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E ntre 2006 et 2008, l’hôpital Saint-Louis (AP-HP, Paris 10 e ) a mis en place une réflexion, puis rédigé un cahier des charges interne avec le concours d’une équipe de biologistes et de soignants, sur la création d’une nouvelle plateforme de diagnostic et de transferts des prélèvements. Cette nouvelle plateforme comptera 65 stations d’envois, 11 lignes de pneumatiques indépendantes, soit plus de 3 km de tubes, pour un débit moyen de 4 000 prélèvements journaliers. Elle rationnalisera et centralisera tout le traitement et la gestion des analyses en un point. Ce nouveau système et l’utilisation de pochettes à usage unique devraient permettre d’éviter tous risques de contamination et d’optimiser la sécurité. Les travaux, confiés à Swisslog France, ont démarré le 15 juin dernier, et devraient être terminés début 2010. | E. G. Nouvelle plateforme de diagnostic et de transferts de prélèvements pour l’hôpital Saint-Louis (AP-HP) restructuration prophylaxie | actualités 5 OptionBio | Lundi 19 octobre 2009 | n° 425 Protection antirougeole maternelle chez les nourrissons Afin de déterminer l’âge optimal de vaccination des nourrissons contre la rougeole, il est indispensable de connaître l’évolution des anticorps antirougeole d’origine maternelle qui peuvent neutraliser le vaccin avant l’apparition d’une réponse immunitaire. Une étude démontre que la pratique de la vaccination en routine n’est pas indispensable avant 12 mois. L’ incidence de la rougeole a considérablement diminué grâce à la vaccination de routine. Mais les taux de couver- ture en France, de l’ordre de 87 % à l’âge de 2 ans, restent encore insuffisants pour éradiquer cette pathologie. En général bénigne chez le jeune enfant, elle peut être redou- table chez les nourrissons avec des complications graves nécessitant des hospitalisations. En 1983, le vaccin contre la rougeole a été introduit dans le calendrier vac- cinal pour les nourrissons âgés de 12 à 15 mois associé au vaccin contre la rubéole, puis en 1986 sous forme d’un vaccin triple rougeole-oreillon- rubéole. Une deuxième dose de rat- trapage a été recommandée initiale- ment vers l’âge de 11-13 ans, puis vers 3-6 ans. En 2005, l’âge recom- mandé pour la première injection est de 12 mois avec une seconde dose à 13-24 mois. La couverture vaccinale a augmenté depuis 1983, passant de 32 % en 1985 à 87 % en 2004. La détermination de l’âge opti- mal pour la vaccination contre la rougeole doit tenir compte de la persistance des anticorps (Ac) anti- rougeole d’origine maternelle et de la maturité immunologique du nour- risson. La réponse à la vaccination est très diminuée par la présence d’anticorps maternels. L’âge de dis- parition des anticorps antirougeole d’origine maternelle dépend du taux transmis par la mère à la naissance, lui-même lié à celui des anticorps maternels. Les mères ayant eu la rougeole ont des taux d’anticorps antirougeole supérieurs à celles qui ont été vaccinées. La disparition des anticorps d’origine maternelle est donc plus rapide chez l’enfant né de mère vaccinée que chez l’enfant né de mère ayant eu la maladie. Baisse des Ac neutralisants avec l’âge L’étude, publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, présente pour la première fois l’évo- lution des anticorps neutralisants antirougeole d’origine maternelle chez les nourrissons de 0 à 15 mois. Les taux sériques d’anticorps anti- rougeole ont été mesurés par la méthode de séroneutralisation par réduction de plages. Les titres d’an- ticorps neutralisants > 120 mUI/mL ont été considérés comme protec- teurs. L’analyse des données a porté sur 348 nourrissons. L’âge moyen des mères lors de l’accouchement est de 29 ans. 32 % d’entre elles ont déclaré avoir été vaccinées et 40 % ont rapporté des antécédents de rougeole. Ainsi, le pourcentage de nourrissons présentant des anti- corps protecteurs contre la rougeole diminue rapidement, les anticorps disparaissant dans les 6 mois sui- vant la naissance, le taux passe de 100 % dans le groupe des 0-1 mois à 10 % dans le groupe des 6-7 mois. La proportion de nourrissons réelle- ment protégés pourrait même être inférieure, le seuil de séroprotection nécessaire étant lié à la nature des Ac (maternels ou immunisation active par infection ou vaccination). Les titres d’anticorps neutralisants diminuent rapidement avec l’âge, passant de 1 740 mUI/mL chez les nourrissons de 0 à 1 mois à 223 mUI/ mL entre 5 et 6 mois et à 65 mUI/mL entre 6 et 7 mois. Il semble exister une diminution non linéaire du titre d’anticorps antirougeole en fonction de l’âge du nourrisson. La décrois- sance est plus importante entre la naissance et 6 mois. Une immunité de groupe protectrice Différents paramètres peuvent alté- rer le transfert placentaire de ces anticorps maternels comme une prématurité, un déficit immunitaire, un paludisme ou encore une infec- tion à VIH. Les enfants nés dans les pays tropicaux ont des titres infé- rieurs à ceux observés dans les pays industrialisés. Après 6 mois, moins de 10 % des enfants de plus de 6 mois sont pro- tégés contre la rougeole par des anti- corps d’origine maternelle. Toutefois, l’immunité de groupe, conditionnée par l’augmentation de la couverture vaccinale, pourrait contribuer à proté- ger les nourrissons durant la période de vulnérabilité entre protection pas- sive et active. L’âge pour l’administra- tion de la première dose de vaccin en routine a été portée à 12 mois dans le cadre du plan d’élimination de la rou- geole 2005-2010 et à 9 mois pour les nourrissons gardés en collectivité. En cas de risque de contagion, un vaccin monovalent peut être administré dès 6 mois. L’abaissement de l’âge de vaccination doit donc être évalué en regard des données concernant son efficacité, car sa réponse peut être limitée, même en l’absence d’anti- corps maternels, par l’immaturité du système immunitaire. | O. M. Source Gagneur A, Pinquier D, Aubert M et al. Évolution des anticorps sériques neutralisants antirougeole d’origine maternelle chez les nourrissons en France en 2006. Bulletin épidémiologique heb- domadaire 26 mai 2009 ; 22: 225-30.

Protection antirougeole maternelle chez les nourrissons

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Entre 2006 et 2008, l’hôpital Saint-Louis (AP-HP, Paris 10e) a mis

en place une réflexion, puis rédigé un cahier des charges interne avec le concours d’une équipe de biologistes et de soignants,

sur la création d’une nouvelle plateforme de diagnostic et de transferts des prélèvements. Cette nouvelle plateforme comptera 65 stations d’envois, 11 lignes de pneumatiques indépendantes, soit plus de 3 km

de tubes, pour un débit moyen de 4 000 prélèvements journaliers. Elle rationnalisera et centralisera tout le traitement et la gestion des analyses en un point. Ce nouveau système et l’utilisation de pochettes à usage unique

devraient permettre d’éviter tous risques de contamination et d’optimiser la sécurité. Les travaux, confiés à Swisslog France, ont démarré le 15 juin dernier, et devraient être terminés début 2010. | E. G.

Nouvelle plateforme de diagnostic et de transferts de prélèvementspour l’hôpital Saint-Louis (AP-HP)

restructuration

prophylaxie | actualités

5OptionBio | Lundi 19 octobre 2009 | n° 425

Protection antirougeole maternelle chez les nourrissons

Afin de déterminer l’âge optimal de vaccination des nourrissons contre la rougeole, il est indispensable de connaître l’évolution des anticorps antirougeole d’origine maternelle qui peuvent neutraliser le vaccin avant l’apparition d’une réponse immunitaire. Une étude démontre que la pratique de la vaccination en routine n’est pas indispensable avant 12 mois.

L’incidence de la rougeole a considérablement diminué grâce à la vaccination de

routine. Mais les taux de couver-ture en France, de l’ordre de 87 % à l’âge de 2 ans, restent encore insuffisants pour éradiquer cette pathologie. En général bénigne chez le jeune enfant, elle peut être redou-table chez les nourrissons avec des complications graves nécessitant des hospitalisations.En 1983, le vaccin contre la rougeole a été introduit dans le calendrier vac-cinal pour les nourrissons âgés de 12 à 15 mois associé au vaccin contre la rubéole, puis en 1986 sous forme d’un vaccin triple rougeole-oreillon-rubéole. Une deuxième dose de rat-trapage a été recommandée initiale-ment vers l’âge de 11-13 ans, puis vers 3-6 ans. En 2005, l’âge recom-mandé pour la première injection est de 12 mois avec une seconde dose à 13-24 mois. La couverture vaccinale a augmenté depuis 1983, passant de 32 % en 1985 à 87 % en 2004.La détermination de l’âge opti-mal pour la vaccination contre la rougeole doit tenir compte de la persistance des anticorps (Ac) anti-rougeole d’origine maternelle et de la maturité immunologique du nour-risson. La réponse à la vaccination

est très diminuée par la présence d’anticorps maternels. L’âge de dis-parition des anticorps antirougeole d’origine maternelle dépend du taux transmis par la mère à la naissance, lui-même lié à celui des anticorps maternels. Les mères ayant eu la rougeole ont des taux d’anticorps antirougeole supérieurs à celles qui ont été vaccinées. La disparition des anticorps d’origine maternelle est donc plus rapide chez l’enfant né de mère vaccinée que chez l’enfant né de mère ayant eu la maladie.

Baisse des Ac neutralisants avec l’âgeL’étude, publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire, présente pour la première fois l’évo-lution des anticorps neutralisants antirougeole d’origine maternelle chez les nourrissons de 0 à 15 mois. Les taux sériques d’anticorps anti-rougeole ont été mesurés par la méthode de séroneutralisation par réduction de plages. Les titres d’an-ticorps neutralisants > 120 mUI/mL ont été considérés comme protec-teurs. L’analyse des données a porté sur 348 nourrissons. L’âge moyen des mères lors de l’accouchement est de 29 ans. 32 % d’entre elles ont déclaré avoir été vaccinées et

40 % ont rapporté des antécédents de rougeole. Ainsi, le pourcentage de nourrissons présentant des anti-corps protecteurs contre la rougeole diminue rapidement, les anticorps disparaissant dans les 6 mois sui-vant la naissance, le taux passe de 100 % dans le groupe des 0-1 mois à 10 % dans le groupe des 6-7 mois. La proportion de nourrissons réelle-ment protégés pourrait même être inférieure, le seuil de séroprotection nécessaire étant lié à la nature des Ac (maternels ou immunisation active par infection ou vaccination).Les titres d’anticorps neutralisants diminuent rapidement avec l’âge, passant de 1 740 mUI/mL chez les nourrissons de 0 à 1 mois à 223 mUI/mL entre 5 et 6 mois et à 65 mUI/mL entre 6 et 7 mois. Il semble exister une diminution non linéaire du titre d’anticorps antirougeole en fonction de l’âge du nourrisson. La décrois-sance est plus importante entre la naissance et 6 mois.

Une immunité de groupe protectriceDifférents paramètres peuvent alté-rer le transfert placentaire de ces anticorps maternels comme une prématurité, un déficit immunitaire, un paludisme ou encore une infec-

tion à VIH. Les enfants nés dans les pays tropicaux ont des titres infé-rieurs à ceux observés dans les pays industrialisés.Après 6 mois, moins de 10 % des enfants de plus de 6 mois sont pro-tégés contre la rougeole par des anti-corps d’origine maternelle. Toutefois, l’immunité de groupe, conditionnée par l’augmentation de la couverture vaccinale, pourrait contribuer à proté-ger les nourrissons durant la période de vulnérabilité entre protection pas-sive et active. L’âge pour l’administra-tion de la première dose de vaccin en routine a été portée à 12 mois dans le cadre du plan d’élimination de la rou-geole 2005-2010 et à 9 mois pour les nourrissons gardés en collectivité. En cas de risque de contagion, un vaccin monovalent peut être administré dès 6 mois. L’abaissement de l’âge de vaccination doit donc être évalué en regard des données concernant son efficacité, car sa réponse peut être limitée, même en l’absence d’anti-corps maternels, par l’immaturité du système immunitaire. |

O. M.

SourceGagneur A, Pinquier D, Aubert M et al. Évolution des anticorps sériques neutralisants antirougeole d’origine maternelle chez les nourrissons en France en 2006. Bulletin épidémiologique heb-domadaire 26 mai 2009 ; 22: 225-30.