Protection Et Mise en Valeur Du Patrimoine Des Bibliothèques_Recommandations Techniques

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    Protection et mise

    en valeur du patrimoinedes bibliothquesRecommandations techniques

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    MINISTRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATIONDirection du livre et de la lecture

    Paris

    Direction du livre et de la lecture

    1998

    Protection et mise en valeurdu patrimoine des bibliothquesde France

    Recommandations techniques

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    Coordination scientifique

    Jean-Marie ARNOULT

    in sp e ct e u r g n r a l de s b i b l io t h q u e s

    Coordination technique

    Sylvie LE RAY

    avec le concours de

    Jacques DEVILLE

    Annette DAUNAS

    Laurence BOBIS

    Dir e c t ion du li vr e e t de l a l e c t u r e

    et la collaboration de

    Catherine DUMAS

    Bib lio t h q u e n a t i o n a l e d e F ra n ce

    pour l i c onogr ap h ie

    Ministre de la culture et de la communication

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    PROTECTION ETMISE EN VALEUR DU PATRIMOINE DES BIBLIOTHQUES DE FRANCE

    PRFACEJ e a n -S b a st ien DUPUIT,Directeur du livre et de la lecture

    INTRODUCTIONJ e a n -Ma rie ARNOULT

    1 ENVIRONNEMENT ET CONSERVATIONDES COLLECTIONS DES BIBLIOTHQUES.......................................................15As t ri d -Ch ri s t ian e BRANDT, J ea n-Fran ois FOUCAUD

    2 DPOUSSIRAGE ET ENTRETIENDES FONDS ANCIENS, RARES ET PRCIEUX...................................................25Madeleine BLOUIN, Fa bien n e LE BARS

    3 LE CONDITIONNEMENT DES DOCUMENTS DE BIBLIOTHQUES.......................31Ma rie-Lise TSAGOURIA

    4 ESTAMPILLAGE, MARQUAGE ET PROTECTION ANTIVOLDES DOCUMENTS PATRIMONIAUX...............................................................39J o ce lyn e DESCHAUX, J ea n-Lou p FOSSARD

    5 LA COMMUNICATION DES DOCUMENTS PATRIMONIAUX...................................45Fabienne LE BARS, Gilles MUNCK

    6 LA RELIURE DES LIVRES USAGS, PRINCIPES ET MTHODES.............................51Claude ADAM, Jean-Marie ARNOULT

    7 LA RESTAURATION DES DOCUMENTS GRAPHIQUES.........................................55Simo n e BRETON-GRAVEREAU, Re n HARDY

    8 LA PRSERVATION DES JOURNAUX..............................................................61Else DELAUNAY

    9 LA PRSERVATION DES DOCUMENTS ICONOGRAPHIQUES.................................67Co rin n e LE BITOUZ, Rog e r-Vin ce n t SVENO

    10 CONSERVATION DES DOCUMENTSSONORES ET AUDIOVISUELS......................................................................77J e a n -Ma rc FONTAINE

    11 LA REPRODUCTION DES DOCUMENTSPATRIMONIAUX : PROBLMATIQUE GNRALE...............................................87J a cques DEVILLE

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    PROTECTION ETMISE EN VALEUR DU PATRIMOINE DES BIBLIOTHQUES DE FRANCE

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    12 REPRODUCTION PHOTOGRAPHIQUE DE PRIODIQUES,LIVRES IMPRIMS, PARTITIONS MUSICALES CONSERVSDANS LES BIBLIOTHQUES : RECOMMANDATIONS POURLA FABRICATION DE MICROFILMS ET DE MICROFICHES....................................97Else DELAUNAY, Be rn a rd FAGES

    13 LA NUMRISATION DES DOCUMENTS PATRIMONIAUX....................................105Galle BQUET

    14 LES CONDITIONS DEXPOSITION DES DOCUMENTS GRAPHIQUES......................117

    J e a n -J a cqu es EZRATI, Ren HARDY, Ma rie -Pie rre LAFFITTE, Xa vie r LAVAGNE,Bri g it t e LECLERC, Sylvie LE RAY

    15 PRVENTION, INTERVENTIONS DURGENCE, TRAITEMENTS CURATIFS : ..............13115.1 La prvention.......................................................................................132

    J e a n -Ma rie ARNOULT15.2 Les interventions durgence...................................................................135

    Ph ilippe VALLAS15.3 Infestation, infection, dsinfection, dsinsectisation..................................141

    J e a n -Ma rie ARNOULT, Ka t ia BASL, P h ilip p e VALLAS

    ANNEXES

    1 Procdures de restauration du Conseil national scientifiquedu patrimoine des bibliothques publiques (CNSPBP) .................................150

    2 Textes officiels.....................................................................................152

    3 Les acquisitions patrimoniales................................................................154

    4 Environnement et conservation des documents de bibliothques :tableau rcapitulatif des recommandations...............................................156

    5 Dossier de restauration..........................................................................157

    6 Bibliographie.......................................................................................161

    7 Adresses utiles dorganismes professionnels..............................................164

    8 Adresses utiles dorganismes publics........................................................165

    9 Liste des auteurs et collaborateurs..........................................................166

    10 Illustrations.........................................................................................167

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    Le sentiment que le livre est le moyen le plus sr de transmettre un hritage remonte despoques lointaines. Il sest agi tout dabord, pour les bibliothcaires de lAntiquit et duMoyen ge, de conserver les textes par tous les moyens, quitte les transfrer dun support

    lautre, et perdre la qualit de rfrence de loriginal. Cest lpoque moderne que se dveloppele souci de conserver le document dans sa forme originelle : le mot conservateur dans sonacception actuelle apparat la Renaissance. La recherche des manuscrits les plus anciens et cellede lAntique prpare la voie au dveloppement des techniques auxiliaires de lhistoire. Au XVIIe

    sicle, un humaniste comme Peiresc a une approche rsolument moderne des livres, Gabriel Naudpublie ses instructions ; mais il faudra encore du temps pour que le champ de la restauration etcelui de la restitution soient encore prcisment dlimits. Lvolution de la notion de conservationdes monuments typographiques et palographiques est en cela comparable celle de la

    restauration des monuments historiques. Charles Nodier rend hommage aux grands relieurs-restaurateurs de son temps, en qui il voyait les artisans dune ingnieuse palingnsie . Despastiches de reliure ancienne en vogue au XIXe sicle au souci actuel de respect archologique dudocument, il y a une prise de conscience progressive, et jamais dfinitive, de la modestie et duncessaire pragmatisme du rle des conservateurs du patrimoine crit et graphique.

    Tmoins et victimes de la dure historique et de lhistoire des fonds auxquels ils ont successive-ment appartenu, les documents de bibliothques sont des objets complexes dont la prservation etla restauration chappe tout axiome gnral, comme toute recette systmatique ou dfiniti-ve.En outre, et au contraire de la plupart des autres patrimoines dont elles constituent souvent desclefs daccs, ces collections ont un caractre massif et sriel qui rend les choix particulirementdlicats.

    Tout en prsentant lessentiel des donnes prendre en compte, le prsent recueil est destin enseigner la critique et le doute qui sont ncessaires lanalyse et la comprhension des ques-tions attaches la gestion des collections patrimoniales mais pas exclusivement. Chaque chapitreorganise les principaux lments de mthodologie et de rflexion sur des problmes frquemmentrencontrs. Loin de vouloir constituer un trait exhaustif de conservation, ce volume a plutt pourambition de fournir des repres qui donnent aux responsables de collections patrimoniales desoutils pour sorienter dans les difficults quils peuvent rencontrer et pour dialoguer avec les hommes de lart .

    La distinction entre fonds ancien , fonds d tude et fonds de lecture publique ou encore

    entre fonds anciens et fonds modernes a longtemps prvalu dans les bibliothques, dtermi-nant des attitudes diffrencies en matire de prservation, de conservation prventive et de res-tauration. Or la notion de fonds dpend avant tout des missions que sassigne un tablissement :unepartie des fonds modernes ou de lecture publique peut mriter de survivre et de glisser progressi-vement vers le fonds ancien voire, plus radicalement, vers la rserve. Les recherches rcentes ontinflchi cette attitude : dsormais documents anciens comme modernes, y compris les nouveauxsupports de linformation, sont justiciables de traitement physique de masse , les productionsrcentes ne sont plus les seules alimenter les catalogues collectifs et les fonds des XIXe et XXe

    sicles ont vu leur blason redor par limportance donne dans le dcret du 9 novembre 1988 lanotion plus large de fonds anciens, rares, ou prcieux.

    La publication sous une forme actualise de ces recommandations compltes par de nouvellesrubriques est le corollaire pour le ministre de la culture et de la communication dune politique de

    Prface

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    PRFACE

    soutien technique et financier aux acquisitions, la restauration et au conditionnement des fondsprcieux des bibliothques en partenariat avec les collectivits locales, villes et rgions essentielle-ment. Depuis 1990, huit rgions se sont dotes, par convention entre les conseils rgionaux et lesdirections rgionales des affaires culturelles, de fonds rgionaux dacquisition des bibliothques(FRAB) qui ont dores et dj permis de structurer les politiques denrichissement tout en parta-geant les moyens et les comptences. Deux FRAB, en rgion Centre et en rgion Bretagne, ont djtendu leurs activits la restauration.

    Elle sinscrit galement dans une logique de protection des biens culturels sur le planbibliothconomique aussi bien que juridique : le code des communes, tel quil a t modifi par lesdcrets du 9 novembre 1988 et du 19 dcembre 1997, assigne en effet ltat, un rle de contrleet de conseil technique, assum principalement par linspection gnrale des bibliothqueset le conseil national scientifique du patrimoine des bibliothques publiques. Le contenu,volontairement le plus pragmatique possible, de ces notes sest trouv considrablement enrichides observations menes sur le terrain des bibliothques municipales mais aussi des enseignementsthsauriss au sein de la Bibliothque nationale de France travers ses services centraux derestauration et ses services de conservation, chargs deffectuer une veille technique dans ce

    domaine.Lexprience accumule au cours de la ralisation de programmes nationaux de catalogage, din-

    ventaire, de recherche de longue haleine ou de microfilmage a galement tay la rflexion sur laralisation de substituts facilement consultables par les publics, tout en alimentant la communau-t des chercheurs en nouveaux objets et en incitant les professionnels harmoniser des pratiquesdiverses et clates. Le patrimoine de la Nation, celui pour lequel nous nous sentons une responsa-bilit collective de protection, ne se limite certes pas celui des bibliothques municipales classesmais stend au contraire tous les fonds anciens, rares ou prcieux placs sous la responsabilitdes communes et des universits ou leur appartenant.

    La pluridisciplinarit et la volont de surmonter les clivages institutionnels sappliquentdailleurs de manire transversale dans les travaux du groupe des tudes en conservation mis enplace par la mission de la recherche et de la technologie du ministre de la culture et de la commu-nication. Fruit dune collaboration entre les experts des bibliothques, des muses et des archives,ces prsentes recommandations sinscrivent dans une dynamique de dcloisonnement et sadres-sent toutes les bibliothques patrimoniales ouvertes la consultation quelles soient de statutpublic ou priv, notamment celles des bibliothques des socits savantes ou des communautsreligieuses. Elles intresseront aussi, jen suis persuad, les responsables de fonds darchives ou demanuscrits conservs dans les muses, les maisons dcrivains et dhommes clbres ou encoredans certains tablissements tels que les thtres, les coles des beaux-arts, les tribunaux ou leshpitaux dont la vocation premire nest pas la conservation. Cette publication sinscrit donc dansle prolongement dautres programmes de recherche engags par la direction du livre et de la lectu-

    re qui englobent ces diffrents types dtablissements.

    Il parat capital de surmonter la fragilit constitutive des fonds anciens, rares ou prcieux desbibliothques qui reprsentent une part essentielle de la mmoire textuelle et iconographique denotre temps. Il sagit de les mettre en valeur par des expositions et des publications afin de prolon-ger leur existence physique tout comme leur prsence dans la conscience et les reprsentations col-lectives, bien au del du cercle relativement troit des usagers directs de ces collections. Le souci decollecter ce patrimoine, qui sort heureusement de lombre depuis deux dcennies, au plus prs pos-sible de sa cration va de pair avec la priorit accorde son accessibilit sur les rseaux mondiauxde communication, vaste chantier dont louverture toute rcente rendait encore plus ncessaire laparution des prsentes recommandations.

    J e a n -S b a s t ien DUPUI TDirecteur du livre et de la lecture

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    Introduction

    Ala suite des lois de dcentralisation, des textes complmentaires ont prcis les modalits deconservation et de restauration des collections patrimoniales des collectivits territoriales. Ledcret du 9 novembre 1988 qui dfinit notamment le champ et les modalits dapplication ducontrle technique de ltat, la lettre circulaire de mars 1989 sur le mme sujet et larrt portantcration du Conseil national scientifique du patrimoine des bibliothques publiques (9 mai 1989)constituent jusqu ce jour les principales rfrences lgislatives et rglementaires en matire deconservation et de restauration des collections publiques(1).

    Il faut bien ladmettre, ces textes napportent pas toute la lumire ncessaire la mise en appli-cation des nouvelles dispositions et leur bonne interprtation au regard des exigences requises pardes collections patrimoniales. Afin de leur donner une traduction pratique, un code de prescriptionstechniques fut mis ltude pour permettre ltat de fixer aux collectivits les limites dans lesquellesallaient sexercer prcisment leurs responsabilits. Ce code na pas vu le jour pour diverses raisons.

    Consciente de la ncessit de rendre perceptibles sans ambigut des concepts noncs parfois demanire elliptique, la direction du livre et de la lecture a diffus, ds 1984-1985, des notes dinfor-mation sur des points techniques particuliers la conservation et la restauration des collectionspour venir en aide aux collectivits et leurs agents. Ce faisant, et sans contrevenir lesprit de ladcentralisation, elle apportait des lments utiles lharmonisation, sur un plan national, desmthodes de traitement des collections des bibliothques des collectivits territoriales.

    Les notes techniques ont trouv trs vite un prolongement dans les activits du Conseil nationalscientifique du patrimoine des bibliothques publiques (CNSPBP) institu en mai 1989. Son rle a tdterminant pour rgulariser et formaliser les mthodes de traitement des collections des biblio-thques franaises et pour conceptualiser la politique de la conservation en France dans la concerta-tion puisque le CNSPBP associe des reprsentants des collectivits territoriales, de ltat et du secteurpriv. Ces activits se sont concentres plus particulirement dans deux comits techniques quiavaient t constitus en son sein : lun charg dexaminer les dossiers des documents prcieux pro-poss la restauration par les bibliothques publiques (article 9 du dcret du 9 novembre 1988),lautre pour rdiger ce qui devait tre la premire formalisation des principes de la restauration desdocuments graphiques en France(2), dans lesprit des articles composant le volumeCo n se rva t ion e tm i se e n va l e u r de s f onds a n c ie ns r a res e t prc ieux des b ib l io th que s f ra n a ise s publi par la direction dulivre et de la lecture et par la direction des bibliothques, des muses et de linformation scientifique

    et technique en 1983(3), premier essai de synthse commune aux bibliothques publiques et auxbibliothques universitaires sur les problmes de conservation.Si le premier de ces comits continue se runir rgulirement, le second, sa mission termine, a

    cess de se runir. Mais ses membres, pour la plupart dentre eux participants actifs du comit tech-nique de restauration, nen continurent pas moins denrichir leur rflexion sur les mthodes de la res-tauration, et la philosophie de la conservation continua ainsi de slaborer et daffiner ses objectifs.

    ORIGINE DES NOTES TECHNIQUES

    (1) Voir les textes lgislatifs concerns dans :Bib lio t h q u e d a n s l a c i t . Paris, Le Moniteur, 1996, p. 377-412.(2)La re s t a u r a t i o n d e s l iv re s m a n u s c ri t s e t i m p r i m s , p r i n c ip e s e t m t h o d e s. Paris, Direction du Livre et de la Lecture, Bibliothque Nationale,

    1992. (Coll. Pro libris).(3)Villeurbanne, Presses de lE.N.S.B., 1983. Cest aussi le premier livre imprim en France sur du papier officiellement permanent. Ce recueil de textes

    est le rsultat dune action pionnire de ladministration (Ministre de la culture et Ministre de lducation nationale) qui, en 1977 et 1978,entreprit une grande opration dinformation et de sensibilisation des responsables de bibliothques publiques et de bibliothques universitairesaux problmes de la conservation au cours de 9 runions (de deux jours chacune, 8 en rgion, une Paris). Cette action avait trouv son originedans un colloque organis par lAssociation de lEcole nationale suprieure de bibliothcaires en 1975 (Les fonds anc iens des b ib l io th q u e s

    fra n a ise s. Villeurbanne, Presses de lENSB, 1976) et dans lanalyse des premiers rsultats connus de lenqute sur les fonds anciens de 1975(Franoise BLCHET, Annie CHARON, Les fonds anciens des bibliothques franaises, rsultats de lenqute de 1975. Paris, CNRS, IRHT, 1981).

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    Cest ainsi que, bnficiant des diverses expriences accumules, un certain nombre de notestechniques trouvrent leur justification et leur matire premire, et furent publies par le Bureau dupatrimoine de la direction du livre et de la lecture avec le concours des membres du comit techniquede restauration. Les actions de formation dont lopportunit stait fait sentir furent aussi loccasionde publier des documents pdagogiques (note sur la fabrication de botes). Dautres notes (sur ladsinfection par exemple) furent reprises de documents informatifs rdigs par le Service de laconservation de la Bibliothque Nationale, ou par cette dernire pour ses propres besoins. Au dbutdes annes 90, la plupart des points techniques importants taient alors couverts par une note sp-cifique. Paralllement, la direction du livre et de la lecture avait engag des actions de rflexion surla conservation qui donnrent lieu des publications dont la plus importante par ses consquencesfut celle consacre ltude des conditions climatiques dans les bibliothques confie au COSTIC(4),et dont les conclusions furent synthtises dans une note particulire. Une suite a dailleurs t don-ne rcemment cette tude sous la forme dune analyse de quelques cas exemplaires.

    En 1994, 17 notes techniques patrimoniales - dont 13 portant directement ou indirectement surla conservation et ses mthodes - taient disponibles et rendaient de grands services, seules ouregroupes en un dossier unique. Outre que chacune dentre elles apportait des informations pra-

    tiques sur des sujets spcialiss, elles contribuaient constituer un rseau dinformation et harmo-niser les techniques de restauration et de conservation. On ne peut ignorer, ce point, le rle joupar la Bibliothque Nationale ; rle de conseil, de rservoir dexpertise, de champs dapplication et detravaux pratiques pour la formation des diffrentes catgories de personnels des bibliothquespubliques, ds le premier stage organis au Centre de conservation de la Bibliothque Nationale Sabl-sur-Sarthe en 1986. La parution en 1992 du volume sur les principes et la mthodologie de larestauration consacra cette coopration fructueuse entre le Conseil national scientifique du patri-moine des bibliothques publiques, la direction du livre et de la lecture et la Bibliothque Nationale.

    A lorigine, une prsentation modeste avait t adopte pour ldition de notes techniques desti-nes tre diffuses soit isolment soit rassembles en fonction des demandes. Cette dispositionautorisait des mises jour ponctuelles et rapides sans imposer une rdition de lensemble. Certainesnotes furent donc rdites pour tenir compte de lvolution profonde des informations sur des sujetsimportants (la note sur les conditions climatiques notamment) ; dautres notes furent simplementactualises (adresses et n de tlphone par exemple). Ces ractualisations auraient pu tre poursui-vies au fur et mesure des besoins. Mais, face la ncessit de tenir compte des nombreuses volu-tions dans le domaine de la conservation et pour rpondre aux demandes rgulires dinformation surla plupart des sujets que traitaient les notes et sur dautres sujets, il apparut utile de songer unervision complte.

    Sous lautorit du Bureau du patrimoine, un groupe de travail sengagea dans la voie de la relec-

    ture. Trs vite, avec une vision densemble des notes, simposa une rflexion sur la forme tout autantque sur le contenu. Pour le fond, il fut admis que la plupart des notes mritaient une rcriture et uneredistribution mme des informations ce qui conduisit crer de nouvelles notes et en supprimerdautres par fusion.

    Pour la forme, deux hypothses furent avances. Soit reprendre la formule initiale, celle qui avaitt adopte la suite de lexemple de la Library of Congress il y a plus dune dcennie(5), reprise aussipar dautres organismes(6), et qui a deux avantages : permettre des mises jour, et permettre une dif-fusion rapide ; elle a un inconvnient : la lgret mme de sa prsentation la rend difficile ranger

    LA FORME

    (4) Le c o n t r l e c l im a t i q u e d a n s l e s b i b l io t h q u e s. Ed. Paul Chardot. Saint-Rmy-ls-Chevreuse, Sedit-Editeur, 1989. (Comit scientifique ettechnique des industries climatiques/Direction du livre et de la lecture). Cette tude a t complte par : Co n t r le c l im a t i q u e d a n s l e sb ib lio t h q u e s , a n a ly se d e h u i t c a s. Saint-Rmy-ls-Chevreuse, Sedit-Editeur, 1996.

    (5) Preservation leaflets (Preservation of library materials : first sources, 1982 ; Paper and its preservation : environmental controls, 1983 ;

    Marking paper manuscripts, 1983 ; Newsprint and its preservation, 1981 ; etc.).(6)Que ce soit les muses ou des organismes privs comme le Centre intergional de conservation du livre (Arles).

    INTRODUCTION

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    INTRODUCTION

    sur des rayonnages, et par consquent consulter, sauf linsrer dans un classeur similaire celui uti-lis pour une autre publication de la Direction du livre et de la lecture(7). Elle impose aussi la brivetpour rpondre la forme mme de la fiche, ce qui nest pas toujours compatible avec les sujets traits.

    La seconde hypothse tait de considrer que les notes techniques constituaient un ensemble,chacune tant un chapitre du tout, et ce tout tait lui-mme considr comme une seconde partie duvolume sur les principes et les mthodes de la restauration publi en 1992. Lavantage de cette for-mule tait de rendre plus perceptibles les liens troits qui existent entre tous les problmes de conser-vation, de les complter par des informations diverses au sein dun ensemble cohrent ; linconv-nient tait de subordonner les mises jour ponctuelles indispensables une rdition du tout.

    Mais bien considrer chacune de ces hypothses, et avec lexprience du volume sur les principeset les mthodes de la restauration, il est apparu quil y avait concomitance entre les ncessaires mises jour et la rdition de lensemble : les mises jour ne sont rellement ncessaires en temps nor-mal et pour la plupart dentre elles quaprs un dlai de 5 6 ans au terme duquel ldition tantpuise, une rdition est prvoir.

    Il a donc t jug plus utile de transformer les notes techniques en chapitres dun volume uniquede recommandations.

    Comme on le verra, les informations et leur organisation au sein des diffrents chapitres ont tprofondment modifies par rapport aux versions antrieures des notes techniques. Cest quellestiennent compte naturellement de lacquis des expriences conduites depuis une dizaine dannes,en particulier dans le contexte de llaboration du projet de la Bibliothque nationale de France. Maiscest surtout dans lesprit que la transformation est sans doute la plus importante. La confrontationdes cas proposs au comit technique du Conseil national scientifique du patrimoine des biblio-thques publiques, les rflexions des responsables de collections, dhistoriens du livre, de restaura-teurs publics et privs, lapport des expriences menes en rgions (en rgion Centre, en Bretagne,en Languedoc-Roussillon, en Provence-Alpes-Cte dAzur) ont fait sensiblement voluer la concep-tion de la conservation et de la restauration. Il ny a gure, elle tait laffaire de spcialistes ; elle estdavantage aujourdhui la traduction dune responsabilit collective qui se mesure aussi bien dans ladcision de restaurer que dans la dcision de ne pas restaurer un document jug particulirementimportant pour son intrt archologique et historique.

    On le verra galement, les chapitres qui se succdent ne sont pas seulement des recueils demthodes de restauration ; lorsque des techniques sont dcrites, cest moins pour initier la restau-ration des techniciens dont cest le mtier, que pour montrer des responsables de collections lesdmarches qui seront suivies par les restaurateurs, leurs avantages et leurs inconvnients pour lesdocuments dont ils doivent rendre compte de ltat physique devant la collectivit responsable. Il nesagit donc pas dun manuel de conservation et de restauration lusage des techniciens on peutlgitimement penser quils connaissent tout cela -, mais un recueil de recommandations lusage des

    gestionnaires. Si laspect pratique semble parfois prvaloir lors dune premire lecture, quon ne sytrompe pas : le but recherch nest pas de donner savoir faire mais savoir comprendre pour mieuxdonner faire. Dans tous les cas, trois points de vue complmentaires sont confronter : celui du dia-gnostic, celui de la dcision, celui de lexcution. On ajoute aussi que la dcision entrane explicite-ment la responsabilit des consquences de lexcution.

    Dans ce partage des responsabilits, quil nous soit permis de rappeler la place du conservateur :si la matrise des conditions climatiques est une affaire de climaticien, la restauration dun documentlaffaire de restaurateurs, sil nest pas concevable que le conservateur simmisce dans la mise enuvre des choix techniques, le conservateur ou plus gnralement le responsable scientifique dudocument - ne peut nanmoins laisser aux techniciens la complte libert dinitiative dinterventionsur un document. On insiste sur la ncessaire complmentarit de lun et de lautre, comme la

    LE FOND

    (7) Bib lio t h q u e s e t i n f o rm a t iq u e . Avec cependant une diffrence, que les chapitres de cette publication sont publis au fur et mesure de leurrdaction dans un ordre dispers, alors que les notes techniques sont toutes rdiges au moment de la publication de lensemble.

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    INTRODUCTION

    parfaitement montr la rcente opration Mtiers dart en bibliothque (8) ; cela imposenaturellement une implication du conservateur dans la rflexion sur le projet de restauration, celasuppose aussi de sa part une connaissance fine de lhistoire des collections dont est issu le documentconcern, et des connaissances dhistoire du livre suffisantes pour replacer le document dans soncontexte historique.

    Deux proccupations constantes ont prsid la rdaction de ce volume : le souci du pragmatismequi conduit banaliser la conservation au sein des activits quotidiennes dune bibliothque, lerespect des documents et des collections qui conduit valoriser lobjet par son contenu dans unemme interaction.

    La conservation des collections est dabord une succession dattentions portes aux conditionsmatrielles qui subordonnent lvolution de la qualit intrinsque des objets conserver, leur tatphysique est tributaire de la connaissance quon peut avoir de la tenue dans le temps des matriaux,des conditions de communication et de rangement, et finalement de la bonne ou de la mauvaisegestion. Ont donc t privilgis les aspects concernant les mthodes de gestion directe et indirectedes collections en tant quobjets : lenvironnement (contrle, entretien), la prvention (les

    conditions de la communication, protection), le renforcement (reliure), les modalits daccs(reproduction), les conditions de mise en valeur, et enfin les conditions de la restauration desdiffrents types de documents. Les mesures durgence en cas de sinistre constituent un chapitreparticulier, sans doute lun des plus dlicats crire car il est toujours difficile dapporter les rponsespertinentes, celles qui doivent correspondre autant de cas particuliers quil peut y avoir de risquesdincidents dans une bibliothque.

    La seconde proccupation apparat en filigrane dans chacun des thmes traits. Les documents etles collections concerns, quelle que soit leur valeur intrinsque, ont dabord une valeur par rapportau lieu dans lequel ils se trouvent et dont ils fondent lhistoire en quelque sorte. Il sagit tout dabordde rassembler les lments identifiant le document et son environnement pour approcher la valeurrelative de lun et de lautre, et dterminer les meilleures rponses pour assurer la pertinence desmultiples niveaux de la lecture de lun et de lautre, et de lun par rapport lautre. La restaurationnest donc pas un simple pisode thrapeutique dans la vie dun document mais une opportunit deretrouver et de comprendre ses origines, si modestes soient-elles, de les rassembler et de les proposerpour servir dautres lectures. La restauration nest pas une fin en elle-mme mais une disciplineauxiliaire de lhistoire des documents, des collections et des techniques, attentive toutes lesvolutions et toutes les remises en question de la dmarche historique ; et en tant que telle, ellenest jamais fige.

    En corollaire du travail dlaboration des recommandations, le travail de rflexion instaur au seindu comit technique de restauration a permis de confronter les diffrentes approches de larestauration. Lopposition entre restaurateur priv et restaurateur public, opposition entre uneconception raliste souvent considre comme maximaliste, et une conception historienne et

    souvent minimaliste tendant parfois vers une forme de puritanisme intransigeant, si elle subsisteencore en raison de la nature diffrente des demandes, a volu vers une interaction fructueuse. Onpeut se fliciter de voir cette volution se traduire par le recours grandissant des ateliers privs pourdes interventions sur des documents appartenant des collections publiques : cest le signe deconceptions de la restauration qui procdent des mmes dmarches et des mmes orientations.Finalement, ce sont les documents qui gagnent ces volutions issues de confrontations positives. Ilnen demeure pas moins que la coopration troite entre les acteurs de la restauration (scientifiques-administratifs-techniciens) doit devenir une rgle absolue car elle seule permet une confrontationcroise des points de vue, garantie de dcisions raisonnes et raisonnables, adaptes aux cas tudis.

    (8)Cette opration ralise par la direction du livre et de la lecture, avec laide notamment de la fondation Banques CIC pour le livre, a runi sur desmmes projets de restauration ou de conditionnement de documents prcieux, des binmes dans lesquels restaurateur/artisan et conservateuront apport leur contribution, chacune tant indissociable de lautre pour la concrtisation du projet dans les meilleures conditions.

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    INTRODUCTION

    En conclusion, il est utile de rappeler ce qui est devenu depuis quelques annes le souci essentieldes responsables des bibliothques : respecter, en bons gestionnaires, la qualit physique et la valeurintellectuelle et patrimoniale des collections. La restauration nest donc plus le recours unique etincontournable mais un lment de gestion technique, historique et scientifique, considr parmi unensemble de procds qui tendent vers le mme objectif. Sans chercher privilgier un procd plusquun autre, on adoptera une dmarche progressive, analytique, organise comme un chemincritique, soucieuse de ne pas franchir des tapes sans avoir la certitude des acquis permettant de

    juger sereinement un cas ou une situation.Un seul exemple suffira illustrer le bien-fond de cette dmarche, le souci daseptisation des

    fonds et des locaux ; souci lgitime sans doute et souvent ncessaire, mais dont lapprciation malconduite ou fonde sur des logiques approximatives a parfois entran des excs qui nont pasamlior ltat physique des collections ni les conditions de leur conservation. Le mieux est souventlennemi du bien, dit-on avec sagesse. Lacquis des expriences des dernires dcennies tend favoriser dabord la recherche de solutions qui limitent les mises en uvre lourdes et difficultueuses

    au profit de solutions pratiques, rflchies, et fondes sur des apprciations objectives.Cest cet esprit quon retrouvera au long des prsentes recommandations dont on espre quellessenrichiront encore des expriences multiples conduites aussi bien dans les ateliers de restaurationque dans des laboratoires, confrontes aux rflexions et aux analyses des historiens, pour assurer lasurvie dun patrimoine fragile qui naura jamais fini de rvler de nouvelles informations ceux quisauront les lire. Mais la condition quelles naient t ni dtruites ni indment transformes par desmanipulations abusives.

    J e a n -Ma rie ARNOULT

    LESPRIT

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    E nv i ronnementet conservationdes collections

    des biblioth qu e s

    C H A P I T R E 1

    As t ri d -Ch ri st ia n e BRANDTJ e a n -Fra nois FOUCAUD

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    chapitre 1 ENVIRONNEMENTETCONSERVATION DES COLLECTIONS DES BIBLIOTHQUES

    1. FACTEURS EXTERNES DE DGRADATION

    Une bibliothque se trouve dans une rgion gographique donne caractrise par un climat(tempr, tropical, quatorial) et un microclimat (ville ou campagne). Les collections qui sontabri tes lintrieur dun btiment, neuf ou ancien, sont exposes diffrents facteurs dedgradation.

    On distingue les facteurs de dgradation externes et internes. Les premiers sont dus aux

    m a u vaises conditions env i ro n ne m e n tales, aux pra t iques de sto cka ge inadaptes, auxmanipulations hasardeuses, aux expositions abusives ainsi quau vol, au vandalisme et auxsinistres naturels ou accidentels. Les seconds sont dus essentiellement la mauvaise qualit desmatriaux constituant les documents ou leur assemblage inadquat. Dans cette note seuls lesfacteurs de dgradation externes sont pris en compte. Les facteurs externes de dgradation sontclasss en plusieurs catgories.

    Ces fo rces peuvent tre do rigine naturelle (tremblement de terre), accidente ll e(effondrement dun toiture ou dune tagre), ou humaine (manipulations, mais aussi vibrationsprovoques par la proximit dune route trs frquente). Elles peuvent sexercer pendant untemps trs bref ou pendant une priode prolonge. Dans le premier cas, elles causent en gnraldes dommages rsultant de chocs reus par le document. Dans le second cas, elles provoquentdes dformations du document.

    Ainsi lutilisation de supports inadapts pendant une exposition ou lempilement desdocuments pendant le stockage peuvent causer ce genre de dommages. Les dgts causs par lesvibrations peuvent se classer dans lune ou lautre des classes selon que le phnomne persistependant un temps court ou prolong.

    Les dgradations mcaniques les plus frquentes sont nanmoins causes par une mauvaisemanipulation des documents pendant le transport, la communication, la photocopie ou lareproduction photographique.

    Ces risques sont habituellement du ressort des services de scurit. Le vol comme levandalisme peuvent entraner la perte totale de lobjet ou du document. Les actes de guerrepeuvent tre inclus dans cette catgorie.

    Le feu est un danger pour toutes les collections, mais les matriaux organiques sont particu-lirement vulnrables. Les incendies entranent des dommages gnraliss et des pertes massives.

    1.3. LE FEU

    1.2. LE VOL ET LE VANDALISME

    1.1. LES CONTRAINTES MCANIQUES

    Les conditions environnementales et les modes dentreposageont une grande influence sur la conservation des documents graphiques.Le contrle de lenvironnement et la mise en place de bonnes conditions

    de stockage constituent la premire des mesures prventives.

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    chapitre 1 ENVIRONNEMENTETCONSERVATION DES COLLECTIONS DES BIBLIOTHQUES

    Leau constitue une menace importante pour les collections. Les dommages causs peuventavoir de multiples origines : fuites de canalisation, toitures non tanches, crues de rivire,ouragans, lutte contre des incendies. Lorsque les dgts deau ne sont pas dcouverts temps oulorsque les mesures de sauvetage ne sont pas adaptes lampleur des dgts, ils entranent engnral des dgradations supplmentaires par des moisissures.

    Les agents de dgradation biologique (moisissures, insectes et rongeurs) contribuentmajoritairement la dgradation des collections. Ces agents se nourrissent des substratsorganiques quils trouvent. Labsence de ventilation, lobscurit et des niveaux de temprature etdhumidit relative levs favorisent leur dveloppement. Les dommages causs (destruction despapiers, des reliures, taches...) sont irrversibles.

    Un autre facteur important de dgradation est la pollution atmosphrique. Elle existe sousforme gazeuse : dioxyde de soufre ou oxydes dazote et ozone provenant des voitures et delindustrie, formaldhyde se dgageant de certains matriaux (bois, textiles, papiers) utiliss lorsde lexposition ou pour le stockage. Elle existe aussi sous forme solide (suie, particules).

    Les polluants gazeux catalysent les dgradations chimiques des matriaux en favorisant lesractions doxydation et dhy dro lyse. Les polluants solides favorisent les dgrad ationsmcaniques par abrasion et sont propices au dveloppement de moisissures et dinsectes.

    A la contamination atmosphrique on ajoutera les contaminants liquides prsents sous formede plastifiants des matriaux synthtiques ou sous forme de graisse ou de sueur dpose lasurface dun document lors de sa manipulation.

    La lumire constitue galement un facteur important de dgradation des collections. Lalumire visible fait partie des rayonnements lectromagntiques. Elle est caractrise par deslongueurs dondes qui sont inversement proportionnelles lnergie vhicule : plus la longueurdonde est courte, plus le rayonnement est nergtique. Dans le spectre des rayonnementslectromagntiques, la lumire visible se situe entre les rayonnements ultraviolets de longueurs

    donde plus courtes, plus nergtiques, et les rayonnements infrarouges de longueur dondesplus longues, moins nergtiques (Figure 1).Les rayons ultraviolets provoquent des dgradations photochimiques de la matire. Les

    rayons infrarouges provoquent des dgradations par chauffement de la matire. Mme lalumire visible possde un niveau nergtique suffisant pour provoquer des modifications auniveau molculaire.

    Temprature et humidit relative sont deux paramtres lis lun lautre. En effet, lhumidit

    relative est dfinie comme tant le rapport entre la quantit de vapeur deau quun volume dairdonn contient une temprature donne, et la quantit maximale de vapeur deau que ce mme

    1.8. LA TEMPRATURE ET LHUMIDIT RELATIVE

    1.7. LA LUMIRE

    1.6. LA POLLUTION ATMOSPHRIQUE

    1.5. LES AGENTS DE DGRADATION BIOLOGIQUE

    1.4. LEAU

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    chapitre 1 ENVIRONNEMENTETCONSERVATION DES COLLECTIONS DES BIBLIOTHQUES

    volume peut contenir la mme temprature. Cette relation est exprime en pourcentage.

    HR =HA / S x 100 HA : humidit absolue (g deau / g dair)S : humidit saturation (g deau / g dair)HR : humidit relative (%)

    Les relations tablies entre la temprature et la quantit de vapeur deau dun volume dairdonn indiquent quun volume dair peut contenir une quantit de vapeur deau dautant plusgrande que la temprature est leve. Le chauffage dun volume dair contenant une quantitdeau donne provoque un abaissement de lhumidit relative. Cest ce qui se passe en priode dechauffage dans un btiment. Inversement, le refroidissement du mme volume dair provoquelaugmentation de lhumidit relative. Ceci peut se traduire dans certaines configurations par lacondensation de leau sur les surfaces froides.

    Lhygroscopie diffrente des matriaux est un paramtre prendre en compte dans lasurveillance des conditions de stockage. De mme, les microclimats doivent tre reprs. Unlocal mal ventil ne pourra pas liminer de manire suffisamment rapide tout excs de vapeurdeau apport accidentellement. Cette vapeur deau est dans ce cas absorbe par les livres quine la librent que lentement. Ceci peut expliquer le dveloppement de micro-organismes alorsque les conditions thermohygromtriques rgnant dans le magasin semblent correctes.

    2. CONTRLE DES CONDITIONS DE CONSERVATION

    Le contrle des conditions ambiantes ncessite imprativement la ralisation de mesurespermettant de quantifier les phnomnes. Mesures de niveau dclairement par luxmtre, mesurede la prsence de rayons UV dans les sources lumineuses par UV-mtre, mesures en continu de latemprature et de lhumidit relative. Peuvent sajouter des mesures de pollution atmosphriqueet de niveau de contamination biologique. Ces dernires mesures doivent cependant treralises par des spcialistes, alors que les premires peuvent tre ralises par le personnel desbibliothques condition de respecter certaines consignes.

    Les instruments, quils soient mcaniques ou lectroniques, ncessitent dtre maintenus enbon tat de fonctionnement. Les instruments de mesure de la temprature et de lhumiditncessitent aussi un calibrage plus ou moins frquent.

    Lorsquune bibliothque squipe dinstruments de mesure pour contrler les conditionsclimatiques elle doit disposer :

    - dun psychromtre (les psychromtres lectroniques de type Assmann sont plus fiables queles psychromtres mcaniques) pour talonner les thermohygromtres mcaniques,

    - dun thermohygromtre lectronique, dont le calibrage peut se faire soit laide dessolutions sursatures de sels vendues en kit avec lappareil, soit en usine chez leconstructeur,

    - dun stock de th e rm o hygrographes mcaniques ou de capte urs lectro ni ques poure n re g i st rer les donnes climatiques dans les diffrents magasins sur une pri o dehebdomadaire ou mensuelle.

    2.1. LES INSTRUMENTS DE MESURE DE PREMIRE NCESSIT

    Temprature 5 C 10 C 20 C 30 C

    7 g/m3 9 g/m3 17 g/m3 30 g/m3Humidit saturation

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    Le choix de lemplacement du thermohygrographe lintrieur dun magasin ou dune salledexposition doit rpondre certains critres. Pour obtenir de bonnes mesures, il faut placerlappareil :

    - proximit des collections surveiller- en position accessible pour faciliter les relevs- loign du public- loin dun microclimat indsirable (bouche de soufflage dair, par exemple)- dans une zone climatique reprsentative- labri des polluants et de la poussire.

    La bonne connaissance des conditions climatiques rgnant dans le btiment au cours duneanne permet :

    - de dialoguer de faon constructive avec les autres corps de mtiers (administratifs,architectes, climaticiens),

    - de mieux connatre linertie thermique du btiment,- de slectionner les magasins en fonction de la stabilit du climat,- de placer les collections les plus fragiles dans les magasins o le climat est le plus stable,- de dterminer si une vitrine est tanche,- de corriger les conditions climatiques en faisant installer une climatisation ou en utilisantdes humidificateurs ou des dshumidificateurs dappoint.

    Il se peut quaprs lanalyse des relevs thermohygrographiques on constate que lesconditions climatiques rgnant lintrieur des magasins ne sont pas bonnes. Quels sont alorsles moyens pour agir sur la temprature et lhumidit relative ?

    En utilisant le diagramme de lair humide (Figure 2), on voit que lon peut agir de six manires :A) pour augmenter lhumidit relative, en maintenant lhumidit absolue constante, il faut

    baisser la temprature (=refroidissement de lair),B) pour diminuer lhumidit relative, en maintenant lhumidit absolue constante, il faut

    augmenter la temprature (=chauffage de lair),C) pour diminuer lhumidit relative, en maintenant la temprature constante, il faut

    diminuer lhumidit absolue (=dshumidifier lair),D) pour augmenter lhumidit relative, en maintenant la temprature constante, il faut

    augmenter lhumidit absolue (=humidifier lair),

    E) pour maintenir lhumidit relative stable si la temprature baisse, il faut diminuerlhumidit absolue (=dshumidifier lair),F) pour maintenir lhumidit relative stable si la temprature augmente, il faut augmenter

    lhumidit absolue (=humidifier lair).

    2.3.1. CENTRALE DE CLIMATISATION ET DE CONDITIONNEMENT DAIRDans le cas o le btiment ou une partie du btiment est climatis, ces six oprations sont

    ralises par la centrale de climatisation ou de conditionnement dair. Ces centrales ont quatrefonctions :

    - contrler et stabiliser la temprature- contrler et stabiliser lhumidit relative

    - purifier lair par filtration des poussires, spores de moisissures, gaz- ventiler lair.

    2.3. MODIFICATION DES CONDITIONS CLIMATIQUES

    2.2. LEMPLACEMENT DES INSTRUMENTS DE MESURE CLIMATIQUE

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    Les inconvnients de ces systmes sont lis aux cots levs dquipement et defonctionnement, et au danger encouru par les collections en cas de panne. Pour cette dernireraison, il est prfrable davoir plusieurs petites centrales qui alimentent diffrentes parties dubtiment plutt quune grande station qui alimente tout le btiment.

    2.3.2. SYSTME DE RGULATION DHUMIDIT RELATIVE AUTONOMELorsque le btiment nest pas quip dune centrale de climatisation, il est possible de se servir

    dappareils dappoint tels que humidificateurs et dshumidificateurs de lair pour rguler lesvariations saisonnires : climat sec en hiver pendant la priode de chauffage et climat humide en t.

    Il existe diffrents types dhumidificateurs et de dshumidificateurs. Il est trs important dene pas poser ces appareils trop prs des collections (juste ct dun rayonnage ou dune vitrinedexposition, par exemple), car il risque de se crer des microclimats. De la mme manire, il fautque lhumidistat - dont la fonction est de rguler le fonctionnement de lappareil - puisse tredtach du bloc appareil pour tre plac lendroit qui doit tre surveill, donc proximit descollections. Les appareils peuvent tre ra c c o rds dire c tement aux rseaux des fl u i d es(alimentation et vacuation), ce qui vite de vider (pour le dshumidificateur) ou de remplir(pour lhumidificateur) le rservoir deau. Il faut cependant veiller ce que les canalisations

    soient en bon tat de fonctionnement.2.3.3.SOLUTIONS PASSIVES DE RGULATION DE LHUMIDIT RELATIVE

    Contrairement aux solutions actives de modification des conditions climatiques qui viennentdtre prsentes, il est prfrable dadopter dans le cas des vitrines dexposition une solutionpassive. Pour cela on a recours des substances dites tampon . Ces substances ont la propri tde rguler les conditions climatiques lintrieur dun volume limit (bote, vitrine, armoire) enadsorbant la vapeur deau lorsque lhumidit relative ambiante augmente ou en dsorbant lavapeur deau quelles renferment lorsque lhumidit ambiante baisse.

    Les matriaux organiques (papiers, textiles, bois) possdent ces caractristiques, mais leurtemps de raction est plus lent que celui du gel de silice qui est utilis couramment pour cetteapplication ( voi r ch a p it r e 14) . Prconditionn la bonne humidit relative (par exemple 50 %),le gel de silice va stabiliser lhumidit relative lintrieur dune vitrine dexposition. La quantitde charge tampon introduire dans la vitrine dpend de son volume et de son tanchit lair. Pour rendre le fonctionnement du systme efficace, il est conseill de rendre la vitrine aussitanche que possible.

    3. LES MESURES DE PRVENTION

    Il est possible de ralentir la dgradation en agissant sur les facteurs tels que la temprature,lhumidit relative, la lumire, les agents de dtrioration biologiques (moisissures, insectes et

    rongeurs), chimiques et mcaniques (polluants et poussires). Par ailleurs, il est possible dviterou de limiter la dgradation cause par lhomme.Lenvironnement idal pour les collections de bibliothques est un environnement o la

    temprature et lhumidit relative sont contrles, o des polluants sont absents, o une bonneventilation de lair est assure, o la lumire est contrle, o les moisissures, insectes, rongeurssont absents, o des bonnes pratiques de maintenance et de scurit (feu, eau, vol) existent.

    Les dgradations dues lhomme peuvent tre minimises. La ngligence est souvent lie

    labsence de formation aux pratiques de conservation prventive et la mconnaissance desconsquences de mauvaises conditions de conservation et de manipulation. Les dgradations par

    3.1. PRVENTION DES DGRADATIONS DUES LHOMME

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    vandalisme et vol doivent tre diminues par la mise en place de systme de protection et desurveillance appropris.

    Quant aux dsastres (feu, inondations, tremblement de terre...) lobjectif de toute politiquede conservation prventive doit tre de limiter autant que possible les risques potentiels etdaugmenter les chances de rcupration des matriaux en cas de dsastres. Il peut tre utile deprparer lavance un plan dintervention en cas de dsastres, afin de diminuer le tempsdintervention. Pour cela il est essentiel de dterminer les procdures appliquer, de les tester etde les inclure dans les exercices priodiques de scurit impliquant tous les personnels de labibliothque. I l faut galement tenir jour une liste dadresses pour savoir qui on peutsadresser en cas de dsastres (pompiers, socits de transports fri gori fiques, de conglation etde lyophilisation, par exemple.Vo ir ch a p it r e 1 5 -2 ).

    Lorsque les magasins sont climatiss, le niveau de pollution peut tre rduit grce lutilisationdune filtration dair efficace. Les filtres lectrostatiques sont cependant viter, car ils dgagentde lozone, un oxydant puissant. Dans tous les cas, une maintenance rgulire des magasins et descollections par dpoussirage minimisera les dgradations. Quant aux aspirateurs utiliss pour ledpoussirage, ils doivent tre obligatoirement munis de filtres absolus pour viter la dispersiondes spores de micro-organismes dans lair.

    La lumire naturelle du soleil, des lampes fluorescentes (nons) et des halognes (lampesincandescentes ampoule de quartz) contient une partie non ngligeable de rayons ultravioletsdsastreux pour les matriaux organiques composant les documents. Pour cette raison les rayonsultraviolets doivent tre imprativement limins de toute source dclairage. Ceci peut treobtenu au moyen de volets, de stores et de filtres anti-UV. Il existe des lampes tungstne-halogne dont le quartz est trait directement anti-UV.

    De la mme manire il faut liminer les rayons infrarouges des sources lumineuses, car ilsprovoquent un chauffement indsirable. Ceci peut tre ralis au moyen de volets et de storesou de filtres rflecteurs contre les infrarouges. Les vitrages feuillets rflchissants assurent unebonne protection contre les rayonnements infrarouges.

    Lintensit lumineuse ne doit pas dpasser 50 lux pour les documents les plus fragiles (pastels,

    aquarelles, manuscrits contemporains) ; elle peut aller jusqu 200 lux pour des documentsmoins fragiles (estampes en noir et blanc, livres imprims sur papier de chiffon). En revanchedans tous les cas, le temps dexposition ne doit pas excder 3 mois par priode de douze moisconscutifs, raison dune exposition de 8 heures par jour, car les effets de la lumire sontcumulatifs (voi r ch a p it re 1 4 , a n n e x e).

    Si la plupart des facteurs de dgradation peuvent tre minimiss ou mme exclus, il estsouvent difficile de matriser correctement les facteurs temprature et humidit relative .

    En effet, il sagit l de deux paramtres interdpendants dont les effets sur les uvres sont plusvaris et plus complexes que ceux des autres paramtres.

    3.5. PRVENTION DES ALTRATIONS DUES LA TEMPRATURE ET LHUMIDIT RELATIVE

    3.4. PRVENTION DES ALTRATIONS DUES LA LUMIRE

    3.3. PRVENTION DE LA POLLUTION

    3.2. PRVENTION DES DSASTRES

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    3.5.1. INFLUENCE DE LA TEMPRATURELes matriaux qui sont en gnral sensibles aux fluctuations de temprature sont les objets

    composites dont les matriaux constituants possdent des carac t ristiques de dilatationdiffrente en fonction de la temprature (maux par exemple).

    Des tempratures trop basses, peuvent fragiliser des matriaux plastiques qui deviennent engnral vitreux et de plus en plus friables en dessous de 5 C. Des tempratures trop levesacclrent la dgradation des matriaux instables (papiers acides, films de nitrate et dactatede cellulose, films en couleur). Pour ces documents, un certains nombre dauteurs proposent laconservation basse temprature (5 C, ou moins ; vo i r t a b l e a u e n a n n e x e 4 ). Thoriquementchaque baisse de temprature de 10 Cva doubler la dure de vie de ces matriaux. Il nestcependant pas trs conomique de maintenir constamment des matriaux bien en-dessous de latemprature ambiante. Dans le cas dune panne du systme de refroidissement, les dgts dus la condensation de la vapeur deau la surface froide des matriaux peuvent galement treprjudiciables.

    3.5.2. INFLUENCE DE LHUMIDIT RELATIVEDans le cas des mat riaux orga n i ques, constituants maj o ri ta i res des documents de

    bibliothques ou darchives, les niveaux et fluctuations de lhumidit relative ont beaucoup plusdincidence sur la conservation des collections que les niveaux et les fluctuations de latemprature (proportion 95 % contre 5 %). Quels sont alors les niveaux et variations acceptablesde lhumidit relative ? Il nexiste pas de normes en matire dhumidit relative, mais seulementdes recommandations.

    La plupart des muses, archives et bibliothques aux tats-Unis et en Europe ont adopt leniveau de 50 % 5 % dhumidit relative. Des muses dans des pays climat froid en hiver(Scandinavie et Canada) prconisent des niveaux de 40 % 5 %, car des valeurs plus levesrisquent de provoquer des phnomnes de condensation sur les surfaces froides des btiments(vitres, murs). En fait, ces valeurs ont t adoptes en se basant sur la faisabilit technique plusque sur la connaissance de limpact de ces niveaux dhumidit sur la conservation des collections.

    Les conditions dhumidit contre-indiques peuvent tre classes en trois catgories :humidit relative trop leve, trop basse, fluctuante.

    1) Humidit relative trop leveLhumidit excessive (suprieure 75 %) entrane une prolifration de moisissures et unecorrosion rapide des mtaux. Le risque crot rapidement avec chaque hausse au-del de ce seuil.Par exemple, temprature ambiante, le temps de dveloppement de moisissures sera dequelques semaines 75 % dhumidit relative, alors qu 90 % dhumidit relative il sera dequelques jours.

    2) Humidit relative trop basse

    Lhumidit joue un rle important dans les processus daltration chimique des matriaux. Enthorie ces processus ne sont stopps qu 0 % dhumidit relative. En revanche, une humiditrelative trop basse entrane la dshydratation des matriaux organiques et leur fragilisation.

    3) Humidit relative fluctuanteLes fluctuations dhumidit relative sont contre-indiques pour la majorit des collections, carelles induisent des contraintes mcaniques plus ou moins fortes (dilatation, rtrcissement). Uncycle unique dune variation brutale de lhumidit relative peut se traduire par des fissurationsvisibles sur des objets (ivoires par exemple). Certains objets qui ont subi une restauration rcentesont particulirement sensibles aux variations de lhumidit relative. Des cycles rpts devariations dhumidit relative se traduisent par une fatigue mcanique qui va fragiliser

    graduellement lobjet en question.

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    Actuellement les recommandations sont de plus en plus diffrencies en fonction des types dematriaux - organiques et minraux - et de la composition des objets - homogne ou composite.Dans le cas dune collection constitue, comme cela est le cas en gnral dune multitude dematriaux, il faut soit trouver un compromis, soit isoler les documents les plus fragiles pour lese n t reposer dans des magasins climatisation spciale ou pour leur confectionner des microclimats (vitrines conditionnes, botes contenant des substances tampon rgulantlhumidit relative).

    En gnral, on constate que la consigne du niveau de lhumidit relative 5 % a tendance tre largie une variation de 10 % autour dune valeur moyenne. Ainsi, pour beaucoup decollections, des niveaux dhumidit relative compris entre 40 et 60 % sont parfaitementadmissibles (soit 50 % 10 %). Ces nouvelles recommandations en matire denvironnementoffrent aux muses, archives et bibliothques une certaine marge pour concilier les restrictionsfinancires, les consquences du caractre parfois histo ri que du btiment et les exigences enmatire dhumidit relative.

    Dans les rgions tempres, les niveaux optimaux de temprature et dhumidit relative sesituent autour de 18 C et 55 % dhumidit relative. Des fluctuations sont gnralement admisesdans la gamme comprise entre 16 et 21 C et 40 et 60 % dhumidit relative. En revanche pour les

    collections de photographies ou de microfilms, on prconise des valeurs plus basses detemprature et dhumidit relative : pas plus de 16 C et 40 % dhumidit relative dans lesmagasins de stockage.

    3.5.3. LA CONSERVATION DANS DES RGIONS CLIMATIQUES DIFFICILES :LE CAS DES BIBLIOTHQUE DES ZONES TROPICALES

    La conservation de collections patrimoniales dans les rgions gographiques o les conditionsclimatiques sont loignes des conditions gnrales dune partie de lhmisphre Nord est unproblme difficile rsoudre, on limagine bien la lecture des recommandations ci-dessus. Pourrespecter les donnes idales de temprature et dhumidit relative, il faudrait imposer uneclimatisation performante qui serait elle-mme la source de deux problmes aux consquences nonngligeables : les cots de fonctionnement et de maintenance, et les risques de chocs thermiques.

    Plus la temprature et lhumidit relative extrieures sloignent des conditions idales, plus ilest difficile de maintenir lintrieur une temprature et une humidit relatives proches desrecommandations. Pour y parvenir, il faut dpenser beaucoup dnergie, dont il rsulte un cotlev de fonctionnement ; ce qui suppose galement une installation particulirement efficace et labri des pannes ventuelles, ce qui impose une maintenance rgulire et coteuse. Par ailleurs,et pour des raisons de confort, la diffrence de temprature entre lextrieur et lintrieur ne peuttre trop grande (au-del de 10 C la diffrence est ressentie comme perturbante par lorganismehumain) : en adoptant des conditions de conservation idales , soit on contraint les documents subir des chocs thermiques importants lors du passage des magasins aux salles de lecture (avecun redoutable phnomne de condensation sur les surfaces froides comme les films et les bandesmagntiques), soit on contraint les usagers subir eux-mmes des chocs thermiques en les

    obligeant supporter des diffrences importantes de temprature lors de leur entre dans labibliothque ou dans les salles de consultation, ce qui nest gure admissible.

    Les solutions recommandes sont de deux ordres :- solution techniquement performante avec recours la climatisation quasi gnralise dans

    des btiments qui doivent tre imprativement adapts pour viter toute dperdition dnergie,avec les consquences financires qui ont t soulignes ;

    - solution de compromis par le recours des mthodes qui utilisent le plus possible les qualitsde certains matriaux (briques, terre, etc., en usage dans de nombreux pays de la zone tropicale parexemple), utilisation de techniques architecturales qui permettent une circulation permanente etun renouvellement constant de lair dans les zones de stockage pour viter la stagnation propice au

    dveloppement de moisissures, utilisation de zones de mise temprature et humiditprogressives (sas de conditionnement). Les collections ne bnficient certes pas des conditions

    chapitre 1 ENVIRONNEMENTETCONSERVATION DES COLLECTIONS DES BIBLIOTHQUES

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    idales comme en mtropole mais elles ne sont pas soumises aux variations brutales dhumidit etde temprature qui constituent un des risques majeurs de dgradation des matriaux.

    En complment, on instaurera une politique rigoureuse de surveillance des locaux :surveillance des variations climatiques (avec des thermohygromtres enregistreurs),surveillance des dveloppements de moisissures et prolifration dinsectes.

    On recommandera enfin de considrer avec soin la fin recherche et les moyens dont on peutdisposer afin de trouver la solution la plus acceptable dfaut dtre la plus satisfaisante pour laconservation des collections ; dans cette dmarche, on procdera de manire prudente, envitant de gnraliser htivement et en tenant compte de tous les facteurs qui font de chaque casun cas particulier.

    4. CONCLUSION

    Toute politique de conservation prventive doit tre axe sur la diminution des interventionssur lobjet et la collection. Les conditions environnementales et dentreposage ont un effet dcisif

    sur la conservation des collections(1). Afin dassurer les bonnes conditions de conservation, il estimpratif dorganiser un contrle rgulier des conditions environnementales et dentreposage etdaccorder une attention particulire aux mthodes de manipulation des ouvrages.

    chapitre 1 ENVIRONNEMENT ET CONSERVATION DES COLLECTIONS DES BIBLIOTHQUES

    Figure 1 : spectre lectromagntique(chelle logarithmique)

    (1) Un projet de norme internationale est en cours dlaboration, ISO CD 11799/2, Information and documentation. Storage requirements for archive andlibrary materials.

    1 X 1 1 cm 1 cm 1 km 1000 1

    0 10 20 30 40C

    0

    5

    10

    15

    20

    25

    10%

    20%

    30%

    40%

    50%

    60%7

    0%8

    0%90

    %100%

    Humiditabsolue (g/m3)

    Temprature

    Figure 2 :diagramme de lair humide(reprsentation simplifie)

    RAYONS X

    RAYONNEMENT YULTRAVIOLET

    INFRAROUGE

    MICRO-ONDES

    RADIO

    RADAR

    VISIBLE

    ONDES LECTRIQUES

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    D p o u s s i ra geet entretiendes fo n d s

    anciens, ra reset pr c i e u x

    C H A P I T R E 2

    Made leine BLOUINFabie nn e LE BARS

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    1. RANGEMENT

    Le rangement correct est lun des principes essentiels pour maintenir les collections dansdes conditions satisfaisantes de conservation. Mais quest-ce quun rangement correct ?Voici quelques principes simples :

    1. sur les rayonnages, il est recommand de ne pas trop serrer les volumes car un rangementtrop serr occasionne une gne au moment de sortir ou de rintgrer les volumes, et accrotles risques de dgradation par frottement des plats et par arrachage des coiffes ;

    2. par scurit et par prcaution, on vite de ranger les livres sur le sol mme, ou sur destablettes trop proches du sol (en gnral, la premire tablette se situe environ 20 cm dusol) ;

    3. les livres doivent tre conservs debout pour les formats infrieurs lin-folio, couchs pourles grands in-folio et les volumes in-plano ; dans ce cas, la superposition de plusieurs volumesentrane des difficults de manipulation (grandes dimensions, poids) : il faut donc viter lasuperposition chaque fois que possible ; dans tous les cas, il convient de manipuler lesvolumes de grand format deux personnes ;

    4. il est dconseill de mlanger des modes de rangement diffrents sur des mmes tablettes :livres debout et livres plat les uns ct des autres ;

    5. dans toute la mesure du possible, il faut ranger ensemble des documents de mme formatet ne pas ranger lun ct de lautre un petit format et un grand format.

    2. MANIPULATION

    La manipulation des livres peut paratre simple et sans danger apparent ; elle lest en

    effet la condition de respecter les principales rgles suivantes :

    Les collections concernes sont essentiellement des collections patrimoniales,mais lentretien des collections considres comme non patrimoniales

    et lentretien des locaux qui les abritent sont rgis par les mmes rgles.Les lieux de stockage des collections sont gnralement des pices closes

    daccs rserv ; dans de nombreux cas nanmoins, les collections sont rangesdans des pices ouvertes au public (salles de lecture), ou au personnel

    (bureaux, salles de traitements), o les sources de pollution sont nombreuses.Il est ncessaire dattirer lattention du personnel de la bibliothque sur cesconditions particulires qui imposent une cohabitation dont la gestion nestpas aise ni pour les uns ni pour les autres ; on attirera plus particulirementlattention du personnel responsable de la communication sur lentretien et

    le rangement des documents : leur sensibilisation ces tches, et le soin quilsy portent, participent en effet la politique gnrale de prvention.

    On considrera, dune manire gnrale, que les magasins et les autres lieuxde stockage rpondent aux normes de conservation recommandes

    (voir chapitre 1), ou quils sen approchent.

    chapitre 2 DPOUSSIRAGE ETENTRETIEN DES FONDS ANCIENS, RARES ETPRCIEUX

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    1. ne jamais saisir les reliures par leur coiffe (tranchefile ou tte du dos) en exerant un effetde bascule vers soi, mais saisir le volume aprs avoir cart, de lautre main, les volumesplacs ct de lui. Au besoin, sortir deux volumes la fois. Cette recommandation estgalement valable lorsquon remet le livre en place. Ne jamais le rinsrer en force ;

    2. si sa taille et son poids le ncessitent, sortir le volume deux mains en le soutenant paren dessous ;

    3. pour une consultation mme rapide du document en magasin, on sefforcera de poser lelivre sur une table ou sur un plan de travail, en prenant toutes les prcautions ncessairespour le soutenir correctement ;

    4. si une fiche de prt ou de dplacement doit tre insre dans le volume, on veillera cequelle ne constitue pas un risque de dgradation des feuillets.

    3. DPOUSSIRAGE

    La propret des magasins et des rayonnages est tout aussi importante que le nettoyage desdocuments eux-mmes. On sera attentif aux points suivants :

    1. passer rgulirement laspirateur dans les magasins ou les pices de stockage ; lorsquilsagit de planchers claire-voie, faire le nettoyage en descendant progressivement destages suprieurs vers les tages infrieurs ; ne pas ngliger larrire des rayonnages, ledessus de la tablette suprieure et le dessous de la tablette infrieure ;

    2. le nettoyage des sols se fera de prfrence sec laide dun aspirateur ; dans lhypothsedu recours un produit aqueux pour un nettoyage particulier, il est ncessaire dempcherla stagnation de leau sur le sol en lessuyant ds que possible ou en utilisant un aspirateur eau ;

    3. dpoussirer rgulirement les tagres ; si des produits dentretien liquides sont utiliss,veiller bien laisser scher les tagres avant de remettre en place les documents.

    3.2.1. EXTRIEUR DU VOLUME- Utiliser une peau de chamois (ou peau chamoise) ou un chiffon de coton doux qui ne

    peluche pas ; viter dimprgner le chiffon de produit anti-poussire dont leffet sur les peaux dereliure et sur les toiles est imprvisible. Un aspirateur adapt peut tre utilis : dans ce cas, veillerau bon rglage de lappareil (force daspiration minimale, brosse plate, filtre absolu). Lusage duplumeau est proscrire car il nabsorbe pas la poussire, il la dplace seulement.

    - Dpoussirer en priorit la tranche suprieure et le dos du livre, autrement dit les parties lesplus exposes. Lorsque le livre est dans une bote ou une pochette, nettoyer la bote ou lapochette et vrifier si le volume rang lintrieur a bien t dpoussir avant dy avoir t

    insr.

    3.2. DOCUMENTS RELIS

    3.1. MAGASINS

    chapitre 2 DPOUSSIRAGE ETENTRETIEN DES FONDS ANCIENS, RARES ETPRCIEUX

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    3.2.2. INTRIEUR DU VOLUME- Dpoussirage du fond des cahiers laide dune brosse douce : faire glisser souplement la

    poussire en maintenant le volume lgrement inclin ; prendre soin de ne pas ouvrir la reliureen cassant la couture ou les mors ; si on utilise un aspirateur, moduler laspiration au minimumet travailler avec une brosse douce.

    - Gommage : cette opration est plus dlicate quil y parat ; il sagit dj dune petiteintervention technique qui ncessite le recours soit un personnel qualifi dans les domaines dela reliure et de la restauration soit un personnel dexcution qui a t initi et qui est encadrpar des techniciens confirms. On notera que le gommage dune page de titre par exemple peutdtruire des informations relatives lhistoire mme du document : avant de procder un telnettoyage, on sassurera quil naura pas de consquences induites et quil est indispensable pourla qualit de son tat sanitaire.

    Toute intervention qui impose lutilisation de matriels et de matriaux particuliers doit sefaire dans un contexte prpar soigneusement : local spcial ou espace amnag dans une piceou dans un magasin dfaut de disposer dun atelier.

    Les estampes, cartes et plans, doivent tre dans la mesure du possible conservs plat, non plis,dans des botes en carton rigide, ou dans des portefeuilles rabats, taills aux dimensions desdocuments qui seront ainsi labri de la poussire et de la lumire. Cette recommandation vautgalement pour les journaux( voir ch a p it re 8) .

    Pour le dpoussirage, on utilisera les mmes techniques que prcdemment, quelles soientmanuelles (brosse) ou mcanises (aspirateur), et on respectera des principes identiques si ungommage est entrepris.

    4. ENTRETIEN

    Principales interventions possibles avec un minimumde matriels et de matriaux :- recollage des tiquettes de cote dcolles ( la colle de pte uniquement),- collage des pices de titre dcolles ou des coiffes arraches ( la colle de pte uniquement),- proscrire lutilisation de tout type de ruban adhsif,- reliures : lentretien des reliures exige une grande prudence car la rparation ponctuelle de

    plats piderms (collage de languettes de cuir arraches), de pices de titre ou de coiffesarraches, par exemple, ne simprovise pas. Il est ncessaire de faire raliser ces oprations parune personne qualifie qui dispose dun quipement voire dun atelier de reliure.

    Si la bibliothque ne dispose pas de ce type de service, il est utile de spcialiser un ou deuxmembres du personnel ces techniques de base par une formation approprie dans un atelier dereliure et dacqurir le matriel indispensable. Le but dune telle formation est de familiariser lepersonnel certaines pratiques simples, de lamener connatre les limites de ses comptenceset savoir quand et comment recourir aux conseils dun professionnel.

    Les rgles essentielles respecter sont les suivantes :

    1. ne jamais intervenir sur les reliures dcor, ni sur les peaux fragiles (les veaux clairsnotamment, et toutes les peaux claires dune manire gnrale), ni sur les parchemins ;

    4.1. ENTRETIEN COURANT

    3.3. DOCUMENTS PLAT OU EN FEUILLES

    chapitre 2 DPOUSSIRAGE ETENTRETIEN DES FONDS ANCIENS, RARES ETPRCIEUX

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    2. les produits prconiss pour lentretien des reliures sont utiliser en trs petites quantits,aussi bien le savon-cire de type Brecknell (nettoyage des reliures avant le cirage) que lescires (Cire 213, ou autres produits de mme nature) ; par leur composition, ces produitssont des produits de traitement plus que des produits destins valoriser lesthtique desreliures. On se rfrera attentivement aux modes demploi qui accompagnent ces produitset on respectera scrupuleusement les temps de schage entre les diffrentes phases desoprations ;

    3. tous les cuirs ne sentretiennent pas selon les mmes mthodes. Agir avec la plus grandeprudence et toujours procder des essais (dans un endroit discret, le long dune chassepar exemple) ds la moindre incertitude sur le comportement dun cuir un traitement. Silincertitude persiste aprs le test, il est prfrable de renoncer plutt que de courir lerisque daccrotre la dgradation de la peau.

    Dans lhypothse o par manque de temps ou de moyens techniques et financiers il nest paspossible dintervenir immdiatement sur des documents, il est prfrable de les laisser enattente. Ces documents seront reprs sur les rayonnages et signals dans un fichier particulierdans lequel on viendra puiser selon les possibilits dont on disposera.

    Quelques cas qui peuvent justifier une solution dattente :

    1. plats dtachs ou mors trs largement fendus :- mettre le volume sous bande de papier neutre de prfrence, afin de le maintenir correctement ;- utiliser ventuellement un ruban de lin ou de coton, assez large, fix par un nud. Le rubanadhsif, parfois utilis pour maintenir les bandes de papier, est viter car le risque est grandlorsquil se dtache de se fixer sur les plats de la reliure. De mme, ficelles et lastiques sont supprimer car ils risquent dabmer le volume en le serrant trop fort ou en se dcomposant ;

    2. plats piderms, peaux pulvrulentes (trs sches), plats en papier friable :- mettre le volume dans une pochette de papier neutre, ce qui est particulirement recommandlorsque des feuillets sont dtachs et que le volume part en plusieurs morceaux.

    Dune manire plus gnrale, les solutions dattente se justifient chaque fois quon ne peutjuguler la dgradation physique de documents par les techniques traditionnelles. Les formes deces solutions peuvent tre trs diverses, en fonction des documents, en fonction des outils donton dispose, en fonction de sa propre imagination : il suffit de ne pas utiliser de matriaux demauvaise qualit et de garder prsent lesprit quil sagit dune solution temporaire.

    5. OPRATIONS EXCEPTIONNELLES

    La rgularit de lentretien dtermine la qualit de lenvironnement : la frquence de lentretiendes sols et du dpoussirage du mobilier sera proportionne au taux de frquentation des magasinset des pices de stockage ; cest le moyen le plus indiqu pour viter que les livres nesempoussirent trop rapidement. On insiste donc sur le contrle rgulier de la propret des locaux.

    Le nettoyage des livres est une opration toujours dlicate qui doit tre conduite avec

    mthode pour viter dgradations et dplacements (et pertes) ; elle est foncirement utile maiselle peut aussi avoir des consquences graves quil faut bien mesurer. En gnral, un nettoyage

    4.2. SOLUTIONS DATTENTE

    chapitre 2 DPOUSSIRAGE ETENTRETIEN DES FONDS ANCIENS, RARES ETPRCIEUX

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    annuel des livres doit tre suffisant pour assurer un entretien de routine, renouveler lestraitements des cuirs, surveiller le dveloppement ventuel de moisissures, surveiller ltatphysique des locaux, et procder un rcolement partiel des collections.

    Lorsque ces mesures de prudence ne peuvent tre appliques systmatiquement, la ncessitdune opration de nettoyage de grande envergure peut savrer indispensable au hasard de ladcouverte de moisissures. Dans ce cas, des moyens extraordinaires doivent tre utiliss et desprocdures particulires doivent tre mises en place ; il sagit alors dune opration quisapparente un sauvetage, qui perturbe invitablement la vie de ltablissement et fait courirdes risques divers aux collections. Un entretien rgulier aura pour objet essentiel de limiterlutilisation de ces procdures qui doivent tre considres comme exceptionnelles et de dernierrecours (voi r ch a p it re 15 ).

    chapitre 2 DPOUSSIRAGE ETENTRETIEN DES FONDS ANCIENS, RARES ETPRCIEUX

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    Leconditionnementdes

    documentsde biblioth qu e s

    C H A P I T R E 3

    Ma rie -Lise TSAGOURIA

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    chapitre 3 LE CONDITIONNEMENTDES DOCUMENTS DE BIBLIOTHQUES

    1. OBJECTIFS

    Tous les documents, lunit ou en regroupement, des plus prestigieux et des plus anciensjusquaux plus humbles et aux plus modernes, peuvent, sans restriction, faire lobjet dunconditionnement, partir du moment o celui-ci est bien choisi, soigneusement conu, et ralisdans des matriaux de qualit.

    Diffrents objectifs peuvent guider dans le choix des documents conditionner :- faire attendre un document fragile ou abm dans les meilleures conditions avantrparations, reliure ou restauration (solution dattente),

    - protger un document que lon vient de remettre en tat (aprs dpoussirage, gommage,rparations diverses) ou de restaurer,

    - maintenir ensemble les diffrents lments constituant louvrage (document en plusieursmorceaux : couture casse, plats dtachs, feuillets volants, etc.), lorsquil a t dcid quilvalait mieux ne pas intervenir plus lourdement et viter ainsi les regrets ultrieurs provoqus parune restauration excessive,

    - assembler aprs restauration le document lui-mme et les dfets conserver,- assurer tout simplement un stockage de meilleure qualit un grand nombre de documents,

    dont la masse mme interdira tout autre type dintervention.

    2. AVANTAGES DU CONDITIONNEMENT

    Dans un premier temps, le conditionnement joue un rle immdiat et primordial dans lalutte contre lusure mcanique du document :

    - suppression du frottement du document (plats et tranche de queue) la mise en rayonnage,- maintien du document ferm et vertical dans un conditionnement ajust et suffisamment

    rigide,

    - limitation du risque de perte dlments fragiliss ou dj dtachs,- rduction des dgradations lies aux manipulations et transports, sous rserve que leconditionnement accompagne bien son document jusqu destination.

    Sur la dure, la prsence dun conditionnement relativement tanche permet la crationdun microclimat interne qui joue en faveur de lamlioration de la dure de conservation dudocument :

    - en crant une certaine inertie thermique et hygromtrique qui limite ainsi la brutalit des chocs lis lvolution brutale de ces paramtres, de mme que lampleur de cette volution(voi r le ch a p it re 1 ),

    - en rduisant laction nocive des agents de dgradation ex t ri e u rs (gaz polluants,

    poussires, fumes, lumire, etc.) par la prsence dune barrire mcanique tanche contre lespoussires et les rayonnements et dune barrire chimique par lutilisation de papier ou de carton

    Conditionner les documents conservs dans les bibliothques permet dassurerou du moins damliorer leur protection contre les dgradations chimiques etmcaniques qui les menacent. Le conditionnement ne doit pas tre interprt

    comme une forme dchec de la conservation, mais au contraire commele moyen le plus simple, le plus souple, le plus efficace et le moins coteux

    pour agir une vaste chelle pour la prservation des collections.

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    chapitre 3 LE CONDITIONNEMENTDES DOCUMENTS DE BIBLIOTHQUES

    permanents dont la charge en carbonate de calcium ou autre tampon alcalin agit comme un agentde neutralisation des polluants extrieurs aussi bien que des manations provenant desdocuments lorsquils sont eux-mmes acides.

    En cas de catastrophe, le conditionnement jouera aussi un rle trs efficace dans laprotection des dgts causs par le feu et par leau. Il le jouera dautant mieux que lesconditionnements auront t conus dans cette perspective galement :

    - rsistance au feu, ou du moins neutralit du matriau en cas de feu : pas dmanationstoxiques, pas de coulures susceptibles dendommager gravement les documents

    - tanchit leau, la fois du matriau et du modle : les toiles enduites (botes recouvertesde buckram, par exemple), le polypropylne laisseront couler leau sans dommage, sous rserveque la face suprieure du conditionnement no ff re pas de possibilit leau de pntrer lintrieur, mais la conduise au contraire vers lextrieur.

    Notons encore comme avantages matriels :- la possibilit dutiliser le conditionnement comme support dinformations multiples :

    tiquettes diverses, codes--barres, informations de titrage, consignes destination des

    professionnels (conditions de communication, existence de reproduction, etc.) et du public(fragilit du document lintrieur, rgles de manipulation, etc.),- la facilit de fabrication et de montage de la plupart des conditionnements : possibilit de

    produire une partie dentre eux dans un atelier interne ncessitant des comptences beaucoupmoins spcialises quun atelier de reliure par exemple,

    - la faiblesse des cots unitaires des conditionnements : entre quelques francs pour unepochette et quelques dizaines de francs pour une bote (hors les botes-muses, beaucoup plusonreuses destines aux documents les plus prcieux).

    En comparant les conditionnements du type botes ou pochettes par rapport une reliure(type extrme du conditionnement, non abord dans cette note), on peut souligner lavantagedu conditionnement libre quil ninduit aucun effort mcanique sur le document, ni aucun liendaucune sorte, puisque le document protg en est totalement disjoint, ce qui offre la meilleuregarantie de limiter les interactions destructives au fil du temps et de simplifier considrablementles mesures de conservation qui seront prendre dans le futur. Par ailleurs, il offre, sous rservedavoir t conu sur mesure et tanche, de meilleures conditions de stockage (tenue mcanique+tanchit) quune simple reliure, dont il peut en revanche devenir un utile complment.

    3. INCONVNIENTS DU CONDITIONNEMENT

    Pour tablir la politique de conditionnement dun tablissement en toute connaissancede cause, il convient de tenir compte ds labord des quelques inconvnients que peuventcauser certains types de conditionnements :

    - le principal risque que peut faire courir un conditionnement est celui daccentuer lesdgradations des documents voisins lorsque ceux-ci ne sont pas galement protgs. Diffrentsmoyens perm et tent de limiter ce danger : pr frer les programmes de conditionnementsystmatique, plutt quun parpillement travers les rayonnages ; viter lutilisation deconditionnements dont le matriau extrieur serait abrasif (carton rugueux, toiles non enduites) ;apporter une attention particulire labsence de prominences sur les deux faces duconditionnement en contact avec les documents voisins (rabats, systmes de fermeture, rivets,agrafes),

    - le document plac lintrieur du conditionnement peut lui aussi encourir des risques dedgradation si celui-ci est mal conu ou inadapt : rabats, renforts, surpaisseurs diverses

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    chapitre 3 LE CONDITIONNEMENTDES DOCUMENTS DE BIBLIOTHQUES

    lintrieur peuvent venir marquer le document, particulirement dans le cas dun stockage trsserr : linverse, si le conditionnement est trop large, la scoliose du ou des ouvrages setrouvant lintrieur ne pourra tre vite que par un maintien supplmentaire (par exemple parbanderolage avec des plaques de carton de conservation rigides),

    - un programme systmatique de conditionnement entrane invitablement un accroissementlinaire du stockage ncessaire aux collections concernes : pour rduire lampleur de cephnomne, il est essentiel dajuster au mieux le conditionnement choisi au document protger :fabrication de botes lgres sur mesure, botes et pochettes standards choisies aux plus justesmesures possibles, identification des matriaux offrant le meilleur rapport rigidit/paisseur.Lajustement le plus prcis des dimensions permet aussi dviter les risques de dformationvoqus dans le paragraphe prcdent,

    - la difficult la plus incontournable est celle que pose la communication dun documentconditionn : il importe la fois que le conditionnement aille le plus loin possible dans le circuitde communication (idalement sur la table du lecteur), mais il ne doit pas devenir une source degne excessive (encombrement) ou un facteur de dgradation (consultation dans ou sur unconditionnement non prvu pour cela) ou de dissimulation (importance au retour du documentde v ri fier le contenu du conditionnement). Si la communication du conditionnement nest pas

    possible, il faut que la banque de salle puisse en grer le stockage pendant la communication etla rintgration au retour du document. Ce problme qui nest rien aussi longtemps que trs peude documents sont conditionns prend une v ri table dimension au fur et mesure que crot lenombre de documents ainsi protgs,

    - stocker des conditionnements en attente dutilisation est galement consommateurdespace (volume des botes vides, nombre important de formats diffrents) : on privilgieralacquisition de conditionnements livrs et stocks plat, en v ri fiant que leur montage pourrase faire de manire aise, par une seule personne, sans utilisation de colle ou dagrafes.

    4. MISE EN UVREDeux modes de conditionnement sont envisageables :- le conditionnement sous vide ou sous gaz inerte prsente le grand avantage de ralentir