaissons (500000000 de membres). Ce processus de tentacularisation s’accompagne d’une diversification grandissante des dispositifs et des fonctionnalités de Facebook. En effet, en pleine logique du Web 2.0, Facebook a progressivement rapatrié en son sein des dispositifs qui étaient auparavant plus autonomes. Ainsi, on y trouve des sites de rencontres, espaces personnels et privés, forums et groupes divers.

S’il est utile d’étudier ce phénomène d’intermaillage et d’entrelacement qui en constitue l’une des spécificités, nous avons choisi pour cette communication de nous pencher sur le terrain interpersonnel, à l’exclusion des autres fonctions remplies par Facebook. À partir de quelques cas concrets, nous analyserons les enjeux éthiques et les implications en termes communicationnels et psychologiques du dispositif mis en place.

En particulier, nous montrerons les risques liés aux transformations de nos relations interpersonnelles fondées sur trois éléments : les ruptures de cadre d’interaction, l’explosion des frontières entre sphère privée et sphère publique et enfin, l’interpénétration des espaces réels et virtuels.

Collaborer dans un environnement immersif : In teractions sociales et nouvelles formes de communication Philippe Bonfils et Sylvie P. Alemanno, Université Sophia-Antipolis, I3M

Nous proposons dans cette communication de nous intéresser aux nouvelles formes de communication offertes par les environnements immersifs dans des contextes collaboratifs à distance notamment professionnels. Dans ces nouveaux dispositifs numériques, l’utilisateur est généralement représenté par un personnage 3D que l’on nomme avatar. La personnalisation des caractéristiques de celui-ci offre à l’utilisateur de riches variations sémiotiques et symboliques. Face à de nombreux choix et plusieurs stratégies de représentation de soi plus ou moins réalistes, l’avatar se révèle alors pour l’utilisateur d’environnements immersifs un support d’identité numérique dynamique et potentiellement multiple. Dans de précédents travaux de recherche (Bonfils, 2007), nous avons notamment démontré à partir de la notion goffmanienne de « face » que l’usage d’avatars avait un impact dans les contextes sociaux collaboratifs à distance. En effet, il participe des rites d’interactions en se révélant un masque propice à différentes situations publiques ou privées de médiation entre acteurs de communautés virtuelles. Partant de ce constat, nous souhaitons ici analyser la transposition de ces processus communicationnels fortement sociaux à des contextes collaboratifs organisationnels. Nous souhaitons ainsi confronter notre approche théorique de ces nouveaux médias sociaux, fondée sur un paradigme interactionniste, aux dynamiques relationnelles des environnements sociaux-professionnels, où les rapports de pouvoirs et la gestion de conflits sont exacerbés, les processus de construction d’identité collective moins spontanés que dans les communautés de partage de valeurs, et où les implications éthiques émergeantes sont susceptibles de redéfinir un nouvel espace public.

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Le jeu de la participation : nouvelles formes sociales d’échange sur les plateformes Web 2.0 Elodie Crespel, Université de Montréal, LabCMO

Les vidéos en ligne ne se limitent pas à être vues, elles sont commentées, notées, partagées,

téléchargées et modifiées. Il devient de plus en plus commun de voir une vidéo ailleurs que sur le site où elle a été mise en ligne. Ainsi, les vidéos circulent sur les blogues et les sites de réseaux sociaux grâce aux échanges sociaux des internautes. Comment appréhender les différentes pratiques des individus regardant et partageant des vidéos sur Internet?

Les règles du jeu de l’échange de contenu ne sont pas explicites, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas dictées par les concepteurs des sites, mais elles émergent des interactions quotidiennes des internautes. Nous explorerons comment le concept de jeu, en particulier ses caractéristiques ludiques et ses règles, est un outil conceptuel essentiel dans la compréhension des pratiques en ligne. Non seulement, il permet de cerner les nouvelles formes d’échanges sociales sur les plateformes Web 2.0, mais il permet également d’intégrer l’acquissions des compétences sociale et technique aux plaisirs ludiques que procurent ses échanges. Ainsi, une compréhension des pratiques des médias sociaux dans la vie de tous les jours permet de mieux cerner les implications éthiques et politiques de leurs utilisations.

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Panel 2 – Répertoires médiatiques : nouveaux rapports au territoire

Allaitement et forums Web : vers de nouvelles formations discursives? Nathalie Grandjean, Université de Namur, CITA, FUNDP

En s’intéressant aux discours de promotion de l’allaitement maternel, on remarque

l’existence d’une formation discursive, telle que Foucault a pu la décrire en termes de biopouvoir, agissant comme un ensemble de comportements et de conduites normalisées à une population bien spécifique (Bardon, 2010). Les discours de promotion de l’allaitement maternel utilisent diverses stratégies, dont la culpabilisation, pour assurer l’adhésion des jeunes mères à cette pratique.

Depuis la naissance et la démocratisation du Web, les forums de discussion à propos de l’allaitement maternel sont nombreux et fréquentés. Je m’interroge dès lors, en tant que philosophe, sur les conditions de reproduction et d’intériorisation de cette norme de nourrissement dans ces espaces virtuels d’échanges. On peut observer, en effet, en utilisant une méthode de « netnographie », que la majeure partie des posts est consacrée à des questions très techniques. Même promu comme « naturel », l’allaitement a besoin de beaucoup de soutien pour exister et perdurer. Une moindre partie est par ailleurs consacrée à des discussions plus idéologiques autour de l’allaitement. C’est dans ces discussions que les normes autour de l’allaitement se construisent et se mettent à l’épreuve entre forumeuses.

Différentes questions surgissent quant au statut et au rôle de ces communautés virtuelles : font-elle office de « groupe de soutien » (tels que souhaités par la Leche League), qui compenserait une absence de soutien social et familial ? Ou, comme le dit Hugues Bardon (2010), les forums de discussion, s’ils permettent de normaliser les comportements d’allaitement des mères, ouvrent-ils en fait la voie à un « exercice immanent de la discipline » (Hardt et Negri, 2000), en laissant croire aux mères qu’elles choisissent librement cette pratique ? Nous tenterons de problématiser ces différentes hypothèses.

David contre Goliath : le paradoxe des réseaux sociaux de proximité. Réflexions à partir du cas du Mur Mitoyen. Guillaume Blum, Université du Québec à Montréal (ESG), LabCMO et Antoine Roy-Larouche, Mur Mitoyen

Les réseaux sociaux ont à peine une dizaine d’années d’existence, et nous constatons déjà

l’émergence d’un nouveau type de réseaux sociaux à vocation locale, que nous qualifierons de réseaux sociaux de proximité.

La majorité des acteurs et analystes du secteur montrent l’importance d’une information localisée, celle-ci possédant à la fois une valeur pour l’utilisateur, les annonceurs ainsi que le fournisseur de service. L’enjeu est de plus en plus important avec la multiplication des téléphones intelligents et l’émergence du marketing local. L’utilisation de ces informations locales représente probablement l’une des prochaines grandes avancées des réseaux sociaux.

Pourtant, malgré leurs moyens importants (financier, réputation, nombre d’utilisateurs), les grands réseaux sociaux peinent à intégrer cette dimension locale, au bénéfice de ces petits réseaux de proximité.

Il y a là un paradoxe à ce que de petits organismes s’approprient cette dimension locale alors que les réseaux sociaux globaux disposent déjà de l’attention des utilisateurs et d’une économie d’échelle en terme de coût de fonctionnement.

Dans cet article, nous chercherons à déterminer les causes de ce paradoxe, ainsi que les conditions d’émergence de réseaux sociaux de proximité à travers l’étude de l’un d’entre eux. Il s’agit du cas du Mur Mitoyen, un calendrier en ligne mettant en valeur les événements culturels, scientifiques et citoyens de la région métropolitaine de Montréal de la manière la plus conviviale et ouverte possible.

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Les enjeux des médias sociaux dans l’identification des territoires picards : une approche par le genre Virginie Juillard, Université de Technologie de Compiègne, COSTECH et Hélène Bourdeloie, Université Paris 13, COSTECH

Cette communication se propose d’étudier les nouvelles formes de médiation politique qui s’observent dans les médias sociaux, notamment à travers la question de l’appropriation genrée du territoire. Il appert que les médias sociaux sont très largement mis à profit par les régions qui encouragent ou manifestent là une identification au territoire. L’identité se constitue au croisement de l’assignation (l’identité telle qu’elle est assignée) et de l’appropriation (les individus «travaillent» les identités sociales qu’ils reçoivent1). La construction identitaire s’opère donc au niveau individuel et social. Si une collectivité locale veut encourager l’identification au territoire, elle se doit de l’accompagner. C’est ce que fait le Conseil Régional de Picardie depuis plusieurs années à travers des plans d’action qui s’appuient sur des dispositifs d’écriture numérique. La Mission des services aux publics de la région a ainsi déployé l’encyclopédie en ligne Picardia (un wiki) qui encourage la production « participative » de contenus relatifs à la région. Le Comité régional de tourisme a par ailleurs déployé le site Esprit de Picardie qui invite les habitants, via son blogue, à promouvoir la région. Du côté de la société civile, des individus et associations ont investi des médias sociaux tels que Facebook pour affirmer un attachement à la région2. En conjuguant analyse sémiotique et analyse sociologique, on s’interrogera ici plus particulièrement sur la manière dont s’opère l’identification au territoire dans ces réseaux et si cette identification est genrée.

_______

1. F. de Singly, « La place variable du genre dans l’identité personnelle », in M. Maruani, Femme, Genre et société, l’Etat des savoirs, Paris, La découverte, 2005, p. 48-51.

2 Plusieurs groupes, comme Touche pas à ma Picardie !, se sont ainsi constitués en réaction à un projet de dissolution de cette région.

Panel 3 – Cybersurveillance : entre contrôle et pratiques de résistance

Web 2.0 et société de contrôle André Mondoux, Université du Québec à Montréal

Au cours de travaux précédents (Mondoux 2007, 2009), nous avons abordé comment la

dynamique des médias socionumériques comprenait une dimensions de banalisation de la surveillance, à commencer par la logique marchande de profilage marketing au cœur même de la raison d’être d’un service comme Facebook. Cette banalisation porte à conceptualiser que, n’étant plus sous un régime explicitement idéologique à la Big Brother, nous serions plutôt dans une dynamique de société de surveillance, c’est-à-dire que cette dernière est également reconduite/(re)produite par les individus eux-mêmes puisque la surveillance est étroitement intégrée à même le lien social. Pour démontrer cette dynamique socio-historique, nous analyserons sous cet angle l’émergence des LBSN (Location Based social Network), soit l’intégration de données de géolocalisation (GPS) en tant que nouvelle dimensions qu’ont les usagers «pour se dire». Non seulement, aux pratiques d’auto-expression des usagers (qui je suis/mon identité) s’intègrent désormais la divulgation de leur position géographique précise (avec intégration d’images satellitaires) créant ainsi une représentation « concrète » (en apparence non symbolique/idéologique) du monde; mais ce monde est balisé non plus par des repères naturels ou communaux, mais bien par les choix préconfigurés offerts aux usagers, soit les entreprises commerciales situés près d’eux (« Je suis au Café de l’écluse/Supermarché Boni/Les disques H&V », etc.).

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Entre émancipation de soi et contrôle social Dominique Carré, Université Paris 13, LabSic – MSH Paris Nord et Robert Panico, IUT de Valence, LabSic

À l’heure de l’usage quasi frénétique de « l’Internet social », celui des blogues, des réseaux

sociaux et autres tweets… nous avons insisté sur la nécessité de disposer d’un nouveau cadre conceptuel afin de mieux appréhender la dimension info-communicationnelle du contrôle social. Ce dernier, qui longtemps s’est alimenté au seul fichage administratif – au point d’y être pour beaucoup identifié – repose désormais et de plus en plus sur ce que nous avons nommé l’affichage de soi et son corollaire la traçabilité (Carré, Panico, 2010-a). Contrôle social exercé par des tiers de nature de plus en plus variée et bien souvent non autorisés…, il se diffuse largement hors du droit, subtilement enchâssé dans des activités perçues à court terme comme à (très) forte valeur ajoutée par ceux sur qui il s’exerce, et nourri de l’assiduité consentie avec laquelle les individus usent des nouveaux espaces d’échanges (de type Facebook, MySpace, Twitter…) et des nouvelles formes d’échanges qu’encouragent ces espaces (Carré, Panico, 2010-b).

Afin de poursuivre notre réflexion, nous voudrions étudier dans cette communication la manière selon laquelle les nouvelles formes d’échanges sociaux, qui s’inscrivent le plus souvent entre stratégie d’anonymat et médiatisation de soi, et qui conduisent au contrôle en même temps qu’elles gratifient, sont perçues, vécues dans l’ordinaire du quotidien. Plutôt que de postuler un usage régressif du Net, potentiellement répressif, des comportements insoucieux de préserver la séparation entre l’intime, le privé, le personnel, le public et, ce faisant, s’empêcher de comprendre ce qui se joue là, du côté du vivre ensemble et donc du politique, nous voudrions repérer, analyser, évaluer dans ces pratiques de l’échange les signes d’émergence d’une « éthique » nouvelle du lien social pour le moins en recomposition. Cette éthique, loin d’être portée par la seule idée d’une émancipation vis-à-vis des autorités morales et politiques, pourrait reposer sur une conscience accrue des individus d’appartenir à un soi collectif (au demeurant, qui ne soit pas une organisation : syndicat, parti, église… mais autre chose) ; et dont la puissance d’agir, nourrie de la présence ininterrompue de l’autre numérique et du sentiment constant d’être vu, aurait pour effet de se sortir de l’emprise d’un regard panoptique en imposant un autre regard panoptique. L’affaire Wikileaks, les événements tunisiens en sont chacun des exemples.

Qu’on puisse concilier, sans rien éradiquer, déterminisme sociotechnique et liberté individuelle… Cela Foucault après Bentham ne l’avait pas envisagé. De même qu’Orwell. Le pouvoir d’usage des réseaux socionumériques : entre la prise de parole des « sans parole » et la marchandisation du lien social Mary Jane Kwok Choon, Université du Québec à Montréal, LabCMO et Serge Proulx, Université du Québec à Montréal / Télécom ParisTech, LabCMO et GRM

Le foisonnement des sites de réseaux socionumériques (RSN) confère à l’usager une

position relative de producteur de contenus. Ces sites favorisent l’émergence de pratiques expressives telles que le bricolage identitaire, le partage de vidéos ou de photographies, l'échange d'informations ou d'opinions, voire: la participation à des débats publics (plutôt locaux, parfois plus larges). Pendant que certains analystes postulent une « libération des subjectivités » quant à l’expressivité accordée à l’utilisateur, force est de constater que les firmes propriétaires de ces plateformes pratiquent un prélèvement de données à travers l’exercice d’une surveillance organisationnelle des gestes des utilisateurs. Ces mécanismes de captation capitalistique des données opèrent selon une logique de contrôle s'appuyant sur une fragmentation des éléments identitaires des internautes: ces derniers deviennent assujettis aux contraintes logicielles des dispositifs. Ces sites RSN deviennent emblématiques de la « société de contrôle ».

Paradoxalement, l’un des styles d’interactions observables sur ces plateformes concerne les pratiques militantes. Il s'agirait d'un paradoxe dans la mesure où cette économie de la contribution favoriserait l'acceptation du contrôle social tout en offrant des moyens inédits pour résister à l'ordre social. Nous discuterons de la pertinence d'une telle analyse paradoxale car il s'agit peut-être, en l'occurrence, de la mainmise d'un système de récupération marchande. Cette communication

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décrira les pratiques de résistance de deux groupes militants de l’île Maurice utilisant le dispositif Facebook pour structurer leurs pratiques militantes. Notre analyse se fonde sur une double hypothèse: à première vue, cet espace social offrirait la possibilité d'une prise de parole (de nature sociopolitique) à des minorités réduites le plus souvent à un statut de "sans parole"; simultanément, le dispositif RSN entraînerait une forme d'intériorisation du contrôle social par ses utilisateurs. En définitive, de quelle nature est le pouvoir d'usage du dispositif RSN? Il se développerait au milieu d'une tension dialectique: d'un côté, le dispositif favoriserait une prise de parole des « sans parole »; de l'autre, il entraînerait une marchandisation du lien social.

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Bloc B – 14h00 à 15h30

Panel 1 – Information, sphère citoyenne et Web participatif

Société civile et communication au Québec : quelle place pour les nouveaux médias? Antonin Serpereau, Université du Québec à Montréal / Paris 8 Vincennes-St-Denis, ORCA/GRICIS Éric George, Michel Sénécal et Evan Light, ORCA/GRICIS

Plus de 15 après l'apparition d'Internet dans sa forme grand public, à l'heure où

l'importance des réseaux sociaux pour des mouvements populaires est très visible, il est intéressant de se pencher sur l'utilisation de ces outils, et sur le rapport plus large à la communication. Comment les composantes de la société civile québécoise intègrent-elles la communication dans leurs activités? Est-ce que les « nouveaux » médias ont supplanté les « anciens »? Est-ce que la communication est un moyen, ou une cause à part entière des luttes sociales?

Pour répondre à ces questions, l'Observatoire de la recherche sur la communication alternative (ORCA), créé par le Groupe de recherche interdisciplinaire sur l'information, la communication et la société (GRICIS) de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) a lancé une enquête auprès de plus de 1500 organismes de la société civile québécoise. Cette présentation porte sur la problématique et la méthodologie employée afin d'analyser les dynamiques à l'œuvre en matière de pratiques de communication développées au sein de la société civile organisée au Québec.

Étude des fils de discussion sur les sites de presse : entre partage d’une réception personnelle et construction collective d’une information Irène Bastard, EHESS/Télécom ParisTech

La mobilisation des informations générales comme vecteur de sociabilité est, selon

différentes propositions, concomitante du développement de la presse. Si des espaces de formation des publics et de construction des conversations se sont établis dans les pratiques hors numériques, Internet a permis d’étendre ces espaces et de les donner à voir. Par exemple, les commentaires sur la page Facebook d’un média suite à la publication d’une information forment un nouveau contexte de discussion, et sont accessibles tout autant aux autres contributeurs qu’aux journalistes. Cette extension et cette visibilité de la sociabilité liée à l’information interroge à la fois la constitution du public en tant que public et à la fois la production d’information.

La question envisagée s’intéresse donc aux commentaires sur les plateformes d’information : forment-ils une conversation ou produisent-ils une information ? Cette question sera posée à travers l’étude de quatre fils de discussion produits par des internautes autour d’une même information mais sur quatre plates-formes (deux sites d’information en ligne et leur page Facebook). Ce dispositif permet de formuler des hypothèses autour du rôle du dispositif technique en tenant compte de l’apprentissage des pratiques. Nous envisagerons de plus la posture de public donnant à partager une réception individuelle. Enfin, nous chercherons à qualifier l’information produite par rapport à l’information journalistique.

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Pour un Web démocratique : une critique du Web 2.0 Louis Sagnières, Université de Montréal

On associe généralement l'avènement du Web 2.0 et de l'informatique dans les nuages à

l'émergence d'un nouvel espace public permettant à tout un chacun de s'exprimer facilement et donc à la naissance d'une société plus démocratique. Si cela est peut-être vrai dans les démocraties libérales d'Europe et d'Amérique du Nord, il me semble cependant que « Web 2.0 » et « informatique dans les nuages » font en fait courir plus de risques aux opposants politiques qui les utilisent dans des régimes dictatoriaux.

Au cours de cette présentation, je chercherai à défendre deux idées, la première sera descriptive et la seconde normative. Je chercherai d'abord à étendre l'argument développé par Wu et Goldsmith (2006) qui montre pourquoi et comment l'Internet est régulable. Cela me permettra de montrer les risques politiques que fait courir le Web 2.0 aux opposants dans un régime dictatorial.

Je proposerais ensuite de tirer de cet argument descriptif, un argument normatif visant à proposer un certain nombre de changements afin de limiter les risques politiques de l'informatique dans les nuages tout en garantissant les opportunités qu'elle rend possibles.

Panel 2 – TIC : Espaces de médiation discursive et symbolique

Quels usages pour les jeux vidéos sociaux sur Facebook? Emmanuelle Jacques, Université de Nice-Sophia Antipolis, LASMIC

Entre l’achat de l’éditeur Zynga1 par Google entre 100 et 200 millions de dollars et

l’acquisition pour 400 millions de dollars de Playfish2 par Electronic Art3, le phénomène des jeux sociaux utilisant les réseaux sociaux tels que Facebook quittent le secteur des studios indépendants pour rejoindre les acteurs majeurs de l’industrie numérique. Attirés par l’explosion des usages de ces plateformes participatives et leurs millions d’utilisateurs ces éditeurs numériques s’intéressent aux marchés des joueurs occasionnels en ligne. Ces jeux occasionnels reprennent des modèles économiques connus dans l’industrie du jeu vidéo en ligne, le « jeu gratuit » [nommé Free to Play]. Ainsi grâce à des micros paiements (Facebook a mis en place son système de paiement Facebook Crédits4), les joueurs peuvent acheter des éléments pour quelques euros afin d’améliorer leur expérience ou leurs performances dans le jeu. Seulement deux pour cent des joueurs achèteraient des « biens virtuels » a déclaré Peter Rolan, président de Crowdstar5 (Happy Aquarium) lors de la conférence Inside Social Apps20106.

Problématique : Ces jeux vidéoludiques en ligne et s’appuyant sur les réseaux sociaux tels que Facebook peuvent- ils être définis comme des lieux d’expression culturelle, de collaboration et de co-création ? Quelles valeurs sont véhiculées à travers les scénarios de jeu ?

Méthodologie : Analyse sémiologique de jeux Facebook et étude ethnographique des joueurs. Entretiens qualitatifs semi-directifs.

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Mouvements sociaux, communication et flexibilité sociale des technologies numériques Normand Landry, TELUQ - Université du Québec à Montréal

La communication constitue un méta-enjeu de mobilisation sociale. Les processus de

production et de distribution de sens constituent le terrain d’une lutte sémantique devant définir les paramètres mêmes des conflits sociaux. Les mouvements sociaux constituent ainsi des véhicules culturels dont la mission première est la propagation de cadres alternatifs de la réalité sociale. Ils présentent ainsi des manières émergentes de voir, d’être et d’agir dans le monde s’opposant à des conceptions normalisées par des agents de pouvoir. Le rôle joué par les technologies de l’information et de la communication dans les processus de mobilisation sociale est conséquemment déterminant. L’explosion récente de formes de participation activiste sur les médias sociaux illustre ceci.

La technologie médiatique n’est ainsi pas qu’un médium : elle est une architecture ouvrant des possibilités d’interaction, de production, et de distribution d’information venant supporter et orienter des processus de réarticulation de rapports sociaux. Il existe un potentiel émancipateur étendu chez ces technologies sur lequel repose massivement l’organisation des mouvements sociaux contemporains. Il est conséquemment essentiel d’assurer la préservation de ce potentiel et d’éviter une cooptation totale de ces technologies par le pouvoir, fût-il politique ou économique. Cette communication devra présenter le concept de « flexibilité sociale » associé aux technologies de communication numériques et discutera de rôle joué par ces dernières dans des processus de mobilisation et de contestation sociale.

Les nouvelles technologies de l'information et de la communication comme outils de renouvellement démocratiqe : la délibération en ligne et ses effets, tangibles ou utopie techniciste? Marie-Noëlle Gagnon-Sergerie, Université Laval, GRAPAC

L’apport des nouvelles technologies de l’information et des communications (TIC), dont

Internet, au renouvellement de la démocratie représentative et des formes traditionnelles de participation publique est une thèse discutée par plusieurs auteurs du domaine de la communication.

Dans la lignée des travaux sur les modes de délibération en ligne, plusieurs penseurs se sont intéressés aux dimensions psychosociale et politique de leur utilisation, notamment leur potentialité à favoriser l’égalité des échanges discursifs et à occulter les différences des acteurs en présence dans l’espace délibératif.

Majoritairement anglo-saxonnes, les études sur le sujet témoignent des effets positifs de ces dispositifs, particulièrement en raison de leur propension à favoriser l’accroissement des connaissances, de même que les compétences et le pouvoir citoyen, ce que la plupart décrivent en termes d’« empowerment ».

D’autres recherches empiriques, pour leur part, ont permis de formuler certaines critiques quant à la capacité réelle des TIC à transformer les acteurs et les rapports sociopolitiques existants dans l’espace public traditionnel.

Cette communication propose de faire état des savoirs en ce qui a trait aux pratiques délibératives en ligne et de leurs effets.

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Panel 3 – Éthique, déontologie professionnelle et médias sociaux

Joindre une conversation sans avoir été invité : normes éthiques informelles des firmes marketing pour l’envoi de réponses non-sollicités sur Twitter Claudine Bonneau, Université du Québec à Montréal, LabCMO

Les médias sociaux sont mobilisés de deux façons dans les stratégies marketing : pour savoir

ce que les consommateurs disent à propos d’une marque et pour « entrer en conversation » avec ceux-ci (Weber, 2007). En explorant ce dernier usage sur Twitter, on remarque des cas où les marques (via les agences qui les représentent) extraient et filtrent les tweets1 publics des usagers en fonction de certains critères de recherche pour ensuite leur envoyer des messages afin de tenter de les convertir en clients.

Pour s'adresser directement à quelqu'un sur Twitter, on doit inclure le nom de son compte précédé du caractère @. J'utilise ici le terme « réponse » pour désigner ce type de communication directe, qui n’est pas un message privé, mais bien un tweet visible (Huberman, Romero et Wu, 2009). Les usagers qui ont décidé de suivre une marque s’attendent à voir ses tweets et à éventuellement converser avec elle. Or, le cas dont il est question ici concerne plutôt l’envoi de réponses par des marques à des usagers qui n’ont pas nécessairement choisi de les suivre. Par exemple, le représentant d'une chaîne d’hôtel pourrait faire une recherche à travers les tweets publics afin de repérer l’expression d’un besoin éventuel. Si un usager écrit : « J’irai au colloque de l’ACFAS à Sherbrooke », la chaîne d'hôtel pourrait lui répondre: « @CloBonneau L’hôtel Delta de Sherbrooke offre des tarifs avantageux ». À travers l’analyse qualitative d'offres de service et d'entrevues, j’identifie les normes éthiques informelles construites par les acteurs marketing pour justifier leur recours à cette pratique. Quels critères invoquent-ils pour la distinguer du spam2 (Yardi et al., 2010), qui est d’ailleurs interdit sur Twitter (Abitbol, 2010)? Quelles balises définissent-ils pour s'assurer que leurs interventions ne soient pas perçues comme étant trop intrusives? S’agit-il vraiment de « conversations » (Dann, 2010)? ----------------------- 1 Tweet : mise à jour publiée par un usager de Twitter composée de 140 caractères maximum. 2 Spam : message électronique non-sollicité constitué habituellement de publicité indésirable.

Enjeux éthiques des relations publiques 2.0 Josianne Millette, Université du Québec à Montréal, GRM et LabCMO

Les médias sociaux offrent des opportunités inédites aux spécialistes en relations publiques.

Les plateformes Internet participatives permettent en effet d’entrer en relation directe avec les publics, de faire circuler l’information instantanément et de profiter du pouvoir d’influence de leaders d’opinion établis dans les communautés en ligne, faisant ainsi émerger un nouveau paradigme stratégique, centré sur la figure du consommateur- contributeur (Mellet, 2009). Si les médias sociaux paraissent ainsi pouvoir achever la « compréhension mutuelle » (Maisonneuve et al., 2003) promise par l’industrie, ils présentent toutefois aussi des risques en matière d’image de marque et de gestion de crise qui continuent d’alimenter le recours à la notion de contrôle qui a animé l’histoire du développement des relations publiques (Ewen, 1996). Les agences spécialisées et les organisations sont ainsi encouragées à développer rapidement des stratégies adaptées à ce secteur d’activité, qui ne fait encore l’objet d’aucun encadrement particulier. Or, l’instrumentalisation des relations qui se déploient dans la sphère des communautés et des réseaux en ligne soulèvent néanmoins des questions éthiques, liées notamment aux thèmes de la transparence, de la confiance et de l’imputabilité.

Après avoir présenté les logiques du modèle classique des relations publiques et les avoir mises en lien avec celles qui animent le Web participatif, le cas « Bixi » et les réactions qu’il a suscité serviront d’exemple pour mettre en lumière les enjeux éthiques et les « fondements moraux

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intériorisés » (Demers, 2004) qui s’expriment dans les discours liés aux pratiques de relations publiques « 2.0 ».

Compagnies aériennes : comment gérer le 2.0? Lukasz M. Bochenek, Université de Neuchâtel/Université de Warsaw et Philippe Viallon, Université de Lyon 2

Les medias sociaux demandent des organisations des nouveaux niveaux d’engagement avec

les consommateurs. Le nombre croissant des utilisateurs de Facebook qui a dépassé 500 millions exige l’élaboration de stratégies plus personnelles et personnalisées pour rencontrer les enjeux liés aux structures verticales des relations entre les usagers et les compagnies multinationales (Roquette 2009). Ce sont aussi des portails spécifiques qui réunissent les gens avec des intérêts similaires. Le partage de savoir doit se faire à l’autre niveau car l’accès aux outils approche les utilisateurs aux organisations. Les compagnies ne sont plus des êtres mystérieux avec des codes cachées. Les programmes comme Expert Flyer permet aux voyageurs avoir un accès aux outils professionnels – les mêmes qui sont utilisés par les organisations à but commercial.

Dans notre communication, nous analysons une des stratégies des compagnies aériennes dans le domaine de Web 2.0 – leur présence officielle sur les forums Web 2.0 – lurking. Cette stratégie est basée sur une transparence – les représentants des compagnies sont identifiables. En effet, il s’agit plus d’une stratégie « pull » que « push ». Le rôle des lurkers n’est pas de diffuser les messages marketing aux utilisateurs mais de coopérer avec eux et répondre à leurs questions et besoins.

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Bloc C – 15h45 à 17h45

Panel 1 – Journalisme et médias sociaux

Déontologie journalistique et réseaux sociaux : l’encadrement et l’utilisation de Twitter par les institutions du journalisme québécois Renaud Carbasse, Université du Québec à Montréal, GRICIS

Alors que des stratégies corporatives visent à inciter les journalistes au multi-tâches et à des

logiques de production multi-plateformes, l'implantation d'outils et de pratiques propres au Web – tant dans sa version 1.0 que 2.0 – se font lentement dans les rédactions (Paulussen et Ugille, 2008). De fait, elles sont généralement l'apanage d'initiatives individuelles (Carbasse, 2009; de Maeyer, 2010).

La plateforme de micro-blogage Twitter fait partie de ces outils dont disposent les journalistes pour récolter et diffuser de l'information rapidement mais aussi échanger avec leurs lecteurs. Son utilisation croissante par les journalistes au Québec a soulevé diverses controverses et interrogations, notamment en lien avec les obligations déontologiques auxquelles s'astreignent la plupart des membres de la profession. Est évoquée d'une part l'accélération de la diffusion permise par la plateforme, qui a pu – en lien avec d'autres facteurs – inciter certains journalistes à diffuser des informations non-vérifiées; on peut penser d'autre part à sa dimension conversationnelle où des opinions ont pu être formulées publiquement par des journalistes de reportages censés prétendre à une forme d'objectivité.

Notre intervention portera sur les enjeux déontologiques liés à l'utilisation de Twitter dans les rédactions et l'analyse des mises à jour récentes des guides professionnels pour encadrer cette pratique au sein des principales institutions du journalisme au Québec.

Twitter : nouvelles perspectives pour une information critique? Lucas Dufour, Université de la Sorbonne Nouvelle – Paris III, CHRIME

Trait caractéristique de notre époque : jamais le monde ne s’était autant dit et montré.

L’information d’actualité est désormais omniprésente, enserrant si étroitement la vie quotidienne qu’elle entre en correspondance avec la plupart de nos modèles d’interprétation. Comme si, de simples accompagnateurs – voix parmi d’autres dans la conversation générale – les médias d’information s’étaient peu à peu imposés comme l’artisan déterminant de l’assise référentielle commune. Ce phénomène s’est amplifié ces dernières années avec l'apparition des réseaux sociaux d’information (les « social information networks »)... Mais jusqu’à quel point ? Dans la présente contribution, un aspect en particulier retiendra notre attention : le désenclavement de la production et de la diffusion de l’information auquel concourent ces médias contribue-t-il à l'émergence de nouveaux angles ? Ouvre-t-il une brèche dans le vaste flux mainstream ? Ou bien, en dépit du foisonnement apparent, ces dispositifs alternatifs de médiation numérique n’engendrent-ils, dans le fond, que le même fruit à la même saveur, usant de la même logique formelle et convoquant les mêmes abstractions ? Pour tenter d’apporter une réponse, nous nous intéresserons en particulier à la plate-forme de diffusion et de commentaire de l’information qu’est Twitter. Pour approcher ses contenus, nous nous appuierons notamment sur un compte personnel anonyme, actif depuis octobre 2008, et fort aujourd’hui de 3000 abonnements et de 3000 abonnés.

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Les Bridge-bloggers au Moyen-Orient : les acteurs d’un dialogue international? Julien Saada, Université du Québec à Montréal, OMAN

Au sein de contextes autoritaires ou les possibilités de contestations demeurent très limitées,

le développement des chaînes satellitaires, d’Internet et l’évolution de la technique dans le monde arabe a contribué à l’affirmation d’un espace public susceptible de modifier les rapports de communication entre les individus et leurs gouvernants.

Les nouveaux médias ont rendu techniquement possible un espace de débat direct et instantané autour de questions politiques et sociales communes, à l’exemple des conflits en Palestine ou en Irak, qui favorisent ainsi une identité panarabe touchant aussi bien les différentes nations arabes que la diaspora. Néanmoins, plutôt que de converger vers un dialogue international, ces formes de communications contribuent à une polarisation régionale des espaces médiatiques. La subordination d’un espace médiatique arabophone, à un paysage informationnel dominé par les médias américains suggère une analyse en termes de « résistance et de domination » plutôt que d’un dialogue (Lynch : 2006).

Cette polarisation régionale des médias touche aussi l’Internet et plus particulièrement la blogosphère qui est passée d’une communauté homogène globale à l’émergence de plusieurs blogosphères séparées par des barrières linguistiques et culturelles. Dans ce contexte, les bridgebloggers - des blogueurs qui visent à établir des ponts entre les différentes cultures- sont susceptible de jouer un rôle majeur dans la connexion de ces différents espaces de communication (Zuckerman : 2008), notamment entre le monde arabe et l’occident.

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Panel 2 – Démocratie, participation politique et médias sociaux

La communication politique et les médias sociaux : l’exemple du Mouvement Démocratie sur Facebook Erwane Monthubert, Université Toulouse 3, LERASS

Comment les hommes et femmes politiques vont-ils exploiter les propriétés des médias

sociaux, et le site Facebook en particulier, pour en tirer des bénéfices et des avantages inédits dans le champ?

Il existe beaucoup de confusion autour du thème « communication politique », nous ferons donc un point sur celui-ci et sur les théories en cours dans le champ. Ensuite, nous vérifierons la compréhension de Facebook comme outil de la communication politique. Un rapide état des lieux de la situation des principaux acteurs politiques français sur le site et les avantages associés à ce comportement sera présenté.

Nous étudierons enfin la situation d'un acteur politique en particulier, le Mouvement Démocrate, ainsi que son réseau, au travers des espaces « officiels », pilotés par le parti, avant de se pencher sur la présence « militante », en sélectionnant 100 « groupes » présents dans Facebook. L'enquête s'appuiera également sur des entretiens avec des promoteurs officiels et militants des espaces Modem du site.

Si le fait d'investir ce site et d'y assurer une présence obéit, pour un acteur politique, à une rationalité réfléchie et ses comportements tendent à se développer et s'inscrire dans la durée, la communication, à savoir les messages communiqués, restent finalement les mêmes. La différence est qu'ils sont transmis sur des supports variables, qui induit donc des pratiques d'émission et de réception diverses.

Facebook en Tunisie : moteur d’une transition démocratique Sana Barhoumi, IRSIC Marseille, École Nationale d’Ingénieurs de Tunis

Nous assistons aujourd’hui à un raz de marée d’innovations technologiques et à une

invasion spectaculaire des technologies d’information et de communication (TIC). Souvent, ces technologies forment l’objet de discours politiques et médiatiques utopiques qui les présentent comme des vecteurs de modernisation, de développement économique et de transition sociale.

Cependant, si certains pays ont accueilli euphoriquement les TIC, et notamment la technologie Internet, d’autres ont perçu en cette technologie une réelle menace politique et culturelle. Ainsi, quand certains pays se précipitaient pour s’approprier les technologies d’information et de communication, les pays du sud de la Méditerranée s’arrachaient les logiciels et les techniques de censure à l’instar de l’Égypte, de la Jordanie, de l’Algérie, du Maroc, de la Tunisie ou encore de l’Arabie Saoudite.

Le 17 décembre 2010, le cri d’un jeune homme tunisien désespéré a envahi la toile Internet. Depuis cette date, 16% de tunisiens connectés au site Facebook ont assuré une circulation massive d’informations, d’images et de vidéos déplorant la mort de ce jeune et réclamant l’urgence de changements sociaux et politiques. Très vite, la flamme allumée par le défunt Bouazizi à Sidi Bouzid, une ville du centre-ouest tunisien, s’est propagée dépassant toutes les frontières pour enflammer le monde entier.

Par ailleurs, fidèles à eux-mêmes, les médias traditionnels tunisiens se sont voulus rassurants en déformant les réalités et en manipulant encore une fois les citoyens. En même temps, des autorités politiques dépassées et désespérées ont tenté vainement de contrôler et de censurer les sites des réseaux sociaux.

Face à ce combat entre les médias traditionnels et les réseaux sociaux, la population tunisienne n’a pas tardé à trancher privilégiant la transparence des contenus de la Toile réfutant ainsi toute crédibilité des médias traditionnels.

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Aujourd’hui, la détention de l’information permet la détention du pouvoir, un pouvoir qui échappe désormais aux autorités politiques pour devenir un pouvoir symétriquement partagé… et la révolution du jasmin en est bien la preuve.

Nous tenterons dans cette note de dresser un descriptif du paysage médiatique tunisien en insistant sur les obstacles freinant son développement. Nous nous attarderons sur le bras de fer entre un État frileux vis-à-vis de l’Internet et une nouvelle force d’opposition « cyberdissidents » qui, armée d’ordinateur et de téléphone portable, défie le pouvoir en place. Finalement, nous étalerons les faits récents de la révolution du jasmin en insistant sur le rôle qu’ont occupé les réseaux sociaux dans le bouleversement du régime politique tunisien.

L’analyse des médias sociaux mobilisés par les jeunes comme répertoire de technologies de communication et d’organisation à des fins collectives Rayen Condeza, Université Catholique du Chili/Université de Montréal et Dominique Meunier, Université de Montréal

Cette communication propose de déplacer notre regard sur la recherche en communication

jeunesse, déplacement auquel nous invitent les adolescents par leurs usages multiples et innovateurs des médias sociaux dans le domaine de l’action collective. Plus spécifiquement, nous observerons comment les jeunes articulent les divers dispositifs de communication actuellement disponibles sur le Web ou en communication mobile, en les considérant à la fois comme un répertoire de possibilités communicationnelles et comme un répertoire de technologies d’organisation à des fins de mobilisation. À partir du repère de cette articulation, notre analyse vise un double propos. Il s’agit de comprendre d’une part comment les médias sociaux constituent des espaces flexibles et légers pour coordonner l’organisation réticulaire et déterritorialisée des jeunes et, d’autre part, comment les actions visées, planifiées virtuellement, se déploient dans le monde social. Ainsi, lors d’un évènement, plutôt que de nous attarder à analyser l’usage d’un média social particulier pour coordonner un réseau d’actions, nous nous intéressons au répertoire des divers médias employés par les jeunes, créant ainsi un seul réseau où s’agencent des pratiques de communication, d’organisation et d’action. Nous illustrons nos réflexions sur ces pratiques à partir notamment de l’analyse de l’usage des technologies par les lycéens chiliens en 2006 et par les organisateurs des Paris-mob depuis 2003 à Paris.

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Panel 3 – Visibilité et reconnaissance des contributeurs

Marketing de soi-même et notoriété artistique. Les normes de l’autopromotion acceptable sur les plateformes artistiques du Web 2.0 Jean-Samuel Beuscart, Orange Labs, LATTS (Université de Marne-la-Vallée)

Les plateformes de partage de créations artistiques (Flickr, MySpace, Youtube, etc.)

partagent deux caractéristiques : elles offrent de nombreux outils d’échange entre les membres (commentaires, liens d’amitié), qui favorisent la coopération horizontale ; mais elles génèrent également des récompenses et des classements des participants, dont les retombées peuvent être importantes en termes de notoriété et de progression artistique, qui organisent de fait une hiérarchie et une compétition entre les participants. A partir d’entretiens avec les membres de plusieurs de ces plateformes (MySpace, MyMajorCompany, Noomiz, Youtube), nous montrons comment et sous quelles modalités ces deux dimensions entrent en contradiction dans l’expérience des utilisateurs. Ceux-ci arbitrent de fait, selon leur trajectoire artistique, entre deux dimension de la notoriété : une première plutôt quantitative, où les membres de la plateforme sont considérés comme une audience ; une seconde plus qualitative, mesurée par la qualité des personnes avec lesquelles sont établis des liens. En résulte une pluralité des normes définissant les comportements sociaux acceptables, traçant une limite entre spam et sociabilité, bien que cette pluralité soit plus ou moins grande selon les plateformes. L’étalement de ce travail d’enquête sur 4 ans (2007-2010) permet également d’observer l’évolution des plateformes dans la gestion fine de la compétition et le rôle qu’y jouent les algorithmes de classement.

De la réalité du mépris dans les « univers virtuels » : penser l’expérience de la dévalorisation sociale dans les collectifs en ligne des joueurs Julien Rueff, Université du Québec à Montréal/Université de Nice-Sophia Antipolis, LabCMO

Cette communication s'intéressera aux interactions médiatisées dans les mondes

numériques en analysant, plus spécifiquement, les manifestations du mépris social en ligne. En ce sens, il s'agira d'épouser la théorie honnethienne de la reconnaissance pour interroger les processus par lesquels les usagers se dévalorisent publiquement, au point d'être parfois vécus subjectivement comme «des blessures morales». Nous chercherons par là même à répondre à la question suivante: comment les utilisateurs des univers synthétiques se témoignent-ils leur déconsidération dans leurs interactions médiatisées?

Cet exposé s'appuiera empiriquement sur une enquête de terrain portant sur un collectif en ligne (que nous nommerons, par souci d'anonymat, «XYZ») dans le monde de Warhammer Online. Après un exposé de nos présupposés théoriques, nous examinerons trois formes de dévalorisation sociale dans cette «communauté virtuelle»: le manque de respect dans les relations interpersonnelles (1), le refus de se voir accorder le droit de participer aux décisions majeures concernant le devenir de son collectif en ligne (2) et l'invisibilité de certaines contributions personnelles à la vie de ce dernier (3).

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Reconnaître les contributions : les conséquences politiques liées au choix d’un indicateur. Le cas du « commit » dans les projets de logiciel liber et à code source ouvert Stéphane Couture, Université du Québec à Montréal/Télécom ParisTech, LabCMO

La reconnaissance des contributions dans les communautés en ligne prend une place de

plus en plus importante aujourd'hui. C'est particulièrement le cas dans les projets de logiciel libre et à code source ouvert. Par exemple, le site ohloh.net, qui recense plusieurs milliers de projets de logiciel libre, propose une classification des contributeurs et contributrices à ces projets en fonction du nombre de « commits » qu'ils et elles ont réalisés. Le commit est un acte informatique qui consiste à rendre public un ensemble de modifications apportées au code source ou à la documentation d'un logiciel donné. Cette communication s'attardera au caractère politique du « commit », en particulier lorsqu'il devient un indicateur central de la contribution à un projet donné. Elle s'appuie sur l'observation et sur des entrevues semi-dirigées auprès de participants et participantes de deux communautés de développement de logiciel libre et à code source ouvert. L'analyse consistera à contraster certains dispositifs de reconnaissance des contributions – dont le site ohloh.net - avec la manière dont les acteurs et actrices que nous avons rencontrés en entrevue définissent leur propre contribution au projet donné. Nous montrerons que le choix du « commit » comme principal indicateur de la contribution laisse invisible un éventail important d'activités que les acteurs et actrices interviewés considèrent comme des contributions.

Approche communicationnelle de la visibilité sur le Web. Réflexions sur les normes éthiques qui encadrent les pratiques de Twitter chez les professionnels du Web. Jean-Claude Domenget, Université de Franche-Comté, OUN

La visibilité est devenue aujourd'hui l'un des enjeux majeurs de présence sur le Web.

Précédemment centrée sur les dimensions techniques, marketing et éditoriales du référencement (indexation, positionnement, mots-clés etc.), la problématique de la visibilité sur le Web s'ouvre aux pratiques sur les médias sociaux, intégrant les dimensions communicationnelles de l'échange (contexte, contact, conversation, circulation de l'information, création identitaire etc.).

A la suite des travaux notamment de John B. Thompson sur la nouvelle visibilité médiatisée (1995, 2000, 2005), Olivier Voirol sur la visibilité / invisibilité (2005), Dominique Cardon sur la visibilité 2.0 (2008) ou encore Louise Merzeau sur la présence numérique (2010), j'aborde la question de la visibilité sur le Web comme étant ancrée dans les dispositifs sociotechniques du Web social, à travers la diversité et les logiques d'usages qui évoluent continuellement.

Cette communication s'appuiera sur une étude des pratiques de Twitter chez des professionnels du Web en France. Elle propose d'interroger les enjeux et les tactiques de visibilité spécifiques au Web et notamment ceux de Twitter. Dans le contexte d'émergence d'un Web temps réel, des enjeux éthiques se posent d'autant plus qu'il existe chez les professionnels du Web une forme de pression à être le premier à diffuser une information. Une course à la reconnaissance se met en place, facilitée par la création d'une syntaxe adaptée (RT, @, #) mais nécessitant le paramétrage d'un dispositif souvent complexe de veille (flux RSS, alertes etc.).

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Clôture

18h00 à 18h30 Contre-pouvoirs et sousveillance : pour une éthique de l’Internet Nicolas Auray

Cocktail 18h30