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EHESS Prophètes, talmudistes, philosophes by Charles Touati Review by: Régine Azria Archives de sciences sociales des religions, 35e Année, No. 72 (Oct. - Dec., 1990), pp. 302-303 Published by: EHESS Stable URL: http://www.jstor.org/stable/30119229 . Accessed: 16/06/2014 10:44 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . EHESS is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Archives de sciences sociales des religions. http://www.jstor.org This content downloaded from 195.78.109.119 on Mon, 16 Jun 2014 10:44:03 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

Prophètes, talmudistes, philosophesby Charles Touati

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EHESS

Prophètes, talmudistes, philosophes by Charles TouatiReview by: Régine AzriaArchives de sciences sociales des religions, 35e Année, No. 72 (Oct. - Dec., 1990), pp. 302-303Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30119229 .

Accessed: 16/06/2014 10:44

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

On lira sous cc titre lc tcxte d'un m6moire de maitrise en histoire qui a 6t& dirig6 par le Professeur Marc Venard L l'UniversitL6 de Rouen. L'ouvrage < ferait honncur L un his- torien chevronn6 >, 6crit M.V. dans sa Preface. On ne peut que l'approuver, et f6liciter l'au- tcur.

Sur la Compagnic du Saint-Sacrement l'in- formation 6tait d6jLi relativement abondante et de qualit6. Le sujet avait connu, en effet, < au d6but de ce siLcle, son heure de gloire historiographique ,. Mais grAce i de nou- veaux ddpouillements d'archives et, de plus, grAce i une lecture attentive de la littdrature de pi6t6 issue de la Compagnie, I'auteur a r6ussi L brosser ici un portrait beaucoup plus prdcis et plus fin de ce groupcment que ccux que l'on poss6dait jusqu'i lui.

La Compagnic du Saint-Sacrement, im- plantdc (entre 1629 et 1660) dans soixante villes frangaises, grandes et petites, formait un rdscau dense de correspondance, de sociabi- lit6, d'6change de nouvelles, d'initiatives, etc. Sur le millier des membres dont les < fiches personnelles , ont pu etre dress6es, on trouve une moiti6 de clercs, tous s6culiers, les reli- gicux 6tant exclus. Mais la moiti6 laique res- tantc forme l'6lite dirigcante de la Compagnic. I1 s'agit de notables, occupant des postes d'in- fluence, dont certains sont tres importants i des titres divers. Le groupe, on est vite amen6 Li

le soupponner, sc propose de christianiser la soci6t6. Mais il ne vise pas i changer les struc- tures; simplement i transformer les person- nes par la conversion individuelle; I'engage- ment dans les oetivres collectives visait ensuite aL amdliorer, sur des points pr6cis, ce qui pou- vait I'etre facilement dans la vie sociale du temps. Pour I'A., ces < d~vots >

ont renonc6 i

l'iddal d'un 11tat chrCticn.

L'ouvrage ddcrit avec pr6cision l'idCal reli- gicux de la Compagnic du Saint-Sacrement. II analyse aussi avec finesse la pratique et les fonctions du secret dans ce groupement. I1 note, avec cc qui nous a paru un 6tonnement certain, la conviction des confrbres scion laquelle le christianisme aurait 6t6 menac6 de disparaitre en Europe lur 6poque. C'6tait Il, en effet, une conviction rdpandue dans les milicux d~vots d'alors. La corrcspondance de S. Vincent de Paul et ses exhortations aux sicns expliquent assez claircment les raisons < objectives > de ces craintes, d'aillcurs inter- pretdcs en clef d'apocalypsc.

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Contraircmcnt i cc qu'affirme I'A., Marc Venard, dans sa preface, ne croit pas unique, dans le catholicisme frangais, cette experience d'un christianisme d'inthriorit6 i visde pour- tant politique. De fait le module a connu des variantes pluriclles. Le pr6facier cite les Che- valiers de la foi, L l'6poque de la Restauration, ainsi que l'Action catholique spucialis6e des anndes 30. On suggLre ici que marianistes et maristes - dcux congregations nmes pendant la Restauration post-rCvolutionnaire - pr&- sentent aussi des traits de ce modLle : devotion

eucharistique et mariale, secret, apocalypti- que, importance d'abord aecord6e aux laics, multiplication des oeuvres sociales et cultu- relies, liens politiques 6ventuels, etc. Il y aurait 1i une piste L suivre que le regrett6 Pierre Zind avait balisde dans sa thLse sur Les Nouvelles congrPgations de Frdres enseignants en France, de 1800 i 1830 (cf. Arch., 29, na 291).

Jean S~guy.

72.274 TOUATI (Charles).

Proph6tes, talmudistes, philosophes. Paris, l1d. du Cerf, 1990, 315 p. (Coll. < Patrimoines/ judaisme >).

On connait l'6tcndue de l'6rudition de C.T. Cct ouvrage en offre un condens6 puisqu'il reprend et rdunit une vingtaine d'6tudes, r6sul- tat de plus de trcnte ann6es de travail. Elles abordent des questions aussi diverses que la port6c de la proph6tie, le problime du mal, de la souffrance et de la providence divine, le problkme du statut des enfants issus de maria- ges mixtes ou encore celui de la validit6 des d6cisions doctrinales du Grand Sanh6drin de Napolkon (dont l'auteur reconnait la 16gitimit6 et dont il estime qu'il pourrait constitucr une r6fCrence utile L l'6poque actuelle). Un expos6 clair et precis sur la definition et la port6e de la halakha (norme talmudique et rabbinique), ainsi qu'une trbs suggestive 6tude sur la lettre de J6r6mic adress6c aux Juddens exilks L Baby- lone (selon l'A., le proph~te aurait adopt$ une position rCvolutionnaire pour le devenir du judaisme, et dont il scrait tout L fait profitable de se souvenir de nos jours, en osant dissocicr pour la premiere fois la fid6lit6 i Dicu et l'attachemcnt L la terre) ont particulibrcment retenu notre attention de sociologue, I'auteur se faisant un devoir d'indiquer la portCe tou-

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jours actuclle des questions ici dvoqudes. Mais ne doivent pas etre passies sous silence pour autant les 6tudes ayant trait A la philosophiec juive qui font d6filer Malmonide, Gersonide, Hasday Crescas, dont I'A. est, par ailleurs, un 6minent spCcialiste.

RCgine Azria.

72.275 TREXLER (Richard C.). Naked Before the Father. The Renuncia- tion of Francis of Assisi. New York. Peter Lang, 1989, XIV-129 p. et 32 ill. hors texte. (University of California, Los Angeles, Center for Medieval and Renaissance Studies. Hu- mana Civilitas, 9).

Cela commence comme une image d'Epi- rial (qu'on retrouve en effet figur6e jusque dans une bande dessinde contemporaine): dans un geste spectaculaire qui achbve sa conversion, le jeune Frangois d'Assise, faisant face A son pare furieux, renonce A tous ses biens et abandonne jusqu'A ses v~tements: l'6veque du lieu, de son manteau, couvre sa nudit6 et le prend sous sa protection. Com- mentant cet 6pisode fameux (qui ne se sou- vient de la fresque anonyme de l'6glise sup6- ricure d'Assise ou de celle de Giotto A Santa Croce de Florence ?) les historiens n'y ont vu qu'un 6v6nement affectant la vie individuelle et l'6volution spirituelle du Poverello (voir par exemple, en dernier lieu: Raoul Manselli, Saint Francois d'Assise. Traduit de l'italien par Henri Louette, Paris, Editions Franciscaines, 1981, p. 57-59). L'auteur en fait tout autre chose, A partir d'un triple dossier documen- taire: 1)les archives notariales, qui jettent quelque lucur sur la famille de Frangois, ou plus exactement sur sa famille maternelle (sa mere Pica, I'autre fils de celle-ci, Angelo, n semble-t-il d'un premier mariage, et la des- cendance de ce demi-frbre jusqu'A la fin du XIII sidcle): 2)la tradition hagiographique, ou plus pr6cis~ment les cinq premieres Vitae, entre la premiere, 6crite par Thomas de Celano dcux ans apris la mort de Frangois au moment de la canonisation (1228), et la Legen- da Major officielle de Bonaventure (1263): insistant notamment sur le conflit entre Fran- gois et son pbre, ces textes donnent du milieu familial et de l'histoire de Frangois une vision patrilindaire et patrimoniale bien diffCrente de la pr6c6dente; mais ils pr6sentent aussi entre cux des variantes qui sont trbs signifi-

BULLETIN DES OUVRAGES

catives, entre autres, des tensions A l'int6ricur de l'Ordre franciscain durant le XIII" si~cle : 3) les repr6sentations figurnes de l'6v6nement, en partant de sa plus ancienne image, sur le retable de la chapelle Bardi A Santa Croce, une peinture que I'A., rejoignant les recher- ches les plus r6centes, est pret A dater d'avant 1240. (I1 propose mime une date 16g~rement ant6rieure A celle qu'avance Chiara Frugoni. Francesco, un 'altra storia. Genes, Marietti, 1988, p. 9). Du point de vue de la m6thode, le livre est un module, et doublement: par la pr6cision de l'analyse, la confrontation im- placable des indices, la verification sys- t6matique des hypotheses, il s'apparente A une enquete policibre rondement men~e; par I'ouverture, A partir du cas 6tudi6, sur tout le contexte 6conomique, social et culturel, sinon de l'Ombrie, du moins de la Toscane voisine et mieux connue (surtout de I'A., excellent his- torien de Florence), il f6conde la critique erudite des documents par l'intelligence d'une histoire totale> et propose pour finir une r66valuation complete de cet 6pisode central de l'histoire de Frangois d'Assise. L'hypoth~se autour de laquelle gravite toute la d6monstra- tion est que Frangois n'a pas seulement renonc6 A ses droits 6ventuels sur les biens de son pbre: l'enjeu du conflit qui l'opposait A celui-ci et qui fut tranch6 solennellement devant l'6v~que 6tait d'une tout autre impor- tance: il s'agissait de son h6ritage du c6t6 maternel, dont seuls parlent les documents de la pratique A l'inverse des Vitae empreintes d'une iddologie masculine et clhricale qui por- tait A faire le silence sur le r61e domestique et public des femmes. Or, par leur dot, comme le montre par ailleurs d'importants travaux r~cents (notamment ceux de Christiane Kla- pisch-Zuber), les femmes jouaient un r6le central dans l'accroissement et la transmis- sion des patrimoines et par suite dans les d6cisions A prendre, tant dans la vie domes- tique que dans la vie publique. Le cas de Fran- gois d'Assise ne pr6sente done pas la singu- larit6 que lui reconnaissent les historiens qu'obnubile le prestige de sa saintet : pour l'historien de la soci6td, il est caract6ristique des conflits de g6n6ration et des pratiques successorales qui avaient cours commun&- ment dans la soci6t@ marchande de l'6poque. Les debuts de l'histoire 6difiante de < saint Frangois se r6duisent A une banale histoire de famille : <( Frangois fut tout bonnement pous- s6 dans une vie de p6nitence par l'antagonis- me qui l'opposait A son pare, et, dans le court

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