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La Lettre aux adhérents Hiver - Printemps 2013 Édito Par le Conseil d'Administration Alors qu'il tarde prendre sa place dans nos jardins, le printemps semble s'être enfin installé à PROMMATA. En effet en ce début d'année, les sujets de réjouissance ne manquent pas, à commencer par les comptes qui tendent vers l'équilibre. Nous recommençons à regarder l'avenir avec optimisme et à faire des projets à moyen et long terme. L'équipe du CA renouvelée et augmentée, lors de notre AG d'octobre, a pleinement pris sa place. Après une courte phase d'information, cha- cun a pris en charge des dossiers et nous avons ainsi renoué avec la dynamique enthousiaste qui a toujours animé notre association. Un des résultats visibles de cette re-mobilisation est la réouverture du forum sur internet qui, nous l’espérons, permet- tra des échanges nombreux et constructifs ! De même, nous avons décidé de retravailler sur la constitution du réseau des correspondants lo- caux, qui avait été laissé en sommeil ces derniers temps et qui devrait vous permettre de participer au développement de votre association en vous im- pliquant près de chez vous. Une dizaine d'entre vous sont déjà prêts à être nos ambassadeurs dans leur région, n'hésitez pas à nous contacter si vous êtes intéressés. Nous ne manquerons pas de vous solliciter et de vous informer sur ce projet. Le Matavigne, qui était très attendu, com- mence à rencontrer son public, ce qui laisse présager d'un bel avenir pour la traction animale dans les vignes, et certainement d'une demande grandissante pour adapter ce porte outils pour le maraîchage. La Kas- sine continue de faire des émules, le carnet de commande ne désemplit pas, les demandes d'information et de for- mations sont nombreuses, motivées et motivantes. L'atelier tourne à nouveau à plein régime, nous en avons enfin fini du chômage partiel, et toute l'équipe a vu augmenter son temps de travail afin de répondre aux demandes dans des délais raisonnables. Quelques ombres au tableau toutefois : l'administration fiscale, qui a refusé de nous reconnaître le statut d'association d'intérêt général, nous in- terdisant ainsi l'accès aux dons et aux sponsors, et le VIVEA, qui continue à re- fuser de prendre en charge certains de nos stagiaires et formations. L'ambiance à la gare, dans ce contexte, est agréable, dynamique et enthousiaste, comme vous pourrez le ressentir à la lecture de cette lettre de printemps, encore plus technique et proche de vos préoccupations. Vie de l'association p. 2-3 Événements p. 4 Partenariats p. 5-6 Traction ANIMALe p. 6-9 Animal de mouvement Éthologie équine p. 6-7 p. 8-9 Fiche de culture p. 10-11 Technique et savoir-faire p. 11-12 Les outils des adhérents p. 13-14 Rouleau émietteur Roues directionnelles p. 13 p. 14 Essais et mesures p. 15-24 Méthode Jean Rouleau brise-fougères Décavailloneuses Carotte de conservation Permaculture, semis direct p. 15-16 p. 17 p. 18-19 p. 20-22 p. 13-24 Lettre aux adhérents de l'Association PROMMATA, Avril 2013 - Rédaction : Conseil d'administration élargi. Contact : 05 61 96 36 60 ou [email protected]

PROMMATA Lettre Hiver Printemps 2013

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Lettre aux adhérents de l'association PROMMATA - Promotion du Matériel Moderne Agricole à Traction Animale. Cette lettre contient des articles de fond sur la Traction animale Moderne, des fiches techniques et des annonces liées à l'association.

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Page 1: PROMMATA Lettre Hiver Printemps 2013

La Lettreaux adhérents

Hiver - Printemps 2013

ÉditoPar le Conseil d'Administration

Alors qu'il tarde prendre sa place dans nosjardins, le printemps semble s'être enfin installé àPROMMATA. En effet en ce début d'année, les sujetsde réjouissance ne manquent pas, à commencerpar les comptes qui tendent vers l'équilibre. Nousrecommençons à regarder l'avenir avec optimismeet à faire des projets à moyen et long terme.

L'équipe du CA renouvelée et augmentée,lors de notre AG d'octobre, a pleinement pris saplace. Après une courte phase d'information, cha-cun a pris en charge des dossiers et nous avonsainsi renoué avec la dynamique enthousiaste qui atoujours animé notre association. Un des résultatsvisibles de cette re-mobilisation est la réouverturedu forum sur internet qui, nous l’espérons, permet-tra des échanges nombreux et constructifs !

De même, nous avons décidé de retravaillersur la constitution du réseau des correspondants lo-caux, qui avait été laissé en sommeil ces dernierstemps et qui devrait vous permettre de participerau développement de votre association en vous im-pliquant près de chez vous. Une dizaine d'entrevous sont déjà prêts à être nos ambassadeurs dansleur région, n'hésitez pas à nous contacter si vousêtes intéressés. Nous ne manquerons pas de voussolliciter et de vous informer sur ce projet.

Le Matavigne, qui était très attendu, com-mence à rencontrer son public, ce qui laisseprésager d'un bel avenir pour la traction animale

dans les vignes, et certainement d'unedemande grandissante pour adapter ceporte outils pour le maraîchage. La Kas-sine continue de faire des émules, lecarnet de commande ne désemplit pas,les demandes d'information et de for-mations sont nombreuses, motivées etmotivantes. L'atelier tourne à nouveauà plein régime, nous en avons enfin finidu chômage partiel, et toute l'équipe avu augmenter son temps de travail afinde répondre aux demandes dans desdélais raisonnables.

Quelques ombres au tableautoutefois : l'administration fiscale, qui arefusé de nous reconnaître le statutd'association d'intérêt général, nous in-terdisant ainsi l'accès aux dons et auxsponsors, et le VIVEA, qui continue à re-fuser de prendre en charge certains denos stagiaires et formations.

L'ambiance à la gare, dans cecontexte, est agréable, dynamique etenthousiaste, comme vous pourrez leressentir à la lecture de cette lettre deprintemps, encore plus technique etproche de vos préoccupations.

Vie de l'association p. 2-3

Événements p. 4Partenariats p. 5-6

Traction ANIMALe p. 6-9Animal de mouvement

Éthologie équinep. 6-7p. 8-9

Fiche de culture p. 10-11

Technique et savoir-faire p. 11-12Les outils des adhérents p. 13-14

Rouleau émietteurRoues directionnelles

p. 13p. 14

Essais et mesures p. 15-24Méthode Jean

Rouleau brise-fougèresDécavailloneuses

Carotte de conservationPermaculture, semis direct

p. 15-16p. 17p. 18-19p. 20-22p. 13-24

Lettre aux adhérents de l'AssociationPROMMATA, Avril 2013 - Rédaction : Conseil

d'administration élargi. Contact : 05 61 96 36 60ou [email protected]

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La Lettre de PROMMATA – Avril 2013

Vie associative

Retour sur les Journées d’Échanges de PROMMATAPar Camille Guyot, association Trait Poitou-Charentes

L’association Trait Poitou Charentes,en échange d’adhésion avec PROMMATA étaitreprésentée par Camille Guyot. Les deux jour-nées techniques ont eu lieu chez Patricia etThierry Poizat, maraîchers bio à Escayrac,commune de Lascabanne (Lot). Ils exploitent17 ha, répartis en prairies destinées à l’ali-mentation de leurs compagnons de travail (2ânes pour le travail léger, une jument Perche-ronne et une jument Comtoise pour les grostravaux), en céréales revendues à des pro-ducteurs de volailles bio, et 1,5 ha demaraîchage + 2 serres de cultures, la produc-tion étant revendue sur le marché local, enpaniers sur commande, et en points relais.

Le matériel de traction animale estcomposé d’un Matavigne, et de 2 Kassines.Les journées consistaient à échanger surl’évolution du matériel, à présenter les nou-veautés 2012, à essayer les différents outilsen condition réelle. Les essais était assuréspar Claude Sandillon, assisté de son chevalBreton Candy. Participaient à ces deux jour-nées 35 adhérents venus de toute la France,et même un groupe d’utilisateurs belges, ungroupe d’utilisateurs italiens, des salariés dePROMMATA ...

L'après-midi du jeudi 18 octobre estconsacré à un temps d'échange sur le maté-riel, chaque participant ayant été invité àvenir avec ses outils, prototypes... pour lesprésenter au groupe !

Pierre Seuillot, salarié dans un do-maine viticole à Puligny-Montrachet(Bourgogne) travaille avec du matériel an-cien et une Kassine. Il présente 2 outils qu'il afabriqué et utilisé durant la saison 2012, etqui lui donnent entière satisfaction : un cadrecultivateur à 5 dents, avec un système deserrage à l’intérieur du cadre pour éviterd’accrocher les pampres de la vigne, et uncadre support de lames inter-ceps (lamesBoisselet).

Thierry Poizat présente les doigts bi-neurs . Ils ont été montés sur le cadrecultivateur, avec deux dents montées sur lecôté qui travaillent dans le fond des buttes etassurent la stabilité des doigts. La petite cir-conférence des disques qu'il a essayé facilite

le bourrage, et manque de polyvalence, sur-tout sur des gros légumes. Jérôme Keller, luiaussi formateur Prommata, à testé les doigtsintermédiaires sur ses cultures, toujours sur lecadre cultivateur avec des dents sur le côté.Il est satisfait du résultat et pense que la ver-sion intermédiaire est la plus adaptée auxcultures maraîchères. Camille Guyot, éleveurutilisateur de chevaux Breton présente la ver-sion grands doigts bineurs, montés sur labarre porte-outils, la stabilité se faisant avecdeux dents extérieures équipées de lame àjoue qui travaillent dans le fond des buttes.Les grands doigts bineurs permettent unegrande polyvalence, ils sont utilisés en pépi-nière, plante médicinale, petits fruits. Parcontre ils sont plus rigides, donc plus agres-sifs sur des jeunes plants de légumes. Il fautun réglage précis. En conclusion, l’utilisationdes doigts bineurs sur la Kassine, permettentune avancé considérable dans la gestion del’enherbement, le matériel est adapté pourdes cultures à plat, et sur buttes.

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Échanges autour des doigts bineurs

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La Lettre de PROMMATA – Avril 2013

Sous-soleuse à ailettes (type actisol) :les dents d’actisol, appelées en 1960 par leurinventeur Monsieur Ménard, agriculteur biodans le Maine et Loire, « dents fouilleuses »,permettaient de travailler le sol sans boule-verser les couches pédologiques. En 1960seul le courant agrobiologiste est convaincude la méthode et remet en cause le labour !

Pierre Seuillot, présente une dent qu’ila fabriquée et utilisée sur la Kassine pour dé-compacter les passages de roues de tracteurdans les inters rangs de vigne. Un modèle sii-laire est fabriqué par l’atelier de PROMMATA.Il n'y a pas de différence importante entre lesdeux systèmes, le premier ayant des ailettesplus courtes. On a 3 utilisations possibles :sous-soleuse à ailettes directement fixée parson crochaxe sur la Kassine, 2 fixées sur lecadre cultivateur ou même 3 sur le cadre duMatavigne.

PROMMATA présente le Matavigne ver-sion maraîchage. Les esais sont faits parJérémie Van Der Moosten, à Galinagues(Aude). Il est maraîcher bio en cours d’instal-lation en 2012 par le réseau terre de lien, surl’exploitation associative le Chant du Pissenlit.La version maraîchage permet de travailler 2billons, et 3 inter-rangs en un seul passage.Le châssis est équipé de roues d’attelagegonflable pour gagner en hauteur et enjam-ber les billons. L’ensemble des outils de laKassine pourront être utilisés. La version Ma-tavigne maraîchage va permettre d’intervenirsur cultures de plein champ.

Suit une présentation des roues-jockeytestées par Jo Ballade en Ariège, et d'unavant-train directionnel mis au point parl'association Trait-Vienne (voir article plus loindans cette lettre !).

Nicolas Bernard, (Corrèze) nous faitensuite le compte rendu de l’utilisation dubrise fougère fabriqué à l’atelier PROMMATA,testé au cours de la saison 2012. 100 hec-tares de fougères ont été passés au cours del’été. Les parcelles envahies de fougères sontdes parcelles inaccessibles à la mécanisation,anciennement entretenu par les moutons.L’abandon de l’élevage ovin au profit des bo-vins allaitants, entraîne une recolonisationdes fougères dans les zones les moinsbonnes, et les moins accessibles. Le travaileffectif est d’environ 6h / jour, soir pour 1/2ha / heure : 3 hectares / jour. Le coût par hec-tare est de 270€ ht. Avec un tracteur avecgirobroyeur forestier, travaillant à la même vi-tesse que les chevaux, sans pouvoir accéderà la partie en dévers ou avec forte présenced’arbres, le coût est de 300€ ht !

Cette après-midi de travail sur le ma-tériel a été suivie d'une soirée festiveappréciée de tous ! Le vendredi, nous avonsfait des essais avec le matériel sur le terrain,avant de débattre sur le fonctionnement del'association et ses actions « en région « , tra-vail qui a abouti à la relance descorrespondants locaux de PROMMATA. Beau-coup des participants sont restés dans le Lotjusqu'au samedi matin pour l'AG de l'associa-tion, dont le compte-rendu est donné enannexe à cette Lettre !

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Pierre Seuillot présente les sous-soleuses à ailettes

Essais avec le Matavigne-maraîchage,vendredi 19 octobre

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La Lettre de PROMMATA – Avril 2013

EVENEMENTS

PROMMATA à la Fête des SimplesPar Guillaume Kedryna et Jo Ballade, bénévoles sur la fête

En septembre dernier, la renomméefête des SIMPLES, a été organisée par l'asso-ciation "Sèves d'Ariège", à La Bastide deSérou. Une occasion deplus pour l'équipePROMMATA de promou-voir la traction animalemoderne. Claude, Jojo,Benoit, Guillaume,Chantal, Richard et Eli-sabeth ont doncrencontré et renseignéun public nombreux, at-tiré, bien sûr, par lesplantes médicinalesmais aussi très intéres-sé par la tractionanimale : étudiants,porteurs de projetsagricoles, jardiniers,producteurs déjà instal-lés réfléchissant à lapossibilité de dévelop-per la traction animalesur leur ferme, etc...

Malgré la pluiedu premier jour, un solmouillé et caillouteux,nous avons tout de même pu faire des dé-monstrations correctes. Une centaine depersonnes ont pu apprécier Richard au me-nage et sa mule « Silok », dressée « aubouton », Guillaume à la Kassine et Jojo aumicro, pour la présentation et les commen-taires.

Sur le stand la présence assidue deClaude, Chantal et Guillaume a permis de ré-pondre aux nombreuses demandes des

visiteurs et de montrerun nouvelle fois auxAriègeois et aux autres,que PROMMATA continueson chemin avec desnouveautés : le Mata-vigne dans sa versionaboutie, les nouveauxoutils dont le cadre culti-vateur et la sous-soleuseà ailettes, les nouvellesformations etc.

Pour le reste, demagnifiques expositionsde plantes, des standsnombreux et diversifiés :associations, produc-teurs, animations,bouilleur de cru, confé-rences, ateliers,musique. Deux journéestrès riches de rencontresdans une ambianceconviviale et joyeuse.

Un événement à ne pas manquer l'anprochain, il aura lieu à La Palud sur Verdondans les Alpes de Haute Provence les 05 et06 octobre prochain. Avis aux amateurs etaux adhérents de PROMMATA motivés pour yreprésenter notre association !

Salon Tech&Bio 2013PROMMATA sera comme en 2011 co-organisatrice du

pôle « traction animale » du salon, avec l'association Hippo-thèse. L'édition 2013 se déroulera sur le site du LycéeAgricole du Valentin à Bourg-lès-Valence, les 18 et 19 sep-tembre. Au programme pour nous : démonstrations avec laKassine et le Matavigne, sur parcelles nues et cultivées etdans la vigne ; débats et échanges sur le stand de l'associa-tion ; apéro des adhérents pour se rencontrer et partager unmoment tous ensemble...

Nous espérons vous retrouver nombreux !

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La Lettre de PROMMATA – Avril 2013

PARTENARIATS INTERNATIONAUX

Retours de mission pour l'association ARFA à Natioboani, Burkina-Faso, 29/11/12 – 6/12/12Par Jo Ballade, formateur

Depuis plus de vingt ans l'association ARFAsensibilise et forme de nombreux villageois et vil-lageoises aux pratiques agricoles écologiques :production bio, compostage, agroforesterie,cultures associées sous couvert, économies d'eau,haies vives… Les formations se passent dans laferme-école et dans les nombreux villages sensibi-lisés à l’agroécologie ; mais tous les travaux sonten majeure partie exécutés à la main et leur appli-cation dans la production familiale, surtout pourl’entretien des cultures pluviales et la préparationdu sol en sec, mobilise énormément de maind’œuvre sur des parcelles limitées et souvent in-suffisantes pour couvrir les besoins des familles.

Développer l’utilisation de la traction animale est devenu un objectif d’ARFA en 2011et après une première sensibilisation sur le terrain aux techniques enseignées par PROMMA-TA avec la Kassine (voir la Lettre du printemps 2012), ARFA et PROMMATA ont formalisé unpartenariat. Suite à cette première mission, ARFA a commandé à Kamboincé dix Kassines, lesa distribuées dans plusieurs villages pilotes, et a construit un atelier à l’entrée de sa ferme.Jean Sawodogo de l’atelier de Kamboincé a formé un jeune soudeur de Fada à la fabricationdes futures Kassines.

L’objectif de la deuxième mission est de transmettre les connaissances pratiquespour améliorer et intensifier les cultures de légumes, demande unanime exprimée par lespaysans concernés. Les sols sont souvent difficiles à travailler et l’utilisation des ânes im-plique de les atteler en paire ce qui n’est pas pratiqué au Burkina. L'inexistence de licols detravail et l’utilisation de pneus de vélo comme colliers de traction limitent l’efficience de latraction asine.

Objectifs de la mission :Atelier : valider les trois premières Kassines fabri-quées par Goïta Boubacar, soudeur de l’atelier deARFA. Équipements : apprendre la fabrication de licols(Goïta va apprendre à fabriquer un modèle de col-lier efficace auprès d’un artisan érudit en lamatière installé vers Koudougou).Terrain : 12 paysans-maraichers dont deux femmes, trois formateurs du centre et une évalua-trice ont suivi le stage dont l'objectif était de former les paysans qui ont reçu une Kassine à son utilisation et à celle de la billonneuse à disques, de consolider les trois formateurs du centre dans leur rôle auprès des villageois adhérents de ARFA, et d'initier les stagiaires et les formateurs à l’atte-lage des ânes en paire.

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Présentation au groupe du nouveau licol

L'attelage en paire, une découverte pour lespaysannes et une première pour les ânes

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La Lettre de PROMMATA – Avril 2013

La mission a commencé parla fabrication de licols avec le cor-donnier du village. Les ânes sontgénéralement menés avec unesimple corde et les équiper de licolsaméliore leur confort, la précisiondans le menage et permet l’attelageen paire.

Les dix Kassines distribuéesavaient jusqu'alors été peu utiliséespar manque de connaissances tech-niques et d’outils adaptés. GoïtaBoubakar a modifié et adapté à cer-taines Kassines des outilsspécifiques. Les trois premières Kas-sines fabriquées à l’atelier d’ARFAsont validées après changement d’unguidon mal formé. Les réglagesconcernant l’utilisation de la Kassine et de ses outils (découverte de la billonneuse à disques)ont été approfondis et une parcelle maraîchère a été mise en place. C'est une parcelle té-moin aux pratiques favorisant les économies et la conservation des eaux d’arrosage, dont laculture sur butte. Le menage en paire a été une nouveauté pour les participants qui ont dé-couvert un moyen simple de multiplier la force de travail de leurs petits ânes. L’accent a étéparticulièrement mis sur les techniques douces de menage qui sont traditionnellement in-existantes.

Nous ne pouvons que souligner ce commentaire exemplaire d’un des participants :«Je ne pensais pas qu’un âne peut travailler sans le frapper. Dans ce stage j’ai appris qu’onpeut faire travailler les ânes ensemble et qu’ils travaillent mieux sans les frapper. J’enseigne-rai ce que j’ai appris à ma famille et au village ».

TRACTION ANIMALE

Le cheval : animal de mouvement (2)Par Jérôme Keller, formateur en Haute-Vienne

Je poursuis dans la dynamique de l'article précédent. Ce qui apparaît en premier lieulorsque l'on observe un cheval, c'est la prépondérance des jambes. Ce sont les organes dumouvement, de la fuite. Cette importance se répercute sur les autres fonctions organiques :respiration, nutrition et circulation. L'organisme-cheval s'est organisé pour une part autourdes membres, pour qu'ils aient une efficacité maximale. Les muscles du cheval se situenttous au niveau du tronc, la masse musculaire située au niveau des jambes étant infime. Chezles mammifères, les muscles sont de deux types : ceux à fibres blanches qui servent auxmouvements rapides, et ceux à fibres rouges qui développent la force. Chez le cheval, lamusculature est sombre, essentiellement composée de fibres rouges. Son organisation mus-culaire permet ainsi de porter avec force tout en préservant l'impulsivité des mouvements.

Le nombre de globules rouges emmenant l’oxygène dans tout l'organisme et surtoutdans les muscles est très élevé. Le sang se charge d'oxygène au niveau du poumon, la fonc-tion respiratoire est remarquable à ce sujet. Avec 10 paires de côtes flottantes (sur 18), lesmouvements respiratoires sont amples et le cheval inspire 7,5 litres d'air à chaque fois (pour3,5 L pour un bovin). L'air inspiré entre en contact avec les alvéoles pulmonaires, et la sur-face intérieure du poumon est étonnamment importante (500 m2 !). Le sang accueille

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Mener sans meneur

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La Lettre de PROMMATA – Avril 2013

l’oxygène dans des conditions optimales pour irriguer ensuite les muscles. La perfection decette assimilation permet au cheval d'avoir une endurance à l'effort exceptionnelle, doubléed'une récupération rapide souvent même dans l'effort. Mais le système respiratoire est sen-sible et les pathologies les plus graves sont handicapantes. A mon sens, certainesprécautions d'élevage permettent de garder les chevaux en bonne respiration :

1- La gourme : c'est une maladie respiratoire infantile, elle permet la maturation dusystème respiratoire. Le système respiratoire sort renforcé de la gourme, les chevaux sontplus résistants ; moins sensibles aux infections (toux et rhume avec jetage, et même bron-chite) et aux allergies. La gourme apparaît dans la jeunesse du cheval, entre le sevrage et lacinquième année. Elle se caractérise par une température entre 39° et 41°, un fort jetage demorve jaune-verdâtre, une toux grasse et un gonflement des ganglions lymphatiques au ni-veau de la gorge. Ceux-ci peuvent percer au cours de la maladie qui dure environ deuxsemaines. Il faut laisser la maladie évoluer, et juste contrôler la température ; c'est la condi-tion pour que le système respiratoire devienne adulte. Donc surtout pasd'antibiotiques, mais pour la fièvre : Apis 5Ch et Belladonna 9Ch deux fois par jour, et rem-placer Belladonna par Ferrum Phosphoricum 7Ch dès que la fièvre descend sous les 39°, etaussi mercurius solubilis 9Ch ; et lorsque les ganglions suppurent, donner Pyrogénium 9Chjusqu'à la fin de l'infection.

2- Les conditions d'élevage et desoins : les situations de refroidissement fragilisentle cheval d'autant plus qu'elles sont subies. Il fautdonc éviter les boxes et les stabulations froids etpleins de courants d'air. Souvent les chevaux detravail sont rentrés l'hiver pour « faire du fumier »,il faut être vigilant à l'ambiance du bâtiment : aérésans courants d'air, suffisamment de paille pourqu'ils se couchent, avec peu d'écarts de tempéra-ture entre l'intérieur et l'extérieur. Il est préférablequ'ils sortent chaque jour, pour la marche et la res-piration quel que soit le temps, ou bien qu'ilstravaillent. Le fait de rentrer un cheval l'hiver nedoit pas le rendre fragile avec un bâtiment tropisolé et où la différence de température entre inté-rieur et extérieur est importante.

De plus, l'hiver, au travail, le cheval se ré-chauffe et souvent transpire à cause des poils. A lasuite du travail, pendant la phase de refroidisse-ment, il faut bien le couvrir avec une couverture

polaire. Il garde suffisamment de chaleur corporelle tout en séchant. Pour les chevaux de tra-vail, une autre façon de les garder en bonne forme l'hiver, c'est de les laisser au pré et de lescouvrir avec une couverture chaude et imperméable. Ainsi ils restent secs et au chaud, dis-ponibles musculairement au travail tout en continuant à être dehors (sans les inconvénientsde l'écurie). J'ai longtemps pensé que cette pratique ôtait la rusticité, or celle-ci s'acquiertpendant la jeunesse de l'animal et elle ne se perd ni si l'on met son cheval en boxe, ni si onle couvre. C'est finalement plus confortable pour le cheval et son maître.

Lorsque le cheval, suite à des refroidissements successifs, se met à tousser, cela estpénible pour lui et pour nous, et cela l'empêche de travailler. Le temps jusqu'à la guérisonpeut être long, il n'est jamais facile de soigner une toux équine (à lire la prochaine fois : Latoux et tout le reste...)

3- Les vaccinations … et surtout les vaccinations précoces : le système immuni-taire du cheval se met en place progressivement, les infections que rencontre le chevalpendant cette période le renforcent et l'installe avec solidité. Les vaccinations essentielle-ment celles à visée respiratoire : grippe et rhinopneumonie, à mon sens fragilisent plutôt queprotègent et sont inutiles en terme d'efficacité. Je ne développerai pas plus sur ce sujet pourl'instant, mais à l'expérience, le cheval est sensible à l'intoxication vaccinale qui fait degraves dommages.

(à suivre)

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Éthologie et traction animale : notre expérience à Equi-Terre avec Élise ProustPar Guillaume Kedryna, maraîcher en Ariège et Olivia Martin, porteuse de projet, tous deux en traction animale, et administrateurs PROMMATA

L'éthologie équine (discipline scientifique consistant à étudier le comportement deschevaux dans leur milieu naturel) influence beaucoup le milieu équestre d'aujourd'hui et adonné naissance à ces fameuses « méthodes éthologiques » pratiquées par ceux qu'on ap-pelle aussi les « chuchoteurs ».

Nous pratiquons la traction animale (maraîchage, débardage, attelage, entretien desvignes), et nous nous sommes intéressés à ce sujet très controversé. Nous avons suivi 12jours de formation à l'équitation éthologique chez Elise Proust à Dun (09). Cette expériencenous à beaucoup apporté dans nos activités et c'est pourquoi nous avons souhaité la parta-ger ici avec vous. L'approche dont nous parlons ici est celle d’Élise et elle lui est propre, c'estcette personne avec sa capacité à enseigner ses méthodes, à synthétiser ses connaissanceset son expérience qui nous a convaincus. Dans l'éthologie comme ailleurs il y a des courantset des visions différentes, celle d’Élise à su répondre à nos besoins.

L'idée, c'est quoi ? Dans la méthodequ'enseigne Élise, ce qui prime avant toutc'est la relation qu'on entretient avec soncheval... l'objectif étant qu'il soit à la fois : at-tentif, calme, détendu et énergique, et qu'ilréponde à nos demandes avec bonne volontéet en toute sécurité.

Dans ce but, nous cherchons à ce qu'ilnous reconnaisse comme leader, ce qui im-plique de gagner sa confiance et son respect.En effet, nous reproduisons ainsi la structurehiérarchique qui existe naturellement dansun troupeau : le cheval leader fait respecterson espace personnel en faisant bouger lesautres qui s'écartent sur son passage, sontattentifs à lui et le suivent spontanément car

il leur inspire confiance. Le dominant fait bou-ger, le dominé cède la place mais le leader aun plus : il guide. Pour travailler avec un che-val il nous faut au minimum être dominant etau mieux être leader.

L'approche que nous avons décou-verte nous permet de « parler cheval » : eneffet, en observant les chevaux, nous com-prenons leur code, leur langage. Ainsi, dansle travail et le dressage, nous pouvons mieuxnous faire comprendre et aussi comprendrece qu'ils nous disent à travers leur comporte-ment. Très souvent nous nous sommes renducompte que nous ne demandions pas leschoses de manière à ce que le cheval com-prenne : une fois que nous demandions

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Travail à pied lors du stage

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La Lettre de PROMMATA – Avril 2013

comme il le fallait d'un seul coup le chevalparaissait dire « Ah! c'est çà que tu veux, OK,pas de problème ! ». Pour ce faire, nous utili-sons un langage inspiré de celui des chevauxet donc facile à comprendre pour eux, c'est àdire notre intention, notre langage du corps :positionnement et gestes, voix et énergie...avant d'intervenir de manière tactile avecnos outils (licol, longe, rênes, badine, fouet,chambrière, etc.). Nous travaillons aussi avecla pression qui monte par phases jusqu'à ob-tenir ce que nous demandons. Et surtoutnous remercions chaque bonne réponse ins-tantanément en relâchant la « pression »(c'est ce que l'on appelle la « cession ») et enfélicitant chaleureusement. Petit à petit, lecheval, qui aime le confort, anticipe et ré-pond à des sollicitations de plus en pluslégères sans attendre de montée d'énergie.

Ce mécanisme de pression/cession estfacilement compréhensible pour l'animal quiidentifie clairement quand il a donné la bonneréponse ; et c'est du coup très efficace. Decette manière, le mors est utilisé finement etnous permet d'avoir une main légère et unegrande précision dans notre menage.

En pratique, qu'est ce que celadonne ? Au cours de ces journées, nousavons appris quantité d'exercice pratiquespour mettre en place ce type de relation etenseigner au cheval ce qu'on attend de lui.Nous avons travaillé en liberté dans le rondde longe (point essentiel de la méthode où lecheval, libre de toute contrainte tactile maisaux possibilités de fuite limitées, identifiel'humain comme leader et apprend à le res-pecter et à lui faire confiance), mais aussi àpied en pratiquant diverses conduites : clas-sique (à côté de la tête du cheval),randonnée (en bout de longe devant lui),longues rênes (vous connaissez !), latérale(au niveau de l'épaule), jusqu'à des conduitesdite « virtuelles » : sans longe.

Nous avons également travaillé la le-çon de van qui fut très impressionnante. Eneffet, avec les notions de confort/inconfort etde pression/cession, nous avons pu observerdes résultats surprenants avec plusieurs ani-maux très réticents au départ et qui après 15minutes d'exercices pouvaient monter et des-cendre dans divers vans et bétaillères sansaucune inquiétude !

Nous avons aussi abordé la désensibi-lisation, ou comment apprendre au cheval àne pas réagir à certains stimuli « effrayants »(bâche qui vole, traits qui heurtent lesjambes, bruits divers) en l'y exposant de ma-nière très progressive pour qu'il comprenneque le salut n'est pas dans la fuite. La procé-dure s'appuie sur la notion d'approche/retraitet consiste à retirer le stimuli avant que lecheval n'y réagisse puis à le rapprocher,l'intensifier petit à petit, au fur et à mesurequ'il s'y habitue. Si le cheval se met à bougeril ne faut pas arrêter le stimuli, mais le main-tenir jusqu'à ce que le cheval s'arrête et alorsle stopper instantanément (sinon on sensibi-lise !). Les résultats de cette approche étaientaussi au rendez-vous : on a pu jeter un drapqui se déploie et retombe sur la tête d'un ani-mal après seulement 2 ou 3 séances dedésensibilisation.

Nous avons également travaillé la mo-bilisation des différentes parties du corps ducheval afin d'acquérir une grande précisiondans le contrôle de ses mouvements et tra-jectoires : il apprend à bouger sa tête, sesépaules ou ses hanches dans une directiondonnée, toujours après une faible sollicita-tion. Ceci facilite grandement les manœuvresserrées au travail mais aussi de nombreuxgestes quotidiens (par exemple un cheval quibaisse la tête pour qu'on lui mette son licolou son collier, sur simple et légère pressionderrière les oreilles).

Conclusion : ce stage nous à donnéun nouveau regard sur nos pratiques quoti-diennes avec nos chevaux. Certes, il a falluse remettre en question et accepter quequand quelque chose ne fonctionne pas c'estrarement de la faute du cheval... Mais celanous à permis de solutionner des difficultésconcrètes rencontrées sur le terrain (une ju-ment qui s'emballe par refus du travail ou parpeur, un cheval qui ne se laisse pas attraperau pré, un autre auquel il faut demander 10fois d'avancer, une jument qui panique quandon la sépare de ses compagnons, une autrequi refuse de monter dans un van...) et demanière générale d'améliorer nos relationsavec nos chevaux.

Nous sommes repartis enchantés, nosvalises pleines d'outils techniques à appliquerchez nous et très désireux d'en apprendre en-core et encore !

Pour approfondir le sujet, n'hésitez pas à lire : « L'équitation éthologique » (3 tomes)d'Elisabeth de Corbigny ; « Natural Horsemanship » de Pat Parelli ; « L'équitation de légèretépar l'éthologie » de Stéphane Bigo ; etc. et parce que la théorie ne suffit jamais, consultezwww.equi-terre.fr, le site d'Elise Proust et de sa structure à Dun.

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La Lettre de PROMMATA – Avril 2013

FICHE DE CULTURE

Culture des tomates en cageavec la KassinePar Eric Larrède, maraîcher dans le Gers,administrateur PROMMATA

Paradoxalement, c’est une fois en cage que latomate retrouve sa liberté…

La raison principale de cette manière de faireest le souhait de ne pas enlever les « gourmands » etde laisser la plante s’épanouir naturellement. La cageest une des techniques qui permet cela. Pourquoicultiver la tomate ainsi ? À partir du moment où l’onmutile un plant on le fragilise et les plaies même mi-nimes peuvent favoriser certaines maladies.L’abondance du feuillage protège les fruits des brû-lures du soleil et c’est loin d’être anecdotique. En2012, le soleil de la fin du mois d’août a été très fort,trop fort même et certain légumes ont souffert decela. Les quelques tomates non protégées ont subi degraves lésions alors que la majorité, cachée sous lefeuillage n’a pas été touchée. La production est beau-coup plus importante. En fonction du sol, de sarichesse et des variétés de tomates utilisées le rende-ment peut-être deux, trois voire quatre ou cinq foisplus important. La charge de travail est réduite.

La cage : c’est du treillis à béton en maille de 20 cmvendu en plaques de 4 m par 1,8 m. Coupée en deux cetteplaque fait 2 m par 1,8 m ; une fois roulée elle devient unecage de 70 cm de diamètre par 1,8 m de haut.

Le pied de tomate : il est placé sur la butte etchaque pied est espacé de 1,20 m. En effet, les besoins sontici bien plus importants et le rendement va largement com-penser la densité plus faible. Placé au centre de cette cage, ilsemble perdu et peut verser avant d’avoir réussi à s’agripperaux barreaux. Le fait de pailler juste avant ce moment critiqueva permettre au jeune plant d’avoir un tuteur occasionnel. Ra-pidement il va buissonner et envahir tout son espace. Lespremiers temps il faudra un peu le rediriger afin de le canali-ser. Il existe une variante à cette technique qui consiste àpincer les gourmands deux feuilles après la grappe. Le but se-rait d’obtenir des tomates plus grosses pour une moindremutilation.

Retour d'expérience : sur les quatre variétés tes-tées, trois ont donné des fruits de taille égale à une tomatecultivée habituellement. C’est le cas de la « Rose de Berne »,

« Caro Rich » et « Ananas » qui n’ont subi aucun traitement. Un petit bémol pour la « Caro »qui est, en général, cultivée sans tuteurage : elle n’a pas apprécié plus que ça. La quatrièmeest une petite tomate « Matina ». Cultivée sous serre, elle a donné une myriade de fruits. Làpar contre, ils étaient plus petits et ressemblaient à de grosses tomates cerises. Cela peuts’expliquer par un compost peu efficace du fait de la relative sécheresse du sous-sol dans la

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Matina, sous serre

Le pied de tomate dans sa cage

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La Lettre de PROMMATA – Avril 2013

serre. Le simple arrosage au goutte à goutte n’a pas été suffisant. C’est pour cela que lesserres sont maintenant débâchées une partie de l’hiver.

La qualité gustative semble accentuée mais c’est juste une impression personnelle.

Les agressions du soleil, surtout enfin de saison (fin août) ont permis deconstater que le feuillage abondant jouaitson rôle protecteur. De plus il est loin deperturber le mûrissement des fruits qui syn-thétisent plus de sève élaborée.

En terme de rendement, les variétés« Ananas », et « Rose de Berne » ont donnésans discontinuer de début juillet à mi-octobre pour un rendement de 15kg parpied. La « Matina » a commencé sa carrièremi-juin et produit jusqu’à fin novembre avec17kg par pied – et tout n’a pas été compta-bilisé ! La « Caro » a fini sa production finaoût pour d’autres raisons et les rende-ments sont restés faibles (6kg par pied).

Les résultats auraient été meilleurssi le compost apporté avait été de meilleure

qualité. De plus les terres, ici, sont d’anciennes vignes, le sol est saturé de cuivre, faible enactivité microbienne et pauvre en matière organique. Aucun traitement n’a été effectué,l’arrosage au goutte à goutte a été efficace sauf sous serre. Le paillage important a permisde tuteurer les pieds au départ de la végétation, il a évité l’enherbement et favorisé la viemicrobienne assez fragile sur ces terres. Une prochaine année, il faudra privilégier un com-post bien élaboré et en quantité importante (mais raisonnable) qui sera enfoui dans le sillon.

La récolte se fait sans difficultés même si les cages laissent peu de place pour passer.Pour cela il est intéressant de placer les cages en quinconce.

Après différents essais effectués depuis 5 ans, cette technique semble correspondre àmes attentes. Cette année, je vais l’essayer sur la totalité de la surface consacrée aux to-mates. Le seul point faible reste le stockage des cages l’hiver : elles prennent beaucoup deplace. Peut-être pourrait-on les utiliser (merci Élise !) pour tuteurer les pois : cela doit passerjuste mais c’est faisable.

TECHNIQUES ET SAVOIR-FAIRE

Réaliser des épissures à œilpour fabriquer ses traits encordesPar Chantal Monnerie, administratrice

Matériel nécessaire : de la corde synthétiqueou naturelle (chanvre ou sisal), à 4 torons, de diamètre14mm pour des traits pour ânes ou poneys / 18 mmpour des traits pour chevaux ou mulets ; un épissoir (un vieux tournevis cruciforme usé peutfaire l’affaire) ; 1 morceau de chaîne de 30 cm par trait (pour pouvoir régler le trait sur lalongueur) ; 30 cm de fil ; un sécateur ; du ruban adhésif ; 2 anneaux ou manilles ; 1 fer àsouder pour les cordes synthétiques ; 1 feutre.

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Le matériel nécessaire

Les jeunes plants se développent

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La Lettre de PROMMATA – Avril 2013

1ère étape : Couper deux longueurs de 2mpour les traits pour ânes ou poneys / de 2,50 m pourles traits pour chevaux ou mulets. Faire 2 marquagesau feutre à chaque extrémité : une à 25 cm et une à15 cm. Sur le marquage de 15 cm, enrouler le fil enserrant bien et nouer. Chaque brin de corde s’appelleun toron ; il faut déployer chaque toron jusqu’à la fi-celle (donc sur 15 cm). Mettre à chaque extrémité unruban adhésif.

2ème étape : Enfiler l’anneau ou la manille. Replier lacorde marque sur marque (photo). On obtient une boucle danslaquelle se trouve l’anneau ou la manille. Le sens est très impor-tant ; la corde doit être tenue, au départ, à droite dans la main,et les torons à tresser sur la gauche.

3ème étape : Le sens du travail : letoron se tresse de droite à gauche. Avecl’épissoir ouvrir la corde entre 2 brins etpasser le 1er toron. Bien le tirer et le tor-sader dans son sens. Tournerlégèrement la boucle et effectuer lamême opération pour le 2ème, le 3ème et le4ème toron.

Petite astuce : le 4ème toron doits’enfiler sous le 3ème et 4ème brin et res-sortir dessous le 4ème brin uniquementsur le 1er passage.

Ensuite « tricoter » un toron l’un après l’autre, rang par rang, en effectuant un autrepassage, sur un et sous un toron cordé. Pour assurer une épissure solide, il faut faire troispasses. Pour terminer, couper les bouts en laissant une longueur équivalente au diamètre dela corde. Ils rentreront dans la corde lors des premières tensions. Pour les cordes synthé-tiques, couper les bouts avec un fer à souder pour cautériser et éviter l’effilochage. Enfin,retirer la ficelle et les morceaux d’adhésif.

Ces épissures m’ont été enseignées voi-ci 6 années par Mr Caubet, aujourd’hui âgé de90 ans, cordelier à Albi. Nous travaillonsClaude et moi avec des traits corde en 18 cmde diamètre depuis plus de 5 ans. Bien remi-sés, ces traits dureront plusieurs années ! Sivous en récupérez, vérifiez les torons à l’inté-rieur du cordage. Des torons usés auront uneforme triangulaire et les traits seront dange-reux à l’utilisation.

NB : Budget > j’achète la corde :

Chanvre Synthétique

18 mm 3,50 € / m 3,00 € / m

14 mm 2,50 € / m 2,00 € / m

Les anneaux peuvent être récupérés sur devieux harnais

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LES OUTILS DES ADHERENTS

Un rouleau émietteurPar Paul Julien, paysan en traction animale dans la Vienne

Il est commun de considérer que pour réussir une culture, une bonne préparation dulit de semences est primordiale et permet que la levée soit homogène et facilite par la suitele binage. Reste à mettre en œuvre ce principe dans des conditions pédologiques très di-verses.

Ma ferme maraîchère est implantée sur des terres argileuses et pauvres en matièreorganique (proche des terres rouges à châtaigniers) : ceci posait problème pour obtenir uneterre suffisamment fine. L’idée de départ était l’adaptation à la traction animale d’un émiet-teur manuel à disque en forme d’étoiles parallèles au sens du travail suivi d’une lamesarcleuse oscillante. Le choix d’un outil auto rotatif réside dans son très faible besoin de trac-tion et des faibles risques de bourrage, en comparaison avec un outil trainé.

Cet outilest constitué dedeux rangées dedisques de 20 cmde diamètre enforme d’étoile ins-tallées enquinconce. La pre-mière rangéecomporte 8disques et 7 pourla deuxième. Ellessont suivies par unrouleau cage amo-vible de 18 cm dediamètre. L’outilpèse 18 kg.

Il travaillele sommet de labutte sur une lar-geur de 40 cm, lesdisques remuentle sol sur une pro-fondeur de 5 cmet le rouleau cagevient plomber lesol travaillé. Deplus le sommet de la butte se retrouve être nivelé ce qui facilite d’autant plus le passage dusemoir et améliore ainsi l’homogénéité du semis.

Dans mon sol une croûte de battance se forme rapidement et un passage de cet outilsans son rouleau sur le semi (avant levé ou stade plantule) permet de la casser et ainsi defaciliter la levée. Tous ces effets sont d’autant plus renforcés que la vitesse est élevée.

Son principal défaut est le blocage des disques avec les légumes restés au champ ouplus rarement des cailloux. On peut facilement remédier à ce problème en installant deslames « décrotteuses » entre les disques. Attention quand même à ne pas trop alourdirl’ensemble afin de pouvoir le soulever en bout de rang. Une amélioration pourrait consister àinstaller un système léger de pré-traçage des sillons.

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Des roues directionnelles pourla KassinePar Camille Guyot, Association Trait Vienne

Notre association utilise la Kassine de-puis 2007, et les utilisateurs ont très viteconstaté la difficulté pour tourner en bout derang sans renverser la Kassine, surtout si elleest équipée d’un outil lourd. Les animaux nesont pas toujours habitués à travailler régu-lièrement. La difficulté augmente sil’utilisateur est contraint à travailler seul etdoit gérer à la fois l’outil et l’animal. La diffi-culté est encore plus grande lors de journéestechniques, avec un public mixte, non expéri-menté, ou dans le cas d’un public féminin quirencontre de grandes difficultés à lever l’outilen bout de rang, ou pour appuyer sur le gui-don pour aider l’outil à pivoter.

La première idée était d’équiper laKassine d’une ou deux roues folles (ou roues« jockey »). L’idée a été très vite abandon-née. Dans ma vied’agriculteur dans lesannées 70 – 80, j’ai uti-lisé un covercropsemi-porté équipéd’une roue jockey àl’arrière, et en réflé-chissant je me suissouvenu du manquede stabilité de l’outil,notamment sur laroute, la roue pouvantpivoter librement degauche à droite. Lescraintes que j’avais surles roues jockey ontété confirmées par JoBallade aux journées d'échanges en octobre,qui lui les avait testées sur son exploitation,et lui aussi abandonnées.

La deuxième idée de roues direction-nelles est partie d’un outil traditionnel, unesarcleuse à roues directionnelles actionnéepar le mouvement du cheval à gauche ou àdroite en bout de rang. Cette sarcleuse en-jambait la ligne de culture, le cheval marchaitdans l’inter rang, avec une gamme de ré-glage à trou sur le régulateur pour déporterle cheval à gauche ou à droite, comme onsait le faire avec la Kassine. J’ai donc retenule principe directionnel de cette sarcleuse,sans toutefois recopier à l’identique. J’aiadopté le principe d’un avant-train de trac-teur à deux roues motrices. Il aura fallu 3modifications pour obtenir un résultat correct.

Aujourd’hui l’avant-train est fonctionnel : ilpermet à l’utilisateur de ne plus avoir à leverou appuyer sur le guidon pour tourner enbout de rang, et il suffit simplement avec labarre cranté de faire talonner l’outil, puis detourner tranquillement avec une main sur leguidon voire sans le toucher. L’avant-train di-

rectionnel peutpermettre d’élargir lapolyvalence de la Kas-sine.

Suite aux jour-nées d'échanges, desremarques m’ont aus-si été faites sur lepoint de traction quin’est plus sur l’âge dela Kassine mais direc-tement sur les rouesdirectionnelles… dequi amène un doutesur la solidité del’ensemble. La re-

marque était pertinente : j’ai donc remédiéau problème en soudant une boucle sousl’âge de la Kassine juste devant le systèmedu crochaxe. Dans cette boucle j’accroche unmousqueton relié à une chaîne qui va au ré-gulateur, et que l’on règle sur le régulateurde gauche à droite. Ainsi, la traction se faitsur l’âge de la Kassine, et la fonction desroues directionnelles reste identique.

En conclusion : le matériel traditionnelbien qu’inadapté à la méthode de culture ac-tuelle, peut être une source d’inspiration pourfaire évoluer le MAMATA ! La philosophie debase de Jean NOLLE a été préservée : simpli-cité, polyvalence, efficacité. Les utilisateursqui adopteront cet équipement, pourrontfaire part de leurs remarques et faire avancerà leur tour le MAMATA.

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Demi-tour en bout de rang

Camille Guyot présente l'avant-train directionnelpendant les Journées d’Échanges d'octobre 2012

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ESSAIS ET MESURES

Utilisation de la « méthode Jean » du domaine de BruPar Claude Sandillon, formateur dans l'Aude

Rappel de la méthode Jean :

Dans la région de Carcassonne, entre 1900 et 1930, au domaine de Bru, sur dessols argilo-calcaires avec des bas-fonds humides et caillouteux par endroits, Mr Jean culti-vait entre autres 18 ha de céréales avec 2 paires de bœufs (une paire en permanence etune autre paire achetée tous les ans pour la période de préparation des sols). Il avait misau point plusieurs modèles de cultivateurs montés sur châssis avec des roues en fer, unsiège à l’arrière et un système de relevage manuel. Ils étaient équipés d’un timon pour lesbœufs (céréales) ou de brancards avec un cheval (plutôt pour les vignes). Ces cultivateursétaient équipés de dents de types canadien, côte de melon, cœur de pigeon, queued’hirondelle, patte d’oie, etc. Il y avait 11 dents au maximum, sur 3 rangées de barres pourle travail avec les bœufs, sur une largeur de 1,20m à 1,40 m. Pour le travail avec le cheval,il y avait 7 dents maximumsur une largeur de 80 à 90cm.

Mr Jean avait créé à Carcassonne un atelier de fabrication de ces cultivateurs quiétaient vendus un peu partout en Europe. Sa méthode de culture était connue et diffuséepar l’intermédiaire de compte-rendus (livrets) rédigés par des ingénieurs agronomes etautres techniciens de l’époque qui venaient de Toulouse, Montpellier ou d’ailleurs.

Les principes de culture étaient les suivants : dès les moissons terminées, les2 porte-outils font un premier passage avec des dents de canadien pour casser la croûtedu sol et faire germer les grains tombés sur le sol à la moisson, et autres graines d’adven-tices. 15 jours après on fait un autre passage en croisant, et ainsi de suite jusqu’à 7passages successifs tous les 15 jours. Ensuite les champs sont semés avec un semoiradapté sur le porte-outils, et rendez-vous à la récolte ! Mr Jean avait les meilleurs rende-ments de la région quelles que soient les conditions météo. Il ne mettait jamais d’engraisni de fumier, et cultivait céréales sur céréales.

1ers ESSAIS

J’ai voulu essayer ce principe de pré-paration de sol sur une surface d’environ1000m2 en bord de rivière sur un sol argilo-limoneux. Cette méthode m'a servi pour unepréparation de sol avant culture. Ce travails’est fait sur une prairie non travaillée depuisplus de vingt ans (hormis le girobroyeur) ; lesol était donc compacté et dur. Nous avonssemé un mélange à majorité d’orge, avec unpeu de ray-grass et légumineuses.

J'ai utilisé le Matavigne avec desdents flexibles (socs de type canadien etcœur de pigeon) et deux vibroculteurs de 60cm, avec dents de vibro et petites queuesd’hirondelle. J’ai effectué des passages régu-liers (y compris avec des stagiaires) ; je n’aipas toujours respecté l’intervalle de 15 joursentre chaque passage (manque de temps etproblèmes de météo). J’ai semé à la main fin

décembre (un peu tard), et recouvert par unpassage de herse.

La levée s’est bien faite, elle était ré-gulière et propre. La parcelle a été inondéesur une journée, le semis était de 10 cm envi-ron, il n’a pas bougé malgré le courant, il y aeu quelques dépôts de branches et defeuilles mortes. A l’apparition des épis, il afait très sec (avril-mai), les grains ont un peusouffert mais moins que les céréales dans lesenvirons vu le semis tardif.

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Après la levée

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CONCLUSION

La parcelle est restée relativementpropre (quelques endroits avec des liserons),si on regarde la végétation à côté (mêmechamp) où il y a pas mal de chardons, de ru-mex et de ronces avec quelques rondsd’orties au milieu de l’herbe. Les grains à ma-turité étaient un peu petits mais réguliers. Jepense qu’il faudra 2 à 3 ans de même pra-tique pour avoir un sol relativement propre etune structure de sol facile à travailler

Cette méthode permet d’améliorer lastructure du sol, maintient une activité micro-bienne importante au niveau de la couchearable du sol et maintien un état d’enherbe-ment faible.

TEMPS DE TRAVAIL

15 à 20 mn pour chaque passagesur la parcelle. Le temps de préparation ducheval et du matériel se partage avec letravail d'autres parcelles. En général il y a2 x 20 mn de préparation (au début et à lafin de chaque séance, pour à chaque fois1h30 à 2h de travail).

Si on reste sur 7 passages succes-sifs à raison d’une demi-heure enrépartissant le temps de préparation ducheval et du matériel, en intégrant laséance de semis à la main et le passage dela herse pour recouvrir, cela fait 4h de tra-vail pour 1000m2 de céréales, soit 35 à 40hde travail / hectare.

POURSUITE DES ESSAIS

À St Félix dans l’Aude, j’aitravaillé une pâture devenue unefriche sur plus de 2ha pour conti-nuer à expérimenter la méthodeJean. Au préalable nous avonsfait passer un tracteur avec unChisel. Ensuite, j’ai effectué plu-sieurs passages avec leMatavigne ou le Polynol sur 0,8ha environ avec toujours lesmêmes socs ; là aussi d’une ma-nière irrégulière (manque detemps). Le sol est argilo-calcaireet très caillouteux. Lors de mesformations, pour les exercices demenage, nous avons fait plu-sieurs passages sur deux ou troisjours. Nous avons arraché despousses de frêne, de chêne etdes ronces à la main.

J’ai semé en juin à la main de l’avoinepour la faire pâturer en vert et l’enfouir àl’automne pour améliorer la structure du sol.Nous avons recouvert le semis avec le Mata-vigne et deux vibroculteurs de 60cm. Lalevée a été irrégulière sur une partie de laparcelle (beaucoup de cailloux). La pluie dumois de juillet a bien aidé la levée.

J’ai repris en septembre avec la Kas-sine et les dents flexibles la première parcelleoù j’avais semé de l’orge pour préparer le solet semé du blé pour la basse-cour du do-maine. Malgré la sécheresse, j'ai pu travaillerrégulièrement le sol sans difficulté, alors quela partie non travaillée juste à côté était fis-surée par la sécheresse.

Je pense qu’il est intéressant de me-ner une réflexion sur l’utilisation de cetteméthode en traction animale pour la prépara-tion du sol en maraîchage et en culture deplein champ (céréales, maraîchage,…) quipermettrait de limiter l’enherbement et favo-riserait l’évolution de la structure du sol. Lessept passages ne sont peut être pas néces-saires, mais cela reste à vérifier.

Quant à la viticulture, je pense quecette méthode peut être intéressante pour li-miter l’enherbement. Des essais sont encours dans l'Hérault, avec la Kassine et desdents flexibles, sur des parcelles plantées à1m où le tracteur ne peut pas passer !

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Travail avec le rouleaubrise-fougèresPar Nicolas Bernard, formateur en Corrèze

Ayant beaucoup de fougères à rouler (envi-ron 100 ha par an), et de plus un rouleau maisonqui avait mal vieilli, j'étais à la recherche d'un rou-leau brise-fougères qui me convienne. Ceux ducommerce ne me satisfont pas, car ils sont conçuspour une traction motorisée et donc une force detraction qui n'est pas dans l'axe de rotation durouleau. Suite à une discution avec Richard del'atelier de Rimont, lui aussi intéressé, un projetde nouveau rouleau brise-fougères était lancé.

Le principe du brise-fougères est de coucher et debriser la fougère quand elle est fibreuse. Elle ne doit passe couper. Selon les régions, on commence le travail enmai ou juin, puis on fait un deuxième passage au mini-mum 3 semaines plus tard. Au deuxième passage lesfougères sont beaucoup plus claires. La première année,elles font environ 2 m, l’année suivante elles font envi-ron 1,20 m et la troisième 0,60 m. Au bout de 5 ans il en

reste peu, surtout sicette action est coupléeavec du pâturage. Juste derrière le roulage, non seulementelle régresse en taille mais surtout en nombre. Pour cela ilfaut en laisser le moins possible (bien faire les bordures, letour des arbres et des rochers). Le rouleau qui a été fabri-qué à Rimont fait 2 m de large pour un poids de 250 kgenviron. L'axe de rotation est parfaitement sur la ligne detraction. La largeur de travail de 2 m a été choisie car au-delà, on a du mal à faire les demi-tours, et à passer entreles arbres. De plus, pour gagner en solidité, l’engin estpourvu de rotules et non de roulements. Les brancards sont

courbés pour être horizontaux au niveau de la sellette et à partir de là ils sont légèrementcourbés vers l’extérieur, et ne vont pas plus loin pour garder de la souplesse d’utilisation. Lesbrancards sont facilement démontables par 4 boulons pour faciliter le transport.

Les essais ont été concluants dans la pente car des pics au centre des lames évitentque le rouleau glisse. Au passage sur des rochers le rouleau se comporte très bien, il ne bas-cule pas et ne se coince pas. Du travail a été fait dans une coupe de mélèze avec dessouches de 70 cm de haut, là aussi sans problèmes. Le cheval travaille sans problèmes 5heures sans repos. Pour ce qui est de la fougère, la cassure est nette et la repousse est peunombreuse au deuxième passage (si le premierpassage est fait à la bonne période). Quant à lasolidité du matériel, en fin de saison après 100ha travaillés il n'y avait pas eu de casse. Leslames comme le cadre n'ont absolument rien.Les fougères ne se coincent pas dans le rou-leau.

Après cette série d’essais et en fonctionde mon expérience je pense le rouleau trèsfiable car les conditions d'utilisation ont étévraiment très dures, pour un résultat à la hau-teur de mes attentes !

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Présentation de l'outil

Transport en camion

Dans la pente

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Utilisation de la décavaillonneuse dans les vignes en traction animalePar Claude Sandillon, formateur dans l'Aude

Décavaillonneuse : outilutilisé en viticulture pourdésherber sur le rang devigne entre les ceps. Il estde la « famille » des char-rues avec une lame et unversoir au bout d’un agedéporté pour aller chercherla végétation présente sousle rang et la faire sortirdans le rang. Son inclinai-son (pratiquement horizon-tale) ne fait pas de sillon etpermet de défaire la butteréalisée sur le rang àl’automne. Son utilisationprincipale se fait au prin-temps après le débourragede la végétation et quandles branches du cep sontsuffisamment implantées.

Les premières déca-vaillonneuses utilisées entraction animale étaient ma-nuelles et demandaient aucheval d’avancer lentementafin de permettre au meneurtenant les mancheronsd’effectuer un mouvementpour sortir l’outil afin de nepas accrocher la souche. Celademandait un certain « coupde main » acquis par la pra-tique et une longue relationavec l’animal afin qu’il ré-ponde à la voix, pour bien seplacer en fonction de lapente, et éviter d’accrocherun cep quand le meneur setrouvait en difficulté.

Par la suite, un pal-peur fixe (tige courbe placéedevant le soc et le versoir) futadapté au matériel afin desoulager le travail du vigne-ron. Le palpeur s’appuyantsur le cep pour faire sortirl’ensemble de l’outil afind’éviter le cep, et revenaitaussitôt à sa place derrière lepied de vigne. Cela permet-tait aussi d’aller un peu plus

vite, car il suffisait de mainte-nir l’outil en place etd’accompagner son mouve-ment.

À l’arrivée du tracteur,après une période d’adapta-tion, un système de palpeurmécanique et articulé per-mettait de faciliter le travailet de mettre une deuxièmedécavaillonneuse sur l’autrerang pour travailler deuxdemi-rangs en même temps.Cependant le tracteur devaitavancer lentement et unedeuxième personne était obli-gée de marcher derrière pourintervenir en cas d’accro-chage. C’est ce type dedécavaillonneuse que nousutilisons aujourd’hui avec leMatavigne. Aujourd’hui lestracteurs sont équipés de ma-tériels beaucoup plussophistiqués faisant interve-nir l’hydraulique et desréglages automatiques parfréquences avec un laser.

La 1ère décavaillon-neuse utilisée par Prommata

était de marque « Egretier ».Elle était mécanique et fonc-tionnait avec un palpeurarticulé, l’ensemble étant re-lativement lourd et néces-sitant l’utilisation d’un contre-poids à l’avant pour garderl’équilibre du Matavigne.Nous avons fait des essaisavec un cadre déporté pourdégager le porte-outils durang et avoir plus de visibilitésur le travail effectué. Les es-sais sont concluants, mais ilreste nécessaire pour ce tra-vail, d’avoir un chevalhabitué à travailler lentementqui réponde bien aux ordres.Cependant nous avons étéobligés de chercher un autremodèle d’outil dans une autremarque car ce modèle n’estplus fabriqué.

Prommata a acheté ily a 2 ans à la société Sousli-koff une décavaillonneuseavec palpeur pour tracteuravec un cure-cep, systèmed’adaptation pour mettre unelame sarcleuse ou une patted’oie tronquée. Une adapta-

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Démonstrations à Béziers, juin 2012

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La Lettre de PROMMATA – Avril 2013

tion du matériel pour le fixersur le côté du cadre porte-outils du Matavigne a étéréalisée à l’atelier. Une diffi-culté rencontrée au début desessais était due à l’articula-tion du cadre, qui faisaitremonter le versoir et an-nulait l'effet du cure-cep. Lepoids de l'outil, et la descentedu cadre vers l’arrière et lepoids de l’outil ont permis derésoudre en partie le pro-blème, sauf en situation desol dur ou caillouteux.

En 2012, un accordentre la société Souslikoff etPrommata a été conclu poureffectuer des essais et adap-ter à la traction animale desdécavaillonneuses mécani-ques à palpeurs un peu pluslégères. La société a mis ànotre disposition 2 déca-vaillonneuses (une droite etune gauche). Une premère aété équipée d'un croche axe

pour faire des essais, avec leMatavigne dans un premiertemps puis sur la Kassine. Ona aussi fabriqué une barreporte-outils pour utiliser leterrage forcé, afin de ne plusretrouver le problème du dé-but avec le cadre articulé.

L’ensemble des essaissont effectués sur le domainede Château Castigno, dansl’Héraut, sur 30 ha de vignesavec des sols et des espace-ments très différents. Sur ce

domaine, ontrouve de vieillesvignes étroites etnon palissées, oùl‘on ne peut pasutiliser le Mata-vigne, et c’estavec la Kassineque nous avonstravaillé en utili-sant un cadredéporté. Équipéde dents flexibleset de socs de ca-nadien et côte demelon, pendantdeux années nousavons volontaire-ment travaillé lesol superficielle-ment pourfavoriser un redé-marrage del’activité biolo-gique sansprovoquer degrands boulever-sements. Ensuitenous avons tra-vaillé un peu plusprofondément etl’année dernièrenous avons com-mencé à utiliser

une décavaillonneuse. Nousavons récupéré un ancienmodèle, et comme lessouches étaient basses et ir-régulières nous avonsdémonté le versoir et gardéla lame pour passer plus faci-lement entre les ceps. Nousavons constaté que la lameseule faisait un excellent tra-vail et laissait la partie

végétale enlevée sur le borddu rang ; ce qui permet debien l’enfouir en buttant lerang avant l’été. Cette lameétant différente de celle ins-tallée sur la décavaillonneuseSouslikoff (la lame ancienneétant plus longue et pluslarge en bout que celle instal-lée aujourd’hui qui est pluscourte et uniforme). Nousavons installé cette lame an-cienne sur les nouvellesdécavaillonneuses et avonsde bons résultats sur les pre-miers essais.

Un autre problèmerencontré depuis le début estune poussée latérale suppor-tée par le porte-outils quandle palpeur s’appuie sur le ceppour effacer la lame. Ce pro-blème oblige le cheval àtravailler légèrement en tra-vers pour garder l’alignementdu travail sur le rang. Lorsdes premiers essais effectuéspour corriger ce problème,nous avons installé une sous-soleuse au milieu de la barreporte-outils pour compensercette poussée latérale. Il yavait des résultats intéres-sants, mais aussi uneinterférence entre le travailde la décavaillonneuse et lasous-soleuse. A l'atelier, on afabriqué récemment unelame droite pointue (un genrede dérive) pour remplacerl’action de la sous-soleuse.Les essais restent à faire dèsque les sols seront prati-cables.

Dans le programmedes essais à venir nous se-rons amenés à utiliser lesdeux décavaillonneuses enmême temps car il y a uneforte demande notammentau niveau des prestataires deservice en TA dans les vignes.Ceci dit je reste convaincuque la configuration de travailavec deux décavaillonneusesne pourra fonctionner que siles souches sont bien ali-gnées sur des rangs palisséset sans dévers prononcé.

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Après le passage de la décavaillonneuse

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La Lettre de PROMMATA – Avril 2013

Expérimentations autour de la carotte de conservationPar Guillaume Kedryna, producteur de légumes, semences et fruits en tractionanimale en Ariège, administrateur PROMMATA

Passionnés d’agroécologie, nous recherchons toujours des méthodes, techniques etvariétés qui nous permettraient d’avoir de meilleurs résultats en rendement ou productivitédu travail, sans jamais oublier les critères éthiques et écologiques que nous nous sommesfixés. Dans cet article vous trouverez un compte-rendu détaillé d'expériences que nousavons menées en 2012 sur notre ferme :

• étude comparative entre le semis de carotte en jour racine et le semis à la St jean, enjour fruit

• étude comparative entre la variété Flakee et Rodelika

• étude comparative entre une culture de carotte avec engrais et sans engrais (tour-teau de ricin).

Jusqu'à maintenant nous avons travaillé de manière plus qu'empirique, sans proto-coles, sans parcelles témoins, et nous avions du mal à tirer des conclusions claires. Cetteannée nos expériences ont été moins nombreuses mais beaucoup mieux cadrées avec unprotocole, un suivi plus rigoureux et nos conclusions sont très parlantes la plupart du temps.Riches de ces expériences nous avons voulu les partager avec vous et espérons que dans laprochaine lettre certains d'entre vous joueront le jeu et nous raconteront leur expériences àeux !

Itinéraires culturaux communs

- Terre travaillée sans labour - Fumure : 40 T/ha de compost de dé-chets verts très mûr - Carotte semée après un faux semis - Soin apporté au semis : extrait fer-menté de fougère aigle (1 à 2 L au soldans 10 L d'eau / ha) contre le taupin- Soin apporté le long de la culture : ex-trait fermenté d’ortie (1 L d'extrait purd'ortie / 16L d'eau / 1000m2) + cuivre(300 g / ha) une fois par mois (de juilletà septembre) contre l’Alténaria ;extrait fermenté d'ortie + infusion dereine des prés (1 L d'extrait pur d'ortie+ 2,5 L d'infusion de de reine des prés /16 L d'eau / 1000m2 )cuivre (300 g / ha) une fois en aoûtcontre l’Alténaria - Date de récolte : 10/12/12

Rodelika 26/06/12 Racine

Rodelika 24/06/12

Fruit

Flakee 19/06/12 Racine

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Conclusions : toutes les carottes récoltées présentent les mêmes caractéristiques :belle forme allongée, goût particulièrement sucré, très peu de collet vert. Les différences neportent donc que sur le rendement.

• Périodes de semis : le semis en jour racine offre un plus grand rendement que celuiréalisé à la Saint-Jean, en jour fruit (pourtant semé 2 jours plus tôt). La biodynamie se-rait donc plus efficace que les recettes de grand-mère de notre voisine qui maintient« si vous voulez de belles carottes, il faut semer le jour de la Saint-Jean ». Nousn'irons pas jusqu'à généraliser cela avec certitude, il faudra renouveler ce typed'expérience...

• Variétés Flakee et Rodelika : la carotte Flakee offre un rendement supérieur à laRodelika de 22, 19%, et les 7 jours d’avance de semis de la Flakee ne justifient pascette différence. Sous nos climats assez pluvieux, il nous faut beaucoup espacer lescarottes pour éviter le développement de maladies fongiques. Nous semons doncseu-lement deux rang par buttes de 80cm et espaçons les carottes de 8 à 10 cm sur lerang. Ces larges espacements expliquent en partie le rendement supérieur de Flakkeequi est une variété issue de Colmar : ce sont des carottes dites « d'industrie » (ce quine les empêche pas d'avoir un goût excellent), qui peuvent devenir très grosses ,alors que Rodelika est une variété de plus petit calibre. Nous en concluons que les va-riétés sélectionnées pour produire de grosses carottes sont mieux adaptées à nosconditions de culture, car elle permettent un rendement satisfaisant.

• Apport de tourteau de ricin : cette expérience à été la plus intéressante car nousavons en même temps fait faire une analyse de sols avec la méthode Herody, et lesrésultats concordent très bien ! En effet notre sol est déjà riche en matière organique,mais celle-ci est tellement stable qu'elle n'est pas disponible complètement pour lescultures. L'apport de fertilisant à minéralisation relativement rapide ou rapide est re-commandé par Herody dans ce type de sols. Cette fertilisation va non seulementapporter des éléments disponibles rapidement pour les cultures, mais va en mêmetemps « donner du travail » aux micro-organismes du sol, qui vont aussi minéraliserune partie de la matière organique présente et ainsi la rendre disponible pour lescultures. Dans le cas de cette expérience, la conclusion est flagrante : avec un apportassez faible de tourteau de ricin (400 kg/ha, soit environ 5 unités d'azote), les rende-ments augmentent de 44,51%.

Les tourteaux nous conviennent particulièrement bien car ils ont une minéralisationrapide (dans l'année) mais progressive (contrairement à des engrais type guano, oufiente de poule qui sont beaucoup plus rapides) : les besoins en azote de la carottesont faibles durant les 6/7 semaines qui suivent le semis puis deviennent plus impor-tants. Il y a cependant une limite : les tourteaux de ricin, bien qu'autorisés en bio, nesont pas issus de fermes biologiques et sont souvent importé. Il existe des alterna-tives : on trouve chez des céréaliers bio qui font de l'huile ou dans les huilerie bio destourteau divers et variés (carthame, cola, tournesol, chanvre, lin, cameline etc) à desprix assez intéressants. Pour l'année prochaine nous recommencerons cette expé-riences avec trois tourteaux différents : le tournesol, le chanvre, et la camaline.

Une chose est sûre : un bon taux de matière organique est essentiel dans un sol ma-raîcher, mais cela ne suffit pas. Il faut un équilibre entre des amendements en humusqui permettent de maintenir un sol vivant riche sur le long terme, et des fertilisationsà minéralisation plus rapide. On voit bien dans cette expérience qu'une fertilisationbien adaptée au sol, aux techniques culturales et aux cultures en place permet un netgain de rendement.

Voila, nos quelques résultats... N'hésitez pas à échanger avec nous sur vos expé-riences dans cette lettre, nous ne sommes pas des scientifiques, n'avons aucune prétentionde donner des leçons à qui que ce soit car nous avons beaucoup de difficultés a vivre denotre métier.Mais nous sommes convaincus de l'intérêt d'échanger sur nos pratiques, nostechniques, nos expériences pour progresser ensemble vers une agriculture plus écologique !

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Permaculture, semis direct et compagniePar Roberto Mazzone, formateur en Ariège

Penchons-nous un peusur un sujet de plus en plusd'actualité et gagnant en po-pularité : le non-travail du sol.Cela peut surprendre dans lalettre de PROMMATA dont laspécialité est justement letravail du sol, certes de ma-nière douce et avec l'animalde trait – déterminante estpour nous la qualité de cetravail. Il y a déjà belle luretteque Fukuoka, relayé par lespionniers de la permaculture,inaugurait des méthodes nou-velles où le sol est toujourscouvert et où les cultures sesuccèdent sans interruption.Ces expériences étaient sou-vent le fait de doux rêveurs,ou difficiles à transposer cheznous et donc peu propices àconvaincre des professionnelsintégrés dans une réalité éco-nomique oppressante. Il y ades difficultés intrinsèques àces méthodes comme la ges-tion des adventices, deslimaces et campagnols etc.

Mais quand même...avez-vous déjà observé la vied'une terre recouverte d'unépais mulch ? ça remue...(dans tous les sens duterme). Le désir d'aller avecla nature, de la respecter, des'approcher d'un ordre natu-rel équilibré tel qu'on peut letrouver en forêt, par exemple,avec un sol couvert en per-manence et non dérangé, estune motivation toujours pluspartagée. On recherche uneharmonie perdue au fil desmillénaires où l'humain estpassé du statut de chasseur-cueilleur-pêcheur, récoltantdonc les « fruits » d'une na-ture préservée, à celuid'éleveur et de cultivateur. En« ouvrant » la terre, l'être hu-main a imprimé sa marquesur le devenir des paysages.Cela a mené à de belles créa-tions autant qu'à un

appauvrissement inquiétantde la fertilité des sols. Les ex-cès d'une agriculture de profitaboutissent à une impasse, eten réaction à cela l'agricul-ture biologique et le retour àla traction animale, entreautres, se sont développés,suivis justement des ten-dances plus récentes dunon-travail du sol. On peut sedemander s'il n'y a là pasplus qu'une technique parti-culière, mais plutôt un signed'une évolution de l'humanitévers un autre rapport avec levivant, recherche que l'on re-trouve dans d'autresdomaines comme les mé-thodes d'apprentissage deschevaux basées sur l'étholo-gie, la taille douce desfruitiers, etc. Au lieu d'impo-ser sa volonté, on composeavec le vivant.

En suivant concrète-ment ce qui se passe dansces nouvelles méthodes deculture, on a d'une part desjardins de petite surface enpermaculture, et d'autre partdes cultivateurs travaillant ensemis direct sous couvert vé-gétal. Ces derniers utilisentun outillage bien développéet peuvent par exemple cou-

cher un engrais vert de tour-nesol et semer une céréaleen un seul passage. La cé-réale une fois récoltée, ilssèment la suite directementsans travail du sol. Il faut sa-voir que la plupart d'entreeux gèrent les adventicesavec des herbicides. Pour lesmaraîchers et les paysans entraction animale en bio qui sesituent entre ces derniers etle travail manuel, les défissont nombreux et c'est toutun domaine qui reste à explo-rer. Une rencontre ayant pourthème « maraîchage sur solvivant » a eu lieu à Auch le 4décembre 2012. Quelquesmaraîchers ont présenté leurspremiers essais ou pratiquesdéveloppés pour une formede culture avec un minimumde travail du sol et qui soitréaliste et économiquementviable.

L'apport de matièreorganique : en maraîchage,contrairement aux culturesde céréales par exemple, onenlève à la récolte quasimenttoute la plante. Le souci vadonc être d'apporter de lamatière organique riche encarbone, ce qui peut se faireen amenant des couvertures

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de sol (paille, foin, broyat debranches) ou en intégrantdes engrais verts dans la ro-tation des cultures, ce qui al'avantage de ne pas enleverde la matière organiqued'ailleurs. N'oublions pasl'apport de compost animals'il y en a de disponible.

Apprenons à ne pasconsidérer les adventicescomme des ennemis àabattre mais – tant qu'ellesne rivalisent pas trop avec lescultures – comme des plantescouvrant le sol et y apportantaussi des éléments stimulantsa vie. Si on préfère empê-cher leur levée, un épaismulch fera l'affaire et le faitde ne pas remuer la terre al'effet de ne pas stimuler lalevée de nouvelles adven-tices.

La gestion des en-grais verts, avec l'exempled'un maraîcher qui sème à

l'automne un mélange de cé-réales et de légumineuses :fin mai il roule cette végéta-tion abondante qui a atteintson maximum de masse vé-gétale, et la couvre d'unebâche à ensilage. En 10 joursenviron cette matière est« morte » et il peut semer de-dans avec un semoir ancienmodifié, des carottes parexemple. Les cultures plusprécoces sont faites sousserre.

Le semis justement :comment semer ou plante,d'ailleurs, à travers le mulch ?Il existe des cannes à cet ef-fet qui soulagent le dos maisà part cela tout reste à fairepour cette dimension decultures. Quelques personnesbricolent des prototypes et ilsera intéressant de suivrel'avancée de leurs travaux.

La couverture per-manente du sol peut se

faire aussi en pratiquant lesemis décalé, une cultureétant semée avant la récoltede la précédente. Avec lescultures associées et le mulchon essaye d'avoir le sol cou-vert en permanence, ce quime semble essentiel pour unhiver comme cette année oùle danger d'érosion est trèsimportant.

Il y aurait bien sûr en-core de nombreuses choses àdire, mais ce n'est pas le butde cet article de rentrer dansles détails. Nous invitonstoute personne intéressée àapprofondir le sujet, à fairedes essais et à échanger surtout cela à joindre notre petitgroupe en formation qui vatravailler sur la mise en pra-tique de ces idées dans unmaraîchage ou petite agricul-ture en traction animale([email protected]).

À venir en 2013...Nous aurons de nombreuses occasions de nous rencontrer cette année... Serez-vousdes nôtres ?

• Modules spécialisés de formation à la traction animale moderne : danstoute la France, de mars à novembre. Maraîchage, viticulture, travail avec lesânes, avec les chevaux, formation des débutants, perfectionnement... notreprogramme est diversifié pour répondre à tous vos besoins ! Pour tout rensei-gnement, contactez-nous. Et ne tardez pas à vous inscrire : les places sontcomptées, et les délais souvent longs pour obtenir les financements auxquelsvous avez droit (DIF, VIVEA, etc.)

• Journées d’Échanges des utilisateurs de la traction animale : elles se dé-rouleront en octobre 2013 en Ariège ou dans un département limitrophe (le lieusera confirmé prochainement). Nous espérons rassembler de nombreux pas-sionnés qui viendront présenter leurs outils et prototypes, et parler de leurstechniques de travail en traction animale !

• Assemblée générale de l'association : elle aura lieu en octobre 2013, sur lesite des Journées d’Échanges. Vous recevrez les documents préparatoires àcette AG avec la prochaine Lettre aux adhérents, qui sera envoyée début sep-tembre.

Tenez-nous aussi informés des manifestations, événements, rencontres... que vous or-ganisez ou auxquels vous participez ! Nous en parlerons dans la newsletter et laLettre, et cela donnera certainement de bonnes idées à d'autres...

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PROMMATA – La Lettre aux adhérents. Avril 2013.Rédaction : Conseil d'Administration élargi.

Association PROMMATA, La Gare, 09420 RIMONT – 05 61 96 36 60 - [email protected]

www.prommata.org